mardi 26 février 2013

LE RESSENTI

On progresse, moi je vous le dis.. Jusqu’à maintenant, on ne connaissait qu’un seul instrument pour mesurer la température, un vieux machin inventé dans les années 1700 et tout juste modernisé au siècle dernier, le degré Celsius. Le vieux Celsius, au temps de Voltaire, il avait défini une échelle centigrade ousque 0°, c’était quand l’eau gelait et 100° quand elle bouillait. Ça avait le mérite d’être simple, un poil rustique mais relativement fiable. En tous cas, depuis 150 ans, les statistiques de la météo, elles fonctionnent avec le degré centigrade de Celsius et ça ne paraissait pas devoir poser problème.

C’était compter sans les cuistres de la communication. Dans les fils de Séguéla, doit y en avoir qui se gèlent un peu plus les burnes en descendant de leur Rolls, ou des qui trouvent que les degrés de Palavas-les-Flots, ils sont trop ploucs pour être utilisés à l’Ile Maurice, enfin, un truc comme ça. Et donc, ils ont inventé les degrés « ressentis ».

C’est simple : ton thermomètre, il te dit 3°C, mais toi, malgré ta pelisse, tu trouves que ça caille vraiment. Tu ressens plus froid que ce con de thermomètre. Alors, tu annonces 0°C de ressenti. Comment tu décides ? Facile, tu rajoutes le vent, le manque de soleil et l’âge du météorologue. Le con qui regarde la météo six fois par jour au cas où l’anticyclone, il déciderait de se tirer à tout berzingue, on sait jamais, il est bien d’accord avec toi. Ta mesure, elle est complètement bidon vu que c’est du ressenti et pas du mesuré, mais bon, on va pas chipoter. L’essentiel, c’est toi et ton ressenti. Toi, ce petit Dieu. Et ça te permet d’avoir une bonne discussion au coin du zinc, sur les changements climatiques. Les cons de climatologues, ils te disent que ça réchauffe, mais toi tu ressens bien que ça réchauffe pas. Tu vas pouvoir augmenter le chauffage et te conforter dans ton 4x4. Et pis d’abord, t’as raison vu que la météo te l’a dit. Tu savais bien que les scientifiques, c’étaient que des cons, des empêcheurs de vivre. L’hortensia dans ton jardin, il bourgeonne mais l’hortensia aussi, c’est un con. C’est qu’une plante. Qu’est ce qu’il connaît au climat, l’hortensia ?

Le ressenti, c’est quand même une vraie bonne nouvelle. T’as fini de souffler dans la pipette, le gendarme fronce les sourcils : 0,9 g. T’as perdu trois points.

Holà ! polop ! l’éthylomètre, c’est jamais qu’une sorte de thermomètre. Moi, mon ressenti, c’est que dalle : 0,2 g maxi. D’ailleurs, j’ai quasi rien bu. Faut adopter le ressenti à l’éthylomètre comme au thermomètre. C’est une question de justice.

Le radar, il dit 140. Pas du tout ! Moi, mon ressenti, c’est à peine 110. 110 et 0,2 g. Pas de quoi fouetter un chat.

Remarque, y’a plein de commerçants, ils fonctionnent aussi au ressenti. 200 g de viande prestement jetés sur la balance et tout aussi prestement retirés, et ça fait une demi-livre. Le ressenti du boucher, c’est 250 g. Qui va le lui reprocher ?

C’est un progrès, je trouve. On remet de l’humain dans la société. De l’à-peu-près, du à la louche. Dire que ça va faciliter la communication, c’est un peu optimiste, mais ça va permettre de discuter. Tiens. Si on n’analyse pas, le ressenti du bouffeur de lasagnes Findus, c’est boeuf, pas cheval. On va tout de même pas se laisser emmerder par l’ADN.

C’est marrant, je trouve. D’une main, on normative, on contrôle, on vérifie. De l’autre, on poétise, on psychologise. On tient deux discours, parfaitement contradictoires, ça permet de sortir celui qui t’arrange au moment où ça t’arrange. Comme ça, t’es sûr de jamais avoir tort. Important, ça, pour les politiques.

