mercredi 26 juillet 2017

PRIVÉ-PUBLIC

Qu’est ce qu’un lieu public ? En premier lieu, un lieu appartenant à la puissance publique, un bâtiment officiel. Tout comme un lieu privé est un lieu appartenant à une personne privée.

La différence est fondée sur la qualité du propriétaire. C’est clair, simple et indubitable.

Or donc, voici que, depuis des années, cette différence a été gommée, par l’Etat lui même. Est considéré comme public, tout lieu susceptible d’accueillir du public. Ce qui n’est à l’évidence, pas le cas. .Certains lieux sont des lieux privés susceptibles d’accueillir du public. Tous les commerces, par exemple.

Le commerçant est un homme libre. Cette liberté inclut le choix de vendre ce qu’il veut, à qui il veut, dans les conditions qu’il détermine librement.

Bon, moi je ne m’intéresse qu’aux biens culturels. Les livres, pour lesquels j’ai quelque expérience, mais ce peut être la gastronomie, par exemple. Premier point : il y a des gens qu’on n’a pas envie de servir. C’est pas une question de couleur ou je ne sais quoi. C’est des gens qui te parlent mal. Le mec qui entre chez toi et te dit pas bonjour. Ouais, c’est pas important… Ben si…Moi, le mec qui entre chez moi et me dit pas bonjour, je veux dire normalement, poliment, en français correct, il peut aller crever ailleurs. Moi, je suis un commerçant normal, pas une grande surface à la con. Tu entres, tu enlèves ta coiffure. Ben oui, les codes de la politesse imposent que tu enlèves ton chapeau ou ta casquette. Tu me trouves ringard ? Tu vas ailleurs. Si tu veux pas de mes codes, tu veux pas de ma marchandise. Je te rejette pas. C’est toi qui me rejettes en rejettant mes codes.

C’est toi qui veux m’entraîner dans un monde qui n’est pas le mien. Un monde avec tes horaires, tes envies, tes produits. Moi, je décide de mes horaires, de mes envies, de mes produits. Si ça te va pas, tu vas ailleurs. Tu peux hurler ou pleurer que c’est chez moi que tu veux venir. Tu viens. Mais à mes conditions. Tu refuses de me vendre ? Oui, la loi m’y autorise, si j’ai un motif légitime.Par exemple, si tu te pointes hors de mes heures d’ouverture. En ai-je vu débarquer à 18 h 58, me prenant pour un con avec des explications pourries.. Surtout le samedi, les bras chargés de sacs venus d’ailleurs. J’avais une raison toute prête : vous avez jugé que les achats faits ailleurs étaient prioritaires, tant pis pour vous, j’aime à être en tête de la liste de courses, on a sa fierté... J’en ai juste pour cinq minutes.. Raison de plus : acheter des livres, c’est sérieux, ça se fait pas en cinq minutes, il faut qu’on parle, qu’on échange. Si vous méprisez ainsi le livre, nous n’avons rien à échanger.

Mes clients, les vrais, les fidèles, ils savaient. Ils me pardonnaient tout et je le leur rendais bien… Un commerçant vend un produit. Pas de l’amour ou de la compassion. A fortiori de la compréhension. Ça, c’est en plus, ça se facture pas, c’est si je veux bien. Si tu le mérites. C’est vrai qu’il y a une dimension non-monétaire du commerce mais rien ne la réglemente. Si tu veux que je te comprenne, commence par me comprendre. On appelle ça vivre en société.

C’est basé sur rien. Un feeling, une parole. C’est quasi une relation amoureuse. Non tarifée. Un jour, je vous débarquer un jeune et beau mec qui voulait acheter des cartes pour faire le rallye Abidjan-Nice. On parle, il était un peu largué, il ne connaissait rien à l’Afrique et rien aux cartes. Il soulignait ses lacunes, en demande de connaissances autant que de papier. A la fin, deux ou trois heures après, je lui ai fait cadeau de ses cartes. Le budget était pas énorme, le cadeau pas somptueux, mais il n’a jamais oublié cette après midi. L’année suivante, il créait le Paris-Dakar dont il me nommait cartographe officiel. J’étais devenu copain avec Thierry Sabine. Comme on peut l’imaginer, le cadeau a été remboursé au centuple mais ça ne comptait pas. Thierry a eu des dizaines de propositions pour me remplacer, il a toujours tout rejeté. On avait cette après-midi entre nous que rien ne pouvait acheter. Car, contrairement à ce qu’on en a dit, Thierry n’était pas vénal.

