samedi 6 décembre 2014

PSEUDO-SCOOPS

C’est un bon site que Rue 89….Et voilà que circule sur le net un article sur le rachat de l’aéroport de Toulouse par un consortium chinois (http://rue89.nouvelobs.com/2014/12/06/quelques-idees-recues-autour-larrivee-chinois-a-toulouse-256422).

Or mes fidèles suiveurs, vous n’y apprendrez rien que vous ne sachiez déjà.

Les Chinois ont une approche gaullienne de l’économie. Passons sur l’adjectif. « Gauliste » eut été mieux venu. Mais enfin, il ne faut pas être un grand observateur pour s’en apercevoir. Je vous le disais voici 4 ans déjà : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/le-gaullisme-chinois.html


Les Chinois investissent en France. Ben oui, à commencer par la tomate : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/le-cabanon-de-gentelle.html. Quatre ans déjà…. Certes, petits investissements dans des sociétés pas trop emblématiques. Mais quand on sait jouer au go, il n’y a pas de petit pion.

Les Chinois ont déjà racheté le Port du Pirée. C’était aussi il y a quatre ans : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/je-serais-marseillais.html. Avec les réflexions sur les pseudo-privatisations via des entités nationalisées.

Les grandes entreprises chinoises sont liées au gouvernement et dépendent du PCC. Ça date pas d’hier, c’est un système qui a plus d’un siècèe et que j’expliquais en détail : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/lamant-de-limperatrice.html. Et puis, il y a eu quelques billets plus primesautiers comme celui ci : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/deux-poids-deux-mesures.html.

Avec des choses plus sérieuses : http://rchabaud.blogspot.fr/2011/09/les-marches.html. Et des choses plus rigolotes : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/09/la-chine-mamuse.html. Avec des explications théoriques : http://rchabaud.blogspot.fr/2010/10/la-petite-bouteille.html. Et même des gros mots : http://rchabaud.blogspot.fr/2014/06/les-chinois-seraient-ils-cons.html

Depuis, j’ai un peu quitté le champ économique : http://rchabaud.blogspot.fr/2014/08/shanghai-et-la-cooperation.html. Mais ça, la presse française le découvrira plus tard.

Je concède que pour avoir ces informations, avec quelques détails supplémentaires, il vous a fallu lire beaucoup plus de lignes et suivre plus longtemps. Rue 89 est certainement plus synthétique. Moins didactique aussi. Moins vulgaire également.

Mais bon, vous le saviez. J’aurai toujours du mal à comprendre pourquoi certains papiers font le buzz alors que ce ne sont que des pseudo-nouveautés.

En fait, je sais pourquoi : j’aime les notules, les petites infos que personne ne reprend mais où se nichent les infos de demain. La grande guerre sino-japonaise a débuté par l’attaque d’un poste frontière dont aucun journal occidental n’a jamais parlé. Et l’indépendance de l’Algérie trouve sa source dans un assassinat qui ne valait guère mieux que la page des faits divers.

Le journalisme, ça devrait être ça : trouver les quelques infos pertinentes dans la masse des dépêches dont on est abreuvé. Parce qu’on sait voir.

Ils auront des yeux et ils ne verront point.

On en reparlera…

jeudi 27 novembre 2014

LE SUICIDE FRANÇAIS

On peut plus parler avec quelqu’un sans prendre Zemmour dans les dents. La société semble s’être divisée entre zemmourophiles et zemmourophobes.

Faut lui reconnaître un vrai talent de bateleur. Avec sa tête de suricate hystérique, il dévide les faits les plus improbables, shunte les références, embrouille l’interlocuteur et se pose en détenteur d’une vérité contraire à la doxa médiatique. C’est son truc, à Zemmour. Il t’explique que tous les couillons pensent pareil et que le seul vrai libre penseur, c’est lui.

Tu parles ! Si un journaliste du Figaro avait une pensée libre et atypique, ça se saurait depuis le temps.

Et donc, Eric le Pas-Rouge, vient chouiner que, depuis 68, la France se suicide à coup de mini-réformes et d’évolutions sociétales. Le suicide d’une Nation, c’est une formule littéraire. Parce que c’est tout, sauf un suicide. Plutôt une euthanasie.

Les Français, ils sont pas heureux de voir que leur industrie part en lambeaux, que l’agriculture s’effondre et que l’enseignement vacille. Ils sont pas contents mais c’est pas Zemmour qui va leur expliquer. Tous ces trucs qui les énervent leur sont imposés. Pas par l’Europe mais par le capitalisme ultra-libéral dont l’Europe est le bras armé. Et ça, Zemmour, payé par le Figaro, il se garde de le dire. Pour faire des profits et conserver leurs marges, les industriels délocalisent à plein tube, vont chercher les profits ailleurs, détruisent le tissu national (Ho ! le vilain mot). Ils font ça partout en Occident.

Et donc le prétendu suicide français n’est rien d’autre qu’une euthanasie des pays capitalistes. On tue les pays au nom des entreprises.

Zemmour est confit dans l’idéologie petite-bourgeoise des lecteurs de son employeur et donc, il ne peut pas l’écrire. C’est plus facile d’incriminer le féminisme et le mariage gay. Plus facile de taper sur les journalistes et les enseignants que sur les patrons du CAC 40 qui sont les donneurs d’ordre des pages publicitaires de son journal. Zemmour est bien un homme de droite : il tape sur les faibles mais s’écrase devant les forts. Il résiste jusqu’à sa fiche de paye exclue.

Vous vous souvenez de Tchuruk ? C’est le mec qui a organisé l’avenir d’Alcatel sur la base du fabless. Vous avez oublié ? Tchuruk prétendait que l’avenir était aux sociétés sans usines. Plus de prolos, que des flux financiers. Tchuruk, c’était un gourou. Des centaines de patrons l’ont suivi. Et aujourd’hui, Huawei (qui a des usines) a quasiment tué Alcatel.

Le système fabless a conduit Alcatel du premier au quatrième rang dans les télécommunications. Le système fabless a créé quelques 30 000 chômeurs en vingt ans. Plus les chômeurs induits par les fermetures d’usines (sous-traitants et fournisseurs notamment). Et en plus, la capitalisation boursière est passée de 15 milliards d’euro pour le seul Alcatel à moins de 10 milliards pour le groupe Alcatel-Lucent. Tu parles d’un modèle !!

C’est pas ça que les Français voulaient. Ça n’a rien à voir avec l’immigration ou l’avortement ou je ne sais quelle pratique sociétale. C’est juste une erreur d’analyse d’un mec qui a flingué une partie de son pays. Ni suicide, ni français.

Les mecs comme Tchuruk, Zemmour, il admire. Et donc, il peut pas leur coller le fardeau sur le dos. Mais, comme il fait de l’audience, avec des idées simples mais fausses, tout le monde fait semblant de coire que c’est un grand penseur !

Tu peux me croire : on a pas fini d’en reparler….

mardi 28 octobre 2014

LE VENTRE MOU DE L’ASIE

On en a déjà parlé ; mais de temps en temps, une bulle vient crever à la surface. Il y a quelques mois, Al-Qaïda a annoncé la création d’une branche Inde-Pakistan. Le Pakistan, on peut comprendre… Mais l’Inde ? Ben, l’Inde a plus de musulmans que le Pakistan dans sa population. Ha bon ?

Ouais et c’est pas fini. Voici quelques mois, Al-Jazira, la télé qatarie s’est installée en Inde. Pas grave. Ils sont bien installés à Paris, ça ne veut rien dire.

Mais voilà t’y pas que je rencontre un jeune journaliste sympa, sérieux et bavard qui bosse pour Al-Jazira. Son truc à lui, c’est les documentaires. Et, en ce moment, il travaille sur une nouvelle loi indienne qui oblige à déposer une demande auprès du gouvernement pour changer de religion. Bizarre. Et novateur. En clair, t’es hindou, tu veux devenir musulman, il faut que tu déposes une demande auprès de ton gouvernement. Ça relativise le côté tolérant des hindouistes, Gandhi et tout le discours qui va avec. Ça relativise aussi le côté laïc du gouvernement indien. Bizarre.

Y’a pourtant une raison. Les Hindous se convertissent à l’Islam. A fond la caisse. Au point que ça pose problème.

Ha bon ? Tous les Hindous ? Ben non. Pas tous. Les Intouchables, uniquement. Pour sortir du système des castes (que plein d’Européens apprécient), ils n’ont trouvé que ça. Faut se mettre à leur place. Quand t’es intouchable, c’est à vie, et ça touche tes enfants et les enfants de tes enfants. C’est le barrage total, le stigmate absolu. Si tu deviens musulman, le brahmine, tu l’emmerdes puissamment. Tu sors de son jeu, tu casses un jeu social où tu jouais toujours perdant.

Chrétien, ça marche aussi. Mais voilà, va savoir pourquoi, les Intouchables, ils se voient mieux musulmans que chrétiens. Faut dire que ça touche à leur histoire, conquête moghole et tutti quanti. Faut pas oublier que la première destination touristique en Inde, c’est un pays en STAN, le Rajasthan. Là où les mecs arborent un turban. Comme à Damas. Il y a toujours de l’histoire sous les jeux religieux.

Je pense à Mountbatten et à tous ses efforts pour bien séparer les Indiens et isoler les musulmans dans un Etat bien à eux. Pour rien. Mountbatten, obsédé par la religion n’a pas vu que le problème n’était pas chez les dieux mais chez les hommes. Que ce sont les discriminations sociales qui posent problème, pas les frontières religieuses.

Et donc, par la faute de ses religions, l’Inde est en train de devenir le ventre mou de l’Asie. Je vous rassure, ça va pas exploser demain….Mais ça se met en place, tranquillement, à bas bruit. Vu que les Intouchables, s’ils changent de religion, c’est pas juste pour changer de lieu de culte. Ça sent l’envie de revanche, tout ça. Les imams, ils vont pas avoir trop de boulot pour faire monter la mayonnaise. Faut s’attendre à du clash.

C’est peut être pour ça que l’Inde se rapproche de l’OCS. Le gouvernement indien sent poindre les problèmes et il lui faudra de l’aide.Or, il a compris ne rien pouvoir attendre de l'Occident, gavé au pétrole musulman. Les obsédés de l’immigration attendent une conflagration anti-islamique en Europe. Et si ça avait lieu en Asie ?

Mais ce n’est pas l’essentiel à mes yeux. Certains parlent de compétition sino-indienne pour le leadership asiatique. J’ai lu quelques belles âneries sur le sujet. Si compétition il y a, on va peut être pouvoir répondre à une question essentielle : la religion est elle ou n’est elle pas un fardeau sur les épaules des sociétés humaines ?

On en reparlera…

mercredi 8 octobre 2014

REVO CUL DANS LA CHINE POP

C’est un titre. Un titre de livre. L’un des plus beaux travail de désinformation, le livre qui expliquât en son temps que la Révolution Culturelle n’était rien d’autre qu’un règlement de compte dans le PCC. Ne résistons pas au plaisir de citer Wikipédia.

En 1966, Mao décide de lancer la révolution culturelle afin de consolider son pouvoir en s'appuyant sur la jeunesse du pays. Le dirigeant souhaite purger le Parti communiste chinois (PCC) de ses éléments « révisionnistes » et limiter les pouvoirs de la bureaucratie. Les « gardes rouges », groupes de jeunes Chinois inspirés par les principes du Petit Livre rouge, deviennent le bras actif de cette révolution culturelle. Ils remettent en cause toute hiérarchie, notamment la hiérarchie du PCC alors en poste.

Mais pourquoi « culturelle » ? Ben, figurez vous que c’est pas un hasard. En 1958, l’Assemblée plénière du PCC adopte le système de transcription pinyin. C’est politique : jusque là le chinois se transcrivait en lettres latines avec des systèmes étrangers, celui de l’Ecole Française d’Extrême Orient pour les francophones ou celui de Wade-Giles pour les anglosaxons. Insupportable pour Mao qui ne veut pas d’un système non-chinois pour transcrire le chinois. D’autant que la réforme des transcriptions s’accompagne d’une vraie révolution. En 1962, près de 3000 sinogrammes sont simplifiés. Le but est de diminuer le nombre de traits, parfois de manière drastique. Et dans le même temps, on privilégie l’écriture horizontale de gauche à droite contre l’écriture verticale de droite à gauche.Si c'est pas une Révolution !!!

Naturellement, les réticences sont nombreuses, essentiellement les réticences des universitaires et plus généralement de tous ceux qui, dans la lignée des mandarins traditionnels, vouaient à la maîtrise des caractères une véritable vénération. La réforme patinait. C’est alors que Mao s’appuyât sur la jeunesse pour forcer le passage. A cette aune, Wikipédia a raison : il s’agissait bien de limiter les pouvoirs des bureaucrates arc-boutés sur leur savoir linguistique. Quant aux « révisionnistes », il s’agissait surtout de ceux qui voulaient empêcher toute révision du système.

C’est ainsi que débutât la Révolution Culturelle qui méritait parfaitement son nom : il fallait détruire les « quatre vieilleries », dont l’ancien système d’écriture.

