vendredi 19 mai 2017

JOURNALISTES A CREDIT


 Alors, le truc qui marche aujourd’hui, c’est la défense de la liberté de la presse contre le méchant Macron et ses demandes liberticides.. Je précise que je n’ai pas voté Macron, estimant qu’un banquier dérégulateur n’était pas ma cup of tea.

Mais qu’a dit Macron qui provoque l’ire des bien-pensants. ? Que n’importe qui ne suivrait pas ses voyages. Et donc il convient de rappeler quelques vérités premières.

Première vérité : le journaliste tout terrain n’existe pas. Un journaliste, c’est un carnet d’adresses, des réseaux, des contacts, toute une machine à faire sortir et remonter l’info. L’un des premiers que j’ai connu était l’immense Lucien Bodard. Lui, son boulot c’était la Chine et l’Asie du Sud.. Si Lazareff lui avait proposé un reportage en Patagonie orientale, il se serait fait envoyer sur les roses. Idem pour Jean Lacouture. Egypte, Vietnam, il faisait, pas l’Ecosse du nord. On appelle ça conscience professionnelle : je travaille sur les sujets que je connais mieux que les autres et je mets mon savoir à la disposition de mes lecteurs. On pourrait accumuler les exemples venus d’un autre temps.

La liberté de la presse, c’est ça : permettre aux meilleurs de creuser un sujet, présenter des discours occultés, mettre en évidence le détail qui fait sens.

Seconde vérité : les présentateurs ne sont pas des journalistes, comme les maisons de la presse ne sont pas des librairies. Le présentateur, c’est juste une belle gueule qui met en forme les infos recueillies par d’autres. Une sorte de maquettiste. Journaliste, c’est chercheur d’or : manipuler des tonnes pour recueillir quelques pépites. Un journaliste, c’est un monomaniaque

Caricature : Pascal Praud qui alterne talk shows politiques et sportifs et passe sans souci de Matignon au Stade de France et de Macron à Deschamps. Ou bien il a une équipe colossale pour ratisser le terrain, ou bien il fait pas son boulot à fond. Vu que Bolloré ne les attache pas avec des saucisses….

Troisième vérité : qui commande paye. Le journaliste en déplacement officiel, il est invité. Rincé, payé. Moi, je trouve pas choquant qu’un mec, fut-il Président de la République, n’ait pas envie de voyager avec un autre mec qui ne peut pas le blairer, le dézingue à la première occasion ou pue de la gueule…..Surtout si c’est lui qui paye le voyage. Je tiens le pari que ces zozos qui hurlent au non respect de la liberté de la presse ne sont pas respectables (professionnellement), pas au niveau, tout simplement et qu’ils avancent masqués derrière des principes qu’ils ne respectent pas.

Je pense à des trucs , comme ce branlotin qui m’a dit une fois : Ho ! c’est bien suffisant pour mes lecteurs. Suffisant ? Elle est où la suffisance ? Mais je pense aussi à des pros, comme Maurice Denuzière ou Jean-Michel Durand-Souffland qui passait des semaines à préparer leurs reportages. Ils venaient à la librairie chercher des livres et des noms, ils lisaient, interrogeaient et partaient quelques semaines plus tard, imprégnés du savoir qu’ils avaient accumulé. On est loin du cliché du reporter bouclant sa valise en une heure…

Si on m’avait dit, il y a quinze jours, que je défendrais Macron, j’y aurais pas cru..


On en reparlera…

jeudi 18 mai 2017

AYMERIC CARON, LA PENSÉE DÉFICIENTE

 C’était dans Libé ; hier…. Une tribune du très grand journaliste Aymeric Caron contre l’investiture de En Marche donnée à Marie Sara, ex-Madame Henri Leconte., au motif qu’elle a tué des toros. Aymeric Caron est vegan et en tire une large partie de son infime gloire. Ancien correspondant de guerre, Aymeric Caron est déjà occulté par le souvenir de son homonyme, Gilles Caron, qui a eu le bon goût de se faire tuer  au Viet-Nam, comme le correspondant de guerre qu’il était vraiment.

Un bon journaliste n’occulte aucun fait.. Et donc, rappelons à Aymeric Caron que le premier chef d’Etat moderne à prôner le végétarianisme s’appelait Adolf Hitler. Peut on en conclure que vegan et barbarie nazie sont liés ? Je ne le ferais pas ; ce serait indécent. Caron, lui, n’hésiterait pas s’il trouvait dans la fange ce type d’argument.

Il est copain avec Matthieu Ricard qui fut aussi le grand copain de Robert Ménard quand il s’agissait de défendre la cause tibétaine. Vieille alliance entre les Teutons rhénans et les lamas du Brahmapoutre (http://rchabaud.blogspot.fr/2014/02/les-verts-et-les-bruns.html). Aujourd’hui Caron déteste Ménard.

Quand Ménard organisait les manifs contre la flamme olympique chinoise, il était soutenu par Matthieu Ricard et par le chef de cabinet de Delanoé, un certain Nicolas Revel, par ailleurs demi-frère de Ricard, secrétaire général adjoint de l’Elysée en tandem avec Macron, nommé récemment patron de l’assurance maladie ce qui laisse mal augurer de l’avenir des CPAM. Ménard, devenu inutile, a été jeté par ses anciens amis. Caron est resté du côté du manche, comme toujours, et s’est reconstruit une bio présentable.