Le commerce, c’est ça. Pas un échange de biens contre un chèque sous le regard froid du Code de la Consommation.

Après, il y a toujours des caguemerdes pour pourrir le jeu. Restau bayonnais. J’y déjeune, comme souvent. Entre un couple avec un gosse d’une dizaine d’années. Ils posent sur la table, bien en évidence le guide qui affirme que l’apéro sera offert sur présentation du dit guide. Le patron offre donc l’apéro. Trois apéros. Et la petite famille commande UN repas en demandant que l’entrée soit servie à Madame, le plat à Monsieur et le dessert au gniard. Ils se croyaient malins : trois apéros pour un menu du jour. Le patron les a virés en leur offrant leur apéro. Avec dignité et fermeté. Ils sont partis la rage aux lèvres affirmant qu’ils allaient écrire à l’éditeur et qu’on allait voir ce qu’on allait voir.

C’est pour ça que les consuméristes me gavent. L’utilisation de la loi pour faire chier les petits commerçants sans s’attaquer aux gros poissons.. La non-prise en compte des petites ruses mesquines qui détruisent le lien commercial. L’acceptation des escroqueries intellectuelles comme ces innombrables « poissons de la criée » qui fleurissent en bord de mer même quand les poissons arrivent en camion d’une criée située à 200 kilomètres.

La destruction du commerce de proximité par l’e-commerce est une catastrophe car cela ramène le commerce à sa dimension in-signifiante : le prix.

Mais, il faudra en reparler


lundi 24 juillet 2017

PARLONS DES ECOLOS

Ça me revient et j’ai envie d’en parler… C’était dans les années 2000. Je faisais dans l’édition écologique, je publiais des livres d’histoire naturelle, pas d’écologie. Des trucs imbittables sur la mémoire chez les corvidés ou le relevé des espèces avaires dans la forêt de Fontainebleau… Nicolas Hulot soufflait dans son micro… Forcément, j’avais plein de copains dans les facs..et ailleurs. Comme Jean-Philippe Siblet. Lui, il était facteur. Quand je l’ai édité, qu’est ce que j’ai pas entendu !! C’est qu’il était pas dans le sérail, Jean-Philippe. Je vous rassure, il y est. Il gère la biodiversité au Muséum. C’est comme ça qu’on apprend qu’on a de la vista, qu’on sait juger les hommes.

Il y avait un problème en Guyane. Il fallait produire du propergol à Kourou pour servir de carburant à la belle Ariane. Jusque là, le propergol il naviguait de Bordeaux à Cayenne et tout le monde craignait le naufrage. Produire sur place devenait logique. Mais voilà, pour ça, fallait de l’électricité. Et donc, on a nommé une commission scientifique. Je me souviens, nous les herpétologues, on avait désigné Jean Lescure. Impeccable ! Vingt ans de travail sur l’herpétofaune guyanaise, CNRS, Muséum. Y’avait aussi Jean-Pierre Gasc, il me semble. Même profil.

