jeudi 4 juillet 2024

MORT D'UN PATRIMOINE

Il faut n’être concerné que par les choses importantes. La majorité, on s’en branle.

 

En ce moment, je m’intéresse uniquement à l’histoire de la cartographie. La première carte de France, la vraie, établie par mesure (pas un dessin à la con torché par un pseudo-cartographe), a été créée par des migrants, la famille Cassini. Boulot d’un siècle achevé en 1789. Moyennant quoi, le gouvernement révolutionnaire a confié aux Cassini la création du système métrique (ça c’est pour mes copains mononeuronaux qui comptabilisent l’apport des migrants à la Nation en espérant qu’ils remplaceront Aya Nakamura par les Cassini).

 

Cinquante ans après, mon aieul, cartographe militaire fait ses préparations en toises et passe au système métrique pour le rendu final. Ça me dit que les bouleversements épistémologiques peuvent n’être pas perceptibles et applicables sans un temps de latence.

 

On rigole pas, là. Au Dépôt de la Guerre, on prépare les cartes pour les militaires. Obligation d’avoir des échelles compréhensibles par tous, utilisables par tous, des légendes universelles, de faire de la carte un instrument de communication pour des gens que tout sépare. Mais on préparait aussi les cartes pour les artistes : les peintres de bataille ont besoin d’un décor exact. Le Dépôt de la Guerre au XIXème siècle était un creuset où la géographie était un alliage d’art pictural et de mesure du globe. La cartographie était un art, mais pas seulement car les cartographes devaient faire des cartes avant les conflits et pouvaient être également un peu espions. Les paysages étaient levés à la planchette quand on avait le temps de mesurer, et sinon « au pas », c’est-à-dire au fil de la marche. Des modes de dessin changent et il faudra près d’un siècle pour que la courbe de niveau remplace les hachures et que la France soit couverte au 1/80 000ème, échelle de la carte d’Etat-Major.

 

Pendant tout le siècle, le Dépôt de la Guerre a été un laboratoire de la représentation du monde tout en restant connecté aux recherches des autres comme les peintres de Barbizon, par exemple. Mon aieul avait été repéré par l’Empereur dont il est devenu le cartographe privé, chargé de cartographier les écrits de Jules César. Mais il n’était pas seul : j’ai chez moi une grande aquarelle de Gaspard Gobaut  représentant un village palafite qui m’évoque les travaux de Pétrequin en Franche-Comté. Tous ces gens mesuraient : Papy disposait de soldats chaussés de caligae qui vérifiaient les distances du De Bello Gallico. Le dossier (brouillons, notes de travail) est à la base archéologique  de Glu-en-Glenne.

 

Bien sur, ils étaient des peintres « pompiers », tenus par la réalité et la mesure de la réalité. Papy a recréé par le dessin le pont jeté par César sur le Rhin  dont il ne reste rien et les peintres de bataille bossaient pour qu’il ne manque pas un galon aux uniformes. Ces cartographes étaient appelés « ingénieurs géographes » et ils baignaient dans la réalité du terrain et la symbolique de sa représentation. Ça peut paraitre stupide mais tout était à inventer pour passer de Cassini au GPS, GPS dont l’efficacité repose sur la triangulation de Cassini. Car la cartographie a longtemps été une spécialité française, même au temps de Landsat et même avec des migrants. Le passage du réel au symbolique demande une finesse extrême surtout si tu veux que le symbolique soit réaliste. Sans compter que même les mesures différaient : les Français mesuraient par rapport au méridien de Paris, les Anglais avaient choisi Greenwich. Allemands et Autrichiens se basaient sur le méridien de Hierro, île des Canaries où ils voyaient la pointe la plus occidentale d’Europe. Les autres ? Ça dépendait du boulot à faire et du directeur en poste. L’universalité progressait à petits pas, entravée par les nationalismes toujours pointilleux. Avant même d’avoir terminé, les cartographes devaient d’adapter : dès les années 1890, Taride créait la carte au 1/200 000ème, mieux adaptée aux voyages en automobile. Michelin gardera cette échelle en y ajoutant la correspondance de couleurs entre route de la carte et signalétique de la route (borne rouge= route rouge). La symbolique colle à la réalité, la cartographie privée vient épauler la cartographie d’Etat.

