vendredi 30 juin 2017

PEPY, LE PIRE

La petite grosse, elle est contente d’elle. Trois heures qu’elle nous cause. « Mesdames, Messieurs, ici Laurence, votre chef de bord, notre train est arrêté au milieu des voies, veuillez ne pas descendre… » Chef de bord !!! variation pepyenne du commandant de bord, ils n’ont peur de rien à la SNCF, et surtout pas du ridicule. Manque plus que l‘uniforme à galons, mais ça ne saurait tarder.

Après quoi, elle passe dans les wagons. « Etes vous satisfait de l’information qui vous a été donnée ? » Tous approuvent, désarmés par autant d’inconséquence. Tous, sauf le vieux con de service. Moi.

« NON..Mademoiselle, je n’ai pas payé un billet pour entendre vos fadaises et vos erreurs grammaticales. J’ai payé pour arriver à l’heure. Et nous avons trois heures de retard. Alors, vos conneries vous les gardez pour vous. » Quelques applaudissements. Ceux qui m’approuvent mais n’osaient pas…. La petite grosse, elle se démonte pas. « Mais Monsieur, il y a eu des incidents qui ne sont pas de notre fait.. »

Connasse !! Sur son uniforme, il y a marqué en gros SNCF. Alors analysons.

1/ un train en panne après Dax qui bloquait le trafic. Ce train, c’est bien la SNCF qui le fait rouler et s’il est en panne, c’est bien la responsabilité de la SNCF. Mauvais entretien ou que sais-je ? que je n’ai pas à savoir.

2/ un caténaire cassé entre Bordeaux et Libourne. Ce caténaire, il a été calculé par un ingénieur de la SNCF (ou de RFF, c’est pareil) qui n’a pas su le faire assez solide pour le trafic attendu. La SNCF est responsable et devrait virer le ringard. Le coup du caténaire, c’est la troisième fois en moins de six mois.

3/ après quoi, le Bordeaux-Paris direct s’arrête à Angoulême et Poitiers pour faciliter le voyage de braves couillons en carafe du fait des erreurs de la SNCF.

Dans les trois cas, la responsabilité du retard incombe absolument à la SNCF. Et donc à la grosse blondasse qui la représente.

Résultat des courses : 8 heures de voyage au lieu de 5 h. Moi j’appelle ça une rupture unilatérale du contrat de transport. Je remarque au passage que, il y a cinquante ans, le Sud-Express mettait huit heures pour faire le trajet. Comme aujourd’hui. 50 ans de progrès pour ça…

Pepy, c’est le pire dirigeant d’entreprise du moment. Chaque fois que je le vois plastronner à la télé, j’ai des boutons. Le mec, il me parle de trucs qui n’ont rien à voir avec son boulot.

Car son boulot, c’est que les trains soient à l’heure. Uniquement. Tout ce qu’il fait, les négociations, les analyses, les prévisions, doit tendre à ça : que les trains, tous les trains soient à l’heure. S’il vient me dire que 98% des trains sont à l’heure, je ne regarderai que les 2% qui manquent.

Pepy, il a une obligation de résultat. 100% à l’heure. Pas que les TGV, mais aussi les TER, les Intercités, les trains de banlieue, tout ce qui dépend de son incommensurable intelligence. Pas la peine qu’il essaye de me baratiner ou de me prendre pour un con. Il est grassement payé pour faire arriver les trains à l’heure, pas pour m’expliquer que c’est impossible.

Le soir même, je découvre avec horreur qu’il existe à la SNCF une direction chargée de gérer les remboursements liés aux retards et même un site internet dédié aux retards., le G30.

Monsieur Pepy, un bon manager, ce n’est pas quelqu’un qui gère les retards, c’est quelqu’un qui les supprime. Toute votre action devrait tendre vers la suppression de cette direction. Je vous suppose impliqué dans toutes les conneries statistiques que j’ai vu envahir le voyage depuis trente ans, au premier rang desquels l’ineffable yield management. Pour vos semblables, quelques pourcents de retards, c’est acceptable, statistiquement acceptable. Ben non. Un retard, un seul, peut faire échouer une affaire, ce qui n’est pas grave, détruire un couple, ce qui l’est beaucoup plus, bousiller une soirée entre  amis. Vos quelques pour cents acceptables,  ce jour là, pour moi et quelques autres étaient devenus 100% de pénalités. Inacceptables.

Monsieur Pepy, tant que  vous accepterez qu’un seul train soit en retard sur le réseau que l’Etat vous a confié, je ne pourrais pas vous considérer comme un bon manager. Monsieur Pepy, tant que vous considérerez qu’il est préférable d’informer, je ne pourrais pas vous considérer comme un bon manager parce que vos informations n’existent que pour autant que vous n’êtes pas à l’heure. C’est simple pourtant. : vous nous faites informer sur les retards que vous tolérez. Supprimez le retard, l’information devient inutile.

Pour l’heure, je travaille avec mon avocat favori sur ce sujet : la rupture du contrat de transport. Je demande à tous ceux qui ont vécu l’horreur que j’ai vécu ce jour de me contacter. Pour vous faire payer, Monsieur Pépy. Si nous sommes assez nombreux, nous vous mettrons à genoux et nous vous obligerons à faire ce que tout commerçant (ce que vous êtes) doit faire. Penser à ses clients. Tous ses clients.

Y compris ma copine Dolo que le retard en gare de Chatou pénalise tous les soirs. Pour vous, statistiquement, ce n’est rien.. Pas pour elle.


On en reparlera….

mercredi 14 juin 2017

A CAUSE DES FEMMES

Bon, voilà, le premier jet est terminé. 260 feuillets bien denses qu’il faut reprendre ligne à ligne et gratouiller pour donner une cohésion stylistique.

