lundi 7 décembre 2015

LA BOITE A CONNERIES

Ça y est….la boîte à conneries est encore ouverte… Chaque fois que le FN fait un gros score, plouf ! la boîte s’ouvre à nouveau.

C’est qu’il y en a du monde pour analyser les raisons qui, le pourquoi du comment. Scrutin après scrutin, les neurones fonctionnent à fond, surtout chez ceux qui sont pas d’accord avec la Le Pen family. Personne ne sait mieux qu’un opposant au FN comment lutter contre le FN. Et ils sont tellement bons que scrutin après scrutin, la marée monte.

Pourtant c’est simple. A condition d’ouvrir les yeux et les oreilles et de ne pas se mettre un pavé sur la langue.

Les électeurs du FN ne veulent plus être emmerdés par les immigrés. Pas la peine de leur dire que c’est pas bien ou pas ceci ou pas cela. Ils s’en foutent que ce soit pas bien. Ils votent pas sur des critères moraux… Encore que…. Sur Facebook, ce matin, y’en a un qui causait sérieux. Il disait : « Ce pays est assez riche… » Exact, le pays est riche mais les habitants sont de plus en plus pauvres. Et ils voient bien que la répartition est inégale.

Vous avez du bol, les riches…. Pour l’instant, ils croient encore que c’est les Arabes qui les saignent…Quand ils vont comprendre que c’est vous….

Le discours est hallucinant de stupidité. Mâme Camels qui affirme qu’elle se présente par souci du peuple parce que c’est pas les 5000 euro d’indemnités qui peuvent la motiver vu qu’elle est habitué à mieux. Elle a songé Mâme Calmels que 90% des électeurs ne gagnent pas 5000 euro et trouvent un tel salaire somptueux ? voire indécent ? Virginie Calmels, c’est la droite Cahuzac…

Le sol tremble sous les escarpins des Marie Antoinette de gauche comme de droite. En fait, les grandes idées, ils s’en branlent. Que nous disaient les caciques du PS ce matin ? Qu’ils faisaient l‘ultime sacrifice, le sacrifice de leurs postes pour six ans. Argument qui va renforcer les électeurs dans leur choix : dégagez, vous n’êtes là que pour partager le fromage…

Mauvais, tous les pseudo socialistes qui font passer les réformes de société avant les réformes économiques et qui n’ont pas compris que le Français moyen préférait un SMIC honorable au mariage homosexuel. Mauvais tous les soutiens de Sarkozy qui imaginent que les électeurs ont oublié que Ministre, puis Président, le petit Nicolas a ponctionné l’Armée et la Police. Mauvais, les uns et les autres qui ont regardé monter les chiffres du chômage en croyant qu’il suffit de réciter les mantras appris à Sciences Po pour juguler une énorme catastrophe humaine.

Tous ces démocrates en peau de lapin râlent contre le peuple. Comme à chaque fois que le peuple vote comme il ne devrait pas. Il est pas con, le peuple. Il vote contre l’Europe, on lui colle à l’envers et année après année, il s’aperçoit que c’est lui qui avait raison et qu’on lui fait avaler les volontés de Juncker et Merkel à l’encontre de ses intérêts.

Alors, après, quand tu lui dis qu’il faut pas voter Marine, il se marre. Si c’est comme l’Europe…

Le pire, à mes yeux, c’est que tous ces gens qui « ont la nausée » et rejettent le peuple se croient à gauche alors que c’est à gauche qu’on devrait trouver la croyance en un peuple omniscient.

Alors, oui, le peuple n’est pas humaniste. Il aime les paniers de son où roulent les têtes de ses ennemis. Alors oui, le peuple est égoïste : il ne veut pas partager ce qu’il a mis tant de temps à acquérir. Alors oui, le peuple n’aime pas les minorités parce qu’il sait confusément qu’elles sont un danger. Alors oui, le peuple a fait des erreurs d’appréciation mais il a su changer d’avis (ce qui le différencie des politiques).

Et oui, le peuple n’aime pas qu’on se foute de sa gueule et il peut être prompt à déboulonner les statues, même celles qu’il a érigées. Et oui, il peut être mal élevé....

Alors oui, le peuple a conscience de son individualité, et il sait bien qu’être Français, ce n’est pas être Allemand. Et que c’est très bien comme ça.(J'ai mis Français/Allemand pour pas encourir de foudres).

Heureusement qu’il y a Facebook pour recevoir les belles indignations de tous ceux dont l’indignation indiffère. Ce qui leur permet de se croire nombreux.

Alors que les plus nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de payer un abonnement Internet.

Mais ça, ça n’effleure personne.

On en reparlera….

mercredi 2 décembre 2015

SADE A GAGNÉ !!!!!

Bon, lui, il m’avait échappé. Heureusement, j’ai corrigé le tir. On n’en parle jamais de ce philosophe là. Peut être que Lévy ou Onfray occupent toute la place. Va savoir comment fonctionne la pensée aux temps des écrans.

Donc, je vous livre le nom : Dany-Robert Dufour. Je vous concède que c’est moins exotique que la plupart des noms de philosophes. Pour causer philo, le blaze teutonique ou ashkénaze, ça le fait mieux. A l’exception de maître Kong, ça va de soi.

Alors, il nous dit quoi le philosophe au nom trop autochtone ? Beaucoup de choses organisées autour d’une idée-force : Sade a gagné. Il va pas aussi vite : il lui faut 400 pages par livre, des notes, un appareil critique (pas trop de biblio cependant), ce sont de vrais livres, construits pas torchés, avec un vrai vocabulaire, des choses qui se méritent.

Son idée est assez simple : sous l’impulsion de l’ultralibéralisme, nous sommes passés d’un monde de la névrose à un monde de la perversion. D’un monde dominé par la culpabilité à un monde de jouissance effrénée. En fait, une seule chose ne peut pas être achetée : les valeurs morales et il fallait les ôter des échanges pour que triomphe la main du marché. Dufour remonte à un médecin inconnu (de moi tout au moins), Bernard de Mandeville qui affirmait « les vices privés font la vertu publique » ce qui n’est possible que grâce au marché devenu religion à part entière.

Résumé comme ça, à l’arrache, ça peut même paraître banal. Mais lisez d’abord.. Ça vous changera du brouet habituel.

En plus, ce qui caractérise les bons philosophes c’est qu’ils décryptent parfaitement l’air du temps.

Or donc, les quelques cent morts du 13 janvier n’étaient pas enterrés que tout le monde entonnait la même chanson. On va gagner parce qu’on va envahir les bistros. Traduction : On va gagner parce qu’on va jouir. La jouissance comme arme de guerre. Si c’est pas la victoire de Sade qu’est ce ?

Le problème, c’est que la jouissance n’est pas une kalashnikov. La jouissance sadienne est un acte de vie, pas un acte de mort, même symbolique. Et on peut penser que jouir comme des fous ne changera rien.

Lisez… On en reparlera….

PS : ça s’appelle La Cité Perverse et c’est publié par Denoël… L’éditeur de Céline ? C’est ça même.

mercredi 18 novembre 2015

IM-PI-TO-YA-BLE

La foire aux mots bat son plein. Le Président vient de l’affirmer : nous serons impitoyables ! Tu parles ! Dans ce monde où ne règne plus que l’affect, le pathos, la compassion devenue passion, il veut nous faire croire qu’il fera de la politique sans pitié, alors que tout son vocabulaire tourne autour de la sentimentalité la plus simple. Non, ces attentats ne sont pas une horreur. Ce sont des actes de guerre. Et la guerre n’est une horreur que pour les civils. Pour lui, ce devrait être son job. Ni plus, ni moins.

Alors faisons un peu de sémantique

Terroristes. Non. Musulmans. Les huit mecs qui ont attaqué sont tous les huit musulmans. Dans la Résistance, il y avait des communistes et des gens de droite, des cathos, des juifs, des protestants et même des musulmans. Là, les deux ensembles se recouvrent parfaitement. Le jour où des catholiques participeront aux actions des jihadistes, on pourra causer. Pour l’heure, les terroristes sont uniquement musulmans et donc j’ai toute légitimité à poser cette équivalence. Je ne dis pas que tous les musulmans sont terroristes. Je dis que tous les terroristes sont musulmans.

Il faut cesser de se voiler la face. C’est une guerre de religion. Les jihadistes ont pour projet de faire régner l’Islam sur le monde. Ils ne s’en cachent pas et se battent pour ça. Et donc la seule chose à leur dire c’est : on n’en veut pas. A aucun prix. Demandez aux musulmans modérés. Que l’Islam règne en France ne les offusque pas. Simplement, ils laissent les autres faire le sale boulot.

Mais il ne faut pas stigmatiser !! Ben voyons. Au temps fort de l’ETA, personne n’hésitait à parler de terroristes basques. Les Basques non terroristes ne se sentaient pas « stigmatisés ». Deux poids deux mesures ? Non. Basque n’est pas une religion. Mais dès qu’un clergé quelconque est en jeu, la doxa se met en branle. La religion fout la trouille, quelle qu’elle soit, vu que la peur, peur de vivre, peur de mourir, est son fonds de commerce. D’ailleurs, chaque chaine à son imam présentable. Celui de Bordeaux est omniprésent avec un discours lénifiant que ses actes parfois démentent.Je l'ai vu refuser de serrer la main d'une femme.

Impitoyable. On envoie des avions. L’aviation, c’est la guerre médiatisée. Le pilote qui bombarde ne voit rien des conséquences de son bombardement, que des images. Les images qu’on nous passe en boucle, ce sont des décollages de nuit, images pour jeux vidéo. Aucune image qui pourrait entrainer une quelconque compassion ou le moindre rejet. On est impitoyables mais on fait gaffe à ne pas susciter la pitié.

Ce siècle est religieux. Même ceux qui n’affichent aucune religion ou n’en pratiquent aucune ont des fonctionnements religieux, des fonctionnements basés sur la compassion, sur la rédemption, sur la charité, bref sur tout l’arsenal de l’irrationnel religieux.

Nous sommes devenus faibles et couturés de peurs. Peur de tuer des innocents, par exemple. Alors que c’est le cas dans tous les conflits. Nos adversaires n’ont pas de ces pudeurs. Justement ! me dit-on. Ne soyons pas aussi barbare. Pourquoi ? La base de la communication, c’est d’utiliser le vocabulaire de l’autre. Pour qu’il comprenne. Pour qu’il y ait un code commun. Là, nos ennemis ont choisi le code, suivons les. Ils veulent la barbarie ? Soyons barbares. Ils refusent la loi ? Ne laissons pas la loi qu’ils refusent les protéger. Ils décapitent sans procès ? Ne leur offrons pas les procès qu’ils rejettent. La phrase de Saint Just est toujours d’actualité. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. Ce n’est pas renoncer à nos valeurs, c’est simplement adapter nos valeurs à leur discursivité.

Ce qui me troue le cul, c’est d’entendre des parents de victimes affirmer qu’ils n’ont pas de haine. Comment ? Un salopard tue ton gosse et tu n’as pas envie de le venger ? Je dois être un peu rustique, mais je ne comprends pas. Et je me fous qu’on me traite de barbare. Dans un monde barbare, je suis mieux adapté.

On en reparlera …

jeudi 12 novembre 2015

L’HISTOIRE HORS JEU

La rumeur court et se glisse dans la ville. Il se murmure que l’Armée voudrait se défaire du Château Vieux et que la Ville n’a pas les moyens de l’acheter.

Heureusement !

Si la Ville était riche, elle serait donc capable d’acheter (et de payer) un immeuble qui lui appartient déjà. Comment ? Mais qu’est ce ?

Ben oui. Par décret du 20 juillet 1808, Napoléon 1er a offert le Château Vieux à la Ville de Bayonne. Bayonne n’a aucune raison de sortir un centime pour acheter son bien. Faudrait être neuneu, non ?

Comment est ce possible ? Simple. Waterloo. Napoléon donne mais l’Armée fait un peu la gueule. Elle obéit cependant. Mais au rythme qu’elle a choisi. Je dis l’Armée, en fait c’est le Génie qui n’en est qu’une partie. Le Génie prend son temps. Tellement qu’arrive la Restauration, les 100 000 fils de St Louis, et quelques bonnes raisons pour permettre au Roi de ne pas exécuter le décret impérial. Et le temps passe. Une sorte de prescription larvée qui permet au squatteur de se croire propriétaire. 1870. 1914. L’importance de l’Armée républicaine est énorme. Qui osera s’opposer aux vainqueurs de la Grande Guerre.

Un homme. Un avocat. Honni et détesté. Député-maire, Joseph Garat lance une procédure pour récupérer le Château. Las ! Il sera emporté par l’affaire Stavisky et le vieux Maréchal prend les rênes. Peut on imaginer un Maréchal déposséder l’Armée ?

