lundi 30 mars 2020

RAOULT ET GALILÉE

Didier Raoult vient de marquer son époque… tous ceux qui le suivent n‘ont rien remarqué..quelques couillons sentent le biais mais ça ne va pas loin.

Didier Raoult nous débarrasse de la statistique en sciences biologiques et c’est une victoire de la pensée.

Rappelons donc quelques faits incontestables. Pasteur a inventé le vaccin antirabique avec un seul patient. Broca a découvert l’aire du langage avec un seul patient. Les deux Geoffroy Saint Hilaire ont inventé l’embryologie avec une collection de tératologie, des êtres uniques et monstrueux ; quant à Richard Goldschmidt, on l’a un peu oublié même si sa théorie de « monstres prometteurs » était porteuse de promesses. Pour satisfaire les humanistes, appelons à la barre Stephen Jay Gould et La Malmesure de l’homme

Ce sont juste des exemples tirés en vrac de ma mémoire car ils nous disent tous la même chose : le vivant ne se plie pas aux réalités statistiques et le scientifique n’en a pas besoin. On peut compter des pots de confiture ou des billets d’avion, pas des phénomènes vivants. Il suffit qu’UN virus mute UNE fois pour que la pandémie démarre. C’est chiant, ça oblige à penser. Je sais, j’ai publié en son temps un texte d’André Langaney sur les probabilités en génétique. Il s’agissait de probabilités pas de statistiques, d’hypothèses pas de pseudo-résultats. Ce soir, encore, j’ai écouté Salomon. Un désastre intellectuel, une bouillie informe, une litanie vaticanesque où les lits valsent avec les morts qui sont morts dans d’autres lits. Ceci permet simplement à chacun de s’emparer du débat, d’argumenter sur les morts dans le public ou le privé, dans les EHPAD ou les maternités, de tracer des courbes, sujets sans intérêt mais qui meublent la conversation.

Personne n’a relevé ma remarque ; Raoult est un héros brechtien. Il est sans cesse attaqué sur le terrain qui n’est pas le sien car c’est le terrain où il est désarmé. Il doit sans cesse subir les attaques du pouvoir en place, du pape élyséen et des cardinaux à sa botte, relayés par les curés de campagne médiatiques. La meute hurle et il est seul.

Les motivations, on s’en fout. Peut être qu’il est l’ennemi intime de Monsieur Buzyn ou que, comme l’affirme Combaz, le Président porte le poids du rapport à son père, médecin. Mais c’est secondaire. Comme tout héros brechtien, il synthétise un rapport politique, celui du solitaire face au pouvoir. Combaz a un mot étonnant que j’enrage de ne pas avoir trouvé. La queue devant l’institut de Raoult, c’est un plébiscite. Rien n’est plus juste et la politique reprend ses droits. En réalité, tout le monde se fout qu’il ait raison. Et il ne s’agit pas d’un fait nouveau. Raoult a adopté (spontanément ?) la posture de De Gaulle au matin du 18 juin, renvoyant ainsi Macron au fauteuil de Pétain. Pas vraiment confortable. D’ailleurs les communicants macroniens ont (spontanément ?) recueilli l’héritage : unité nationale, retour à la terre, Vichy revient. Ils n’ont pas réfléchi car Raoult a renversé le paradigme : on fait avant de parler.  On résume le 18 juin à un appel, oubliant que c’est un appel à l’action : on continue la guerre, rejoignez moi.

Sur les réseaux sociaux, j’ai regardé avec soin adversaires et admirateurs de Raoult ; en gros, ce sont les mêmes que les gilets jaunes ce qui signe un regroupement intellectuel. Les mots peuvent changer, le sens est le même. Poujade disait : le poisson pourrit par la tête tandis qu’Audiard affirmait qu’un imbécile marchant allait plus loin qu’un intellectuel assis. Traduisons en langage politique non conformiste : le peuple aime qu’on se sorte les doigts du cul.

Alors, Raoult, populiste ? Evidement non. C’est un personnage brechtien amélioré par Bertolucci : il n’est pas conformiste alors que le conformisme est une dimension essentielle du populisme. Notons simplement que la solitude va mal avec le populisme : le peuple lynche volontiers les solitaires. Et donc rien n’est simple si l’on oublie Rabelais : les moutons de Panurge ont besoin d’un bélier à suivre. En son temps, le peuple ne suivait pas Galilée mais attendait que le bourreau s’en charge.

Il reste peu de certitudes sauf celle du départ ; le vivant n’est pas réductible aux statistiques et corrélation n’est pas causalité. Il reste des penseurs dans les sciences du vivant. Je viens de lire un texte du professeur Sicard qui s’étonne du peu d’intérêt suscité par le passage du virus de l’animal à l’homme. Comme c’est une de mes interrogations, je l’ai trouvé vachement bien. Forcément. Sicard explique assez bien le manque de recherches ; on n’a ni les chercheurs, ni le temps pour vérifier toutes les pistes. Il omet un élément : personne n’a envie de dire que les animaux sont un vecteur. On devrait confiner les chats de gouttière et les yorkshires à petit nœud. Ou les piquer. Et si le besoin des vieux d’avoir des animaux chez eux était une cause de leur surmortalité ? Piste omise mais intéressante.

Le temps répondra aux questions. Il sera toujours temps de piquer les bichons maltais. Ou les sharpeis et les pékinois qui sont aussi asiatiques que les pangolins


On en reparlera.

vendredi 27 mars 2020

MANGER SON CHAPEAU



Bon. Rien n’est encore publié mais la soupe frémit dans le vieux pot. Eaoult a raison. Ça fait un mois qu’il teste, à l’arrache, en se faisant flinguer par un gros paquet de confrères qui dénoncent ses méthodes. A l’arrache ce qui lui permet d’inclure dans sa cohorte des hommes politiques comme Valérie Boyer (oui, c’est un homme politique, un élu de la Nation). Des « people » que la presse monte en épingle et qui rejoignent le camp de Buffalo Bill.

Et voilà qu’hier, quasi en loucedé, Véran publie un décret modifiant un décret du 23 mars et autorisant l’administration de chloroquine associée à un antivirus. « pour le traitement du covid-19 ». Y’a quelques réserves : prescription réservée à certains spécialistes, fermement encadrée. Mais y’a plus fort : exportation de la chloroquine interdite « pour assurer l’approvisionnement de la Nation » et abrogation de l’AMM pour le mélange  marseillais

Décryptons. Raoult n’a rien publié mais ça fuite : les résultats sont globalement satisfaisants, ça va sortir et le train doit être pris avant de démarrer . Véran s’y colle. Il va servir de fusible positif. Si, au dernier moment, Raoult s’est planté, Véran prendra une petite claque. Dans le cas contraire, Macron reprendra la main. Garde moi la place !! Buzyn va morfler, elle va porter son mari comme Véronique portait le suaire de Turin Elle a pas de bol mais, bon, le mariage c’est pour le meilleur et le pire.

L’essentiel, les modes de pensée, ne sera pas analysé. On va filtrer l’écume des mots, sans écouter les vrais philosophes. Eric Cantona, par exemple. Il a bien vu, lui, qu’il s’agissait d’une lutte entre l’OM et le PSG et que la presse et les réseaux sociaux suivaient l’équipe parisienne, comme toujours… Cantona, il sait reconnaître les capitaines et les meneurs d’hommes. Je sais, c’est seulement un footballeur mais il vient du plus haut niveau. Un grand footballeur pense mieux qu’un petit sciencepotard.

