lundi 5 décembre 2016

VIVRE AVEC SON TEMPS

Je commande un carton de six bouteilles de vin. Non loin de Saint-Sebastien. En gros à cinquante kilomètres de chez moi. Au bout de quatre jours, ne voyant rien venir, j’envoie un mail poli et le vendeur, tout aussi poli me donne un numéro de suivi et le site qui me confirmera la livraison.

Et là, je tombe de cul…comme on dit chez moi.

Le colis a d’abord été envoyé de Saint Sébastien à Bilbao. Une bonne centaine de kilomètres dans l’autre sens.

Puis de Bilbao au hub européen de Garonor. Neuf cents kilomètres et on peut supposer que de Bilbao à Garonor le camion a emprunté l’autoroute qui passe à Bayonne. Et donc, il a bien fallu qu’il revienne et fasse dans l’autre sens quelques huit cents kilomètres. Il l’a fait avec une halte au dépôt régional de Niort, puis à Bordeaux.

Jadis, aux temps où personne ne se préoccupait du réchauffement climatique, lorsqu’on voulait envoyer un colis de Saint-Sebastien à Bayonne, on téléphonait à la SEUR qui le livrait le lendemain après avoir parcouru 50 kilomètres.

Il faut vivre avec son temps. Certes. On n’en a pas  d’autre à disposition. Mais il faudra m’expliquer comment a évolué le secteur des transports pour qu’il soit moins onéreux de transporter un petit colis sur 2000 kilomètres plutôt que 50. Bien entendu, le site du transporteur affirme maitriser le CO2 mais on me permettra d’être pour le moins dubitatif. Je suis bien certain que la rentabilité, elle vient de calculs statistiques bien complexes, d’une exploitation sérieuse des chauffeurs et des magasiniers ( il y a quand même cinq ruptures de charge).

Le sentiment qui me taraude est qu’on nous prend, encore une fois, pour des cons. D’abord parce que on n’a jamais le choix du transporteur. Tu commandes et tu perds la main. On pourrait me demander si je préfère que ma commande soit expédiée par chemin de fer, par exemple.

Aucune chance que ça arrive.. Con comme je suis, je serais capable de préférer la SNCF, retirant ainsi le pain de la bouche des transporteurs qui engraissent Vinci, Total ou Eiffage. On serait peut être nombreux à faire ça ? Et on pourrait détruire le bel édifice prévu par Macron et aidé par Fillon, à base de privatisation, d’autobus.

Imaginez … on serait quelques milliers à faire ça ? il faudrait peut être rouvrir des lignes, embaucher des cheminots et former des chefs de gare ? Va savoir.. Le peuple est capricieux et il aime emmerder les gouvernants. Et puis où irait on ? On va ouvrir le train à la concurrence, c’est pas pour donner le choix mais pour le restreindre…


On en reparlera

samedi 26 novembre 2016

MEYMAC, BERCEAU DE LA COMMUNICATION POLITIQUE

L’abbé Breuil avait coutume de dire que le berceau de l’Humanité était un berceau à roulettes, signifiant ainsi qu’on ne pouvait assigner un lieu à ce qui était complexe.

Voilà longtemps que je pensais qu’il en allait de même pour la communication de masse, surtout politique. Genève à cause de Saussure, Paris pour Gustave Le Bon, Nuremberg pour Goebbels. Plus les innombrables universités d’où sont sortis de passionnantes recherches.

Hé bien, non. La communication politique est née à Meymac, ravissant bourg de Haute-Corrèze. Il faut que je vous raconte.

A la fin du XIXème siècle, les Meymacois sont pauvres. Certains se lancent alors dans le courtage ce qui est courageux vu que Meymac ne produit rien. Rien de vendable, s’entend.

Nos Corréziens partent sur les chemins et vont, notamment en Belgique, vendre du vin de Bordeaux. Les plus riches achètent des barriques à Saint Emilion ou Pomerol et mettent le vin en bouteille. Les moins riches commencent par vendre les bouteilles et se débrouillent ensuite avec les autres pour assurer la livraison.

Mais déjà, nos colporteurs savent qu’il leur faut une légitimité. Ils se munissent donc de belles cartes de visite où ils indiquent dans l’adresse « Meymac-près-Bordeaux ». Le « près » correspond à 300 kilomètres mais vu de Bruxelles ou de Namur, ça peut passer.