Et voilà comment, deux siècles après, le squatteur est toujours là. Mieux encore, il voudrait vendre la propriété qui ne lui appartient pas.

Il a raison. La mémoire a disparu avec l’Histoire. Seule l’Armée entretient l’Histoire. Dans ce cas, à son exclusif profit. Quand une société oublie son Histoire, il y a du souci à se faire.

Et moi, citoyen, je renâcle. Il y a, en ce moment, un mouvement autour de la conservation et de la préservation de la collection Gramont. Les Gramont qui gouvernaient Bayonne depuis le Château Vieux. C’est même pour ça que le Château se trouve rue des Gouverneurs. Et pourquoi ne pas faire un Musée Gramont dépendant du Musée Basque ? Ça aurait du sens.

Et donc je vais lancer un défi. Notre Maire et notre Députée appartiennent à deux bords différents mais sont tous deux avocats. Pourquoi ne feraient ils pas front commun pour permettre à leurs électeurs de conserver ce qui leur appartient ? Je suis certain qu’à eux deux, ils peuvent reprendre la procédure Garat qui se trouve dans les archives municipales (et que le délicieux Pierre Richard saura poser sur leurs bureaux respectifs).

Bon. J’attends la déclaration commune, j’attends que Colette se fâche avec Le Drian et que Jean-René fasse un bras d’honneur à ceux qui guignent le Château pour y installer un quelconque parador ou hôtel historique de charme.

Chiche ?....On en reparlera

samedi 7 novembre 2015

QUESTION D'ECHELLE

Comme le seul argument de ma députée est l’expertise du cabinet Acadie qui a pondu des « centaines de pages » et comme je n’ai pas eu accès à ces centaines de pages (je dois être trop con pour tout comprendre), j’ai fait ce qu’on doit faire dans ces cas là, j’ai cherché à la source sur le site du cabinet Acadie.

Putain ! ça en dit long. Dix noms de chercheurs. Un seul géographe. Surement pas mauvais le géographe, il a travaillé à l’Institut de Géographie Alpine qui fut l’antre du délicieux Philippe Grenier, gourou de la géographie patagone, que j’ai un peu connu dans une autre vie.
Un cartographe aussi. Mais lui, j’ai lancé des recherches pour savoir de quelle promo de l’ENSG il faisait partie. Pas encore de réponses, c’est pas bon signe.

Pour le reste, une architecte, un prof à l’Ecole d’Urbanisme et des diplômés de Sciences Po. Point barre.

J’ajoute que le géographe, dont j’ai épluché avec soin la bibliographie, n’a bossé que sur les villes et leur évolution urbaine.

Nous prendrait on pour des demeurés ? Nulle part, je ne trouve trace des géographes spécialistes des territoires. Ni Pierre Gentelle, ni Roger Brunet (en fait aucun représentant de l’école de Montpellier), ni Augustin Berque. En remontant un peu, exeunt Jean Dresch, Jean Delvert, Maurice Le Lannou sans parler de Max Sorre, l’un des maîtres fondateurs de la géographie humaine. Y’a du souci à se faire.

Sciences Po n’a jamais produit de géographes depuis le départ d’André Siegfried. C’est une école où la géographie n’est vue que comme la base de l’aménagement. Il ne s’agit pas d’accompagner les territoires mais de les démembrer, de les triturer, de leur donner le visage que veulent les politiques. A cette aune, l’équipe d’Acadie doit être bonne : elle donne aux politiques le brouet qu’ils attendent. Elle sait emballer ses propositions pour obtenir le seul résultat qui compte : les subsides publiques qui la font vivre. Après eux, le déluge !!

Quant aux politiques, demander une expertise à un cabinet dont la spécialité avérée est la géographie urbaine afin d’étudier une question qui concerne moins de trente communes sur 160, toutes les autres relevant de la ruralité la plus profonde (ce n’est pas péjoratif, mais la ruralité de la montagne est bien plus ancrée que celle des piémonts ou des plaines), demander une telle expertise, c’est demander à Herta son expertise pour la production d’un charcutier de montagne. Vu leur CV, aucun de ces experts n’a jamais chaussé une paire de bottes pour visiter une exploitation isolée. Or, il se trouve qu’une large partie de l’intercommunalité prévue est composée d’exploitations isolées. Daniel Behar, patron d’Acadie, a beaucoup travaillé sur le Grand Paris dont il est, parait-il un spécialiste. Nous sommes en droit de craindre le pire.

Ce que je crois et que j’ai déjà exprimé, c’est que nos politiques nous prennent pour des imbéciles heureux qu’il convient de rendre moins heureux tout en les laissant mariner dans leur imbécillité.

Je pense sérieusement, sans les avoir lues, que les « centaines de pages » ne soient un hymne à l’urbanisation et à l’intérêt de noyaux urbains puissants, tellement plus faciles à gérer que des centaines de bouseux dispersés dans des vallées isolées.

Je peux donc comprendre que les politiques de ces villes voient dans les études un avenir flamboyant pour leurs bouts de territoires. Mais je peux prévoir aussi que les édiles ruraux ne se laisseront pas faire. Bien au contraire. Certains doivent être comme les bandits des vieux westerns, en embuscade pour dépouiller les voyageurs de la diligence.

Car il va falloir payer pour tous les services obligatoires et je peux penser que la « faisabilité fiscale » repose essentiellement sur la capacité des villes riches à payer pour les pauvres villages. Il est vrai que le spécialiste du Grand Paris doit penser que Bayonne paiera pour Pagolle comme Paris paye pour Stains ou Sucy en Brie.

Oubliant malgré son cartographe de service que la première notion géographique est l’échelle.

Cette échelle qu’on tire quand on s’est planté.

On en reparlera…

BECASSINE A L'ELYSEE

Le préfet des Pyrénées Atlantiques a appris la géographie à l’ENA qui est l’école française où on s’en occupe le moins. Spécialisé dans les territoires, il prouve, jour après jour, qu’il n’y connaît rien.

Et voilà sa dernière lubie : il propose de créer une intercommunalité basque, certainement pour permettre au gouvernement Hollande d’accomplir une des promesses de Mitterrand en 1981. Alors que la promesse était d’un département, pas d’un conglomérat coupé de toute réalité.

Monsieur le Préfet Durand propose donc de réunir dans un même ensemble 158 communes, d’offrir une gestion commune à Bayonne (45 000 habitants) et Orègue (400 habitants) ou Pagolle (300 habitants) ou encore Hosta (80 habitants). Il ne faut pas avoir fait l’ENA pour s’apercevoir que tout oppose la plupart des communes ainsi assemblées comme haricots dans la garbure.

Monsieur le Préfet Durand n’hésite pas à vouloir offrir un destin commun à des villes côtières et portuaires comme Bayonne et Saint Jean de Luz et des villages de montagne comme Mendive ou Sainte Engrâce, situés à plus de 100 kilomètres de ce qui sera le cœur actif de l’intercommunalité. Elle va faire quoi cette intercommunalité : assurer le ramassage des ordures le même jour à Hendaye et à Larrau ? Elargir le réseau de bus de la capitale communale ? Assurer la gestion des cantines scolaires ? on est en plein délire. Quelles que soient les compétences, elles seront tout simplement impossibles à assumer. Ce n’est pas seulement une question de distance mais de réalité du terrain. On n’organise pas les transports en Haute Soule comme sur la frange côtière. Mais le Préfet Durand n’en a cure : il a un chauffeur. Pour moi, je garde le souvenir d'une livraison de Bayonne à Mendionde un jour de neige de l'hiver 1962 : plus de deux heures pour faire moins de 50 kilomètres !

Monsieur le Préfet Durand veut faire vivre ensemble une frange côtière à l’économie basée sur les échanges de biens et de services et un arrière-pays essentiellement agricole. Il ne veut pas savoir (ni ses thuriféraires) qu’on n’a jamais, nulle part, créé de communauté où populations urbaines et populations rurales vivent en parfaite harmonie. Il suffit de voir l’évolution de l’Ile-de-France où l’urbanisation a détruit le tissu rural dans la petite couronne.

En fait, qu’on le tourne dans n’importe quel sens, le projet du préfet Durand n’a aucun sens. Même pas historique et culturel. On pourrait penser que la langue structurerait cette intercommunalité. Patatras ! Selon l’Institut Culturel basque, les bascophones représentent 30% des habitants. Un tout petit tiers. Le plus drôle, c’est que les plus bruyants défenseurs de cette intercommunalité, à commencer par la députée, ne parlent pas basque. On devrait demander aux défenseurs de ce qu’on appelle déjà « l’intercommunalité basque » de défendre leur position en basque. J’en connais suffisamment pour savoir que cette obligation deviendrait vite muselière.

Historiquement, le Pays basque nord n’a jamais été uni. On y trouvait quatre territoires, chacun défini par une coutume, c’est à dire un ensemble juridique cohérent. Bayonne, la capitale « basque », possédait en effet des règles et des lois différentes des trois provinces historiques. Il faudra que nos avocats, nombreux en politique, m‘expliquent comment une « capitale » peut avoir un ensemble juridique différent du pays qu’elle commande.

Et donc, le Préfet Durand qui ne sait de la géographie que l’aménagement du territoire qui n’en est qu’une conséquence et non un fondement, imbu de son enarchite (l’enarchite est une pathologie qui consiste à savoir mieux que les autres ce qui leur convient), décide de regrouper 158 communes en un territoire qui n’a ni réalité géographique, ni fondement historique, ni substrat linguistique, ni cohérence économique. Son idée, pour reprendre un vieux mot bayonnais, est une « meusclagne », un terrifiant merdier enveloppé d’un stéréotype.

Jusqu’alors, les 158 communes étaient réparties entre dix structures coopératives à peu près signifiantes et cohérentes, en tous cas collant au terrain.. Mais voilà… Approchent les élections et le Président a besoin de montrer qu’il agit. Il avait déjà concocté la réforme régionale la plus incohérente de ce dernier siècle où on veut faire vivre ensemble la Corrèze et les Landes qui n’ont en commun que des champs de bruyère. Le Parti Socialiste est à la recherche effrénée d’idées pour communiquer. Pas pour agir. Pour dire qu’il agit. Le Préfet a donc appliqué les instructions présidentielles.

Instructions relayées par la députée du coin qui a pour seul argument d’avoir sous le coude « des centaines de pages d’études..et la Prefecture et les meilleurs experts du cabine Acadie montrent la faisabilité juridique, technique et fiscale ». Le cabinet Acadie, j’y reviendrai. Quant au Préfet, il est aux ordres du Président dont il relaie les idées. Mais qu’est ce qui a donc inspiré notre Président qui n’a certainement pas du lire les centaines de pages des rapports cachés aux citoyens.

J’ai retrouvé sa boîte à idées. Dans son élyséen bureau, le Président possède la collection complète de Bécassine. Il a donc fait une réforme régionale où il refuse de mettre Nantes en Bretagne (Bécassine à Clocher-les-Bécasses), il s’en inspire pour sa politique proche-orientale (Bécassine chez les Turcs), il y a choisi sa ministre de l’éducation (Bécassine maîtresse d’école), il l’a utilisée dans sa lutte contre le chômage (Bécassine cherche un emploi) et même dans sa vie privée (Bécassine au studio). Il lui restait le Pays basque, nous y sommes.

Le problème, c’est que ça risque d’être moins drôle….

mardi 27 octobre 2015

LES DICTATEURS

J’ai assez de bouteille désormais pour l’affirmer : les dictateurs aident à la bonne marche du monde.

Ne hurlez pas ! On va prendre quelques exemples. Le Shah d’Iran est le meilleur. Sous le règne du père Pahlavi, tu pouvais aller tranquillou à Téhéran, te balader en Iran, rencontrer des garçons et (surtout) des filles qui bossaient, faisaient des études et portaient des minijupes (surtout les filles). Quasiment t’étais en Occident.

Seulement voilà : le père Pahlavi, il avait une police politique, la Savak. Pas des tendres. Et donc, il tombait dans la catégorie des dictateurs. Fallait qu’il dégage. On l’a dégagé pour mettre à sa place un brave curé qui présentait toutes les garanties, un certain Khomeiny. Faut te faire un dessin ?

Vu le résultat, on devrait être méfiants. Mais non, on a recommencé. Avec le vilain Saddam Hussein. Dégagé Saddam et l’Irak baigne dans le merdier. Comme Khadafi. Viré et la Libye pourrit l’Afrique. Alors, avant de virer Bachar, on devrait réfléchir un peu.

Avec le « dictateur », tu sais où tu es. C’est un moindre mal. D’abord tu n’as qu’un seul interlocuteur, c’est plus facile pour causer. Y’a moyen de s’entendre.

