dimanche 31 janvier 2021

HECATOMBE AVIAIRE

 C’est la meilleure nouvelle de la journée. Les canards kriaxerak vont, selon le journal Mediabask, échapper à l’abattage sanitaire lié à l’épidémie de grippe aviaire. Les kriaxerak, je vous en ai déjà parlé à plusieurs reprises ; ils sont une de mes obsessions. Ils devraient être au premier plan de préoccupations des dirigeants du pays basque tant ils concentrent de problèmes économiques, sociaux, écologiques de la région

 

Piqûre de rappel. Le kriaxera est le dernier représentant du canard autochtone à foie gras du sud ouest. Il est une des variantes du genre Anas qui désigne les canards et sarcelles du Paléarctique occidental. Quand vous comprenez pas, allez voir Wikipédia. Pour faire court, un Anas est un canard européen, ou plus exactement eurasiatique.

 

Nous avons un organisme officiel qui s’occupe du foie gras, l’Institut National des Appellations d’Origine. Et cet organisme a décidé (avec force de loi) que seul le canard américain de genre Cairina pouvait être élevé pour produire le foie gras du sud-ouest. Or, le Cairina est originaire d’une autre écozone, le Néarctique.

 

A vue de nez, il n’y a pas de différence, le climat est semblable et la géographie voisine. Il y a bien quelques changements minimes mais ils sont en faveur du Cairina, lequel grossit plus (productivité améliorée), vit en larges bandes, ne cancanne quasiment pas et ne demande pas de plans d’eaux. Un canard de rêve pour l’élevage, d’autant que, plus gros, il est plus costaud et supporte mieux le gavage mécanique.

 

Et alors ?

 

Alors, Cairina et Anas se sont developpés , au fil des millénaires, dans des couloirs de migration différents. Ils n’ont pas cohabités avec les mêmes commensaux. Ils n’ont pas côtoyé les mêmes virus, ni développé les mêmes résistances. Les oiseaux qui vont de Laponie en Afrique du nord ne sont pas ceux qui quittent le Labrador pour le Texas. C’est de l’écologie de base. Demandez à Greta Thunberg.

 

Et voilà qu’aujourd’hui, Mediabask affirme que les kriaxerak (Anas) sont porteurs sains de la grippe aviaire et vont échapper à l’abattage. On n’a pas fini d’entendre chouiner les cons, moi je vous le dis. Et je ne verserai pas une larme. Modifier l’écologie d’une zone, ça s’appelle un écocide. Et remplacer une espèce, voire un genre, par un autre, c’est circonstance aggravante. Quand c’est fait par bétise, on peut excuser. Par esprit de lucre, non.

 

Ils vont manifester, pleurer, se retrouver ruinés, avec le sentiment d’avoir seulement suivi un mouvement et de payer une facture trop lourde. J’explique. Anas, il est ici depuis quelques millénaires. Il a eu le temps  de frayer avec tous les migrateurs des grands axes du paléarctique, de rencontrer leurs virus, de s’immuniser collectivement, bref de s’adapter à son biotope. Ton Ricain, il est inadapté ; il a pas eu le temps. Et toi, paysan des Landes, avec l’expérience de ton père, de ton grand-père, de leurs voisins  et de quelques générations, tu t’es cru plus malin. Un canard, c’est un canard. Ben non. Un canard, c’est un être vivant. Avec des virus, des parasites et des bactéries, tout aussi vivants que lui.

 

Alors quand le représentant du conserveur est venu te proposer d’améliorer ton élevage (et sa rentabilité) en changeant de « race », tu as foncé, flairant la bonne affaire. Le Cairina, tu le connaissais. Dans le bas-Adour, on l’appelait « canard marin ». Ma marraine n’en voulait pas dans sa basse-cour, affirmant qu’il était moins bon. Toi, tu as cru que le conserveur était ton ami. Aujourd’hui, tu vas pouvoir juger. Il t’a mis dans la fiente, il faut qu’il t’en sorte.