 

On sous-estime le rôle de la matière…Les cartographes du Dépôt de la Guerre ont commencé avec la gravure sur cuivre, puis ont adopté la lithogravure, se sont fait aider par l’offset tandis que la plume d’acier remplaçait la plume d‘oie. Il a fallu toutes ces modifications pour arriver à Spot-images. Plus les papiers spéciaux, fins à cause du pliage, mais supportant huit passages en machine. Personne n’imagine la somme de technologie mise en œuvre de Cassini à aujourd’hui pour produire cette banalité : la carte géographique.

 

Alors, oui : les élections me semblent anodines. L’IGN, héritier du Dépôt de la Guerre, est en fin de vie, assassiné par des gestionnaires imbéciles. Oh, c’est pas Macron, l’abandon de souveraineté géographique a commencé sous Giscard… Macron a suivi et fini la pente. In fine, les actes parlent plus que la parole. Cet hurluberlu portera aux yeux de l‘histoire la  responsabilité de la mort d’une création révolutionnaire, celle qui donnait aux citoyens le souveraineté sur la mesure de leur territoire.

samedi 25 mai 2024

GUERRE ET PRESSE

 «  La vie d’un soldat est une longue attente ponctuée de périodes d’effroi »

 

J’ai oublié l’auteur de cette phrase qui décrit avec exactitude l’opposition entre le temps de la guerre et le temps de la presse et renvoie au chef d’œuvre de Remarque A l’ouest rien de nouveau ou encore au Desert des Tartares. La guerre n’est jamais autant la guerre qu’il semble ne rien se passer. Situation qui révulse le rédac’chef. Alors, il fait des titres sur des faits insignifiants (au sens premier. : sans sens) : quatre morts dans un bombardement dont un enfant. Ça veut dire quoi : Wagram 25000 morts dans la matinée, rien de comparable, mais faut remplir. La porte se ferme sur les faits (l’information) et s’ouvre sur l’opinion que viennent conforter les généraux médiatiques. Tous ces généraux sont passés dans les rangs de l’OTAN qui les a stipendiés, ils parlent d’une seule voix pour caqueter le discours de Washington.

 

Par voie de conséquence, la petite guerre prend autant de place que la « vraie ». Ce serait mieux d’avoir 4000 morts mais on fera avec quatre. Et moi, je suis paumé. Chaque jour Zelensky nous inonde de communiqués victorieux. Mais si les Ukrainiens dézinguent autant de drones, de missiles ou de navires russes, qu’ont-ils besoin de nous ? Ma logique me dit que chaque communiqué justifie mon indifférence. Mais les généraux otanophiles viennent me dire que oui, mais…la puissance moscovite, la démographie, l’économie font que ce sont des victoires sans intérêt. Bref, tout le monde cause et Poutine avance.

Zelensky est un communiquant, c’est-à-dire un menteur. S’il venait à genoux demander en suppliant, peut être l’écouterais je. Mais non. Il a la morgue du vainqueur enrobé de certitudes et refuse toute négociation. Voilà deux ans (souvenez vous de Mariupol) qu’il plastronne, abrité derrière les civils ukrainiens qu’il laisse crever en excipant du territoire tout en protégeant l’oligarchie ukrainienne. Les prolos ukrainiens sont en Europe pour ne pas servir son gouvernement pourri et n’ont aucunement le désir de se battre pour lui. Ça, ce sont des faits.

 

Les faits sont le boulot des journalistes, le seul, l’honorable. Leur opinion ne compte que si les faits recueillis l’étayent. Aucune chaine ne dit jamais le nombre de ses correspondants sur un front de 1500 km, toutes ont peur de mourir de ridicule. Leurs gestionnaires préfèrent les infos ou pseudo-infos gratuites délivrées par les agences ou consultants spécialisés. Et donc, toutes les infos sont les mêmes, forcément. Leur répétition devrait intriguer mais passe, au contraire, pour une garantie. Les sources sont souvent douteuses comme l’ISW, repère de néoconservateurs républicains, souvent proches de Trump et obsédés par la puissance de la Russie.

