jeudi 30 mai 2019

LA DEFAITE DE TRUMP

Ça, c’est fait…..

A la fin de l’année, les téléphones Huawei auront leur propre système d’exploitation. Voilà Trump bien baisé… Dans sa « guerre commerciale » avec la Chine, il avait ciblé Huawei, arrêtant la directrice financière et conseillant à Google de refuser au Chinois son système d’exploitation Android…. La presse voyait déjà la mort de Huawei.

Quelques éléments de réflexion… Ren Zhengfei, créateur de Huawei, est membre du PCC mais aussi colonel de l’APL en retraite. La stratégie, Monsieur Ren connaît. Quand Trump déclare la guerre, ça fait 20 ans que Monsieur Ren la prépare.

Tout observateur attentif sait que Huawei est une entreprise gouvernementale Sans le gouvernement chinois, Huawei n‘aurait pu se développer. C’est que l’essentiel de son activité n’est pas de fabriquer des smartphones low cost. Le métier « historique » de Huawei, ce sont les réseaux : les commutateurs, les serveurs, les antennes relais, bref tout ce qui est en amont du téléphone. Ce que faisait Alcatel avant que Tchuruk ne se focalise sur les entreprises sans usines. Monsieur  Ren s’est appuyé sur les usines et Huawei a bouffé les marchés d’Alcatel. C’est un peu plus compliqué, en fait. Alcatel regardait seulement Nokia, son concurrent occidental et son cours de bourse qui montait parallèlement aux suppressions d’emploi. Pendant ce temps, Monsieur Ren engrangeait sur les petits marchés et développait son outil de production en s’appuyant sur le seul marché qui compte : le marché chinois.

Après… Pour aller d’amont en aval, il suffit de suivre le lit de la rivière. Obsédé par la rivalité Apple-Samsung, l’Occident n’a pas vu arriver Huawei qui a aujourd’hui dépassé Apple en termes de vente de smartphones. Il est vrai que la Chine sait fabriquer des téléphones vu que le chinois Foxconn construit tous les appareils Apple.

J’ajoute que Xiaomi est venu compliquer l’histoire. Xiaomi, financé au départ par Singapour et donc, pas vraiment chinois pour les Occidentaux. Xiaomi qui a débauché un dirigeant de Google pour créer son propre système d’exploitation. Mais Xiaomi qui s’est positionné sur l’électronique « domestique » au contraire de Huawei. Trump est cerné. Les joueurs de weiqi ont pris la main.

Et l’avenir ?

L’objectif de Huawei, c’est Samsung que l’offensive de Xiaomi affaiblit. Le système d’exploitation de Xiaomi est minoritaire mais fonctionnel : il a créé une sorte d‘Applestore, appuyé sur Alibaba qui produit chaque année plusieurs milliards de dollars. Je suis prêt à parier sur une alliance qui affaiblira du même coup, Apple et son commercialisateur Google. Pour faire bonne mesure, le gouvernement chinois brandit la menace des terres rares. Si vous avez des actions Apple et Google, envisagez de vendre. Mais gardez les « petits » comme LG. Eux seront achetés, pas détruits.

D’autant que Huawei estime que son système 5G est au point ce qui obligera Apple à passer sous ses fourches caudines.  Trump privera t’il les USA  de la 5G ?

La Chine tient dans ses mains l’avenir des communications mondiales. C’est un simple fait. Je ne saurais trop recommander aux journalistes de vérifier leurs infos. Ils présentent Richard Yu (Yu Cheng dong) comme « patron » de Huawei alors que le PDG reste Monsieur Ren. Simplement, Huawei a organisé un système de « directeurs tournants » où se succèdent les membres du comité exécutif. Mais pas Monsieur Ren. Il a autre chose à faire que parler à la presse étrangère. Pourtant c’est lui, colonel à la retraite, qui a mis Trump à genoux.

Huawei affirme que l’avenir des smartphones passe par trois marques., oubliant Xiaomi, ou anticipant un rapprochement. En stratégie, il ne fait pas bon de désigner ses objectifs.