Et donc, la commission scientifique, elle a conclu à la nécessité de construire une centrale nucléaire.. Hou là !!! La réaction fut à la mesure de la conclusion. Du nucléaire !! Alors qu’il n’y avait aucune centrale en Amérique Latine !! Z’étaient fous les universitaires. On a donc déplacé le problème du champ scientifique vers le champ politique et EDF a construit le barrage de la Sinnamary, plus connu sous le nom de barrage de Petit-Saut. Je me souviens de copains vent debout.. Comme ce cher Exbrayat, spécialiste européen des Cécilidés. C’est des sortes d’amphibiens apodes qui vivent dans l’humus de la forêt amazonienne. Mal étudiés les amphibiens et mal connus. Exbrayat, il avait calculé qu’on allait rayer de nos connaissances un beau paquet d’espèces mais, à l’époque, tout le monde se foutait de la biodiversité. Chaque spécialiste hurlait à la destruction du biotope pour ses petites bêtes

Mais, tu sais ce que c’est ? Quand tu fais traiter un problème par les ignares, tu as une solution qui plait aux ignares lesquels sont plus nombreux que ceux qui savent. Et donc, l’opinion publique, composée de même, donne raison aux cons. Lesquels, en l’occurrence, étaient peints en vert.

Vint ans après, on peut faire le point. En zone tropicale, sous l’effet conjugué de la chaleur et d’une abondante biomasse, les retenues d’eau agissent comme un réacteur à produire du méthane et autres gaz à effet de serre. Le barrage de Petit-Saut en produit autant qu’une centrale thermique. Ha oui ? Oui.

Le barrage a noyé 400 km2 de forêt tropicale. Ce qui a disparu, on ne sait pas, vu qu’aucun inventaire exhaustif n’avait été fait. Mais ce ne sont que des insectes, des amphibiens, des choses qui n’intéressent personne, et surtout pas Brigitte Bardot, l’icône ridée des mémères à chat. Y’a aussi des plantes, mais ça…Monsanto s’en fout. Du moins, c’est bon pour les poissons.. Même pas. Le préfet vient de limiter la pêche dans le lac de retenue. L’eutrophisation excessive a fait baisser la « ressource halieutique », comme ils disent. Sympa, pour les Guyanais qui vivent du poisson. En aval, la population piscicole a également baissé du fait du manque d’oxygénation de l’eau.

EDF avait organisé une belle opération appelée Arche de Noé pour montrer des mecs récupérant des mignons singes pelucheux et des oiseaux bellement coloriés. Ça fait du bien à l'image. Les mygales, on s'en fout.

Dernier point : le barrage ne suffit plus à assumer les besoins guyanais. Je vous rassure : malgré le désastre écologique constaté, ils n’envisageront même pas la solution nucléaire.

J’adore cette histoire….Elle marque bien la connerie dont nous sommes capables quand nous ne faisons pas confiance aux spécialistes formés par la République. Quand nous leur préférons les histrions formés à notre manipulation.

Et moi, je vais perdre quelques copains. Un apologiste du nucléaire, c’est quasi pire qu’un pédophile…


On en reparlera…

dimanche 23 juillet 2017

LE FARDEAU DES GÉOGRAPHES

C’est sur leurs épaules et ils ne peuvent l’ôter. Ils ne peuvent même pas en parler sans être voués aux gémonies…. Alors, ils ont la parole honteuse et mesurée, ils avancent à bas bruit, ils se cachent derrière le vocabulaire et les statistiques. Comment peuvent ils dire ?

La géographie est inégalitaire.

Voilà, c’est dit. Et quand c’est dit, on fait quoi ?

Au pire, on se transforme en aménageurs pour trouver les rustines dont les gouvernements ont besoin.. Faire croire que le Progrès va régler les problèmes que le Progrès a ajouté aux conditions premières. On a un bel exemple en Europe avec les Pays-Bas. Rien que le nom, ça t’encourage pas à émigrer…Voilà quelques siècles qu’ils se battent contre l’inondation…Avec le Progrès général, le réchauffement climatique leur promet le bain de cul pour pas longtemps. Et donc, ils poursuivent, ils progressent, avec l’idée qu’ils vont gagner. Progrès contre Progrès… On verra….. Moi, je doute…mais c’est ma nature…

Le géographe, il peut pas dire que le natif du Mali risque plus de crever de faim que l’indigène de Normandie. Ou alors avec plein de circonlocutions. Vous verrez jamais un géographe parler cash. Dire : « Ben, c’est pas de pot, t’es pas né au bon endroit…. » C’est pas un hasard si les migrants du 18ème, ils viennent de la corne de l’Afrique et du Soudan du sud. L’Afrique est pas riche, mais l’Erythrée et le Soudan, c’est le pompon. Dis pas ça… Tu as tout de suite un zigue pour te dire « Oui, mais il a droit…. ». Oui, il a droit de crever ou d’émigrer. Les deux, parfois…..pas en même temps.

