samedi 30 décembre 2023

BOUVARD !! EN PRISON !!

J’ai recommencé ma cure annuelle de. Grosses Têtes. Ça me prend quand l’actualité me déprime. Grâce à Depardieu, mes yeux se desillent. Les Grosses Têtes, avec leurs histoires droles, salaces et  graveleuses forment la pointe avancée de la culture du viol, vue par Sandrine Rousseau. Et quand Carlos s’en mêle, Lacan n’est pas loin, vu que rode Dolto.

Il y a aussi des histoires de Noirs, d’Arabes, de Juifs,etc...où l’accent est un marqueur signifiant. Pour les disciples de Rousseau, marque de racisme, d’antisémitisme, d’islamophobie, que sais je encore ? J’oubliais les homos.

Tout ceci pour dire qu’au jour d’aujourd’hui, les Grosses Têtes crouleraient sous les amendes et les procès et que Bouvard serait menacé du bagne. Tout le monde a oublié que les Grosses Têtes étaient l’une des meilleures audiences de la radio. Les Français seraient ils racistes, antisémites et violeurs en série ?

 

Remontons le temps.

 

L’archeologie progresse et fouille les enclos rituels des Gaulois. Rituel, ça marque  la religion. Nos ancêtres avaient choisi le banquet comme cérémonie religieuse : une grande bouffe, bien arrosée qui pouvait durer plusieurs jours, bourrés, débraillés et braillards. Je n’ai rien trouvé sur la sexualité, mais on ne peut que la penser présente. C’est notre substrat civilisationnel. Imagine t’on une poignée de culs serrés bousculer plus de vingt siècles de civilisation ? « Mais, mééh, me dit une copine, ils étaient primitifs. » Connasse ! La religion était encadrée par les druides, disciples de Pythagore et philosophes de haut vol que toute l’Antiquité respectait. Primitifs !!

Ajoutons que la viande la plus consommée était le porc. Bon, ce que j’en dis…….

 

Les Grosses Têtes sont encore diffusées sur leur chaine You Tube. Technologie geek pour philosophie gauloise. Je me demande si les culs serrés vont porter plainte.

jeudi 28 décembre 2023

LES JOURNALEUX

Je l’emploie souvent et on me reproche sa connotation méprisante.

C’était mon premier métier, celui que je voulais vraiment faire. Alors, je m’y suis mis. Ma première pige m’a été payée en 1970 par Pierre Lazareff qui m’a donné ma première leçon en me disant « Votre papier est mauvais. Vous n’êtes plus à la Sorbonne. Mes lecteurs sont les taxis et les concierges, écrivez pour eux et refaites moi ça ». J’étais pistonné, j’ai recommencé. Trois fois. Adoubé par Lazareff, j’ai ensuite pu faire des papiers dans plusieurs journaux et rencontrer de nombreux « confrères ».J’ai donc appris le journalisme sur le tas, il n’existait pratiquement pas d’école de journalisme. Rappelons les fondamentaux.

 

Un journaliste est un chasseur d’infos et il doit présenter ses propres infos qu’il sait aller chercher. Ce n’est en aucune manière un compilateur de dépêches d’agence ou de communiqués de presse, sauf à vouloir que toutes les rédactions se ressemblent. En pleine guerre du Viet Nam, pour avoir des informations, il arrivait que le gouvernement français interroge Le Gros, comme on appelait Lucien Bodard, mieux informé que les services officiels. Le Gros n’appartenait à aucun réseau mais il avait un carnet d’adresses comme on disait alors. Pour chacun il savait quoi demander et ce qu’il pouvait publier ou celer. Ne pas mettre ses sources en danger. Il pouvait même relayer une information fausse en toute connaissance de cause afin de rendre service à sa source ce qui faisait de son informateur son débiteur. Jeu subtil et dangereux qui m’a appris qu’un jeune journaliste n’ayant pas de carnet d’adresses n’a aucun intérêt. Egalement qu’on doit, toute une vie, labourer le champ qu’on s’est choisi, on ne peut pas tout maîtriser. Le Gros avait l’obsession de la civilisation (américaine) qu’il voyait à la racine des maux du monde. Cinquante ans après, je dois lui donner raison.J’ai suivi un bon bout de la guerre au Viet Nam avec Le Gros et aujourd’hui, je suis affligé de voir ce que les gamins font de la guerre en Ukraine. J’imagine Le Gros avec les infos des satellites.


Tous les soirs, j’ai envie de demander aux commentateurs : « envoyés spéciaux ? combien sur la ligne de front ? une équipe sur 2000 km ? tu rigoles ou t’es sérieux ? » Et je pense à Jean Bertolino et à une soirée chez Claude Sauvageot. Berto était un spécialiste du Kurdistan et il en a parlé toute la soirée car il en revenait après avoir été parachuté par les forces spéciales françaises. Il y avait certainement un deal mais j’ignore lequel. Journalistes contre journaleux.

Après, il y a les annuaires, notamment ceux édités par Jane’s.Une trentaine de volumes : un sur les avions de combat, un sur les navires de guerre, deux sur les tanks (roues et chenilles), un sur les canons et obusiers, un sur les mines et explosifs, une synthèse sur les armées, un volume sur les forces spéciales, pays par pays, pour l’instant manquent les drones. Avec une collection de Jane’s, tu peux parler technique militaire 3 à 5 minutes par jour en donnant l’impression que tu sors de l’usine. Bon, ça coute un bras (1000 à 1500 euros le volume) et ça se change tous les ans, le rédac’chef fait la grimace.


On n’a rien sans rien. Le rédac’ chef préfère inviter des officiers généraux qui ont les Jane’s dans leurs bureaux et qui sont tous passés par l’Otan sans penser que leur vision stratégique est celle du Pentagone, pas celle de Poutine. On fera un correctif plus tard.


Et personne ne parle de Cheliabinsk. La Russie a basculé dans l’économie de guerre. L’usine de tracteurs de Cheliabinsk a été transformée pour fabriquer des blindés. C’est pas nouveau, Staline l’avait fait au début de la Grande guerre patriotique. Il doit bien rester quelques vieux contremaitres pour s’en souvenir. J’attends un reportage sur le sujet qui est actuel avec une profondeur historique. Et si pas Cheliabinsk, ailleurs, y’a pas qu’une usine chez les soviets. Je ne suis pas journaliste, pas spécialiste de la Russie, mais je savais aller sur le terrain en pensant au lecteur (ou au spectateur). Chez les Soviets comme Tintin. 

mercredi 27 décembre 2023

GERARD-BERURIER

Arrêtons les conneries. Voilà-t-y pas que des intellectuelles au rabais érigent Depardieu en icône de la « culture du viol ». Depardieu, c’est la France, c’est Obélix et pas un producteur ne lui a offert le seul rôle sans contre-emploi qu’il méritait : Bérurier.

 

En littérature, Bérurier est le dernier et le seul représentant stylistique de l’esprit de chambrée, cet idiolecte des jeunes gens  qui jouent à des compétitions de taille du phallus, compétitions dont sont exclues les fendues mais pas les homos. Je note que la suppression de la conscription n’a pas détruit l’esprit de chambrée, désormais appelé culture du viol tout en notant que dans une ville de garnison (la mienne), les atteintes sexuelles ont augmenté depuis la fin de la conscription.

 

Les intellectuelles au rabais préfèrent le baise main à la main au panier et  Proust (qu’elles n’ont pas lu) à Frédéric Dard. Comparons les ventes de Madame Ernaux et celles de San Antonio pour savoir où est la France. Bérurier était sur les ronds points des gilets jaunes, pas la mauvaise styliste au cul coincé nobélisée. De nos jours où la quantité est qualité, cela devrait suffire à classer les styles. Mais non : on encense les cuisiniers qui réchauffent les algues plus que ceux qui élaborent une tête de veau ravigote. Pas Bérurier, et pas Depardieu. On se veut élitiste quand on est seulement médiocre et fainéant. Et radin de surcroit.

 

Les adaptations cinématographiques de San Antonio n’ont jamais fait un carton car les adaptateurs se sont focalisés sur le commissaire bellâtre qui vénère sa vieille mère alors que le vrai héros est Bérurier où chaque spectateur se reconnait car Bérurier c’est l’excès, y compris l’excès d’amour pour Berthe que tous semblent oublier. J’ai lu que Depardieu avait dit « Pour jouer Obélix, il faut avoir des paquerettes dans les yeux » Pour jouer Bérurier aussi ce que les connes ne veulent pas voir. Ne peuvent pas voir car elles ne savent regarder qu’au premier degré, elles écoutent les mots et ne voient pas les paquerettes.