On en reparlera….

jeudi 21 février 2013

LES EXPATS FONT CHIER

Qui n’a pas connu le Niger avant Arlit n’a aucune idée de ce que pouvait être le Sahel paisible. Un président humaniste, Diori Hamani, un lettré comme Président de l’Assemblée nationale, Boubou Hama, une véritable conviction nationale et des gouvernements rendant compte de la réalité du pays avec un Touareg Ministre des Finances.

Certes, il y avait des problèmes économiques liés à une position géographique peu favorable. Chaque année, on scrutait la saison des pluies qui pouvaient entrainer la disette, mais jamais la famine. On y envoyait des coopérants qui cherchaient à faire évoluer la situation.

Et puis, ce fut Arlit. La manne céleste tombait sur le Niger. La Cogema installait des baraques de chantier pour gratter la terre. Il y avait encore des coopérants, et même des coopérantes. Le capitalisme étant ce qu’il est, ce ne pouvait être que le bordel et ça ne tarda pas. Chacun voulait sa part du gâteau et les militaires s’emparèrent du pouvoir, remplaçant la littérature par le fusil-mitrailleur. Pain bénit pour la Cogema qui avait besoin d’un pouvoir fort

C’est alors que les expatriés remplacèrent les coopérants. La différence était de taille. Le coopérant manifestait un réel amour de l’Afrique, s’impliquait, apprenait. L’expatrié est un mercenaire attiré par le salaire et les avantages sociaux.

L’expatrié est un fils de la mondialisation. Pour lui, aller à Bamako, Niamey ou Bogota, c’est du pareil au même. Il lui suffit d’être hors de France pour encaisser les primes d’éloignement et de risque, doubler ses droits à la retraite et accélérer sa carrière.

Alors, imaginez. Le mec qui est à Yaoundé, il sait bien qu’on l’a pas envoyé à Barcelonnette ou Pont-à-Mousson. Il a choisi d’y aller parce qu’il est mieux payé, ce qui est la définition même du mercenaire. Il le sait bien qu’il y a des risques, ne fût-ce que sanitaires. Mais non. Il a son IPhone, son 4x4, sa belle maison, ses serviteurs vu que le petit personnel, ça coûte pas lerche en Afrique. Il a une vie sociale attrayante et ses gosses vont dans les écoles françaises entretenues par la République. En plus, il paye pas d’impôts, le plus souvent.

Sauf que l’expatrié moderne, c’est pas un mercenaire comme les lansquenets du Moyen-Age. En plus du pognon, il veut la sécurité. Il veut pas comprendre que tout ce que dessus (serviteurs, salaires, impôts), c’est le prix de sa sécurité, qu’on le paye grassement pour risquer sa vie. Dans un tremblement de terre, une épidémie de choléra ou un problème terroriste. Il veut le beurre et l’argent du beurre.

L’expatrié, il est responsable de ses actes. Il a choisi, librement, consciemment, il a pesé le pour et le contre, pour lui, pour sa femme, pour ses gosses. Il a décidé que le Cameroun ou le Mali, c’est pas dangereux. S’il s’est planté, tant pis pour lui, tant pis pour sa femme et ses gosses.

Mais, méééh, bêlerez vous, on lui a peut être dissimulé la vérité. Non. L’information, au jour d’aujourd’hui, elle est partout. On ne peut pas dissimuler la vérité. Enfin, pas trop. Quand on étudie la question, vraiment, soigneusement, on peut savoir si on veut. On peut surtout apprendre. Par exemple, qu’en Afrique, les frontières sont une notion floue et que les douaniers sont rares, sauf pour emmerder le monde dans les aéroports. On apprend vite qu’une ville-frontière, elle est plus ville que frontière et que le nord du Cameroun, c’est kif-kif le Nigéria.

On apprend vite (normalement) que l’Afrique, c’est pas l’Europe, que le copain peuhl né au Mali, il est citoyen sénégalais parce que Sénégal ou Mali, c’est quasi-pareil pour lui. Le mercenaire expatrié, il s’en fout. Il est là pour profiter de l’Afrique, de ses merveilles naturelles et de ses avantages fiscaux. Il est pas là pour aider l’Afrique à se développer, pour construire une harmonie. Il entretient la corruption, il envisage des projets pharaoniques qui vont surendetter les pauvres et engraisser les riches, mais tout ça ne le gène pas. J’avais un bon copain, expatrié dans le coin, qui a détruit quelques dizaines de kilomètres de mangrove pour construire un complexe touristique, vide le plus souvent pour raison de politique touristique défaillante. La mangrove, il s’en fout. Mais il jure aimer l’Afrique. Menteur !

