lundi 18 février 2019

CHARIA RUE DE RENNES

Ça dégouline sur les plateaux à propos de l’incident Finkielkraut. Comme les participants, j’ai regardé et écouté. Qu’ai je vu et entendu ? Essentiellement un mec, vêtu d‘un gilet jaune, éructer deux choses : « La France est à  nous » et « Dieu te punira ». Aucun des brillants journalistes n’a souligné ce fait qui est plutôt éclairant.
Ce mec, il est certain que Dieu a à voir avec la France. A priori, personne ne lui a dit que notre pays étant profondément laïque, Dieu ne pouvait intervenir pour y punir qui que ce soit. Vulgairement, les Français emmerdent Dieu. Ce mec, il faut lui dire calmement qu’on a, depuis deux siècles, évacué Dieu de notre territoire et qu'il n'y reviendra pas.

Je fais semblant, mais en le regardant, en regardant et écoutant ses petits copains scander « Palestine !! Palestine !! », ce que je voyais c’était une bande de musulmans essayant de tester notre résistance à la charia. Je sais : il ne faut pas écrire « musulman » mais islamistes ou islamo gauchistes ou radicalisés ou tout autre qualificatif de la novlangue. Il n’en reste pas moins que ce sont des musulmans, croyants en Dieu et qui disent « La France est à nous ». Même pas en rêve : ce pays n’est à aucune religion officielle et s’il en faut une, ce ne sera pas l’Islam.

L’Islam n’est pas respectable car c’est une religion prosélyte, une religion qui ne respecte pas mon athéisme.  La plupart des musulmans fréquentables acceptent l’idée que la charia conviendrait à la société française. La plupart des musulmans fréquentables acceptent l’idée que le créationnisme est juste et que la pensée darwinienne ne doit pas avoir droit de cité. La plupart des musulmans fréquentables m’envoient dans les dents les horreurs des Croisades, oubliant que Tarik a envahi l’Espagne en 711, trois siècles avant que Gaston de Béarn ne prenne Jérusalem.

Sous l’influence de débiles socialistes façon Harlem Désir, nous avons été convaincus qu’il ne fallait pas « toucher à mon pote ». Aujourd’hui, c’est mon pote qui touche à moi mais, a priori, lui a le droit. Ho ! Harlem, t’es où ? Tu as une responsabilité mon pote. Ta petite main si jolie, elle a protégé les mecs de Daesh, tu crois pas ?. Comme elle protège aujourd’hui les agresseurs de Finkielkraut. Elle protège même les agresseurs de mon vrai pote, Abdel, qui ouvre une bouteille de jaune le premier soir du Ramadan sous les injures de quelques morpions décérébrés qui nous menacent des foudres divines. Abdel, la charia, il en veut pas et là où il habite,  c‘est plutôt courageux.

Le vrai problème, il est là. Sur le poids indécent  que la doxa fait peser sur les musulmans intégrés. Abdel, il a jamais dit que la France était à lui tant il sait que c’est lui qui est à la France. Lui, bosseur, non prosélyte et buveur de Ricard surtout quand une assiette de jambon fait le fonds d’estomac. La doxa le voudrait conforme à une image mythique ce qu’il n’est pas. La doxa préfère prendre le Ricard comme symbole d’une quelconque beaufitude qui va dévaloriser Abdel. Vous n'y arriverez pas.

Et donc, je livre cette information aux cons de la doxa. Chez nous, il y a une synagogue. Les jeunes Juifs ont la trouille et veulent se défendre  en cas de baston. Ils ont voulu apprendre le krav-maga, le poids de Tsahal est lourd, même loin de Tel-Aviv. Sauf que sans entraineurs et sans lieu d’entrainement, c’est pas gagné. Alors, les petits feujs, on les a accueillis dans notre club dont les sports de combat sont la spécialité : kung fu, sambo et full contact. Une fois par semaine, on les forme pour qu’ils protègent leur lieu de culte. Même Abdel. Sans problèmes.

Alors, oui, les cons de la doxa. On est dans la France des gilets jaunes, le pays du pastis et des fins de mois difficiles, le pays où des musulmans s’impliquent pour protéger des synagogues. C’est la norme. Quand on voit des zozos injurier Finkielkraut, on monte pas sur nos grands chevaux, aucun con ne mérite notre indignation. Et vous, les journalistes décérébrés, cessez de filmer des boites à lettres taguées. Faites votre boulot. Venez dans la France profonde filmer Abdel le musulman et Marc le feuj, bosser ensemble pour protéger une synagogue.

C’est ça la France. Avec des hommes libres et égaux qui fraternisent pour défendre ses valeurs.

