mardi 27 décembre 2011

GEOMETRIE VARIABLE

On le sait depuis longtemps, mais désormais on en est sûrs. L’Europe est à géométrie variable. On est 27, mais on fait des traités à 17, à 23, à ce qu’on peut comme on peut. Quand je dis des traités, c’est pas tout à fait vrai. C’est des projets de traités, c’est à dire des effets d’annonce. Vu qu’un traité, faut qu’il soit présenté au Parlement (le referendum, on oublie, trop risqué) et qu’il soit voté. Dans trois mois, si tout va bien.

Dans l’intervalle, on va se faire dégrader, la situation économique va s’aggraver, on refera des sommets. Entre nous, y’a tellement de sommets qu’on croirait une ligne de crête. Plus personne ne descend. Pour aboutir à quoi ? Les commentateurs le disent avec une gravité artificielle : le temps de l’économique n’est pas le temps du politique. Tu parles d’un scoop ! Le vrai scoop, c’est qu’il n’y a plus de temps du politique. Le politique qui devrait donner le tempo de la marche du monde reste à la remorque de l’économique.

Alors, ils disent tous la même chose, d’un ton grave, comme Manuel Valls, samedi soir chez Ruquier. Le PS est un parti responsable qui croit à l’économie de marché. Valls, il ne se rend pas compte que laisser faire le marché n’est pas responsable, mais totalement irresponsable. Parce que les marchés se foutent totalement de la vie des gens ordinaires tandis que la vie des gens ordinaires devrait être la priorité de tout parti politique responsable. Chacun a des priorités différentes et irréconciliables. Pas la peine d’avoir fait l’ENA pour s’en rendre compte.

Faut pas raconter (encore) des conneries. A 17, à 23, à 27, les préoccupations seront les mêmes. Comment assurer sa réélection ? N’imaginez pas un seul instant qu’un homme politique ait une autre priorité. Et n’imaginez pas un seul instant que vous soyez sa priorité.

Pour se faire réélire, faut juste un truc : du fric. On vient de l’entendre : Villepin, il a tout pour lui, sauf du fric. Si pas de fric, pas d’équipe (ben oui, les équipes elles sont grassement payées), pas de locaux, pas de panneaux 4 x 3, pas de photographes, pas d’avion pour aller de Sète à Lorient dans la matinée, pas de conférences de presse. Si pas de fric, pas de campagne.

Et qui donne le fric ? Les riches. Liliane Bettencourt à droite (et un peu à gauche aussi, on sait jamais), Pierre Bergé à gauche (et un peu à droite aussi), les mecs qui manipulent les rétrocommissions, les présidents africains. Tout ça, on le sait. Pas dans les détails, mais on le sait. Une campagne présidentielle, c’est payé par les riches, pas par les minuscules dons des minuscules électeurs.

Alors, quand t’es élu avec le fric des riches, tu fais une politique pour les riches. Que ce soit à Paris ou à Bratislava. Que tu sois de droite ou de gauche. Tiens, t’a qu’à regarder Séguéla. Il a pris du pognon avec Mitterrand, il en prend avec Sarkozy, il s’en fout, il sait que de toutes façons le gouvernement élu va faire plaisir aux grosses sociétés, c’est à dire à ses clients. Si mes clients vont bien, moi aussi je vais bien.

Faut pas croire, l’électeur de base, il le sent bien. Il le sent bien que Fabius, il a fait enlever les objets d’art de l’assiette de l’ISF parce que son papa était antiquaire. Fabius, il se gratouille pas l’Œdipe, il a pas envie de ruiner papa. Le citoyen de base sent bien que le patronat « de gauche », il est patronat avant d’être de gauche. Il sent bien que l’Europe est d’abord un fromage à eurodéputés et à pouvoir augmenté. Alors, l’électeur de base, il regarde vers les « petits candidats », ceux qui lui semblent pas baigner dans un fric insensé.

Les sondages, aujourd’hui, sont cruels. Les deux candidats dont on admet, en général qu’ils seront au second tour, totalisent 51% des intentions de vote. La moitié des électeurs. C’est pas beaucoup compte tenu de la débauche de moyens. Chaque apparition d’un « petit » vient gratter quelques électeurs. C’est pour ça que les deux gros, ils sont assis sur leur pactole de signatures. Pour que le jour de la lutte finale, il y ait moins de concurrence. Pour éviter les candidatures « fantaisistes ». Comme si les trotskystes étaient des fantaisistes ! Pour un trotskyste, y’a beaucoup de qualificatifs possibles, mais « fantaisiste » ne me paraît pas le plus juste.