 

Et les admirateurs de Depardieu ont tort : Depardieu n’est pas la France, il est les Français.Excessif, mangeur et buveur, grivois, cultures de la biture et plus si affinités.  Le Président ne s’y est pas trompé. Les lecteurs d’Annie Ernaux ne représentent rien, on n’est pas élu avec des miettes.

mercredi 13 décembre 2023

INFO-ASSUREURS

 Info du journal Sud-Ouest : 60 immeubles du centre ancien de Bayonne seraient sur le coup d’un arrêté de péril. On se calme Sud Ouest !!! Ce n’est pas un scoop. J’avais déjà évoqué le problème, voici plus de vingt ans lors d’une conférence confidentielle à laquelle j’avais convié le responsable municipal de l’urbanisme, mon ami JC.

 

Pourquoi ? Je venais de terminer un travail sur l’urbanisme bayonnais qui m’avait permis de découvrir dans les archives municipales (j’y insiste) une analyse pédologique du sol sur lequel la ville est bâtie. Bien avant le RGA (Retrait-Gonflement-des Argiles) l’auteur insistait sur la plasticité du sol et le danger qu’il y avait à modifier le poids du bâti dans le centre ville. On était alors en pleine obsession des curetages autorisés  par le PSMV qu’un architecte grecquo-parisien voulait imposer à la ville ce qui permettait d’échapper aux réglements sur les monuments historiques. Naturellement, mes avertissements restèrent lettre morte, les assureurs protégeant les promoteurs.

 

C’est sympa : 60 ans après, les faits me donnent raison., et ce n’est qu’un début : les données pédologiques n’ont pas changé et les constructions n‘évoluent pas vers plus de solidité. Reste à analyser la spoliation des propriétaires. Organisme d’Etat, le BRGM a commencé la cartographie des RGA en 2004. On considère que les RGA sont la deuxième cause de catastrophe naturelle en France. D’où les questions :

 

-un problème créé par l’activité humaine peut il être considéré comme une catastrophe naturelle ?

- la responsabilité est elle liée à la date où l’organisme vérificateur est informé du risque ?

 

Les assureurs sont puissants mais ils ne sont guère dépensiers sauf pour définir ce qu’ils appellent « le fait générateur », à l’origine du problème. Dans le cas qui nous occupe, le RGA aggravé par les curetages peut être un fait générateur et ce fait générateur était connu depuis les années 1920, date de l’entrée du dossier dans les archives. « Je ne savais pas » n’est pas recevable puisque les services municipaux étaient informés avant même que le BRGM ait commencé à cartographier le phénomène ; Bayonne était en avance, comme souvent. Ajoutons que la même pédologie est à l’œuvre sur tout le Pays basque et que Biarritz est également menacée. J’espère seulement que les villes recruteront désormais dans les facs de géologie et pas à Sciences Po.  


Je tiens les infos à dispo de tout assureur voulant mettre en cause les responsables d'un sinistre

lundi 18 septembre 2023

Dujardin et la France.


 

Erreur de casting. L’idée de Jean Dujardin était bonne et juste, et parfaitement mal réussie. Sciences Po a voulu s’emparer des gilets jaunes. Et, comme toujours, a tout mélangé. Evidemment que le rugby, c’est la France. La France du  sud, la France des Plantagenet, la France  des  exclus. Mais c’est la France qui braille la Marseillaise comme si Saint Denis était Valmy. Elle braille la Marseillaise pour soutenir les joueurs des Fidji, n’y voyez aucune incohérence c’est logique mais la logique vous échappe, la logique du peuple n’a rien à voir avec la logique. C’est la France des villages, sans malice, mais avec des valeurs, la France sans vocabulaire mais avec des monuments aux morts. La France populiste, celle qui est allé des tumulus du chalcolithique à l’ossuaire de Douaumont.

 

Quand j’avais une vie de con, j’avais pris l’habitude de répondre à côté à la question la plus con qui soit : « Une coupette ? » qui me faisait dire : »Heu…vous n’auriez pas un jaune ? Un pastis ? un Ricard ? » Je ne pouvais pas ajouter : « Une boisson d’hommes » c’était le début de mes autocensures, il faut du temps pour mépriser ses semblables Le Ricard mettait une distance suffisante entre l’avenue de Wagram et Doucine. Doucine, c’était le lounge du village. Une grande salle avec le bowling au bout. Je dis bowling pour vous aider à comprendre, en fait c’était le lieu où on jouait aux quilles, sans machine à ramasser les grosses quilles rustiques taillées à l‘herminette par Albert, le menuisier. Le quillard complétait l’installation ouverte sur la rue par la boutique du coiffeur….car Doucine était coiffeur, mais avec des horaires différents et l’auberge ne servait pas de coupettes, même pas pour le mousseux. J’ai souvent pensé à Doucine comme à bien d’autres, pour mesurer l’immensité de la distance entre les mots et les sens qu’ils trimbalent. En fait, chez Doucine le mousseux avait à peu près le même sens que « des bulles » chez le pseudo connaisseur en champagne proche de l’Arc de Triomphe. Les mots portaient moins de sens que les mocassins. A cette aune, autant regarder les grolles qu’écouter les paroles. Certains mots signent le con, par exemple « authenticité ». Le con aime ce qui est authentique, peut être parce qu’il est authentiquement con. « authentique » est très utilisé en gastronomie et, année après année, le nombre de cuisiniers « authentiques » est en augmentation, au rythme de la disparition des produits et des savoirs.

 

On aura compris, j’aime la France la vraie, celle des ploucs, mes semblables, mes frères, la France qui ne ment pas, la France qui nourrit les Français, la France de Verdun et Valmy, pas celle du Quartier Latin. « C‘est vulgaire » me dit-on. Fièrement. Etymologiquement, vulgar désigne celui qui parle la même langue. Et c’est là que Dujardin a dérapé. Il a cru pouvoir incarner ce vulgaire quand ce n’est pas la place d’un beau gosse. Dujardin s’est rêvé San Antonio alors que l’incarnation de la France est Bérurier. Reprends la cérémonie, vire le bellâtre et mets le seul Bérurier possible : Depardieu, avec un tonnelet de gamay, une casserole de gras-doubles et la main au cul de la secrétaire. D’un seul coup, tout bascule et le rugby redevient un sport d’équipe quand on déconne dans le bus où le président montre son cul. C’est pas bien ? La France n’aime plus son histoire qu’elle trouve peu présentable, vu que c’est une histoire de baise et de picole. Le génie de la France s’incarne dans sa gastronomie avec des produits de récupération dont elle a fait un miracle. Paysan, le Français a exploité les abats. Dans un animal, on bouffe tout. Seuls les Chinois ont fait mieux. On bouffe tout mais pas n’importe comment. Service, art de la table, flambées, tout ce savoir mis au service des « bas-morceaux » mérite notre admiration….et notre rage face à la perte de savoir. Cette année 2023 a vu la disparition de l’épouvantable pisse-froid qu’était le professeur Got qui aurait détesté le docteur Demaison dont tous les villages de mon enfance ont connu la vieille jeep qu’il embarquait sur des pistes infréquentables avec des taux d’alcoolémie olympiques. Par tous les temps, il faisait son boulot : sauver les citoyens. Même bourré ? Oui. Seul compte le résultat, pas la manière. Sauf pour les journalistes, surtout XX.

 

Les Français sont devenus des trous du cul. Ils sont contents de l’image qu’ils donnent en oubliant comment s’est créé cette image.Macron a remplacé Herriot qui aimait tant l’andouillette authentique.

dimanche 18 juin 2023

LE RGA


 

Vous ne connaissez pas ? C’est un acronyme et ça désigne le Retrait-Gonflement des Argiles. C’est bien connu, souvent mesuré par le BRGM, et ça explique plein de fissures. Ce n’est pas une  catastrophe naturelle, juste un phénomène prévisible et dont on décide de ne pas tenir compte. Surtout les municipalités.

 

L’argile, c’est plastique et soumis à l’humidité. En période de sécheresse, l’argile se rétracte et, de ce fait, les fondations des constructions bougent. Fissure ! Et quand il pleut, même chose, dans l’autre sens, car l’argile gonfle. Pour le dire en deux mots, nos villes ne sont pas construites sur  du solide.

 

Le Maire qui a délivré le permis de construire connait ce phénomène, il a été prévenu par le BRGM. On peut penser qu’il a informé l’impétrant afin de dégager sa responsabilité. En toute hypothèse, l’Etat n’a pas à déclarer une quelconque situation d’exception. Il a fait son boulot et prévenu qui de droit. Le Maire, informé par ses services, a décidé d’octroyer une autorisation dont  il est seul responsable.

 

Parfois, pourtant, c’est pire. Le RGA, je l’ai rencontré très tot, en 1995 alors que le BRGM ne l’avait pas encore identifié comme un danger urbanistique. Chez moi, un architecte dangereux soutenu par un adjoint calamiteux avaient décidé d’autoriser ce qu’ils appelaient des curetages, la destruction d’une partie du bâti. Alors que la ville a été construite sur un sandwich de marnes argileuses. Détail que tous semblaient ignorer, sauf ceux qui avaient consulté les archives. Moi, en l‘occurrence.