Raison pour laquelle Pekin ne parle jamais des Ryu Kyu. Qu’est ce que ça a à voir ?

Rien. Tout.


On en reparlera.

ET L’ARMÉE DANS TOUT ÇA ?

La Macronie, imbibée de sciencepotardologie, ne cesse de parler de stratégie (industrielle), de tactiques (financières), de guerre (économique). C’est seulement de la littérature, des mots avec la bouche, du vomi de syllabes de jeunes branleurs qui croient qu’en parlant comme des guerriers ils deviennent des guerriers. C’est d‘autant plus risible que ces jeunes gens ont été dispensés de service militaire et qu’on forme désormais nos officiers supérieurs à Sciences Po autant qu’à Saint-Cyr.

Dans les exemples qui suivent, il est inutile de sauter sur vos chaises pour me dire que ce n’est pas Macron mais Sarkozy  ou Hollande. Ça reste la Macronie, un système exacerbé à l’excès où un clan prend le pouvoir par la parole afin de gouverner à la place d’un autre clan, de même origine, de même formation et au service des mêmes intérêts. Je ne sais pas s’ils sont tous pourris, je sais qu’ils sont tous pareils.

L’armée est le cadet de leurs soucis. Elle n’a d’intérêt que pour les cérémonies aux Invalides qui mobilisent les caméras de LCI et les micro de France Info. Et s’il y a une veuve éplorée, c’est mieux, c’est bon pour l’audience. Nos gouvernants n’ont aucune vergogne. J’emploie le mot à dessein. La vergogne, la verguenza espagnole, n’est pas l’orgueil mais un mélange de fierté et de dignité qu’on ne trouve plus guère que chez les militaires, même (et surtout) retraités.

Ainsi donc, la Macronie, confrontée à un problème économique, vend (ou brade) la sidérurgie française à un oligarque indien. C’était la dernière étape, le découpage avait commencé avant. Personne n’a dit que l’acier était une activité stratégique, au sens premier et plein du terme. Pour construire des bateaux de guerre, il faut de l’acier, le plus souvent des aciers spéciaux, un porte-avions, c’est délicat. Il en faut aussi pour produire des fusils d’assaut ou des chars de combat. Sans parler des avions de chasse. Quand on produit plus d’acier, on fait quoi ?

On fait confiance au marché. En supposant que le vendeur qui connaît tes besoins ne va pas en profiter pour t’assommer.  En imaginant que le transport sera assuré et sécurisé depuis une usine délocalisée. En rêvant que les services de recherche aient continué de travailler pour te fournir exactement le produit dont tu as besoin.

Plus récent, mais tout aussi amusant. Notre Famas, notre fusil d‘assaut, arrive en fin de carrière. Problème : nous ne produisons plus de fusils depuis que Tapie a repris la Manufacture de Saint Etienne et que les arsenaux militaires comme Saint-Germain-Lembron ont fermé pour cause de rentabilité. Pas grave : l’appel d’offres européen met aux prises le belge FN et l’italien Beretta. C’est l’Europe, donc c’est pareil. C’est pareil pour autant que les fabricants ne passent pas sous un contrôle différent. C’est pareil tant que l’Indien vend l’acier aux Italiens. C’est pareil aujourd’hui. Et demain, ça sera pareil ? Les  stratégies financières n’ont ni le même temps, ni les mêmes chemins que les stratégies militaires.

Car, effectivement, l’armée est coûteuse. Elle a besoin de temps. Entre la défaite de 1870 et la victoire de 1918, près de cinquante ans. Cinquante ans de travail, de recherches, d’améliorations, de préparation des armes et des hommes. Cinquante ans d’éducation.

Tout ceci sans perdre de vue la notion d’indépendance qui restait l’horizon du Vieux Général. De glissement en glissades, le RPR est devenu LR et en changeant de nom, a changé de boussole. Tous ces pseudo-gaullistes acceptent de se coucher devant la mondialisation. Il parait qu’on ne peut pas l’éviter puisque le monde est en paix. C’est vrai aujourd’hui. Mais demain ?