Naturellement, les jeunes gens ne firent pas dans la dentelle. Il y eut une réelle volonté de casser le système d’enseignement. Naturellement, les orientalistes occidentaux prirent le parti de leurs copains universitaires. Pour eux aussi, toucher aux sinogrammes anciens revenait à toucher à leur savoir, c’est à dire à leur pouvoir.

La violence de la Révolution Culturelle était à l’aune de l’importance du sujet. C’était une vraie Révolution dans le domaine de la culture. Les passions s’exacerbèrent et l’opinion mondiale fut vite persuadée qu’il s’agissait d’une purge dont on s’empressât d’affirmer qu’il s’agissait de conforter le pouvoir de Mao sans vouloir accepter que Mao utilisait son pouvoir pour promouvoir un nouveau rapport entre le peuple chinois, surtout le plus illettré, et sa langue.

La principale conséquence de cette Révolution fut que le chinois put disposer d’un système qui s’adaptât sans trop de difficultés à l’arrivée de l’informatique. On ne peut pas affirmer que Mao l’avait prévu, ce serait ridicule.

Naturellement, cette Révolution s’est trouvée emportée par des vents mauvais. Désorganisation du pays, paupérisation, famines, destruction de nombreux joyaux culturels. Qu’on ne m’accuse pas de minimiser.

Naturellement, l’Occident ne put rien y comprendre. Crée-t’on une guerre civile pour une réforme de l’orthographe ? Nous avons oublié le lien qui unit les Chinois et leur langue écrite. Ou plutôt, nous l’avons sous-estimé. Il nous fallait une autre explication, plus conforme à notre mode de pensée. La purge faisait l’affaire.

Nous ne cessons de tomber dans ce piège : appliquer aux autres civilisations notre grille d’analyse. Ce qui nous condamne à ne rien comprendre, à inverser les effets et les causes. Le PCC fut repris en mains parce qu’il s’opposait à la transformation de l’écriture. Transformation qui fut une raison et non un prétexte.

Je ne crois pas qu’on en reparle…

dimanche 28 septembre 2014

AH ! MON CANARD

Il y a des jours de grand bonheur. Aujourd’hui par exemple où j’ai pu compléter mon savoir sur les canards et retrouver des saveurs perdues.

On en avait déjà parlé ici (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/01/parlons-un-peu-des-immigres.html). J’ai appris aujourd’hui que j’avais écrit une connerie (ben oui, ça arrive). Les canards de ma Tante Marie qui me faisaient du si délicieux foie gras, c’étaient pas des canards de Rouen. C’étaient des canards de chez moi. Des kriaxeras pour être précis. J’ai une excuse. Le Rouen, c’était ce qu’il y avait de plus proche de mon souvenir. Dans l’intervalle, le kriaxera a manqué disparaître, poussé dans la fosse commune des variétés disparues par les immigrés dont on parlait plus haut.

Et puis, aujourd’hui, j’ai vu des photos de kriaxera et là, ma mémoire s’est ébrouée comme un canard sortant de la mare. C’était ça ! L’histoire est belle mais longue. Quelques rares fermiers qui avaient conservé quelques couples, quelques passionnés qui se mettent au boulot, et voilà…Qu’il y ait, dans l’histoire, un peu de baratin ne m’étonnerait pas. Mais, je m’en fous.

La photo, c’était secondaire. En fait, je venais de retrouver le goût du vrai foie gras, je veux dire celui de mon enfance. Le goût, mais surtout la texture, cette impression de velours en bouche, une impression générale que je ne saurais mieux qualifier qu’en parlant de foie gras maigre. Je t’explique : pour des centaines de foies gras, l’impression première, c’est de manger de la graisse. Quand tu montes en gamme, cette impression s’atténue et là, aujourd’hui, à 16 h 30 square Bernard Lazare à Paris (3ème), je mangeais du foie gras d’où cet arrière-goût était absent. Bingo ! j’avais rajeuni de cinquante ans et je prenais à nouveau mon pied en mangeant du foie gras. J’avais oublié ma rancœur envers Jean-Paul Chevallier.

Bon, je vais pas vous la faire en copiant-collant tout ce que l’éleveur a déjà mis sur son site. Il y a plein de journalistes pour pisser ainsi de la copie. Allez voir le site de Jean-Michel Berho www.eyhartzea.com. Il y cause de la race, de l’élevage, du gavage et il donne même un bon de commande. En gros et en plus savant, il vous dit ce que je disais : le canard choisi pour sa rentabilité, la bouffe industrielle, le gavage à la chaine.

Pour être complet dans l’info, on était à une présentation de produits des producteurs fermiers d’Idoki (www.idoki.org). Ces mecs, c’est rien que des petits mecs, des petits fermiers, dans des petites fermes dans de petits villages. Des ceux que les grands mecs comme Barthélémy Aguerre regardent de haut (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/02/a-laguerre-comme-laguerre.html). Mais voilà, c’est des hargneux, des qui veulent pas mourir et qui ne veulent pas survivre en vendant de la merde à leurs clients et leur âme au Diable. Des mecs qui ont des valeurs, le genre de valeur qui n’a pas de prix. Parce que si tu crois que les valeurs ont une valeur, tu te plantes grave.

Alors voilà comment en une belle après-midi d’automne parisien, tu peux te réconcilier avec un produit, replonger dans ton enfance, rencontrer quelques belles personnes, boire un coup de txakoli et te faire une provision de ce fabuleux produit qu’est le piment doux du Pays basque (en fait, j’y étais allé pour ça, j’avais une envie d’omelette aux piments et ce piment là, qui est le meilleur du monde, tu n’en trouves jamais à Paris).

Y’a qu’un truc qui m’emmerde :c’est que ce m’ont dit les petits mecs d’Idoki, c’est le même discours tenu par les épiciers à la mode et les gros cons de la grande distribution, et que rien, rien, sinon quelques années d’expérience, une connaissance intime du terrain et une attention soutenue aux détails ne permet de faire la différence entre celui qui te baratine et l’autre.

Bon. Sachez simplement une chose : les mecs d’Idoki, ils sont tous bios, et même surbios. Ils affichent aucun label à la con, sauf le leur : Idoki. Et ça suffit : si votre épicier bio les connaît pas, changez d’épicier.

On en reparlera…

PS : et le prix ? Plutôt moins cher que Labeyrie.... C'est vrai qu'il faut être con pour acheter chez pousse-caddie.

mardi 23 septembre 2014

NOUS AVONS PEUR D’UNE GUERRE (2)

Nous ne sommes pas en guerre. Enfin, pas trop. Pour être en guerre, il faut, juridiquement, une déclaration de guerre à un Etat ennemi. Vu qu’on ne combat aucun Etat, on n’est pas en guerre. Tu vas me dire, c’est pas une consolation pour les veuves des mecs tués sur place qui, du coup, ne sont pas des veuves de guerre.

Dans les deux cas, on donne juste un coup de main à des copains. Un gros coup de main, mais pas plus. A ce propos, le Président a évoqué le sort des chrétiens d’Irak alors qu’il voulait bombarder Bachar, seul soutien des chrétiens de Syrie. Conclusion : tous les chrétiens ne sont pas égaux devant Hollande. Devant Dieu, oui. Preuve qu’Hollande n’est pas Dieu. On s’en doutait…

Bien. Au Mali, on se bat contre AQMI et associés. Il est bien l’acronyme, il évite d’avoir à épeler le nom de l’organisme. En Irak, le problème, c’était l’Etat islamique. On lui a changé le nom, on dit Daech…C’est pareil, l’acronyme en arabe de l’Etat islamique.

Pourquoi on a changé ? C’est qu’on ne veut pas prononcer le mot « islamique ». Dans les deux cas. Pour pas stigmatiser.

La vérité, c’est qu’on fait la guerre à l’Islam. On peut ergoter, discuter, sodomiser les diptères, mais dans les deux cas (Mali et Irak/Syrie), ce que les soldats français ont en face, ce sont des Musulmans. C’est pas bien de le dire, mais ne pas le dire ne change rien aux faits. Le dire, reviendrait (conditionnel) à stigmatiser l’ensemble des Musulmans et même les Arabes qui sont essentiellement Musulmans.

Ben non. Le premier pays musulman du monde, c’est l’Indonésie. Jusqu’à nouvel ordre, ils ne sont pas Arabes. Pas plus que les Nigérians de Boko Haram. En France, où la simplification communicante inculte a tout remplacé, Islam égale Arabes. C’est un peu court, jeune homme !

La vérité, c’est qu’un peu partout dans le monde, des mecs prennent les armes pour imposer la loi islamique. C’est valable au Mali et en Irak, mais aussi au Nigéria, en Tchétchénie, au Xinjiang, dans le sud des Philippines, en Libye, en Egypte, au Yemen ou en Tunisie. Bientôt en Inde où Al-Qaïda vient de créer une branche locale.

Mais il y a des Musulmans pas fanatiques !!! Certes. Toutefois, on ne m’empêchera pas de penser qu’ils regardent les intégristes d’un œil favorable. Ils ne peuvent pas dire que la charia, c’est caca. On n’a jamais vu l’un de leurs représentants lancer une fatwa sur les intégristes. Ils ergotent, eux aussi, sur la manière de l’imposer. Pas sur le fond. Ils ne disent jamais clairement que la démocratie passe par la laïcité et qu’une loi religieuse ne vaut pas un clou. On ne scie pas la branche…. Y'a même un mouvement à la con qui s'appelle "Not in my name". C'est clair : ils sont pas vraiment contre la guerre sainte, mais ils veulent pas que ce soit fait au nom de l'Islam. C'est pas très puissant comme argumentation. Bref, ils font ce qu’ont fait tous les mouvements de ce type : ils ont une version fréquentable et une version plus sauvage. Mais le but reste le même, c’est juste une question de moyens. Ou de timing. Les mencheviks prennent le pouvoir avant d’être remplacés par les bolcheviks. On en a déjà parlé ici.

Et donc, les Musulmans pas fanatiques, c’est une fiction. Une fiction qui nous arrange bien vu qu’elle nous permet de conserver des relations agréables avec tous les pays richissimes qui investissent dans notre beau pays et qui ont la main sur le robinet pétrolier. Y’en a même qui contribuent à des campagnes électorales. Mais les mômes qui vont à la mosquée chaque semaine, dont Maman est voilée et qui font le Ramadan, tu peux pas leur dire que leur religion est une mauvaise chose. C’est leur quotidien. Sur le tas, y’en a qui se radicaliseront. Comme il y a des enfants de chœur qui deviennent skins. Toute religion est une graine dont tu ne peux pas prévoir le développement. Vaut mieux pas l'arroser.

L’Islam est monolithique. Personne ne peut exclure personne. Aucun religieux ne peut s’opposer à un autre religieux. On en a déjà parlé ici. D’autant que les religieux fréquentables, on les fréquente parce qu’ils ne sont pas violents, et surtout pas avec leurs « frères ».

La communication a rendu le problème indémerdable. Personne ne regarde la question froidement. On l’a bien vu avec la Syrie : il y a deux ans, il était question de taper sur Bachar, aujourd’hui, on tape sur ses adversaires. C’est du grand n’importe quoi. Il y a deux ans, on savait bien que Bachar était un rempart. On l’avait dit ici. C’est que Bachar, lui, il a des fatwas sur le dos. Fatwas qu’aucun Musulman pas fanatique n’a essayé de contrer. On attend encore que le recteur de la mosquée de Paris défende Bachar. Faut pas rêver : Bachar, c’est pas un »bon » musulman à leurs yeux, c’est un Alaouite.

Avec l’Islam, la non-violence ne fonctionne pas car elle ressemble trop à de la faiblesse. Pas plus que ne fonctionne l’humanisme.

Normal. Ce serait donner à l’Homme une place réservée à Dieu.

On n’a pas fini d’en reparler…..

mercredi 17 septembre 2014

LA MORSURE DES SANS-DENTS

Ils ont tous le mot « morale » à la bouche. Nous sommes en France : plus on parle d’un sujet, moins on en fait. Je vais en énerver plus d’un, mais j’aime bien les comparaisons. Entre deux partis au pouvoir, par exemple.

Jérôme Cahuzac, dont on ne parle plus guère, se promène tranquillement et réorganise sa vie. Il n’a pas fait grand chose : simplement frauder le fisc alors qu’il devait le gérer pour le bien de tous, mentir à ses électeurs et fouler aux pieds le socialisme qu’il était censé incarner. Au cas où vous l’auriez oublié, la fraude fiscale consiste à alourdir le fardeau des impôts pour l’ensemble des contribuables au profit d’un seul. On peut l’assimiler à un vol au détriment de la collectivité.

Bo Xilai, maire de Chonqqing, une des municipalités les plus riches de Chine, a fait grosso modo la même chose : il a puisé dans les caisses pour son enrichissement personnel. Il a volé la collectivité.

Jérôme Cahuzac est libre. Bo Xilai a été condamné à la prison à vie. Il ne demandera pas d’allégement de peine. Il a raison. Sa prison est assez confortable. Et tous ses biens ont été confisqués. S’il sort de sa confortable prison, il sera SDF. Personne ne lui tendra la main. Il a intérêt à se faire nourrir par l’Etat.