Mon premier roman ! Historique et médiéval. Avec un sujet tellement contemporain que, parfois, la plume a dérapé. Faut que je trouve un éditeur et ça, ça va pas être coton, les filles que je décris ne sont pas de Brooklyn.

Globalement, le sujet est toujours le même. Le déplacement détruit, surtout le déplacement de populations. Je vous la fais courte.

Nous sommes au début du XIIème siècle. Deux grands rois, Gaston IV de Béarn et Alphonse 1er le Batailleur d’Aragon-Navarre débutent le volet oriental de la Reconquista, la reconquête de l’Espagne sur les Maures. Non, c’est pas une charge islamophobe, j’ai bien précisé qu’il s’agissait de déplacement de populations. Les arabes, ils sont là depuis cinq siècles. Plutôt figés que déplacés, les copains.

Les deux reconquérants, ils sont pas tout à fait assez costauds alors ils battent le rappel des parents et alliés et les chevaliers affluent de tout le royaume franc. D’abord les voisins, Aquitains, Languedociens, Provençaux mais aussi les Flamands, les Champenois et les Normands de Rotrou du Perche. Dame ! C‘est une croisade décrétée par le Pape, donc tu gagnes le Paradis et tu gardes le butin et les terres que tu as prises. Le bénef, il est spirituel et matériel, ça se refuse pas.

Le déplacement de population, c’est celui là. Un gros paquet de costauds du Nord qui arrivent au Sud. Pour toi, ça change rien, c’est des chrétiens, c’est tout pareil.

Ben non. Les Pyrénéens, ils ont un truc, ils pratiquent la primogéniture absolue. Ça veut dire que l’aîné hérite quel que soit son sexe. Les filles ont les mêmes droits que les garçons. Les Francos, ils sont plus sélectifs. Ils suivent les règles saliques, c’est l’aîné des garçons qui hérite.  Règles d’hommes adaptées au monde des hommes et si t’es pas contente, on va régler ça sur le pré.

Mais, vont dire mes copines, c’est dégueulasse ! Ouais, j’admets. Le mouvement commencé à la prise de Saragosse va durer un siècle, jusqu’à la bataille de Muret, où la chevalerie franque va détruire presque toute la noblesse languedocienne. Là, on finit le boulot et on change la langue, tout en détruisant les archives. On sait jamais.

Le mouvement se poursuit. Les Nordistes continuent à envahir l’Hispanie et les terres romanes, surtout en été, mais l’essentiel est fait depuis près de dix siècles. Et la religion n’a rien à y voir.

C’est juste pour rappeler cette vérité première. Quand on déplace les gens, on déplace les cultures et elles ne sont pas toutes compatibles, ni réductibles à une seule dimension. Et l'oppression des femmes, c'est pas d'hier et ça vient pas du Sud.


254 feuillets pour ça !!! Faut ce qui faut, non ?

dimanche 4 juin 2017

NOUVELLES FRONTIERES

La force des grands livres, c’est qu’ils donnent les réponses aux questions qui se poseront plus tard.. Parce qu’entre nous, répondre à une question qui se pose, c’est très con.. Les sciencepotards et les experts font ça en permanence. Mais répondre avant, c’est plus futé.

J’entends autour de moi des tombereaux d’âneries sur Trump, le climatosceptique. Moi, avant de dire qu’il est con, je cherche un synonyme. Trump n’est pas con, il est américain.

Et donc, je repense à Daniel Boorstin et à son Histoire des Américains traduit en 1981 chez Armand Colin (le vieux librairie vous informe, chez Laffont, c’est une réédition et je n’ai pas comparé les textes, ne croyez pas Wikipedia).

Il nous dit quoi Boorstin ? Que l’histoire des Américains est sous-tendue par l’obsession de faire reculer la frontière. Ça va jusqu’à Kennedy expliquant que l’espace est la « nouvelle frontière » qu’il convient de repousser. Or, quand tu peux, sans cesse, repousser la frontière, ça veut dire que tu n’as plus de limites.

Et quand Trump dit aux Américains que l’accord sur le climat est une limite qu’il va faire reculer, les Américains approuvent. C’est leur histoire. Ils vivent dans un monde fini comme s’il était infini. Voilà deux siècles qu’ils rusent avec la limite, en collant la variole aux Indiens des Plaines ou en bricolant des fusées. Des fois,ils prennent une baffe, mais ils s’en vantent pas. Par exemple, quand les Chinois leur disent que la frontière, c’est la côte du Pacifique à l’Est de l’océan. Pas à l’Ouest vu qu’à l’Ouest du Pacifique, c’est la Chine. Ils ont rusé, ils ont colonisé les îles Sandwich, ils ont aidé Formose, ils ont pris pied au Japon et bloqué Okinawa et Guam, mais c’est rien que des ruses. Ils ont essayé, ils essayent encore, c’est plus fort qu’eux, il faut qu’ils déplacent les bornes.

Trump et le climat, c’est ça. On sort de l’accord et on va déplacer les bornes. On se démerdera bien avec les Indiens. Or, les Indiens, c’est nous. On n’a aucune chance d’expliquer à quelques millions de rednecks que le monde est fini, limité. Ils rigolent. On leur a dit pour le pétrole, ils ont trouvé le pétrole de schiste. Déplacer la frontière encore.

Boorstin nous donne une clef, une clef qu’on ne peut pas utiliser vu qu’on ne peut pas concevoir comment marche la serrure. Le seul qui ait compris, c’est Jacques Maillot quand il crée Nouvelles Frontières.et transforme un concept en marque commerciale.

C’est pas après Trump qu’il faut râler. Toute l’Amérique est responsable. Tous les Américains qui pensent que leur mode de vie doit être étendu à toute la planète.
Sans limites


On en reparlera…