Macron a pas de bol. Il va essayer de récupérer mais comme il ne sait rien et que son entourage est pitoyable, il va oublier que le protocole Raoult passe par des tests à grande échelle qu’il ne peut assurer. Il va donc faire ce qu’il fait le mieux : promettre, oubliant qu’il a organisé la désorganisation et que son peuple le sait. Ses appels à l’unité nationale restent lettre morte ; il paye les fractures qu’il a créées, à commencer par l’ISF. Mais également toutes les phrases méprisantes et l’arrogance du bon élève. Il va découvrir que le peuple n’aime pas les bons élèves et que Pasqua buvant un jaune au rade du coin pèse plus que Castaner en boite de nuit avec un single malt.

C’est le début de la fin…. Macron est face au seul ennemi qui compte : la mort, et il se révèle tel qu’il est : versatile, tergiversateur, un peu procrastinateur, entouré de courtisans hors sol qui ne servent à rien. Le bon élève est dépassé par une situation non prévue dans ses cours. Ce n’est pas une excuse, à peine une explication.

Devant son peuple, le roi est nu désormais. Nulle parole pour se défendre. Nulle excuse acceptable. Tu savais tout, tu n’as rien fait. Terrible reproche : ne rien faire. Les mots ne sont pas les choses et parler n’est pas faire. Les mots n’arrêtent pas la mort. Tu as laissé mourir ton peuple. Le peuple aurait accepté la défaite, il n’accepte pas l’inaction.

Conduire un peuple est d’abord créer les conditions du rassemblement. Manu n’a jamais su faire. L’arrogance, c’est penser qu’on est plus crédible que Cantona ce qui, dans les urnes, reste à prouver.

Il lui reste à manger son chapeau. Ce qu’il va faire. Avec des mots, des circonlocutions, des discours convenus qui ne convaincront personne mais qui feront bêler de joie les derniers courtisans.

Dernier exemple. Interview ce soir d’un patron de labo. J’y apprends, pantois, qu’on ne peut pas tester car le stock et la production à venir du fabricant italien d’écouvillons (les grands coton-tiges qu’on colle dans le blair) ont été achetés par Trump et enlevés aussi sec par l’US Airforce.. Première remarque : on est incapables de produire des machins aussi hautement technologiques que des coton-tiges. Ou un substitut. Deuxième remarque = tout le monde affirme que Trump est un gros con, mais sur ce coup, il nous baise majeur. Audiard : un intellectuel assis va moins loin qu’un con qui marche.

Macron s’en fout : il aide les start ups, les mecs qui produisent plus de vent que de coton-tiges et, demain, il lance un TGV  pour amener chez moi où le virus est inexistant, le résidus des contaminés du pasteur alsacien.


On va lui offrir du piment d’Espelette. Il parait que ça donne bon goût aux chapeaux.

jeudi 26 mars 2020

MES VŒUX

Aujourd’hui, c’est mon anniversaire. Je change de catégorie statistique. Je vais être inondé de souhaits gnan-gnan. C’est l’occasion de faire coller réel et virtuel.

Je souhaite à tous ceux qui ont détruit le système de santé depuis trente ans de crever du coronavirus. Ils n’ont pas détruit seulement l’hôpital qui les fait chouiner et applaudir comme des cons, ils ont laissé mourir Manu Dibango qui apportait du bonheur au monde. Tu crois que tu gères du fric alors que tu détruis du bonheur.

Je souhaite donc que le coronavirus nous débarrasse  des faux penseurs et de leurs stipendiés.  Pas seulement ceux qui ont nationalisé comme des malades, mais aussi ceux qui les ont élu, ceux qui les ont relayés. Ainsi de Jospin et de ses ministres qui ont privatisé notamment Thomson, Air France, les assurances, France Telecom, EADS ou le Crédit Lyonnais. Entre autres. Les Français ont la mémoire courte et vont applaudir Mélenchon qui va, sans nul doute, voter la renationalisation de la compagnie aérienne qu’il a privatisée avec Jospin…. Quatre planches et au trou !

Je souhaite voir crever tous ceux qui ont mélangé public et privé, qui ont passé des années à affirmer qu’il y avait trop de fonctionnaires et que seul le privé savait gérer. Qu’ils crèvent tous ! Qu’ils demandent aux chercheurs du privé de trouver les molécules et les protocoles dont ils ont besoin. Que crèvent tous les imbéciles qui ont passé des années à moquer les chercheurs français qu’ils supplient à genoux aujourd’hui. Les éléments de jugement, nous les avions tous. A condition d’utiliser ses neurones et non la presse. Il y a quelques minutes, j’écoutais le professeur Bricaire faire l’apologie du privé. Ce mec a fait sa carrière dans le public qui l’a amené au sommet et même à l’Académie de Médecine et il juge benoitement que le privé est au moins égal au public pour l’efficacité. Comme s’il ne savait pas que l’institution de l’internat conduit les meilleurs dans le public où ils seront parfaitement formés. Comme s’il ne savait pas que public et privé sont inconciliables. Qu’on laisse à la charge du public le poids de la recherche et de l’enseignement afin de ne pas plomber les résultats du privé. Comme s’il était incapable de la moindre reconnaissance envers une structure qui lui permet de plastronner sur les écrans…Quatre planches et au trou !!! Là, je déconne. Il ira se faire soigner dans son service (public).

Je souhaite voir crever tous ceux qui ont privilégié la protection des forts contre la protection des faibles en détruisant tout ce qui avait été mis en place par le CNR, à commencer par le Code du Travail. Tous ceux qui ont conçu ce détricotage absurde en s’appuyant sur les désirs des rentiers cosmopolites qui détestent notre pays et les pays en général dont les lois créent cette horreur suprême : l’impôt.

Je souhaite voir crever tous ceux, économistes thatchériens, boursicoteurs minables, journalistes stipendiés, scientifiques au rabais, qui ont posé leur pierre pour construire l’échafaud qui nous coupe la tête. Et qui continuent. Cette crise était l’occasion de changer de paradigme, de relocaliser l’économie, de préférer les marchés de maraichers à la grande distribution par exemple.. Confit de trouille, le peuple aurait tout accepté. Loupé !

Je souhaite voir crever tous les menteurs, les communiquants,, les politiques qui en  appellent cyniquement à la solidarité nationale quand ils profitent de la situation pour achever le Code du Travail. Car il faut être d’un cynisme impérial pour annoncer 45 milliards d’aides aux entreprises quand on verse 1,40 € de l’heure aux élèves infirmières réquisitionnées.

Le pays a besoin de cohésion. C’est le moment de renationaliser les bijoux de famille vendus pour boucher les trous. Philippe pourrait nous informer que les concessions autoroutières sont vendues pour financer le professeur Raoult…Vague de délire, surtout en Provence. Parce que, au cas où vous l’auriez pas remarqué, Raoult, c’est Tapie et l’OM vient de vaincre le PSG.

Trump, lui, n’en loupe pas une. Il déclare que le covid menace avant tout l’économie. Récession chinoise, PLUS récession américaine, personne n’est prêt. Ça  va morfler grave. Situation inédite et donc analyse statistique impossible. Les algorithmes vont déconner. Innombrables seront les bonnes affaires. Et les mauvaises. L’économie va être cul par dessus tête. On va revenir aux fondamentaux et le réel supplantera le virtuel.

On va l'entendre : comment voulez vous gérer une telle crise ? En ne gérant pas, c'est évident. On ne gère pas la guerre; on la fait. On fera les comptes plus tard.

L’Europe va basculer. Elle n’y est pas prête.

On n’a pas fini de rigoler



lundi 23 mars 2020

PIERRE, PHILIPPE, EMMANUEL

OK, je vais parler de moi. Depuis qu’Emmanuel m’a informé (et plutôt cinq fois qu’une) qu’on était en guerre, je ne cesse d’écouter ministres et conseillers, vraisemblablement munis d’éléments de langage, me causer de stratégie, de guerre et toutes ces choses qu’on prononce généralement avec un coup de menton volontaire. J’ai cherché de quels militaires que j’ai connus je pourrais bien vous parler et j’en ai choisi deux : Pierre Billotte et Philippe Erulin. Voilà vous avez compris, je vais me moquer.