 

Le kriaxera nous donne trois leçons :

 

A/ l’adaptation des espèces locales n’est pas un mythe pour agro-nostalgiques. Elles sont adaptées également aux dangers invisibles comme les virus.

 

B/ toute introduction comporte des dangers ; un virus peut franchir la barrière spécifique, en mutant. Valable également pour l’espèce humaine. Terrain glissant. On en a déjà parlé.

 

C/ l’INAO n’est pas un organisme très sérieux. En vérifiant les fiches, j’ai cherché en vain une bibliographie justifiant les affirmations qu’elles contiennent. Parce qu’affirmer qu’une espèce inconnue avant la découverte de son biotope est l’espèce traditionnelle de production semble assez osé. C’est dire  que le canard américain Cairina servait à produire le fois gras des Landes AVANT la découverte de l’Amérique. On est dans la légende.

 

Mais c’est pour la bonne cause !! Le bénéfice des conserveurs est il une bonne cause ?


PS : inutile de me dire qu'une hécatombe désigne le sacrifice de cent boeufs. J'ai aussi droit à la légende.

 

samedi 23 janvier 2021

LE PROCUREUR

 Le procureur….c’est l’homme qui requiert la punition, celui qui parle au nom de l’Etat. Le mot n’existe pas au féminin ce qui dévalorise la macronienne image. ; dans les 66 millions, il y a les femmes.

 

Ce détail évacué, reste l’essentiel ; le mensonge.

 

Voilà des années qu’on explique au peuple que certains sont mieux payés parce que plus efficaces. Le salaire est justifié par les résultats. Crédule, le peuple croit. Pas toujours. Il voit bien que Tavares a acheté Fiat et Ghosn une malle pour se tirer. Au fond de son hippocampe, se glisse l’idée qu’on le prendrait, éventuellement, pour un con. Le peuple est bete : il confond l’obligation de moyens et l’obligation de résultats. Le dirigeant est intouchable dès lors qu’il a fait ce qu’il a pu, personne n’exigeait de résultats. Et surtout pas ses copains qui guignent la place.

 

J’ai parlé avec Marcel. Il est logisticien dans une base Intermarché. Toute la journée, il reçoit des camions, les vide et répartit leur chargement dans d’autres camions pour que mes copains d’Escos puissent acheter leur si délicieux jambon de Forêt Noire fumé au bois de hêtre teuton. Marcel, il comprend pas. Recevoir un paquet et l’envoyer ailleurs il fait ça toute la journée. Comme le logisticien de vaccins. Mais il est pas sur que les conditions salariales soient les mêmes.

 

C’est pas un procureur, Marcel. Son truc, c’est à travail égal, salaire égal. Je comprends. Il me parle de sa femme, Ginette, hôtesse de caisse dans la boite. Quand elle se plante, Ginette, la sanction est immédiate. C’est quoi, la sanction, pour le mec qui se plante dans la distribution de vaccins ? C’est quoi la sanction pour le ministre responsable ?

 

C’est pas un procureur, Marcel. C’est un brave mec qui aime le rugby parce que l’arbitre siffle pareil les fautes de tous. Et, en ce moment, il lui semble que l’arbitre siffle pas trop certains joueurs. Macron, il a rien compris. Son boulot de chef, c’est de punir.

 

Si, quotidiennement, il clouait un mec au pilori, il gagnerait en crédibilité. Bouc émissaire ? Evidemment. Le sang calme le peuple. Injustice ? Ça va de soi. Il s’agit seulement de détourner la colère du peuple qui s’accumule sur sa tête. Pas sacrifier Veran ou Castex, c’est trop tot. Un ou deux patrons d’ARS, ce serait pas mal. Des bien gras, énarques surdiplômés….. Faire ce qu’il a pas su faire avec Benalla.

 

Mais c’est injuste. Bien entendu. On s’en fout.  C’est, de toutes façons, injuste. C’est ce que dit Marcel.