Ça, c’est le constat. Suit la question. Est ce que le fait d’être né dans un endroit merdique donne le droit d’aller ailleurs ? Surtout, si c’est chez moi….Moi, j’ai du bol, je suis né dans la plus belle région du plus beau pays du monde. Et  j’ai pas envie de partager .. Mais c’est pas bien ! Salaud ! Egoiste….

Oui..Egoiste. Et alors ?  Tu me fais la morale..Tu partages, toi ? L’égoisme, c’est le vilain nom de la survie. Avant de m’engueuler, dis moi ce que tu partages. Ton appartement ? Ta voiture ? Ta femme ? Ton boulot ? Tes économies ? Ben, tu vois. Ce que tu partages, c’est tes idées. Moi aussi. J’en ai pas trop, alors c’est facile. On peut avoir des postures, style BHL. Mais le partage, le vrai, personne n’y va. Même pas BHL…

La géographie est mère de l’égoisme Quand t’es Teuton installé dans le Mecklembourg-Poméranie, tu rêves de Provence. Tu tentes…Trois fois en moins d’un siècle mais ça marche pas. Et donc tu fais l’Europe. Moyen délicat et politique de mettre la Provence chez toi. T’es tranquille. Les fils de Pagnol, la Baltique, ils envient pas. D’ailleurs, personne n’envie. Mais tu viens d’annexer le pays où le citronnier fleurit sans que personne n’ait vu. Génial….

Le Provençal, il voit. Il assiste, impuissant, à la conquête de la lavande. C’est le monde nouveau. Le Provençal, il va trouver que Marine dit pas que des conneries. Peu à peu s’installe effectivement un monde nouveau. Un monde à rebours où les haines vont fleurir autant que le citronnier. Ho là ! Polop ! C’est pas ça qu’était prévu.

Le géographe, du coup, il est dans la merde. Alors, il cherche. Comme ce bon Augustin qui me sort la mésologie de sa manche. On a pas pu en parler, Augustin, mais la mésologie, j’adhère. Je pourrais t’aider à étudier mon milieu. On commencerait par l’impact des marées sur le territoire des évêques, histoire de poser le cadre de façon bien géographique. Juste pour dire que, chez moi, l’évêché fonctionne pas comme le décrit Florian Mazel. Normal, le Pays basque, c’est pas la Mayenne. On en viendrait vite à la singularité. On en viendrait à dire que la géographie n’a aucun caractère général..Peut être discuterions nous de l’influence vidalienne : et si les villes n’avaient aucun poids dans l’analyse des territoires ? Et si, prendre des villes pour fondement de l’aménagement était une erreur ?

Alors, on parachèverait la mort des géographes… Nous ajouterions l’impuissance à l’inégalité. On en a brûlés pour moins que ça…



On en reparlera…

jeudi 20 juillet 2017

LE RETOUR DE L’ARMÉE

De Gaulle, après le putsch avait réussi  se débarrasser de l’armée comme force politique. Ça a duré une cinquantaine d’années qui nous ont fait oublier cette vérité première : les militaires sont des citoyens comme les autres. Et, comme tels, ils peuvent juger de l’action du gouvernement. Voire s’y opposer comme n’importe quel syndicaliste ou zadiste nantais.

Ha ! mais non ! ils doivent obéir au chef des armées…..En principe, oui. Mais on obéit mieux à qui sait le sujet. Autour de De Gaulle qui avait quelques lumières, il y avait des pros : Chaban, Billotte, Messmer pouvaient montrer leurs états de service. On était entre pairs. Voilà quelques années que les gouvernements sont désespérément civils. Il n’existe aucune passerelle de communication. En écoutant Macron aujourd’hui, je pensais que la plupart des militaires que je connais devaient se sentir pris pour des cons. Et ça, c’est pas bon. Surtout que les militaires savent que les économies ne sont pas économes de l’essentiel : leurs vies.