La montée des Verts m’angoisse. Ils ne veulent pas voir que le nucléaire civil est un moyen de financer le nucléaire militaire. Ou s’ils le voient, il me diront que la guerre, c’est pas bien. Les Romains disaient : Si vis pacem para bellum… Si tu veux la paix, prépare la guerre. En clair, quand t’es costaud, on te fout la paix.

On en a l’illustration aujourd’hui. Trump tweete et s’écrase. Il a compris que la puissance chinoise était telle qu’il valait mieux s’écraser. Enfin, j’espère qu’il l’a compris Parce que, si c’est pas le cas, on va regretter d’avoir des fusils belges ou italiens. Surtout s’ils sont livrés avec du retard. Ouah ! me dit un copain, les guerres, ça se gagne plus avec des fusils…. Exact. Ça se gagne avec tout, même avec des godasses, fabriquées en Tunisie pour ce qui concerne nos soldats. Indépendance ?


On en reparlera…

vendredi 24 mai 2019

LE SYNDROME DE LOUHOSSOA

Titre emprunté à mon ami Jacques Garay, avec son assentiment. Titre qui ne quitte pas ma tête depuis que je me suis plongé dans la lecture d’un livre décevant : Comment faire mentir les cartes.

Décevant parce qu’il mélange tout et considère les cartes statistiques comme des cartes alors qu’elle ne sont que des illustrations. Les habiller du nom pseudo-savant de cartes chloroplèthes n’en fait pas des cartes stricto sensu. Moi, j’appelle ça des iconocartes parce qu’habiller un fonds cartographique médiocre de couleurs vives, ce n‘est pas un travail de cartographe. Tout juste d‘illustrateur et, le plus souvent, pas très bon.

Je me dois donc de revenir à ma bonne vieille définition : la cartographie est l’art de la tricherie vraisemblable. Définition à laquelle il ne faut pas toucher et que j’ai élaborée grâce à Louhossoa.

Vous ne connaissez pas Louhossoa ? C’est une gorge entre Bayonne et St-Jean-Pied-de-Port où passent une rivière (la Nive), une route départementale très fréquentée et une voie de chemin de fer. Même au 1/25 000°, ce n’est pas possible. Ça ne rentre pas. Pour que ça rentre, il faut tricher, bouger un poil les courbes de niveau vu que les autres éléments, ils sont intangibles. Tricherie fine et délicate, infaisable par une machine. Comment faire pour adapter la réalité géographique à une visée téléologique ? Tous les cartographes devraient connaître le syndrome de Louhossoa.

Parfois on a des intentions moins pures. J’ai publié une carte du Tibet où figurait un sommet appelé  Dorje Kaplanian. Ce pouvait être pris pour un hommage à Patrick Kaplanian qui avait vérifié avec soin les toponymes. En fait, c’était un piège : tout concurrent qui reprenait le nom pouvait être suspecté de plagier notre travail. Ce sommet était un argument pour avocat. Tricherie vraisemblable.

Mais moins drôle que la réponse du vieux cartographe qui avait élaboré la première carte du Kenya et auquel on vint demander d‘où il avait sorti le terme « Mamoba » qui désignait les plaines au nord du Tsavo. « Bof, répondit il, c’est seulement l’acronyme de Miles And Miles Of Bloody Africa ». Ça, c’est dit.

