mardi 31 janvier 2017

ET SI ON AIMAIT TRUMP?

Je pense beaucoup à un dessin de Reiser en ce moment. Le pseudo-orgasme d’une pute vietnamienne griffant le dos du GI qui la baise pour y écrire US Go Home.

C’était une couverture de Hara Kiri Hebdo aux temps où les capitales européennes se couvraient de manifs contre l’impérialisme américain.

C’est l’une des raisons pour lesquelles je comprends mal la mobilisation actuelle anti-Trump. Ce mec est un bonheur. Tout seul et en peu de temps, il va réussir ce que des milliers de militants n’ont pas réussi à faire en un demi-siècle : détruire les USA.

Il a déjà réussi à fissurer la société américaine. Certes, elle l’était avant lui  mais il se maintenait une fiction selon laquelle les red necks de l’Alabama et les bobos de Greenwich Village partageaient certaines valeurs. Tout ça vole en éclats, Trump exprime crûment cette vérité : il y a deux Amériques irréconciliables. On va pas rentrer dans les détails, mais c’est dit. Le Kentucky applaudit à l’interdiction de visas pour les Yéménites, Silicon Valley hurle au suicide. Silicon Valley dont la belle santé financière est une insulte aux difficultés des villes industrielles en déshérence. Ce qui, notons le, justifie d’autant plus la menace : voyez tous ces étrangers aux indécents salaires qui pompent le fric de l’Amérique, votre fric. Renvoyons les chez eux et gardons le fric.

C’est le fonctionnement même du populisme : retourner les arguments pour renforcer sa position. Et donc, un boulevard s’ouvre devant Donald et va lui permettre toutes les erreurs, toutes les conneries. La destruction des USA est en marche, cinquante ans après la chute de Saïgon. Pas la peine de m’engueuler, de me dire que ça ne marchera pas, qu’il y aura un sursaut, ou que sais je encore ? Je n’ai pas voté Trump, je me contente d’observer. Ce que je vois, c’est que les réseaux sociaux ne servent à rien, que la mobilisation citoyenne est inefficace et que, tout ce qu’on me vend depuis des années comme des instruments de progrès vers un avenir meilleur ne fonctionne pas. Parce que, réseau ou pas, derrière ton ordinateur, t’es tout seul. Et qu’un individu seul ne va jamais bien loin. On te fait croire que t’es un groupe, mais c’est faux, ton groupe n’existe pas. Il est virtuel. Inexistant. Quand tu pètes, personne ne sent.

Avec Trump, les USA vont disparaître parce que la pseudo-modernité va disparaître et qu’elle est le seul moteur économique du capitalisme moribond. Quand tes principales forces économiques s’appellent Facebook ou Twitter, t’es moins puissant que quand c’est Lockheed ou Gruman. Les USA ont préféré investir dans Twitter que dans Lockheed. Il va falloir payer. Un pays ne se défend pas en échangeant des bisous ou des likes mais en échangeant des baffes.

Mais, méééhhh…. C’est ça la modernité. On est civilisés, on n’échange pas de baffes. C’est exact. Mais si le mec en face te colle une baffe, tu fais quoi ? Concrètement. Tu le supprimes de tes amis Facebook ?

Trump, il est niqué grave. Il va le découvrir. Il va découvrir que son armée n’est plus la plus puissante du monde. Il va même découvrir que ça n’a jamais été le cas. Jour après Jour, il va s’apercevoir qu’il ne peut plus faire que les USA soient « Great again », que toutes les cartes sont biaisées. Il va devoir s’adapter et il va accumuler les erreurs, tout simplement parce qu’il n’est pas prêt. Pas prêt à découvrir le réel.


On en reparlera

samedi 28 janvier 2017

FILLON ET LA CORRIDA

Il m’est revenu un fait en mémoire. Quand il était un jeune politique aux souliers d’avenir, Fillon venait assez souvent voir son cousin Philippe. A Bayonne. Et Philippe ou Jean Grenet qui était alors notre bon Maire, l’invitait à la corrida.