 

On décidait donc d’alléger le poids du bâti, ce qui impliquait un gonflement de l’argile, allégée.. ajoutons le gonflement lié aux intempéries et tout était en place pour une catastrophe…..qui ne tardera pas.

 

Question : comment un architecte peut il ignorer les bases de la géologie ? Tout simplement en ignorant l’Histoire. Chez moi, la moitié de la ville est construite sur des étangs, comblés au fil du temps. Il faut un peu travailler pour le savoir.

 

C’est un problème d’assurance, c’est à dire de fric. Et donc un problème de responsabilité. Qui va payer pour tes fissures ?

 

Le Maire, évidemment. Le BRGM l’avait informé. Il ne peut pas dire qu’il ne savait pas. Il n’en a pas tenu compte, c’est aussi simple que ça

 

samedi 17 juin 2023

SURTOURISME


 C’est pas neuf, loin de là. Ça avance à bas bruit, et personne ne s’en aperçoit avant qu’il ne soit trop tard. Nous sommes dans les années 1980. L’ami PK me demande d’escorter un ministre du tourisme venu à Paris acheter du matériel de pêche à la mouche. Vrai ministre, cousin du roi de son minuscule pays, super bien sapé et ancien élève d’une université américaine style Harvard.  La journée se passe admirablement, l’excellence est ravie et m’invite à diner.

 

En fait, il veut une consultation. Son pays est assailli de demande de visas car le monde entier veut le visiter. Partant du principe que ce qui est rare est cher, chaque touriste est obligé de dépenser quotidiennement 200 USD. Pour bouffer des lentilles et dormir dans des monastères. A priori, ça ne freine pas la demande. Je les connais, les visiteurs. A l’exception d’une frange vraiment fascinée, comme mon copain Snafu, ce sont des collectionneurs de visas. Etre allé où peu sont allés. Voyageurs de diners en ville. Ça convient au ministre, même si la sélection par l’argent ne lui plait pas trop car éloignée des valeurs nationales. Mais nous sommes d’accord : il faut sélectionner, le pays est trop petit pour supporter l’afflux et pour le financer, car les touristes coutent, en routes, en hébergement, en nettoyage. Je suggère donc un examen pré-visa, le genre de truc dont je reve pour la France : interdit de visiter une cathédrale sans certificat préalable. Le savoir ne coute rien, sauf le temps de l’acquérir.

 

Il y a un hic et c’est le temps. Le touriste moderne achète ses voyages comme ses chaussures : achat d’impulsion et donc non-achat. Encore étions nous aux temps pré-internet, dans l’ante-clic. Le ministre hésitait. Qui hésite ne vous mérite pas, lui sussurais je. Mais je le sentais tenté par le modernisme.

 

He bé, on y est. Le modernisme, c’est l’invasion. Par centaines au Mont St-Michel qu’il faudra bien fermer. Par centaines au zoo de Beauval. Par centaines à Collonges la Rouge. Des centaines de consommateurs de sensations, surtout pas de savoir, des consommateurs d’immédiat car ils savent que le temps n’est pas chose facile. Des destructeurs doublant les consommateurs, ces gens viennent chier chez les autres et obligent à construire canalisations et réservoirs à merde. Le touriste est destructeur par essence, destructeur de lieux, de savoir, par souci de simplification. J’ai été affligé de voir des expos, simplificatrices et réductrices, résumant mille ans d’histoire en cinq affiches. Gérés par de parfaits imbéciles, les offices de tourisme participent gaiement à la pulsion simplificatrice destructrice de notre histoire commune. La culture ne se démocratise pas sauf à disparaitre et elle ne se simplifie pas sauf à mourir.

 

Les agents de voyages sont devenus les maquignons des nouvelles transhumances. Et oui, j’ai du mépris pour eux. Appelés à gérer le monde, ils savent à peine gérer leurs agences. De Jacques Maillot à Jean Pierre Picon, j’ai connu les inventeurs du voyage moderne, puis leurs successeurs, ceux qui ont ouvert le Grand Canal aux croisiéristes. A chaque génération disparaissait du savoir, remplacé par du discours vide. 


Vide. Là est le qualificatif du monde moderne.

jeudi 15 juin 2023

INIMAGINABLE

Je reviens sur cette phrase entendue au détour d’une émission : « Les Russes finissent toujours par gagner les guerres qu’ils perdaient au début ». Phrase terrible de justesse mais incompréhensible tant qu’on n’a pas compris que les Russes intègrent l’inimaginable à leur stratégie.

Quand Napoléon campe au Kremlin, persuadé d’avoir pris la capitale du Tsar, Moscou brûle. Napoléon ne pouvait pas imaginer que les Russes détruisent leur capitale. Inimaginable ! Comme la destruction du barrage. Les Ukrainiens se sont mis dans la main des Américains, se condamnant ainsi à avoir un coup de retard car les Américains n’imaginent pas l’inimaginable. Ils n’ont surtout que peu d’experience dans la cavalerie blindée : en 1925, l’US Army utilisait encore des chars Renault. En réalité, dans leur doctrine, ils n’ont jamais su classer les tanks : attaque ou défense ? Ben, ça dépend, du terrain, de la météo, de l’adversaire…. un coup attaque, un coup défense. Situation inimaginable dans une pensée guidée par le pré-positionnement quand penser à tout revient à penser à rien.

 

Malgré tout, ils construisent des blindés. En oubliant l’experience. Le Sherman par exemple. Moins lourd, moins blindé, moins armé que les panzers allemands. Mais beaucoup plus nombreux et, partant, très efficace. Il m’a été donné de travailler sur « le couloir de Thuringe ». L’armée française savait l’appétence des Russes pour les chars et imaginait qu’en cas de conflit, les blindés soviétiques attaquerait la France en utilisant le couloir de Thuringe, partie de l’Allemagne de l’Est la plus proche de l’Alsace. La seule défense était de miner. Encore fallait-il disposer de mines en quantité et de couvrir le terrain. On manquait de munitions et on n’avait jamais utilisé d’avions pour parachuter des mines. C’est à cette occasion que je découvris que les blindés étaient le talon d’Achille de l’armée américaine.

 

C’était il y a trente ans, mais les doctrines guerrières ont la vie longue et je doute que les USA aient changé leur fusil d‘épaule : une guerre de chars n’est pas dans leur mental ce qui renforce le poids de l’inimaginable dans la stratégie. L’allié de l’Ukraine est meilleur en stratégie spatiale qu’en pose de mines. On n’a pas fini de s’étonner, d’autant qu’il n’y aura rien d’étonnant, la Russie manque de munitions de précision, qu’à cela ne tienne ! Bombarder en tapis est bien efficace aussi.

 

Je me demande quel est le poids de la météo dans la stratégie, car la météo entre dans la catégorie des impondérables. On a tendance à occulter ce qu’on ne peut pas prévoir. Ou imaginer. Par exemple qu’un barrage puisse remplacer un orage. Le but est d’immobiliser les blindés. Un sol gorgé d’eau est une aide. Pour l’observateur que je suis, c’est un plaisir de gourmet. Qu’est ce qu’ils vont bien pouvoir inventer ?

 

Les machines à tuer se réinventent sans cesse.

mardi 13 juin 2023

LE ROMAN NATIONAL-2


 

Après 1870, la situation ne changeât pas. Après 1970, je découvris sa sœur Anne et son livre admirable = L’héritier de la maison. Elle renvoyait au fameux passage de César qui précise qu’on trouve trois peuples en Gaule : les Celtes, les Gaulois et les Aquitains et que les Aquitains diffèrent des deux autres dont ils sont séparés par la Garonne. Le roman national se fissurait, mais la piste semblait bonne. Les Aquitains n’avaient pas le même système d’héritage que les autres peuples et pratiquaient la primogéniture absolue. On le savait pour les Basques, Anne Zink l’affirmait pour l’ensemble du bassin hydrographique. Or, il est simplement impossible qu’un tel fait social soit neutre. Les Aquitains n’avaient pas la vision de la femme des Celtes et des Gaulois. Au jeu de la généalogie, ils n’avaient pas les cartes de leurs voisins. Pour le dire clairement, les Aquitains n’avaient pas leur place dans le roman national. On les y a fait entrer de force malgré tout.

 

Car ne nous méprenons pas, l’idéologie du roman national est toujours active. Mon maitre en histoire médiévale, Edouard Perroy, m’avait fait remarquer avec insistance que Marc Bloch ne m’apporterait rien, sa société féodale étant axée sur les terres entre Loire et Meuse. L’histoire de France est honteusement géographique, spécialiste des Plantagenet, Perroy le savait mieux que quiconque, je crois qu’il préservait sa carrière.