Bien sûr que les cartographes trichent. Et ça fait quelques siècles ! Ce qui est intéressant, ce n’est pas de savoir comment ils trichent mais pourquoi ils trichent. Tout simplement parce qu’ils sont stipendiés. Ça commence avec un moine qui a quelque don pour le dessin et auquel son abbé demande de composer la carte des possessions de l’abbaye. Imaginez que l’abbaye soit en dispute avec l’évêque du coin à propos d’une paroisse et de la dîme qu’elle verse. La paroisse se retrouvera illico dans le territoire de l’abbaye qui brandira la carte pour contester les droits épiscopaux. L’Histoire fourmille de tels exemples, de frontières déplacées ou renommées. Comment est ce possible ? Facile. Au lieu du trait pointillé correspondant à la frontière, vous dessinez le trait bordé d’un filet de couleur qui désigne une ligne de cessez-le-feu. Avec un détail de rien du tout, vous enlevez toute existence à un pays…Cherchez pas : c’est comme ça que font les cartographes israéliens pour plein de cartes de Palestine.

Alors, oui, les cartographes trichent Pour plaire à leur gouvernement ou à leur boss. Les illustrateurs trichent aussi.


En s’appelant cartographes.

mardi 21 mai 2019

PHALLOCRATE

La force des grands intellectuels est qu’ils savent nommer les choses justement et précisément. Ainsi Emmanuel Leroy-Ladurie. Décrivant les formes de pouvoir à Montaillou, il utilise le mot « adamocratique » pour nommer le pouvoir des hommes.

Je le fais remarquer à une mienne amie, féministe convaincue, un poil suffragette comme elles sont toutes, qui s’emporte et se lance dans une diatribe pour défendre « phallocratique », selon elle mieux adapté à la description de la chose.

Respirons et analysons. Phallocratique renvoie à la domination du pénis, au pouvoir du sexe érigé comme une barrière entre homme et femme. Le mot ne décrit pas un état mais un fonctionnement, celui du phallus enfoncé comme un glaive dans le fourreau vaginal. Etymologiquement, vagina désigne le fourreau de l’épée et donc mon « foureau vaginal » est un pléonasme. Celle qui a inventé le mot a délibérément choisi le phallus comme signe cardinal de la masculinité. Le pénis plutôt que la barbe, peut être pour mettre hors-jeu la femme à barbe des foires anciennes ou pour protéger les femelles hors d‘âge nimbées de pilosité faciale.

Ce faisant, les féministes convaincues choisissent le sexe contre le genre. Le pouvoir ne vient pas de la seule existence d’un cartilage érigé mais de l’utilisation qui en est faite pour soumettre. Ce n’est pas l’homme qui a le pouvoir mais son phallus. Ce qui revient à admettre et à valider ce pouvoir et, par voie de conséquence, à accepter que la femme-femelle soit soumise à ses sens puisqu’elle est contrôlée par eux. Voulant stigmatiser le pouvoir des hommes, les utilisateurs de « phallocrates » dévalorisent la femme en se coulant dans le moule du langage masculin. Toutes des salopes !

Tout ceci permet d‘évacuer l’essentiel. S’il y a pouvoir des hommes, il n’est pas lié au pénis mais à un faisceau de raisons, économiques et sociales qui offrent le pouvoir aux hommes. Pour faire simple, les femmes se mettent à genoux devant un producteur parce qu’il a un contrat dans la poche et non parce qu’il a une grosse bite. Mettre le phallus dans le langage revient à éliminer l’essentiel qui est outrageusement politique. Remplacer Marx par Freud n’est pas une bonne idée.

Mais le pire est le statut offert aux homosexuels. Que deviennent ils si l’utilisation du phallus est un critère prépondérant de pouvoir ? On ne peut les exclure du champ dominant : de César à André Labarrère, les homosexuels ont participé à  la domination masculine. Sont ils pour autant des phallocrates ? En général, les féministes ne répondent pas et placent les homosexuels dans l’un ou l’autre camp avec des arguments tirés de leur histoire personnelle, alors que l’Histoire ne manque pas d’exemples qui illustrent cette réalité : les homosexuels gouvernent comme des hommes. Ils sont adamocrates.

Mettons les pendules à l’heure. Le CNRTL donne « phallocrate » comme apparu en 1974 sous la plume de Gisèle Halimi tandis que Montaillou date de 1975. Leroy-Ladurie disposait donc d’un terme apparu avant qu’il ne rédige et qui avait déjà un certain succès. S’il en a choisi un autre, ce ne pouvait être que délibéré.