Sûr que ça va se décanter, mais il y aura de toutes façons un premier tour avec plus de deux candidats. Les trublions, on va essayer de les dézinguer, mais ils vont engranger de toutes façons. 3 points ici, 5 points là, 20 points un peu plus loin. Au bout du compte, on va s’apercevoir que plus de la moitié des Français qui votent rejettent le pouvoir en place. Je vous rassure, les politiques s’en foutent. Le pouvoir en place, c’est eux, et tant que l’arithmétique électorale fonctionne……

Tiens, prends Bayrou. Il te parle d’union nationale. Il se rend pas compte que l’électeur de base, il en veut pas. Il a pas envie d’un gouvernement où on reverra encore les tronches de Juppé, de Copé, de Ségolène et de Jack Lang, sur la même photo. On prend les mêmes et on recommence. S’il était malin, Bayrou (mais un Béarnais malin, on en attend un depuis Henri IV), s’il était malin, il proposerait un gouvernement d’union de l’opposition. Il dirait, voilà, les deux gros, ils ont foiré depuis trente ans, on va faire une union de ceux qui pensent pas pareil en collant dans le même sac le Modem, Marine, Mélanchon et les électeurs de Poutou à qui je fais un gros poutou. Les trotskards avec les fachos ? Pourquoi pas ? Les trotskards avec les cocos ? Là, j’admets, y’a un pic à glace entre les deux. Mais un jour ou l’autre, il faut bien la rompre, la glace….

Faudrait qu’ils abandonnent quelques dogmes, les uns et les autres. Que Marine, elle trouve la CGT sexy, que François se dise que l‘Europe, c’est pas une bonne idée, que Poutou trouve que l’armée, c’est utile… Des choses comme ça. Mais ils sont pas obligés de parler des choses qui fâchent. Un but dans le temps, ça suffit. Cinq ans pour annuler la dette, refaire quelques usines, des trucs comme ça. Et une relance de l’Etat avec un poil de coercition. La plupart, le gros bâton, ça les effraie pas. A part François qui préfère murmurer à l’oreille des chevaux que manier la chambrière. La chambrière, c’est un fouet pour les chevaux, pas une employée d’hôtel, je parle de Bayrou, pas de DSK.

Bien sûr, je rêve. Bien sûr, ça finirait mal. Jean-Luc, il aurait envie de virer les mencheviks, Marine, elle penserait Nuit de Cristal, la mère Boutin, elle voudrait inscrire le catholicisme dans la Constitution. Y’aurait des baffes, mais au moins, on s’amuserait un peu. Le Top 14, c’est plus rigolo que les séances de nuit à l’Assemblée.

Bien sûr, je rêve. Je pense à un digne sénateur-maire, proche de Bayrou, à qui je reprochais un jour de ménager un de ses adversaires politiques. Il m’a répondu cette phrase magnifique : « Mon petit, avant d’être un adversaire politique, c’est un collègue sénateur ». Tout le sel de la phrase est dans l’adverbe de temps. Avant. Avant tout, on est des notables et on est d’accord sur l’essentiel. Que ça dure…

Peut-être que je ne rêve pas. On a déjà eu ça en 46 quand Maurice Thorez siégeait avec De Gaulle, tous unis pour reconstruire le pays que Vichy avait bouzillé. Tout le monde a fait des concessions et on a construit un système qui nous a donné trente ans de bien-être. Allez, chiche, Jean-Luc Premier Ministre de Marine ? Avec Dominique de... au Quai d'Orsay ? Et Poutou à la Défense ?

On en reparlera…..

jeudi 22 décembre 2011

LES ENFOIRES

Les enfoirés, c’est pas qu’un groupe de saltimbanques qui se sont autoproclamés ainsi par goût de l’antiphrase.

Non. C’est juste les mecs qui, au quotidien, font l’économie et le discours sur l’économie. Ceux qui manipulent les faits et font des présentations tronquées et utilisent des bouts de clichés mis bout à bout.

Les agents de sécurité prennent les voyageurs en otages. Faux. Quand tu fais grève, c’est pas l’usager que tu prends en otage, c’est ton patron. L’usager, c’est un dommage collatéral et, de toutes façons, c’est aussi un enfoiré, le plus souvent.

L’agent de sécurité, il est sous-payé pour se faire engueuler. La revendication, c’est 200 euro d’augmentation par mois, 8 euro par jour ! Un euro de l’heure, si tu préfères. Tu parles d’une menace ! En plus, si son patron lui en file 100, il va être content et reprendre le boulot. Pour ces 200 euro, il fait grève avant Noël et il a raison. S’il fait grève le 8 octobre, tout le monde va s’en foutre.

Soyons clairs : l’avion est un mode de transport de luxe. Si tu veux aller faire la bise à Tante Germaine à Bordeaux, t’as aussi le train. Pour aller te bronzer la couenne aux Seychelles, j’admets, c’est pas possible. Mais tu vas aux Seychelles parce que tu sous-payes l’avion. Tu veux pas le voir parce que ça t’arrange. Le mode de transport de luxe, à force de compagnies low-cost et de yield management, c’est devenu un mode de transport populaire. Et pour baisser les prix, vu que les infrastructures coûtent de plus en plus cher, que le pétrole ne baisse pas et qu’il y a de plus en plus d’intervenants, on utilise la seule variable d’ajustement possible : le salaire des minables. On touche pas trop aux pilotes, au nom de la sécurité des vols. Mais le soutier, le petit, le sans-grade, le bagagiste, le balayeur, lui, on le comprime. De toutes façons, il est pas qualifié. Pas qualifié, pas payé. Et toi, t’es tellement content d’emmener ta blondasse aux tropiques que tu trouves ça normal. S’il bossait gratos et que ça te permette de gagner encore trois euro sur ton billet, tu trouverais ça normal aussi.

