mardi 5 décembre 2017

LE TOFU ET LE DDT

J’ai déjà été manipulé. Mais l‘histoire la plus belle reste celle du DDT. Pour nos jeunes amis, j’avais vingt ans et une sensibilité écologique. A la suite de la sortie du livre de Rachel Carson, je me laissais embarquer dans la lutte anti-DDT Manifs, tractages, pétitions, la lutte était internationale. La planète était menacée, surtout sa composante essentielle, les hommes. On a gagné : le DDT fut interdit.

C’est après que les langues se délièrent. Le DDT avait été breveté par la société suisse Geigy. Or voilà t-y pas que le brevet allait tomber dans le domaine public. Fin des bénefs pour les helvètes qui s’évertuaient pour mettre sur le marché de nouvelles molécules. La condition essentielle était que le terrain soit libre. Il l’était. Et il semblait évident que la coalition internationale avait été fomentée et peut être financée par l’adversaire dont nous étions la dupe.

Alors, depuis, je me méfie des grands mouvements d’indignation. Je regarde avec curiosité les vegans, par exemple. Tous ces gens qui semblent être sortis de leur terrier pour me vilipender. Je ne doute pas de leur sincérité, je doute de leurs arguments. Je sens à l’œuvre une main invisible.

Les grands capitalistes de la bourse ne sont pas des anges mais pas non plus des imbéciles. Ils analysent froidement le marché avec leurs complices de la grande distribution.

Tout commence avec des analyses économico-écologiques. La viande coûte cher à produire. En plus, les vaches pètent. Oui, ils sont allés jusque là, le calcul de la flatulence bovine dans l’effet de serre…Mais ce n’est que le plat de résistance…On y ajoute les conditions d’abattage, un poil de conditions d’élevage, on joint le canard aux cornus. Se profile l’image de l’horreur carnivore. Déjà, les plus faibles basculent

La stratégie est claire. Les blocs de tofu laissent de meilleures marges que la côte de Charolais tout au long de la chaine. Consommer du tofu enrichit Nestlé et Carrefour (et les autres). Cependant, la demande doit venir du consommateur. Il se méfie le consommateur, il a pas envie d’enrichir Nestlé ou Carrefour, ni même les autres. Mais on ne lui dit pas l’essentiel : le légume est pas vraiment traçable. Carrefour a plusieurs centrales d’achat en Chine, mais aussi en Espagne et au Maroc ; Dans tous ces pays, le légume a tous les avantages : Peu cher à produire et à conditionner, peu contrôlé et susceptible d’être jugé sur sa mine, il laisse des marges confortables à toutes les époques. Le végétarien rend l’actionnaire heureux.

Et donc, l’actionnaire va créer le végétarien. Il va faire de lui le héros du monde nouveau, un monde où les bénéfices seront garantis grâce au tofu. Plus tard, on verra..

Quand la viande aura disparu, il sera temps. On analysera les méfaits du tofu. Il y en aura, ce sera du tofu industriel.

Les tarés de L214 se croiront dans le camp des vainqueurs, avec plein d’autres. Et ce sera vrai.. Ils auront du mal  à comprendre les mécanismes de leur victoire. Les marionnettes ne voient jamais ceux qui les manipulent.

Etre vegans en ce début 2017, c’est être fourrier du CAC40…
On en reparlera