Pierre Billotte, c’est lui qui m’a appris la politique ce qui explique que je n’en ai pas fait. En 40, il s’évade de son oflag, traverse l’Allemagne à pied et rejoint Moscou sans se faire prendre. Il devient copain avec Staline qui l’envoie rejoindre De Gaulle à Londres. Après deux ans, pensant qu’un militaire doit se battre, il demande à De Gaulle la permission de rejoindre Leclerc. Il débarque en Normandie  à la tête d’une colonne de la 2ème DB, libére un paquet de villes dont Alençon, participe à la Libération de Paris, puis devient député et maire de Créteil. C’est là que j’ai eu la chance de le connaître et de travailler avec lui et quelques uns de ses copains dont Lucien Neuwirth et Edgar Faure. ¨Période riche pour le morpion que j’étais. Billotte a passé sa vie à se fritter avec les Ricains. Il avait milité dans plein de mouvements atlantistes, son épouse était américaine, mais il enrageait que les Américains traitent sans cesse la France comme une colonie alors que lui exigeait la parité. Il les pensait comme les pires militaires du monde : « Vous savez, mon petit, après Caen, on pensait être à Paris en trois semaines. Trois mois après, on était encore à Caen ». Billotte était un gaulliste obsessionnel qui avait participé aux travaux du CNR, avec « une certaine idée de la France » comme on disait alors : le rôle de l’Etat est de protéger les citoyens. Lui, quand il parlait de guerre, il connaissait le sujet. Et quand il parlait de résister, ce n’état pas un vain mot. Pour la petite histoire il avait une belle collection d’armagnacs. Alors, quand j‘écoute Macron, je me gausse.

Je viens d’arriver dans le bureau de mon cher colonel M. et je déploie les trouvailles que j’ai rapportées de Tervueren. J’ai honte, c’est de la merde. L’officier en face, pas trop grand mais bien baraqué, je le connais pas mais son béret vert me dit la Légion. On nous a présenté, l’armée sait être civile. Je suis avec le colonel  Philippe Erulin. Je sais pourquoi nous sommes là : l’armée française va prendre Kolwezi et on m’a envoyé au Musée des Colonies de Tervueren compléter la documentation cartographique vu qu’on est un peu pauvres. J’ai quasi fait chou blanc. Deux plans merdeux de la ville dressés dans les années 1930, une carte des environs à l’aléatoire précision La bibliothécaire belge était désolée, mais moins que moi. Et alors là, leçon de géographie. Sur la table il y a une carte JOG au 1/250 000°. Erulin pose mes photocopies minables à côté et en moins de cinq minutes, il a pris la ville. Il a saisi les pentes, les points culminants à prendre ou à tenir, il a réparti ses hommes. Le colonel M., fin géographe, est aussi bluffé que moi. Philippe Erulin roule les documents et me serre la main, avec toute la délicatesse dont peut faire preuve un légionnaire : « Merci, c’est parfait, vous me préparez les cartes aériennes ». Quand j’ai écouté Macron, j’ai pensé à Erulin, évidemment, d’autant que lui, avait sauté à la tête de ses hommes. On est un chef ou pas. On est bon ou pas.

J’en ai connu d’autres des chefs de corps : dans les deux RPIMA, le 1er et le 3ème, au 1er RHP, au 13ème RDP, au 1er RCP, au Peloton de Haute Montagne…. Tous pareils. Des pros de la guerre, des mecs qui en parlaient pas mais qui savaient la faire.

Je sais pas bien l’expliquer, mais les hommes de guerre, les centurions comme disait Lartéguy, tu les reconnais d’emblée. Economie de gestes, économie de mots, précision en tout. Ce sont des hommes du réel qui ne médiatisent le réel que pour mieux l’appréhender mais qui ne confondent pas le réel et le virtuel, tout bonnement parce que le réel, pour eux, c’est la mort. Pour être un chef de guerre, et un chef tout court, il faut avoir une relation  forte à la mort et donc à l’humain.

A cet égard, Raoult est un chef ce que Macron n’est pas. Macron ne parle même pas comme un chef, il parle comme il croit que parlent les chefs. Il joue un rôle et ça saute aux yeux. Raoult, il dit : « Je suis médecin, je suis là pour guérir, pas pour administrer le maladie ». Le chercheur est dans l’action. Il donne envie de le suivre. Le Président est dans la parole : il fait rire.

J’y vois l’aboutissement d’un biais épistémologique, un de plus. L’administrateur sait que le droit commercial distingue soigneusement entre l’obligation de moyens et l’obligation de résultats : si tu as fait tout ce que tu pouvais, on pardonne ton échec. Le chef a seulement une obligation de résultats. Il n’envisage même pas l’échec qui conduit à la retraite dans le meilleur des cas, à la mort le plus souvent. Sur un champ de bataille, le droit commercial n’a pas sa place. « J’ai fait tout ce que je pouvais » n’est pas recevable sauf à demander son emplacement. Il faut trouver quelqu’un qui a fait tout ce qu’il pouvait ET qui a gagné. Un autre que toi.

Discours inaudible aujourd’hui où triomphe le discours de l’excuse, ce discours que déteste le peuple. Discours trop éloigné du discours du stade. Virons l’entraineur. Le populisme n’est rien d’autre que le refus de l’excuse. L’Europe s’oppose ? Le Luxembourg, combien de divisions ?

Voilà pourquoi les populismes échouent. Ils sont trop confits dans le discours dominant et ont oublié l’obligation de résultats qui va parfois (souvent) avec un peu de rudesse. Les Français n’ont jamais oublié le sang contaminé et le « responsable mais pas coupable » qui colle aux fesses de Fabius. Il faut admettre que ça va de pair avec l’envie de lynchage. Ainsi va l’humain. Il préfère suivre les vainqueurs que les abandonnistes.

Le chef est responsable ET il peut s’accepter coupable car il y voit le doigt de la justice. Le populiste accepte le peloton,  y compris pout lui.


On en reparlera..

dimanche 22 mars 2020

LA BIBLIO

C’est un copain…un vieux. Il m’interpelle : « Pourquoi tu t’énerves ? Pour Raoult, t’es pas sûr ».

Si, je suis sûr. T’es biologiste ? Non. Mon métier, c’est libraire.  Ha ! Tu vois ! Ben non, couillon, c’est toi qui vois pas.

Libraire, t’apprends les livres. Tous les livres. C’est pas possible !!

Ben si. Il y a dix ans, quand un quelconque truc m’a informé sur Raoult, j’ai fait sa biblio. Réaction de libraire. T’as pas besoin d’y passer trois plombes ; Elsevier, Springer, Masson, c’est que du très lourd au niveau international. Le top du top de l’édition scientifique mondiale. Le mec qui a une telle biblio, t’es sûr qu’il est bon. Tu peux affiner avec les revues, mais en général, ça confirme. Raoult, y’a dix ans, il était déjà critiqué dans les revues de merde, celle que tu trouves dans les maisons de la presse, mais chez les scientifiques, approbation générale. En sciences, et ailleurs, l’approbation des pairs est un signe pertinent. Y’a des exceptions, mais on peut décrypter avec la biblio.

Faire la biblio est la première obligation, qu’il s’agisse d’un auteur ou d’un sujet. La biblio pose l’auteur au cœur de son sujet. Si Raoult avait publié Le coronavirus pour les nuls ; je serais méfiant. Méfiant mais pas négatif : First est un bon éditeur et pour de nombreux sujets (en langues par exemple) il a choisi les meilleurs auteurs possibles. Mais il peut y avoir des erreurs et un excellent auteur peut faire un mauvais livre, car le pire de First, c’est son public. Quand les canaux de vente privilégiés sont Internet et les supermarchés, le danger est grand de confondre vulgarisation et vulgarité. Il y avait a prendre la place de Que-Sais-Je ? et First a pris le premier segment, le plus facile. Mais QSJ s’appuyait sur son histoire qui manque à First.