Tiens, prends un autre exemple : Staline. Qu’est ce qu’on n’a pas dit sur Staline !!! Surtout après Stalingrad. Parce que je vous rappelle que le vilain dictateur était vachement fréquentable quand il s’agissait de mettre la pâtée à Adolf. Il devait avoir la dictature à géométrie variable, Joseph. Et donc, on pouvait s’entendre avec lui.

Ce qui conduit à la première question : QUI décide que Tartempion est un dictateur ? Et QUI se démène pour le virer ?

A mes yeux, seul le peuple dirigé sait si son dirigeant est un dictateur ou pas, vu que c’est lui qui dérouille (ou pas). Ce n’est pas à moi d’en juger. D’autant moins qu’il me manque pas mal d’éléments pour me faire une idée.

Mais ça ne marche pas. Ça ne marche pas car d’aucuns ont décidé que le peuple ne sait pas (syndrome du référendum sur l’Europe). Dans le meilleur des cas, on le trompe, dans le pire, il est con. Et donc, on ne tient pas compte du peuple.

Seule l’élite médiatique sait. Seule, elle peut parler et influencer une doxa prompte à s’enflammer. C’est un philosophe dévalué qui va juger Kadhafi, pas les Libyens. Quelques théoriciens trompés par de fausses infos qui hurlent à la mort de Saddam. Ne vous affolez pas : ils ne sont pas mieux informés que vous, ni plus sagaces. Ils ont juste la possibilité de s’exprimer que l’on refuse à leurs détracteurs.

Ce qui, vous en conviendrez, est la marque de la dictature.

Le peuple chinois voue une véritable vénération à Mao. Elle est tangible, perceptible, mais selon nos petits maîtres à penser, le peuple chinois se trompe. J’ai assisté à Simferopol à des manifs monstrueuses pour le recours à l’URSS et en hommage à Staline. Mais le peuple de Crimée doit se tromper aussi.

Soyons sérieux. Partout, de la Chine à Cuba, les opposants sont majoritairement des intellectuels, des journalistes, des écrivains. Des gens qui valorisent les insignifiantes crottes de leur insignifiante pensée et s’indignent qu’elles ne soient pas inscrites aux frontons des édifices. Mûs par leur envie de reconnaissance, ils s’excitent et leur excitation est reprise par leurs pairs. La vérité, c’est donc que les « dictateurs » leur offrent une reconnaissance internationale que la pauvreté de leur œuvre ne justifie nullement.

Mais, bon Dieu, un chef d’Etat, dictateur ou pas, a pour premier devoir de s’occuper de son peuple et, à cette aune, les soins médicaux aux enfants pèsent plus que le confort d’un poète maudit. Le réalisme oblige à voir que les deux choses sont parfois incompatibles. Ne fut ce que parce que le poète maudit oblige à mobiliser des moyens.

Le pire, c’est que les thuriféraires de cette prétendue liberté se disent à gauche. A gauche mais ayant perdu le sens du peuple, de ses souffrances et des remèdes à y apporter. Ce peuple qu’ils n’écoutent plus et qu’ils méprisent.

Je me souviens de cette Ukrainienne qui me disait : « Du temps de Staline, j’étais soignée et j’allais à l’école. Aujourd’hui, mes enfants n’ont même pas ça. Mais nous avons des passeports pour pouvoir voyager. Sans avoir l’argent qui nous permettrait de le faire. »

Parole du peuple de Crimée…. peuple qui a vu revenir les Russes sans tristesse.

Alors oui, souvent, le peuple préfère la dictature aux bons sentiments et les dictateurs aux ONG. Excusez moi, je continue à penser que le peuple a toujours raison. Les Russes sont majoritairement derrière Poutine comme les Chinois sont majoritairement derrière Xi Jiping. Et ce n'est pas une poignée de journalistes et de blogueurs qui changeront quoi que ce soit.Ils servent juste à la bonne conscience de leurs copains européens.

On en reparlera…..

jeudi 15 octobre 2015

ETRE DE GAUCHE

Je n’ai plus de repères. Aucun. Je suis cerné par des gens autoproclamés à gauche dont la pensée me laisse pantois.

Aujourd’hui, être de gauche, c’est être contre la corrida et pour les petits noyés kurdes. C’est vivre dans une bouillie compassionnelle façon Dalaï Lama. Je dis pas ça par hasard. Tous les prétendus opposants au FN qui vomissent sur Robert Ménard l’adulaient quand il soutenait les Tibétains. Et ne se posent aucune question. Ho ! c’est le même mec. Tu crois que quand il dalaïlamaïsait, il pensait différemment ? Rêve, c’est ton droit… Mais les Tibétains, t’aime bien. Ils permettent de dire pis que prendre de la Chine et de te draper dans la toge des Droits de l’Homme, si tant pure et virginale.

Que les inégalités croissent, que le droit du travail soit bafoué tous les jours, que la base même de la pensée de gauche (la justice sociale et économique) soit foulée aux pieds laisse les bobos-gauchos splendidement indifférents. C’est qu’originellement, la pensée de gauche est une réflexion sur la réduction des inégalités économiques. Or, l’actuel fils de Jaurès, le plus souvent cadre ou profession libérale, vit de ces inégalités. Assis sur des diplômes dont l’acquisition repose sur la reproduction sociale (oh ! Bourdieu) et qui lui assurent de tranquilles revenus, il a remplacé l’analyse économique par un ressenti humaniste. Nous vivons le temps de la gauche Kleenex.

La gauche actuelle se satisfait de son unidimensionnalité : l’homme de gauche aujourd’hui est uniquement et seulement consommateur. La consommation, bonne ou mauvaise (durable, locavore, voire bio) est devenue la pierre de touche de sa pensée. La réflexion écologique vient se lover dans les circuits de consommation alors même que l’on sait que toute consommation est, par essence, capitaliste : être écologiste devrait être anticapitaliste.

A cette aune, la gauche actuelle vient s’abriter frileusement sous les ailes repliées de la sécurité offerte par l’oligosphère gouvernementale. On nous offre chaque jour plus de policiers, plus de contrôles, plus de répression. Répression qui semble être dirigée contre les dynamiteurs de notre bien-être mais qui se retourne facilement. Comme toujours, la police est plus souvent engagée contre les mouvements populaires que contre d’invisibles terroristes. Et donc, on se bat plus facilement pour les « droits de l’homme » que pour les droits du peuple. Au point de voir des scènes aussi hallucinantes que cette foule réunie en hommage à Charlie et embrassant les forces de la répression. 1984 n’est plus si loin. Dans sa tombe, Reiser, fils du peuple, pleure.

Le problème des migrants concentre toutes ces tendances. Le peuple sait bien que l’arrivée des migrants va impacter son budget. Pour loger, soigner, nourrir, accueillir, on ne va pas taper dans le budget de la police mais dans la partie sociale du budget. Les pauvres savent bien qu’on va leur demander de payer. Il suffit alors de les stigmatiser. La machine idéologique tourne à plein régime avec son effet pervers, celui de rassembler tous ces stigmatisés..

Pendant le bordel, la gauche au pouvoir légifère. Franchement, déréglementer les taxis, à qui ça profite ? A ceux qui prennent des taxis. Toute la loi Macron doit être analysée ainsi : à qui ça profite ? L’accueil des migrants, à qui ça profite ? A part aux migrants, je veux dire. Aux patrons qui ont besoin d’une tension sur le marché du travail ? Certainement. A la grande distribution qui a besoin de consommateurs supplémentaires. ? Certainement aussi mais, dans ce cas, les nouveaux consommateurs vont appauvrir les anciens. Il va falloir s’adapter….. On n’a pas fini de râler contre la malbouffe et les produits pourris. Et les modes d’abattage. Parce que franchement, accepter le hallal et refuser la corrida, c’est pas très cohérent, je trouve.

Et donc, sondage après sondage, l’extrême droite monte, gonflée des voix de ceux à qui on fait les poches. Aujourd’hui, c’est le FN qui représente un espoir de justice sociale. Pas la peine de se poser des questions, de se lâcher sur Facebook avec des formulations ridicules style F Haine. Vous avez détruit l’espoir du peuple, ce peuple qui se cherche un avenir. Et quand meurt l’espoir, la haine s’invite.

Sur Facebook, j’écoute plein de conversations sur le prix du vin. Avec des copains qui trouvent qu’un vin bio à 10 euro, c’est vachement bon et pas cher. 10 euro ! Ce peut être une définition du peuple : ceux qui ne peuvent pas mettre 10 euro ans une bouteille de vin.

On en reparlera…

vendredi 11 septembre 2015

MIGRANTS, MAUVAISE PIOCHE

Bien, il faut donc que je me justifie devant l’avalanche de vilains mots et d’injures, dont « xénophobe » est la moindre.

Tout d’abord, parlons vocabulaire. On ne cesse de m’expliquer que les migrants fuient la guerre, la violence et les atrocités. Je suis entièrement d’accord. Ce ne sont pas des migrants, ce sont des fuyards. Dans les titres et les commentaires, remplace « migrants » par « fuyards », tu vas voir, tu réagiras différemment. C’est bien la sémantique.

Fuir, c’est survivre. Migrer, c’est changer de projet de vie. Le migrant, il choisit son point de chute, il sait qu’il aura un cousin ou un copain pour l’accueillir, l’héberger, l’aider à trouver du boulot. C’est tout simplement pas la même chose. Choisissons bien nos mots. Si nous en sommes capables.

Ensuite, oublions les analyses de comptables. Le problème, c’est pas de savoir combien mais qui. Bien sur qu’on a accueilli plus. J’en prends plein la gueule avec les réfugiés antifranquistes. Réfugiés sûrement. Migrants pas vraiment. Tu crois que je peux voir mon copain Gorka comme un migrant syrien ? Parti de Bilbao après l’offensive de Mola, son grand père était ministre du gouvernement basque. Il a juste passé une frontière inexistante. Il est allé du Pays basque au Pays basque. Et de l’autre côté, ils allaient de Catalogne en Catalogne. On n’est pas vraiment dans la même configuration, tu crois pas ? Simplement pour dire que c’est pas moi qui mélange. Au contraire. Mais le discours dominant est un discours statistique. Un discours d’une pauvreté affligeante.

Or la quantité n’a ici aucun intérêt. On va accueillir 24 000 migrants syriens et érythréens. Pourquoi ceux là ? Les Syriens, c’est pour la télé. Propres, bien élevés, diplômés, ils sont présentables. Acceptables. Accueillables si je peux oser cette barbarité. Les Erythréens, on les cache soigneusement. On n’est pas dans le même rêve. Et puis pour les Syriens on a quelques beaux exemples dont Mohed Altrad qui n’a jamais été autant interviewé. Même lorsqu’il a racheté le club de rugby de Montpellier, chacun ses priorités. Parce qu’un Syrien dans le rugby, si c’est pas de l’intégration…..

Et donc, on ne peut pas tout mélanger. Le seul point commun de tous ces fuyards, c’est la religion. Attention, soyons très clairs. Il ne s’agit pas de racisme vu que musulman, c’est pas vraiment une race. Pas de xénophobie non plus, parce que c’est pas non plus une citoyenneté.

C’est pour ça que je comprends les Hongrois. Regarde l’histoire de la Hongrie. Les mecs, ils ont passé des siècles à se castagner avec les Ottomans vu qu’ils étaient sur la route de Vienne. Et tu voudrais qu’ils ouvrent les bras ? Restons sérieux.

Et donc on mélange tout : les pays d’origine, les pays d’accueil, les raisons (les bonnes justifiant les mauvaises, comme toujours) pour tout réduire à des chiffres.

A ce jeu, les Allemands sont les meilleurs. Ils manquent de main d’œuvre et donc les migrants, c’est pain bénit…ils vont assurer la croissance. Dire qu’on manque de main d’œuvre est un poil exagéré. Chez nous, c’est autre chose…Que Gattaz soit favorable devrait nous mettre la puce à l’oreille. Si Gattaz est content, on a du souci à se faire. Pour le Medef, les fuyards, c’est génial : le chômage suffisait pas à tirer sur les salaires, ils vont bien aider. Surtout s’ils sont très diplômés. Jusque là, le réfugié il pesait sur les emplois peu qualifiés. Avec des diplômés, on change de niveau. Echelon par échelon, le patronat va pouvoir gratter de plus en plus haut. Et donc, logiquement, les socialistes approuvent. Les fuyards font avancer la macronisation de la société. Ils vont pas avoir de scrupules à travailler le dimanche, eux ! Et le code du travail, on peut parier qu’ils vont s’en moquer.