 

Le premier journaliste contemporain fut Fabrice del Dongo, arrivé par hasard sur le champ de bataille, incapable de comprendre les événements, notant des détails générateurs d’émotion, bourré au point de se faire voler son cheval. Bref, « je sais rien, mais je vous informe quand même ». La com’ est devenue la provende des publicistes et des pseudo-journalistes (c’est-à-dire les présentateurs) qui sont les porte-jarretelles permettant à la presse de michetonner le public.

mardi 30 avril 2024

L’UKRAINE, POINT D’ETAPE

Vous m’avez assez engueulé. Mai 2024, deux ans de guerre, on peut faire le point.

 

Premier point : les belligerants.

J’avais écrit : les Russes gagnent toujours les guerres qu’ils perdent au début ; l’armée russe est un diesel. A priori, le moteur est chaud. Ils ont du se réorganiser, éliminer les mauvais chefs,  dégager quelques corrompus, corriger les erreurs. C’est pas fini mais Poutine a pris la mesure de l’adversaire ; ne pas oublier que c’est un judoka abstinent. La Russie est désormais en ordre de bataille.

En face, Zelensky a adopté les méthodes de la guerre hollywoodienne en faisant confiance aux USA qui ont laissé régulièrement tomber leurs alliés. Au cinéma, David file toujours une rouste à Goliath. Pas dans la vraie vie. Jamais. La communication sur la guerre n’est pas la guerre. Les F-16  ne sont pas là et les F-35 vont de déboire en déboire. On sait pourquoi, relisez moi. Les chars Abrams, merveille de technologie, se font dézinguer car tout le monde a oublié que les cocktails Molotov avaient été inventés pour détruire les panzers allemands avec une simple bouteille d’essence et beaucoup de courage. On a oublié aussi que les chars et les canons ont besoin d’obus, ces obus qu’on est incapables de fournir. Les alliés de la Russie, regroupés dans l’OCS, savent faire.

 

Deuxième point : la Chine

C’est l’arlésienne de cette guerre, elle occupe les cerveaux des dirigeants américains au point qu’ils nous ont emprunté le Charles-De-Gaulle pour ne pas dégarnir le Pacifique. Les Chinois le savent, comme ils savent que les sous-marins français sont les meilleurs du monde. Ils comptent les points en n’oubliant pas ce qu’ils doivent à la France : Xi vient cette année pour célébrer le soixantième anniversaire de la reconnaissance de la Chine par la France, reconnaissance qui inclut Taiwan. Pas la peine de se manipuler les neurones. C’est fait et bien fait. Et Taiwan est un pion sur le plateau de weiqi. Rien de plus.

 

Troisième point : l’Europe

L’Europe joue à se faire peur. Poutine n’a aucune raison de l’envahir. Le soft power américain est à l’œuvre pour convaincre les Européens que seuls les USA peuvent les protéger. Et Macron joue les gros bras incitant les Boches à demander une défense appuyée sur le couple franco-allemand. Foutaises ! La Wehrmacht est à la ramasse, la Luftwaffe inexistante. Une Europe de la défense n’est possible qu’avec des ingénieurs français organisant les chaudronniers teutoniques. Sauf qu’ils veulent commander. Je parie qu’on va céder.

Je comprends qu’on veut rester diplomates et NON n’est. pas du langage diplomatique, mais y’a des moyens. Par exemple obliger la Bochie à signer un traité de paix. On peut pas filer le commandement sur nos troupes à un ennemi ! C’est bien, ça nous permettrait de compter les défenseurs de la Nation et les baisseurs de caleçons

 

Dernier point :la France

La France sort vainqueur de la guerre ukrainienne qui a mis plus bas que terre l’armement américain. Les canons français, les avions français, les bateaux français, les carnets de commandes explosent. Bonne marchandise au meilleur prix. Y’a que Galileo qui souffre. Quand Poutine s’est mis à brouiller le GPS, je pensais qu’on allait se glisser dans la brèche, faire voler Air France avec Galileo et expliquer au monde que le GPS n’est pas indispensable. On a loupé un coup de com’….Une seule leçon que personne ne retiendra :  l’armée est mieux administrée par les militaires que par les administrateurs, comme la santé est mieux administrée par les médecins.