 

Qui n’est pas un procureur. Mais qui sait que le chef, c’est celui qui punit. Celui qu’on aime parce qu’il punit

LE GROS LOTH

 J’aime les pingouins de Gorce comme le chat de Geluck. Ils parlent de mots sous couvert de traits. Raison pour laquelle ceux qui font métier de langue tombent sans cesse dans les pièges qu’ils creusent. Le pingouin est implacable à l’imbécile surtout quand il vague en troupes.

Le texte de Gorce est limpide. Surtout dans son interrogation : « Est ce un inceste ? ». Si tu réponds oui, si tu hésites, tu es un con majuscule. Pour la responsable du Monde, je repose la question en écriture inclusive = « tu es une con-ne majuscule ». A virer !!

 

OLIVIER DUHAMEL N’EST PAS COUPABLE D’INCESTE.

 

C’est évident. Je vous donne la définition de l’inceste selon le CNRTL :
« 
Relations sexuelles prohibées entre parents très proches de sexe différent. ».

 Il vous faut un dessin. ? Gorce l’avait fait. Relisez avec soin : parents très proches de sexe différent. Vu ? Loth et ses filles

 

Le lien de parenté est inexistant. Ceci suffit à conclure à l’inexistence de l’inceste. Et les sexes ne semblent guère différents. D’où ma conclusion qui me semble être celle de Gorce : Olivier Duhamel est un pédophile basique ce qu’on appelait jadis un pédéraste (allez voir les définitions sur le site du CNRTL). C'est pas Loth; et surtout pas le gros Loth.

 

Je ne jette pas la pierre à la fille Kouchner. Elevée par un tel père, personne ne peut lui reprocher d’ignorer la langue française. Elevée par un tel père, personne ne peut lui reprocher de vouloir courber les mots à ses désirs. Pour son éditeur, c’est autre chose. Il fut un temps où le Seuil menaçait Gallimard. C’est fini..

 

Je ne jette pas la pierre à la Monnot du Monde. J’ai connu Bernard Lauzanne et André Fontaine et je sais que depuis leur départ, la langue française a quitté le « quotidien de référence ». La dignité également. Je n’attends pas sa démission. Ce serait la seule attitude digne et elle en est incapable. Elle succède à Plenel, pas à Beuve-Méry.

 

Ce qui m’intéresse est le glissement sémantique et ses conséquences ; pourquoi coller l’inceste aux agissements d’une pédoque ordinaire ? Tout simplement parce que Duhamel n’est pas une pédoque ordinaire. C’est un homosexuel de pouvoir. Une honteuse comme on dit. Marié, bien sous tous rapports, le vernis doit tenir. L’inceste apporte la caution psy, la pulsion qui explique et excuse. Lacan économise l’avocat. On quitte le chatouillage de pénis infantile pour entrer dans le monde intellectuel de la perversité admissible. L’inceste est une excuse.

 

Tout ceci, le dessin de Gorce l’expliquait. Le pingouin nous ramenait à la pissotière éloignée de la rue Saint-Guillaume. Avec l’excès que réclame l’humour. La rapidité de la démission  aurait pu mettre la puce à l’oreille. Mais on avait déjà divergé. Entre la prétendue omerta familiale et les souffrances du gamin, on a vite quitté le coeur du sujet : Olivier Duhamel est il un pédocriminel ? Avec le corollaire : un juriste peut il être un criminel ? On a compris. L’inceste éloigne le spectre des assises. Duhamel redevient un homme, avec ses faiblesses.

 

Bon, je vais acheter des kleenex

 

 

 

mardi 19 janvier 2021

NOUS PENSONS, ILS FRAPPENT

 Il faut se méfier des livres. C’est un vieux libraire qui vous le dit. J’en ai trouvé un qui appelle à me tuer. Moi ? Paisible retraité méridional dont l’essentiel de la réflexion consiste à décider du menu du déjeuner ?