Le fonctionnement actuel de l’édition est délétère. Ainsi de Philippe Picquier.  La naissance de l’entreprise, ce fut une divine surprise. Tous les jeunes orientalistes d’avenir étaient au catalogue et ont assuré un démarrage prometteur. Mais ensuite, il faut tenir et continuer. Picquier était contraint de publier pour conserver sa place Forcement, la qualité du départ n’est pas au rendez-vous, d’autant que la concurrence explosa. Picquier est rentré dans le rang. Non qu’il ait démérité. Il s’est un peu banalisé et on n’a pas tous les matins un Pimpaneau pour caracoler en tête.

Parallèlement, la qualité des libraires a baissé. J’ai découvert avec stupeur de jeunes libraires ignorant ce qu’est le Collège de France. Mais  ils connaissent les mangas !! Autant dire rien. Quand j’écoute Mourad Boudjellal, je pense à Gaston Gallimard et je pleure. Et oui, je suis snob, méprisant et arrogant et je vous emmerde.

Le libraire est un individu assis sur un univers de références. Il sait que la pensée, surtout scientifique, est un chassé-croisé universel, qu’une idée née à Paris a grandi à Yale et est revenue à Strasbourg en passant par Pékin. Il sait que le monde du livre est une pyramide inversée posée sur un seul ouvrage : la Bible de Gutenberg, analysée, commentée avant que les analystes et les commentateurs ne soient eux mêmes analysés et commentés et qu’il y a un lointain cousinage entre Raoult et Goscinny. Le libraire nage avec bonheur dans ce monde de références et le décrypte, jour après jour, sans jamais se lasser. S’il se lasse, ce n’est pas un libraire.

Tiens, revenons à Raoult. Sa bio affirme qu’il a passé un bac littéraire avant d’intégrer la fac de médecine. Rara avis. En son temps, pour faire médecine, la voie royale, c’était Math Elem ou Sciences Ex. Pour compléter son cursus, il lui a fallu ruser : le choix des pathologies émergentes le débarrassait de l’obligation statistique. A mes yeux, il est l’un des derniers représentants de l’épistémologie européenne classique, celle où un seul cas pertinent et bien analysé remplaçait une cohorte. Pour arriver à cette conclusion, inutile de connaître les rickettsies ou les nanovirus. Il faut et il suffit de comprendre la pensée. Pour ça, il y a la biblio et les catalogues.

La biblio !!! au temps d’Internet !! Mais oui. La biblio est la niche écologique du scientifique. Et Internet rend le travail aisé.

On en reparlera.



samedi 21 mars 2020

LE SAVOIR

La crise du coronavirus est avant tout une crise épistémologique mais personne ne le dira. Revenons donc sur quelques thèmes de ce blog.

1/ la pensée de Raymond Boudon C’est le mec le plus cité quoique jamais lu. Boudon a inventé le concept d’effet non désiré qu’il a appelé « effet pervers ». Pas un communiquant, pas un sciencepotard, pas  un essecophile qui ne parle d’effet pervers. De préférence sans avoir lu Boudon. C’était au début de sa carrière. Près de la retraite, ayant analysé les systèmes administratifs, il arrive à une conclusion simple : la prise de décision rationnelle n’existe pas car elle est impossible. Personne n’en parle jamais. Jai discuté avec quelques administrateurs ou gestionnaires de haut vol. Ils n’ont jamais lu Boudon. Normal. On te prépare à prendre des décisions, c’est pas pour t’expliquer qu’il est plus simple de jouer aux dés. Forcément : une prise de décision implique de tenir compte de nombreux paramètres ET de leurs interactions. On court toujours le risque d’oublier quelque chose et que cet oubli fasse basculer le château de cartes décisionnel (ou décisif). Un gouvernement doit être certain. Le Président ne peut pas dire qu’il ne sait pas. Mais il peut dire qu’il ne savait pas. Les communiquants soufflent : on ne dit pas « j’étais incapable » mais « je n’étais pas en capacité de… ». Restons softs.

2/ la pensée de Roland Barthes et de quelques linguistes. Il est inutile d’accumuler les chiffres : un signe pertinent suffit. Encore faut il juger de la pertinence. Communication encore. Expliquer la pertinence demande du savoir. Cracher des chiffres ne demande rien que le savoir d’une boutiquière anglaise faisant sa caisse. Pensée Thatcher. Le chiffre est pertinent en soi. Ce qui est faux, bien entendu, la pertinence du chiffre est donnée par le contexte. Quand on le connaît.

3/ toujours avec Barthes : sortir de l’idéologie qui crée le mythe. Le mythe fait croire que ce qui est artificiel est naturel. Mais cela suppose du savoir. Il suffit de savoir communiquer et, si c’est trop compliqué faisons comme à Sciences Po, enlevons ce qui gêne. On parlera de sens de la synthèse. Même, et surtout, si les éléments enlevés sont pertinents.

Ce dont je suis certain, c’est que l’analyse sera faite par les condisciples des analysés et qu’ils n’utiliseront que les instruments qu’ils connaissent. En clair, l’analyse épistémologique ne vaudra pas un clou. Idem pour l’analyse idéologique. Macron a fait au mieux dans le cadre idéologique fixé par Bruxelles. Evidemment. Et personne ne changera le paradigme.

Depuis un demi-siècle, le chiffre signifie la science. On le pulvérise, on le dissémine, on le postillonne pour analyser les faits sociaux. On l’a vécu avec le virus couronné : 14 morts en Picardie, 640 à Wuhan. Parfait. Quel est le sens ? Cherchez pas, y’en a pas.. une minute de micro.

Je pense à Brecht. Galileo Galilei… Il y a du Galilée chez Raoult… « Celui qui ne connaît pas la vérité, celui-là n'est qu'un imbécile. Mais celui qui la connaît et la qualifie de mensonge, celui-là est un criminel ». Ajoutons désormais ceux qui ne connaissent pas la vérité et la qualifient malgré tout de mensonge : les réseaux sociaux, abjecte tribune des ignares. Tiens, une info : Brecht adorait le cigare et son ami Castro le fournissait en cigares cubains. Quel rapport avec le sujet ? Aucun, c’est de la pensée BFM. Ça meuble. Ajoutons qu’un corona, c’est un cigare. Une minute de micro en plus.

Va falloir que je vous apprenne à décrypter. Avant qu’on ne « debriefe » la crise du corona. Crise ? mot-mantra. Krusein, la crise, c’est un mot grec. Médical. Le mot désigne l’acme d’une maladie, le moment où on meurt ou on guérit. En langage media : « Ça passe ou ça casse ». C’est moins joli. Ouais mais moi je suis snob, méprisant, arrogant et je vous emmerde.


On peut être certain que le debriefing confortera l’action et que ce sera encore une occasion manquée….Une de plus

mercredi 18 mars 2020

CONFINER LA DOXA

Ridicule pathétique ce matin. Les pyromanes de la langue sortent les extincteurs sémantiques pour éteindre un feu sur lequel ils soufflent depuis des années.

Le mot-mantra, ce matin, c’est « confinement ». Il faut rappeler qu’on est ici dans un glissement sémantique. « Confiner » en français classique, c’est toucher : la Savoie confine à l’Italie. Ce qui est conforme à l’étymologie : confiner, c’est avoir une frontière commune, cum-finis. Par glissement, le confinement est devenu synonyme d’isolement : le frontière reste commune, mais chacun reste de son côté.

Le choix est éclairant : on préfère confiner qu’isoler. C’est pareil mais isoler c’est renier la mondialisation. Isoler, c’est être seul. Isoler, c’est rejeter le discours de la doxa, des médias et des marchands. Confiner, c’est moins sévère, moins contraignant, on glisse de l’interdiction au prophylactique.