 

Il était difficile de nier l’Aquitaine, mais la présentation n’en changeait pas. Sous la plume des historiens, Aliénor restait une prostituée. Même Duby, fasciné par la représentation, n’en sortait pas. Le portrait des historiens du temps était figé et le spectre de l’anachronisme plane sur la réflexion. Personne ne dit l’essentiel : la sexualité d’Aliénor est fille de son pouvoir. La primogéniture absolue lui offre un bon tiers du territoire.

 

La civilisation gasconne est niée. Le père d’Aliénor est le premier troubadour, le créateur de l’amour courtois, mais le texte entre tous vénéré est la chanson de Roland, aujourd’hui encore considérée comme le premier texte littéraire français. On appelle « matière de Bretagne » des textes écrits en Champagne et la « matière de France » s’appuie sur des textes narrant les derniers épisodes de la Reconquista. La littérature est convoquée à la barre du tribunal historique.

 

Les historiens de la littérature ont beau jeu de s’abriter derrière l’absence de documents. Le roman national a magnifié la croisade contre les Albigeois qui s’est soldée par la prise de possession des fiefs méridionaux par les complices de Simon de Monfort et par la destruction corrélative des archives en langue d’oc. Pas de documents, pas d’histoire. Et personne, jamais, ne s’est interrogé sur cette lacune. Il est vrai que les traces sont ténues.

 

Mais on découvre. Dietmar Rieger, par exemple. Romaniste teuton qui utilise plus volontiers « provençal » que « gascon » mais comprend à merveille les subtilités de la langue du duc Guillaume. Son travail est un travail de recherche sur l’opposition chanter/dire où il apparait que chanter est plus méridional, les exemples septentrionaux manquant cruellement. Les recherches continuent.

 

Le roman national est simple, voire simpliste : les Capétiens construisaient la France alors que l’Aquitaine était anglaise. Richard Cœur de Lion n’a pas sa place chez Michelet car il fait de l’ombre à Philippe Auguste. Du duc Guillaume au duc Richard, l’histoire de Gascogne quitte l’histoire de France. Où suis-je ?

 

lundi 5 juin 2023

LE ROMAN NATIONAL-1

On en parle peu tant il semble désormais naturel après deux siècles de ressassage qui ont fait de la France un ensemble cohérent à la volonté d’union confirmée et quasi éternelle. Ensemble cohérent capable d’absorber toute population allochtone : dire le contraire vous fait stigmatiser au titre de la xénophobie.

 

Stigmatisation réelle, j’en porte les traces. « Monsieur Chabaud,avec votre accent tonique vous ne parlerez jamais un français correct. » C’est une sorte de xénophobie, sauf que je suis français. Français avec un accent et donc pas vraiment français. J’ai longtemps cherché, au point d’aimer Pagnol (ne pas avoir d’accent, c’est déjà en avoir un). Qu’opposer à xeno ? Suis-je un fils de barbare ? D’autant que je suis de Gascogne, terre romane s’il en est. Et mon prof vient d’Alsace. A t’il une légitimité pour me juger ?

 

Parallèlement, la bibliographie me gratouille où l’étymologie doit se plier aux analyses de Bloch et Wartburg et où les Boches parlent de provençal plutôt que de gascon. J’ai un sentiment d’embrouille à mon encontre. Hilh de pute ! J’avale mes mauvaises notes et je passe à autre chose. Pendant cinquante ans, mais en gardant l’œil aiguisé, découvrant, grâce au professeur Joêl Le Gall que mon trisaieul avait participé de près à l’écriture du roman national et s’était trouvé impliqué dans une confrontation franco-allemande dont j’ignorais tout. Christian Goudineau eut l’obligeance de me mettre à niveau et de m’indiquer des chemins qui m’évitaient bien des errances.

 

Faisons simple : au XIXème siècle, France et Allemagne se disputent la prééminence européenne. Quelle nation peut être considérée comme le berceau de l’Europe ? La nouvelle Rome ? Napoléon III et Bismarck rivalisent. Le premier a constitué une équipe de chercheurs autour de Prosper Mérimée., le second s’appuie sur les frères Humboldt, phares de l’intelligentsia teutonne. L’Empereur écarte d’emblée l’hypothèse d’une France issue des Francs qui sont des Germains. Nos ancêtres les Gaulois peuvent naitre. En face, il y a les Germains, appuyés par l’autorité morale de Tacite. Problème : ils sont un peu récents.

 

Qu’à cela ne tienne ! Les Humboldt sont linguistes, ils tracent donc un chemin. Théorique mais que leur respectabilité rend vraisemblable. En partant des états anciens d’une langue, on peut retracer sa généalogie. En admettant que le français dérive du latin, on peut écrire son histoire mais, comme il s’agit de philologie, il faut s’appuyer sur les textes existants, et donc sur la littérature médiévale. On assiste alors à une ruée des philologues européens sur ce qu’on appelle la « littérature provençale » et les poèmes des troubadours. La France n’échappe pas au mouvement avec, pour tête de file, Paulin Paris, professeur au Collège de France, champenois de naissance. Les auteurs allemands se qualifient volontiers de « romanistes ». Le fils de Paulin Paris, Gaston, s’imbibera très jeune d’influences germaniques notamment avec le germaniste Diez dont le nom est pourtant bien navarrais, avant de succéder à son père.

 

Faute de pouvoir disqualifier les chercheurs français, les Teutons semèrent dans leur idéologie les raisins de la discorde en s’appuyant sur la littérature de langue d’oil. Ce corpus, par essence limité depuis la croisade contre les Albigeois, ouvrait la voie à une lecture univoque de la langue dissoute dans le brouillard des origines. Dès son premier travail, Gaston Paris, s’appuyant sur les travaux de Diez, expose que l’accent tonique (déjà) est un outil de discrimination nécessaire et suffisant pour juger du caractère littéraire d’une œuvre et de l’évolution de la langue. Le territoire de la langue n’est jamais évoqué, l’auteur opposant seulement les accentuations populaires aux accentuations nobles. Et c’est ainsi que l’influence germanique devient le guide de l’histoire..

 

Il semble évident que le choix de la langue d’oil ouvrait la porte au poids teuton de l’accentuation tonique. Bismarck avait gagné : l’allemand avait créé le français ou peu s’en fallait, avec la bénédiction des meilleurs philologues français. A tout le moins, selon une conception généalogique de la linguistique, prépondérante alors.


A suivre....

samedi 3 juin 2023

LA CONTRE-OFFENSIVE


Elle se fait attendre.  C’est normal, ce n’est déjà plus un problème militaire. L’armée est un simple outil au service d’une pensée. Tous les militaires de haut rang que j’écoute sont tous d’accord : Zelensky prépare le terrain pour ses hommes, et tous utilisent le vocabulaire de l’OTAN. : il s’agit de « shaping »

 

Préparer le terrain avant d’attaquer, ça parait logique. Moi, ça me rajeunit ; en 1974, les B-52 américains bombardaient les digues du Viet-Nam pour préparer le terrain. Un an plus tard, ils évacuaient Saïgon..

 

Les Russes pensent à l’opposé. Ils se collent au terrain tel qu’il est et ils le fortifient, plus ou moins brillament. On est donc dans deux modes de pensée et les Américains ont convaincu Zelensky qu’ils avaient raison. On va bien voir. D’un côté l’attaque, de l’autre la défense, le glaive et le bouclier. Philosophiquement passionnant.

 

D’autant plus passionnant que le mélange est inévitable. L’Ukraine va recevoir des F-16. Où seront-ils stockés ? Il faut de bonnes pistes, une excellente informatique, des ateliers de maintenance. Un aéroport est une belle cible. L’avion est un glaive auquel il faut un bouclier. Dans la configuration actuelle, la construction du bouclier n’est pas garantie ce qui peut faire douter de l’efficacité du glaive.

 

Les nouvelles de Russie ne sont pas trop relayées chez nous. On sait seulement que l’économie de guerre se met en place, à la mode russe, c’est-à-dire soviétique. Les Russes savent qu’une arme rustique et nombreuse est plus utile qu’une arme sophistiquée et rare. L’AK-47 a libéré nombre de pays. Les fabriques de tracteurs construisent des chars qui ne valent certainement pas les chars occidentaux mais qui ont l’avantage d’être disponibles.

 

Je repense à la mort de Mao. Les stratèges du temps se focalisaient sur la veuve Mao et la bande des quatre, comme ceux d’aujourd’hui mettent en évidence des personnages secondaires pour prévoir l’après-Poutine (lequel n’est pas encore mort). Personne ne sait rien du Kremlin ce qui n’empêche pas de prévoir et supputer. On trouvera des excuses plus tard.