 

« Pension paternelle en un jour tu vécus »

 

dimanche 28 avril 2024

LIBRAIRE : ESPÈCE EN VOIE DE DISPARITION

Après quantité d’articles saluant la résilience des librairies, nous voilà abreuvés d’articles déplorant la disparition de librairies. C’est encore le résultat de la vérole jacklanguienne qui affirme qu’une librairie est un point de vente du livre ce qui permet de prendre le sens en levrette pour qualifier tout point de vente du livre de librairie. Le petit Leclerc dirige un réseau de libraires.

 

1/ une librairie doit être dirigée par un libraire ce que ne sont pas la plupart des magasiniers évoluant dans les points de vente du livre, y compris sur les sites Internet. Je l’avais dit, avec quelque mépris, lors des travaux préparatoires à la loi Lang, alors que les libraires étaient défendus par Daelman, maison de la presse à Compiègne. Monsieur Daelman était un vrai bibliophile et il était d’accord avec moi : un libraire est un tutoyeur d’éternité. Mais il pensait que l’essentiel gisait dans les piles d’ouvrages et les ventes initiées par la presse qui payaient le quotidien. Pour le dire simplement, il se voyait au dessus de ses clients. C’est la première erreur : un libraire doit avoir des clients meilleurs que lui car ils l’obligent à se dépasser.

 

2/ un libraire ne vend pas des contenus mais de la matière : Proust en Folio n’est pas Proust en Pleiade, sans parler des originales ou des éditions illustrées. La difference n’est pas mince : une édition de poche est fabriquée pour une ou deux lectures alors qu’un livre relié pourra être relu dix ou vingt fois, manipulé, et rester lisible. Un libraire doit savoir comment un livre se fabrique. Mon vieux copain Berthet, l‘un des meilleurs libaires de banlieue, le disait crûment : » le charcutier sait comment on fait une terrine, le libraire ne sait pas comment on fait un livre. où est le savoir ? » et il avait raison. Un libraire est un technicien. du livre, pas du contenu des livres.

 

3/ Tout libraire doit aller régulièrement à la foire de Francfort. il pourra y feuilleter à peu près toute la production annuelle de l’édition mondiale : près de quatre millions de titres ! Quand on en a fait le tour, il y a une phrase qu’on ne prononce plus : « Ça n’existe pas »J’ai découvert à Francfort des éditeurs spécialisés dans les  réimpressions académiques, des spécialistes de randonnées géologiques, des choses inimaginables. Je revenais avec une valise de catalogues qui nécessitaient trois à six mois de travail et d’analyse. Après, je commandais tout ce qui me semblait manquer dans l’édition française. Je ramassais aussi des catalogues pour mes clients, afin de faciliter leur choix. Tout existe. Le libraire qui excipe de l’absence dans l’édition française contemporaine ne fait pas son métier qui est universel.

 

4/ Le libraire n’est pas un vendeur de livres, mais un acheteur de livres. Un bon livre se vend toujours. Le système office-retours favorise les diffuseurs au détriment des libraires. Il est préférable de bien acheter, de conserver et de ne pas retourner pour ne pas passer des heures à manipuler des cartons. Les retours sont un poste de dépenses qui réjouit les libraires. Quand j’étais libraire, le mercredi et le jeudi étaient bannis de mes rendez-vous. Livres Hebdo arrivait le mercredi et il me fallait deux jours pour choisir ce que j’allais commander dans les parutions de la semaine. Titre par titre, auteur par auteur, avec des vérifications, des hésitations….. Le stock d’une librairie est une partition dont la mélodie reflète le savoir du libraire. Fausses notes interdites.