Car les fuyards vont nous apporter leur culture de survie. Un peu comme les boat people avec, toutefois, quelques différences. Déjà, les boat people n’avaient pas de vraie culture religieuse. Comme nous désormais. A l’opposé, ils avaient une vraie culture de la bouffe et, Halleluja ! la même que nous fondée sur le cochon et le canard. La plupart étaient francophones ou avaient des parents francophones, la colonisation a parfois ses avantages. Il y avait donc plein de passerelles qui furent plus ou moins empruntées.

Là, j’ai beau regarder, des passerelles, j’en vois pas beaucoup. Langue, religion, habitudes alimentaires, tout nous oppose. Même le protectorat est oublié… Va falloir faire des efforts.

Justement. Qui a envie de faire des efforts aujourd’hui ? Passé les premiers moments d’émotion, que va t’il se passer ? Nos gouvernants vont ils faire la seule chose intelligente à leur portée, soutenir Bachar et aider les chiites à supporter la pression sunnite ? Redonner au conflit la dimension religieuse qui le sous-tend pour trouver des solutions.

Car, en fait, leur islamisme, je m’en fous. Je sais simplement qu’ils sont majoritairement en conflit avec notre population musulmane, essentiellement sunnite. Et si on venait d’importer la guerre de religion chez nous ?

On en reparlera…


lundi 7 septembre 2015

LE COLONEL DELEGORGUE

Vous le connaissez pas ? Moi non plus, je le connaissais pas. Et puis, pour d’obscures raisons, je me suis intéressé au siège de Dubrovnik en 1809. Deux régiments français assiégés dans Dubrovnik par les Monténégrins.
Ce qu’on appelle alors les Monténégrins est en fait un regroupement de Bosniaques, de Croates ottomans, i.e. musulmans, d’Albanais et de Monténégrins. Bien que commandées par un prince-archevêque, les troupes sont largement islamisées.

Ces Monténégrins ne font pas de prisonniers. Tout homme capturé est exécuté. Bien entendu, il en va de même des blessés. C’est ce qui va arriver à ce malheureux Delegorgue. Capturé et décapité. Au sabre.

Daesh n’a rien inventé. La décapitation au sabre est une marque de l’Islam depuis des siècles. Attention : je ne parle pas d’Arabes. Les musulmans qui combattent pour le Monténégro sont des Européens. Des Européens proches des Ottomans, mais des Européens quand même.

Hier, l’émir du Qatar, dans une interview affirme ne pas vouloir accueillir de réfugiés syriens au motif que « nous avons assez d’esclaves comme ça ». Ça a le mérite d’être clair. D’ailleurs, si vous faites une recherche rapide sur l’esclavage aujourd’hui, ce qui ressort en tête, ce sont les pays islamiques.

Tout ceci n’est pas étonnant. L’une des bases de l’Islam, c’est que ceux qui n’y adhèrent pas ne sont pas des hommes. Pour certains, ça va même plus loin. Les musulmans pas trop conformes (alaouites, ismaéliens, mozabites) sont mis dans le même sac que les infidèles.

On se bat donc en ce moment pour accueillir des gens qui estiment qu’on n’est pas vraiment des hommes. Tu vas me dire ça fait un moment que ça dure. OK. Mais là, les proportions deviennent inquiétantes. Tant qu’on était dans les milliers, on pouvait causer. Là, on est dans les centaines de milliers. Moi, je regarde. Les arrivages récents (italiens, espagnols) ils atteignaient pas ces niveaux. Comme en plus, il n’y avait pas le fossé culturel qui a coûté la vie de Delegorgue, c’était gérable. Au lycée, j’avais plein de copains « réfus », les fils d’Espagnols qui avaient fui Franco. Y’en avait vraiment beaucoup. Enfin, beaucoup mais pas tant que ça : au moins trois par classe ! Ce qui m’a conduit à apprendre l’allemand. Dans les classes d’espagnol, t’avais pas la moindre chance, les mecs ils avaient un vrai avantage. Après, j’ai marié la fille d’un militant italien antifasciste. Ce qui m’a conduit à bien connaître la colonie italienne de l’Est parisien, tu sais, celle de Cavanna. Celle qui a fait la fortune du père Carniato. Ben, Nogent, si tu disais Little Italy, c’était vraiment « little », pas plus d’un millier de mecs, tous réunis dans un ou deux quartiers et qui avaient qu’une idée, c’est d’en sortir. Et in fine, j’ai épousé la fille d’Hamid, prof de philo et qui refusait pas un pastaga pendant le Ramadan. Avec mes cousins kabyles, le gap culturel, je le sens pas trop à l’heure de l’apéro.

Et donc, je m’étonne que personne ne se soucie de ce changement d’échelle. Qu’on considère que vingt ou trente mille mecs, c’est comme cinquante ou cent. Que personne ne pense que cette quantité débordera sur des territoires peu préparés. Parce que les mecs, ils se mettront d’abord dans des ghettos et puis ils en sortiront, comme toujours et c’est normal. Et qu’on verra à ce moment là, si le gap culturel persiste. Peut être pas. Je suis pas devin. Pas trop optimiste non plus. Parce qu’accueillir un bon millier de réfugiés espagnols au Pays basque où on cause quasiment pareil, on mange pareil, on chante pareil, on boit pareil, c’est accueillir des parents. On se mélange facile, on déconne ensemble et on copule ensemble. L’intégration est naturelle. On va bien voir si on copule facile avec les filles des « migrants ». C’est un bon test, ça… Pour l’instant, ça a pas l’air tout simple les copulations multiculturelles. A part Najat…

Bon, on va laisser les sexologues bosser. Parce que les sociologues, ils racontent que des conneries…

On en reparlera…

samedi 22 août 2015

TU PRENDS OU TU LAISSES

J’aime bien les réactions sauvages. Mes copains restaurateurs, ils en ont après TripAdvisor ou La Fourchette, en ce moment. Comme quoi, c’est des sagouins qui écrivent les avis. Ben oui. C’est même la règle du jeu.

Quand je travaillais pour le père Routard (c’est une sorte de père Fouras en à peine moins vieux), à la fin du boulot, j’envoyais d’un côté une note avec les heures passées à écrire et une autre note avec les factures (hôtels et restaurants) payées. Réglées rubis sur l’ongle. Vérifiées : si tu mettais un restau sans antériorité et sans facture, ça branlait au manche, vu la suspicion de copinage.

Internet a gommé tout ça. Les minets écrivent gratos et présentent pas la facture. C’est bon, ça fait du contenu. Du contenu merdique, mais qu’y faire ? C’est de la liberté d’expression. Que savent ils ces critiques autoproclamés ? En général, rien. Pas grand chose des produits et rien de la profession. Mais Internet leur donne le droit d’écrire. Ce qu’ils veulent. Quand ils veulent. Comme ils veulent. Libres. Libres d’écrire des conneries que liront des gens tout aussi incompétents qu’eux mais qui vont s’en satisfaire. Surtout que lire est aussi gratuit.

Il ne vient plus à l’idée de personne que recueillir de l’information, la contrôler, la publier, coûte de l’argent. L’info, c’est gratuit. Faut pas s’étonner que le web regorge de stupidités. Gratuites, ce qui est leur qualité essentielle.

Il ne vient plus à l’idée de personne que c’est ce que nous voulons. Tous. On veut dé-ré-gu-ler. Le restaurateur qui adore Uber, il ouvre la voie à TripAdvisor.

Tout ça me dit un truc : Le Chapelier a enfin gagné. Pas besoin d’apprendre, pas besoin de savoir. Juste savoir communiquer.

Tiens, taxi, justement. Pour être taxi, fallait passer un exam. Prouver qu’on connaissait Paris. Ho ! ça va pas. C’est pas essentiel. C’est pas savoir qui compte, c’est simplement le prix et la disponibilité. Forcément s’il y a exam, la disponibilité se retrécit. Et puis Macron (je dis Macron, c’est pour mettre un nom), les exams, il connait. Ceux qu’il a passé, c’est les bons exams. Tu vas pas comparer Sciences Po à un examen de taxi ?

Si. Un exam, c’est pour montrer qu’on maîtrise un sujet. Si c’est un CAP de pâtissier, t’es censé maîtriser la pâte à choux. C’est pas aussi cador que la législation européenne, mais bon, c’est une garantie. Je dis ça, parce qu’on m’a offert des choux venant d’un spécialiste de la pâte à choux. Le mec, il s’appelle Poppelini, il te demande de manger ses choux avec amour, mais sa pâte, elle est dégueu. Total manque de souplesse, et même une sécheresse qui laisse penser qu’il y a du surgelé là-dessous. Le lendemain, c’était pire. Du carton. Rien à voir avec les choux de Madame Fernandez (cherchez pas, c’est fermé).

Les mecs de TripAdvisor, ils ne maîtrisent rien. Ceux d’Uber, non plus. C’est pareil.

Et donc tu peux pas accepter Uber et refuser TripAdvisor. Tu prends ou tu laisses. Tout. Et tout en même temps Tu choisis le monde des mots ou le monde des choses.

Tu choisis vu que tu peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Je sais, c’est dur. Il va falloir que tu acceptes que écrire sur Internet, c’est pas écrire. C’est utiliser un clavier pour causer comme au Café du Commerce.

Normalement, sous chaque texte, tu peux retrouver les influences. Savoir qui cause sous celui qui fait semblant de causer.

Tu crois que mes conneries sont naturelles ? Ben non. J’essaye avec difficulté de me rapprocher de quelques stylistes, pas nécessairement acceptés comme tels.

Mais, bon, ça nous éloigne….

On en reparlera…




jeudi 20 août 2015

LES CELTES ET LES BASQUES

Ce texte, ça fait un moment que j’en ai envie. Sauf qu’il risque de me fâcher avec un tas de copains

Ça fait un moment que je tourne autour d’une question : comment un peuple situé sur plusieurs voies de passage peut-il être considéré comme singulier ? Que les Eskimos d’Angmassalik soient un isolat, ça se comprend. Mais les Basques ? S’il y a un passage nord-sud dans les Pyrénées, c’est bien le Pays basque. Ajoutons le piémont septentrional qui conduit de Narbonne à Bayonne, la vallée de l’Ebre au sud qui va de Girona à Donostia, plus la côte, ça a circulé dans le coin !!! On m’a expliqué avec le plus grand sérieux que les Basques s’étaient isolés dans leurs montagnes. Mais ça non plus, ça ne fonctionne pas. Les montagnards, ça descend dans les vallées et on sait que 75% du vocabulaire basque a des origines latines. Il a bien fallu échanger pour en arriver là.

Je me suis baladé de l’Adour au Minho. En gros, c’est ce qu’on appelle l’Espagne verte, celle qui présente le climax atlantique. Partout, j’ai vu le même type d’habitat : des villages, le plus souvent regroupés sur des éminences, avec des rivières pas très loin, des lieux de culte près des rivières. L’occupation ancienne du sol en Galice est pratiquement la même qu’en Euskadi. Curieux.

Ces paysans sont aussi des mineurs : or (à Itxassou), fer à peu près partout, étain en Galice… Je vais pas vous gonfler de références…Pour Itxassou, voir les travaux de Béatrice Cauuet sur les mines d’or…celtes.

La toponymie vient ajouter quelques signes. Comment ne pas voir dans le nom d’Ourense (Urantia en latin) ce radical UR qui signifie l’eau et va bien avec la vocation thermale de la ville ? Comment ne pas voir dans le nom latin de Bordeaux (Burdigala) le mot basque Burdin (le fer) qui donne comme sens « le fer des Gaulois », compatible avec la première vocation de ce qui était un village de forgerons ? Quant aux finales des noms basques en « ritz », elles ressemblent fichtrement à un adoucissement du « rix » gaulois, même si Hector Iglesias préfère une origine germaine plus tardive. On peut multiplier les signes. Mes copains basques ferment les yeux et les oreilles et affirment (sans beaucoup plus d’arguments que moi) que tout ceci ne reflète qu’une formidable expansion du domaine des Basques trop singuliers pour se mêler à d’autres peuples. Tu parles ! Ce seraient bien les seuls….

Reste la langue…pas vraiment indo-européenne. Antérieure. Comme les langues celtes. Avec un bémol toutefois. Des langues celtes, nous ne connaissons bien que l’état le plus récent. Comment parlaient les Celtes continentaux au temps de César ? On sait pas trop, y compris pour les Bretons, vu que le breton actuel est apparenté aux langues celtes des Iles britanniques.

Et donc, tout est possible. Y compris que le basque soit un isolat conservé du gaulois. Hurlez pas.. Rien ne s’y oppose. Moi, y’a un truc qui m’intrigue. Le grand Jules, quand il parle de la conquête de l’Aquitaine, pas un instant il ne parle des Basques ou de la langue basque. D’accord, c’est pas lui qui s’y est collé, c’est Crassus. Mais quand même, Christian Goudineau a bien montré comment il fonctionnait : un peuple bien sauvage avec une langue bien barbare, ça aurait du lui plaire. Ben non. Pas un mot. Comme s’il était en territoire connu. Et peut être qu’il était en territoire connu. Que la langue ne lui posait pas de problèmes.