Ce sujet, le retour de l’armée en politique, voilà longtemps qu’il est perceptible. J’avais commis un roman sur le sujet, refusé par de nombreux éditeurs, où je suggérais que le cursus de l’ENA ne puisse pas être complété sans une année de service militaire dans un régiment « action ». Je me suis fait accuser de sexisme. Il me paraissait pourtant évident qu’on ne peut pas gouverner sans connaître le poids de la chose militaire et que seuls ces régiments connaissent la guerre.

Quand on parle de militaires, il faut, bien entendu, compter les anciens militaires. Tous ceux, surtout sous-officiers, qui ont passé cinq dix, quinze ans sous les drapeaux, ont connu les théâtres d’opérations extérieures et sont revenus à la vie civile. Je n’ai trouvé aucune statistique sur leur nombre mais ils sont quelques milliers et eux ne sont tenus à aucune réserve ni à une quelconque obéissance.

Peu sont politiquement corrects. Certains ne sont franchement pas présentables. Mais ils sont là, plus nombreux que beaucoup qui tiennent le haut du pavé. Je pense souvent à mon copain Loulou qui me parlait de ses copains morts dans l’attentat du Drakkar. En 1983. Morts et jamais vengés. Peut être que c’est pas bien mais la vengeance est l’ADN des guerriers. Loulou, il estimaait que ses copains étaient morts pour rien. Pas pour la France. Pour rien. Et pour Loulou, la France, c’était pas rien.

Macron et ses copains énarques sont incapables de comprendre. Pour eux, l’armée est un simple poste budgétaire. Et ça, les militaires supportent pas. Bien entendu, les gradés de haut niveau peuvent donner le change.. Mais dès qu’on descend dans la hiérarchie, dans les rangs de ceux qui vont mourir, ça ne passe plus.

C’est qu’il existe un mental militaire. Un truc bizarre fait de nationalisme, de haine de l’ennemi, d’un zeste de racisme (c’est qui l’ennemi ? celui qui tue mes copains), d’un poil de rejet. Ce mental, on l’aime ou pas. Mais ça, on s’en fout. En avons nous besoin ? Avons nous besoin d’un groupe de citoyens prêt à mourir pour nous défendre ?

Mais ceci suppose que nous acceptions l’idée d’une menace. Si nous évacuons la menace, la réponse va de soi. Ce que nous n’aimons pas chez les militaires, c’est qu’ils nous voient menacés. Ils nous voient avec des ennemis alors que nous voulons que tout le monde nous aime.

On peut y croire….C’est vrai que quelques plaques de marbre ne grèveront pas le budget de la Défense..


On en reparlera….

jeudi 6 juillet 2017

JOURNALISTES AU RABAIS



J’y ai encore eu droit et ça me rend sauvage…Parce que la langue française est respectable et qu’elle est violée quotidiennement par des branlotins incapables. L’un de ces branlotins, ce matin, me fait un plan de merde sur je ne sais quel peuple décimé.
 Décimé !  en français, la décimation est un acte consistant à prendre un bonhomme sur dix et à l’executer..Décimer..un sur dix…L’étymologie éclaire.. C’est du latin… Et donc, moi, 10% de morts, ça m’en touche une sans faire bouger l’autre.

Le mec (ou la gonzesse, chipotons pas) qui te parle ou écrit sur un peuple décimé, c’et pas un journaliste, c’est un (ou une) sinistre imbécile, un connard mal sorti d’une mauvaise école. En fait, il veut dire exterminé, mais, dans sa tête, décimé, c’est plus chic. C’est vrai, exterminer, ça sent l’artisan éradicateur de cafards. Sauf que le sens des deux mots n’est pas équivalent et que tu peux pas mettre l’un à la place de l‘autre.