Deux poids, deux mesures. Je souligne pour tous ceux qui vont, dans les gazettes, se moquer du socialisme à la chinoise. Le socialisme, c’est d’abord une morale. Il me semble qu’en l’espèce, la morale s’est installée à Pékin.

Mes amis juristes se drapent dans les codes. Cahuzac est soumis aux lois. C’est bien le problème. Le code est le même quel que soit l’inculpé. Pas tout à fait cependant. Le responsable politique jouit d’une immunité alors même qu’il a un devoir d’exemplarité. Deux poids, deux mesures, mais certains sont mieux et plus protégés que d’autres. Drapé dans son écharpe tricolore, le député risque moins que le citoyen lambda. Et ne parlons même pas du Président.

Pour ma part, je ne verrais aucun inconvénient à ce qu’il y ait deux codes. Un pour le citoyen de base, un pour le responsable politique dont les peines seraient aggravées au nom de l’exemplarité qu’il doit incarner. Je suis bien tranquille : au nom de l’égalité devant la loi, tout le monde va protester, en oubliant que nous ne sommes pas, le député et moi, égaux devant la loi. Vu que cette histoire d’immunité, c’est la porte ouverte à l’absolu bonheur des avocats : le délai. Plus on attend, plus la peine se dilue dans l’oubli des faits.

Ainsi va l’interprétation morale. Venant de la droite, ça ne m’étonne guère, elle a une morale à géométrie invariable. Il suffit que soient protégées les rentes de situation et que soit assuré l’enrichissement. Venant de la gauche, des héritiers de Robespierre et de Jaurès, ça me rend sauvage. Ce sont eux qui tiennent le discours de la morale et n’hésitent pas à la violer. Thévenoud a eu comme seule punition d’être exclu du PS. Tu parles d’un drame ! Il va être non-inscrit et le tour sera joué.

On va droit au clash…. Les communistes chinois savent que le peuple a besoin d’exemples, les socialistes français s’en foutent. Cahuzac en prison et ruiné, ça assurerait un gros paquet d’opinions favorables et ça démonterait les arguments de Marine.

Et donc, je pose la question : vaut il mieux être féroce avec un corrompu ou faire le lit du FN ? Parce que c’est comme ça qu’elle se pose la question. En termes simples et vulgaires. La Chine a remis à l’ordre du jour les autocritiques (à la télé, l’audience est plus large) d’élus et de fonctionnaires. D’après vous, comment réagissent les citoyens de base devant l’humiliation de ceux qui les ont trompés et humiliés ? Le plus simplement du monde : ils se sentent protégés et vengés et ils se marrent. C’est vulgaire ? C’est basique ? Peut être. En fait, c'est pas plus vulgaire qu'une émission de télé-réalité.

C’est cruel ? Non. La cruauté, la vraie, c’est de mépriser les autres. C’est de se sentir au dessus.(*)

C’est d’oublier que les sans-dents peuvent mordre. Malgré tout.

On en reparlera….

(*) à peine avais je écrit cette phrase que notre improbable Ministricule socialo-rothschildien chargé des Finances faisait sa sortie sur les "ouvrières illettrées", ajoutant le sexisme au mépris. Qu'il commence par aller devant les électeurs pour se donner une légitimité. Et si le mari d'une "ouvrière illettrée" allait décharger sur lui son fusil à sanglier, je trouverais ça assez normal...Trop, c'est trop...

samedi 13 septembre 2014

LA GUEULE ET LE TROU DU CUL

C’est un truc qui me trottait dans la tête. Un signe pertinent. Ce sont les seuls qui m’intéressent.

Il existe une sorte de trophée des meilleurs cuisiniers du monde. Ça vous sort une liste des 50 meilleurs restaurants around the world. Et ce machin est sponsorisé par une marque d’eau !!!

Ceci devrait nous entrainer à sourire, puis à douter et enfin à rejeter.

Manger, c’est un acte de jouissance, un acte de fête, et manger au restaurant doit marquer une rupture avec la monotonie du quotidien. En banquetant, on rejoint la cohorte de tous ceux qui, au fil des siècles, se sont réunis pour ripailler, se goberger, rigoler et mettre la main au cul des servantes. Manger est un acte païen, rustique et festif. Se mettre à table n’est pas le fait des culs serrés. Sauf à bouffer un brouet d’orties dans le réfectoire d’un monastère chartreux. Mais là, on ne mange pas. On survit.

Effectivement, pour survivre, il faut de l’eau. Pour déconner, pour se lâcher, pour que le plaisir apparaisse, se développe, éclate en éructations satisfaites et en vagues de rires, il faut d’autres breuvages.

Nous vivons désormais les temps de la manducation sinistre. On mange pour pouvoir parler de ce qu’on mange et comme on ne sait rien (ou pas grand chose) des produits que l’on mange et des techniques à mettre en œuvre, on utilise la nourriture comme sujet de réflexion. On juge des résultats sans rien savoir des moyens de l’atteindre, ce qui distingue le critique gastronomique du chroniqueur sportif qui sait, lui, que Dupont a eu des lacunes à l’entrainement ou que le « coach » n’avait pas choisi la bonne formule pour permettre à Tartemolle de montrer son talent. Et donc, on philosophe, on se tient raide sur des chaises encore plus raides. Bouffer est devenu une activité intellectuelle. D’ailleurs, personne ne bouffe plus. On goûte, on déguste, on affine et on affirme. On se croit distingué parce qu’on s’emmerde. Et on boit de l’eau.

Bouffer est devenu une activité intellectuelle depuis qu’on fréquente plus les restaurants que les librairies. Les premiers se multiplient, les secondes disparaissent. Il ne vient plus à l’idée de personne que, pour la pensée, on a les livres, pas les assiettes. Tiens, je viens de retrouver un menu du Fouquet’s. Le 15 novembre 1958, on y servait des poulardes de Bresse Albuféra, des beignets de cervelle Orly ou de la noix de ris de veau braisé. J’ai été invité au Fouquet’s il y a quelques semaines. Il m’est apparu évident qu’on ne pouvait plus servir de cervelle à une clientèle qui, à l’évidence, ignorait l’existence de la chose ou son utilisation. J’aurais préféré dîner avec Montaigne qui raconte qu’il est tellement avide qu’il se mord les doigts quand il mange (car il mange avec les doigts, bien entendu).

Nous vivons dans la confusion la plus totale. Manger, ce n’est pas aimer, ni penser, ni rien d’autre que se remplir la panse, la gueule grande ouverte et le trou du cul soumis à la pression provoquée par l’accumulation des aliments. Oui, je regrette les repas qui duraient quatre heures. Minimum. Les repas où on n’appelait pas les diététiciens au secours, mais, éventuellement, les médecins pour l’apoplexie finale.

Je ne retrouve plus ces impressions qu’avec mes amis chinois. Pour un Chinois, manger, c’est pas rien. Un repas à douze plats, ce n’est pas rare. Et on ne boit pas de l’eau. Ou du thé. On bâfre, on se goinfre, on se porte des toasts, on se finit au maotaï. Bref, on vit. On prend du plaisir ensemble, on se respecte, on s’honore. Ce qui n’empêche pas de travailler sérieusement. Ni de pratiquer les croisements culturels. Ça aussi, on devrait y réfléchir. Nous, on a adopté le tofu et la soupe au miso. Eux ils ont déjà inventé les nems au foie gras. Pour vous dire qu’ils nous ont pas piqué le bouillon de légumes et les carottes râpées.

En fait, on est toujours aussi nuls en géographie et on confond toujours la Chine et le Japon. Quand je vois un zozo comme Thierry Marx s’exciter sur le sushi…Il ferait mieux d’aller au Shaanxi goûter les languettes de filet mignon de porc servies en beignets sucrés. Ou les aubergines pimentées du Sichuan. Tous nos chefs bossent en pensant aux Japonais. Etonnez vous après ça que les Chinois nous boudent. La seule qui ait un avenir en Chine, c’est Maïté…. Je comprends pas qu’elle n’y soit pas déjà….

C’est peut être pour ça que nos hommes d’affaires sont si nuls sur le marché chinois. Plutôt que d’avoir la gueule ouverte, ils ont le trou du cul serré.

Quant aux 50 meilleurs restaurants de l’eau gazeuse, ils sont majoritairement nordiques et luthériens. Hé ! les mecs ! on bouffe pas pour aller au Paradis. C’est même le contraire… Demandez à Philippe d’Orléans.

Bouffer doit être excessif. Vivre excessivement. Travailler excessivement. Déconner excessivement. Pécher excessivement.

Amen…

jeudi 4 septembre 2014

MISTRAL PERDANT

La bonne nouvelle, c’est qu’un mec au moins va améliorer ses chiffres (en hausse) : le directeur du Pole-Emploi de Saint Nazaire.

Résumons. La Russie commande à Sarkozy deux navires de guerre, deux merveilles de technologie française. On les appelle des bâtiments de commandement, mais ils sont aussi un peu opérationnels. La Russie commande et paye. On appelle ça un contrat. Personne ne dit rien.

Et donc on construit. Les Russes choisissent le nom des navires. Sont pas compliqués les Russes. Celui qui va sur le Pacifique, on l’appelle le Vladivostok, celui qui va en Mer Noire, on l’appelle le Sébastopol. Pour le Mourmansk, on verra plus tard. Parce que, vu l’état de la marine russe, ces deux contrats, c’était juste un début.

La Russie et l’Ukraine se fritent un peu. C’est bien compliqué, ça fait des morts. Mais voilà que le « grand frère américain » fait les gros yeux. Il a signé le contrat ? Non, mais il s’invite.

Et donc le gouvernement français « suspend » le contrat. Moi, j’imaginais que mon gouvernement dirait au « grand frère » : mêle toi de ce qui te regarde. Les bateaux valent un peu plus d’un milliard d’euro, si tu veux pas que je les livre, paye. Mais non. Mon gouvernement prend ses ordres à Washington.

Mais on est dans l’OTAN ? Et alors ? Ce qu’on suspend, c’est le Vladivostok qui va aller dans le Pacifique. Le Pacifique, c’est pas l’Atlantique Nord, non ? Ou alors, faut refaire les cartes.

Le gouvernement « suspend ». Unilatéralement. Ça s’appelle « rupture de contrat ». Va falloir payer si on applique pas le contrat. Mon gouvernement s’en fout. C’est moi qui paye. De plus en plus difficilement, d’ailleurs.

Sans compter que la parole de la France, va en prendre un vieux coup. T’imagines ? Tu signes avec un pays et, au moment de livrer, il déchire le contrat.

Faut se mettre à la place d’Obama. Le Pacifique, il considère que c’est sa mer. Déjà quand les Chinois ont lancé le porte-avions Liaoning, il a râlé, Baraque… Si la partie occidentale du Pacifique se renforce, ça lui fait pas plaisir. Il va pas entretenir une flotte juste pour protéger San Diego, quand même ! Et donc, comme il veut le beurre et l’argent du beurre, la tranquillité dans le Pacifique ouest et payer le moins possible, il présente la note aux contribuables français. Au premier rang desquels les futurs chômeurs de Saint Nazaire.

Un peu de cohérence aurait consisté à protester à propos du Sébastopol. Sébastopol, c’est en Crimée (ex-Ukraine), et donc on aurait pu comprendre. Encore que si tu vas voir les bateaux ukrainiens à Balaklava, le risque de conflit maritime en Mer noire est faible. Les bateaux ukrainiens, ils tiennent par la peinture. Mais bon, on peut admettre.

Sauf que le Sébastopol, il est livrable au printemps et que Baraque voulait des actes immédiats, histoire d’essayer de bloquer Poutine auquel il ne comprend rien. Et donc, il demande à Hollande de s’y coller.

Les diplomates accumulent les textes : tel accord de 1994, telle résolution de 1997. C’est totalement inutile, on est passé au-delà. Poutine n’envahira pas l’Ukraine (je veux dire officiellement, comme Adolf avec l’Anschluss). Il va pourrir la situation jusqu’à ce que l’Ukraine (ou des gros bouts d’Ukraine) tombent dans l’escarcelle russe. Il n’envahira pas non plus les pays baltes ou la Pologne qui sont dans l’UE. Ni la Bielorussie tant qu’elle le suivra. Il utilise une tactique vieille comme le monde : attendre que la population, ou une partie de la population, demande son intervention. Et même là, il fera un peu sa chochotte.

En attendant, tout le monde regarde l’Ukraine. Moi, qui suis un vieux joueur de go, je me dis qu’il faut regarder ailleurs. Et si la nouvelle la plus importante était l’ouverture par Al-Qaïda d’une branche dans le sous continent indien ? Mais ils sont déjà au Pakistan. Bien entendu. Sauf qu’il y a autant de musulmans en Inde qu’au Pakistan. Le terreau est là. La graine arrive. Qui la plante ? Et qui va l’arroser ?