 

Ben oui. Lisez plutôt

 

« Goutez le chatiment du feu pour prix de ce que vous avez fait (VIII-50) »

« Que la malédiction de Dieu tombe sur les incrédules (Vache-89) »

« Un chatiment ignominieux est réservé aux incrédules (Vache-90) »

« S’ils vous combattent, tuez les. Telle est la rétribution des incrédules »

 

On peut multiplier, ça n’ajoute rien. L’auteur veut ma mort. Je suis incrédule, incroyant, mécréant. Pas polythéiste ; je n’ai qu’un Dieu : moi. Et ça me convient. Lui, n’aime pas ça. Je prends la place de son Dieu. Je le comprends. Je ne l’approuve pas mais je le comprends. Il doit me dégager de son terrain. Lui, je m’en fous, il est mort. Mais son livre est encore bien vivant, comme beaucoup de livres. Et comme beaucoup de livres, il inspire, suscite, émule. C’est le rôle du livre.

 

Alors, le petit mononeuronal qui lit, page après page, que son Dieu exige ma mort et même qu’il me châtiera après la mort, il conclut vite que je dois mourir et que son Dieu aimera ce sacrifice. Nous revenons au temps de l’holocauste et de l’hécatombe, le temps des grands sacrifices et de l’obéissance d’Abraham. Lequel est sans cesse donné en exemple….dans ce livre et d’autres.

 

L’écrivain n’est pas idiot : il n’oppose pas son  Dieu à d’autres Dieux. Il sait les passerelles vu que lui, a pompé les religions des voisins pour écrire son plagiat. Si tu crois au dieu des tentes noires, tu peux accepter le dieu des tentes blanches. Il sait bien que le seul danger c’est la disparition de Dieu qui libère l’Homme de son emprise. Alors, il enfonce le clou : il faut tuer les incroyants. Seul l’incroyant est libre.

 

L’incroyant, c’est moi. Moi qui cherche, depuis ma naissance (ou presque) à penser librement, à me libérer des fardeaux qu’on accroche à mes neurones. La première chose que j’ai apprise, c’est que le nombre trompe. Quand la majorité se jette sur quelqu’un, il importe de prendre son parti.  A vrai dire, je le savais depuis Galilée. Mais les temps ont changé et j’avais oublié la sauvagerie de la masse. Ils sont des millions a vouloir ma peau, prêts à séparer ma tête de mes épaules.

 

Et d’abord parce que la doxa a changé. On avait fait une loi pour me faire une place, une loi qui disait que la liberté de croyance était totale, tellement  totale qu’elle permettait de ne pas croire. Forcément : tout inclut rien. Evidence philosophique inaccessible aux simples d’esprit : ne pas croire, c’est croire et la liberté de croyance inclut l’incroyance. La loi disait que toute croyance est respectable, incroyance incluse. J’admets ; ce peut être un peu ardu pour un esprit simple qui n’arrive pas à inclure l’incroyance dans la croyance.Mais restons simple : on ne te demande pas de comprendre la loi, mais de la respecter. Et la loi française permet de ne pas croire, blasphème inclus.

 

C’est à ce point qu’intervient le glissement sémantique. Toute croyance est respectable mais les intellos à deux balles retirent l’incroyance du champ de la croyance et m’intiment de respecter une croyance qui vise à ma disparition. Ben non. Le mec qui veut ma mort, c’est un ennemi, pas un adversaire respectable. Argument = c’est un homme comme toi. Non. Moi, je ne veux pas sa mort. Pas encore.

 

Faut pas stigmatiser. Ben merde !! L’autre, il passe ses journées à lire un livre qui appelle à ma disparition et c’est moi qui stigmatise !! L’autre, il sacrifie la fine fleur du journalisme français et on lui offre un procès parfaitement régulier et équitable !! Un procès d’où est absent le livre qui appelle au meurtre. C’est Nuremberg sans Mein Kampf. Mais tous les intellos à deux balles le psalmodient comme un mantra = ce n’est pas un appel au meurtre, c’est un livre saint. La mort est consubstantielle à la religion qui la glorifie. Et la religion s’abrite derrière son indéniable dimension culturelle. Toucher aux livres saints, c’est toucher à la culture. Du coup, tous ceux qui vénèrent un livre saint rejoignent le camp des bien pensants qui devient le camp des non-pensants. Sauf, peut être, les lecteurs du kama-soutra. Qui est également un livre saint.