La doxa n’est pas univoque. Elle possède des couches. Ainsi de Pasteur, icône hygiéniste de la Troisième République dont les prescriptions les plus basiques restent fichées dans les inconscients collectifs comme des échardes. Qu’est ce qu’il m’a emmerdé Pasteur avec ses recommandations d’aérer, de changer l’air chargé de miasmes. Tous les matins, à la maison, les fenêtres étaient ouvertes, en grand, même en plein hiver et je me gelais pour être protégé du bacille de Koch. C’était le classico du temps : Pasteur contre Koch, le Gaulois contre le Teuton, l’ouverture des fenêtres frigorigènes répétait quasi la victoire de Verdun. Par voie de conséquence, une journée de soleil martial incite à la sortie hygiéniste dans un lieu chlorophyllé. Le soleil tue les microbes, chacun sait cela depuis l’antirabique Franc-Comtois. Et hier, les citadins se sont rués sur les parcs étriqués pour mélanger allégrement leurs coronavirus, en étant persuadés qu’ils se protégeaient. Ben oui, personne ne différencie le virus du bacille, c’est rien que des microbes et nous, les microbes, depuis Pasteur, on connaît.

Je ne plaisante pas. Voilà dix ans que les marchands et leur séides communiquants répètent qu’il faut être mobile. C’est pratiquement rentré dans la doxa. Et soudain, la mobilité menace nos vies. Merde ! Qui croire ?

Mal nommer, c’est ajouter aux malheurs du monde et voilà qu’augmentent les malheurs du monde.

Et donc, rappelons quelques vérités : les virus ont permis aux dinosaures d’évoluer. Mais non !! disent ceux qui savent, les dinosaures ont disparu. Couillons !! la vie ne disparaît pas, elle évolue. Ce qui disparaît, c’est une forme… Il a fallu du temps pour qu’une musaraigne du Secondaire devienne Homo sapiens. Ben oui ; notre ancêtre est une musaraigne, pas un quelconque Néandertalien. Tout ceci est parfaitement expliqué par Robert Bakker dans un livre que j’ai eu l’honneur d’éditer. Livre qui m’avait fait un clin d’œil dans une librairie de Washington à cause de son titre : Dinosaur hérésies. A trente ans, grâce au Galilée de Brecht, je savais que la vérité scientifique se glisse aisément dans les replis de l’hérésie. Je me suis fait abondamment flinguer par la presse conforme et conformiste et j’ai perdu quelqu’argent. Aujourd’hui Bakker est abondamment cité et conformiste. J’étais le premier à y croire. J’ai sauvé ma dignité intellectuelle ce qui n’a pas de prix.

« Mais enfin ! Tu vas pas éditer un facteur !! » Je l’ai entendu également. Le manuscrit était sur mon bureau, je l’avais lu trois ou quatre fois. Il était bon, solide, étayé. Rien ne signifiait la petite voiture jaune. J’avais douté mais Michel Lemire avait levé mes doutes. Le cigarillo au coin des lèvres, celui que je tenais pour le meilleur naturaliste d’un Muséum qui en comptait quelques wagons, m’avait dit « Excellent ! Fonce ». Aujourd’hui,  le facteur a évolué et dirige la biodiversité dans le même Museum où Lemire décortiquait l’excrétion du sodium chez les reptiles sahariens. J’étais le premier à y croire.

L’édition, c’était ça. Repérer partout ceux qui pensaient mieux. Les béliers du savoir qui conduisent les moutons de Panurge sur les chemins de la transhumance intellectuelle. Je n’ai fréquenté que de grands penseurs et je me suis régalé : Michel Le Berre, Bernard Canguilhem et Jean Boissin, Michel Breuil, Claude Grenot, Michel Delsol, Emmanuel Boutan et tant d’autres. Un beau paquet d’hérétiques. Même Delsol, royaliste convaincu et biologiste exceptionnel. Hérétique, Delsol Professeur à l’Université catholique ?. Mais oui…. De ses travaux, il avait gardé la conviction que la définition linnéenne de l’espèce devait être revue. Un naturaliste qui doute de Linné, c’est comme un cardinal qui doute de la Trinité.

C’était le temps où le doute était le flambeau qui éclairait les avenues de la pensée. J’ai bien vu les certitudes, abjecte marée, monter et prendre le pouvoir avec les boutiquiers. La certitude rapporte quand le doute appauvrit et l’argent est désormais le gonfanon des chevaliers de l’intellect. Piteux chevaliers, plus proches du Quichotte que de Bayard.

J’ai appris la presse avec Lazareff et Beuve-Méry, avec Bodard et Lacouture, Sabbagh et Desgraupes, peut on me demander d’avoir de la considération pour « les pantins qui font l’opinion » aujourd’hui ? J’ai vu Séguéla remplacer Bleustein-Blanchet qui a construit un empire quand l’autre voulait changer de Rolex. Et Macron s’asseoir dans le fauteuil de De Gaulle.

Alors, avant de mourir, j’essaye de transmettre. D’expliquer pourquoi Raoult est un vrai penseur. De décortiquer. Macron se targue de suivre les « avis des scientifiques ». Mais qui sont ils ? Je peux discriminer ; j’ai fait ça toute ma vie. J’ai appris à juger les textes sur leurs biblios. Et les professions sur leurs marges. C’est ainsi que j’ai développé un profond mépris pour les assureurs, ces petites gens qui accumulent de petits profits sur de petites primes en remboursant de petits sinistres. J’ai travaillé avec l’aristocratie de l’assurance : les réassureurs. Leurs dossiers étaient énormes …et neufs. Sans historique. Il leur fallait apprécier des risques dont ils ignoraient tout. Je peux dire que ça rigolait pas.

A leur manière, les réassureurs sont des créateurs, des inventeurs. Des travailleurs, pas des palucheurs de statistiques. Je ne comprends pas les simplificateurs qui regardent la bio et les travaux d‘un spécialiste des maladies émergentes avec les mêmes yeux que la bio et les travaux d’un chef de service comme il y en a dans tous les CHU de France. J’ai signalé la position de Raoult voici trois semaines. Depuis, il a expérimenté. Hier, il a publié les premiers résultats : 90 % de baisse de charge virale sur le groupe témoin. Ça mérite au moins une discussion. Petit groupe ont décidé les médiocrates. C’est exact. Mais ne pas élargir l’expérimentation est criminel… Il faut y aller à l’arrache, en Alsace par exemple où a frappé la malédiction divine. Il y a au moins une bonne raison écologique : le paludisme combattu par la chloroquine vit bien dans les zones subtropicales où se plait le coronavirus. Hé, Jadot l’écolo, t’en penses quoi ?

Nos penseurs pas libres sont unanimement silencieux. C’est bon signe. A mes yeux. Quand ils commenceront à dézinguer Raoult, ce sera mieux encore. Leurs arguments les dévoileront comme Suzanne avec les vieillards.

On  a pas fini d’en reparler….

PS : plus de chloroquine à Bayonne !! selon le pharmacien, l’hôpital a tout préempté. J’aimerai que ça soit vrai


samedi 14 mars 2020

FALLAIT Y PENSER

Hou là !! Le coronavirus va coûter un max. Ben oui. C’était prévisible et d’ailleurs, ç’avait été prévu avant que Macron et sa bande de bras cassés succédant aux ringards majuscules qui nous gouvernent depuis des années ne suppriment les protections. « Quoi qu’il en coûte » dit le nain intellectuel qui n’en a rien à foutre parce que ce n’est pas à lui que ça va coûter.