Et ça passe !!! Meymac devient incontournable dans le négoce bordelais. Pourquoi s’arrêter en si bon chemin ? Les plus riches se font construire de belles maisons (pas trop ostentatoires, le Corrézien est plus près de ses sous que de Bordeaux) qu’ils baptisent « châteaux », comme à Bordeaux, afin de compléter l’adresse. Parfois, un client débarque et s’étonne de ne pas admirer de beaux rangs de vignes. Qu’à cela ne tienne, la réponse est toute prête : « Les vignes ? Mais quand le temps n’est pas beau, on les rentre pour les protéger ».

La vérité oblige à dire que les Meymacois investissent dans quelques propriétés autour de Pomerol ou Saint-Emilion, histoire de s’assurer l’approvisionnement. C’est ainsi que Pétrus, La Conseillante, Angélus ou Cheval-Blanc deviendront fiefs de Corrèze.

J’ai appris l’histoire à Meymac, avec quelques vieux Corréziens, autour de jolis flacons de vin des gorges de la Vézère, véritable AOP corrézienne qui mérite qu’on s’y intéresse. La moitié des interlocuteurs trouvaient  l’histoire intéressante (d’autant que l‘Office de Tourisme s’en est emparée), l’autre moitié affirmait que les « vieux » étaient des escrocs, sympathiques et rubiconds, mais profondément malhonnêtes.

La lumière se fit quand une voix rocailleuse crut trancher le débat : « Ben, c’est une tradition. Regarde l’autre Normand qui se fait passer pour Corrézien. Rouen, c’est plus loin que Bordeaux quand même ! »

Ben oui. La vérité, on s’en fout dès lors que le mensonge l’habille bien. D’un seul coup, j’ai compris pourquoi le département a donné deux Présidents à la France. Quand on réussit à se faire élire par des gens qui savent déguiser ainsi la géographie, pourtant la chose la plus infalsifiable du monde, toute carrière est permise.

Et donc, pour 2017, on a du bol, on n’aura pas de candidat corrézien. Sauf si Juppé nous explique qu’il est maire de Bordeaux-près-Meymac ce qui serait un joli retour des choses.

Dans la foulée, je suis allé à Combressol, berceau de la famille Pécresse. Elle n’y est pas allée. On a eu du bol !


lundi 17 octobre 2016

LE BASTIAT DU PAUVRE


Je l’aime bien, Agnou. C’est une bonne libraire quand elle veut.

Là, elle s’est plantée. Elle m’a refilé une daube, alors je vous préviens. Et je vous explique.

Vendons les Parisiens. Le titre est sympa, même si on se demande pourquoi vendre un truc qui ne vaut rien. Normal. Le mec est un ancien d’HEC, il sait l’importance du titre. Et ça l’emmerde pas que le titre soit faux. C’est juste de la com.

Les Parisiens, pour lui, c’est les hauts fonctionnaires qui appliquent les directives gouvernementales. Notamment les ingénieurs des Ponts et Chaussées qui cherchent à nous enfler avec la LGV Bordeaux-Bayonne. Ça fait vingt ans que ça dure, vingt ans que Victor Pachon et ses copains d’Ortzadar se battent contre. Lui, c’est un converti récent, il ne dit mot des luttes anciennes. Acceptons la conversion au nom de St Paul et de Claudel.

Déterminons le lieu de parole. La Madone de Didier Picot, c’est Agnès Verdier-Molinié. On le voit, on est loin de la Révolution en marche.  D’ailleurs, l’ultra-libéralisme, il est globalement pour. Il croit écrire un pamphlet mais le style n’y est pas. Picot, c'est pas Daudet ou Béraud. Tout ça est bien poli, bien élevé, comme on peut l’attendre d’un mec d’HEC passé par Airbus qui a lu Verdier-Molinié plutôt que Boudon. Je vais vous dire un truc : Boudon, c’est un bon marqueur épistémologique, un penseur qui a passé sa vie à expliquer que la prise de décisions rationnelle était impossible. Et donc, tous les décideurs ou pseudo-décideurs enlèvent Boudon de leur boîte à outils intellectuelle. Même s’ils aiment à parler de l’effet pervers, notion inventée…par Boudon !

Et donc, notre pamphlétaire mou écrit près de 300 pages pour nos expliquer, dans le droit fil de sa balise intellectuelle, qu’il faut baisser le nombre de fonctionnaires. Les « hauts », parce que même les couillons ultralibéraux ont compris que, plaider pour la baisse du nombre de fonctionnaires c’était prendre dans les dents les policiers et les instituteurs ce qui est contreproductif. On se limite donc aux « hauts », préfets et énarques, comme le faisait déjà Poujade. Ceci pour mettre les choses en perspective. Et donc notre Picot (petite pièce destinée à être enfilée dans un trou prévu à cet effet) ne  tape que sur ses homologues, anciens élèves de grandes écoles. Lui, c’était le commerce et, comme tout actuel commerçant, il gomme l’histoire de son commerce. Alors, piqûre de rappel.