J’ai bien une petite idée mais ça nous entrainerait loin du Vladivostok. Qui est un Mistral. Perdant.

On en reparlera….

mardi 2 septembre 2014

LA ROUTE DE LA SOIE

Ça n’existe pas. C’est juste un mot. Inventé par Ferdinand von Richthofen, géographe allemand et, accessoirement, oncle de Manfred von Richthofen, le fameux Baron rouge. Juste une manière de décrire succinctement les siècles d’échanges entre l’Est et l’Ouest de ce qu’on appelait jadis l’Eurasie.

Parce qu’au cas où vous l’auriez oublié, on peut aller en train de Lisbonne à Pékin. Parce qu’au cas où vous l’auriez oublié, il y a juste un pays d’écart entre la Finlande et la Chine. Ben oui. Tu quittes Helsinki, tu entres en Russie. Tu sors de Russie, tu es en Chine. Si c’est pas un ensemble cohérent qu’est ce que c’est ?

Et donc, depuis des siècles et des siècles, des gens parcourent cet ensemble cohérent en échangeant des marchandises et des idées. Des gens communiquent, partagent, facilement, sans avoir besoin de rien d’autre que leurs pieds. Depuis des siècles et des siècles, s’est construit en ensemble culturel mais aussi économique, entre voisins.

Et donc, voici une dizaine d’années, le gouvernement chinois a remis à l’honneur ce concept de Route de la Soie. Concept parce qu’il n’y en avait pas qu’une. Les échanges passaient par l’Asie centrale, c’est évident. Mais aussi par le Sud, par la mer. L’art grec arrive au Xinjiang chinois via l’Afghanistan. A Tourfan, à Dunhuang, les peintures bouddhistes sont influencées par l’art grec. C’est ce que les spécialistes appellent l’art gréco-bouddhique du Gandhara.

Le message était clair : nous vivons ensemble et nous n’avons pas intérêt à l’oublier. Certes, la Route de la Soie semble être aujourd’hui un titre pour brochure touristique. Mais justement. Passons derrière le miroir pour retrouver la réalité des choses.

Ce qu’il y a d’emmerdant pour certains, c’est que l’Eurasie pèse lourd : 54 millions de kilomètres carrés, (un bon tiers des terres émergées) près de 5 milliards d’habitants, des ressources géologiques énormes, une fantastique variété de climats et de pratiques agricoles.

En remettant l’Eurasie au premier plan, la Chine nous faisait un signe. Mais comme toujours, nos politiciens ne l’ont pas vu. Depuis Giscard et JJSS, ils sont obsédés par le modèle américain (http://rchabaud.blogspot.fr/2014/01/le-defi-americain.html). Au point que Sarko-les-talonettes allait passer ses vacances aux States. Et le mec se dit gaulliste ! On rêve. Pour nos énarques, l’Est de l’Eurasie, c’est la terre des Rouges, des fils de Marx au couteau entre les dents. En 89, l’Occident avait eu la peau du Traité de Varsovie et s’était persuadé que le marxisme n’existait plus. Ce qui est aussi con que de dire que le cartésianisme n’existe plus. Une théorie est toujours disjointe de ses applications.

Et donc, tout semblait d’une limpide clarté. L’Occident tellement intelligent parce que capitaliste avait eu la peau du communisme au point que même la Chine faisait du capitalisme. Et la Russie allait payer dans un splendide isolement toutes ces années de trouille que l’URSS nous avait infligé.

Nous (l’UE, l’Europe) avons donc tourné le dos à la Chine pour regarder à l’Ouest. C’est très con : vaut mieux regarder le soleil qui nait que le soleil qui meurt. Nous avons aussi tourné le dos à la Russie, encouragés par les anciens pays communistes qu’on avait fait entrer à flots dans notre système. Au premier rang desquels la Pologne dont on sait pourtant que toute son Histoire ne nous a apporté que des emmerdements. Les Polonais, ils ont donné l’exemple: dès qu’on les a fait entrer en Europe, pour nous remercier, ils ont acheté des avions américains, pas des Rafales. T’imagines la fiabilité de l’alliance avec des trous du cul de cette envergure ?

On a sacrément daubé sur l’avenir de la Russie, sur les oligarques qui achetaient des clubs de foot et dépensaient leurs roubles à Megève, à croire qu’il n’y avait que deux sortes de Russes : les riches mafieux et les pauvres bourrés. Et donc, on a aussi tourné le dos aux Russes.

Quand t’es tout seul, tu cherches des amis. Moscou a vu Pékin lui faire de l’œil. D’autant que, malgré les apparences et les différences souvent anecdotiques, Russes et Chinois ont déjà bossé ensemble. OK, c’était aux temps du Komintern et le costaud, c’était Moscou. Chaque pays a fait un peu de chemin vers l’autre et ils ont fini par faire Front Uni. Privé de Traité de Varsovie, Moscou s’est glissé dans l’Organisation de Coopération de Shanghai. Cahin-caha, chaque pays a trouvé ses marques. Entre marxistes, c’était plus facile. Poutine, marxiste ? Quand tu fais la carrière qu’il a faite, t’es obligé de connaître Marx. Alors, oui, Poutine a un versant marxiste, bien utile pour parler avec la Chine.

Doucement, à bas bruit, s’est tissée une alliance. Une alliance entre voisins. Dame ! ils ont plus de 4000 kilomètres de frontière commune, six fois plus que nous avec l’Espagne. Nous, engoncés dans notre mépris et nos certitudes, nous n’avons rien vu venir. Et aujourd’hui, ça nous pète à la figure. L’Europe prend des « sanctions » contre la Russie (je mets des guillemets parce que le mot pue le petit prof et le moralisateur de bidet) et la Russie nous fait un bras d’honneur. Tu m’emmerdes sur le gaz ? Pas grave. Aujourd’hui, le protocole pour la construction d’un gazoduc vers la Chine a été signé. Poutine annonce tranquillement que les sociétés européennes auront du mal à se réinstaller en Russie. Forcément : la Chine va prendre la place. D’ailleurs, cette semaine, Goldwind (entreprise chinoise) annonce installer ses premières éoliennes en Russie. Comme dit Cohn-Bendit : l’écologie apporte de la croissance. Certes, mais à qui ?

Je ne peux pas croire que nos gouvernants n’aient rien vu. Si moi, je peux voir se tisser de nouvelles alliances, un énarque, mieux informé que moi, doit le voir aussi. D’autant qu’on peut tout reprocher aux Chinois, sauf leur incommensurable franchise. Voilà quarante ans qu’ils disent et proclament qu’ils construisent le socialisme à la chinoise. Le mot important, c’est « socialisme ». Voilà quarante ans qu’ils disent et proclament que l’Eurasie a un avenir et que les mers séparent quand les terres rapprochent. Ils savent qu’on ne peut pas laisser seule une puissance comme la Russie parce que c’est ouvrir la porte à tous les débordements.

La boîte à conneries est ouverte. Le Président allemand affirme que la Russie a rompu de facto tout partenariat avec l’Europe alors que c’est exactement le contraire. L’Europe a refusé tout partenariat équitable avec la Russie qu’elle ne voyait que comme un marché, oubliant tout ce qui, depuis des siècles, a fait la grandeur de ce pays. L’Europe se réjouissait de voir la Russie à genoux. Surprise ! Elle se relève.

La Russie nous dit que le monde nouveau ne se fera pas sans elle. C’est aussi le discours chinois. Nous sommes là et nous comptons. Faire du fric, on sait. Aussi bien que vous et on le prouve chaque jour. Mais ce n’est pas l’essentiel.

Comment ? disent les Occidentaux. Qu’y a t-il de mieux que de faire du fric ? Ben, entretenir des relations de bon voisinage, par exemple. Ce que les Américains ne savent pas faire. Un proverbe mexicain l’affirme : Pauvre Mexique, si loin de Dieu et si près des Etats-Unis. Pour les USA, un voisin est un quasi-ennemi.

Nous vivons aussi le retour de la géographie, cette maudite chose aux yeux des politiques. La géographie qui nous oblige à regarder autour de nous pour voir où et avec qui nous vivons afin de savoir comment nous pouvons vivre.

Ça s’appelle l’Humanité.

On en reparlera…

dimanche 31 août 2014

SI LES RICAINS….

C’est Sardou qui bêle : « Si les Ricains étaient pas là, vous seriez tous en Germanie…. ». Et le troupeau approuve. Même si les faits prouvent le contraire.

Justement, revenons aux faits.

Juin 1941. L’Allemagne nazie envahit la Russie communiste. Russie communiste alliée avec la France et où se bat l’escadrille Normandie-Niemen. Que font les USA ? Rien. Le plus puissant groupe de presse américain, le groupe Hearst plaide ouvertement pour la neutralité. L’Allemagne nazie n’est pas considérée comme un adversaire mais comme un allié pour lutter contre le communisme. Roosevelt hésite. Il accepte de livrer des armes mais il demande que les livraisons soient gagées sur le stock d’or soviétique. Rien n’est gratuit.

Il faudra attendre le mois de décembre 1941 et l’attaque de Pearl Harbor pour que les USA se décident. Encore se positionnent-ils sur le front asiatique. En Europe, le conflit entre Allemagne et Russie les arrange plutôt. D’ailleurs, ils ne déclarent pas la guerre à l’Allemagne. Au contraire, ce sont l’Allemagne et l’Italie, liés au Japon, qui déclarent la guerre aux USA.

En 1942, l’essentiel de l’effort de guerre en Europe est supporté par la Russie communiste : les deux tiers de l’armée allemande se battent en Russie. Si les Ricains n’étaient pas là… Mais ils ne sont pas là !!! Cependant, pour montrer leur bonne volonté, ils débarquent en Afrique du Nord.

En 1943, changement de musique. En janvier, l’Armée Rouge gagne à Stalingrad et entame sa marche vers l’Ouest. Les Ricains sont toujours en Tunisie. Et là, le risque apparaît. Clairement. Si l’Europe est libérée par la Russie, elle basculera dans le camp communiste. Impensable. S’engage alors une course de vitesse. C’est à qui libérera le plus de territoires. Le problème des USA n’est pas l’ennemi Hitler mais l’allié Staline. Quand les Ricains débarquent enfin, Staline est à Varsovie, à une portée d’arbalète de Berlin.

Et donc, cher Michel Sardou, si les Ricains n’étaient pas là, nous serions malgré tout en France. Vraisemblablement en France communiste, mais est-ce si important ? Pour vous peut-être.

Pensons à un fait amusant. De Gaulle n’est pas à Yalta. Les Ricains n’en veulent pas à cause des mouvements de résistance français où les communistes jouent un rôle prépondérant. On doit le répéter. Début 1945, le problème de Roosevelt, c’est le communisme, pas le nazisme.

Dès la victoire acquise, la communication américaine se met en place. Là se trouve la vraie victoire américaine. Il va falloir prouver au « monde libre » qu’il n’est libre que grâce aux USA. Et ça dure depuis soixante ans. Au point que certains se sont étonnés que Hollande ait invité Poutine à la commémoration du Débarquement. C’était la moindre des choses. Sans Stalingrad, les Ricains ne débarquaient pas.

Depuis soixante ans, on nous le ressert : en Corée, au Viêt-Nam, en Irak, les Américains défendent nos libertés. Personne ne veut voir que les Ricains défendent surtout leurs marchés, leurs finances, leur influence et leurs libertés. La liberté d’accumuler de l’argent aux dépens des acquits sociaux, la liberté d’implanter leurs entreprises sans contraintes et surtout pas les contraintes écologiques. La liberté de drainer les ressources du monde au profit des USA. Certains ont même accepté l’idée qu’au Chili, Pinochet était un meilleur défenseur des libertés qu’Allende.

Aujourd’hui, ça continue. Poutine menace nos libertés quand il défend les siennes. Sur la Chine, c’est un peu différent. Les entreprises américaines en ont trop besoin. Donc, on infléchit. Ce ne sont pas nos libertés que la Chine menace mais les libertés du peuple chinois. C’est un peu tiré par les cheveux, mais ça fonctionne. Toute la presse est au travail pour ça. On en a déjà parlé….

On en reparlera…




samedi 30 août 2014

BRUITS DE BOTTES

Ben voilà…Suffit que je m’absente quelques jours et Poutine se précipite pour me donner raison sans même me prévenir. Bien la peine que j’en dise du bien (http://rchabaud.blogspot.fr/2014/03/jaime-poutine.html)

T’as vu Obama comment qu’il se met en colère sur l’Ukraine ? Pas que lui. Hollande aussi, il se met en colère. Façon Hollande, ça va pas trop loin. C’est que la situation évolue. Je vous fais le résumé. Le plus court possible. C’est un résumé.

Voilà quelques années que les BRICS accumulent l’or. D’autant plus facile que dans les BRICS, y’a l’Afrique du Sud et la Russie qui sont de gros producteurs. Ça, vous le savez (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/12/il-est-lor.html). L’Occident se marre. C’est bien des habitudes de pauvres : acheter de l’or plutôt que des actions Facebook, faut vraiment être naze….