Toujours à propos de mangrove, j’ai des copains voyagistes qui plantent de la mangrove au Sénégal en envoyant des dizaines de touristes sur la côte de Mombasa où les hôtels ont détruit quelques centaines de kilomètres de mangrove. Tartuffes !

Tout ça pour dire que les expatriés otages, je m’en tape. Je les considère comme des êtres humains responsables. Responsables de ce qui leur arrive, responsables de leurs choix et de leurs décisions. Eventuellement, cette responsabilité peut être étendue à leurs employeurs qui pourraient payer leur rançon vu le pognon qu’ils prennent sur le dos des Africains. Le système corrupteur que les entreprises occidentales entretiennent en Afrique a pourri ce continent et les expatriés sont simplement des stipendiés volontaires de ce système.

Mais tu n’as donc aucune compassion ?

Si, mais avec les exploités, pas avec les exploiteurs. Avec les faibles. Pas avec les forts.

Mais tu es d’accord avec les terroristes ? Les terroristes ? C’est le nom que les nazis donnaient aux résistants français. Faut y penser de temps en temps. Se demander si, aujourd’hui, c’est pas nous les occupants.

Mais tu approuves les islamistes ? Non. Je n’approuve aucune religion. Simplement, avant de regarder la fleur, j’examine le terreau où elle prolifère. Et je cherche le jardinier.

Et puis, j'aime l'Afrique et les Africains. Alors voir ce que l'expatriation en a fait depuis quarante ans, ça me débecte.

On en reparlera….

PS : le seul argument irrecevable, c'est l'argument économique. On peut toujours dire NON.

mardi 19 février 2013

DO YOU SPEAK FRENCH ?

Soirée consacrée à la réforme scolaire à l’école du quartier. On commence à comprendre ce qui se cache sous la novlangue gouvernementale. Jusqu’à aujourd’hui, les gosses passent quatre jours à l’école pour recevoir 24 heures d’enseignement.

Pour alléger, on va les faire venir quatre jours et demi….pour recevoir 24 heures d’enseignement. Moi, je croyais, comme un bon con manipulé, que ces trois heures supplémentaires serviraient à alléger le rythme, à faire le programme en 27 heures au lieu de 24. Pas du tout. On va leur ajouter trois heures « d’activités », de l’origami ou du macramé. Première leçon : l’école, c’est pas fait pour enseigner, c’est fait pour s’activer. C’est pas une réforme de l’enseignement, c’est une réforme des activités. Hé ! Peillon, j’ai pas besoin de toi pour savoir si je veux que mon fils fasse du piano ou joue aux échecs… J’ai besoin de toi pour qu’il sache lire, écrire et compter. Rien d’autre. Ses lectures ou les visites au musée, je m’en charge très bien tout seul. Y’a des parents qui peuvent pas ? C’est leur problème. Pas le tien. Ni le mien.

D’autant qu’on veut me vendre le truc avec de la com’ à deux balles. Le mec de la Mairie de Paris, il me dit avec un sourire angélique de faux-cul. « Comme il est difficile d’amener tous les enfants au Louvre, on va faire venir le Louvre dans les écoles ». Là, j’ai bondi et j’ai fait rigoler le monde en lui demandant s’il était plus simple d’amener 35 mômes au Louvre ou de transporter la Vénus de Milo dans le neuvième. Pour m’entendre dire que je ne comprenais rien et qu’on organiserait des « ateliers » avec des moulages et des reproductions. C’est beau la littérature, quand même ! T’offres un livre et tu dis que t’offres le musée. Bientôt, il remplacera les classes de neige par l’achat du Routard sur les Alpes.

L’un des arguments, insupportable, c’est qu’on veut se rapprocher des autres Etats européens. Surtout l’Allemagne, avec sa mirifique organisation où place est faire au sport l’après-midi. Ne revenons pas sur la béatification de l’Allemagne, on en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/01/laval-rebatet-brasillach-paquis.html). Constatons simplement qu’on a, à la fois, plus de Nobels qu’eux et plus de médailles aux JO. L’enseignement allemand, il est pas fait pour apprendre, il est fait pour former des fabricants de machines-outils.