On peut accepter que le F initial est plus puissant que le A assourdi ce qui lui donne un avantage dans les médias. C’est malgré tout insignifiant. J’y vois quant à moi une volonté politique étatsunienne. « Phallocrate » est clivant et donne de l’importance à la communauté consumériste. Le pénis ne tient plus les cordons  la bourse. Washington s’est trouvé un nouveau prolétariat qui permet de faire glisser dans la trappe la lutte des classes. Marx avait pourtant noté que la femme était la prolétaire de l’homme ce qui semblait un début d’analyse pertinent. La distinction entre phallocrate et adamocrate est lourde de sens politique car elle détruit un cadre d’analyse social au profit d’une vision lourdement sexualisée et pseudo-naturelle.

« Pseudo » n’est pas là par hasard. Ce phallus que brandissent les féministes perd tout caractère contraignant dans les débats actuels. Sa biologie prétendument oppressive est niée dès lors qu’il s’agit de reproduction ou de construction familiale. Si la Nature existe quand il s’agit de pouvoir politique, on ne peut la gommer dan le lien social.

Sauf à admettre un trucage. La phallocratie est un trucage


jeudi 16 mai 2019

CARTES BIAISÉES

Le glissement sémantique se poursuit. Et là, la presse est minable. Les journalistes, ils ont rien qu’à poser leur cul face à l’ordinateur.

Je vous explique. Depuis une semaine, y’a une grosse polémique sur les lieux ousqu’on peut aller (ou pas) selon le Ministère des Affaires Etrangères et tous les diplomés du CFJ et lieux assimilés se réfèrent, jour après jour, aux cartes du dit Ministère.

Bande de nazes !!! Sur mon ordinateur de bureau, j’ouvre une « carte » du Sahel vu par le Quai.. A priori, la carte en question, c’est du 1/30 Mio. A vue de nez, j’ai pas mesuré. Echelle où 1 centimètre représente 300 kilomètres. Et où 1 millimètre, par voie de conséquence, reprèsente 30 kilomètres.

Faut arrêter, là. Ces cartes ne sont pas des cartes, ce sont des illustrations, des trucs pour faire joli, pour faire sérieux, pour faire croire que… Pas pour informer. En publiant ça, le Quai d‘Orsay se moque du monde. Aucun voyageur, aucun professionnel du tourisme, ne peut utiliser ce truc pour planifier un voyage. Quant à le sécuriser, même pas en rêve.Quel journaliste l'a dit ?

Qu’on ne me dise pas que ce n’est pas possible. Cette zone d’Afrique avait été confiée à l’IGN-FRANCE par la Commission Internationale de la carte du Monde dans les années 1950. Il existe, en vente libre, des cartes en papier au 1/1 Mio (1 mm égale 1 kilomètre, soit 30 fois mieux). Pour le Burkina, le parc du W a été cartographié au 1/200 000 : 1 mm égale 200 m. Quand j’étais libraire, j’en ai vendu. Et donc, les données cartographiques existent et elles sont la propriété du Gouvernement français qui peut les utiliser à son gré.
Rien n’empêche une information sérieuse, précise. Les illustrations du MAE peuvent être transformées en cartes vectorisées, cliquables, pour changer l’échelle et informer au mieux. Google fait ça tous les jours. Le Quai d’Orsay en est incapable. En novlangue : le MAE n’est pas en capacité d‘adapter son information aux besoins des citoyens français pour les sensibiliser aux risques qu’ils encourrent.

Là où ça va plus, c’est quand des hommes restent au tapis. Là où ça va plus, c’est quand on cherche à coller la responsabilité à des individus auxquels on donne, pour leur prise de décision, des éléments totalement inutilisables. Un tour-operateur a parlé de cartes dessinées au Stabilo. Si la main du cartographe tremble un chouïa, la zone interdite se déplace de 30 kiomètres !!! Et les assurances ne remboursent pas pareil vu que les cartes du MAE font autorité.