 

Pour l’heure, prenons de la hauteur. Le glaive augmente les pertes et l’Ukraine a une démographie en berne. L’électoralisme américain n’a pas encore d’impact et Poutine est vivant. La stratégie otanienne triomphe (dans les esprits). Attendons de voir. Du moins le terrain aura-t-il été préparé.

mercredi 24 mai 2023

Atout France


 C’est une agence nationale. Destinée à rendre incontournable la destination France. Et donc on peut la supprimer. Le monde entier veut venir en France, Atout-France ou pas. Le désir est là. Une Madame Leboucher préside cette chose. X-Mines, c’est du lourd. Sur CV et seulement sur CV.

 

J’ai quelques idées sur le tourisme. Je suis donc allé voir le site de cette chose, pour me faire du mal. Je m’en voudrais de qualifier les textes, inqualifiables, du niveau d’une agence de voyages du IIIème arrondissement. Pompeux, bêtifiant, enveloppant d’un vocabulaire mièvre des généralités insignifiantes. Médiocres ce qui est le pire s’agissant du plus beau pays du monde.

 

Madame Leboucher, sur son site, fait preuve d’une ignorance crasse du tourisme. Il est exact que des millions d’étrangers veulent venir en France et son boulot devrait être de faciliter cette rencontre. Le site offre 18 langues dont l’espagnol qui est utile aux sud-américains : en Espagne, on parle castillan, eventuellement le catalan. Le portugais est proposé mais pas sa variante brésilienne. Un bon point pour la Chine où on offre mandarin et cantonais.

 

Quand on veut vendre, on s’intéresse d’abord aux acheteurs. A ceux qui achètent aujourd’hui et à ceux qui achèteront demain. A priori, les Indiens ne sont pas concernés par la France. Je présume que Madame Leboucher sait que la France est une dentelle mais elle ne sait rien de ceux qui cherchent la dentelle. Et là, Polytechnique passe devant Mines et le Mont Saint Michel devant Montargis. Pourquoi Montargis ? Parce que l’Histoire a fait que Montargis est une étape quasi obligatoire pour les Chinois.

 

Et comme tout voyageur consciencieux, le touriste chinois va à l’Office de Tourisme chercher des informations et ma question sera : Y’a-t-il un interprète chinois à l’OT de Montargis ? Je doute, il n’y en pas à l’OT de Biarritz que les services de Madame Leboucher ont affublé du titre de marque-ombrelle pour le Pays basque. Il n’y a pas non plus d’interprète de russe alors que Biarritz abrite une colonie franco-ukrainienne non négligeable et une cathédrale orthodoxe. Et ceci grace à l’Ecole des Mines. Je vous raconterai un jour.

 

Le boulot d’Atout France devrait être l’accueil des touristes, là où ils veulent aller et non pas là où les statistiques disent qu’ils vont, les statistiques noyant les particularités sous l’épaisse sauce des généralités. Atout-France devrait permettre aux OT de province d’accueillir prioritairement certaines nationalités en payant les interprètes et les prospectus dans diverses langues qui permettent de travailler efficacement.

 

Voici plus de vingt ans, un travail amusant sur la langue des Routards indiquait que la phrase la plus utilisée dans le GDR était « Le patron parle français ». Le sens est clair : le touriste a toujours besoin de truchements pour augmenter sa connaissance, des passerelles entre sa culture et la culture qu’il découvre. Cela signifie connaitre la dentelle d’un territoire déjà dentelé. Pas Paris, mais chaque vallée des Pyrénées ou chaque domaine du Bordelais. Ce n’est pas un travail titanesque, il a déjà été fait. Chaque OT a dans ses tiroirs des spécialistes appelés érudits locaux qui ont fait ce travail. Il suffit d’aller à la source. C’est un travail.

 

Voilà le gros mot laché. Il est plus facile de s’abriter derrière quelques statistiques  de belle taille qui permettent de faire croire qu’on maîtrise le sujet puisque le corpus est gros. On bichonne le gros bide de la courbe de Gauss sans voir que la pertinence est le plus souvent dans les singularités de la tête.

 

Je viens d’écouter une interview de Madame Leboucher à l’occasion de sa nomination où elle se félicite du retour des touristes en France alors qu’elle n’y est pour rien, vu les délais de son activité. C’est pathétique. Elle veut nous persuader qu’elle a inversé la tendance en moins d’une semaine !

 

La France est belle mais, surtout, la France est différente et les voyageurs cherchent la différence avec les points qui aident à se sentir chez soi quand on est ailleurs.

 

J’ai envie de parler à Madame Leboucher d’un ingénieur des Mines, polonais et qui fut l’un des plus grands cuisiniers de la Belle Epoque. Lui, connaissait intimement la France. Pas elle.

 

dimanche 21 mai 2023

MACRON EST UN CON

 Ce n’est pas moi qui le dit, je ne me permettrai pas… C’est le Kremlin en langage diplomatique. « Le president Macron a une compréhension erronée. » Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre. Si on me dit que j’ai une compréhension erronée, on me traite, poliment, de con.

 

D’autant plus que j’ai les éléments pour comprendre. Un Président a des conseillers qui préparent et éclairent les dossiers, soulignent les éventuelles incompréhensions, mettent en garde. Dans ce cas, il s’agit de l’OCS, une alliance qui existe depuis plus de 20 ans. Alliance économique, mais aussi militaire (défensive mais on voit bien que la marge est faible). Alliance fondée par la Chine et la Russie, rapidement rejoints par les « stan »(Kazakhstan, Tadjikistan, Uzbekistan) puis plus recemment par l’Inde, l’Iran, le Pakistan. Certains pays sont qualifiés d’observateurs, antichambre à l’intégration (Mongolie, Afghanistan, Sri Lanka, Bielorussie). Le cadre formel est assez strict mais les relations entre Etats restent plutôt libres. Dans ces conditions, parler de vassalisation est une erreur majeure, une connerie.

 

L’OCS commence à inquiéter. Elle a repris les accords Chine-Russie signés par Eltsine et portant sur le nucléaire civil et l’industrie de l’armement. C’est ainsi que le Sukhoi-57 et le Chengdu-J20 partagent de nombreux éléments que l’on trouve également sur les prototypes indiens. Les participations sont différenciées, les Chinois se spécialisant dans l’électronique et les matériaux composites, et les Russes dans la motorisation. Dans ces conditions, les sanctions contre la Russie apparaissent comme un vœu pieux. Les Russes auront toujours assez de semi-conducteurs pour motoriser les avions chinois.

 

Il aura fallu plus de vingt ans pour que l’OCS ait droit à quelques timides mentions dans la presse. Les débuts étaient caractérisés par la timidité chinoise, timidité toute stratégique. Mais quand ça grandit, vient un moment où on ne peut plus rien cacher : les pays de l’OCS représentent 50% de la population mondiale. Ça fait du monde…plus de quatre millions de soldats mobilisables. Bien entendu, la vassalisation suppose que l’on obéisse au suzerain, à condition que le suzerain ordonne, ce qu’il ne fait pas.

 

C’est là que le bat blesse. Le suzerain conseille, suggère, laisse libre, induisant une compréhension erronée. Le monde de l’OCS est un autre monde mental, inadapté aux outils reflexifs occidentaux.


La colonisation est morte.

JACK MA ET LI HONG ZHANG

 C’est marrant comme on peut être invisibilisé… La toile bruisse d’articles sur Jack Ma alors que je donnais les clés dès octobre 2010.

 

Jack Ma est un fils de Li Hong Zhang (fils spirituel j’ignore tout de son père biologique qui n’a aucun intérêt) C’est donc un fils du système guang du shang bang.(contrôle d’Etat-gestion privée). En clair l’Etat chinois a financé Ali Baba que Jack Ma gérait en suivant une feuille de route. Quand il n’a plus suivi la feuille de route, il a été viré par le pourvoyeur de fonds.

 

Il était là pour dominer Amazon en s’appuyant sur le marché intérieur chinois. Mais pas en appliquant les règles du capitalisme étatsunien, en appliquant les règles du socialisme à la chinoise, lesquelles supposent que les épiciers ne sont pas des banquiers. Créer une filiale financière était une sorte de suicide, il sortait de sa feuille de route. S’il avait besoin d’une telle structure, il devait la confier à un acteur de la finance, agréé par le PCC.

 

Depuis sa mise à l’écart, il accumule les conneries, par exemple en se réfugiant au Japon, ennemi héréditaire de la Chine, prouvant ainsi qu’il est corrompu par la pensée américaine.

 

Il ne s’agit pas d’argent mais d’un nationalisme exacerbé où chaque détail compte pour le pouvoir politique qui tient en mains le pouvoir économique. Nous sommes incapables de comprendre cette situation qui correspond à la phrase de De Gaulle : « La politique de la France ne se fait pas à la corbeille. » La politique de la Chine, non plus, et c’est logique. La Bourse, surtout celle de Hong-Kong, est une relicte des Traités Inégaux.