 

Tout ceci pour dire que je ne serai pas opposé à une interdiction du Coran. Ça me rassurerait. Le Coran, c’est le retour de Mein Kampf, l’appel au meurtre sous-tendu par une croyance.

 

Je termine le jour où les musulmans publient une « charte » supposée aider à l’intégration de leur religion dans la République, mais je n’ai pas le texte intégral. Il aurait pu tenir en une phrase : L’islam est soumis aux lois de la République. C’est pas gênant : l’islam est soumission. Pour le reste, ce qui fuite est insignifiant, style égalité homme-femme. L’apostasie était suffisante. L’approbation des imams par l’Etat ouvre la porte à leur rémunération. Nous n’avons pas à les approuver. Tout au plus à ne pas les expulser. En n’oubliant pas qu’ils sont les relais de la haine et de l’appel au meurtre inscrits dans le Coran, ce Coran qui, pour le dire simplement, veut ma mort.

 

Je ne suis pas trop idiot. Je sais que je rêve et qu’il me faudra faire attention. A ce que je dis, à ce que j’écris. Je renvoie seulement à l’un des tout premiers textes de ce blog où je parlais de la puissance de l’Islam, religion sans schisme. Quand il n’y a pas de faille, c’est bien difficile, on ne règne pas sans diviser.

 

L’Islam est un bloc. Il ne tolère aucune exception et appelle à la mort de l’apostat. Nous voulons croire aux divisions (sunnites vs chiites) qui n’affectent pas l’islam mais de simples interprétations. Comme le christianisme au temps de Calvin et Luther. Quand on pouvait se trucider mais faire front commun contre l’infidèle. Nous pensons, ils frappent.

mercredi 13 janvier 2021

ÉCOLOGIE ET VIRUS

 On n’en a pas fini avec ce virus. On n’en a pas fini avec tous les virus. Ce qui saute aux yeux, pour l’observateur extérieur, c’est l’ignorance totale dans laquelle nous sommes de l’écologie des virus. Personne n’explique pourquoi un virus tropical fonctionne avec une saisonnalité  hivernale en zone tempérée : notre biotope est le paléarctique. La division en écozones est largement pragmatique mais elle est fonctionnelle. Il n’y a aucune raison qu’un être vivant y échappe.

 

Nous avons un extraordinaire instrument de connaissance écologique : le Museum national d’Histoire naturelle. Deux siècles d’accumulation de connaissances, de faits liés à la science du vivant. Deux siècles d’échanges car le MNHN est avant tout un lieu d’échanges : tu bosses sur un coléoptère inféodé à une fougère, tu fais cinquante mètres et tu entres dans le bureau d‘un spécialiste de cette fougère. Ou tu prends un café avec lui à la cantine.

 

Fondé à la Révolution pour gérer les collections royales, le MNHN est organisé en chaires suivant la classification de  Linné. Problème : Linné n’a pas classé les virus et donc, il n’y a pas de chaire des virus. Il est plus que temps de réparer cet oubli. On va en avoir besoin.

 

Mais on a des virologues ! Non. On a des médecins qui bossent sur les virus affectant l’homme. Pas sur les virus des pangolins tant qu’ils n’ont pas franchi la barrière spécifique. Entendons nous bien : il s’agit d’écologie des virus, de comprendre où et comment ils vivent, se multiplient et mutent, qu’ils affectent l’homme ou pas. C’est le bonheur de la science du vivant. Un bout d’ADN qui se déplace et tout change, même et surtout la transmission et l’hôte qui transmet. L’écologie n’est pas fixe. C’est comme ça que marche l’évolution : un poil de réchauffement et un virus endormi se réveille pour dézinguer une population qui n’attendait que lui.  Si c’est des pangolins, on s’en fout. Si c’est nous…..