Les journalistes au rabais, ça les gène pas. Les mots, ils s’en foutent, ils les connaissent pas. Y compris ceux de Cicéron…. Que n’a t’on pas lu sur la mélenchonienne citation de l’exorde des Catilinaires.. Jusqu’où, Catilina, abuseras tu de notre patience ? Pour plein de mecs, cette citation, banale, était une exceptionnelle découverte. On est loin de Jean-Hérold Paquis qui terminait ses discours par « l’Angleterre, comme Carthage, sera détruite » en référence au Delenda est, Carthago, du vieux Caton. C’était sur Radio-Paris entre 1941 et 1944.

Oserais je le dire ? Je préfère le vieux fasciste qui se réfère à Caton sans le dire, mais en assumant que son auditeur le sait, au branlotin qui a besoin de Mélenchon pour découvrir Cicéron. Parce que le vieux fasciste, il respecte ses auditeurs, il me respecte, il respecte ma culture, notre culture.. Le branlotin ne respecte rien et surtout pas moi qu’il prend pour un vieux con. C’est vrai, je connais mieux Caton qu’Instagram. Et Pandore m’évoque Hésiode, pas la maréchaussée. Mais quand vivras tu avec ton temps et jusqu’où abuseras tu de notre patience ?

Bande de cons, c’est mon temps… Un temps commencé il y a  trente siècles avec Hésiode et qui se poursuit.. Un temps où il y a de la place pour tous ceux qui veulent la prendre. Même Joey Starr ? Même. J’ai écrit ceux qui veulent la prendre..Il a le droit de pas vouloir. C’est vrai que c’est pas le temps des wesh-wesh de banlieue. Encore que…

Les branlotins, ils se décarcassent et me font chier, sur nos rapports avec l’Islam. Aucun ne me parle jamais de Rodrigue Diaz de Bivar.  C’est plus facile d’aller interviewer Tareq Oubrou.. En fait, c’est ça la question.. C’est plus facile.

Bande de merdeux…Si vous allez toujours au plus facile, votre marge de progression va flirter avec zéro.. Vous chiez sur Hésiode et vous jetez son contemporain Zénon aux orties.

Peut on vivre sans Zénon d’Elée ?


On en reparlera…

PS : tout journaliste affirmant qu'un peuple est décimé (et non exterminé) est une merde que son rédac chef doit virer sur l'heure

PS 2/ j'assume un total mépris pour ceux qui n'ont pas un minimum de culture latine

mardi 4 juillet 2017

COUSIN EDMOND

C’était le cousin de Maman. Le dernier représentant d’une lignée de pépiniéristes, paysagistes, jardiniers. Jardinier à l’ancienne qui refusait la mécanisation car elle mettait une distance entre la plante et son regard, mais qui devait l’accepter au nom des impératifs économiques. Les clients n’étaient plus prêts à payer de longues heures de travail. Il souriait : « Je propose toujours deux devis, un manuel et un avec le rotovator. Les clients prennent toujours le rotovator, il est moins cher. Et quand je leur explique que la machine est le meilleur moyen de multiplier les pissenlits et les chardons, ils ne me croient pas. Alors, je fais de la merde et je m’assure le chantier pour l’an prochain ». Avec lui, j’ai beaucoup appris. Avec lui, mais aussi Paul Maymou et Yves Delange. Trois fous de jardins.

« Ecoute moi bien. Si la plus belle plante du monde se naturalise dans ton jardin, tu l’arraches. Ou tu la déplaces. Un jardin n’est que le savoir et la volonté du jardinier. C’est toi qui décides, pas le vent ou un oiseau qui chie. »

Je ne garantis pas les mots, mais c’était le sens. Cette conversation dans la grande cuisine fraiche, je ne l’ai jamais oubliée. Et, à force d’y penser, je suis arrivé à la conclusion que l’art des jardins est le plus complet, le plus difficile, le plus exigeant. Le plus décevant et le plus gratifiant. Ne fut ce qu’à cause de sa dimension temporelle. Le petit truc que tu mets en terre à l’automne aura développé un mètre de végétation à la fin du printemps et sera couvert de fleurs. Cette évolution, tu dois l’intégrer à ton boulot. Mais aussi, celle des années à venir. Il n’y a pas de hasard. Et quand tu as la chance de voir les dessins des grands jardiniers du XVIIème siècle, les tracés de perspective qui n’ont atteint leur maturité qu’au bout d’un siècle, tu comprends que le hasard n’est qu’un emmerdeur. Un jardin n’est que la volonté du jardinier.