Le coût de la sécurité, c’est vrai que tu le payes. C’est dans les taxes d’aéroport. Les compagnies s’en foutent, leurs promos, elles n’incluent pas les taxes d’aéroport. La taxe d’aéroport, c’est pas une taxe mais une redevance. C’est le montant que les compagnies payent à l’aéroport pour avoir le droit de décoller. Et l’aéroport, le plus souvent, il est privé. Aéroports de Paris (Roissy, Orly), c’est une société privée (privatisée par Sarkozy en 2005) cotée en Bourse. Certes, l’Etat est majoritaire (60% environ) mais le fonctionnement est de type privé.

Alors, là, ça devient très simple. Si c’est privé, l’Etat facture la sécurité. Au prix du gendarme de base, pas mal payé, avec plein d’avantages, et de la formation. Trop cher, dit le privé qui fait appel à des entreprises de sécurité. Il a le droit, c’est plus l’Etat. L’employé de sécurité de base, il a pas le port d’armes, ni les chiens renifleurs d’explosifs, en fait il a rien, que de la bonne volonté et l’envie de bosser. Et voilà un poste de dépenses en baisse, ce qui signifie du pognon pour l’actionnaire. Mais l’actionnaire, c’est l’Etat. Ben, plus officiellement. Si l’aéroport était public, l’Etat faudrait qu’il assure la sécurité qui est une de ses missions régaliennes. C’était comme ça avant. Avec la privatisation, l’Etat il peut remplacer le gendarme par un employé de sécurité. T’as compris ? C’est du bonneteau. Juste pour baisser les coûts. Au lieu d’embaucher des gendarmes, l’Etat fait embaucher des chômeurs à peine qualifiés par une société privée qu’il contrôle en sous-main.

La sécurité est la même ? Pas sûr. Mais c’est pas grave. S’il y a un bug, la responsabilité, c’est plus l’Etat, c’est l’entrepreneur privé. Tout bénef, je vous dis. Et puis, des attentats, y’en a pas tant que ça.

Alors, aujourd’hui l’Etat s’énerve et le Président pique une crise. Le Président qui a transféré les prérogatives de l’Etat au privé hurle parce que l’Etat est impuissant. Hé ! Nicolas, si t’avais pas remplacé les gendarmes par des salariés lambda, t’aurais pas de grève vu que les gendarmes, ils ont pas le droit de faire grève. Tu peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Celui qui a pris les Français en otages, c’est toi. Tu veux du privé partout ? Tu vas avoir les emmerdes du privé partout.

Le problème, c’est que nous aussi. Pourquoi la SNCF doit refaire ses horaires ? Pour laisser des créneaux aux compagnies privées. Pourquoi le gaz augmente deux fois par an ? Pour que Suez puisse engranger des bénéfices. On est pas au bout, je vous le dis. Tiens, la privatisation du contrôle aérien, les aiguilleurs du ciel. On n’en parle plus trop. Vous savez pourquoi ? Parce que les fonctionnaires chargés du dossier ont jugé que c’était trop dangereux. Alors, on laisse reposer le ragoût. Jusqu’à ce qu’on trouve de nouveaux fonctionnaires, plus dociles.

L’Etat se désengage. Pour tous les gogos, c’est une bonne nouvelle. La plupart des Français, ils bossent dans le privé et ils font des vannes sur les fonctionnaires. Le désengagement de l’Etat, ça leur laisse croire que ça va être du boulot pour eux. Et qu’ils feront mieux que les fonctionnaires. Mais c’est pas vraiment le boulot qu’ils imaginent. Quand il y en a. L’Etat se désengage de Renault ? Renault s’installe en Roumanie et on importe des bagnoles au lieu d’en exporter. L’Etat se désengage du courrier ? La Poste supprime quelques milliers d’emplois et tu vas payer des chômeurs plutôt que des facteurs.

L’Etat assumant ses fonctions, contrairement à ce que tu penses, c’est pas du communisme larvé. C’est juste son boulot. Notre énergie, notre transport, notre sécurité, c’est le boulot de l’Etat. Curieusement, plus il se désengage, plus il coûte cher. Il s’occupe moins de l’industrie, moins de l’énergie, moins du commerce mais on a plus de ministres au gouvernement que sous le vieux Général. Soit ils sont moins bons, soit ils sont plus fainéants. Ou les deux à la fois. Tu me crois pas ? Le gouvernement Debré, de 1958 à 1962, y’a 26 ministres et secrétaires d’Etat. Le gouvernement Fillon, en 2012, ils sont 33. Et Debré, fallait qu’il gère les colonies et la guerre d’Algérie.