Airbus, qui l’a fait vivre et lui permet une retraite tranquille, n’est pas, à ses débuts une entreprise aéronautique classique. C’est une entreprise d’Etat, créée et gérée par de hauts fonctionnaires issus de l’ENA et l’ENAC (c’est l’équivalent des Ponts et Chaussées pour les avions), une entreprise d’Etat (horreur !) destinée à concurrencer une entreprise privée (horreur !!!) américaine (horreur !!!!!). Le mec, il crache sur ce qui l’a fait vivre pendant quelques années et aujourd’hui encore. Il a pas honte….

Ben oui. De Gaulle a réuni des entreprises nationalisées (notamment Sud Aviation et Nord Aviation) pour se faire Boeing. Il a mis les sous de l’Etat dans une entreprise dont le but avoué fièrement était de changer les règles de la concurrence. A ce propos, et à propos de la LGV, les ingénieurs de RFF, en ce moment, bossent pour préparer l’ouverture de nos lignes aux concurrents étrangers. Mais, ça, Picot, il en dit pas un mot, vu qu’il est d’accord comme sa gouroue Agnès. (Je préfère ce barbarisme qui m’évite de dire maîtresse, afin de ne pas prêter à confusion).

Négociateur, je suppose que la petite dent a vendu des Airbus aux Chinois. C’est à dire à de hauts fonctionnaires (en Chine, l’aéronautique est monopole d’Etat) qui se sont empressés de décortiquer les bestioles pour leur donner une descendance. C’est pas copier, c’est juste donner à son pays les armes pour se défendre. Incompréhensible pour les fadas de la mondialisation. Là, la petite dent s’énerve. Comme si les transferts de technologie n’avaient pas été sécurisés !!! Vous nous prenez pour des bambins !! Laissons tomber la colère et attendons. Il en ira de ça comme des moteurs de Safran ou du TGV, sans parler du Rafale…Les copiages apparaitront avec le temps. Voilà quarante ans que la Chine achète pour combler son déficit technologique. Y’a que Raffarin qui s’en est pas rendu compte.

Picot, il aurait pu se rendre compte que ses clients chinois utilisaient des armes que nous Français, pas très malins, avons rangé au magasin des accessoires : la planification, le nationalisme industriel, l’intervention de l’Etat, corollaire des deux autres, la maîtrise de la monnaie et des banques. Qu’en trente ans, ces armes avaient permis aux Chinois de devenir la première économie mondiale tandis que nous régressions parce que nous les avons abandonnées. Les théoriciens ont une obligation de résultat et les résultats du libéralisme ne sont pas glorieux.

Et donc le livre n’est qu’une énième resucée de l‘infect péan à la gloire du divin  marché. Je sais ce qui a plu à Agnou : le brouet a été mitonné à Urrugne, à la maison quasiment. Mais à ce compte, il eut été plus légitime de me proposer les œuvres du bayonnais Frédéric Bastiat qui a planté les premières pousses de ce chiendent : garantir aux marchands une liberté qu’ils n’ont jamais utilisé que pour tromper.


On en reparlera…

dimanche 28 août 2016

LILIANE ET LES NICHONS

Il y a quarante ans, Le Gendarme de Saint Tropez faisait un carton en narrant la chasse aux seins nus par les gendarmes. Aujourd’hui, les mêmes gendarmes s’obsèdent sur les seins couverts. Deux bornes temporelles comme marqueurs d’un changement social qui demande analyse.

Les seins nus étaient alors la première étape de la libération de la femme du pouvoir « phallocrate » (terme inventé par les lumpenlacaniennes de Psy et Po pour définir le pouvoir bénéficiant aux hommes) On trouvait dans l’aile marchante de ces combattantes, beaucoup d’intellectuelles comme Hélène Cixous ou Luce Irigoyen, quelques pseudo-intellectuelles groupées autour d’Antoinette Fouque, les passionarias de Psy et Po déjà nommées et l’habituelle piétaille des sous-bibliothécaires désséchées, des enseignantes racornies et des libraires sous-vitaminées auxquelles souvent le saphisme tenait lieu d’analyse politique.