 

Le libraire est un catalogueur d’objets, il est indifférent aux idées et aux opinions comme aux émotions. Ses catalogues ont des règles, strictes. Un livre n’a jamais de pages impaires : une page étant la face d’une feuille, la parité est obligatoire. Une pagination impaire signe l’incompétence du libraire qui doit donner la pagination et non la pagination imprimée. Une librairie est un lieu de savoir, était un lieu de savoir jusqu’à l’irruption de Jack Lang et de sa loi scélérate qui considérait comme librairie tout commerce où se vendaient des livres en mettant en avant le prix comme caractère pertinent : c’était la route ouverte pour les épiciers désireux de se maquiller de culture. Lang a décidé de la rentabilité des librairies en figeant le prix du livre neuf qui était la pierre de touche de la politique de la FNAC (20% de remise) et les libraires se sont senti protégés. Personne n’a vu le serpent tapi sous les pierres : la suppression du tarif postal « librairie » (applicable aux livres, cartes géographiques et partitions de musique) qui a plombé immédiatement les frais d’accès au livre de milliers de libraires. Les gros acteurs comme la FNAC puis les libraires Internet exigèrent des approvisionnements hors frais de port que les diffuseurs accordèrent. En d’autres termes, le libraire de province payait plus cher que la FNAC pour que le livre soit dans ses rayons. Sa marge était morte avant même la vente.

 

Restaient aux libraires deux segments : les livres importés et les livres épuisés. Deux segments difficiles, demandant du savoir et de l’expérience. Tout libraire sérieux sait que langue et pays ne sont pas connectés : le livre de Bertin sur la sémiologie graphique a été édité en français par Mouton à La Haye et Brill, à Leyde, publie quantité d’études en français sur Spinoza. Quant aux livres épuisés(aujourd’hui on dit d’occasion) il suffit de connaitre leur importance et leur rareté pour se construire des marges souriantes délivrées des contraintes postales. En trente ans, j’ai trouvé deux exemplaires de Jouvence, édité par Dardel, et bible des alpinistes nazis. Il a désormais été reédité au prix de 18€ mais l’originale vaut toujours plus de 50€. Un vrai libraire travaille comme un antiquaire : son savoir crée ses marges.

 

Sous Henri IV, les libraires portaient l’épée qui symbolisait leur savoir. J’attends avec impatience la taxe sur les livres anciens. Les portes vont être ouvertes aux contrebandiers.

dimanche 14 avril 2024

CIVILS ET MILITAIRES

 Poutine bombarde les civils. Le journaliste s’en contrefout. Il sait simplement que les civils forment l’essentiel de son lectorat, alors il leur parle d’eux. Caresser l’audimat dans le sens du poil.

Parce que comme scoop, y’a mieux. Au fil de l’Histoire, les civils ont toujours été la viande préférée des militaires qui les savent indispensables à la conduite des armées lesquelles doivent être guidées, abritées, nourries, de pain ou d’obus. Au Moyen Age, on balançait des cadavres de pestiférés dans les villes, à Hiroshima la productivité était meilleure, comme à Dresde. Mais le but était le même : priver les soldats de l’aide des civils. Avec les guerres « hybrides » on va jusqu’au bout dans la confusion civils/militaires, on ne sait plus qui est qui.

Affaiblir la société civile pour affaiblir l’armée légitimise la destruction de civils. Sur le terrain, l’officier est comptable de ses hommes, seulement de ses hommes. Si les civils menacent ses hommes, son devoir d’officier est d’éradiquer les civils. Droit de la guerre ou pas.

 

La guerre évolue mais pas dans le sens souhaité par la presse. qui se retrouve prisonnière de l’effet pervers. A force de relayer la propagande zelenskyenne, la presse avait fini par penser que David allait à nouveau gagner contre Goliath  tout en oubliant que Zelensky s’appuyait sur un autre Goliath dont il s’était autoconvaincu de la puissance et de la fidélité. Si la culture politique de Zelensky avait été moins anorexique, il aurait pu refléchir sur la mort de Ngo Dinh Diem, abandonné puis sacrifié aux intérêts américains au Viet-Nam. Il vient de recevoir le premier coup de semonce : ses « alliés » lui ont demandé de cesser de bombarder les installations pétrolières russes et de compliquer le marché mondial du pétrole, tout en tardant à lui donner les 60 milliards de dollars promis pour sa défense anti-aérienne. Inutile de faire un dessin : les USA abandonnent Zelensky qui ne joue pas leur jeu.