Là-dessus, y’a un gros balourd qui nous explique qu’il trombine une Amerlock et que ses enfants sont bilingues et qu’on devrait insister sur l’enseignement des langues, avec cet argument stéréotypé « c’est un défaut français de ne pas apprendre d’autres langues ».

Pas du tout ! La vérité, c’est que c’est un défaut mondial que les autres pays n’apprennent pas le français. Et en plus, c’est même pas vrai. Il y a une dizaine d’années, j’étais dans un congrès scientifique en train de causer en anglais avec un spécialiste allemand des varans du Sahara. Vu nos niveaux respectifs, ça galérait ferme. Alors, je dis au mec : « Mais, avec vos guides touaregs, vous parlez quoi ? ». Il se stupéfise : « French, of course ! » Mais alors, Ducon, pourquoi, tu me parles anglais ? Parce qu’il parlait français, et mieux que l’anglais. Ben, il y avait pas pensé. On était dans un congrès et, tous les cons le savent, dans les congrès, on parle anglais.

J’ai fait ma petite enquête. 90% des mecs qui étaient là lisaient le français, achetaient des livres de haut niveau en français et parlaient français. Y’avait que de la crème, du prof à Oxford, de l’enseignant de Cornell et du chef de labo d’Helsinki. Tous parlaient français. Avec réticence parce que c’était plus compliqué que l’anglais, mais bon, si tu dis que tu causes pas l’anglais, ils s’efforcent et ça marche.

Ça a fait tilt dans ma tête. Je venais de découvrir que tous les mecs qui m’intéressent à l’étranger parlent français. Apprendre l’anglais, c’est bien pour causer avec un épicier ghanéen ou un fabricant de boulons de l’Alabama, mais dès qu’on a affaire aux gens vraiment intéressants, les philosophes, les artistes, les universitaires, on peut revenir au français. J’ai refait le test. Souvent. Ça marche. Résumons : l’anglais, c’est pour les ploucs.

Ceci dit, j’ai rien contre l’enseignement des langues. Mais les vraiment utiles. L’allemand pour lire Goethe et pouvoir comparer avec les traductions de Nerval. L’italien pour comprendre les subtilités d’un livret d’opéra. Des langues pour s’enrichir, pas pour faire du commerce. Pour faire du commerce, y’a le service de traduction de Google. Il est fait pour ça.

Je leur ai dit ça. J’ai ajouté l’arabe parce que j’en ai marre de me faire interpeller (ou insulter) et de ne rien comprendre. Bon. Dire qu’en ce chaudron de politiquement correct mon intervention a été appréciée serait mentir. Pas grave. Ils ont quand même rigolé, preuve qu’ils adhéraient.

Le balourd, il était pas content que je me moque de l’intérêt linguistique de ses copulations exogènes. Quand je lui ai balancé mes Langues O’, il a baissé les bras. Il comprenait pas qu’on puisse être linguiste et se foutre de l’enseignement des langues. Il ne discrimine pas compétence et performance qui sont la base de la linguistique. Forcément. Son appréciation de la linguistique passe par ses bourses, pas par son cerveau.

J’allais pas, en plus, lui dire que, dans les bourses aussi, il y a de la compétence et de la performance.

On en reparlera…

mardi 12 février 2013

A L’AGUERRE COMME A L’AGUERRE

Heureusement qu’il y a Findus !

Les lasagnes au cheval ont ceci de remarquable qu’elles remettent en lumière les pratiques de Barthelemy Aguerre, l’un des dirigeants de la coopérative Lur-Berri.

Parlez en à mes copains d’Ortzadar. Dans les années 2000, ils se battaient comme des malades contre l’élevage de Barthelemy Aguerre qui polluait la rivière à Luxe-Sumberraute. Condamné en première instance, Aguerre fut blanchi par la Cour d’Appel.