Il y montrait un plaisir non dissimulé. Et je suspecte Philippe de l’avoir initié avec soin et patience car il en est fort capable.

Du jour où il a été Premier Ministre, fini, terminé. A priori un Premier Ministre ne doit rien partager avec Leiris, Picasso ou Hemingway .Je soupçonne dans cette absence la patte d’un communicant mononeuronal qui lui a soufflé, le con, qu’il pourrait y perdre des voix.

On y est. Je veux dire dans la perte de voix. Et pas qu’un peu.  Rien à voir avec les epsiloniques votes des sympathisants peu sympathiques du CRAC qui doivent représenter moins de 0,3% des suffrages nationaux. J’ai mis nationaux pour avoir un chiffre. Si tu passes au sud de la Garonne, on plafonne à 0,1%.

Ce qui est chiant avec les communicants, c’est qu’ils sont sympathiques et, par voie de conséquence, on ne peut pas les traiter de cons. Ils sont cons parce qu’ils ont l’obsession d‘un triangle qui va de la rue Saint Guillaume à la rue de Lille et à la rue Malard (ça, c’est un clin d’œil à ceux qui regardent la vraie actualité). En gros, les communicants communiquent d’abord à l’adresse des autres communicants et des journalistes, le monde des sciencepotards prompts à détester Trump et la corrida.

Il se trouve, pseudospécialistes, que les électeurs ne fonctionnent pas comme vous. Que Fillon aille voir tuer un toro, ils s’en foutent. Que Pénélope prenne 9000 euro par mois, ça, ils ne s’en foutent pas. Ce qui peut vous paraitre, à vous, comme un salaire « normal », est pour eux un scandale. Elle n’a rien en face, ni profil, ni diplômes (sa fiche Wikipedia la donne pour « avocate de formation »),ni talents, ni carrière. Rien que le fait d’être la femme de son mari, discrète épouse aux talents cachés.

Communiquons comme Charlie Hebdo  « Elle était payée pour se faire embourber ». C’est pas joli ? j’ai pas trouvé pire, sur l’instant. Mais ça, c’est ce que les électeurs voient et comprennent. C’est pas le langage de la rue des Saints-Pères, c’est l’analyse du Bar du Commerce à Meymac ou Pont-à-Mousson. A Pont-à-Mousson, c’est peut être le Bar de l’Industrie.

Je l’ai déjà dit des dizaines de fois. Les hommes politiques (femmes inclues) ont cessé de parler au peuple. Quand ils font des efforts, ça sonne faux, comme Mélenchon, par exemple. Parce qu’ils prêtent au peuple des sentiments qui ne sont pas les siens, exprimés par des mots qui ne sont pas les siens. Tout faux. Quand je vois Hamon imiter Macron en hurlant façon Troisième Reich, ça ne trompe personne. Regardez Trump  il n’imite pas Adolph. Marine non plus.

Je vous le dis, on n’a pas fini de se marrer.


On en reparlera

mardi 3 janvier 2017

FEIGNONS D’EN ETRE L’ORGANISATEUR

C’est une citation de Jean Cocteau qui est désormais le leitmotiv des politiques de tout bord

Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d’en être l’organisateur

C’est assez clair et j’y pensais ce matin en lisant Sud-Ouest qui s’émerveille de l’augmentation démographique de la « Nouvelle Aquitaine ». Premier point, cette Aquitaine n’est nouvelle que pour ceux qui ne savent rien de l’Histoire. Elle correspond, peu ou prou au Duché de Poitiers au XIIème siècle. Y’a plus nouveau, sauf pour Rousset qui est moderne et fait du nouveau avec de l’ancien.

En lisant ça, je pensais au vieux Xavier de Planhol, l’un des plus intéressants géographes français que plus personne ne lit car il était plutôt de droite et être caractérisé « faf », ça condamne une pensée, même si elle est intéressante et structurée.. Nous sommes aux temps où l’étiquette suffit pour parler.