Et pour faire bonne mesure, je dédie ces lignes à ma copine Lise, sœur d’Antoine et belle sœur de Simone, en souvenir de nos discussions enflammées et des provocations de Jean.



dimanche 10 février 2019

LETTRE OUVERTE A NOTRE INUTILE PROTECTEUR

Monsieur le Président, je vous fais une lettre…que vous ne lirez pas.

Vous êtes le Président de la République française. Nous avons donc une histoire commune…que vous méprisez avec une arrogance coupable. Une histoire qui a ses racines dans notre grande révolution de 1789, laquelle s’est poursuivie en 1830, 1848, 1871 et jusqu’en 1945 quand le peuple de Paris s’est levé pour libérer le pays. Je doute, Monsieur le Président, que nous ayons eu les mêmes enseignants. Vous devriez savoir que le peuple français ne descend pas dans la rue pour jouer aux cubes. Notre peuple se révolte pour changer les choses, fut-ce au prix du sang.

Tout ce que vous faites, c’est d’appeler au calme et à la structuration de la révolte. Vous me faites penser à Louis XV ; il n’a jamais demandé à Camille Desmoulins de structurer la manifestation qui a pris la Bastille. Une manifestation, c’est violent quand les citoyens ne sont pas écoutés et quand les paroles ne remplacent pas les actes.

Vous croyez que la communication est l’alpha et l’oméga de la gouvernance. Chez moi, quand on vous écoute, la réaction est unanime : « Que de la gueule !! ». Comme votre débat que vous entamez en affirmant que rien ne changera, alors même que la demande est là : Changez !!

Face à votre immobilité, la violence se poursuivra. Au prix du sang. Ce sang qui tâchera vos mains et qui pourrait bien être le vôtre, si vous ne cédez pas. J’ignore ce que sont vos accords avec ceux qui vous ont aidé à accéder au poste suprême. Vous aurez, plus tôt que vous croyez, à comprendre qu’un dirigeant qui suit son peuple ne cède rien. Bien au contraire. On vous demande d‘être en accord, en symbiose, avec votre peuple. Ce peuple qui se contente de réclamer votre démission. Il le fera jusqu’au jour où il finira par comprendre que la guillotine purifie et met d’accord.

Votre peuple va réussir à se structurer et à parler. Il parlera à vos CRS qui sont simplement les Suisses qui protégeaient Louis XVI. Il leur expliquera qu’ils sont des citoyens comme eux, méprisés comme eux et que leur meilleure défense est de mettre les crosses en l’air. Ne doutons pas, ne doutez pas. Votre défense craquera. Vous finirez par avoir le mot de trop, vos séides auront le geste de trop et le peuple envahira les lieux qui vous protègent sans que personne ne s’y oppose.

Trois mois de manifestations et vous êtes encore à votre place. Ce qui vous rassure. Soyons sérieux. De la Bastille à la mise en cause de Louis XVI, il fallut trois ans, de juillet 1789 à août 1792. Le peuple a le temps, même s’il a faim. Vos amis vivent au rythme de l’économie financière, le trimestre pour faire simple. Votre peuple veut des décisions inscrites dans le temps. Pas dans votre temps, dans le sien. Des décisions qui vous obligent à imaginer une politique planifiée. Votre peuple ne veut pas dépendre des décisions de Wall Street dont la versatilité a pour but de le détruire.

N'oubliez pas l'Histoire : les actes forts de la Révolution ont été accomplis par ces minorités actives que vos stipendiés appellent "casseurs". Oui, monsieur le Président, une révolution, ça casse. Ne pleurez pas sur l'Arc de Triomphe, la Commune a brûlé les Tuileries. Vos croyances sont ridicules : vous pensez qu'une crise sociale"se gère" et que cette gestion passe par votre parole dont vous nous abreuvez au point de nous en dégouter.

Le plus grand économiste basque avait dit à Louis XV : « Dans un pays bien conduit, Sire, le fort protège le faible ». Méditez cette phrase. Dans le pays que vous conduisez, le fort écrase le faible. Il lui semble pouvoir le faire sans danger, sans risque, car sa force l’y autorise et vous laissez faire. Vous avez été élu pour protéger votre peuple. Vous refusez cette tâche. Il se protégera donc seul et constatera votre inutilité. Et vous finirez au rebut, comme tout ce qui est inutile.


Monsieur le Président, croyez vous être recyclable ?

mardi 5 février 2019

DEFORMATION PROFESSIONNELLE

Depuis les débuts du Grand Débat, le terme de « formation professionnelle » est devenu omniprésent, une sorte de mantra qui doit régler tous les problèmes. Pour être franc, je n’ai quelque savoir que pour ce qui concerne mon métier, la librairie et ça ne me rend pas optimiste.