Les linguistes et les historiens sont des gens à courte vision. Ils s’excitent sur des textes (souvent truqués) et ils oublient la vie. Je vous dis ça à cause de Jean-Pierre Aren. Il m’a fait découvrir, voici bien longtemps l’alboka. C’est un instrument de musique, très ancien, à anche, avec un pavillon fait d’une corne de vache. Voici un exemple : https://www.youtube.com/watch?v=mCBv2BSnwqM

Bon, j’ai pas pris Kepa Junkera au hasard. La vidéo fait partie d’une série. Ce qui frappe mon oreille, c’est qu’on est dans un monde celte. Ecoutez les vidéos sur la trikiritxa, c’est pareil. C’est pas seulement de la musique, c’est une parenté qui se dévoile. A mes yeux, bien plus pertinente que les études linguistiques. Quand tu as la même musique, tu as le même corpus culturel. Et ça colle bien avec la géographie et l’utilisation du sol. Dans un monde de navigateurs de cabotage, de la Galice à la Bretagne c’est le même monde.

Ah ? vont dire les obsédés de l’étiquette, alors les Basques sont des Celtes ? Des Gaulois ? Peut être, peut être pas. Il y a des années de travail pour un résultat incertain et on s’en fout. Mais il fut un temps où les Basques fonctionnaient comme des Celtes, dans un monde dominé par les Celtes. Réalité sur laquelle personne ne veut travailler.

Moi, c’est une hypothèse qui me botte. Que les Basques soient les derniers Gaulois. Irréductibles, ça va sans dire. Ustarix le Gaulois. Que les racines de la Nation n’existent plus que quelque part entre Garazi et Larrau..

T’imagines que l’hypothèse fonctionne ? Que la musique remplace l’archéologie et les textes du vieux Strabon ?

Non, je ne l’imagine pas. Ce serait un séisme épistémologique parce que ça voudrait dire que des gens qui prennent leur pied ensemble sont une meilleure caution scientifique que des gens qui se foutent sur la gueule. Ça voudrait dire que le peuple qui danse doit être pris plus au sérieux que l’intellectuel qui écrit. C’est pas demain la veille….

On en reparlera….

mardi 11 août 2015

CHRISTIAN PARRA, MON AMI

C’est juste un souvenir. Un vieux souvenir. J’arrive chez Maria Luisa. Ceux qui savent savent où c’est. Christian est là, appuyé sur sa panse. Un geste, un seul, que je vienne à sa table.
« On m’a dit que tu bossais pour le Routard ? C’est vrai ? »
On ne ment pas à Christian.
« Alors pourquoi j’y suis pas ? Guérard y est, et Arrambide et Tellechea. Et moi, je suis mauvais ? »

J’argumente. Non tu n’es pas mauvais, tu es le meilleur. Mais voilà, les tarifs, le Routard, c’est aussi une question de prix. Honnêtement, je peux pas.

Christian me sert à boire. Il réfléchit vite.

« Bon, écoute. Je t’invente un menu Routard. Réservé à tes lecteurs. Moins de cent balles, vin compris Tes lecteurs, je les veux, c’est la jeunesse, c’est la vie. Tu me connais. Tes lecteurs, c’est moi ».

Du coup, j’ai fait venir le Philippe. Menu spécial Routard chez un double macaronné, étiqueté 19/20 chez Gaumiyo. Moi, je voulais pas qu’on dise que je faisais du copinage, c’était au chef de décider.

Je dois dire que Christian a fait fort. Guitare, piano, musique jusqu’au bout de la nuit. Je ne suis rien qu’un aubergiste. Sauf que c’était pas du jeu. C’était Christian. Marchand de bonheur. Même pas marchand. Apporteur de bonheur. Je cuisine pour rendre heureux. Je cuisine pour être heureux. Philippe était séduit. Je le voyais bien. Dans la nuit au bord du fleuve, il m’a dit : fonce.

Christian était fier de ses macarons. Mais il se méfiait. Il avait peur de devenir un cuisinier pour bourges nostalgiques. Il avait besoin d’éternelle jeunesse et, le salaud, il l’avait. Il suffisait qu’il prenne sa guitare.

Des souvenirs avec lui, j’en ai plein. Et je suis pas le seul. Christian arrivait à faire des souvenirs avec tout. Quand tu reçois Jérome Savary et sa troupe, c’est facile. Mais arriver à faire d’une paire d’œufs à la ventrèche, un souvenir mémorable quand la brume glisse sur l’Adour et qu’on est juste deux à regarder mourir le feu, c’est un don, un don de magicien.

Je suis juste un aubergiste. Il me l’a dit cent fois. Un jour, il a précisé. Une auberge, c’est un endroit où il y a de la lumière quand tout est noir, une maison dont la porte va s’ouvrir, un endroit où tu n’es plus seul. Il connaissait le poids de la solitude

Il était profondément et puissamment charnegou. Au départ, le charnegou est un bâtard, un chair mêlée. C’est un peu péjoratif. Le pays charnegou n’existe pas vraiment et ses frontières sont floues Il regroupe une poignée de communes, autour de Bidache : Hastingues, Came Sames, Guiche, Labastide. C’est une marche au sens le plus médiéval. Qu’on soit plus à l’Ouest, on est au Pays basque, un poil plus à l’Est et c’est le Béarn. On traverse le fleuve et voilà les Landes. Toutes les influences se mêlent, comme les familles. En pays charnegou, on a facilement la copulation exogène.

Terre de bouffe parce que terre de produits. On veille sur le porc et les canards,, on fait gaffe à la qualité du maïs qui garantit l’engraissement des volailles. Le boudin y est hostie et mal manger péché capital. Pour des raisons différentes, Christian et moi partagions la même tendresse pour le grand-père Montauzer qui faisait sa tournée du pays charnegou avec sa camionnette pour vendre de la charcuterie aux paysans. Il doit être plus facile de vendre du sable à Tamanrasset que du cochon à un charnegou. Quand le vieux arrivait dans le village, ma marraine me donnait un billet à l’effigie de Victor Hugo pour que j’aille acheter une tranche de hure. Christian avait un regard plus professionnel Il analysait toute charcuterie comme un conservateur du Louvre détaille un Léonard. Ici un trait de cognac, là, c’est la façon de hacher qui va révéler les sucs. Parfois, on se retrouvait chez André Lahargou.

Christian allait chez André comme un notaire va au bordel. En catimini. Son statut de grand chef collait mal avec la sciure du sol.. Je crois qu’il avait besoin d’André comme il avait besoin des jeunes, pour rester dans ce monde idéal des villages d’antan.Leur monde.

Et moi, je les écoutais en lampant du whisky distillé en Auvergne. Le gros charcutier conseillait le fin musicien. J’ai le souvenir d’une tirade racinienne sur l’utilisation du laurier qui peut assassiner une terrine. André allait chercher son laurier dans le jardin d’un curé de Chalosse. Je vais t’en donner. La prochaine fois, tu m’apporteras des oeufs comme la semaine passée, je me suis régalé. Et ce leitmotiv partagé : le cochon, c’est délicat.

Maintenant qu’ils sont partis tous les deux, qui va me redire ça : le cochon, c’est délicat.

On en reparlera…

lundi 3 août 2015

HELP ! AU SECOURS !


Le Figaro publie sous le titre Comment la Chine pourrait déclencher la Troisième Guerre Mondiale un article de synthèse qui fait froid dans le dos en accumulant les à-peu-près et s’achève par un pathétique appel au secours de l’américanophile patenté, Alexandre Devecchio.

Sur les faits, nous ne nous appesantirons pas. Les fidèles lecteurs de ce blog les connaissent, et depuis longtemps. L’interprétation est plus amusante.

Et donc, dès le titre, la messe est dite. Les vilains Chinois vont déclarer la guerre aux si gentils Américains, et par là-même, au monde entier. Sourions de cette présentation. La Chine n’a aucune envie de guerre. Elle demande simplement un traitement égalitaire entre puissances. Si un pays s’arroge un droit, tous les autres pays peuvent réclamer le même droit. C’est aussi simple que ça.

Après avoir expliqué que nous sommes revenus à la guerre froide, Devecchio a cette conclusion étonnante :

La superpuissance montante, la Chine, ne supporte plus d'être encore dominée par la superpuissance déclinante, les Etats-Unis et les Etats-Unis refusent de céder leur statut de puissance dominante à la Chine.

C’est évident. Quel pays peut encore accepter d’être dominé par un autre ? C’est à dire être considéré comme une sorte de champ ouvert qu’on laboure à sa guise ? Selon l’auteur, en toute bonne logique, qui ne se couche pas devant les USA est un fauteur de guerre.

Mais le plus drôle restent les motivations supposées des Chinois :

La Chine veut triompher et obtenir l'hégémonie sur la planète pour être assurée que son mode de gouvernance totalitaire ne sera plus inquiété par les forces démocratiques qui existent en Chine et hors de Chine. Des copies d'un tel scénario circulerait au Pentagone. (je n’ai pas corrigé l’orthographe du folliculaire).

La volonté hégémonique de la Chine serait donc un souci de faire perdurer le gouvernement du PCC jugé « totalitaire ».. Outre qu’il faudrait définir le totalitarisme avant de porter un jugement, le choix des mots vaut son pesant de jujube. Personne ne peut penser que la Chine sera « inquiétée » par les « forces démocratiques ». C’est vrai que la famille Bush se distingue par son souci « démocratique » ! Aujourd’hui, la Chine ne veut plus être emmerdée par des juges autoproclamés qui passent leur temps à critiquer toutes ses décisions. Par exemple, quand Pékin met en place une industrie des énergies renouvelables et que le syndicat américain USW dépose plainte à l’OMC pour concurrence déloyale. Mais quel pays a envie qu’un autre pays (fut-ce un allié) passe son temps à le critiquer ?

Pékin anticipe maintenant d'infliger très prochainement une défaite monétaire majeure aux Etats-Unis en retirant au dollar son privilège de monnaie du monde pour l'attribuer très vite ensuite au yuan. Cela ferait basculer irrémédiablement et irréversiblement le rapport de forces en faveur de Pékin.

Bon, ça, on en a déjà parlé ici. Pékin n’a rien créé. Les USA se sont endettés tous seuls, les USA ont décidé quasi-unilatéralement d’abandonner l’étalon-or, pour pouvoir vendre au monde entier une dette sans contrepartie. Mais qui a envie d’acheter une dette que le débiteur ne pourra pas honorer ? Les Chinois ne demandent rien d’autre : que la dette américaine soit adossée à des biens réels, dont l’or fait partie.

Les USA ont basé leur modèle sur l’argent et ils n’ont plus d’argent. Dommage pour eux. Ils en sont totalement responsables. Et donc, ils hurlent à la sauvagerie du créancier qu’ils accusent de tous les maux. C’est un grand classique des rapports débiteur/créancier. La vérité, c’est que les BRICS ont commencé de créer des institutions monétaires qui ne doivent rien aux USA et que de plus en plus de pays se détournent de Washington. Il suffirait…rien du tout. Quand on assoit la puissance d’une Nation sur des biens virtuels plutôt que physiocratiques, c’est ce qui arrive.

Mais le plus beau reste la conclusion :

Si les pays européens jouent alors le jeu de Pékin et de Moscou pour détrôner le dollar, on peut craindre le pire. Si au contraire, ils se portent en bouclier du dollar, Pékin en déduira qu'il est encore trop tôt pour engager l'affrontement territorial.

Help ! Le Figaro relaie l’appel au secours des USA aux politiques européens. Please, ne nous laissez pas tomber. C’est que Washington a désormais compris qu’il s’était trompé. La puissance militaire de l’OCS dépasse vraisemblablement celle de l’OTAN. Pas seulement en nombre, mais aussi en qualité des équipements. On vous a parlé ici des chasseurs de cinquième génération. Mais il y a autre chose. Même dans l’aéronautique, la Kalashnikov a fait école. Les Chinois continuent de produire des avions rustiques, peu chers, mais nombreux. Ils savent que l’aviation sophistiquée coûte cher. Ils font donc des avions de pauvres pour pays pauvres.

Pour tout observateur pas complètement obsédé par la prétendue puissance américaine, tout ceci est très clair. Voilà des siècles (mais oui !) que les USA humilient la Chine. Guerres de l’opium, soutien pharaonique au Guomingdang,, utilisation des mouvements religieux, guerres de Corée ou du Vietnam, tout a fait bois. Aujourd’hui, la Chine présente la facture et les Américains sont incapables de la payer.