Surtout un jardin à l’anglaise. Plus que tout autre, il est fils du savoir. Rien n’y est laissé au hasard. Il offre cette apogée de la pensée, une image de la nature conçue par la culture. Car rien n’y est naturel, tout y est pensé, réfléchi, pesé. Cousin Edmond détestait qu’on touche au terrain, qu’on envoie des bulldozers corriger une éminence ou améliorer une perspective. Il croyait que c’était le boulot du jardinier. Il tolérait pourtant qu’on prépare des fosses pour les plantes acidophiles dont il était un spécialiste, mais c’était encore et toujours la volonté du jardinier. Le désir d’avoir des rhodos en fleur à l’entrée du printemps.. J’ai pensé à lui en Irlande. J’ai oublié le nom de la propriété où Barry Maybury m’avait emmené. Les couleurs de la famille étant le rouge et le blanc, les jardiniers avaient orné l’allée principale de deux rangées de rhododendrons, les rouges à gauche, les blancs à droite. Et à la floraison, les arbres étaient protégés par une fine gaze pour éviter toute pollinisation croisée. Une gaze assez fine pour que le but reste visible. Cousin Edmond aurait adoré bien qu’on soit chez des catholiques. Cousin Edmond était protestant et il avait pour le libre-arbitre une méfiance instinctive. Même le libre arbitre des plantes.

Naturellement, ceci exclut de l’art des jardins les jardins potagers et leurs alignements sinistres de plantes identiques. Ceux là sont des utilitaires auxquels manque la dimension esthétique. Il faut que Cyrano soit présent dans un jardin bien conçu. Une rose, à tout prendre, qu’est ce que c’est ? Un point rose sur l’i du verbe aimer. Tu te promènes dans un jardin avec la femme que tu aimes et, au moment où tu vas déclarer ta flamme, le jardinier a prévu un rosier dont les boutons sont parfaits de maturité. Ça marche pas avec les citrouilles, que Cendrillon le veuille ou pas.

Je suis chiant. Dans un jardin, je ne me laisse pas aller. Je compare, j’analyse. Putain ! il est bon le mec, il me fait une haie de potentilles, juste là, à l’endroit exact où leur abondance de jaune va me faire craquer. Ça ne m’empêche pas de faire des conneries, souvent par flemme. Les bougainvillées qui étaient si beaux ont crevé cet hiver faute de protection. Pas grave ! Je vais les remplacer par des plantes non gélives. Trachelospermum devrait convenir et j’aurais le bénéfice de l’odeur. C’est moi qui décide. Je suis jardinier et donc je suis Dieu.

Pour une fois….


On en reparlera

lundi 3 juillet 2017

LES PARACELS OU COMMENT REPRENDRE SA PAROLE.



Ça bouge en Mer de Chine. Tout ce que je lis est tiré du même tonneau où se mélangent avec bonheur les cépages de l’incompétence et les millésimes de la mauvaise foi. En gros, la Chine est accusée de s’approprier indument les îles Paracels

Aux Archives fort bien tenues du Ministère Français des Affaires Etrangères, tout un chacun pourra consulter et obtenir une copie du traité signé le 26 juin 1887 entre la Chine et la France représentant l’Empereur d’Annam afin de fixer les frontières maritimes et terrestres entre les deux pays.. Or, ce traité, en français et en chinois est très clair et stipule :

LES ILES QUI SONT A L’EST DU MÉRIDIEN DE PARIS 105°43 DE LONGITUDE EST SONT ATTRIBUÉES A LA CHINE ; LES AUTRES ILES QUI SONT A L’OUEST DE CE MÉRIDIEN APPARTIENNENT A L’ANNAM.