Il faut dire que Barthelemy Aguerre, c’est du lourd au Pays Basque. Conseiller général UMP du canton de Saint-Palais, vice-président de la coopérative Lur Berri, ami proche de Jean-Jacques Lasserre et de François Bayrou, suppléant de Jean Lassalle, il fait partie des quelques notables qui tiennent d’une main de fer l’agriculture productiviste du bassin de l’Adour. Dès qu’il est sur un dossier, la Nature est en danger. Projets de barrage, autoroutes qui balafrent les montagnes, TGV insupportable, amélioration du maïs, il est sur tous les coups.

Le dossier juridique d’Aguerre fourmille de mises en examen. Il était déjà dans le scandale de la viande avariée qui a éclaboussé Covi, un fabricant de produits cuisinés de Cholet. Après la mise en examen, en général, ça se calme. La justice est lente et Lur Berri dispose d’une pléthore d’avocats qui savent surfer sur le droit et mélanger allègrement problèmes sanitaires, activité économique et puissance politique.

Allez voir sur les sites de Lur Berri et de ses filiales Arcadie, Spanghero, Labeyrie. Ils chantent tous le même hymne au Sud-Ouest et à ses produits magnifiques, ses AOC, ses IGP, son savoir-faire millénaire et artisanal. Ce monde de Bisounours est là pour cacher les palettes qui arrivent de Roumanie, de Pologne ou de Hongrie. A près quoi, Aguerre, éleveur de bœufs, nous explique qu’il ne peut pas reconnaître le bœuf du cheval. Impeccable, comme défense !

Je me fous totalement qu’Aguerre empoisonne les gens. Après tout, si t’es incapable de cuisiner un hachis Parmentier, c’est bien fait pour ta gueule ! Le Parmentier, y’a rien de plus simple, rien de moins cher. Acheter du Parmentier, c’est carrément stupide.

Non. Le seul reproche qu’on puisse faire à Aguerre, c’est ce mensonge permanent, cette dissimulation, cette destruction des valeurs de la société paysanne, pire encore, la manière dont il utilise ces valeurs pour produire de la merde.

Il représente le degré zéro de l’alimentation. Moins que zéro même, vu qu’il vend surtout du congelé. Il appartient au monde coopératif qui est censé défendre les paysans et il importe de la viande de Roumanie dont le prix ridicule vient détruire le marché des éleveurs qui l’ont élu. Remarque, ils ont qu’a pas l’élire. Ils ont qu’à comprendre que si le prix de leurs belles Blondes d’Aquitaine glisse sans cesse vers le bas, c’est la faute du représentant qu’ils ont choisi.

J’ai honte. J’ai honte que le scandale Findus repose sur les épaules d’un mec de chez moi. J’ai honte de cette dérive productiviste et que ce fonctionnement quasi-mafieux ait son berceau entre Bidache et Saint-Palais.

Depuis des années, les agriculteurs basques demandent la création d’une Chambre d’Agriculture basque, précisément pour se dégager de la logique industrielle symbolisée par Lur-Berri qui a fait de la Vallée des Gaves un immense champ de maïs. La plupart des agriculteurs basques sont engagés dans une démarche de qualité, privilégient le bio, le vrai et les produits locaux. Depuis des années, Jean-Jacques Lasserre, Barthélémy Aguerre et leurs troupes refusent, appuyés sur leurs mandats électifs et forts de leur puissance politique et industrielle. Ce refus marque leur position, explique les dérives. Où irait-on si l’agriculture s’occupait de nourrir correctement les citoyens ?

Ce qui m’étonne, c’est le silence assourdissant de la presse. Périco Légasse, qui est basque, devrait savoir. Savoir et dénoncer . Les journalistes qui travaillent sur le sujet devraient savoir. Savoir et dénoncer. Qui a peur ? et de qui ?

Je sais : on est en pleine présomption d’innocence. Mais ce que je voudrais savoir, c’est combien de coopératives ou prétendues telles agissent comme Lur-Berri. Lur-Berri qui vient de racheter Labeyrie.

Après tout, la Roumanie produit aussi du foie gras.

On en reparlera…

PS : à coté de chez Barthelemy Aguerre, à Garris, tous les ans au mois d'août, il y a une Foire aux chevaux. On y vend surtout du cheval à manger, vous savez ? les mignons pottoka emblématiques du Pays basque. Ils finissent en saucissons, ou en lasagne. Il était pas dépaysé, Barthélémy, avec ses canassons roumains.

vendredi 8 février 2013

L’ASSISTÉ

Il est gonflé, Johnny ! On est un pays d’assistés !!