Bon, à l’époque, tu payais l’avion cinq à six fois plus cher que le train. C’était la seule différence vu que les deux étaient à l’heure. Aujourd’hui, tu payes le même prix et les deux sont en retard. On vit une époque formidable, disait Reiser.

On en reparlera…..

samedi 17 décembre 2011

LE DROIT AU BLASPHEME

Jean-Michel Ribes est un zozo, un vieux clown un peu minable. Il s’arroge le droit au blasphème et il a raison. Le blasphème n’est pas un délit dans une République laïque.

Alors, il se moque du Christ. Et il a bien raison. Ce mec qui marche sur l’eau et qui multiplie les petits pains, c’est pas très catholique. Une poignée de catholiques intégristes se réunit devant son théâtre et Ribes la joue indigné, quasi-martyr, devant les caméras de télé. Même qu’on a trouvé un cutter sur un mec un peu douteux. Un cutter ! Vous vous rendez compte ? Ils viennent armés.

OK. Mais c’est pas si courageux que ça. Ribes, y’a des pseudo-dieux et des pseudo-prophètes qu’il se garde bien de toucher. Mahomet, par exemple. Pourquoi il nous monte pas une pièce bien salace sur Mahomet, une pièce qu’il pourrait écrire lui-même, il a le talent pour ?

Ben non. Là, ça coince. Charlie-Hebdo, on leur a foutu le feu pour moins que ça. Ribes, il sait bien que s’il touche au Prophète, son théâtre, il saute. Et lui, il peut se retrouver avec une bastos dans le crâne. Courageux, mais pas téméraire. C’est pour ça que je le trouve minable. Quand tu fais de l’alpinisme, tu grimpes pas la face nord de Montmartre. C’est l’Everest ou rien. Tu te mets en jeu. Le vrai courage, c’est quand il y a un vrai danger.

C’est facile, je trouve, de taper sur les chrétiens. Y’en a plus beaucoup et ils sont plutôt pas trop agressifs. Leur clergé, c’est pas des militants, mais des mecs plutôt cool. T’es pas marié mais si tu veux faire baptiser ton gosse, ils t’emmerdent pas. Ils s’excitent sur des trucs pas trop graves, et de toutes façons tout le monde s’en fout. On râle après le Pape mais on met la capote. Il faut bien le dire. Pour un athée, l’Eglise catholique, c’est plus trop un problème. On a mis deux siècles, il a fallu faire quelques lois, expulser un peu, nationaliser un chouïa (l’école en face de chez moi, c’est un temple protestant confisqué en 1905), brûler quelques presbytères, mais, l’un dans l’autre, on y est arrivé. Je sais : nationaliser, brûler, expulser, confisquer, c’est pas des mots gentils. Faut savoir ce qu’on veut, coercition c’est pas un gros mot. Mais, dans l’ensemble « l’infâme » comme disait Voltaire, on s’en est débarrassé. T’as qu’à rentrer dans une église, tu verras. Ou alors, tu vas un dimanche à la basilique de St Vincent de Paul. Les soutanes et les cornettes, c’est que du catho d’importation, black, tamoul ou latino. Faut bien compenser la crise des vocations européennes.

Le combat est plus là. D’accord, faut pas mollir. Faut surtout pas confondre. Moi, je suis religieusement athée et culturellement chrétien. Je crois pas en Dieu (même si je lui mets une majuscule, c’est comme ça qu’on distingue le dieu des religions monothéistes, c’est pas de la Foi, c’est de la typographie) mais je baigne dans le christianisme. Bach, c’était un cul-bénit, comme Racine. Architecture, musique, peinture, littérature, le petit Jésus est partout. Ce sont des traces historiques, on va pas les enlever. Et même, il faut les protéger. Pas comme traces religieuses, comme traces historiques. Même dans la langue, y’en a. Quand tu dis que tu vas sonder les reins et les cœurs, c’est tiré de la Bible. T’avais oublié ? Faut pas. L’Histoire, c’est précieux.

Le problème, c’est qu’on a le sentiment que le rejet du christianisme, il va de pair avec l’adoption des autres religions. Le mec, il va plus à l’église le dimanche pour pas faire comme son papa, mais il vénère le Dalaï-Lama. On discute plus ad nauseam sur les Evangiles, mais on dissèque les sourates du Coran. Tout ça, parce qu’on « veut comprendre ».

Ho ! les mecs ! Réveillez-vous ! Y’a rien de plus à comprendre. Toutes les religions fonctionnent pareil. Toutes, elles te promettent que tu vas pas vraiment mourir parce qu’à l’idée de clamser tu te chies dans les frocs. Après, y’a juste les détails qui changent. Le Paradis, ou la réincarnation, ou la survie de l’âme. Tout ça, c’est pareil. Un truc pour t’enlever la trouille. Parce que t’as la trouille. Tu l’avoues pas, mais t’en crèves. Et puis, c’est dur pour l’ego de se dire que le monde va fonctionner pareil quand tu seras plus là.