Le méridien de Paris étant à 2°20 à l’est de Greenwich, la limite fixée est donc aujourd’hui le méridien 108,03° est de Greenwich. Tracez la ligne : les Paracels appartiennent à la Chine avec l’accord des autorités françaises. C’est indiscutable.

Comment en est on arrivé à la situation actuelle ?

La politique a horreur du vide. Les Chinois ne s’étant pas installés sur les îles, la France y maintient une présence, allant jusqu’à y construire une station météo en1932. C’est que la guerre de 14 est passée par là et on a inventé le sous-marin qui change les paramètres stratégiques. Une note du Résident Supérieur en Annam l’exprime crûment en 1920 :

Ces iles constituent le prolongement naturel d’Hainan… une flottille de submersibles s’appuyant sur cette base pourrait isoler le Tonkin 
et l’attaché naval à Pékin enfonce le clou un an plus tard :
Bien qu’elles ne puissent être sans doute d’une grande utilité, elles gêneraient les communications si elles venaient à passer entre les mains d’une puissance maritime qui les utiliserait comme base

Bon. On a filé à la Chine un truc qu’on croyait inutile mais qui ne l’était pas. Faut revenir sur sa signature. Le Quai d’Orsay va s ‘y employer…

On commence donc par infléchir la position française et affirmer que le traité de 1887 concernait essentiellement la frontière terrestre et que la frontière maritime n’en était qu’un accessoire.

En 1937, une note au Ministre des Colonies indique

"Les dispositions du traité de 1887... n'avaient d'autre objet que de fixer la
frontière maritime entre la Chine et le Tonkin dans la région de Monkay,
en rattachant à la Chine quelques territoires et îles situés à l'Est de
l'embouchure de la rivière de Monkay et qui dépendaient autrefois de
l'Annam.
Il n’y a pas lieu de donner à la clause de 1887 une portée autre que locale.

Forcément les Chinois ne sont pas d’accord. Ils ne sont même pas d’accord pour un arbitrage. C’est signé, point barre. On cherche des solutions. Un certain Boissonnas suggère que la Chine pourrait nous les rendre en paiement de l’indemnité sur le chemin de fer du Yunnan. On tergiverse. Le Gouverneur d’Indochine écrit au Ministre :

Le gouvernement français n’a jamais renoncé à faire valoir des droits historiques et géographiques..seules des raisons d’opportunité se sont opposées à ce que ces droits fussent affirmés officiellement…
 Notre intérêt bien compris était de ne pas nous aliéner l’opinion chinoise..

Traduction : c’est le bordel en Chine, attendons de voir l’avenir. Et après la Seconde Guerre Mondiale, ça va donner une note au Ministère des Colonies :

Il parait préférable de différer le règlement du litige par voie juridictionnelle jusqu’à l’établissement d’une autorité gouvernementale unique et incontestée tant en Chine qu’au VietNam.

Normal. Le PCC a pris le pouvoir à Pékin et nous reconnaissons Taiwan tandis que Ho Chi Minh s’apprête à nous mettre à la porte.

1954, Accords de Genève. Les Paracels sont attribuées au Viet-Nam du sud par la même République française qui les avait reconnues chinoises.

Moi, j’attends de mon gouvernement qu’il respecte sa signature parce que c’est aussi un peu la mienne. La Mer de Chine devient une poudrière. J’attends de mon gouvernement qu’il calme le jeu et qu’il rappelle au gouvernement américain que, depuis 1975 et la chute de Saïgon, il doit rester sur l’autre rive du Pacifique et que la parole de la France, ce n’est pas du pipi de chat. J’attends de la presse qu’elle cesse de servir de porte-voix à la CIA et qu’elle donne à ses lecteurs des informations vérifiables.

Et la seule chose qu’on puisse vérifier,  c’est que les Paracels sont chinoises depuis 1887. Grâce à la France