L’un des thèmes de recherhe de de Planhol, c’était la naissance des villes au Proche-Orient, leur développement et leur capacité de polarisation, c’est à dire de structuration d’un territoire. Doit on dire que c’est un sujet parfaitement actuel dont certains géographes font leur miel sans jamais citer de Planhol. S’appuyant sur le données géographiques, de Planhol décrivait très tôt des migrations saisonnières, des bouts de population qui allaient dans les montagnes du Liban chercher la fraicheur l’été. Un pré-tourisme, 2000 ans avant notre ère.

Ces migrations ont continué avant de culminer au XIXème siècle dans la fréquentation balnéaire des « têtes couronnées ». Sissi la tubarde sur la Côte d’Azur, Napo et sa montijotte à Biarritz. Quand ces gens là se déplacent, leurs copains viennent leur rendre visite. Leurs copains mais aussi tous les lèche-culs qui ne peuvent s’éloigner du pouvoir. Attention : ils ne viennent pas lécher les culs, ils viennent pour d’excellentes raisons rabachées à l’envi par les hygiénistes. La douceur du climat, le soleil qui tue les bacilles, l’air marin qui décrasse les bronches. Que le soleil favorise le mélanome, ils le savaient pas. Ils savaient pas tout, mais ça allait.

Après, y’a plus qu’à attendre. Les lèche-culs, ils continuent à venir vu qu’ils ont acheté la maison pas loin de la tête couronnée, et puis leurs enfants viennent pour rentabiliser l’investissement, puis leurs petits enfants, qui finissent par t’expliquer qu’ils sont d’ici alors qu’ils votent à Neuilly. Lèche-culs, radins, menteurs, ça fait de belles générations pour le CAC 40. Année après année, le stéréotype gonfle et embellit, le cadre fait comme son patron et achète une villa en banlieue du balnéaire pour pouvoir lécher le cul à son tour. Bon, on s’éloigne un peu du palais d’origine  mais si tu vas à Soorts tu peux toujours affirmer aller en vacances sur la Côte basque. Y’a que moi qui râle, ça va pas bien loin.

Le tropisme est en marche. Les vacances, c’est au Sud, pas au Nord. La retraite emboite le pas. La population gonfle, plus exactement, elle fait de la gonflette, les populations allogènes ou exogènes agissent comme les endorphines chez les haltérophiles.

Le politique local, il voit ça, il éructe « Qu’est ce que je suis bon, ils viennent chez moi ». Il refuse de voir qu’il peut faire n’importe quoi, comme construire une grosse merde sur la Grande Plage à Biarritz, le mouvement n’en sera pas inversé.

L’action des politiques compte moins que la vision mise dans la tête par les médias, vision toujours simplificatrice ou simplifiée, amplifiée par les hordes de couillons de base qui balbutient leur bonheur d’être venus dans ce quasi-paradis. Parenthèse : après trente ans de tourisme, je continue de constater que personne, jamais, n’affirme s’être trompé sur le choix d’une destination et avoir passé des vacances de merde.

Et donc, les politiques font semblant d’avoir organisé une croissance qui ne leur doit rien. Alors qu’ils ne font rien et poursuivent leur aménagement basé sur un état des lieux obsolète ce qui explique que les plans de circulation ou l’aménagement des parkings ne tiennent jamais compte des variations saisonnières, ni des prévisions de croissance. Ne parlons pas des réseaux d’épuration ou de la politique culturelle.

Avant de voter, pensons y. Aurons nous des candidats avec une vision intelligente, structurée, cohérente, ce qui signifie aussi une vision limitative car aucune croissance, jamais, ne s’est poursuivie ad libitum.

C’est une simple question d’équilibre. On ne peut imaginer une croissance démographique basée sur le bétonnage du littoral.

En fait, on ne peut imaginer une politique dont le maître mot est « feignons ».


Parce qu’on ne feinte pas avec le réel.