Et puis début juillet, voilà que les anciens pauvres décident de créer un organisme financier destiné à compléter l’action du FMI. C’est comme ça que c’est présenté. Il s’agit pas de remplacer le FMI (qu’est ce qu’on ferait de Christine Lagarde ? Personne n'en veut), juste de le compléter, de prêter aux vrais pauvres que le FMI peut pas aider pour cause d’insolvabilité organisée par le FMI lui-même. Les journalistes occidentaux se marrent : le nouveau Fonds, il a sept fois moins de fric que le FMI ! Un nain ! En dollars, c’est certain.Mais que vaut le dollar ?

Et puis fin juillet, voilà que la Russie et la Chine arrivent à élargir l’OCS, qu’est un organisme dont aucun d’entre vous n’a jamais entendu parler. Moi, bon prince, je vous informe (http://rchabaud.blogspot.fr/2014/08/shanghai-et-la-cooperation.html)

Content de moi, je vais me faire grattouiller par les méduses en Méditerranée et pendant ce temps mon copain Poutine décide que à partir de dorénavant et jusques à désormais, il n’acceptera plus de dollars en paiement de son pétrole et de son gaz. Et pour bien le prouver, il signe un bel accord avec Xi Jinping, comme quoi le yuan et le rouble serviront à payer leurs hydrocarbures respectifs. Poutine, il ajoute même qu’on peut payer en or.

Mine de rien, c’est plus qu’une bombe…Jusque là, pour acheter du pétrole, fallait d’abord acheter des dollars. Des bouts de papier vendus au prix fort par les Ricains. Plus la peine disent d’une même voix Russes et Chinois. Vous pouvez payer avec les sous que vous imprimez vous-même. Pauvre Obama ! Ça va faire un sacré trou dans son budget. Et c’est bien là le problème. Si on n’a plus besoin d’acheter des dollars pour acheter du gaz ou du pétrole,, ça sert à rien qu’il en imprime autant. Le dollar est au bord du gouffre. Nous aussi, tu vas me dire, vu que si le dollar plonge, l’euro va devenir hors de prix. C’est ce que vont nous expliquer tous les économistes médiatiques. En fait, c’est faux. L’euro sera à sa vraie valeur face au yuan ou au rand. C’est sa valeur face au dollar qui posera problème mais à la seule condition que le dollar reste une monnaie de référence.

Or, la vraie question est là : le dollar est-il toujours une monnaie de référence ? De moins en moins et seulement pour ceux qui le désirent. Ce que disent les grandes manœuvres en cours est clair : choisis ton camp. Or, les banquiers ne veulent pas quitter le camp du dollar. D’abord, parce que ça détruirait de façon drastique de la valeur. Si tes avoirs sont en dollars, une baisse du dollar réduit tes avoirs. Ensuite parce que ça compliquerait le jeu. Par exemple, toutes les transactions internationales sont basées sur le système IBAN dont le dollar est la référence. Une baisse du dollar va faire voler en éclats ce beau système dont les banquiers sont si fiers.

Et puis, me disent mes copains banquiers, les Chinois ont tellement de dollars dans leurs caisses qu’ils vont pas s’appauvrir volontairement. C’est bien un raisonnement de banquier. C’est clair que le dollar va pas exploser en vol. Mais tout est en place pour qu’il s’affaiblisse, lentement mais surement. Russie et Chine peuvent avaler une baisse programmée. Perdre un peu d’argent chaque année. Pour un banquier, perdre un peu, c’est déjà trop. Pour un gouvernement, il en va autrement. Surtout s’il a prévu le coup. Surtout s’il a accumulé des réserves en matières premières. Surtout s’il a signé des accords pour accompagner cette perte. Mais les banquiers (et les gouvernements occidentaux) ne peuvent pas imaginer un seul instant que le politique prime sur l’économique.

Elle est là, la vraie révolution. Le politique reprend le pouvoir. Les BRICS sont en train d ‘effacer trente ans de reagano-thatcherisme. Pour l’instant, on n’entend que des cris d’orfraie. Cris qui cachent les bruits de bottes. Car Obama n’a pas le choix. Pour défendre le dollar, il ne lui reste que les missiles. Ira t-il jusque là ?

Parce que s’il compte sur Facebook, il a du souci à se faire….

On en reparlera….


jeudi 7 août 2014

SHANGHAI ET LA COOPÉRATION

C’est un sigle que tout le monde ignore : l’OCS. L’Organisation de Coopération de Shanghai. Et l’OCS vient de faire un joli coup. Merci, Jean, de m’avoir informé.

L’OCS, c’est une sorte d’OTAN eurasiatique, une organisation de défense commune qui regroupait la Chine, l’URSS, le Kazakhstan, le Tadjikistan, l’Ouzbekistan et le Kirghizistan. Les médias français s’en foutent : ils voient ça comme une tentative des Russes et des Chinois de coopérer avec des Etats de montagnards nomades et bien folkloriques. C’est toujours le même mépris : quel intérêt ont ces Kirghizes ?

Mais voilà, les temps changent et le monde bouge. L’OCS vient d’admettre, après plusieurs années de discussion, de nouveaux membres : l’Inde, l’Iran, le Pakistan et la Mongolie. C’est pas rien… Voilà que l’Iran se trouve désormais dans une structure militaire internationale avec la Chine et la Russie.. Ça arrange pas vraiment les affaires d’Obama.

Voilà que l’Inde et le Pakistan se trouvent officiellement alliés. Bravo à tous les commentateurs qui glosent à longueur de pages sur le fossé qui sépare ces deux pays.

Voilà que la Chine et l’Inde appartiennent à la même structure de défense. Bravo à tous les journalistes qui nous abreuvent de reportages sur leur inimitié irréductible.

Année après année, les dirigeants asiatiques s’aperçoivent que Washington est un faux ami. Qu’ils sont utilisés dans un projet d’hégémonie mondiale qui ne profite qu’aux USA. Qu’on les joue les uns contre les autres et que ça ne va pas fonctionner éternellement. Alors l’OCS leur tend les bras.

L’OCS, officiellement, doit permettre de lutter contre les trois maux qui menacent l’Asie orientale : le séparatisme, l’intégrisme et le terrorisme. L’Organisation a d’ailleurs des bureaux à Tachkent uniquement dédiés à la lutte anti-terroriste. Les pays asiatiques savent bien que ces trois maux plongent leurs racines profondes dans la politique coloniale ou néo-coloniale des Anglo-Saxons. Logiquement, ils disent Stop. Et ils sortent de l’orbite de Washington qui vient de prendre, en moins d’un mois, deux claques, l’une financière (voir ici), l’autre diplomatico-militaire.

La difficulté pour Obama tient à son impossibilité de réaction. Les buts de l’OCS vont dans le sens de ses déclarations. Ceux de la nouvelle banque des pays émergents, aussi. Le ton est neutre, feutré, tranquille. En face d’Obama, les deux pays les plus peuplés du monde, deux économies puissantes dont il ne peut pas se passer. Des pays forts, qu’il a cru berner avec des mots et qui, aujourd’hui, posent le réel sur la table.

Pour survivre, il ne lui reste que le Traité transatlantique. Les USA vont donc s’y accrocher, faire le forcing. Je pense que l’Europe va céder. Alors même que c’est maintenant qu’ils sont demandeurs qu’il faut leur tordre le bras. Les négociateurs européens peuvent demander ce qu’ils veulent, les Américains céderont. Ils ne peuvent pas s’offrir le luxe d’être isolés. Mais ça, on l’avait déjà dit il y a plus d’un an.

Il ne faut pas s’imaginer que tout ceci n’est que militaire. L’OCS est un traité d’alliance entre pays méprisés (ou qui se sentent méprisés, c’est la même chose) qui ont décidé de redresser la tête. Sans surprises, la Russie fait un test sur les matières alimentaires. Sans surprises, les commentateurs affirment que la Russie s’isole, alors que c’est exactement le contraire. Regardez donc une carte. Avec l’Iran, l’étau se resserre autour des pays caucasiens et des régions caucasiennes de Russie, là où précisément les trois maux (séparatisme, intégrisme, terrorisme) posent le plus de problèmes à Poutine.. Et je ne serais pas surpris que, dans les tuyaux, il n’y ait pas une sorte d’OMC-bis, destinée à rééquilibrer des échanges Nord-Sud de plus en plus inégaux.

La seule chose qu’on ne peut pas imaginer, c’est que les USA cèdent. Ils n’ont rien compris car personne n’a envie de voir que les époques de grandeur sont derrière. Nous les suivrons dans cette descente aux enfers. Par manque de clairvoyance, essentiellement. Nous avons refusé toute aide à la Russie, alors que De Gaulle plaidait pour une Europe de l’Atlantique à l’Oural. Il fallait lui faire payer ces années de guerre froide où elle nous avait fait si peur. La Chine a tendu la main et la Russie s’en est saisie.

Tout ceci est le résultat d’années de propagande. De Gaulle savait ce que l’Europe devait à la Russie pour la victoire de 1945. Il savait ce que signifiaient une alliance avec la Russie et une alliance avec les USA. Il savait où était l’intérêt de la France. La propagande étatsunienne nous a aveuglés. Il faudra y revenir.

Dans les coulisses, les « petits pays » préparent la facture de toutes ces années d’erreurs.

Et la note va être salée.

On en rearlera…

mercredi 6 août 2014

LES DISSIDENTS

Le texte précédent m’a valu quelques réactions indignées… Il faut donc que je m’en explique…

Les dissidents, je connais.. Ils ont des ancêtres. Nous, on appelait ça les « réfus ». C’est une abréviation pour « réfugiés »…Chez moi, c’était majoritairement des Républicains espagnols qui avaient fui la dictature franquiste.Au lycée, j’avais plein de copains qui étaient fils de réfus….Ça incite à la sympathie, forcément.

En vieillissant, j’ai vu la population croître et se diversifier. Changer de statut aussi. Et très vite, un truc bizarre m’est apparu. Les nouveaux « réfus », ils vivaient dans leur pays. On les appelait des « dissidents ». Le mot n’est pas innocent, mais il me semblait doubler le vieux vocable d’« opposants ». Il ne m’a pas fallu longtemps pour faire ma petite analyse linguistique.

Un « opposant », c’est universel. Tout régime, tout gouvernement a ses opposants. Normal : c’est la base de tout régime politique, démocratique ou pas. Y’a le côté du manche et l’autre.

Par contre, il n’est de dissident que dans un pays communiste. Vous pouvez chercher, regarder, analyser, quand on vous parle de dissidence, Marx est derrière la porte. C’est caricatural : Pinochet avait des opposants, Castro des dissidents.

Allez voir l’article, plutôt pas mal fichu, que Wikipedia consacre au mot « dissident ». Pour faire court, un dissident se sépare du régime dans lequel il vit alors qu’un opposant l’accepte et lutte contre les hommes au pouvoir.. Voilà. Les opposants à Pinochet acceptaient le régime et rejetaient le bonhomme, les dissidents cubains refusaient avant tout le régime. C’est une différence de nature : changer les hommes ou changer la philosophie du gouvernement. Et donc, mes copains réfus, selon cette définition, ils luttaient contre Franco, pas contre son régime qu’ils devaient trouver sympa. Si je leur avais dit ça, ils ne seraient plus mes copains, je crois. Pourtant, ils étaient vus comme des opposants, pas des dissidents.

C’est bien les mots. Ils ne dissimulent rien, à condition de les analyser. Tout s’explique : les dissidents ne veulent pas du communisme. Franco, Pinochet avaient une philosophie du pouvoir acceptable par tous. Castro, Brejnev, non. Les premiers avaient des opposants, les seconds abritaient des dissidents.

Là, tu t’arrêtes, tu respires un grand coup et tu te demandes si tu te ferais pas manipuler par un organisme qui serait parfaitement anti-communiste. Or, tu as beau regarder, tu n’en trouves qu’un qui, depuis un demi-siècle, lutte avec constance et de gros moyens contre le communisme quasi-satanique. Et c’est la CIA. Remarque, le choix d’un vocabulaire aussi précis a l’avantage de ne laisser aucune place au doute. Il ne s’agit pas de changer les hommes. Ça, la CIA sait faire : le coup d’Etat fait partie de son fonds de commerce. Il s’agit de détruire le communisme. Choisir des individus, les mettre sous les feux des projecteurs, montrer et démontrer qu’ils sont des victimes d’une idéologie plus que d’un gouvernement, les financer aussi. La machine est rodée. Elle fonctionne avec des organismes financiers comme le NED (National Endowment for Democracy) qui distribue l’argent, du lobbying diplomatique, notamment à l’ONU, pour habiller l’action d’un peu de juridisme diplomatique, des associations qui servent de relais et quelques personnalités connues issues du monde du spectacle pour attirer ceux qui ne pensent pas. Et la doxa se met en place.