Ce discours était un copié-collé de l’analyse marxiste où le godemichet remplaçait Das Kapital et acquit bien vite le statut de discours dominant car il ne vint à l’idée de personne que le capitalisme n’avait pas de sexe comme le prouvait déjà le statut de Madame Bettencourt. Dès lors, la cause des femmes remplaça la cause des peuples et la libération de la femme tenait lieu de lutte des classes.

En quarante ans, de lois en décrets, la société s’est féminisée, parifiée, les seins nus ne sont plus un combat valide et les anciennes actrices du porno ont désormais le statut d’intervenantes culturelles, personne n’imaginant que s’appeler Lahaie est un simple appel à se faire sauter. Et on s’excite sur le burkini.

Les sociétés ont une obligation de résultats. La « phallocratie » avait bâtie l’industrie française, mis sur pied un système scolaire performant, conquis un immense empire colonial et assuré un réel développement économique du pays. Le bilan de 40 ans d’anti-phallocratie, ce n’est pas que  le burkini, c’est surtout 10% de chômeurs, des enfants illettrés à l’entrée en sixième, des médias stupides et une société plongée dans le gnangnan de la télé-réalité. Comme souvent, on s’est trompé d’adversaires et on protège Liliane Bettencourt, femme plus que capitaliste ou Elizabeth Badinter, femme plutôt qu’adversaire politique. Bref, nous avons plongé dans la vaginocratie.

Bien entendu, le capitalisme s’est marré. La féminisation offrait de nouveaux marchés ou élargissait les marchés existants tandis que l’essentiel n’était pas mis en cause. Les femmes acceptaient les salaires indécents dont elles avaient besoin et les conditions de travail qu’elles n’étaient pas en mesure de refuser. Déjà, dans Germinal, les femmes rejetaient la grève….

Le burkini est dans la droite ligne : on parle plus des femmes que de l’islam. Elles sont mal les femmes musulmanes, vu qu’il est interdit de « stigmatiser » leurs mecs. Le féminisme baisse le voile, ce n’est plus qu’un moyen de cession et non un moyen de pression, une manière d’évacuer la guerre. Dans le droit fil d’une partie de la pensée féministe qui voit les femmes du côté de la vie qu’elles donnent. Peut être, mais dans l’éternelle lutte, c’est toujours la mort qui gagne. Choisis ton camp, camarade.

Ceci est juste une graine de réflexion. Il est des moments où un bilan est utile. Qui le fera ?

En attendant, vous pouvez lire Chloé Delaume dont le dernier livre Les Sorcières de la République montre la prise d pouvoir des femmes et les catastrophes qui s’ensuivent. Du moins si j’ai bien compris, vu que l’écriture en est féminine et expérimentale et donc inaccessible à un vieux phallocrate comme moi.

On en reparlera…


samedi 30 juillet 2016

TRADITION ET MARKETING

Je ne vais plus aux Fêtes de Bayonne. Trop vieux me dit ma nièce.

Non. Ce qui me rend littéralement fou, c’est la mésutilisation d’un discours auquel j’adhère et qui n’est qu’un discours. De le bouillie de mots, gerbée par les bouches et les plumes ; entre deux vomissures de vin ou d’encre. Surtout chez les journalistes et les politiques, repris par la vox populi qui ne sait rien faire d’autre. Discours axé sur la tradition, le territoire, la singularité locale. Que des mots à la con utilisés par des commentateurs à la con.

Parlons en de la tradition. Tiens, en musique, par exemple. Jadis, qui se promenait aux Fêtes de Bayonne, entendait des chansons basques et gasconnes, régénérées par quelques créations, de Luis Mariano aux Pottoroak. Je croisais, Michou, Henri et Tonton venant chanter « c’est à Baba », dans tous les bistros qui leur offraient à boire. Fantou et son orphéon (les piteux stylistes disent banda pour faire couleur locale) intercalait Nino Rota dans les paso-dobles et c’est vrai que la musique de La Strada est une musique de rue. Passons sous silence les innombrables chorales, les gaitas de Tintin et les gitans venus de Glain avec leurs guitares parfois fêlées. La fête naissait de ces improbables mélanges désormais remplacés par l’omniprésente techno et les émules anorexiques de David Guetta. Avec en prime des karaokes où l’on convoque Louane, Girac et Beyoncé. Jeter sur tout ça le manteau de la tradition me paraît pour le moins osé. Les Fêtes de Bayonne se mondialisent, restant des fêtes, mais sans Bayonne.