 

Pour les USA, à quoi sert l’Ukraine ? A affaiblir la Russie et, par contrecoup, la Chine. Or, c’est le contraire qui se passe. Les USA ont sous-estimé la Russie et doivent demander à la France un porte-avions pour ne pas dégarnir leur flotte du Pacifique. L’erreur stratégique est purement américaine mais Zelensky va porter le chapeau et détruire son peuple. Alors qu’il lui suffit de hisser le drapeau blanc Tous ceux qui refusent cette solution acceptent et souhaitent la mort de civils ukrainien. Mais, c’est donner raison à Poutine !! Non. C’est donner tort à Washington.

 

Washington qui ne s’en rend pas compte.. Le Sud global, c’est-à-dire le monde entier, a compris que les USA sont fourbes et que leur domination a pris fin. Un monde nouveau se dessine

mercredi 3 avril 2024

LES RAPPEURS DE MOUSSEROLLES

 Je m’inquiète toujours quand on réfléchit sur un sujet qui s’impose : réfléchir quand on n’a plus le choix conduit inévitablement à l’erreur. Si on n’a pas vu le problème avant qu’il ne soit un problème, on doit s’inquiéter sur ses capacités intellectuelles.

 

Prémisses : peut on comparer une ville de 50 000 habitants et une ville de 1 600 000 habitants ? On le peut en suivant La Fontaine, la grenouille veut toujours imiter le bœuf. Et donc les Bayonnais sont fiers de leurs fêtes qui rivalisent avec l’Oktoberfest munichoise, les Fermines navarraises ou le Carnaval carioca. Pamplona 250 000 habitants, Munich 1,6 million d’habitants, Rio 7 millions de cariocas. On ne joue pas dans la même cour. Sauf sur un plan : toutes ces villes, sous prefecture comprise sont des villes à forte identité culturelle. Elles sont donc condamnées à supporter les effets de cette plaie de la mondialisation que l’on appelle surtourisme quand l’abondance de visiteurs détruit le cadre urbain et civilisationnel qui attire les visiteurs. En clair : l’abondance ne se gère que par la coercition sauf à accepter la destruction programmée car un cadre prévu pour 50 000 habitants ne peut pas en recevoir 6 fois plus.

 

Phrase inacceptable pour qui doit sa position au choix (c’est l’un des sens de l’election) de la population convaincue de la capacité à trouver des solutions, même quand il n’y a pas de solutions car personne ne peut faire rentrer six litres dans une bouteille d’un litre.  Notre cher adjoint à la culture affirme que le problème vient d’une méconnaissance de nos codes. C’est vrai mais c’est un peu court jeune homme car les fêtes reposent partout sur les codes du territoire, codes d’autant plus riches et plus nombreux que le territoire repose sur une base culturelle forte qui sépare les autochtones (les indigènes) des visiteurs. Le fossé ne peut pas être comblé. J’ai essayé de lister ces codes pour les enseigner à mon fils, descendant direct de plus de douze générations bayonnaises mais natif de Lutèce. Quand il est venu, sa mère (nous avons divorcé depuis) m’avait fait promettre de ne pas l’amener voir une corrida. Je l’ai donc amené un dimanche matin voir une novillada piquée. Je n’ai pas trahi ma promesse, une novillada n’est pas une corrida. Aficionado, mais pas menteur. Et j’ai passé deux heures à parler, à expliquer, à décrypter ce magnifique système sémiologique qu’est l’art d’envoyer un bovin ad patres. Tout en me disant qu’une fois ne suffisait pas et qu’il faudrait beaucoup plus de faenas pour qu’il me rejoigne culturellement. Mais j’avais le sentiment de poursuivre mon histoire en la lui confiant.