Une règle semble universelle : pour être dissident, il vaut mieux brandir une religion ou une théorie spirituelle qui peut y être assimilée. Ainsi le NED a soutenu Solidarnosc en Pologne (Lech Walesa n’a jamais fait mystère de son engagement chrétien) ou les bouddhistes tibétains. Il semble que les USA jugent que l’athéisme est le danger suprême que le communisme fait courir au monde. En plus, la spiritualité est bien pratique. Les relais sont innombrables, chaque mouvement « spirituel » se croyant obligé de défendre tous les autres. Elle couvre les dissidents d’une chape d’humanisme et les dégage de l’infamante accusation de faire de la politique. Face aux loups idéologiques, nous voyons apparaître des millions d’agneaux en recherche spirituelle, agneaux dont la nourriture s’élabore à Washington.

Nous, Français, devrions savoir décrypter. La lutte contre le christianisme fut une des constantes des Républicains du 19e siècle, au moins jusqu’à la loi de 1905. Nous devrions connaître toutes les ruses, depuis les aides financières jusqu’au travail sur l’éducation, on devrait connaître la propagande larvée et la diffusion des images pieuses ; car les catholiques étaient alors des dissidents, des gens qui refusaient un régime au nom de leurs croyances. Parfois, ils le redeviennent.

Si t’avais pas fait le rapprochement, c’est que t’as des lacunes historiques. T’as des excuses : mes copains de gauche, ils supportent pas les dissidents catholiques et ils se pâment devant les dissidents chinois. Comme quoi…on peut être de gauche et suivre la CIA.

Comme je vais me faire engueuler, on en reparlera…

mardi 5 août 2014

LE SPECIALISTE

Plein d’amis se sont attristés de la disparition de Paul Jean-Ortiz, le conseiller diplomatique de Hollande. S’il est toujours triste de voir disparaître quelqu’un, on m’autorisera d’avoir un regard, disons, décalé.

Conseiller diplomatique à l’Elysée, c’est pas rien. C’est plus que Ministre des Affaires Etrangères qui sont souvent « étrangers aux affaires ». Du moins cette disparition m’aura t-elle donné le nom d’un homme qui me fit piquer quelques coups de sang.

Je ne parle pas des calamiteuses positions françaises en Syrie. Elles ne nous ont attiré que le ridicule de chausser les bottes d’Obama, bottes mal taillées, on en conviendra. Suivre la politique américaine au Moyen-Orient quand on voit les résultats en Irak et en Afghanistan, c’est pour le moins osé. J’admettrai volontiers que Monsieur Jean-Ortiz, face au poids financier de certains Etats de la région ne l’a pas fait, le poids.

Je ne lui ferai pas non plus porter le fardeau des positions en Ukraine. Je conviens qu’il ne pouvait à la fois lutter contre Poutine et la maladie qui l’a emporté.

Par contre, ce spécialiste de la Chine où il fut en poste, spécialiste au point qu’on a songé à lui donner l’ambassade de Pékin a laissé le Président faire une des boulettes les plus monumentales de son court pouvoir.

En avril 2013, François Hollande se rend en Chine pour une visite d’Etat. Il va y passer 36 heures ! La plus courte visite d’un chef d’Etat français dans l’Empire fleuri.. Alors qu’il a passé trois jours au Japon et aux USA. Pour les Chinois, sensibles à de tels signes, une visite aussi courte ressemble à un camouflet. Toute la presse (informée par l’Elysée) a insisté sur l’aspect économique de cette visite. Un peu comme si Hollande s’était dit que pour prendre du fric, il avait pas besoin de beaucoup plus de temps. C’est une position blessante. Et stupide. Il aurait pu en profiter pour faire un peu de tourisme intelligent. Faire un saut au Sichuan où la position française est ancienne et respectable. Il en aurait profité pour faire la bise à un de ces pandas auxquels il ressemble parfois.

Tout ceci Monsieur Jean-Ortiz devait le savoir. C’était à lui de convaincre le Président. Mais je me pose la question de l’amour de la Chine que tous les commentateurs lui prêtent. C’est qu’il fut l’organisateur de l’exfiltration des dissidents lors des incidents de Tiananmen en 1989. Peut-on être l’ami de la Chine et soutenir ceux qui en combattent le gouvernement ? Je me la pose d’autant plus que mon vieux Lao Pierre, Pierre Gentelle, alors directeur d’Aujourd’hui la Chine, journal des Amitiés Franco-Chinoises, avait aussi pris fait et cause pour la dissidence ce qui contredisait absolument son itinéraire. Nous en avons parlé, mais pour une fois, il fut fort peu loquace. C’est qu’il avait fait une erreur d’analyse. Ça arrive. Mais ça n’engageait que lui. Un diplomate engage la France. Ce n’est pas tout à fait la même chose.

A l’Elysée, Monsieur Jean-Ortiz travaillait avec le secrétaire-adjoint de la Présidence, Nicolas Revel. Le nom ne vous dit rien ? Il porte comme nom le pseudonyme de son père, Jean-François Revel (de son vrai nom Jean-François Ricard). C’est donc le demi-frère de Matthieu Ricard, porte-parole du Dalaï-Lama. Coincidence ou connivence ?

C’est une vieille lune française : on peut être l’ami d’un pays sans être pour autant ami avec son gouvernement. Il suffit de prétendre être ami avec son peuple. Je l’entends tous les jours : j’aime la Chine, j’aime les Chinois, je n’aime pas le gouvernement chinois. Même si le peuple est globalement satisfait ? Même. Il suffit d’affirmer que le peuple est trompé et le tour est joué. On le voit, aucune discussion n’est plus possible.

Sauf que là, on est dans la rhétorique, acceptable pour les journalistes ou les politiciens de bistro. Ce ne peut pas être un fonctionnement diplomatique. Un diplomate, un gouvernement ne peuvent pas jouer ce jeu. Pour un Chef d’Etat, une relation cordiale avec un autre Chef d’Etat est le minimum qu’on puisse demander. Et aider son opposition n’est tout simplement pas acceptable.

Je ne peux que supposer que Paul Jean-Ortiz avait fait sienne la théorie du « devoir d’ingérence ». Il faut rappeler que c’est Léon Blum qui a théorisé le premier cette idée dans ses Mémoires. A propos de la guerre d’Espagne. La situation était alors assez claire puisque le gouvernement républicain espagnol était en butte aux attaques d’une rébellion factieuse. Le devoir d’ingérence consistait alors à soutenir un gouvernement ami (et légitime) contre une opposition non-légitime en apportant une aide non-officielle. C’était le temps où l’on distinguait soigneusement la diplomatie qui gère les rapports entre Etats et l’intervention dans une guerre civile. Blum disait simplement que, en cas de besoin, on pouvait intervenir dans les affaires intérieures d’un gouvernement ami, sortir du strict jeu diplomatique.

Moyennant quoi, les héritiers de Blum ont décidé qu’on pouvait intervenir dans les affaires intérieures de tout pays. L’idée est devenue généralement acceptée, soutenue par une propagande essentiellement basée sur la Seconde Guerre mondiale et largement appuyée par les Américains (Soljenitsyne par exemple). Et donc, on admire l’exfiltration des dissidents, l’accueil fait à Gao Xingjian, sans se demander si le travail d’un diplomate n’est pas avant tout de conserver de bonnes relations avec le pays où il est en poste.

Et donc, gardant la tête froide, je me demande si Mr Jean-Ortiz qui laisse organiser une visite au rabais et s’implique dans les affaires intérieures chinoises était un si bon diplomate. Ce serait au gouvernement chinois de le dire mais il n’en fera rien.

Je me demande aussi si l’attitude générale de l’oligarchie française n’est pas en lien direct avec la faiblesse de nos échanges commerciaux. Je me demande aussi comment tout ça fonctionne. En 2008, quand les manifestants anti-tibétains pourrissent le passage de la flamme olympique, la Ville de Paris ne manifeste pas un zèle excessif pour protéger le cortège. Le directeur de cabinet du Maire de Paris est alors un certain Nicolas Revel. Il a peut être eu peur qu’on tape sur son frère. Va savoir.

Mais tout le monde sait que je vois le mal partout.

dimanche 3 août 2014

PREVOIR L’AVENIR PAR LA NORME

Y’a un truc que j’adore, c’est la norme ISO des noms de pays, celle en trois lettres. Celle où la France, c’est FRA. Pour codifier une base de données, c’est vachement bien. Tu regardes en travers, tu trouves ça bien technique et tout, sérieux, objectif, utile.

Ouais. En fait, c’est surtout superbement politique. Tiens, la Palestine dont on cause en ce moment. Je trouve une liste où le code PSE est donné à Gaza. Pourquoi seulement Gaza ? Mais l’ISO qui attribue les noms donne State of Palestine et affirme que c’est officiel. Sauf que l’ISO ne publie pas de cartes. Et donc on ne sait pas à quel territoire s’applique la norme. Tu parles d’un sérieux. Après, y'a des gens qui reprennent et modifient légèrement. Juste un peu. La porte ouverte aux dérapages.

Un autre truc marrant : les Antilles, nos Antilles. Elles ont un code : GLP pour la Guadeloupe, MTQ pour la Martinique. Idem pour l’Océan Indien avec REU pour la Réunion et MYT pour Mayotte. Bon. Admettons que l’éloignement de la métropole justifie ce traitement. Seulement, voilà. Toutes les îles ne sont pas égales. Hawai n’a pas de code ISO. Pourquoi ? Ça sent l’embrouille. Comme si les Antilles avaient vocation à devenir des pays indépendants, mais pas Hawai. Comme si on ne pouvait pas appliquer le même traitement aux mêmes situations. Hé ! Hawai est un Etat américain. Comme le Montana. Oui et la Guadeloupe un département français. Comme l’Isère. Qui peut m’expliquer ? D’autant que Saint-Martin, ce minuscule caillou, bénéficie de deux codes, un pour sa partie française, un pour sa partie néerlandaise. Remarque, c’est une île riche, elle a les moyens d’avoir deux codes.

Les îles, c’est vraiment marrant. L’île Bouvet, un caillou isolé dans l’Antarctique, couvert de glace, elle a un code. C’est pas demain que les habitants vont manifester pour son indépendance.Y’a pas d’habitants. Alors ? Mystère.

J’ai un copain qui voit le mal partout, il me dit que c’est des raisons financières. En Grande-Bretagne, Jersey à son propre code (JEY), ainsi que l’ile de Man (IMN). Il m’affirme que c’est des codes pour faciliter les transactions financières vers les paradis fiscaux. Possible. Mais les raisons financières pour l’île Bouvet où y’a pas une banque, faudra m’expliquer.

Hong-Kong a été rendu à la Chine, mais Hong-Kong a conservé son code. Admettons, Hong-Kong a un statut particulier. Mais dans ce cas, comment expliquer que les Ryu-Kyu n’aient pas leur propre code ? Elles étaient indépendantes jusqu'à la fin du XIXe siècle. Sans rire, si la Martinique a son code, Okinawa a droit au sien.

Et donc, on m’ôtera pas de l’idée que tout ceci est un vaste plan géopolitique, une manière de voir qui mène le jeu. On ne discute pas sur Hawai et Okinawa. Pas touche. Et le consensus s’applique par la norme. Chacun de ces codes a été longuement discuté. Par les diplomates. Mais pas que… On apprend que l’Union Postale Universelle a son mot à dire. Que les organismes financiers ont été consultés (finalement peut être que mon copain a raison) ainsi que l’OMC. Qu’on a interrogé l’Union Douanière et même Interpol. Cette liste de codes techniques sent fichtrement la négociation politique et les sous-entendus. Parce que, entre nous, si Jersey a son code, pourquoi pas la Corse ? C’est pareil : deux îles à une portée de ferry de la mère-patrie.Mais Jersey ne revendique aucune indépendance. Peur être que la France a peur que le code ouvre la voie à la séparation. Va savoir.

Si j’étais moins fainéant, j’irais y voir de plus près. Comment tout ça a été négocié ? Qui a demandé des codes et qui les a repoussés ? Quelles bonnes et mauvaises raisons ont été invoquées ?

Il faut se méfier des normes. Sous leur apparence glacée, elles cachent toujours une idéologie à l‘œuvre. Imposer des normes sanitaires, par exemple, permettra de mettre à mal les entreprises incapables d’investir financièrement dans des travaux et bénéficiera à celles dont les finances seront soutenues par leurs banques. En faisant mine de soutenir le consommateur, on soutient en fait la planète financière. C'est le fonctionnement à l'oeuvre dans la restauration et l'alimentation. Les experts, tu leur causes, ils le parlent que de santé, de protection du consommateur, t'es pas contre la protection du consommateur, quand même. Ben, faut voir.

En fait, il faut se méfier de tout discours qui se qualifie d’objectif. Qui veut prouver son objectivité met généralement en évidence des intentions douteuses.

Il faut se méfier des juristes et des malades du règlement.

Tartuffe continue de se reproduire.

On en reparlera….

vendredi 1 août 2014

LE TARIQUET

Moi j’aime bien le Tariquet. Certes, il y a meilleur, plus fruité, plus ceci, plus cela, avec des arômes de pêche, de citron (tant d’arômes qu’on a fini par inventer le rosé pamplemousse, comme ça on est tranquille). C’est Café qui m’a fait découvrir le Tariquet. A l’heure de l’apéro, ce petit vin du Gers faisait bien l’affaire et tenait le budget en laisse. Parce que l’apéro, c’est sérieux. Si c’est pour en boire qu’un, vaut mieux pas commencer. D’où l’inquiétude budgétaire.