Pour comprendre le mécanisme et le résultat, il faut regarder les GOPÉs. C’est vachement officiel. Ainsi appelle t’on les Grandes Orientations de Politique Économique élaborées par Bruxelles. Bon. C’est des orientations, rien de bien contraignant. Que tu crois !! Si tu respectes pas, t’as une amende. Et pour être bien sûr que tu la payes, le montant de l’amende est versé avant par les Etats. C’est une sorte de cautionnement. Un peu comme si tu devais bloquer 400 ou 500 euros au Trésor Public avant de prendre ta voiture au cas où tu te ferais flasher. C’est pas une contrainte, c’est du racket.

Regardons donc les GOPÉs de 2019. L’introduction semble un gloubi-glouba de généralités en novlangue, mais restons attentifs. Par exemple : » Les mesures visant à simplifier le système d'imposition et à réduire les restrictions réglementaires aideront à répondre à la première recommandation relative à la zone euro concernant l’environnement des entreprises ». Compris ? La première recommandation protège l’environnement des entreprises, pas des simples citoyens.On rentre ensuite dans le détail : « Les dépenses de santé n’ont cessé d’augmenter au fil des ans. Les dépenses totales ont été estimées à 11,5 % du PIB en 2017, soit le niveau le plus élevé parmi les pays de l’UE membres de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Une nouvelle réforme du système de santé a été annoncée à l’automne 2018, et un projet de loi présenté le 13 février 2019 ». Bon, c’est dit : on se soigne trop… Ou on est trop malades, va savoir. Mais Macron agit et Bruxelles est content. Enfin, pas trop : « La réforme annoncée du système de santé ne prévoit pas de révision de l’objectif national de dépenses d’assurance maladie (ONDAM). Cette norme de dépenses concerne un tiers des dépenses de sécurité sociale. Bien qu’il soit respecté depuis 2010, l’ONDAM a déjà été relevé à trois reprises depuis 2017. Pour la période 2018-2020, l’objectif de croissance des dépenses initialement fixé à 2,1 % a été porté à 2,3 % dans la loi de finances 2018, puis à 2,5 % dans la loi de financement de la sécurité sociale 2019. Ce relèvement permettra de tenir compte dans une certaine mesure des dépenses supplémentaires liées à la mise en œuvre du plan Ma santé 2022».
Avez vous compris ? C’est clair. La France se soigne trop. Ou bien elle est trop malade. Quoiqu’il en soit, il importe de baisser nos dépenses de santé. Ainsi en a décidé Bruxelles. Et Macron, obéissant, a lancé des mesures provoquant un tollé chez les soignants auxquels il lèche le cul parce qu’il en a besoin. Moi, je rêve d’un médecin disant à Riester : tu es malade ? démerde toi…ou, à tout le moins désolidarise toi de Bruxelles qui veut ma mort….et la tienne.
Le mélange des genres caractérise Bruxelles. Le rapport semble clair : « De manière générale, le système français de protection sociale est efficace pour réduire les inégalités et la pauvreté. ». Mais le système français est un système global qui considère la santé comme un élément de lutte contre la pauvreté car la maladie éloigne des revenus. On ne peut pas détricoter l’ensemble.
En fait, on ne peut rien détricoter. L’épidémie affecte l’économie : les économies réalisées depuis des années vont disparaître en quelques semaines, comme un lavabo qui se débouche brutalement. Le déficit qui devait être contenu va exploser. Fallait y penser avant. Gouverner, c’est prévoir.

Belle citation quoiqu’incomplète. Car elle a deux parties : « Gouverner c’est prévoir, car ne rien prévoir c’est courir à sa perte. » Nous y sommes. Ni Bruxelles, ni Macron, n’ont prévu quoique ce soit. Mais, disent les imbéciles, on ne pouvait rien prévoir. On ne pouvait pas prévoir ce virus, on pouvait prévoir une pandémie. De la peste noire à la grippe espagnole, on a eu des pandémies et on en aura encore. Des nouvelles, des inconnues. Quand elles arrivent, on peut être prêt. A condition d’avoir gardé des hôpitaux dans des endroits peu rentables quand tout va bien, d’avoir éradiqué les déserts médicaux pour avoir partout des professionnels mobilisables.
Dans le collimateur de Bruxelles, il y a les professions réglementées dont font partie les pharmaciens. Notre pays est couvert de pharmacies qui assurent la distribution des médicaments partout. La distribution mais aussi la fabrication : aujourd’hui ils fabriquent les gels hydroalcooliques dont manquent les fabricants. Et demain ? Les préparations magistrales sont passé de mode….Mais gouverner, c’est se foutre de la mode

Avant de détruire, faut réfléchir. Réflechir vraiment. Pas comme l’autre zozo qui a vendu la sidérurgie au sadhou en smoking sans penser qu’il mettait en d’autres mains le matériau qui permet de construire des sous-marins ou des avions de chasse. Réfléchir à ce qui permet de protéger les citoyens au cas où…. Au cas où arriverait ce que personne ne pouvait prévoir.

Et protéger les gouvernants des dangers qui les menacent. Le Medef par exemple qui devrait être interdit pour propagande mensongère ou atteinte à l’intégrité de l’Etat. L’Etat veut aider les entreprises ; on peut le comprendre. Les premiers à tendre la sébile sont les entreprises de l’événementiel et de la culture. L’Etat a t’il besoin d’organisateurs de fêtes ? Allons nous confondre la Comédie française et le proprio d’un théâtre de boulevard ? Nous sommes encore dans une crise qui a vu manifester le corps de ballet de l’Opéra, recru de coupes budgétaires au profit de manifestations médiocres que la rue de Valois porte à bout de bras. La réflexion admet peu le mélange des genres. Le tourisme rapporte. Oui. Le tourisme réceptif rapporte car il vide les poches des étrangers. Le tourisme français à l’étranger coûte car il vide les poches des Français. Ne jamais mélanger.

Fallait y penser. Y penser en intégrant le territoire à la pensée. C’est sur le territoire qu’on vit, qu’on meurt….et qu’on paye. Et la note promet d’être salée. Fallait y penser en comparant ce qui est comparable. Oui, notre modèle social est plus coûteux que le modèle allemand. On s’en fout, on y tient car on tient à être protégés. On verra bien sur le long terme. Et oui, c’est un choix idéologique, un choix éloigné de l’idéologie bruxelloise. Mais nous n’avons aucune raison d’en changer.

Après tout, il suffit de dire non et que l’Europe nous vire….ou accepte notre modèle.





vendredi 13 mars 2020

LETTE OUVERTE MACRON-2

Mon petit Manu,

Belle intervention, mesurée, sérieuse. Mais….frappée au coin de la plus totale insincérité. Pour le dire simplement, tu n’es pas crédible.

Belles phrases sur les soignants, dix jours après que le petit Salachas t’ait interpellé sur la situation catastrophique du système de santé. Toute la France sait que les soignants sont en grève. Tout le monde sait que tu as passé ton temps, déjà comme ministre, à fermer hôpitaux et maternités et à « rentabiliser » le système français, ainsi que le réclament inlassablement les GOPÉ.

A cet instant, ta mauvaise foi se lisait à livre ouvert sur ton poupin visage, tout comme elle éclatait quand tu appelais à ôter certains biens du marché.

C’est précisément ce qu’avait fait le CNR en son temps, en ôtant du marché les biens indispensables aux citoyens : l’énergie, les transports, la santé, allant jusqu’à créer une banque (les CCP) pour que chacun puisse avoir un compte en banque. C’est ce qu’avait fait le CNR et que tu défais avec une constance qui force l’admiration. C’est la spécificité française qui pouvait servir de base à une Europe protectrice et égalitaire, une Europe dont ne veulent pas les dirigeants européens aux ordres desquels tu te tiens.

Alors, mon petit Manu, tu causes, tu causes, imaginant avec la naïveté de ton âge que personne ne lit le mensonge dans tes paroles équanimes alors que la France s’esclaffe : il a peur de rien !!!

Non, tu n’as peur de rien, même pas du réel que tu ignores avec superbe. Surtout pas du réel dont tu penses que tes mots le changeront.