Lors de mes études, il n’existait aucune formation de libraire. Munis de quelques connaissances en littérature, nous nous faisions embaucher dans une librairie compatible avec nos goûts et là, sous la férule de libraires nous apprenions notre métier dont la base était le catalogage. J’ai eu de la chance : Steve était très dur, très exigeant et il présidait le SLAM (le Syndicat de la Librairie Ancienne et Moderne), le seul syndicat de libraires qui mettait sur un pied d’égalité tous les livres de toutes les époques. Il nous fallait connaître Zola, depuis les premières éditions de Charpentier jusqu’au Pleïade. C’était une formation complète et difficile. Nous apprenions à juger du papier, de la qualité d’impression, de la reliure (le skaï remplaçait le cuir). Nous manipulions des centaines de livres, tous différents et nous devions les valoriser. Pour nous, les formats n’étaient pas des centimètres mais des règles de pliage (in-4°, 4 pages à la feuille, in-8°, 8 pages à la feuille, etc…). Nous apprenions, chaque jour. Nous passions nos dimanches chez les bouquinistes et nous allions voir les expositions de ventes aux enchères pour connaitre encore plus de livres. On se faisait engueuler tous les jours. Pour moi, le matin, c’était la boule au ventre. Mais j’apprenais.

Depuis ce temps, la société s’est modernisée. Il existe désormais un institut de formation des libraires et même des filières universitaires dédiées aux métiers du livre. J’y ai embauché quelques collaborateurs : aucun n’était bon. Leurs connaissances étaient anorexiques mais surtout leur désir de savoir était inexistant et leurs compétences techniques plus que floues.

Alors, j’ai enquêté. Ma première constatation aurait suffi à les dévaloriser : aucun enseignant n’avait un cursus professionnel correct. Souvent, il s’agissait d’anciens employés de librairie, voire des représentants de commerce reconvertis. J’ai même rencontré des « formateurs » qui n’avaient jamais vendu un livre et l’un d’eux m’a dit : « Je suis un spécialiste de la vente, les livres sont des biens comme les autres ». Connard !!!!

Je me suis déplacé pour rencontrer le responsable d’une structure qui avait voulu dégouter une gamine de venir bosser avec moi en lui affirmant qu’elle allait en baver. Il ne me connaissait pas, sauf de réputation. Il a eu cette phrase hallucinante : « Je suis là pour les former pour Auchan ou Leclerc, ce sont eux qui embauchent ». J’ai essayé d’argumenter mais c’était perdu d‘avance. Il ne formait pas les gosses à un métier, il les formait à une filière, n’ayant pas compris que le métier était intangible et les filières obsolescentes. N’ayant pas compris surtout qu’il existait des postes ailleurs que chez Leclerc. J’en ai parlé ensuite à des copains profs de cuisine qui étaient confrontés  au même choix car il y avait plus de jobs dans les chaines de restaurants d’assemblage que dans les trois étoiles. Et donc, par voie de conséquence, on choisit la facilité. Je ne sais pas comment sont évalués les formateurs des centaines d‘organismes de formation et j’ai même rencontré une nana qui, munie d’un CAP d‘esthéticienne, formait des impétrants aux concours de base de la fonction publique.

La pierre de touche de ces formations n'est pas le savoir acquis par les élèves mais le nombre d'embauches enregistrées par l'organisme formateur. Ici et maintenant.


Ma religion est faite : la formation est un marché et il importe de le couvrir avec des formateurs au rabais qui permettent de se gaver des prébendes de l’Etat. La destruction des métiers est en cours et elle est bien avancée. Il peut se glorifier le Président, il va nous balancer dans les dents les millions dépensés pour des pseudo-formations qui ne déboucheront sur rien d’autre qu’une baisse constante des salaires au profit du commerce « moderne ». De toutes façons, la tenaille est bien installée : ceux qui embauchent n’ont pas besoin de compétences dont se moquent ceux qui forment. C’est le monde des grandes écoles où seul compte le savoir dispensé par l’école. Les autres peuvent crever… Ce qu’ils feront d’ailleurs.

Je finis sur une anecdote personnelle. J'avais conçu avec ce vieux Fred un site de librairie en ligne qui avait été élu meilleur site de l'année par un jury de libraires internationaux. Après mon départ, le site a été fermé, mes successeurs trouvant que sa maintenance demandait trop de travail. Tout est dit : les faineants sont au pouvoir.