Bien entendu, il en va de même pour un autre de nos pôles culturels : la bouffe. Non, je ne dirais pas « gastronomie ». Ce serait donner du poids aux frites grasses et aux sandwiches piteux vendus à des prix scandaleux. Disparus les sandwichs à l’omelette ou à la ventrèche, disparues les assiettes de chipirons et les amoncellements de jambon. On va vers le pire : la nourriture étriquée et banalisée.

On habille les vêtements des oripeaux de la tradition. Jadis, les fêtes étaient l’occasion de se vêtir de la chamarra bleue, disparue au profit des insignes des requetes. Les Bayonnais ont remplacé le vêtement de travail du peuple par le rouge et blanc des troupes du général Mola, instigateur de la révolte de la Navarre contre le Front populaire. Je suis dans l’obligation d’admettre que c’est plus joli, mais c’est également lourd de sens et, en aucune façon, « traditionnel ».

Les fêtes de Bayonne sont récentes puisqu’elles ont été créées dans les années 1930. Elles venaient se surajouter aux véritables fêtes traditionnelles, des fêtes patronales qui honoraient au début de Mars, Saint Léon, patron de la ville. La pseudo-tradition a remplacé les processions en l’honneur du saint, par des mômeries autour d’une caricature.

Entendons nous bien : peut être que c‘est mieux. Ou pas. Mais vouloir faire croire aux gogos venus du Vésinet ou de Pont-à-Mousson qu’ils participent à une vieille tradition, c’est de l’escroquerie. Ou du marketing, ce qui est la même chose. Ils ne le peuvent tout simplement pas : ils ne mangent pas comme nous, ne boivent pas comme nous, ne chantent pas comme nous. Ils sont étrangers à nous et leur seul intérêt est la manne financière qu’ils font pleuvoir sur la ville. Surtout sur les bistros. Le fric qui pleut sur mes copains pendant les Fêtes, les aidera à conserver les prix sages dont je me régalerai quand les gogos seront repartis.

Et donc, je ne vais plus aux Fêtes. Parce que ce ne sont plus mes fêtes. En les ouvrant aux amateurs de Guetta et de Louane, on m’en a dépossédé. Etre victime d’un vol à l’arraché, ce n’est pas drôle, mais y retourner, c’est du masochisme.

Surtout que ma chère ville est d’abord janséniste, secte qui n’a jamais supporté le mensonge ou l’approximation. C’est juste une question de dignité. Et oui, j’ai connu des Fêtes de Bayonne dignes.

Mais ça, c’était avant….

lundi 27 juin 2016

PROTECTION

Bien, voici les Anglais qui nous quittent. D’aucuns affirment qu’ils n’ont jamais vraiment été là.

Les discussions s’enflent. Pourquoi ? Pour qui ? Quelles conséquences ?

Cherchez pas les mecs.. Des Anglais du Brexit aux manifs de la CGT, c’est la même route. La route de ceux qui veulent remettre la Nation au centre du jeu politique. Bon, sortez l’étiqueteuse. Ringards, fachos (ou assimilés), frileux, conservateurs, vous avez le choix des épithètes. Vous le choisirez bien conforme à votre idéologie personnelle.

Moi, j’écoute et je n’entends qu’un mot : « Protection ».

Le choeur des peuples n’en sort pas. Face aux flux de toutes sortes, aux envahissements programmés, face aux changements souvent brutaux, les citoyens n’ont qu’une question : qui va nous protéger ? Question que les politiques, protégés de tout, sont incapables d’entendre, et, a fortiori, de comprendre.

Ce qui me fait revenir à Esteban de Zilueta qui apostropha Louis XV : « Dans un royaume bien tenu, le fort protège le faible ». Le fort, le plus fort, c’est l’Etat aujourd’hui et c’est vers lui qu’on se tourne. Mais l’Etat est aux abonnés absents et ne répond plus. En tous cas, il ne répond plus dans la langue que peuvent comprendre les citoyens, laissant le champ libre à ceux qui savent. Pis encore, il laisse entendre qu’il est là pour protéger les forts.

Le citoyen est peut-être bête (il ne parle pas la langue de ses maîtres) mais il n’est pas idiot, d’autant que l’expérience lui sert de guide. Il sait, pour l’avoir vécu, qu’un accord d’entreprise est plus menaçant qu’un accord de branche au nom de cette antique vérité que la force d’une chaîne dépend de son maillon le plus faible. Et que, en général, les syndicats d’entreprise sont moins virulents que les autres. Dans le bloc syndical, le maillon faible, c’est « l’autonome », qui l’est pourtant si peu. Alors, le citoyen renâcle car il sait (le plus souvent confusément, je devrais dire « il sent ») que la protection diminue.