 

J’attendais un peu plus de savoir des commentateurs, mais je suis un vieux con

lundi 15 mai 2023

PENSER A LA MORT

 C’est un de mes copains. Macroniste jusqu’à l’hippocampe. Inclus.

 

J’essaye de lui expliquer la stupidité présidentielle. Et là, toc ! il baisse la garde. « Mais il ne pouvait pas prévoir le COVID !!

 

Si, il pouvait et devait prévoir.

 

Le COVID fut une pandémie. Comme la grippe espagnole ou la peste noire. Les pandémies escortent l’humanité depuis la nuit des temps. Rien de nouveau sous le soleil. Aujourd’hui, elles sont plus virales que bactériennes, mais ce sont toujours des pandémies.

 

Protecteur des Français, le Président doit aussi les protéger contre les pandémies et, dans le cas de la pandémie de Covid, il a lamentablement échoué. Alors qu’il avait les instruments en mains avec le plan Biotox, élaboré par Kouchner (un médecin), plan prévu en cas d’attaque biologique du pays. Mais, ça n’a rien à voir !

 

Tu es con ou tu fais semblant ? Peu importe que la pandémie soit d’origine humaine ou naturelle, ça n’a aucun intérêt. Le malade demande d’être soigné et possiblement guéri. Il se trouve que le plan Biotox approuve cela mais avec des instruments différents. Ainsi, prévoit- il ; « disponibilité en permanence de laboratoires (hospitaliers ou militaires) permettant d'analyser les prélèvements suspects ». Hospitaliers ou militaires, cela veut dire publics. Or, c’est un gros mot pour Manu. Allons plus loin (source Wikipedia) : «  établissement d'une organisation de gestion de crise, basée sur les établissements hospitaliers (qui gèrent déjà en permanence des agents infectieux et sont rompus aux mesures d'hygiène et d'isolement) ». Cette organisation n’existait plus, les établissements hospitaliers étant en déshérence, au nom de la rentabilité.

 

Et donc, le Président s’était oté les moyens de se battre. Bien entendu la racine était lointaine, mais depuis 2017, il avait eu le temps de réagir. Sauf qu’il n’était pas concerné par une exceptionnelle pandémie, mais par le quotidien qui fait la provende des seuls Français qui l’intéressent : les journalistes.

 

Macron n’a jamais été un vrai Président, soucieux du long terme pour ses électeurs, pas du court terme pour les élections. Après trente ans d’abandons, il promet une ré-industrialisation, mais ce sont seulement des mots car il refuse les outils qui y aideraient, notamment la nationalisation ou la re-nationalisation et leurs corollaires: le politique conduit l’économique ou le public est supérieur au privé.

 

Mais il n’a pas été élu pour ça ! En êtes vous certain ? Il choisit les sujets sur lesquels il est confortable de s’appuyer : le COVID plutôt que la pandémie.

 

Il n’a pas non plus été élu pour préparer la guerre mais ça fait partie de son quotidien de Chef d’Etat : Penser à la mort.

samedi 13 mai 2023

LA LÉGITIMITÉ

 

 

C’est le grand manque de notre temps. En quoi est-on légitime à se saisir d’un sujet ? Et, au-delà, à s’exprimer sur le dit sujet. Pire encore, à en juger.

 

Ce n’est pas lié à Internet ou aux réseaux sociaux, contrairement aux apparences. Internet a seulement gonflé de façon caricaturale un phénomène pré-existant qui date, peu ou prou, des années 1960. Avant ce temps, la légitimité était acquise par l’apprentissage qui donnait une voie vers le savoir. Peut parler celui qui sait ou qui a appris à savoir, non seulement les faits mais aussi les conditions de l’acquisition des faits, le contexte des faits, l’histoire du savoir et le contexte épistémologique. J’admets que c’est limitatif.

 

Libraire, j’ai du engager quelques collaborateurs. D’emblée, ils ont voulu améliorer leurs chiffres par « des coups de cœur », des conseils de lecture, des post-it mièvres et répétitifs, à la limite de l’injure aux clients et baignant dans la publicité mensongère. J’ai du me gendarmer au risque de passer pour un vieux con ronchon. Je sortais de chez RB où nous avions passé deux ans à travailler sur les 40 pages de la Sarrazine de Balzac et des gamins pensaient avoir un avis à donner sur les 600 titres d’une rentrée littéraire avalés en moins d‘un mois ! Mes collaborateurs se moquaient de moi, et, plus grave, de mes clients. Je leur posais la question : « Quelle est votre légitimité à juger ? » Le texte était le cadet de leurs soucis, ils surfaient sur l’air du temps.

 

Il me fallait leur apprendre qu’ils devaient vendre des livres, pas des textes. La Découverte remplaçait Maspero en vendant les grands textes du 18ème en format poche. « Est-ce le même livre ? » La réponse était unanime et négative. « Et pourtant c’est le même texte ». Discriminer livre et texte est le premier devoir du libraire. Il me fallait leur apprendre à cataloguer, à regarder chaque détail. Ils ignoraient qu’un livre n’a jamais de pagination impaire, la dernière page (blanche) est une page comme les autres et doit être comptée. Il me fallait leur dire qu’on se moquait des nouveautés qui sont provende de maisons de la presse, pas gourmandise de libraire, puis leur apprendre qu’il n’y a pas d’ontologie du livre, que tout livre est héritier de livres précédents et que notre métier est de reconnaitre cette généalogie. Bref, je devais annihiler leur médiocre personnalité pour leur montrer l’Eden du savoir univoque.

 

Je leur rappelais l’immortelle phrase de Berthet (libraire à Nogent) : « Un charcutier sait faire un saucisson, un libraire ne sait pas faire un livre. » pour leur signifier l’importance de la matière. Bref, j’essayais de leur donner les armes de la légitimité. J’étais un dinosaure, ma disparition était programmée comme était programmée la disparition de la légitimité.

 

La légitimité est fille de la méritocratie, elle s’appuie sur le travail et le savoir. Pour juger publiquement d’un livre, il ne semble pas déraisonnable d’exiger un bac+3 d’études littéraires. Critère obsolète. Notre envahissement par le mode de vie américain a privilégié la quantité : un influenceur a la légitimité de son audience. Chacun peut juger de tout et devenir critique littéraire, cinématographique ou gastronomique et publier les pires énormités sur des sujets dont il ignore tout. On appelle ça la liberté d’opinion et c’est un droit de l’homme. Plus le sujet est complexe, plus ouverte est la liberté. Moins tu sais, plus tu es libre. Prime aux cancres, aux fainéants et aux mauvais élèves. En fait, prime à la lie et aux déchets, prime à l’ignorance et à la fainéantise car les opinions sont comme les trous du cul : chacun en a.

 

Un cancre aura la légitimité d‘un bataillon de cancres qui l’admirent et personne ne veut dire qu’être admiré par un troupeau d’imbéciles ne rend pas intelligent. Panurge rigole….Mais c’est la base de la religion et de la politique.

jeudi 11 mai 2023

42 MOIS PLUS TARD

Je reviens sur mon billet du 10/12/2019.

 

J’y annonçais la décision du gouvernement chinois de cesser toute recherche et tout investissement sur les batteries des voitures électriques pour passer à l’hydrogène. Trois ans et demi plus tard, la presse n’en finit pas de se féliciter des choix industriels qui installent de grosses usines de ces batteries en Europe et notamment en France (on dit gigafactories pour faire chic). Autant faire la promotion des cercueils à deux places !!

 

Parallélement, nous est annoncée une offensive chinoise sur le marché des voitures électriques. Sont prévoyants les fils de Mao : ils vont construire les batteries qui serviront aux autos qu’ils vont nous vendre. Dans un premier temps. Après, l’hydrogène prendra le relais.

 

La stratégie est limpide. Les batteries accompagneront les voitures de première génération (importées ou construites en Europe) pour faciliter l’accoutumance à l’électrique et ferrer les constructeurs-gros poissons qui abandonneront la piste hydrogène.

 

La génération suivante sera à hydrogène et les clients n’auront plus le choix. Le marché de l’occasion survivra grâce aux usines et on se félicitera de choix industriels obsolètes avant que toutes les autos soient entre les mains des constructeurs  chinois, détenteurs des brevets et de la technologie. Xi Jiping nous aura aidé à décarboner, c’est déjà ça.

 

Faudra pas dire qu’on savait pas ! Nos dirigeants ont des conseillers (a priori mauvais) et des services de veille meilleurs que moi mais on ne surveille que ce qu’on veut. Si ça gêne, on met sous le tapis.

 

Et faudra pas dire que les Chinois sont fourbes et dissimulateurs. Tout est sur la table depuis 42 mois.

lundi 1 mai 2023

LIBRAIRIES : TOUT FAUX


 Ça circule : le marché de l‘occasion se développe dans le livre, selon certains, il explose. Bien entendu, c’est faux. C’est un marché qu’on découvre et, comme on croit le mesurer, on le voit plus gros qu’il n’est puisqu’on part de zéro.