Si guerre il doit y avoir, elle viendra de Washington. Et Alexandre le Petit se trompe. Les pays européens sont incapables de défendre le dollar. Ne fut-ce que parce que Pékin peut toujours sortir le joker Moscou. Et surtout parce que les Occidentaux qui, depuis vingt ans, ont été incapables de comprendre la stratégie chinoise ne vont pas, tout soudain, être touchés par la grâce. Enfin, parce qu'il faudra bien comprendre que le soft power ne suffit pas. La guerre, c'est pas du cinéma.

Lénine disait que les capitalistes vendraient la corde pour les pendre. Et bien voilà. Nous y sommes. Et Washington utilise le Figaro pour relayer son appel au secours.

On en reparlera…


PS : regardez bien les dates. La plupart de ces articles ont plus d'un an. Conclusion : lisez moi, c'est gratuit et vous serez informés avant les journalistes du Figaro









dimanche 2 août 2015

RAFALE PERDANT

Les télés se taisent. Dieu sait qu’elles ont été bavardes pourtant. L’Inde annule son achat de 126 Rafale.

Faut lire les commentaires de la presse écrite. C’est à mourir de rire. On vous explique sans rire que l’Inde préfère traiter avec les gouvernements. Donc les 36 Rafales commandés à Le Drian, c’est bon. Les 126 de Dassault, c’est plus bon. D’autres affirment que certains Rafales devaient être construits en Inde et que leur prix était trop élevé. La main d’œuvre indienne est-elle si chère ? Il paraît aussi que des parlementaires indiens contestent l’achat devant la justice.

Tout ça est tellement contourné, complexe que ça en devient risible. Personne à ma connaissance ne veut voir une réalité toute simple. Dans le cadre de l’OCS, l’Inde est allié de la Russie et le Rafale est la réponse du berger à la bergère. Tu livres pas mon allié, j’annule ma commande. Au cas où…. Mistral perdant, Rafale perdant

Les formalistes diront que l’Inde n’est pas formellement membre de l’OCS. Mais le processus a été officiellement lancé et c’est juste une question de mois ; les liens sont déjà tissés depuis que l’Inde (et le Pakistan) sont membres observateurs.

Les liens de l’Inde avec la Russie sont anciens et profonds. Souvenez vous des rencontres Nehru-Krouchtchev. On ne refuse pas un service à un vieil ami au moment de resserrer les liens avec lui.

La diplomatie française est pathétique d’aveuglement. Depuis des années, elle tourne le dos à nos voisins eurasiatiques pour se vautrer dans la fange étatsunienne. Les médias emboitent le pas. On ne sait rien de ce qui se passe à l’Est. Sauf pour se moquer de ce cher Poutine (j’en ai déjà parlé) qui, par parenthèse, vient de déclarer les OGM illégaux. Depuis près de 20 ans, les liens se tissent et se renforcent entre la Russie et la Chine et les autres pays d’Asie. Il appartenait aux diplomates de tirer la sonnette d’alarme.

On s’aperçoit aujourd’hui que, pendant ces 20 ans, s’est construit un bloc qui fait pièce à l’OTAN, bloc qui fait preuve d’une réelle solidarité. A nos dépens, comme aux dépens de tous les vassaux des USA. Le temps est pratiquement venu où il va falloir choisir son camp.

D’autant que les nouveaux avions de chasse russes sont rien moins que performants. Sukhoi vient d’annoncer les premières livraisons du T-50 PAK-FA, chasseur furtif hautement sophistiqué. Et Sukhoi est en train de développer un autre chasseur de cinquième génération (les avions des années 2020)….avec l’Inde !!!

Quant à la Chine, elle a dévoilé voici plus d’un an son chasseur furtif Shenyang J-31 qui vient doubler le Chengdu J-2O dont la mise en service est prévue vers 2018..

L’Inde ne manquera donc pas de fournisseurs. Mais, on doit dire que les articles de presse (la presse française) étaient à mourir de rire. A les lire, on ne pouvait que douter de la capacité technologique chinoise. Comme pour les Russes, il semblait que les chasseurs n’étaient pas si furtifs que ça. Ils sont trop verts, disait déjà le renard de La Fontaine.

On s’est moqué des Russes, des chaussures de Krouchtchev et des bitures d’Eltsine. On a forgé l’image d’un peuple corrompu, alcoolique et incapable. Comme on s’est moqué des Chinois qui bossaient pour un bol de riz, fourbes, menteurs et vérolés par la mafia (on dit triades pour faire plus chic). On a voulu dresser des monceaux de cadavres (Staline-Mao même combat) pour justifier notre ignorance et notre désinformation. En a t’on vu des reportages sur ces thèmes !! Alors qu’il suffit de regarder leur Histoire pour savoir que ce sont deux grands peuples, travailleurs et intelligents.. Deux peuples qui ne placent pas l’argent comme valeur première. Ho ! tu rigoles ? Et les milliardaires chinois ? Et les oligarques russes ?

Justement. Ils pètent de trouille devant le pouvoir. Ils savent que les prisons les attendent s’ils déconnent.

Aux USA, de Kennedy à Donald Trump, ils deviennent présidents (Trump, j’anticipe, bien entendu), c’est pas exactement pareil. Ce qui permet ce dévoiement majeur : l’économique commande au politique.

On en reparlera…

jeudi 30 juillet 2015

LE LION

Non, on va pas parler de Kessel. Encore que… Cette délicieuse histoire d’amour entre une petite fille et un fauve n’est peut-être pas si innocente. Un bon écrivain arrive à te faire croire à l’incroyable. Mais la cruelle réalité, c’est qu’un lion est un fauve.

Bon. Parlons du dentiste. Le dentiste qui a flingué un iconique lion. Je le connais pas, mais je peux l’imaginer. Une sorte de Républicain, vivant en province dans une maison avec tous les signes de la réussite sociale à l’américaine. Trois ou quatre bagnoles, une femme qui s’enveloppe avec l’âge et qui va dépenser ses tunes en fitness et coaching. Bref, un Américain gavé de fric. Tout ce que j’aime pas.

Le mec, il a une passion : la chasse au gros gibier. Il est pas le seul, j’en ai connu aussi en France. Tous ces mecs sont en général abonnés à des revues, suivent des sites Internet, s’informent. Parce que faut pas croire. Tu pars pas comme ça dézinguer un grizzly, un jaguar…ou un lion.

C’est vachement codifié. Annuellement, les gouvernements vendent des permis de tuer. L’ours kodiak, par exemple, c’est une grosse dizaine par an. Et donc, organisation d’une vente aux enchères où les guides de chasse viennent acheter leur permis. Les guides, pas les clients.

Quand il a son permis, le guide, il met la sauce autour : le personnel, les voitures, le matériel, la bouffe et sa marge. Et il paye de belles pubs dans les journaux ou sur les sites et le client sait que, moyennant tant de dollars, il pourra mettre un kodiak (ou un lion, ou un jaguar) dans sa salle des trophées. Tout ça est assez bien contrôlé, avec des scientifiques qui veillent à la régulation des populations et à la préservation des patrimoines génétiques.

Et donc, le dentiste du Kentucky (j’en sais rien mais ce n’est pas pertinent), il colle sa carte bleue dans son ordinateur et il s’offre un lion avec la société Hunting Safaris (j'invente le nom) qui lui garantit ce lion dans la semaine du 4 juillet. Quel lion ? Le dentiste n’en sait fichtre rien. Le guide, s’il est bon, il a son idée. S’il est moins bon, il va activer tout de suite son réseau de pisteurs locaux pour préparer le safari. Quand le client débarque, on lui dit que son lion est repéré dans la zone de Mamoba, que tout est prêt sauf le whisky parce qu’il n’a pas indiqué sa marque préférée. Le guide montre l’autorisation tamponnée par le gouvernement, sa licence, ses assurances et c’est parti.

Le client, on l’emmène pas tout de suite vers la bête. Faut rechercher un peu, pister (ou faire semblant). C’est vrai quoi, le mec il a dépensé beaucoup, vraiment beaucoup, de fric. S’il atteint l’objectif le lendemain de son arrivée, il va se sentir pigeon. Tout voyage organisé est basé sur ça : l’incertitude supposée et la difficulté surmontée grâce à l’organisateur dont l'intérêt est de prouver que, sans lui, t'y serais pas arrivé.

Tout ceci pour dire que le dentiste du Montana (ou du Kentucky), on l’a transporté comme une valise devant un lion et on lui a dit de tirer. Il avait payé pour ça. Il a tiré.

Et c’était pas le bon lion ! Mais lui qu’est ce qu’il pouvait en savoir ? En revanche, le guide devait savoir. C’était son boulot, grassement payé. Mais le guide, responsable, personne n’en parle. Est-ce parce qu’il est Africain ? Ce qui serait une circonstance aggravante. Si les Africains ne protègent pas l’Afrique, c’est pas les Arméniens qui vont s’y coller…. Et je suis quasi-certain qu'il est Africain. En général, les licences de chasse sont réservées aux nationaux.

Le dentiste, a priori, il représente tout ce que j’aime pas. Mais c’est pas une raison pour lui coller une responsabilité qui n’est pas la sienne. Il en a assez sur le dos avec son mode de vie qui détruit la planète et ses votes qui ont fait de son pays l’assassin du monde.

D’autant que le lion, c’est pas vraiment une espèce menacée. Y’en a dans tous les zoos du monde, ça se reproduit plutôt bien. On en est à travailler sur les sous-espèces. Sur un plan écologique, ça n’a aucun intérêt. Intéressez vous plutôt aux crapauds. Là, tout bon écologiste se fera du souci en regardant les cartes de distribution.

Comme toujours, une grosse vague affective vient remplacer la froide raison. Je l’avais déjà vu dans les Pyrénées où tout le monde se passionnait pour l’ours, si semblable à une peluche, mais personne ne savait rien de l’avenir du desman, cette musaraigne aquatique et discrète. Moyennant quoi, on a fait venir des ours de Slovénie, avec des patrimoines génétiques différents : c’est une pollution.

La meilleure solution, c’était de capturer les survivants, de les coller dans un zoo et de reconstituer le cheptel éventuellement avec de la PMA. Capturer au lieu de libérer. Mais ça aurait fait grincer les dents.

A l’époque j’en avais parlé avec Aldebert qui était directeur technique d’un zoo fort peu médiatique mais de haute qualité. Devant une bouteille de blanc, il m’expliquait que dans son zoo, il n’y avait que des ours mâles. Les femelles avaient été prêtées. La raison ? Dès que tu mets mâles et femelles ensemble, ils se reproduisent comme des lapins et on est envahi d’oursons qui te dévorent le budget. Or, Aldebert, le budget, il en avait besoin pour ses travaux sur la reproduction des vipères. Mais ça, le public ne comprend pas.

Le public ne comprend pas…. On en reparlera…

mardi 28 juillet 2015

LA RURALITÉ

Je suis à Gaillac, chez Robert Plageoles. On parle histoire de l’ampélographie. Un vrai sujet qu'il maîtrise parfaitement. J’ai une mission dans le Tarn et une question qui me taraude : « J’ai le sentiment que nous sommes à une charnière. Entre Albi et Castres ». C’est comme ça que je le sens. C’est difficile à expliquer, un feeling de géographe, une multitude de détails mineurs qu’il faudrait que je liste. Après Gaillac, ça change.

Plageoles rigole, me verse un verre de son fabuleux vin de voile : « C’est normal. Au sud, tu es dans les terres du comte de Toulouse, au nord, tu es chez l’évêque d’Albi. Tu comprends ? ». Et il développe. Tu parles, si je comprends ! Chez moi, c’est pareil. Il y a les terres de l’évêque de Bayonne, les terres de Gramont, les villages du comté d’Orthe et les féaux de Gaston Phébus. Sans parler des Landais qui ne sont à personne.

Nous vivons dans une France du XIIIème siècle. Peu ou prou. J’ai utilisé cette clef ensuite, à de nombreuses reprises. Elle fonctionne partout où je suis allé. Dans l’Allier, je me suis fait jeter par des responsables politiques : « Rien à voir avec l’Auvergne, ici vous êtes dans le Bourbonnais ». Chez moi, quoi ! Henri IV, le Béarnais, c’est un Bourbon. J’ai dit ça, j’ai redressé la situation qui était mal engagée.

Dans les Pyrénées-Orientales, c'est le même merdier que chez moi. Avec le Roussillon, la Catalogne et quantité de petits territoires dont je savais pas quoi faire. Mais bon, c'est chez eux, ils savent.