Le second étage de la fusée, c’est que pour pas vraiment mourir, faut que tu te comportes bien sur Terre. Là, les boîtes à outils divergent. Faut pas mettre de capote, faut pas manger de cochon, faut raser les cheveux de ta gonzesse, faut faire des aumônes (surtout au clergé que t’as choisi, ça aide). Les prescriptions sont innombrables, chacun les siennes. Plus ta religion est rustique, plus elle va dans les détails. Le juif ou le musulman, il t’interdit le cochon, le tupinamba il veut pas que tu bouffes de l’anaconda. Là, c’est facile, l’anaconda, y’en a pas au marché de Mont-de-Marsan. La religion tupinamba a de l’avenir dans les Landes. Ou le Gers.

Le dernier étage, c’est les rapports avec le politique. Pour pas vraiment mourir, faut que tu votes pour les gouvernements que ton curé t’indique. Je dis curé, ça peut être rabbin, imam ou bonze. Faut pas se gourer. L’Iran d’Ahmadinejab, c’est juste la France de Napoléon III. Ou le Tibet du Dalaï-Lama. Faut voter pour le chef qui protège ta religion. Forcément, ça exclut ceux qui sont pas de la religion du chef. Le côté du manche.

Cherche bien, réfléchis bien, toutes les religions fonctionnent comme ça. Avec des nuances, plus ou moins simples, plus ou moins complexes. Nuances que les gros bourrins religieux oublient. Dans les mecs qui prient devant le théâtre de Ribes, je voudrais savoir combien ont lu Augustin, Jérôme ou Pacôme. Pour savoir, va regarder les chiffres des ventes du rayon « Patristique » dans une librairie religieuse. Librairie religieuse parce que dans une librairie ordinaire, on te vend Matthieu Ricard mais pas St Augustin. Je voudrais savoir combien de fondus du yoga connaissent la pneumé de St Jean Chrysostome qui en est le pendant chrétien.

Parce que ça, c’est le dernier point. Capital. Les religions aiment les ignorants. Moins t’en sais, plus t’es malléable. Moins t’as lu, moins t’as réfléchi, plus t’es convertissable. Tu fais semblant de réfléchir, mais tu t’empresses de ne pas lire ceux qui ont réfléchi avant toi. Comme m’a dit un copain bou-bou (bourgeois-bouddhiste), c’est trop prise de tête. Faut dire que le mec, il fait chier tout le monde avec le Dalaï-Lama, mais il a jamais lu un soutra. Il écoute béatement son gourou. He bé ! te prends pas la tête. Tu as la foi du charbonnier. Expression chrétienne qui fonctionne aussi avec les autres religions et qui veut dire, admirativement, que moins t’en sais meilleur t’es, question religion. Laisse donc le curé (ou l’imam, ou le rabbin, ou le bonze) penser pour toi.

Je vois pas pourquoi je m’énerve. Relisez Voltaire.

On en reparlera….

vendredi 9 décembre 2011

CORRELATION ET CAUSALITE

Je vais être chiant. Vous avez le droit de quitter cette page.

Un article du Monde m’apprend que Claude Bernard a désormais un concurrent : Google. Google a provoqué une révolution épistémologique qui est en train de rendre caduque la méthode hypothético-déductive théorisée par Claude Bernard à partir de sa découverte de la fonction glycogénique du foie.

L’auteur de cette thèse est un mec sérieux et que j’aime bien : Chris Anderson. La thèse est simple : « Avec suffisamment de données, les chiffres parlent d’eux-mêmes ».

Ce n’est pas nouveau et on en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.com/2011/02/un-et-les-autres.html). C’est juste l’aboutissement de la pensée dominante américaine selon laquelle la technologie est nécessaire et suffisante pour faire avancer la connaissance.

Alors, faisons ce qu’Anderson refuse de faire. Regardons quel est le lieu de parole de l’auteur. Informaticien, Chris Anderson est un spécialiste du e-commerce. Un épicier moderne, un mec qui a passé sa vie à analyser avec pertinence nos comportements commerciaux. De ce savoir purement mercantile, il affirme pouvoir tirer une philosophie et une épistémologie qui vont s’appliquer à tous les domaines du savoir.

C’est dit crûment : « La philosophie fondatrice de Google est que nous ne savons pas pourquoi cette page est mieux que celle-ci : mais si les statistiques des liens entrants disent qu’elle l’est, c’est bien suffisant. Aucune analyse sémantique ou de causalité n’est nécessaire ». Exeunt le sens (la sémantique) et la causalité : la quantité suffit. Dans le commerce, c’est parfaitement exact. Mais ce n’est exact que dans le commerce. Chris Anderson met sur un pied d’égalité Claude Bernard et Aristide Boucicaut. C’est gonflé ! Ceci dit, c’est normal : les épiciers aiment la pensée des épiciers. On appelle ça le poujadisme.