Vois tu, Manu, à 18 ans, je défilais avec mes copains pour soutenir des dirigeants marxistes dont j’espérais qu’ils dirigeraient le monde. Hé be ! voilà ! c’est fait ! La première économie du monde est dirigée par un parti communiste. Un parti communiste qui applique, peu ou prou, le programme du CNR dont tes copains affirment qu’il est mauvais. Tes copains sont comme toi : ils nient le réel quand le réel les dérange.

Là où tu as été mauvais  (à mes yeux), c’est dans ton appel incessant à la science. Une jolie journaliste de Valeurs Actuelles a eu ce mot définitif ce matin :  la science va devoir retrouver l’humilité de l’inconnu.

Ben oui : la situation est nouvelle et inconnue. Alors, on brode, on va chercher des chiffres qui peuvent faire croire qu’on maîtrise. Statistiques de cas, de morts, classement par tranches d’âge. Personne pour dire : c’est neuf, on ne sait pas, l’histoire ne nous apprend rien, ce qui serait la seule attitude scientifique. Mais la posture rôde : le professeur de médecine invité sur un plateau télé ne représente pas que lui. Il est la science, il doit parler. Même s’il n’a rien à dire.

J’ai eu l’occasion, récemment, de rappeler à une jeune neurologue que Broca avait décrit l’aire qui porte encore son nom avec un seul patient, pour conclure : vous avez remplacé la médecine du talent par la médecine statistique. Je ne lui ai pas fait plaisir.

Je ne sais pas qui analyse ta communication. Mais je suis certain que cette équipe ignore tout de la France et des Français et de l’épistémologie. Certain aussi que cette équipe ignore tout des principes de la communication que la mémoire guide.

A pendre les gens pour des imbéciles, on s’expose à être soi même victime de l’imbécillité.


Je crois que tu y es

mercredi 11 mars 2020

CEBROWSKI



Çui là, je le connaissais pas (merci Benoit) mais il vaut le coup. C’est une synthèse aurait dit Audiard.
Américain d’origine polonaise. Amiral. Carrière riche d’expériences, notamment au Viet Nam où il n’a rien appris. Chouchou de Bush père du fait de sa conduite brillante lors de la première guerre d’Irak. J’ai pas trouvé d’infos mais un amiral qui se conduit brillamment dans le désert, ça m’interpelle.  Sa spécialité étant l’aéronavale, je peux comprendre.

En 2001, Bush et Rumsfeld le nomment Directeur du Bureau Force Transformation dont l’objet est de définir la réorganisation de l’armée américaine pour faire face aux changements du monde et assurer la supériorité des militaires étatsuniens. Vingt ans après, force est de constater que c’est un échec. N’accablons pas Cebrowski. Il a simplement fonctionné comme un grand couillon de militaire obéissant.

Quand il prend ses fonctions, la vision stratégique des Américains est la recherche de la domination totale (Full Spectrum Dominance) sur une zone de guerre. Cebrowsky était au Viet Nam ; il est mieux placé que quiconque pour dire que c’est une connerie et que la domination totale peut conduire à la déroute totale. Mais pour ça, il faut s’opposer à tous les hauts gradés de l’Armée américaine. Cebrowsky n’a pas les couilles pour s’opposer.

La domination totale suppose que les Etats Unis contrôlent la totalité de l’information permettant de passer de la paix à la guerre ce qui leur donne un avantage stratégique quant à la distribution de leurs forces, leur armement et la précision de leurs frappes. Théoriquement parfait. La théorie est affinée au moyen d’outils développés par le monde des affaires. Il s’agit, dans un premier temps, de décrire le monde physique, de transférer la description au « monde de l’information » avant de transférer les données à un monde cognitif qui gérera l’action.

L’idée centrale est que la guerre est trop complexe pour être centralisée et que le pouvoir de décision doit être transféré aux unités « en limite » (on the edge) qui peuvent réagir rapidement et efficacement à la moindre sollicitation ce qui suppose l’aplatissement de la hiérarchie.

La théorie est belle mais elle oublie tout de l’environnement, même si quelques voix s’élèvent pour noter que le système GPS sur lequel elle se fonde a des lacunes. En fait, elle repose sur l’omnicapacité américaine de collecter toutes les informations. Dans les années 2000, la Chine n’a pas entamé son grand bond en avant informatique et Cebrowsky n’envisage pas un instant qu’elle puisse perturber la collecte des informations. Pire encore, rien n’est dit de la pertinence de cette collecte ; il est assumé que la langue de travail est l’anglais. Or, les USA sortent de Desert Storm ; en arrivant en  Afghanistan, l’armée américaine a réalisé qu’elle n’avait pas d’interprètes en pashtoun. C’est normal : le pashtoun est une langue rare et voilà des années que les orientalistes américains, pragmatiques, ont délaissé les langues rares qui ne rapportent pas de dollars. A monétiser la science, on s’expose à ce type de lacunes.

Vingt ans après, la modernisation de l’armée américaine a du plomb dans l’aile. Les USA ne sont plus seuls à pouvoir collecter et diffuser l’information : la 5G est chinoise et les langues rares triomphent. On l’a bien vu en Syrie où les opérations étaient outrageusement dominées par les Russes avec l’appui technologique de la Chine. Les choix de l’armée américaine obéissaient aux règles américaines : plus plutôt que mieux. Un haut gradé remarque que depuis Desert Storm les satellites ont multiplié par 30 leur capacité de transmission. Mais il ne tient pas compte de la possibilité d’une erreur (une donnée fausse par exemple) glissée dans le système, éventuellement par l'ennemi.. Aujourd’hui, les capacités des Chinois et des Russes rendent cette hypothèse crédible.

Personne ne veut voir que les rodomontades de Trump (sur la Mer de Chine, par exemple) ont drastiquement diminué. Les Américains ne savent pas réfléchir mais ils ne sont pas idiots. Ils savent que Cebrowsky s’est colossalement planté en oubliant que la technologie chinoise pouvait surpasser la technologie américaine. Il n’est pas le seul parce que, depuis vingt ans, la machine à décérébrer a fonctionné à plein. Tous les choix épistémologiques américains sont mauvais et le pays a plus investi dans Facebook que dans Lockheed ou Gruman. In fine, les USA ont les meilleurs réseaux sociaux du monde mais leurs chasseurs rament derrière les Chengdu ou les Sukhoi. La domination totale est morte. Et l’état actuel de la recherche-développement ne permet pas d’apercevoir une inflexion de la courbe : les actionnaires veulent des dividendes. Ils veulent aussi que leurs actifs soient protégés. Mais pour ça, c’est trop tard.



lundi 9 mars 2020

MISE EN DANGER

C’est un délit : mise en danger de la vie d’autrui.

Exemple récent : un curé organise une sorte de messe. Je sais, c’est pas un curé mais un pasteur et c’est pas une messe mais une cérémonie évangélique. Disons le autrement : un chef de secte regroupe ses zélateurs pour bêler des âneries.

Le résultat est connu : la région de Mulhouse est infectée et le retour au bercail des brebis porteuses du virus a permis de le disséminer en Corse, en Guyane et autres lieux. Merci, mon Dieu, que Ta volonté soit faite. Si c’est pas de la mise en danger, qu’est ce ?

Rien. Le chef de secte a respecté la règle. Rassemblements interdits au delà de 5000 bêleurs. Il s’est arrêté à la moitié. Juridiquement exact.

Et, par voie de conséquence, la limite fixée n’était pas la bonne. Faute. De qui ? Du gouvernement, c’est une évidence, ce qui pose une question : qui a conseillé le gouvernement ? Le savoir, c’est comprendre comment et par qui sont prises les décisions. Quels étaient les scientifiques ? Quel était leur cadre épistémologique ? Parce qu’en général, c’est là où le bât blesse. Dans le cas qui nous occupe, utiliser les statistiques pour gérer une infection sans histoire, c’est à dire sans statistique, c’est tout simplement très con. Heureusement que le virus ne semble pas trop agressif.