Il s’est regardé le déchet du rock ? Parce que j’ai pas besoin de lire ses mémoires pour connaître son histoire. Johnny, c’est pépé-plagiat. Cinquante ans qu’il imite péniblement, pathétiquement, le pire du blues et du rock. Cinquante ans qu’il reprend des hits américains, péniblement adaptés dans un français pire que celui de Céline Dion. Et c’est même pas lui qui adapte. Johnny, il a jamais écrit une ligne de texte, ni une demi-mesure de musique.

Pour écrire, il a des assistants, ce qui nous donne la certitude qu’il est aussi assisté. Pour harmoniser, assistants aussi. Pour les lumières, la mise en scène, pareil. Sans ses béquilles intellectuelles, il ne peut rien, mais alors rien faire. Même pas écrire ses mémoires. C’est un assisté majeur. Il devrait y penser avant de signer des conneries qu’il n’a pas écrites mais éructées dans un magnétophone.

Il a même pas la dignité de rendre hommage à ceux qu’il a pompés. Les Stones, ils ont fait des concerts avec les grands bluesmen. John Lee Hooker par exemple. Johnny, jamais. Planquer ses sources, pas qu’on puisse comparer. Allez sur You Tube, vous trouverez dix interprétations majeures de The House of the Rising Sun. Pour apprécier Johnny derrière ça, faut aimer aussi McDonald et Armistead Maupin.

Parce que c’est même pas un grand interprète, l’assisté.. Je peux comprendre qu’il y en ait qui aiment. Tous ceux pour qui les States, c’est un immense poncif, avec santiags et Stetson, ceux qui vont pas plus loin que les images de TF1. Ceux qui lisent Chester Himes en traduction, quand ils savent qui est Chester Himes.

Mais ceux là, les franchouillards assistés comme dit Johnny, c’est ceux qui lui apportent leur fric. C’est bien l’assistanat. L’assisté qui touche sa prime de Pole-Emploi, direct il va la filer à Johnny. Enlève l’assistanat, Johnny, il peut revendre son chalet suisse.

Depardieu, j’avais rien dit. Depardieu, il est protégé par son immense talent qui lui permet de passer de Cyrano à Obélix et Raspoutine. Johnny, s’il attend son talent pour le protéger, il va pas tarder à nous quitter. Je suis sûr qu’il a déjà organisé son dernier voyage et je tiens le pari qu’il y aura des Harley-Davidson dans le cortège.

Johnny, c’est un gros poncif, une pâle copie de tout ce qu’il aime, un mec qui fait pas la différence entre le blues de Memphis et celui de Chicago. Il a eu du bol.

Assisté par la chance.

On en reparlera pas…..

lundi 4 février 2013

LA CHARIA EN FRANCE

Elle existe. Et depuis longtemps.

Si j’en crois les icônes de l’information permanente, la charia dans le nord-Mali, se caractérisait par plusieurs interdictions. Par exemple, fumer, surtout en public. Boire ces boissons qui réchauffent le cœur des hommes et leur permettent de voir la vie en rose.

Ces interdictions, nous les vivons au quotidien. Nous vivons dans la charia. Ho ! Eh ! c’est pas pareil ! me disent mes copains, outrés. La charia, c’est religieux. Ha, bon ! Parce que les interdictions qu’on nous colle, elles sont pas religieuses ? Parce que l’hygiénisme, c’est pas une religion ?

Réfléchissez. C’est quoi une religion ? En général, c’est un truc (j’ai pas d’autre mot), c’est un truc qui te permet de dire que la mort n’existe pas. On te la remplace par la vie éternelle, le Paradis, ou d’autres machins du même style, réincarnation, métempsychose. Un religieux, c’est un mec qui te dit que tu vas pas mourir pour de vrai, c’est un mec qui nie la mort.

L’hygiéniste, c’est pareil. T’as peur de mourir ? Alors, cesse de fumer, arrête de boire. Il te dit pas que tu vas pas mourir, il te dit que tu vas vivre plus longtemps. Peut être sous forme de légume alzheimerisé, mais plus longtemps quand même. Une belle forme de négation de la mort. Remarque, c’est normal. L’hygiéniste, souvent il est médecin.