Anderson se met ensuite à dériver : grâce à ses corpus de données, Google peut traduire du klingon en farsi aussi facilement qu’il peut traduire du français en allemand. Rappelons que le klingon est une langue imaginaire utilisée dans Star Trek et que son corpus littéraire est limité. Google peut aider à traduire une notice de tondeuse à gazon, et encore pas très bien. Tous ceux qui ont utilisé les outils de traduction de Google connaissent leur pauvreté et leur médiocrité. Faites le test : essayez de traduire un vers de Shakespeare, vous verrez. Chris Anderson s’en fout : Shakespeare n’est pas un marché et surtout pas un marché publicitaire.

Après, on touche au délire. Anderson utilise l’exemple de Craig Venter lors du séquençage du génome. Américain jusqu’au bout des ongles, Anderson oublie que les techniques de Venter ont été mises au point par Daniel Cohen au Généthon. Américain et moderne : les sources importent peu et les sciences n’ont pas d’histoire. Utilisant les techniques de Cohen, Venter s’est mis en tête de publier toutes les séquences génomiques possibles. C’est en fait assez simple : on utilise des algorithmes pour produire des gènes théoriques dont on ne sait rien et surtout pas s’ils existent. James Watson, le découvreur de l’ADN, affirme qu’un singe pourrait faire ce travail et c’est assez juste. Venter va jusqu’au bout en prétendant que chaque séquence génomique ainsi trouvée par ses machines doit représenter une espèce nouvelle.

Bien entendu, c’est complètement faux. Pour qu’une espèce puisse exister, il ne suffit pas qu’elle ait un génome particulier. Il faut aussi que ce génome lui permette de vivre (condition 1) avec les conditions écologiques dans lesquelles il est apparu (condition 2). Il est certain que des dizaines de milliers de génomes séquencés par Venter sont déjà apparus sur Terre depuis des millions d’années que les gènes mutent, puis ont disparu soit tout bonnement parce que leur combinaison était léthale (condition 1), soit parce qu’ils n’apportaient aucun avantage évolutif dans les conditions écologiques de leur apparition (condition 2). Et donc, on s’en fout. Ils n’ont aucun intérêt en tant que génome c’est à dire en tant que moteur de l’évolution. La base du génome, c’est sa survie puisque sans elle, il ne peut plus muter. Et que, par voie de conséquence, les milliers de génome issus de sa mutation n’apparaîtront pas. Sauf dans la bibliothèque de Venter ce qui suffit à prouver l’inanité de son travail.

Anderson se trompe et un point suffit à le prouver. Voilà des dizaines d’années que les météorologues compilent des milliers de données et les moulinent dans les plus gros ordinateurs disponibles. En trente ans, nous sommes passés de la prévision à trois jours à la prévision à cinq jours, et pas toujours fiable. L’accumulation des données n’a pas permis de mettre en place les modèles pertinents. Pire même : de cette accumulation n’est sorti aucun modèle. Rien ne s’est dégagé. Attendons cependant : si Anderson a raison, ça arrivera peut-être un jour. On reste en droit de douter.

Anderson a raison sur un point : les deux voies de recherche sont inconciliables. On en a parlé six mois avant Le Monde mais on aurait pu en parler plus tôt encore. L’article d’Anderson me donne raison, ce que je craignais. Il n’y aura pas de retour en arrière. La voie décrite par Anderson est la voie de la facilité. On délègue aux machines le soin de tracer les chemins de la réflexion. En écrivant ça, j’ai bien conscience de la dimension morale que j’affecte à la question. La voie de la facilité. C’est du langage de curé. Mais, je n’en ai pas d’autre à ma disposition.

Le conflit est générationnel. James Watson, c’est ma génération. Les gens de ma génération apprécient les outils informatiques mais continuent à réfléchir comme au XIXème siècle. Les jeunes générations s’appuient sur l’outil pour réfléchir. Je peux araser une butte qui gêne ma vue avec une brouette. Je le ferais mieux et plus vite avec un bulldozer. Sauf que la mise en œuvre du bulldozer, son transport sur les lieux, les coûts que cela suppose peuvent rendre économiquement stupide son utilisation. Auquel cas, je peux renoncer à araser la butte. Ce faisant, je soumets une question esthétique (ma vue est gênée) à une contrainte économique. La quantification à outrance n’est rien d’autre que l’affirmation de la primauté de l’économique.

On en a déjà passé les prémices. Il existe une classification des maladies en fonction de leur occurrence. En deçà d’un certain seuil, la maladie est dite « orpheline ». En clair, il n’y a pas assez de malades pour justifier d’un effort économique. Pour les zélateurs d’Anderson, cela signifie qu’il n’y a pas assez de données pour que l’outil soit performant. Ils n’imaginent pas que la maladie orpheline puisse servir de clef à la compréhension de maladies non orphelines.

C’est un conflit générationnel, c’est à dire un conflit de civilisation. La génération Venter veut balayer la génération Watson. Ajoutons que Venter plait à Anderson car il brevète à tour de bras les séquences génomiques découvertes par ses machines. Ce faisant, il est cohérent, fonctionnel et utilitariste. C’est un épicier du vivant comme Anderson est un épicier de l’algorithme.