C’était dans les années 80. Le Tariquet commençait sa fulgurante ascension, en même temps que son copain et voisin Colombelle. Des vins du Gers, près d’Eauze, ville tauromachique bien connu mais ça n’a rien à voir. Quoique.. Et tout le monde buvait du Tariquet qu’était bien agréable.

Mais voilà. Le succès implique la croissance et le Tariquet (ainsi que le Colombelle) est devenu ce qu’on appelle un blockbuster, un gros vendeur. Et donc, les minets, les bobos, ceux qui veulent surtout échapper à la masse par ce qu’ils consomment (ce qui est plus facile que par ce qu’on pense), se sont mis à foudroyer le Tariquet, comme quoi ils avaient près de 1000 hectares, qu’à ce niveau on pouvait pas être soigneux et que c’était pas bien de boire du Tariquet et que « il valait mieux boire du Perrier ». Bon. Des passionnés de pinard qui préfèrent boire de l’eau, ça m’interpelle comme on dit.

Du coup, un passionné compétent comme Jacques Berthommeau se met en rogne et introduit le Tariquet dans un débat politique en traitant les Tariquetophobes de « staliniens ». Pour lui, c’est une injure…. Ça se discute….

Il a des références, Berthommeau. Mais il va pas assez loin. Les minets, ils ont pas compris que pour défendre le vin français, il valait mieux boire du Tariquet ou du Vieux Papes, qu’un pinard venu d’ailleurs. Même de Rioja où j’ai pourtant quelques habitudes. C’est facile à comprendre. Tariquet, il crée des emplois en France, il paye des impôts en France, bref son succès allège ma charge fiscale. Tariquet et moi, on est dans la même barque. Et quand il s’exporte (ce qu’il fait très bien) il trace la voie pour ses petits copains.

D’autant que les minets n’ont encore rien vu. Les Australiens, les Chiliens et les Argentins, ils ont du souci à se faire. La Chine se met en marche, à sa manière, en commençant par la théorie. Regardez ça. La différence intellectuelle saute aux yeux. Les autres, ils ont fait pragmatique. Les Chinois, ils font théorique : on apprend avant de se lancer. Ils ont fait comme ça pour la tomate, la carotte, l’asperge, la pomme de terre, tous légumes pour lesquels ils sont devenus le premier producteur au monde. En plus, ils ont raison : un peu plus de 10 millions de kilomètres carrés, toutes les zones climatiques possibles, du désert aux terres tropicales,toutes les géologies possibles, ils ont le choix. Donc, on fait de la génétique et ensuite on appliquera les résultats à la variété des sols et des climats. Là, on n’est plus dans le fonctionnement « petits vignerons ». C’est du lourd qui s’annonce.

Pour rester dans le domaine chinois, les minets devraient réfléchir au concept de Front Uni. S’allier avec l’adversaire secondaire pour lutter contre l’adversaire principal. Il me paraît évident que Tariquet, c’est l’adversaire secondaire, celui avec lequel il faut s’allier pour défendre le vin français. Je suis sûr que Mao serait d’accord avec moi. Et que la dimension nationaliste lui plairait bien.

On peut toujours se moquer des Chinois riches qui achètent des domaines français. Du moins, permettent-ils à une profession de survivre sur son territoire. Et je suis bien sûr qu’ils sauront faire quand arriveront les containers de rouge « Pluie opportune du Shandong » avec des arômes de lichi et de belles étiquettes calligraphiées (Pluie opportune du Shandong, c’est un clin d’œil pour orientalistes). Parce qu’il faudra bien qu’ils trouvent une stratégie de défense pour préserver leur investissement. Peut-être bien qu’ils rachèteront Tariquet, va savoir…

Tout ceci pour dire que le snobisme mondialisateur, la trouille d’être pris pour un « franchouillard » ou un beauf, c’est un putain de vrai risque… Quand le premier MacDo a ouvert (à Créteil dans les années 1970) les snobions venaient de Paris pour manger comme à Nouille-Yorque. Ils creusaient la voie pour que le sandwich à la viande devienne un emblème du modernisme. Aujourd’hui, les mêmes (ou leurs enfants) crachent sur les fast-foods et ne parlent que de bistronomie. Bouffer des fleurs d’hibiscus plutôt que de la daube pour pas avoir l’air franchouillard. Ou beauf.

De la même manière, ils ont bu du Sonoma en affirmant que ça valait le Saint-Joseph, ils croient faire pros en parlant de cépages, alors qu’ils font comme le premier red-neck du Kentucky qui demande « a glass of Merlot ».

Hé les mecs ! voilà trente ans que vous vous trompez. L’avenir, c’est comme le soleil. C’est à l’Est que ça se lève. Vous préférez le Napa au Tariquet ? He bé ! vous aurez du Shandong… Vous préférez le bagel à la blanquette ? Vous aurez des nems.

Mais vous inquiétez pas. Y’aura des ponts. Par exemple les nems aux gras-doubles de ma copine Pascale Begards qui est femme de goût : elle n’a jamais fait de hamburgers aux gras-doubles.

On en reparlera…

mardi 29 juillet 2014

LA CORRUPTION

C’est une gangrène. En nos temps d’argent-roi, elle est partout. Parfois, je me souviens de ce vieux dirigeant d’une importante société parisienne avec qui je parlais de revenus et je m’étonnais de la modicité de son salaire. Il m’avait dit : « J’ai plus de soixante-dix ans, mais je ne fais toujours que deux repas par jour. Et tout ce que je peux accumuler ne rentrera pas dans mon cercueil ». Il avait casé ses enfants, plutôt bien, il avait donc assuré leur avenir.. Tranquille et modeste.

Et donc, depuis son accession au pouvoir, le Président Xi Jinping a lancé une campagne anti-corruption. C’est que le corruption est une plaie historique en Chine, depuis des siècles. On en a déjà parlé ici.

Durant le dernier trimestre 2013, il a collé en prison près de 40 000 fonctionnaires. Pas des très gros. Des fonctionnaires locaux, le plus souvent. Ceci dit, les fonctionnaires locaux, c’est eux qui emmerdent le plus le peuple parce que c’est à eux que le peuple à affaire, c’est à eux qu’il faut glisser l’enveloppe. Moi, ça me plaisait bien. Un certain sens de la morale, un côté Robespierre. C’est ça qu’on demande d’abord à des dirigeants : l’honnêteté.

A priori, il vient de passer la vitesse supérieure . Là, c’est Zhou Yongkang qui vient de tomber. Membre du comité permanent du Bureau politique (ils sont 7, pas un de plus) et chef des services de la sécurité intérieure. Pour faire bref, le patron de toute la police chinoise. On est pas dans le fonctionnaire de village, tu peux me croire.

Moi, brave plouc, j’attendais que la presse salue le nettoyage. T’as qu’à croire. La presse française, elle supporte pas la Chine. On en a déjà parlé ici.

Et donc, ce n’est plus Xi Jinping s’attaquant à la corruption, ça devient Xi Jinping s’attaquant à ses ennemis politiques. C’est vrai ça : le lecteur pourrait penser que le Président chinois a un sens moral. Détrompons-le.

Soyons clairs. A ce niveau, tous ces mecs se côtoient depuis des années. Forcément des clans se sont formés, chacun a ses copains, ceux qu’il aime bien, et ses adversaires, ceux qu’il aime moins. Les différences ne sont pas politiques. Tous ces bonshommes travaillent ensemble, dans le même sens. S’il y a des différences, elles sont tout, sauf politiques. Elles sont humaines. Zhou, il était copain avec Bo Xilai, un autre corrompu, en prison depuis quelques mois. Pour faire simple, ils en croquaient ensemble. Et donc, Xi Jinping en tire les conséquences.

L’attitude de la presse française est immonde. Reporters Sans Frontières (oui, la secte de Robert Hénard, le mec qui fricote avec le FN en donnant des leçons de morale) diffuse une photo du Président chinois faisant un bras d’honneur. Ils sont gonflés les mecs ! En 2008, ils soutenaient les Tibétains qui selon eux, étaient un peu brimés. Par qui ? Par Zhou. Normalement, ça devrait leur faire plaisir que Zhou file en prison. Ben non. Ils le défendent ! Tu peux imaginer ?

Les psys appellent ça la « double contrainte ». Quoi que tu fasses tu fais mal. C’est incohérent, mais c’est comme ça.

Mes copains, ils m’engueulent. Ils me reprochent de toujours prendre le parti des Chinois. Du moins, je ne suis pas incohérent. Et puis, j’ai des arguments.
Des arguments simples, à mon niveau.

J’ai un copain chauffeur de bus. Il me montre une photo qui me sidère : il est en train de rigoler avec Peng Liyuan. Y’a de quoi s’étonner, non ? Peng Liyuan, c’est une chanteuse chinoise, plutôt populaire. C’est aussi la femme de Xi Jinping. Mon copain chauffeur de bus, il rigole avec la Première Dame de Chine. Et donc j’interroge. Et donc, il raconte.

L’an passé, Peng Liyuan a donné une série de concerts en Europe. Pour ce faire, elle a fait comme tous les chanteurs, elle a collé ses musiciens et ses techniciens dans un bus pour aller de ville en ville. Et elle est restée avec eux, dans le bus, à discuter, à déconner. C’est comme ça qu’elle est devenue copine avec le chauffeur de bus.

Mon copain, il se marre. Son bus était suivi en permanence par les gros bras des Services secrets. Quand il arrivait à destination, les gardes du corps envahissaient le véhicule. Ils pétaient de trouille. Pas Peng Liyuan. Elle avait juste envie d’être une artiste ordinaire dans une tournée ordinaire. On est loin de Carla.

Alors, je vais te dire. On est ce qu’on épouse. Ça fait près de trente ans que Xi Jinping vit avec une nana qui est copine d’un chauffeur de bus. Et, par voie de conséquence, je l’imagine comme elle. Des gens qui savent ce qu’ils doivent aux citoyens, leur succès, leur carrière, et qui ont envie de renvoyer l’ascenseur. D’améliorer la vie du peuple comme le peuple a amélioré leur vie

Peut être que je suis un gros naïf. Pas plus naïf en tous cas que ceux qui ont suivi Reporters Sans Frontières. Pas plus naïf que ceux qui lisent aujourd’hui dans Le Monde pis que prendre d’Alain Minc que Le Monde encensait quand il en était le patron.

Peut être que je suis un gros naïf. Et peut être que Xi Jinping est aussi un gros naïf, un mec qui voudrait que le pouvoir qu’il a conquis l’aide à construire un monde dont il rêvait à 18 ans.

Jusqu’à ce que les faits me prouvent le contraire, je le créditerai de ça.

En tous cas, je suis sûr d’une chose : Cahuzac est libre. Comparons ce qui est comparable avant de donner des leçons de morale.

On en reparlera…

vendredi 25 juillet 2014

L’ANCIEN REGIME

On y est. En plein dedans. Pas pour des raisons économiques liées à l’oligarchie et à toutes ces sortes de choses.

Non. C’est beaucoup plus simple et personne ne veut voir, tout simplement parce que c’est le fonds de commerce et de pensée de la plupart de ceux qui prennent la parole.

On a glosé sur les raisons de la Révolution, sur l’état économique du pays, sur le rôle des classes sociales, que sais je encore ? Or, sur le moment, rien de tout ça ne saute aux yeux. Dans les discours des représentants du Peuple, il y a une constante : les Français en ont marre du pouvoir d’une minorité. Les nobles, ils sont les moins nombreux et ils décident.

Et donc, ils mettent au point une règle démocratique simple : la majorité vote les lois, la minorité subit. Il y a quelques dérapages : la minorité vendéenne, elle a pas très envie de subir. Il faut donc lui expliquer, sans douceur excessive, que, désormais, il y a une Nation et que les particularismes régionaux, on ne peut pas toujours en tenir compte, surtout s’ils touchent aux grands principes.

Parce que le principe, il est intangible. Pour le dire crûment : la minorité, on s’en tamponne. C'est une peu quantitatif, mais ça semble plus juste.

Sauf qu'on nous a sorti un truc imparable : la discrimination. Ils hurlent tous qu'ils n'ont pas les droits des autres. Bien entendu, c'est faux. La Loi est la même pour tous. Tout majeur peut adopter, selon des conditions fixées par la loi et ces conditions sont les mêmes pour tous. Si n'importe quel citoyen ne remplit pas les conditions, il n'adopte pas. Si ça te vas pas, tu demandes un changement de loi. Si la majorité t'envoie paître, tu t'écrases. C'est la règle démocratique. Moi, j'acceptes et pourtant, sur plein de points, je suis vachement minoritaire.

