Bien, voilà qu’on découvre que le nationalisme est vivace
dans les pays de l’Est. Vivace au point de menacer l’Europe. Mais, les enfants,
ça n’a rien de nouveau. Simplement, on vous a baladés.
Au départ, c’est une simple chanson. L’Internationale. Hymne
de la gauche. Depuis Marx et son « Prolétaires de tous les pays…. »,
la gauche refuse le nationalisme. Mais la réalité est toute autre. La gauche se
structure autour de quelques organismes : l’Internationale socialiste, le
Komintern. Organismes qui regroupent des partis nationaux et communistes. Tous.
Tous les organismes internationaux fonctionnent sur la base de la Nation. C’est
bien connu. Les travaux de Chalmers Johnson l’ont montré pour Mao et Tito. Ce
dernier crée le nationalisme yougoslave, un pays que Marx ignorait. Il va
jusqu’à fusionner le serbe et le croate pour inventer le serbo-croate, langue
nationale.
La gauche est profondément nationaliste. Souvenez vous du
PCF et de Georges Marchais. L’a t’on assez moqué ? Marchais connaissait
ses troupes. Il savait que le socle du territoire lui était indispensable, il
lui fallait des hommes et des femmes avec une culture et un territoire communs. A commencer par la
langue. Il faut parler pour refaire le monde.
A l’Est, l‘enseignement du russe est presque obligatoire :
ce sont des pays frères, mais le chapeau du nationalisme couvre les cheveux de
l’international. Même les pays non-slaves comme la Hongrie et la Roumanie
entrent dans le moule forgé par le Komintern et le russe est la langue
quasi-officielle des peuples du Pacte de Varsovie. L’internationalisme est
adapté. Pendant un demi-siècle, cette fiction va survivre.
Les pays
d‘Europe de l’Est sont les héritiers de cinquante ans de nationalisme exacerbé
caché sous la défroque du communisme. Les populistes y sont les continuateurs
d’une politique de l’exclusion et du rejet. Les grillages dont ils s’entourent
ne sont que les enfants du mur de Berlin. Ils aiment l’Europe si elle les
protège. Ils ont toujours été protégés, surtout par l’URSS. Ils attendent que
ça continue. Et ça n’en prend pas le chemin.
Les remugles de la guerre froide peuvent faire exploser
l’Europe. Les politiciens occidentaux se comportent avec la Russie de Poutine
comme leurs papys se comportaient avec l’URSS de Staline. Le plus rigolo, c’est
que ce sont les zélateurs du « monde qui bouge ». Tout ce qui s’est
passé depuis vingt ans n’est pas pris en compte et la pensée du Quai d’Orsay
est figée dans une immobilité qui serait stupide si elle n’était pas
criminelle.
Alors, les héritiers du Komintern prennent des postures. Ils
donnent à lire à leurs peuples une Europe connue, sauf que ce n’est pas celle
choisie par les gouvernements libéraux. L’explosion est inévitable d’autant
qu’elle s’accompagne d’une morgue insupportable. Nous voulons qu’ils adhèrent à
une Europe qui ne leur laisse aucune place. Ils la quitteront donc.
On peut d‘ores et déjà acter la mort de l’Europe. C’est
géographique. L’axe Rhin-Rhone de la France et de l’Allemagne va laisser la
place à l’axe danubien. Le Danube n’est pas seulement une valse, il faudra s’en
souvenir.