Et alors ? Alors, comme il est médecin et qu’il réfléchit pas trop, il s’imagine que son combat, c’est contre la mort. Rien n’est plus faux. Le médecin son combat, c’est contre la maladie. Là, il a une chance de gagner. La mort, c’est sans espoir.

C’est notre faute. On le supplie : « Docteur, je veux pas mourir ». Au lieu de nous traiter de cons, il compatit, il empathise. Il nous comprend. Son boulot, ce devrait être de nous faire accepter la mort qui n’est qu’une forme de la vie. Au lieu de ça, il nous encourage à la nier. Comme les curés.

Après, la privation va de soi. La religion, son premier boulot, c’est de priver. Priver de tabac, de pinard ou de cul. Ça commence toujours par la bouffe. Tu ne mangeras pas d’anaconda parce que l’anaconda, c’est l’ancêtre fondateur de ta tribu. Le mec qui t’interdit de bouffer quelque chose, tu peux être sûr que c’est un curé déguisé.

Tout ça, c’est de la pensée magique. Pensée magique, ça veut dire que tu penses pas. Tu réagis, t’acceptes sans analyser. Tu ne te poses pas la seule question qui vaille : est-ce que c’est vrai ? Sur quoi, c’est basé ce truc ?

On baigne dans le « c’est pas bien ». C’est pas bien de bouffer de la viande. Pourquoi ? Sors la règle à calcul : pour faire un kilo de viande, il faut tant de tonnes d’herbe, tant de litres d’eau, tu détruis la planète. C’est pas bien. En général, le mec, il a un Aïephone dans sa poche. Mais là, il se demande pas combien il faut de litres d’eau ou de sueur chinoise, si ça détruit et quoi. Il en sait rien et il s’en fout. Il est fier deux fois : d’avoir un téléphone et de pas bouffer de viande. Si c’est pas un con, qu’est ce que c’est ?

Toute activité humaine est destructrice. Tant qu’à faire, moi qui vis avec une conscience politique forte, je préfère me détruire que détruire les autres.

Mais quand tu picoles, tu détruis les autres ! Ha bon ? Ben oui, l’alcool au volant, c’est criminel. Non. Le volant est criminel. Moi, je suis un picoleur piéton. 30% de morts sur les routes par la faute de l’alcool, ça veut d’abord dire 70% où l’alcool n’est pas impliqué. Non ? Je me trompe ? Expliquez moi où.

En général, là, j’ai droit à tout le cortège des sottises majuscules, comme quoi je suis un sophiste, que ma mauvaise foi est éléphantesque et que je comprends rien à rien. Le plus souvent avec des arguments à base d’affect. Pense à cette pauvre Suzanne dont le fils est mort en revenant de boîte de nuit. C’est un exemple vrai. Le fils de cette pauvre Suzanne est mort en se tapant un chevreuil sur une route des Landes en revenant de boîte de nuit. Moi, je regarde. Je vois trois causes mélangées : la bagnole, le chevreuil, l’alcool. Si t‘en enlèves une, pas d’accident. Mais pourquoi l’alcool plutôt que le chevreuil ? Moi aussi, je me suis tapé un chevreuil, une nuit, sur une route des Landes. J’en suis pas mort. J’avais une Volvo, mon cousin avait une Twingo. Et crois moi, quand tu vois l’impact d’un chevreuil sur une Volvo, t’as pas de mal à imaginer le résultat sur une voiture plus légère. Bourré ou pas.

La mort, ça fait pleurer. C’est pas d’hier. Des fois, c’est même ritualisé. Y’a des régions où on paye des pleureuses. Est-ce une raison pour penser de travers ?

La vérité, c’est que le plaisir des autres nous emmerde. Leur douleur aussi. Alors, quand on peut faire le lien entre les deux, c’est tout bénef’. Interdire le plaisir pour empêcher la douleur. On appelle ça la morale. Les curés adorent.

On en reparlera…..

PS : le chevreuil, je l’ai ramassé et le copain Lahargou en a fait civet et terrines. Avec de l’armagnac. Avec les terrines, j’ai payé le carrossier. Elle est pas belle, la vie ?