La France est encore rurale et médiévale. Et on attend de son Président (son roi) qu’il guérisse les écrouelles. Pays rural dont les habitants urbains se ruent dès qu’ils le peuvent dans leurs villages d’origine. Pays ancien où fleurissent les clubs de généalogie et où on est fier de dire d’où on vient. Le modernisme est un vernis qui sert à partager ce qu’on ne peut pas partager autrement. Je n’ai pas grand chose à dire à un Charentais, alors on parle d’IPod.

Ce sentiment d’appartenance rurale est à l’œuvre dans quantité de domaines, à commencer par la nourriture où le système des appellations valorise les terres anciennes. Ce système d’appartenance rurale, tu le mesures à la Toussaint où explose sur les routes le nombre de morts lors d’une visite chez les morts, justement. A la Toussaint, les ruraux-urbains renouent avec la ruralité.

La ruralité est dans la tête et ne peut se mesurer. J’ai tendance à penser qu’elle croît avec l’âge. Mais elle s’invite sans cesse dans le débat politique en creusant le fossé des générations. Elle explique bien des phénomènes, à commencer par la difficulté de voter pour une femme. Certes, il y a des exceptions. Mais Jeanne d’Albret aussi était une exception. Or, Ségolène n'est pas Jeanne d'Albret. Et l'INSEE mesure les électeurs "ruraux" sans aller les chercher là où ils sont : dans les villes.

On peut noter que Sarkozy fut le seul Président « urbain » élu au suffrage universel. Même Chirac apparaissait comme Corrézien avant tout, au prix d’une image soigneusement travaillée. Chirac, élevé par Pompidou, l’homme qui fit passer Cajarc avant la rue d’Ulm. Tout ceci parce que la campagne est toujours vissée dans la tête des immigrés urbains. Le « bled » est un cadre normal. C’est là qu’on retourne. Ben oui, même les Berrichons retournent au bled.

On en a déjà parlé à propos des remarques de Maurice Agulhon sur la perception des territoires. Agulhon faisait remarquer que notre vision « naturelle » du territoire est limitée : quelques paroisses tout au plus. Pour voir plus large, il faut conceptualiser, avoir des instruments de réflexion, et ce n’est pas à la portée de tous. Il faut une éducation pour se sentir citoyen français. Alors, la mondialisation… D’où les tentations du repli. D’où l’existence en parallèle de penseurs « mondiaux » (Attali, par ex.) et de tribuns locaux qui affirment qu’on ne peut pas savoir si on n’est pas d’ici.

La campagne reste largement notre cadre de pensée et c’est valable pour la politique. Cette vision est occultée par les professionnels de la communication, plutôt jeunes, plutôt éduqués (et donc susceptible de gommer tout ce qui ne ressort pas de leur éducation), plutôt enclins à choisir l’écume des apparences contre l’analyse géographique (car il s’agit bien de géographie, les territoires géographiques ont une histoire). L’un d’eux m’a même affirmé que « si seuls votaient l’Auvergne et le Pays basque Chassaigne, serait président ». L’ironie sous-jacente est blessante pour André Chassaigne, homme parfaitement honorable et dont les compétences ne sont certainement pas inférieures (même si différentes) à celles de l’actuel Président. Chassaigne, je l'aime bien et je suis certain qu'il le mérite.

Le problème ainsi soulevé est celle du plus grand commun dénominateur. Il faut plaire à tous, pas seulement aux Basques et aux Auvergnats. Ce qui passe par une communication acceptable par tous, efficace sur tous. Et ça, les locaux ne savent pas faire. Ils ne peuvent que subir un brouet « généraliste » saupoudré de promesses locales ciblées pendant les campagnes.

Tout ceci me fait penser à Octave Gélinier, fondateur de la Cegos, qui disait à ses clients que le meilleur moyen de mesurer la publicité était de la supprimer et de compter la perte en chiffre d’affaires. Personne ne voulait prendre le risque, bien entendu.

Et donc, j’aimerais bien qu’une campagne présidentielle oppose un candidat moderne et bien « coaché » et un bon plouc de base, un peu bedonnant, les deux pieds dans la terre. On verrait bien qui les Français choisiraient.

Remarque,… la dernière fois. Même s’il avait maigri, c’était pas Brad Pitt. Mais ça restait Neuilly contre Tulle. Et qui a gagné ?

Du coup, Chassaigne doit avoir ses chances….

On en reparlera…

samedi 18 juillet 2015

LACOUTURE, LES MOTS, LES CHOSES

Feu Jean Lacouture dans ses Souvenirs d’un demi-siècle, raconte une visite dans un cabaret parisien où se produisait le chansonnier Jean Rigaux qui terminait un de ses sketches par cette formule frappante « C’étaient pas des fours crématoires, c’étaient des couveuses ».

Lacouture avoue sa gêne, mais on se doit de remarquer que Jean Rigaux a joué son sketch pendant toute une saison sans que rien ne se produise. RIEN.

Moi, ce n’est pas la phrase qui me pose problème. C’est le contexte.

Dans les années 50, le pouvoir est aux mains des résistants, des anciens déportés, de tous ceux qui ont combattu le nazisme. Des hommes et des femmes qui se sont battus contre l’antisémitisme au péril de leur vie. Or, ils ne bougent pas. Rien. Pas d’interdiction, pas de manifestation, pas de textes rageurs. Rien.

Il y a une explication. La France des années 50, politiques y compris, elle sait qu’elle a gagné. Hitler s’est suicidé, le procès de Nuremberg a soldé les comptes. Alors, un clown ...elle s'en fout. Les mecs qui ont risqué leur vie, ils savent que les mots ne tuent pas. Les balles, oui.

Naturellement, aujourd’hui, un tel sketch conduirait à un tollé général. On verrait à la télé le Premier Ministre, les représentants des associations X, Y ou Z, des éditos partout, et Facebook en flammes. Les résistants, les anciens combattants, les déportés se tairaient de nouveau : ils sont presque tous morts.

Qu’est ce qui a changé ?

Les mots ont pris le pouvoir. Tu n’es plus jugé sur tes actes, mais sur tes discours. En politique, les chefs de com’ ont plus d’importance que les techniciens. Peu importe la décision, seuls comptent les mots sur la décision. Les mots se sont déconnectés du réel. On l’a déjà dit : la manipulation de la communication a remplacé la communication de la manipulation.. Goebbels manipulait les faits. Les fils de Goebbels manipulent les mots qui parlent des faits.

Et par voie de conséquence, les mots sont jugés plus dangereux, plus efficaces. Même les mots des clowns dont le lieu de parole est pourtant l’insignifiance. Bien sûr qu’il faut des mots pour pousser à l’action. Mais si on agit PAR les mots, on n’agit pas AVEC les mots. Sans une kalashnikov, Wolinski serait encore vivant.

Cette fiction est largement entretenue par les journalistes. Pour eux les mots sont des armes. C’est juste de la littérature. Tu peux crier Vive la France devant un peloton d’exécution, tu verras si ça arrête les balles. Les mots sont une arme quand les armes restent au placard.Quand elles sont sorties...

C’est juste de la littérature, des rigolos à la BHL qui se congratulent devant un texte : putain ! tu t’es bien battu. Qu'est ce que lui as mis ! Des mecs qui appellent à descendre dans la rue. Six mois après plus, personne n’est Charlie, et les meurtres se poursuivent. Il faut dire qu'on est plongés dans une confusion hyperbolique : on traite un clown (Dieudonné) comme s'il était Goebbels. Ce qui donne une idée de la profondeur historique des comparaisons.Et on se bat pour une liberté d'expression qui maigrit chaque jour comme un mannequin de Lagerfeld. Aujourd'hui, Rigaux, mais aussi Coluche ou Reiser seraient au tribunal.

Alors les journalistes et les communicants, incapables de tenir un Famas, le plus souvent incultes des choses de l’armée, assurés que leur ordinateur remplace un pain de plastic (voire un Rafale, ça dépend de l’ego) fixent des règles de non-violence (Gandhi, bel emballage) que certains ont décidé de ne pas respecter. Indignation : ce n’est pas de jeu.

Ben non, ce n’est pas le jeu. Pour jouer comme pour parler, il faut des règles et des codes partagés. Les mecs qui ne jouent pas le jeu ne l’ont jamais joué. Il suffit de les écouter parler.Il est clair que nous n'avons rien en commun, sauf un passeport (et encore, pas toujours). Je tire un voile pudique sur l'écriture et la grammaire, ou le rapport au vin et au cochon. Nous ne partageons rien sauf un territoire et il faut bien cohabiter.

La société a deux vitesses fonctionne à plein. Parce que, au cas où vous l'auriez pas remarqué, il y a peu d'élèves de grandes écoles avec Daesh. C'est kalash contre Bescherelle ou Bac + 5 contre loupé de l'Education nationale.

Et plus ça va, plus le fossé se creuse. La violence est la réponse réelle à une violence virtuelle, celle des mots, qu’il s’agisse d’information, de communication ou de marketing. Sauf que le résultat n’est pas le même.

Il ne sert à rien de pleurer, de crier, de débattre. Ce sont encore des mots. Des mots perçus comme une faiblesse. Que de la gueule ! Car il ne faut pas se leurrer. Le beau langage si policé, si humaniste, dont nous sommes si fiers, est perçu comme un langage d’abandon et de lâcheté.

Tiens, relisez ce que Barthes écrivait sur Poujade. Ce ne sont pas les mêmes groupes sociaux, mais c’est le même fonctionnement. Soixante ans après.

Et donc, on en reparlera…

dimanche 5 juillet 2015

LES PETITS, LES SANS GRADES

Bon. Je me fais pourrir sur FB au motif que j’aurais été méprisant avec les petites communes. Ça va loin. Mon cher beauf m’appelle de Grèce car quelques notables l’ont informé pendant ses vacances que j’étais en plein déconnage. Ben dis donc ! Si j’avais su avoir tant de soft power…

J’ai dis quoi ? Que pour gérer les territoires on agrégeait les grandes villes (ou villes moyennes) avec des villages, histoire de mieux traiter des transports et des déchets. Mais que le fait d’entrer dans un ensemble plus large ne rendait pas ces petites communes plus grandes.

J’ai même précisé ma pensée en comparant avec l’Europe. On s’allie avec la Slovaquie et la Lithuanie mais ça ne donne pas à la Lithuanie le poids de l’Allemagne. Or, il paraît que c’est méprisant. Ben non. J’admets avoir été un peu rigolard : je pensais au Général De Gaulle. T’imagines que la Slovaquie tente d’empêcher la France de faire ce qu’elle veut ? Il aurait aimé, tiens, le Vieux Général !

En fait, c’est dans la tête des gens. Je vais prendre des exemples simples. Tu habites Arbonne (2000 habitants), on te colle dans une intercommunalité avec Bayonne (45 000 habitants). Du coup, tu te crois Bayonnais.. Ben non. Le fait d’être regroupé ne te fait pas grandir. T’es toujours une petite chose, un appendice, un rajout pas forcément désiré.

T’es surtout une complication. Vu que t’es loin, tu vas compliquer la gestion des transports et des déchets. Va falloir envoyer chez toi des bus coûteux, vides la plupart du temps, de gros camions poubelles. Le plus souvent, l’intercommunalité te permet d’accéder à des services que ta petite taille ne te permet pas de t’offrir. C’est un cadeau qu’on te fait. Un gros cadeau.

T’es un banlieusard. On pense pas à Arbonne quand on parle de banlieue…Et c’est vrai qu’Arbonne c’est pas Saint Ouen. Mais pourtant, géographiquement, c’est une banlieue, une annexe de la ville. Te vexe pas. On va pas changer les mots.

La banlieue, on dira ce qu’on veut, mais c’est vachement confortable. Tu as accès à tous les services de la grande ville sans avoir à les payer. Quand tu t’installes dans ton village au foncier si bon marché et à la fiscalité plus légère qu’un string brésilien, il n’y a rien, mais c’est pas grave. A quelques tours de roue, il y a les lycées de la ville, les terrains de sport de la ville, les salles de spectacles de la ville. Avec l’intercommunalité, c’est mieux : on rajoute les bus, les poubelles, le service des eaux et autres broutilles. In fine, t’as le beurre et l’argent du beurre.

Juste un exemple : ma députée (je sais, c’est pas vraiment ma députée, mais j’ai le droit d’avoir un cœur). Elle habitait Tarnos, bourgade improbable qui porte l’histoire prolétarienne et se veut désormais aussi balnéaire que Biarritz. Jolie petite maison avec jardin, mais bureau dans un quartier chic de Bayonne, non loin du Barreau où elle était inscrite. Le beurre et l’argent du beurre. Elle aime bien la corrida, mais il n’y a pas d’arènes à Tarnos. Pas grave, Bayonne est là.