 

C’est un marché « gris », aux ventes indiscernables. Les ventes explosent-elles chez les bouquinistes, dans les salles de ventes aux enchères, dans les vides-greniers, tous lieux où règne le livre d’occasion ? Il ne semble pas et ce n’est, tout simplement pas, mesurable. Il explose dans les librairies qui viennent de  le découvrir et n’y connaissent rien. On part  de zéro, le zéro statistique du non-mesuré.

 

Libraire pendant trente ans, j’ai toujours vendu des livres d’occasion, mais sous un autre nom. Avant Jack Lang, on distinguait « livres disponibles » et « livres épuisés ». Les premiers s’achetaient chez les éditeurs, les seconds se chinaient au gré des recherches. Facilité contre savoir. Un livre épuisé était un livre qui valait plus cher qu’un livre disponible, et parfois beaucoup, beaucoup plus cher. Les 40% de remise concédée par le distributeur se transformaient en 200 ou 500%, voire plus. Ce qui permettait aux comptables de s’inquiéter : « Vous n’etes pas dans les clous ». Forcément, je passais ma vie à sortir des clous.

 

Cela suppose d’avoir une connaissance fine de la clientèle, une connaissance de commerçant, pas de magasinier. Simple exemple : « Annapurna, premier 8000 » de Maurice Herzog, un des plus gros succès des années 1960, sans cesse réimprimé. Dès le second ou troisième tirage, par souci d’économie, l’éditeur Arthaud décide de supprimer la carte en couleurs du massif de l’Annapurna contrecollée en fin d’ouvrage. Pour qui voulait lire un récit d’aventures, aucun changement. Pour qui voulait faire le tour de l’Annapurna, c’était le jour et la nuit. Mes clients payaient sans sourciller 100 balles pour un livre dont l’édition de poche valait 10 balles sur le catalogue Arthaud. Encore fallait-il les trouver…le livre comme le client.

 

Parfois, on pouvait créer la demande. Le représentant Gallimard m’annonce une réimpression du livre de Métraux sur l’ile de Pâques. Petite vérification : l’originale est moins chère. J’achète la totalité du stock, une cinquantaine d’exemplaires. Désormais épuisé, il est libre des contraintes de la loi Lang. Je lui affecte une valeur correspondant à son contenu, son illustration et sa cartographie, quatre fois le dernier prix connu. Voilà de la marge légale qui ne doit rien au hasard et mes clients m’embrassent.

 

Ceci suppose d’être un libraire, un marchand de livres, pas un vendeur de textes. J’ai connu ce basculement, quand les professionnels ou supposés tels pensaient que les maisons de la presse étaient des librairies ce qui n’a jamais été le cas. Il ne suffit pas de vendre des livres pour être un libraire, Le petit Leclerc vous le dira, lui qui colle les livres entre un paquet de chips et des lasagnes surgelées avant de se proclamer « acteur culturel ». Il a d’autant plus le droit de le faire que ses clients lui donnent raison.

 

Je suis certain que des pépites se glissent dans l’abondance des « livres d’occasion ». Les Fables d’Anouilh par exemple, pilonnées dès parution. Du fait de ce pilon, l’édition de poche est considérée comme l’originale. Mettez deux zéros après le prix d’achat et le client ne trouvera pas ça cher. Je ne connais rien en romans policiers mais je me souviens d’un libraire lyonnais, connaisseur en Séries Noires, et qui m’a guidé un samedi dans le dédale des originales, des réimpressions, des cartonnées avec des prix de folie.

 

Dans tous ces prix, se glisse le savoir du libraire qui illumine la valeur de son incandescence allumée dans la rareté. Les textes sont presque toujours les mêmes mais, pour un libraire, le texte n’est pas le livre. Songeons à La Bruyère :

 

 « C’est la bonne édition.

J’y trouve page seize

La faute d’impression

Qui n’est pas dans la mauvaise. »

 

La « bonne » édition est l’édition fautive. Le geek de base ne peut pas comprendre, l’amoureux des livres (en français, bibliophile) oui. La faute renvoie à un environnement  où il baigne.

 

Jouvence. C’est un titre. Eugen Guido Lammer, édité par Dardel,la maison-mère d’Arthaud. Jouvence est la bible des alpinistes nazis, le livre qui fait du grimpeur le sur-homme hitlerien. Rarissime. En trente ans j’en ai trouvé deux. Le second est quelque part sur la face sud du Lhotse, dans la poche de Nicolas Jaeger à qui je l’ai offert avant son départ. Nicolas voyait dans Jouvence la motivation de Messner, son rival du temps.

 

Aujourd’hui, quelques décérébrés pensent que Sylvain Tesson est un quasi-écrivain fasciste. Combien ont lu Jouvence ? Je connais Tesson moins bien que Jaeger mais je peux dire qu’ils sont semblables, des humanistes absolus pour qui la grimpe est art de vivre personnel plus qu’idéologie. Pour affirmer cela, il faut avoir lu Lammer, ce que personne n’a fait. Le livre sert à ça, aider à la réflexion, par delà le temps et les modes. Jouvence est une borne sur une route que personne ne parcourt plus. Je viens de relire quelques articles sur Tesson, Lammer n’est jamais évoqué. Jamais.

 

Je suis libraire. J’ai quelques références que n’ont plus ceux qui se regardent penser. Ou qui croient qu’ils pensent quand ils babillent.

vendredi 7 avril 2023

LA VIOLENCE

Les non-violents m’épuisent. Leur mièvrerie, la simplicité de leur argumentation, l’évidence de leur peur dessinent une population de poules mouillées privées de coqs. La peur, en politique, est le début de la défaite. Sur les plateaux, je n’entends que ça : la violence, c’est pas bien. J’ai le droit de ne pas être d’accord. Illustration.

 

Dans une taverne parisienne, un groupe de males blancs prend l’apéro. Apéro long courrier. Depuis plusieurs jours, la ville est dans un état insurrectionnel. Les ivrognes vont chercher des armes aux Invalides puis se dirigent vers la Bastille que la rue prend d’assaut.

 

Je hais tous ceux qui affirment que le pouvoir de la rue ne compte pas. Chaque 14 juillet, la République fête un acte de violence né dans la rue.. Rejeter la violence de la rue, c’est rejeter la République dont la violence de la rue fut le berceau.

 

La République est née dans la violence, y compris contre les enfants ; pensez à Gavroche tué lors de l’insurrection de 1832. Des Trois Glorieuses à la Commune, la rue tire sa légitimité de la violence. Que les féministes se souviennent de la déconstruction des Gardes suisses, émasculés le 10 aout 1792. Mais aussi de la fin de Germinal et de la violence faite à l’épicier  par les femmes de mineurs. La Nation est née de la violence et rejeter la violence, c’est trahir la République, ce qui est inadmissible quand on est élu de la République.

 

La République est juste ; elle a toujours admis que ses gardiens puissent l’abandonner. « Crosse en l’air » est une formule qui revient sans cesse quand les forces de l’ordre rejoignent le peuple. Rejoindre le peuple est un acte républicain, pas une trahison.

 

Nous vivons le temps de ce que Konrad Lorenz appelait la mortelle tiédeur, la vie empoissée dans le confort consumériste. Sur les plateaux télé, je ne vois que ça, des gens qui perçoivent des piges pour brosser les poils dans le sens de la majorité, car la majorité a peur. Et même de son Président, capable de porter plainte si on le traite d’ordure, degré zéro de l’injure.

 

Je n’ai pas envie d’injurier le Président car j’ai honte pour lui, drapé dans sa prestance. Je l’imagine rentrant le soir à l’Elysée ; « T’as vu comment j’ai tenu ? » pour que sa maman de substitution le félicite : «  C’est bien, tu es fort et courageux. Maintenant, il est temps que tu arrêtes de sucer ton pouce. »

 

Je suggère à tous les manifestants d’arborer désormais des tétines, jaunes comme un gilet.

samedi 1 avril 2023

SYLVAIN TESSON


Il circule une nouvelle flatulescente sur Internet selon laquelle trois écrivains français seraient liés à l’extrême droite. C’est beaucoup moins qu’en 1930 si  l’on admet qu’il s’agit bien de trois écrivains car je n’en vois que deux sur la liste dont un que je piste depuis longtemps.

 

Sylvain Tesson est considéré comme un fils de…jamais comme un neveu de…Il semble que le monde des lettres ait oublié Didier Millet, éditeur de talent qui eut l’audace de préférer Tahiti au Quartier Latin. Scripta manent..mais pas trop longtemps.