Ces imbéciles de parents sont entrainés dans ce genre de conneries par les pseudo-intellos qui utilisent la rhétorique pour donner la mort. « Lait végétal », c’est un oxymore vu qu’il est impossible que le lait, substance animale, soit végétale. Les coupables ne sont pas des parents décérébrés mais ceux qui truquent, trichent, dévoient les mots pour inventer des concepts qui les arrangent.

Dans sa bio Wikipédia, Caron affirme tenir de sa mère un « côté protestant ». Ça fait bien le protestant, ça fait honnête et rigoureux. Pour avoir été élevé par une mère protestante (avec même des pasteurs dans la famille) et formé par un directeur de thèse protestant (Roland Barthes), je me permets de rigoler car je sais que le protestantisme ne pousse pas pareil à Nérac, chez Jeanne d’Albret, et dans les Provinces-Unies. Faut dire que le confit de canard n’est pas exactement le hareng fumé et qu’un petit Buzet n’est pas une bière, fut-elle d’abbaye. Je ne parlerai pas de sexualité, ça nous entrainerait trop loin, avec Gide à Tanger, par exemple.

Ceci permet d’ouvrir le rideau. Les mots écrasent la réflexion et, grâce à la télé, on sait désormais que parler, c’est penser et que les présentateurs sont des journalistes. Caron peut toujours reprocher à Marie Sara ses toros. Il sait bien que personne n’ira lui reprocher les enfants dénutris, parfois jusqu’à la mort, que son babillage crée. Avec son réseau, il avance à bas bruit, cache ses forfaits, élimine ses amitiés gênantes et lisse avec affectation sa séduisante mèche.

Tu veux dire quoi, là ? Que c’est une ordure ?

J’ai dit ça ? moi ?


On en reparlera….

samedi 13 mai 2017

LE RENOUVEAU

Jadis on avait une règle simple d’évaluation : dis moi d’où tu parles..
Pour Macron, ça fonctionnait bien : banque d’affaires à main gauche, Elysée à  main droite. Deux lieux de parole qui ne laissaient aucun doute quant à ce qui nous attendait.

Et donc on savait que la discursivité macronienne n’avait qu’un seul but : préparer les discours suivants, ceux qui seraient écrits pour expliquer que, les choses étant ce qu’elles sont, il faut oublier les premières promesses.

Il fait fort le petit nouveau.. Il se place en candidat du renouveau et il appelle au secours ce cancre de Bayrou, quarante ans de politique, tous les postes possibles, de maire à ministre et dont les électeurs locaux ne veulent plus tant ils le trouve calamiteux. L‘homme qui a transformé l’UDF, second parti de France en Modem, un parti qui peut tenir ses congrès dans une cabine téléphonique. Même son vieux copain Lassalle n’en veut plus. Bayrou, c’est le renouveau-Emmaus, donnez une nouvelle chance à vos appareils usés.

Chez lui, il vient d’annoncer les investitures du renouveau. On a une vieille militante de tous les partis, trente ans de vie politique, qui nous prouve qu’enfin le renouveau est possible après la ménopause. La jeunette de service ouvre un autre volet : elle est fille du président du conseil départemental. C’est le renouveau népotique. Comme ce jeune maire, fils de l‘ancien maire.

J’en ai vu quelques autres du même acabit, où on recycle de la vieille copine, chargeant de préparer la société de nos enfants à des nanas trop vieilles pour en faire. (Paraît qu’on ne doit pas dire ça, je m’en fous,c’est dit). Le népotisme, il est entré dans les mœurs, il a été normalisé ; on trouve normal qu’un fils d’ouvrier soit ouvrier, et donc normal qu’un fils de maire soit maire.

Il y a des chiffres qui font peur. Je lis qu’après l’élection, EM a reçu près de 20 000 demandes d’investiture, soit une bonne quarantaine par circonscription. Preuve qu’il y a eu beaucoup de couillons pour y croire et se voir en hussards du renouveau. Que derrière, la machine à activer les réseaux se soit mise en marche, c’est normal. Où irait on si les amateurs piquent les jobs des professionnels ? D’ailleurs, le renouveau va fonctionner. Le nouveau Président va piquer des vieilles charrues à droite comme à gauche. Sarkozy nous l’avait déjà fait ce qui nous avait permis d’avoir Kouchner au Quai d’Orsay.

Poudre aux yeux et rideau de fumée. Il paraît que Frédéric Mitterrand trouve Macron émouvant dans sa fragilité. Et c’est un connaisseur qui parle, un homme qui a toujours été ému par les petits jeunes. Quand tu as été associé chez Rothschild, tu n’es pas fragile, tu es un prédateur et dans le cas qui nous occupe, un prédateur choisi par ses pairs, et donc moins fragile qu’eux.

N’attendons pas le nom du Premier Ministre. Lui sera choisi avec soin pour incarner le renouveau. Regardons derrière la cohorte des prébendes à maroquin qui viendra recycler des vieux expérimentés, des conseillers copains d’école et des fils de…

Donnons le coup de descabello. Macron est fidèle à lui même. Comment un gérontophile peut-il incarner le renouveau ? Quand il était en culottes courtes, sa femme votait déjà pour Bayrou..


On en reparlera..d’autant que  j’ai l’âge désormais de me moquer des vieux.