Longtemps, il a cru que ce que l’on était convenu d’appeler « la gauche » allait renforcer cette protection. Les vieilles lunes ont la vie dure mais nous voici au pied du mur. Pour d’obscures raisons, ce qu’il reste de la gauche s’est mis entre les mains du divin marché comme n’importe quel trader de seconde zone, et le marché n’aime les pauvres que comme consommateurs. Consommateurs passifs.

Et voici que le peuple, bras faiblement armé de la démocratie, se met alors à regarder ailleurs, vers des horizons improbables ne figurant sur aucun portulan de conduite des Etats. Le peuple cherche des voies nouvelles pour se protéger puisque les remparts tombent les uns derrière les autres. Le peuple est un enfant : plus on va lui dire que c’est pas bien, que c’est pas la bonne direction, plus il va s’entêter. On n’a pas fini d’entendre pleurer sur la démocratie.. Surtout ceux qui contribuent à l’assassiner.

On en reparlera certainement

mardi 19 avril 2016

MULTICULTUREL

Ça, c’est le truc à la mode. Faut être multiculturel. Ça me va. A 17 ans, j’ai quitté ma province biculturelle pour entrer aux Langues O’, histoire de mieux comprendre les cultures des autres. Après quoi, j’ai passé quarante ans de ma vie à écrire, éditer et vendre des livres qui traitaient des autres cultures. Je me sens pas trop multiculturel pour autant. La seule culture que je maîtrise à peu près, c’est la mienne, la culture française des temps modernes. Les temps anciens, je m’efforce, mais on n’a qu’une vie. Les autres, j’ai des notions. Tiens, le taoïsme : j’ai juste passé un an dessus, avec Madame Vandier-Nicolas. Ça te donne un vernis, mais guère plus.

Forcément, j’ai un peu voyagé. J’étais (je suis toujours) un compagnon de voyage chiant. J’admire peu, j’aime peu. Je commence toujours par faire la biblio avant d’acheter le billet. Et sur place, je dissèque. Et je me méfie des spécialistes au moins autant que des autodidactes nuls.

Tout ça pour dire que les tenants du multiculturalisme qui tirent leur savoir d’une lecture rapide de Lonely Planet, me font doucement rigoler. Leur vision du multiculturalisme, c’est une accumulation de poncifs enrobée dans les bons sentiments. Juste un exemple : voulant aborder la civilisation islamique, j’ai commencé par aller voir le premier spécialiste vivant du Coran pour qu’il me conseille une traduction fiable vu que les choses évoluent et que j’en étais resté au bon vieux Blachère. Chaque fois qu’un mec me fait chier avec le Coran, je lui demande ses sources.. Vous pouvez me croire, la traduction de Madame Masson est rarement en première position.

Si j’ai fait ça, c’est parce que je m’étais aperçu que le multiculturalisme est un immense pipeau. En novlangue, ça désigne uniquement la teinture qu’ont de l’Islam les intellos bobos. En fait, une manière d’intégrer l’islam à la culture française. Un biculturalisme. Les plus accros y ajoutent une teinture africaine, toujours tirée des populations qui nous fréquentent, nos anciens colonisés, Africains de l’Ouest et souvent musulmans, ce qui a l’avantage de renforcer la position des multiculturalistes. Les autres peuples, les Africains pas musulmans, tout le monde s’en fout.

Le multiculturalisme, c'est une manière de nous faire avaler un brouet dont nous ne voulons pas. Une sorte de pâtée bien pensante pour nous obliger à respecter des gens pas respectables. Comment ? Tu respectes pas l'islam ? Non. En général, je ne respecte pas les religions, elles dévalorisent l'homme. Et donc on commence par me coller l'islam dans la pâtée culturelle et on refile la boulette dans le multiculturalisme

La culture musulmane est passionnante. Le problème, c’est que la grande majorité des Musulmans est d’une inculture crasse ce qui ne facilite pas l’échange. Que, depuis des siècles, des centaines de penseurs, souvent de haut niveau, aient disséqué leur religion pour mieux la comprendre, ils s’en foutent. Tu me diras, les chrétiens ne savent pas non plus ce qu’est un nestorien. C’est la limite du multiculturalisme : des centaines de gens incultes se balancent des arguments à la con sur des sujets dont ils ne savent rien et dont ils ne veulent rien savoir.

Le bistro a gagné. Le babillage a gagné. Une seule parole redondante, balbutiante, répétitive, vide de tout sens.