 

Fort de cette expérience, je me suis posé la seule question qui vaille en matière de surtourisme : mais pourquoi viennent ils nous emmerder ? La première réponse est valorisante : parce que nous sommes uniques. Mais nous ne sommes pas les seuls à être uniques, les Venitiens peuvent en dire autant. Et les Venitiens ont trouvé une solution radicale : ils font payer. Comme les Bhoutanais. Ce petit pays qui a inventé l’indice du bonheur fait payer les touristes : 200 dollars par jour pour dormir dans des monastères et bouffer des lentilles.

 

Solution que l’opposition rejettera avec la majorité : les vacances (le tourisme) est un acquit social et se doit d’être égalitaire. A propos de cette unanimité, j’écrivais voici cinq ans :

 

L’action des politiques compte moins que la vision mise dans la tête par les médias, vision toujours simplificatrice ou simplifiée, amplifiée par les hordes de couillons de base qui balbutient leur bonheur d’être venus dans ce quasi-paradis. Parenthèse : après trente ans de tourisme, je continue de constater que personne, jamais, n’affirme s’être trompé sur le choix d’une destination et avoir passé des vacances de merde.

 

Et donc, les politiques font semblant d’avoir organisé une croissance qui ne leur doit rien. Alors qu’ils ne font rien et poursuivent leur aménagement basé sur un état des lieux obsolète ce qui explique que les plans de circulation ou l’aménagement des parkings ne tiennent jamais compte des variations saisonnières, ni des prévisions de croissance. Ne parlons pas des réseaux d’épuration ou de la politique culturelle.

 

Avant de voter, pensons y. Aurons nous des candidats avec une vision intelligente, structurée, cohérente, ce qui signifie aussi une vision limitative car aucune croissance, jamais, ne s’est poursuivie ad libitum.

 

Avec un regard froid pensons que les fêtes coutent trois millions d’euros à la communauté ; faire payer les allochtones augmente ce budget (bracelets, points de contrôle), d’autant que la ville est sous-dimensionnée en hebergements. Sans campings il faut accepter l’invasion des tentes dans des lieux qu’il faut ensuite nettoyer, il faut prévoir des toilettes, des transports, pour quels avantages ? Augmenter le chiffre d’affaires des fast foods ou des zones commerciales ? Quelqu’un a-t-il fait une étude chiffrée sérieuse ? Pas une extrapolation baclée, une étude portant sur 20% des festayres (en deça, les chiffres seront insignifiants).

 

A l’heure actuelle, la mort des fêtes semble inéluctable. Les visiteurs n’apprendront pas nos codes car ils s’en foutent.. Seule les intéresse l’écume de la fête, la sono à fond et les verres qui basculent. Ils pensent que Patrick Sébastien connait mieux les sardines que les pêcheurs de Donibane et la liberté les autorise à pisser contre la Cathédrale. Les autochtones ne voient rien venir Ils ont accepté que le Labourd enfile le costume de Navarre, que le kebab remplace la ventrèche et que Beyonce dégage les Pottoroak comme Udo Jurgens a dégagé le chanoine Lamarque Quand on coupe les racines, l’arbre crève.

 

Les Bayonnais ont été décérébrés. Les vieux cons comme moi savent bien que les visiteurs affluent pour notre puissance culturelle plantée dans notre histoire, puissance qui est forte des emprunts culturels faits à d’autres groupes, à commencer par nos voisins espagnols. Nos clubs privés s’appellent des penas et on peut y boire du fino. Bayonne n’est pas monoculturelle. Mais les Bayonnais badent la culture des autres alors que le plus important est la culture que la ville a apporté au monde. Les « battles » des rappeurs sont nées en Gascogne sud quand les troubadours ont inventé la tenson, le duel de chant, au XIème siècle et la tenson était la forme romane du bertsu basque. N’admirez pas les rappeurs, ils se contentent d’exploiter une forme de chez nous, dix siècles après nous et n’oubliez jamais cette règle : le monde serait moins évolué sans la créativité bayonnaise.

 

C’est pour ça qu’ils viennent. 