J’en ai déjà parlé ici. Mais le mouvement s’amplifie, s’accélère. Il n’y a plus de Nation, juste des groupuscules qui hurlent « et moi, et moi, et moi ». La caisse de résonance des réseaux sociaux n’est pas innocente. On vous dit que c’est la vraie démocratie, la parole enfin libérée. C’est surtout une impitoyable cacophonie dont plus rien de cohérent ne sort. Babel et de retour. Du coup, les libérés de la parole, ils se passent d’aller voter. Ils s’expriment mieux sur Facebook que dans l’isoloir. Forcément, ça change rien à leur statut de minorité. Déjà que t’es pas nombreux, si en plus tu votes pas…

C’est qu’ils ne comprennent plus rien. Pourquoi on écoute ce groupe et pas le mien ? Ha mais ! ça va pas se passer comme ça. Nous, les métis androgynes du bas-Berry, on existe, on doit nous satisfaire. Même qu’on a une association loi de 1901. Vous allez voir ce que vous allez voir.

On voit. On voit les communautés minoritaires se taper sur la gueule devant un gouvernement qui ne sait plus quoi faire. Parce qu’il faut arrêter : les juifs et les musulmans sont des minorités auxquelles il est temps de rappeler que la politique est interdite dans les lieux de culte depuis 1905. Et que si l’imam ou le rabbin tolère, on ferme. La République est majoritairement laïque. L’imam ou le rabbin, ou le curé, ou le pasteur, il est là pour causer de Dieu. Idem pour le Pape. La situation en Syrie, c’est pas son affaire. Il fait ce qu’il sait faire, des prières, mais son opinion, on s’en passe fort bien.

J’en ai marre. Les minorités doivent réapprendre à vivre en groupe, dans une Nation, à sortir des tribus et des particularismes. A s’intégrer. A apporter leur pierre à l’édifice commun, pas à secouer la maison chaque fois qu’elles ont un pet de travers.

Elles l’ont fait pendant des décennies. On a intégré les immigrés de toute l’Europe. Plus ou moins vite. Plus ou moins bien. Et là, ce serait plus possible ?

Ben non. elles veulent plus appartenir à la nation française. Moyennant quoi, les loulous de banlieue, ils vont faire le djihad en Syrie et on apprend qu’il existe des soldats franco-israéliens. Mais l’armée de la Nation, de LEUR Nation, ils n’en ont rien à cirer. Ho ! si c’est le fusil d’assaut qui vous branche, l’infanterie de marine recrute. Jusqu’il y a peu, le service militaire valait choix de la nationalité. L’engagement dans la Légion Etrangère donne encore la nationalité française.

J’ai l’air de me focaliser sur le Proche-Orient. Faut dire qu’en ce moment, difficile de fermer les yeux. Mais c’est valable pour les LGBT. J’ai interrogé mes copains homos et, croyez moi, j’en ai une grosse brouette. Majoritairement (y’a une ou deux exceptions), l’adoption, la PMA, la GPA, ils s’en foutent comme de leur première capote. Ils vivent leur homosexualité tranquillous et ils s’occupent de leurs neveux et nièces. Ils savent bien qu’ils sont minoritaires. Sexuellement. Pas politiquement (enfin, sauf ceux qui ont voté Sarko, si, si, y’en a). Etre homo, c’est pas pire qu’être rouquin.

Parce que les rouquins, aussi, ils sont minoritaires

Pour l’instant, ils restent calmes.

On en reparlera….

lundi 21 juillet 2014

UNITÉ, MON CUL !!!

Ça, c’est la plus grande victoire des média simplificateurs. Faire croire qu’il y a une pensée unique juive, que tous les Israélites sont unis comme un seul homme face aux dangers qui « menacent l’Etat hébreu ».

Les médias aiment quand c’est simple. C’est plus facile de répéter comme un imbécile que de faire marcher ses neurones. Mais voilà : le monde est complexe.

J’ai plein de copains juifs. Et dans le tas des juifs antisionistes. Est-ce possible ? Ben oui. C’est des ultras, des qui disent que la Terre promise doit être donnée au Peuple élu par Yahvé (t’as vu les capitales ? je fais gaffe quand même). Par voie de conséquence, Israel étant une création des hommes n’a aucune valeur. Aucune valeur religieuse. C’est un Etat come les autres. Il se trouve qu’il est peuplé par des Juifs ce qui relativise la position de mes copains

Si on regardait en arrière ? Israel est fondé par des juifs ashkénazes, des qui venaient de se payer les camps et qui n’avaient pas envie de recommencer. On peut comprendre. Déjà, ça nous donne un regard. L’antisémitisme forcené, il vient d’Europe de l’Est. J’en ai déjà parlé ici. « Pogrom », c’est un mot russe. Et, en France, pour ce que j’en sais, les manifestations violentes d’antisémitisme, elles sont plutôt vers l’Est que vers le Sud. Et encore, pas trop….

Dans les colonies, ça se passe pas trop mal. En 1870, les lois Crémieux accordent la nationalité française à tous les juifs nés en Algérie. On est pas dans le pogrom, là !!! Pour le reste, c’est clair que les synagogues sont nationalisées en 1905. Comme les églises…

Moi, j’ai du mal à comprendre Israel et à approuver. Je suis né au Pays basque. Alors, j’imagine qu’un jour, un mec (disons un Songhai, mais ça peut être autre chose) arrive chez moi et me dise « voilà le texte sacré selon lequel le Pays basque est la Terre promise de mon peuple. Et donc tu dégages ». Je crois que je deviendrais assez facilement violent.

Effectivement, les Israéliens, leur titre de propriété, c’est rien qu’une grosse daube qu’on appelle la Bible. Y’a d’autres noms, mais celui là est connu de tous. Leur titre de propriété, c’est pas un acte notarié, c’est juste un texte religieux. Tout Israél est fondé sur la prise en compte de valeurs religieuses. Quand t’es laïque, t’en as rien à foutre. Surtout si t‘as des copains religieux qui t’expliquent que, religieusement, ça tient pas trop non plus.

Quand les mecs de l’Exodus débarquent, le système action-réaction se met en route. Les juifs prennent la terre des arabes ? Attends un peu, mon lapin. Dès qu’on décolonise, les Arabes virent les Juifs, de Tunisie ou du Maroc. Et donc les sépharades redeviennent les alliés des ashkénazes (et ça, ça me fait penser à un vieux copain, juif bayonnais, qui m’expliquait qu’il ne voulait pas avoir affaire aux ashkénazes de Biarritz. Cinq kilomètres !!! Si ça te renforce pas l’idée que t’as du territoire…)

Et donc, oui, il y a un semblant d’unité désormais… Une unité de la haine.. C’est pas avec ça qu’on va en sortir, d’autant que les autres en face, ils ont décidé qu’Allah était grand. Et donc, comment je fais, moi qui pense qu’Allah ne pèse pas plus que Yahvé ? j’essaye de le dire à mes copains Palestiniens, mais tu peux toujours te brosser. Du coup, j’ai envie de m’en laver les mains, de me dire que tous ces morts c’est jamais que des croyants et que ça nettoie. Mais, c’est sûr que ça marche pas comme ça.

Comment je me suis fait une opinion ? Je vais le dire bien que ça soit pas très pertinent. Enfin, c’est très personnel. J’étais dans un des châteaux qu’on trouve en Jordanie et qui dominent la plaine du Jourdain. Le tour-opérateur qui avait organisé le voyage, avait pensé à inviter des journalistes locaux. Celle qui me cornaquait était une ravissante sans burqa et les seins libres dans son tee-shirt échancré. Penchée (c’était mieux), elle me montrait un village où était sa maison de famille, confisquée par Israél. J’étais ulcéré parce que j’aurais bien confisqué autre chose. Forcément, j’étais d’accord avec elle…..

Alors, allez –y !!! Je vous attends, tranquille. Je préfère avoir une position politique basée sur une paire de seins qui me font de l’œil que sur des textes sacrés qui manquent sacrément de tenue. La seule chose qui m’emmerde, c’est que, vu l’évolution des choses, la petite, aujourd’hui, elle doit être voilée. Bon, c’est mieux parce qu’elle a vieilli autant que moi.

Les guerres de religion, c’est l’horreur. Il nous a fallu plus d’un siècle pour en sortir. Grâce à un Roi qui a tranché. Ça va durer plus que ça, vu que personne ne peut trancher. Même pas des têtes.

Et donc, les juifs antisionistes vont se faire flinguer par les juifs à cause de l’adjectif, les arabes athées vont se faire flinguer par les islamistes à cause de l’adjectif, et les deux se feront flinguer par les autres à cause du nom. C’est indémerdable.

Bon. J’aime bien les Songhais…Sur la terre des Songhais. Au Pays basque, c’est mieux quand c’est des Basques..

Merde ! V’là que je fais du racisme antiparisien… On peut plus rien dire…

Et donc, on en reparlera….

PS : la petite aux seins libres, je pouvais pas envisager un avenir avec elle…elle mangeait pas de cochon.

jeudi 17 juillet 2014

LE CIMENT ET LES BRICS

C’est une vanne d’un économiste plutôt pro-américain. Elle est assez drôle, même si elle transpire la trouille. La trouille de voir le dollar se dégonfler comme la baudruche qu’il est.

La nouvelle n’est pas passée inaperçue. Les BRICS viennent de créer un fonds de développement qui se met tranquillement en face du FMI. Et qui vise directement les pays en voie de développement. Et donc, tous les économistes libéraux ironisent, critiquent, tempèrent. Ça va communiquer, vous pouvez me croire : la pompe à conneries est en marche.

C’est un séisme : voilà que les pays émergents (ceux qu’on appelait il y a peu « pays en voie de développement ») s’invitent dans le financement mondial. Avec pour première règle, de ne pas avoir d’exigences politiques. En clair, on te prête mais tu pourras continuer à mener une politique non-libérale si ça te chante. Peut être même que si tu fais ça, on te prêtera plus.

Avec des modalités rigolotes (pour moi,parce que Lagarde, elle doit pas aimer). N’importe quel pays pourra participer à ce fonds, mais la majorité restera aux mains des Brics. Clairement, pas la peine de vouloir prendre la majorité.

Et donc, l’arme est politique. Visiblement politique. Première étape de la construction d’une arme anti-américaine et anti-capitaliste. Les pays pauvres n’iront plus à Washington, mais à Shanghaï. Pour les Ricains, c’est une grosse claque. On leur dit d’enlever leurs pattes des pays en difficulté.

J’ai un copain banquier qui rigole. Il me dit que ce fonds disposera de 100 milliards de dollars, alors que le FMI en a 750. Exact. Mais on parle en dollars, pour l’instant. Plein de chroniqueurs « spécialisés » rigolent et trouvent de pathétiques arguments. Ils ont partiellement raison. Par exemple quand ils disent que c’est pas l’amour fou entre l’Inde et la Chine. Et alors ? Ce fonds est un mariage de raison, pas d’amour.

Moi, la question que je me pose, elle est bien triviale : que va faire la France ?

Aujourd’hui, la France est le quatrième actionnaire du FMI. Officiellement, elle défend les pays les plus pauvres, comme indiqué par le gouvernement. Là, il va falloir choisir son camp. Pas demain, d’ici à cinq ou six ans. On reste au FMI ou on rejoint le camp des nouveaux riches ?

C’est un vrai choix politique. On pourrait (on devrait) transférer tranquillement les avoirs endormis à Washington vers l’Orient. Je vous rassure, on ne le fera pas. Voilà trente ans qu’on a choisi le camp des perdants. Pour justifier ce manque de clairvoyance à long terme, on va tout entendre. Bien entendu, ce ne seront que des mots. Des mots qui n’empêcheront pas un recul inéluctable. Qui peut croire que les pays africains ne seront pas tentés par l’offre des BRICS ? Les uns après les autres, ils quitteront l’orbite du cher vieux pays, ils fileront vers l’Orient et ce seront autant de marchés perdus. Il y aura toujours des commentateurs pour justifier…
D’autant que l’avenir de ce fonds est assez facilement lisible. Il va, peu à peu, se détacher du dollar. Il participe d’une stratégie générale qui vise à recadrer la monnaie américaine. Sont pas idiots les pauvres…Ils savent bien que c’est facile de prêter quand il suffit d’imprimer du papier-monnaie. Mais, toi, ce que t’apportes en garantie, c’est pas du toc. C’est des produits agricoles, par exemple

Quand allons nous comprendre que le combat économique est perdu ? Quand allons nous comprendre que les analystes marxistes avaient raison ? Je pense par exemple à Samir Amin qui avait fort bien vu que les relations Nord-Sud s’analysaient à cette aune. Le succès prévisible du fonds des BRICS va donner raison à Samir Amin. Et tort à l’Amérique qui a réussi à nous convaincre que le marxisme athée (oui, cette dimension existe) ne pouvait pas réussir. Tout faux. Il est en train de gagner.

Ben oui, la chute du mur de Berlin ne marquait pas la fin du communisme. Y’a que les télés qui pouvaient y croire . Pour reprendre la vanne du début, les BRICS vont trouver le ciment. Et on aura un nouveau mur. Moins télégénique.

Jusques à quand vont ils nier la réalité, cette réalité qui nous explose à la gueule jour après jour ?

On n’a pas fini d’en reparler…