On peut toujours partager le vide. Et le multiculturalisme est vide. C'est juste un mot pour virer le cochon des cantines.

On en reparlera.

lundi 18 avril 2016

TIRER SUR L’AMBULANCE


Putain que c’est bon !! Je repense à une planche de Reiser où un boxeur en prenait plein la gueule et qui s’achevait par un quasi-orgasme de Gros Dégueulasse. Que c’est bon !!

C’est un « critique gastro ». Il perd peu à peu tous ses appuis. Et vous savez ce que c’est ? Moins t’es soutenu, plus t’es faible. Quand le mec était au top, tu pouvais rien dire. A l’époque, je bossais dans la collecte d’adresses. J’étais vérifié. « Comment, tu n’as pas vérifié ses adresses ? ». Si, mais elles me plaisent pas. Même si tu bossais pas avec lui, t’avais intérêt à pas le contrarier. Ton rédac’ chef y veillait.

Bien. Un jour,je reçois un coup de biniou d’une copine de l’OT de Soule. IL venait. IL voulait découvrir le patrimoine gastronomique et authentique de la plus belle province du Pays basque (ça, c’est pas lui, c’est moi, la Soule est une merveille). Et la copine m’appelait parce que je devais l‘aider, moi qui avait l’habitude des journalistes de la capitale.

Et donc, je lui ai conseillé de l’emmener chez Battitou Etchebarne. Au pied d’Ahusky, l’auberge de Battitou était la Mecque des gras doubles à la basquaise dont Battitou était l’ayatollah respecté et reconnu. Je l’avais interviewé et il m’avait expliqué, avec sa faconde, que les gras doubles à la basquaise étaient supérieurs aux tripes normandes par la longueur de leur préparation ou par le nombre d’aromates mobilisés. Il était intarissable et j’ai oublié l’essentiel.

J’avais un produit authentique, un vrai spécialiste, un discours cohérent : pour moi c‘était gagné.

Sauf que j’étais encore trop jeune. Quand le chantre de l’authentique est arrivé chez Battitou, le cuisinier revenait de l’abattoir et s’était mis en devoir de nettoyer les tripes. Et donc le gastronome de la France profonde a eu l’obligation de pénétrer avec ses pompes bien cirées dans une salle qui sentait … la merde !!! Et ce fut le scandale. Il devait attendre plus de décorum, une invitation autre. L’OT de Soule s’en souvient encore. Moi aussi car l’engueulade descendit en cascade et j’en eus ma part.

Première leçon : l’authentique ne l’est que s’il ne l’est pas. Tout ce qui fait la cuisine traditionnelle authentique, le sang, le gras, la merde, doit être occulté.

Deuxième leçon : une adresse n’est bonne que si elle génère du chiffre. Un plouc dans la montagne n’a aucun intérêt.

C’était jadis. Battitou a presque fermé. L’auberge est ouverte deux jours par semaine. Et j’ai cru exploser le jour où j’ai vu dans un restaurant basque près du métro Dupleix : le mardi gras-double de Battitou. Il doit continuer à nettoyer ses tripes pour le bonheur de tous. L’opinion d’un gandin parisien, un GP, il s‘en fout.

Tout le monde s’en fout, en fait. A part un mini-microcosme composé de son éditeur, de son imprimeur et de sa secrétaire. L’écume des mots semble s’évanouir. Sauf qu’un ou une autre viendra reprendre le discours du pseudo authentique, viendra expliquer ce qu’il ne sait pas à ceux qui en savent encore moins mais qui sont si nombreux (les ignorants sont majoritaires) qu’ils forment un marché.

CP disparaît mais le ventre est fécond. Je vous rassure : il sera remplacé.

Battitou, ce sera plus difficile.

samedi 16 avril 2016

POLICE ET DROITS DE L’HOMME


Revenons aux textes. Déclaration des Droits de l’Homme, article 7 :

Tout citoyen appelé ou saisi en vertu de la Loi doit obéir à l’instant. Il se rend coupable par la résistance.

Voilà qui est clair. Pas la peine de sodomiser les diptères : si un policier t’interpelle et que tu te dérobes, tu es coupable.

Il faudrait le rappeler plus souvent. Par exemple aux parents du môme tabassé par les policiers auxquels il venait de lancer des projectiles : par son attitude de refus de la loi, il devenait coupable. On pourrait le rappeler aussi à tous ceux qui se barrent quand ils sont interpellés, même dans un transformateur. On appelle ça un « délit de fuite » et celui qui commet un délit est un délinquant. Si l’interpellation n’est pas conforme aux droits de l’homme, c’est autre chose, la justice s'en chargera. Et on ne peut pas mélanger les deux ou exciper de l’un pour excuser l’autre. On ferait un mélange fort peu juridique.