Le factuel est pratique car il n’oblige pas à réfléchir. Le fait est réel et donc indiscutable. A condition qu’on l’insère dans une structure réflexive. Ou qu’on l’élimine ce qui le rend encore plus indiscutable. C’est la technique favorite des communicants.

Le coronavirus devient ainsi un laboratoire parfait pour comprendre le fonctionnement mental de l’oligarchie. Comment ça démarre ? Le virus part d’un réservoir animal pour infecter l’homme, a priori sans mutation. Il s’agit donc d’un problème écologique : deux espèces partagent un même biotope et donc les virus et bactéries du dit biotope. Si j’ai bien suivi le fil, le réservoir de départ serait le pangolin, Admettons.

Le pangolin est un animal tropical ce qui permet de définir le biotope partagé avec l’homme. Et donc, quand j’entends les spécialistes m’annoncer la sensibilité du virus à la chaleur, je suis en droit de douter. En Asie des moussons, l’été est plus chaud qu’en Europe. L’étude in vitro me semble douteuse. Personne n‘a regardé l’hygrométrie alors que, dépression après dépression, le régime pluviométrique du pays ressemble de plus en plus à la mousson. Idem en Italie où les régions sèches semblent épargnées.

Le virus est vivant. Il serait peut être malin de travailler sur les conditions de cette vie qui permettent à Covid-19 de se disséminer et de passer d’une espèce à l’autre. Il serait peut être malin de chercher si le virus ne peut pas infecter d’autres espèces, aviaires par exemple vu qu’en ce moment, ça migre de partout.

Naturellement, aucune info. Les journalistes « scientifiques » dégueulent des séries statistiques sans intérêt, les politiques changent de pied. Depuis ce matin, ils sont revenus à l’économie qu’ils maîtrisent mieux que le vivant. Les écolos ou prétendus  tels se taisent alors que c’est leur spécialité, montrant ainsi les limites de leur réflexion. C’est le désastre de la pensée scientifique et de la méthode hypothético-déductive.


On n’a pas fini de rigoler.

dimanche 1 mars 2020

LETTRE OUVERTE AU PRESIDENT MACRON

Mon petit Manu,

Je peux t’appeler comme ça. Tu as l’âge d’être mon fils. Comme tout fils, tu crois être supérieur à ton père puisque l’avenir a de l’avance sur le passé. Par définition.

Je peux le comprendre. Pas l’admettre, mais le comprendre. Jusqu’en 2022, tu représentes l’avenir. Après…..

Nous avons, a minima, les mêmes informations, encore que je suppose (j’espère) que tu es mieux informé que moi. En revanche, je doute que nous ayons le même logiciel pour les interpréter et je te vois te mettre en danger en accumulant les conneries, ces mêmes conneries qui font dire à ton peuple que tu es hors-sol. Hors-sol, c’est une expression qui sent Dauphine ou la rue St-Guillaume mais qui est une injure terrible pour un peuple qui est ancré, vissé sur cette terre de France dont tu ne connais rien. Ton peuple ne peut pas être hors-sol, il est arrimé au sol par des liens familiaux, des atavismes, les crédits de la maison et l’école des petits. Cette réalité, difficile, parfois sordide, ton peuple a voulu t’en informer car il croyait en toi. Tu l’as enterrée dans un grand débat qui n’était  pas un débat et qui n’était pas grand. Le « Je vous ai compris » du grand Charles avait, au moins, de l’allure. Ta tournée des préfectures sentait Deschanel et l’odeur fétide du pyjama tombé du train. Qu’en reste t-il un an plus tard ? Des milliers d’espoirs tranchés net, des têtes emplies de rancoeur et des milliers de pieds qui ne se mettront plus en marche.

Un désastre tel que tu as cru bon de le reproduire un an plus tard avec une réforme ni faite, ni à faire. Là, je t’ai admiré. Faire converger les luttes des avocats et des manœuvres de chez Bouygues, c’est impressionnant, même Sarkozy n’y était pas arrivé. Et tu n’as pas su voir. Ton peuple te disait non, d’une même voix, et tu n’entendais rien. Tu étais hors-sol comme Louis XVI, réparant des serrures dans son atelier versaillais.

Il est vrai que tu es obsédé par la com’, cette com’ qui, maitrisée, t’a porté au pouvoir. Mais, sérieusement, mon petit Manu, aller féliciter pour son travail le personnel hospitalier en grève, c’est aller au devant de l’insulte. Tu as eu de la chance. Le neurologue qui t’a interpellé, calmement et fermement, je ne le connais pas. Je connais seulement ses parents, son frère, son oncle (que tu connais également comme tous les Français, demande des fiches à tes clampins de conseillers) Il a été parfait. Tu n‘as rien compris ; en termes choisis, il te demandait si tu prenais pas le corps soignant pour des cons. Il a dit clairement : on n’a pas les moyens (le fric) pour faire face à une épidémie. Et toi, tu as bredouillé des banalités ridicules, les mêmes que tu aurais bredouillées dans un amphi de l’ENA lors d’une épreuve jeu de rôle. Tout le pays t’a vu. Il ne s’agissait pas d’une épreuve de l’ENA. Il s’agissait d’un médecin de haut niveau car Salpé c’est du très haut niveau qui te disait que ton pays était en danger. Et sur ce coup, c’était toi qui n’étais pas au niveau. Le Président redevenait un étudiant médiocre ayant oublié de réviser une question de cours.

Et pour être sûr d’etre définitivement hors-jeu, tu sors aussi sec le 49-3. Ne t’inquiète pas, Manu, le corps soignant a compris  le message.  Le corps soignant cherche dans sa pharmacie comment atténuer la baffe que tu lui as collée.

Tout ceci fait une bouillie, de mots, de mesures, voire de mesurettes sans que le peuple ait le sentiment que la barre est  tenue. Tu es suspecté (soupçonné) de préparer l’annulation des municipales qui signeront ta défaite. Quoique tu fasses, aujourd’hui, tu es le Président de tous les échecs. Même le recul du chômage est imputé à ton prédecesseur. On a oublié que tu le conseillais.

Tu as accumulé toutes les haines sur ta petite tête de premier de la classe. Celui qui prenait les claques subreptices et les vicieux crocs-en-jambes. C’est pas bien. Non mais il en va ainsi. Tu n’es pas capable de changer l’humain, non plus. Ni même de l’accepter. Tu prends aujourd’hui dans les dents les coups que tu as évités étant jeune. Les aurais tu pris que tu aurais développé une résilience qui te fait défaut et des stratégies qui te manquent. A être trop protégé, on se trouve nu un jour.

Ce que j’observe, c’est que tu n’es plus même capable de protéger tes proches. La permanence de ton Premier Ministre mise à sac, ton cher Griveaux livré à la horde médiatique, c’est un début. Un chef, ça doit protéger. Comme chef, tu es nu. Nul. Ton premier cercle est un cercle de courtisans. Tu es heureux car ils pensent, ou font semblant de penser, comme toi. Nous sommes en crise et le pouvoir est uni. Pas de voix discordante. C’est un mauvais signe, signe que personne ne cherche.

Crise, kruzein en grec, désigne le point culminant d’une maladie, quand on meurt ou qu’on guérit. Ça passe ou ça casse. Toi, tu veux que ça passe et tu espères que les mots suffiront. On verra bien. Le problème, c’est que tu as déjà baissé les bras. Tu as dejà commencé à dire que tu avais hérité de la situation. Manière de te dédouaner. Les Français comprennent immédiatement que tu es impuissant. Bébé est dans les jupes de Maman pour dire « C’est pas ma faute ».

Si tu en es là, tu as perdu, Manu.


On en reparlera….