 

J’ai toujours pensé que Tesson était un être à part depuis ses premières pérégrinations africaines avec Alexandre Poussin. On m’autorisera une petite légitimité : trente ans à vendre des récits de voyages, depuis les premiers pas du journal Partir. J’ai toujours su que Tesson lisait avant d’écrire, ses textes sont parsemés de références, de clins d’œil au lecteur et j’adore ça. Il m’est arrivé d’annuler des voyages parce que j’avais la conviction qu’ils ne m’apprendraient rien. Si tu dois revenir aussi con qu’au départ, ne pars pas.

 

J’ai été gêné par la proximité de Tesson avec Robert Ménard, sinophobe avéré au nom d’une tibetophilie mal digérée. C’était le temps où je publiais des livres sur le Tibet, quand l’ami Mansion m’éclairait. A commencer par une biographie de Sven Hedin, l’homme qui conduisit Hitler vers l’Himalaya. Je savais que ce chemin était dangereux, le Tibet ajoutant un aryanisme de pacotille au surhomme alpiniste. J’ai un peu expliqué à Tesson que je connaissais la panthère des neiges avant lui, ayant passé quelques heures à les observer à Jersey chez Gerald Durrel. Et je n’avais pas encore travaillé sur le père David qui expliquait fort bien que l‘Himalaya était un gigantesque conservatoire d’espèces animales et végétales.

 

Nous nous sommes rencontrés à Bayonne et, naturellement, nous avons parlé du Baikal. Nous étions à une encablure de la cathédrale et du berceau de la famille Lesseps où était né le père de Barthelemy. Dois-je rappeler que Barthélémy de Lesseps fut le premier français à explorer la région du Baïkal ? Et, bien entendu, Tesson le connaissait.

 

Par son écriture, par ses références, Tesson est un des rares écrivains de l’excellence niché dans le livre de voyage. Plus précisement un écrivain élitiste, comme Cendrars, Blondin ou Déon. Ce gout pour l’élitisme suffit pour le faire classer à droite ce qui parait signifier que ce n’est pas le gout de la gauche, cette gauche qui préfère Robert Ménard à Jean Cau pour habiller les épouvantails du politiquement correct.

 

En préparant ce papier, je découvre que Tesson a été l’ami de Sylvain Jouty, l’un des plus intelligents écrivains montagnards que je connaisse. Et, du coup, je n’ai pas songé à lui parler de Nicolas Jaeger. Ce sera pour une prochaine fois. On parlera de Jouvence.

jeudi 23 mars 2023

LES JOURNALEUX


 

Dès le titre, je tends les verges. Pourquoi ce mépris ? Parce que j’ai aimé ce métier auquel m’ont formé quelques grands noms. A commencer par Steve. Tous les matins, après avoir relevé mes insuffisances et m’avoir engueulé, les questions étaient les mêmes : « Vous avez vérifié ? Comment ? » Et je n’avais jamais vérifié auprès du bon spécialiste. Steve me brandissait toujours un assistant de fac mieux informé que son maître, un sodomiseur de diptères provincial qui avait une autre vision du problème.

Jean-Pierre Quélin et Bernard Lauzanne, Lucien Bodard et Pierre Lazareff, j’ai eu d’autres mentors. Tous unis par l’exigence de l’information. Et donc j’ai envie de parler d’information, on plutôt de lacunes de l’information.

 

Première lacune : l’OCS

J’en ai déjà parlé. L’Organisation de Coopération de Shanghai. Créée en 2001 par la Russie et la Chine. Coopération, pas alliance militaire. Coopération qui s’exprime chaque année par des manœuvres militaires conjointes. Ou par des plans industriels communs comme la réalisation en coopération d’un chasseur furtif de cinquième génération. Et ce, depuis 22 ans. L’OCS n’organise pas de défense commune à l’instar de l’OTAN. Elle habitue seulement des armées à coopérer. Il y a ce qu’on montre mais la coopération peut être cachée, avant de se révéler (ou pas).

Et voici que, 22 ans après, des journaleux découvrent une alliance Chine-Russie !!

Ils ne s’en sont jamais caché, agrégeant lentement à l‘OCS des pays amis : l’Inde ou l’Iran. Coopération, vous dit-on.. Pour fabriquer des drones, par exemple. On nous adresse soudain comme information nouvelle une alliance Iran-Russie qui a été signée voici trois ans !

Et donc le support, papier ou numérique qui annonce une alliance Chine-Russie, vous fait payer une info ancienne et frelatée en la dissimulant sous les oripeaux de la nouveauté, mal ravaudés par un journaliste de merde que son rédac’ chef n’est pas capable de contrôler.

 

Deuxième lacune : les GOPÉS

J’en ai également parlé. C’est l’acronyme de Grandes Orientations de Politique Economique, recommandations de l’Europe aux divers Etats, recommandations édictées comme des obligations. Dans ces GOPÉS, l’obligation de diminuer les dépenses sociales, dont les retraites, mais aussi la diminution du nombre de communes ou l’accroissemenæt du nombre de migrants. Les GOPÉS veulent que la France soit gérée comme le Luxembourg ou la Lithuanie, en fonction des besoins de l’Europe.

Qui parle des GOPÉS ? Personne et d’autant moins que les GOPÉS semblant présentables. Par exemple, la chasse qui sera dans le viseur bientôt et qui s’abritera derrière la biodiversité alors que, pour les Français, il s’agit d’un droit conquis par la Révolution et donc inaliénable.

Personne n’a évoqué les GOPÉS à propos des retraites. Quelques journalistes, rares, ont parlé d’Europe sans aller plus loin.

 

L’information est un devoir pour un journaliste. Pas l’opinion. L’opinion est un trou du cul, tout homme en a. J’ai regardé des dizaines de reportages sur l’Ukraine. Personne ne m’a dit quelles étaient les forces en présence (régiments avec leur numéro, B-A BA de l’info guerrière). On sait qu’il y a des « troupes russes » sans une info. Lucien Bodard doit se retourner dans sa tombe. Travail baclé de minables du journalisme. Travail de journaleux.

On ne sait pas quels sont les adversaires mais on nous abreuve d’images sans intérêt de babouchkas malheureuses à cause de la guerre. Envoyer une équipe pour que le message soit « la guerre, gross malheur », on peut faire des économies, pas la peine d’avoir fait une école de journalisme.

jeudi 23 février 2023

SANDRINE ROUSSEAU ET PIERRE PALMADE


 C’est le couple de l’année qui ouvre une fenêtre sur l’avenir.

 

 Pierre Palmade est tout ce que Sandrine Rousseau aime : bisexuel, aspect faible, artiste, cultivé, drogué, il est un prototype de déconstruction, l’opposé du mâle violent, hétéro, raciste et buveur de pastis que la fausse écologiste rejette avec virulence. (Je dis fausse écologiste parce que l’écologie est une science axée sur l’évolution, c’est à dire la reproduction et donc la biologie des genres qu’elle réfute).

 

On comprend donc aisément que la déconstruction prônée n’est rien d’autre que la fabrique de l’homosexuel asocial qui semble à Madame Rousseau l’équivalent des lendemains qui chantent des communistes de ma jeunesse. Pour Madame Rousseau et les wokettes, Pierre Palmade est l’homme de demain, l’homme d’un avenir sans hommes, l’homme d’un avenir hypophallique.

 

Je rends grâce aux wokettes et à leurs efforts législatifs pour me contraindre à revoir mon vocabulaire et à m’adapter à la novlangue pour ne pas dire comme mon copain Jojo « on en a rien à foutre de cette histoire de pédé drogué. » De même, je suis assez content de cet hypophallique plus présentable que sans-couilles car des couilles Palmade en a et il a un budget conséquent pour les faire fonctionner. Ce n’est pas neuf et un de mes profs de sciences nat’ finissait toujours son cours sur la reproduction en disant « Avec un partenaire de même sexe, on ne peut pas se reproduire mais les expériences continuent. »

 

En changeant le vocabulaire, Sandrine Rousseau et ses wokettes cherchent à gommer l’injure et à réintroduire la morale cléricale dans le discours, c’est à dire à castrer la liberté d’expression. Je pleure sur la mort de l’injure, fleur de l’expression qui rapproche plus qu’elle ne stigmatise quand on ne l’habille pas de vêtements inappropriés pour la rendre présentable comme ce « fuck » qui sévit partout.

 

En fait, il s’agit d’une épuration qui vise à occulter dans la langue tout ce qui semble vocabulaire militaire ou argot de chambrée, c’est à dire langue de jeunes hommes prêts à mourir. C’est donc le vocabulaire du sexe qui est visé ce qui rejoint la cléricalité de l’intention. Il n’en subsiste que des reliques et gamahucher n’a pas (encore) remplacé tailler une pipe.

 

Comme dit mon copain Jojo « c’est des mal misées » utilisant une vieille expression bien oubliée, certainement grâce à la Française des Jeux. Bon, vous avez une idée de l’avenir. Sandrine tient à finir le boulot de Jean-Jacques.