Anderson nous donne donc deux clés du monde en construction : la première, on la connaissait déjà, c’est l’absolue primauté de l’économique qui est en train d’envahir le dernier territoire préservé, la recherche scientifique. La seconde, c’est le désir de la génération montante d’éradiquer les modes de réflexion de la génération au pouvoir. Conflit parfaitement dialectique et donc marxiste. Rodrigue ne fonctionnait pas autrement et Doubrovsky l’a parfaitement montré.

Mais on a de la chance. En face de ce modèle purement américain, nous avons un modèle contraire, chinois. Même si l’on veut admettre que la Chine n’est pas marxiste, on se doit de souligner deux points. Le premier est que le politique y prime sur l’économique. Le second est que le conflit générationnel n’y existe quasiment pas car la Chine vénère l’âge et l‘expérience. On peut relire Javary pour s’en convaincre. Un troisième point pourrait être l’ancrage dans le réel d’une civilisation dégagée de la religion mais pas de la spiritualité, alors que l’autre, profondément religieuse et fort peu spiritualisée, s’obsède sur le virtuel

Face à face, front contre front, deux modèles de civilisation s’affrontent. Tout les oppose. Laquelle vaincra ? Car ne nous leurrons pas, il s’agit d’une bataille pour la domination du monde.

Les événements les plus récents nous donnent quelques indications. Les armées capitalistes sont bloquées devant le Stalingrad de la crise financière. Les états-majors accumulent les données mais aucune solution ne sort des batteries d’ordinateurs mal programmés. Les enfants d’Anderson s’envoient des statistiques à la figure. Les yield managers lissent des chiffres en espérant que Google fera apparaître la solution et l’enverra sur nos smartphones. Pour y aider, ils vont mettre des bougies devant la photo de Steve Jobs. Bougies livrées avec les Smartphones par les fabricants du Guangdong.

On va bien voir comment ça finira…

samedi 3 décembre 2011

FORMATAGE

J’interviewe une jeune responsable politique. Je la piège malicieusement et elle s’énerve. En gros, ce qu’elle me dit, c’est que j’ai pas posé les questions qui intéressent le téléspectateur. En fait, elle me reproche de ne pas avoir posé les questions qui lui permettraient de se mettre en valeur. Elle pense que ce qu’elle a à dire est intéressant et elle voudrait que je lui serve la soupe. Avant l’interview, elle a décidé que son programme intéressait le téléspectateur et il ne lui vient pas à l’idée qu’il pourrait totalement s’en foutre. Elle croit faire de la communication quand elle ne fait que du babillage. Dès qu’on sort du formatage qu’elle a du répéter avec son coach, elle est larguée.

Il faut dire qu’elle a de drôles de notions. Elle est persuadée qu’il y a une opposition irréductible entre Boudon et Bourdieu (ce qui reste à prouver) et elle parle du « classico Boudon-Bourdieu » comme s’il s’agissait d’un match de foot. Il ne lui vient pas à l’idée que ceux pour qui « classico » est un terme pertinent ignorent tout des deux sociologues alors qu’il ne viendra jamais à l’idée de ceux qui s’intéressent aux différences (et non à l’opposition) entre Boudon et Bourdieu de parler spontanément de « classico ». Elle doit s’imaginer faire populaire. Hors plateau, elle s’étonnera d’ailleurs que j’ai lu Boudon qu’elle juge incompatible avec Mao Zedong. Selon elle, on ne doit lire que ce qui va dans le sens qu’on désire. Ne pas s’intéresser à l’adversaire, ne pas lire ce qui est différent. Elle n’a certainement pas lu Sun Zi, non plus, qui impose de connaître au mieux ce qui sous-tend la pensée de l’autre.

C’est la base du formatage. Ne lire que ce qui va dans mon sens, accumuler les arguments et les statistiques qui étoffent ou étayent ma pensée. Ce qui conduit immanquablement à lire des livres répétitifs, à entrer dans le babillage, à imaginer que la répétition est la base de la communication. Une contre-vérité inlassablement répétée devient vérité. Il suffit de coller des éléments de langage dont on est persuadé qu’ils apportent la nouveauté nécessaire. C’est ainsi qu’elle me parle de son idée forte : l’allocation d’autonomie pour les étudiants. Une allocation mensuelle qui viendrait remplacer l’ensemble des aides. En fait, c’est une bourse. Elle refuse le terme : il est ancien, il donne à sa réflexion une connotation rétrograde. Et quand on lui demande la différence entre une bourse et son allocation, elle est incapable de donner une réponse cohérente. Normal : elle a juste changé le mot. Elle peut simplement me dire que la bourse était versée aux parents alors que son allocation sera versée à l’étudiant. Ben, c’est pareil : la bourse était versée aux parents jusqu’à la majorité. La différence est que l’âge de la majorité a changé.