Je suis un vieux con. J’ai connu les temps où les organisateurs de voyages stockaient dans leurs placards des centaines de cartes détaillées et les sortaient dès qu’ils avaient un doute. Puis, ils interrogeaient le MAE qui n’avait pas de site d’information mais pouvait donner l’information. Tout ceci a été automatisé et plus personne ne sait rien de précis. On a filé vers une sorte de Plus Grand Commun Multiple de la géographie.

Et oui : remplacer l’information par l’illustration, c’est mieux, plus ludique, plus convivial, plus vendeur. Plus mortel aussi. Mais c’est statistiquement insignifiant.

Bande de nazes !! Vous avez détruit le voyage. Il vous reste à détruire les voyageurs.

Pour des raisons qui n’appartiennent qu’à moi, en regardant la cérémonie des Invalides, j’ai pensé au colonel Erulin. Vous ne savez pas qui c’est ? Pas grave. Il ne vous connaissait pas non plus.



lundi 6 mai 2019

LE BABILLAGE ET L'IMPUISSANCE

Jolie analyse de Jean-Claude Guillebaud ce jour sur le mode de gouvernement d’Emmanuel Macron. Analyse biaisée car l’auteur est fin écrivain et accorde trop d’importance aux mots.

L’analyse du macronisme est pourtant simple : écouter les mots et répondre aux mots par d‘autres mots. Point d’actes. Le macronisme est l’art du babillage.

On en a d’autres exemples du même tonneau. Pepy confronté à une série de retards de trains crée une direction de la communication sur les retards. Motif : les voyageurs se plaignent du manque d’information.

Il ne vient à l‘idée de personne qu’aucun voyageur ne se plaint d’un manque d‘information sur les trains qui sont à l’heure et que la plainte est consubstantielle au retard. Que Pepy fasse son boulot qui est de garantir l’exactitude des trains et il pourra fermer sa direction de la communication.

Mais voilà : pour les managers modernes, parler, c’est agir. Voilà des années qu’on communique sur les retards de l’EPR liés à des difficultés de soudure. L’EPR chinois fonctionne : d’un côté on communique, de l’autre, on soude.

Les medias ont responsables de cette situation. Journalistes et politiciens sur-valorisent les mots qui sont leur fonds de commerce. Au point qu’un beau discours expliquant un échec patent vaut plus qu’une phrase lapidaire sanctionnant une réussite.

A cet égard, le Grand Débat a été caricatural. Trois mois d‘accumulation de mots et pas une mesure immédiate et efficace. La presse a vanté la performance présidentielle qui consistait à parler six heures de rang sans que rien ne suive. Le peuple en était ébahi : il n’avait pas voté pour recevoir un cours magistral mais pour changer sa vie.

On ne peut en vouloir à Macron. C’est ce qu’il a appris à  l’école : discourir longuement et sans notes afin  de prouver sa connaissance du sujet. Gouverner, c’est parler. Il a construit son gouvernement autour de ce paradigme. Bien entendu, c’est faux Gouverner, c’est agir même si la parole a sa place dans l’action : l’appel du 18 juin n’est pas indifférent mais n’est pas de Gaulle qui veut.

Le pays attend des actes, pas des mots. Le pays attend des actes immédiats, pas des promesses à tenir aux calendes grecques. L’indexation des retraites est une bonne idée à condition qu’elle intervienne à la fin mai. Si elle est programmée pour juillet, elle fera pschiit  trop peu, trop tard. C’est le piège de la parole quand on croit que formuler, c’est faire.

C’est pour cette raison que Macron a évacué les corps intermédiaires. Un maire de village, un syndicaliste savent qu’ils seront jugés à l’aune de leurs actes et ils se méfient des mots non suivis d’effets qui témoignent seulement de leur impuissance.


Le Président est désormais vu comme impuissant.