Et donc, ce n’est pas être méprisant de dire qu’une commune est petite. C’est un simple constat. De dire que sa petite taille n’en fait pas un pion incontournable du territoire. Elle a tout à perdre à ne pas y être. Comme la Slovaquie a tout à perdre à ne pas être en Europe, ce qui relativise son poids dans la politique européenne.

C’est juste une question : qui a le plus à gagner dans les regroupements territoriaux? les métropoles qui fédèrent ou les appendices que l’on fédère ?

Moi, je regarde, assez froidement et je donne ma réponse.

OK. On n’a pas le droit d’être froid quand on parle de la vie des gens. On n’a pas le droit d’être froid du tout. Ainsi va le monde. C’est pourquoi il va mal.

On en reparlera….

PS : je suis comme ça...je n'ai aucun affect sauf pour quelques membres de ma famille et quelques amis chers.J'ai compris depuis longtemps que les baffes qu'on te donne ne laissent pas de traces sur ma peau. Et je ne vis pas au conditionnel. Ne me demande pas : et si c'était toi ? C'est pas moi. Point barre.Parce que SI, c'est d'abord une note de musique.

samedi 4 juillet 2015

LES BAS RESILLES

Le mec, je l’aime bien vu que c’est mon frère…Il est en train de m’expliquer que rien ne l’excite plus que les dessous chics chantés par Gainsbourg.

Et moi, je ne comprends rien. Ma logique refuse. Comment peut on changer de désir pour trois bouts de tissu noir (ou rouge)? En quoi les guépières, bas résille ou porte-jarretelle peuvent ils me modifier ainsi ? C’est stupide parce que ça sous-entend qu’une autre femme harnachée des mêmes oripeaux peut m’exciter autant que celle que j’ai choisie ? Et donc, en toute logique, ce qui m’excite, ce n’est pas la femme mais le tissu. Idée que je ne peux pas accepter.

Certes, le tissu souligne, corrige, améliore, mais de façon temporaire. C’est un leurre, comme les emballages au supermarché. Puis je accepter de me faire leurrer ? Les stylistes seraient ils des matadors chargés de leurrer le toro que je suis ? Non. Ce sont juste des emballeurs de boudins. Essayez. Regardez une photo du si gracieux Yves Saint-Laurent et pensez que vous regardez un emballeur de boudins. Vous verrez, ça relativise.

Je n’aime la femme que nue.. Totalement et absolument, sans même la fleur d’Olympia. Mais, me bêle mon contradicteur, le corps a des imperfections. Certes. Comme certaines interprétations d’Hélène Grimaud ou la voix de Callas, parfois. L’imperfection est consubstantielle à l’œuvre d’art. Et le plus souvent, c’est l’imperfection qui me fait craquer, la cicatrice mal gommée, le pli apparu où il ne devrait pas être, le duvet oublié, le sein trop lourd. Tout ceci est secondaire face à une harmonie qui se moque des kilos superfétatoires. Les dessous chics n’inventeront jamais le subtil contraste entre une peau parfois trop blanche et la noirceur d’une touffe touffue et triangulaire. Cette noirceur qui marque l’origine du monde. N’oubliez pas : ce n’est pas l’anatomie qu’on a reproché à Courbet. C’est la pilosité.

Je ne l’ai pas convaincu. Des années de représentations stéréotypées (Félicien Rops), des milliers d’images l’ont définitivement convaincu que l’emballage est pertinent que la guêpière recèle des fantasmes insoupçonnés alors que le fantasme est en lui, à lui.

Ne nous leurrons pas. Il en va de même pour les parfums. Ce que je recherche, c’est l’odeur originelle(en latin on dit sui generis), celle qui n’appartient qu’à une seule femme, celle qui fait que je la reconnaitrais les yeux fermés (Gassman dans Parfum de Femme). Tant qu’à utiliser son intellect pour bander, autant le faire correctement.

Tout le système de la mode fonctionne ainsi. C’est une corrida. On attire l’attention de la bête sur des points secondaires et insignifiants. Tu a une belle robe. Ouais, mais ça ne change pas le mollet en ventre de lapin, même si ça le dissimule. Il est préférable d’aimer les mollets lourds que de les débusquer in fine.

L’admirable diversité de la féminité assure à chacun la garantie de trouver son bonheur sexuel. Sans afféteries, sans oripeaux, sans stéréotypes. Il est inutile de chercher une perfection qu’on ne peut pas offrir, ni même trouver.

Parce que, bon Dieu, laisser un bout de tissu conduire ses pulsions ou ses désirs, c’est vraiment très con. C’est laisser un autre prendre le contrôle de tes neurones.

On en reparlera…

PS : c'est bien de la géopolitique. C'est comme ça que fonctionne l'une des activités économiques les plus lourdes de notre monde capitaliste.Faire bander à Gap et fabriquer à Dhaka.

samedi 13 juin 2015

GEOPOLITICIENS

J’en ai jamais vu autant. Même moi. Et j’ai jamais entendu autant de conneries, d’à-peu-près (dangereux l’à-peu-près quand on veut réfléchir).

La géopolitique, c’est devenu le costard scientifique de la politique. Avoir une réflexion politique, ça fait pas très sérieux. Alors on prend les oripeaux de la géographie et on se croit sérieux. Et le public le croit.

La géopolitique, ça a commencé avec Chaliand. Pas le mauvais bougre, spécialiste des guérillas, élève de Rodinson qui est plutôt une bonne référence. Mais la guérilla, ça te marque une pensée, t’es tout de suite catalogué marxiste. Chaliand, il avait trouvé un truc avec son éditeur, il faisait des atlas. Et donc, il a inventé la géopolitique qui est juste l’illustration cartographique d’une pensée politique.

Pour moi, il n’y a jamais eu qu’un seul géopoliticien en France, Pierre Gentelle. Il n’a jamais atteint le grand public car il savait la complexité de la pensée géographique et il se refusait à simplifier. Pour faire une analyse géographique, il faut avoir des tonnes d’informations : géologiques, pédologiques, climatiques, historiques, des tonnes d’informations impossibles à synthétiser en cartes. Pour les livrer, il faut des dizaines de cartes que l’on croise, que l’on compare, des cartes compliquées avec des légendes qui font des dizaines de lignes. Bertin avait bien essayé avec sa sémiologie graphique mais les cartes étaient illisibles. Trop complexes. La géographie n’est pas une fille facile. Surtout quand tu lui colles une dimension diachronique.

La géopolitique, je l’ai découverte aux Langues O’ avec Jean Delvert. Fallait entendre Delvert remettre le Mode de Production Asiatique dans son contexte géographique. Ou prévoir l’évolution de la guerre du Vietnam en fonction des données climatiques. Je n’ai jamais retrouvé une telle clarté d’analyse. Sauf chez Gentelle. Pour les deux, l’un des ouvrages fondateurs était celui de Pezeu-Massabuau sur la maison japonaise.

Les géographes sont malheureux. Voilà des années qu’ils cherchent à remettre l’homme dans son cadre. Max Sorre avait eu une bonne idée avec sa notion d’oekoumène, reprise par Augustin Berque avec quelque succès. Mais Berque s’est heurté, comme tout le monde, à la complexité. Et n’a jamais eu le succès que pouvait laisser prévoir son premier livre sur la politique foncière au Japon.

Pourquoi toutes ses références ? Simplement pour dire que la géopolitique est devenue une agréable manière de parler de politique sans faire chier le spectateur. Une technique simple qu’adorent les chaines de télé, mais une pensée pleine de trous. Ce blog est un gruyère, mais si tu as quelque savoir, tu peux te glisser dans les trous et aller plus loin. Enfin, je l’espère.

Bon, j’avais envie de parler de Pezeu-Massabuau. Il nous dit quoi ? Que la maison japonaise est totalement inadapté au climat nippon. Comme il pense, à juste titre, que les Japonais ne sont pas idiots, il cherche les raisons (historiques, culturelles, sismiques –mais oui) qui ont conduit un peuple à faire perdurer au fil des siècles un habitat qui ne convient pas. C’est pas très sexy comme sujet, mais ça touche à tout, y compris à la langue (pourquoi ce système linguistique avec des enclitiques assez unique en Asie orientale ?).

Je suis tranquille : c’est bien le type de pensée que ne vous présentera jamais Victor, le gourou de la géopolitique télévisuelle.

Tiens, juste une question. Quel est le risque du nœud du Pamir dans l’évolution des Routes de la Soie ? Posez donc la question aux spécialistes. Déjà, il y a tous ceux qui ne savent pas ce qu’est le nœud du Pamir. Pas grave : les habitants du Sichuan le savent. Ceux du Népal aussi. Aujourd'hui 13 juin, Sichuan et Nepal ont encore morflé. Quand tu sais où trouver l'info, ça devient simple....

Et donc, se pose la question de la technologie antisismique chinoise. Savons nous ce que nous devrions savoir ? Pourquoi investir autant dans une zone fragile ? Parce que depuis 15 jours, ça a cartonné aussi au Tajikistan et en Afghanistan. Quand, je sais pas quoi faire, je chasse les tremblements de terre et les cyclones.

On en reparlera….mais c’est compliqué.

lundi 8 juin 2015

JE DE....BLATTER

Il est mal Sepp Blatter…. Il est mal parce que les USA ont décidé d’avoir la peau de la FIFA.

Faut se mettre à leur place. Le football est devenu un média international. Aussi puissant, sinon plus que les Jeux Olympiques. Et ils y sont quantité négligeable. A la FIFA, ils sont mélangés avec les Caraïbes et le Nicaragua. Poids économique zéro car le foot n’existe pas sur les télés américaines et donc poids politique zéro.

Au point que les gros pardessus préfèrent organiser des Coupes du Monde dans les déserts du Qatar ou les steppes russes. Ha, mais là ça va plus… La dernière coupe du monde aux USA, en 1994, n’a pas laissé de souvenir impérissable.… Faut dire que les villes américains et leurs stades se prêtent pas trop au jeu.

C’est pas mieux chez les femmes. Qui ouvre en 2015 la Coupe de Football féminine ? La Chine. Inacceptable pour les Américains.

Et donc, ils font le ménage. En dégageant les Antillais qui ne les aident pas trop et le Président qui préfère Moscou. Corrompu ? Voilà des années qu’on en parle et que tout le monde s’en satisfait. Même nous. Blatter paye pour la main de Thierry Henry et tout va bien. Le système est rodé, huilé. Mais il n’accorde aucune place aux USA. Ils sont la dernière roue du carrosse.

Or, ils savent l’importance du sport. Là aussi, tout change… Jadis, l’événement international, c’étaient les JO. Plus un peu de ski, de tennis et d’automobile. Les USA figuraient honorablement et surtout organisaient les événements. Aspen pour le ski, Indianapolis ou Daytona pour la bagnole, Flushing Meadows pour le tennis. Le glissement vers le football a rendu tout ça caduque. Le sport évolue dans une direction qui ne leur convient pas.

Et donc, ils réagissent en portant la question sur le tapis vert. Ils ne peuvent pas faire la guerre pour le football. Mais les circonvolutions juridiques, ils savent. En plus, la corruption a ceci de bien qu’elle est marque d’infamie morale.

La question qui reste est celle de l’organisation de la Coupe du Monde en Russie. Je tiens le pari que c’est là-dessus que vont se concentrer les avocats, avec le Qatar en dommage collatéral. Parce que les prochains JO se présentent mal avec le Brésil, le Japon, la Corée en puissances invitantes. Les BRICS s’invitent dans le sport de haut niveau et le lasso glisse des mains de Washington. Les sportifs américains ne trustent plus les médailles, les compagnies américaines ne monopolisent plus les droits de retransmission, le soft power se délite. Pour les USA, il faut que ça cesse et il faut reprendre la main dans le sport. Et donc, la cible est la corruption chez les proches de Poutine, voire chez Poutine lui-même.

C’est un signe très fort. Pour en arriver à utiliser le football comme arme, il faut que l’arsenal ait sacrément fondu. Bien entendu, ça ne marchera pas. Les USA eux mêmes mélangent allégrement sport et pognon et leurs équipes olympiques sont pleines de professionnels. Sans compter la dope, n’est-ce pas Lance Armstrong ? L’attaque risque de revenir en boomerang. Et, en tous cas, les rapports entre le public et les footballeurs est tel que rien ne bougera….

Les USA ont l’impression qu’ils ont imposé au monde leur mode de vie parce qu’ils vendent des hectolitres de Coca-Cola. Mais ils ont échoué dans le seul sport réellement universel. Autant dire qu’ils ont échoué dans le sport. Ils ont pourri le sport de fric. Ce qui a permis au minuscule et richissime Qatar de devenir une « nation sportive ». Tous les repères disparaissent, alors les quelques chèques de Sepp Blatter….

On en reparlera…