Je suis injuste. Elle n’est pas seule à avoir ce fonctionnement. Tous les jeunes responsables politiques de tous bords fonctionnent ainsi. Ils ont des mots-phares. Démocratie, par exemple et son adjectif démocratique. Quand ils disent « démocratie », ils pensent suffrage universel. Le suffrage universel est devenu l’alpha et l’oméga de la démocratie. Il est nécessaire (c’est exact) et suffisant. Sauf qu’il n’est pas suffisant. Quand un pays pratique la discrimination religieuse, il n’est pas démocratique. Tout simplement parce qu’il ne peut pas l’être dans la mesure où il met à part la fraction laïque de sa population. Même après sa révolution, la Tunisie qui conserve l’Islam comme religion d’Etat n’est pas démocratique. Il n’y a pas de place pour un chrétien dans sa loi fondamentale.

Quand on dit ça, on se fait rabrouer. Tu chipotes ! Une monarchie constitutionnelle est une démocratie. Ben non. Une monarchie constitutionnelle est une monarchie. Et une monarchie n’est pas une démocratie. Ou alors, les mots ne veulent plus rien dire. Dans une monarchie, y’a un môme qui nait et les autres mômes, nés le même jour, sont ses « sujets ». C’est comme ça qu’on dit. Si ça, c’est démocratique faut m’expliquer le sens du mot « démocratique ». Ouais, bon, les rois n’ont plus le pouvoir absolu. Pas absolu, d’accord. Mais quand même, la Queen elle touche tous les ans sa liste civile. On prend un bout des impôts pour l’entretenir. Si en plus, tu me dis qu’on l’entretient à rien faire, on peut se poser des questions.La démocratie,c'est quand tout le monde bosse pour gagner sa vie. Pas quand certains bossent pour entretenir les autres. Au nom de quoi ? Inutile de me faire le coup populiste du "on entretient bien les députés". Les députés sont virables, pas la Queen.

On vit dans une grosse merdouille sémantique. Pour le dire mieux, nous pensons avec une polysémie confortable. Quand tu dis « démocratie », tu penses « suffrage universel ». Si t’as le suffrage universel, c’est suffisant. Ben non. Dans la démocratie, il y a l’idée de république, l’idée de laïcité, l’idée d’égalité. La minette républicaine, elle m’affirme que je fais de l’ethnocentrisme. En clair, j’ai une vision européenne de la démocratie qu’on ne peut pas imposer au monde entier. Après quoi, elle affirme que les Chinois, c’est caca vu qu’ils ne sont pas démocratiques. Bon, c’est une république, populaire et laïque, mais pour elle c’est pas démocratique. Alors qu’une monarchie religieuse, c’est démocratique. Dans la foulée, elle me balance les droits de l’homme en croyant que les droits de l’homme c’est pas « ethnocentrique ». On est dans la bouillie épistémologique.

On le retrouve dans le discours PS du moment. Les immigrés peuvent voter dans la mesure où ils paient des impôts. En bon français, ça s’appelle le suffrage censitaire. On a déjà connu ça, sous la Restauration. Tu ne pouvais voter et être élu que si tu payais des impôts. Clairement, c’est le pouvoir aux riches. Payer des impôts, ce n’est pas, ça ne doit pas être un critère politique. Si on va au bout du raisonnement, on donnera le droit de vote aux immigrés fiscalement à jour. Beh non ! c’est pas ce qu’on a voulu dire. Pourtant, c’est ce que tu as dit. Tu dis ce que tu as pas voulu dire mais tu ne dis pas ce que tu n’as pas voulu que je comprenne. Par hasard, tu me prendrais pas pour un con ?

En fait, tout est déconnecté. C’est vrai que l’ethnocentrisme est un danger. Il est difficile d’imposer à la Terre entière les valeurs nées en Europe à l’ère des Lumières. Par contre, il est normal et judicieux d’imposer à la Terre entière un système économique né au même endroit à la même époque. La mondialisation économique, c’est tout bon. La mondialisation politique, c’est caca. Peu à peu, les valeurs économiques remplacent les valeurs politiques. Si ça fait du pognon, on peut s’arranger. C’est juste une question de mots.

Cette semaine, il y a eu des grèves en Chine, nous dit la télé. Non. Il y a eu des grèves à Shanghaï. Dans la partie capitaliste de la Chine. Ceux qui ont suivi ce blog depuis ses débuts savent bien que ce n’est pas pareil. La Chine, c’est un pays deux systèmes. Depuis sa création par la Petite Bouteille, la partie capitaliste est condamnée (http://rchabaud.blogspot.com/2010/10/la-petite-bouteille.html ). Les grèves et les révoltes ouvrières sont programmées. Quand il sera temps, le gouvernement chinois remplacera « un pays, deux systèmes » par « un pays, un système » et je tiens le pari que ce système ne sera pas capitaliste.

On peut toujours jouer avec les mots, on peut toujours oublier que les mots n’existent que pour décrire le réel. On peut toujours penser que changer le sens des mots, c’est changer la réalité. Sauf que ce n’est pas comme ça que ça marche. Le monde matériel est cruel.

On en reparlera….