 

Si tu me crois pas, tu peux toujours lire le dernier chapitre de Bakker où il explique que (1) les dinosaures n’ont pas disparu et que (2) les dinosaures éteints ont été rayés du monde par les virus. Ben oui, c’est comme ça que marche le vivant. Cette semaine, on s’étonne qu’un chiroptère ait collé la rage à un homme. Ça fait un moment que la transmission est connue, mais le renard était un coupable plus facile à punir, et plus rentable. Les conditions de l’observation comptent autant que l’observation. Même avec les dinosaures.

 

Mais une chaire de plus au Muséum, ça va coûter !! Oui. Moins qu’une campagne de vaccination. Chacun ses priorités.

 

jeudi 7 janvier 2021

LES PHILODOXES

Frédéric Schifter l’exhume. N’hésitons pas à l’utiliser, ce vieux mot qui plonge dans l’univers platonicien et qui recouvre notre pensée d’une couverture athénienne du meilleur aloi. Il permet d’abord de rappeler que Mythologies est l’un des meilleurs livres du siècle passé.

 

Le philodoxe est celui qui aime l’opinion commune, la doxa. Ne pas penser hors de l’autre. Penser dans l’autre, penser l’autre. Quel que soit le sujet, attendre le troupeau pour s’y glisser. Panurge ? Evidemment non. Ce n’est pas un mouton que Panurge jette à la mer, c’est un bélier et c’est la raison pour laquelle les moutons suivent le mouvement.. On n’imite pas qui nous ressemble mais à qui nous voulons ressembler.

 

C’est la téléologie du mythe qui transmute l’artificiel en naturel. Il importe de croire que la pensée qu’on adopte et qui semble universelle est une pensée naturelle ce qui explique et justifie son universalité. Ce qui évite également de la mettre en question.

 

Le glissement épistémologique est simple à suivre ; il va de l’unique (moi) au groupe et la quantité y est reconnue comme signifiante. Plus mon groupe est important, plus importante est ma pensée. C’est l’épistémologie de la manif. Bien entendu, ceci va de pair avec l’aspect « naturel » de la démocratie fondée sur la majorité.

 

Nous avons eu l’occasion d’en parler. Il est vrai qu’une notion biologique, la néoténie, peut justifier de la soumission de l’individu au groupe, du moins lors de sa formation. Mais c’est introduire le temps et l’invariance du temps dans le cogito. C’est supposer que le temps dans lequel je vis est le même que le temps dans lequel je me forme. C’est accepter une sorte de permanence du groupe (social, national, familial). C’est une prime au conservatisme totalement incompatible avec la vie. Et avec la pensée..

 

Dois je élever mes enfants comme j’ai été élevé ? C’est une question d’écologie. A opposer l’inidividu et le groupe, on oublie le milieu naturel, l’écosystème. Mes enfants, comme moi, vont dans une école où des enseignants les forment. Mais ce n’est pas le même écosystème et ce n’est pas la même formation. Mon instituteur, à Bayonne, fumait en classe. Ce n’était pas  un irresponsable : grand résistant, adjoint du colonel Rémy, torturé par la Gestapo, déporté, ses actes témoignaient pour lui. Aujourd’hui, il serait vraisemblablement viré ; la doxa a changé et, avec elle, les philodoxes. Par définition..

 

La doxa n’a rien de naturel mais elle est confortable. Elle installe la permanence dans le réel variable. Avec des contradictions internes : aujourd’hui la doxa du temps est que tout change sans cesse. La nouveauté devient le point fixe de la réflexion sur la permanence du réel. Ce n’est pas innocent : le monde des médias est gonflé à l’EPO du nouveau qui constitue le fondement de son existence. La pensée y gagne une sorte d’arthrose qui fige le mouvement qu’elle survalorise.

 

Pour l’homme, la seule vraie nouveauté reste sans cesse à découvrir : c’est un monde figé d’où il aura disparu. Un monde sans lui. La mort est encore la permanence du réel.

 

Gommons la.