 

vendredi 15 mars 2024

LE PRESIDENT IRRESPONSABLE

 Il ne sert à rien de commenter les dires de Macron. Il est préférable de les analyser. J’ai ma conclusion : ce Président est un Jocrisse. Il parle seulement au futur et au conditionnel, comme un mauvais employé de Publicis.

Elu en 2017, il reçoit aussi sec la démission du Chef d’Etat-Major des Armées (CEMA) auquel il a refusé l’augmentation de budget rendue nécessaire par l’évolution géopolitique. Aujourd’hui, sept ans après, il nous dit, au futur, que le nécessaire qu’il n’a pas fait, sera fait. Peut on le croire ? J’attendais que les journalistes intervieweurs posent la question.

 

La vérité, la triste réalité, c’est que le Président, élu pour l’avenir, n’a pas su le prévoir : la France a perdu sept ans. Et si je le sais, Poutine le sait. Un Président, sans vision militaire claire n’est pas un Président honorable, ni un Président fiable. On peut juger, on a du recul. Deux hommes se sont opposés et l’Histoire a donné tort à celui que l’autre conseillait. C’est une faute impardonnable. La faute d’un jeune imbécile qui pense que gérer, c’est agir et qui élimine le Temps de sa gestion.

 

On va aider l’Ukraine. Avec quoi ? Il ne nous reste plus qu’une usine de fabrication d’obus, par ailleurs privatisée. Parce que, depuis sept ans, Macron a suivi la doxa des cons : le privé gère mieux. Oui, pour ses actionnaires, pas pour la Nation, or c’est la Nation qui se bat et qui meurt. Aujourd’hui, sept ans après la démission de De Villiers, le Président n’a rien fait pour inverser la courbe descendante qui conduira les Français à la mort. Nous ne fabriquons plus de fusils ou d’armes de poing, nous ne fabriquons plus de munitions, nous ne fabriquons plus de chaussures militaires. Qui va se battre pieds nus ?

 

Ceci pour les équipements les plus basiques. Nous n’avons plus de sidérurgie, vendue à un magnat indien. Tous nos programmes de haute technologie (chars, drones) sont gérés par des regroupements internationaux d’où est absente  toute coercition nationale. Si Saab se retire nous n’avons plus de drones. On va aider l’Ukraine….Pieds nus ?

 

Le marché y pourvoiera.  S’il est libre, ce qu’il n’est pas.  Admettons que le gouvernement indien interdise à Mittal de nous fournir l’acier.  Pour d’excellentes raisons, Mittal arrêtera quelques hauts-fourneaux et destabilisera le marché. Il nous manquera quelques milliers d’obus et quelques millions de cartouches, mais Macron dégagera sa responsabilité.

 

Ça m’a frappé. Il l’a répété : Poutine est responsable. Il faisait penser à un gamin dans une cour d’école : c’est pas moi, M’dame, c’est lui. Bien entendu. J’avais eu le même sentiment en 2017 quand il descendait les Champs Elysées dans un EBR, fier comme un bar-tabac. J’avais pensé à un gosse auquel sa mère avait donné l’autorisation de porter la panoplie de chef que Papa Noël-Suffrage universel avait laissé devant la cheminée. Il frimait en décidant de réduire les crédits, préférant l’opinion de ses copains banquiers à celle de ses conseillers militaires. Bon. On va payer. Quoi qu’il en coûte.


Le gestionnaire est un imbecile de la pire espèce et un escroc. Gérer l'armée, c'est gérer le territoire, c'est à dire les civils. Les chaussures fabriquées en Tunisie n'aident plus la Haute-Soule où un bon millier emplois ont été supprimés. Il va bien falloir aider ces chômeurs et leurs communes en voie de désertion. Idem pour les arsenaux que la Troisième République, prudente, avait éloigné des frontières de l'Est. Les économies de l'Armée retombent sur Pôle-Emploi et c'est toujours le citoyen qui paie. Sans être défendu.

 

Moi, ça me donne envie de modifier la Constitution. D’obliger le Président, chef des armées, d’avoir fait son service militaire dans un régiment « action » pour lui donner la culture du baston, absente de l’ENA. Il est plus facile de négocier avec un mec qui saigne du nez. Talleyrand le savait.