Y'en a plein, ils s'imaginent que les confrontations, c'est comme à la télé. Ho ! pépére. En face de toi, t'as un mec équipé, protégé, entraîné. Si tu lui mets un coup, y'a juste une chose dont tu peux être sûr : le gnon qu'il va te retourner, ça sera un gnon de première classe. Si t'en veux pas, tape pas le premier. Ou alors, assume. Prends tes responsabilités.

Moi, j’aimerais simplement que ceux qui s’abritent sans cesse derrière les droits de l’homme (y compris en inventant des droits si ça leur parait utile) reviennent au texte et admettent que la révolte devant la Loi est un délit, parce que défendre un délinquant, c’est le boulot des avocats pas des simples citoyens (sauf au bistro, mais c’est autre chose).

Pas la peine d’aller vérifier le texte et de m’emmerder avec le texte de 48 par rapport au texte de 89. Le texte de 48 n’a aucune valeur juridique vu que c’est le texte de 89 qui forme le préambule de la Constitution française, notre loi fondamentale. Si ça te convient pas, tu peux choisir un député qui changera les choses. Mais si t’aimes les droits de l’homme, faudra faire avec.

Mais les flics n’ont pas tous les droits !!! NON. Mais ils ont tous les droits que tu leur a délégués. En votant. Ils ont tous les droits que tu leur confirmes chaque fois que tu vas pleurer au commissariat parce qu'on t'a piqué ta bagnole ou qu'on a vandalisé ton jardin. N’oublie pas cette vérité : personne, même pas toi, et surtout pas toi, ne peut vénérer une chose et son contraire.

Et les droits de l’homme, c’est pas saucissonnable. Si t’es pour, tu admets l’article 7. Sinon, t’es contre.

Et moi, ce que je crois, c’est que t’es contre.

On en reparlera

vendredi 15 avril 2016

LA MARQUE ET LE TERRITOIRE – AU VOLEUR !!!

Le hic dans le fonctionnement d’Atout-France, c’est l’appropriation des territoires par le biais du nom. Le Ministère des Affaires Etrangères a créé 20 « marques-territoires ». Passons sur le fait que ces « marques » ne sont pas définies : à qui appartiennent-elles ? Tous les spécialistes s’accordent à dire que leur utilisation doit être collective. Sur les aspects juridiques, c’est le flou absolu.

Dans la mesure où il s’agit de promouvoir le territoire, la marque-territoire est une marque commerciale. D’où les premières questions : qui va la déposer ? à qui va t’elle appartenir ? qui va en contrôler l’utilisation ?

La marque choisie est Biarritz-Pays basque. Est elle indissociable ou pas ? Si Mauléon veut faire des affiches avec Mauléon-Pays basque, est ce que Biarritz contrôlera la marque et pourra l’interdire ? Ce point est fondamental et pas seulement pour le tourisme. Il est hors de question que Biarritz contrôle l’utilisation du syntagme Pays basque. En caricaturant, on pourrait imaginer que l’EPCI Pays basque devienne l’EPCI-Biarritz Pays basque !! Il faut que ce point soit formellement éclairci et que la municipalité de Biarritz renonce à tout contrôle sur le second syntagme de la marque, même en cas de désaccord.

Imaginons. L’Aviron Bayonnais remonte en Top 14 et s’y défend valeureusement. Un sponsor s’engage à condition que l’équipe devienne Aviron bayonnais-Pays basque. Peut on l’interdire ? Je pose la question parce que la marque pourrait être un moyen détourné de revenir à une fusion que tout Bayonnais sérieux refuse. Je crois même que cette marque sera utilisée à de telles fins.

Bien entendu les brandeurs officiels vont expliquer que ce sont de fausses questions (un brandeur – avec un D pas un L – est un spécialiste de l’utilisation des marques) et qu’on s’arrangera toujours en jouant collectif. Sauf que jouer collectif quand un joueur a l’atout dans sa manche, ça ne marche pas.

Les oppositions sur les marques à l’INPI sont essentiellement basées sur le « parasitisme » du déposant, i.e. sa volonté d’instaurer la confusion dans l’esprit du public. Parasitisme. On ne saurait mieux dire.

Comme le coucou, Biarritz a déposé ses œufs dans le nid du Pays basque. Désormais, c’est à tout le territoire de se mettre à la disposition du parasite. Les vases communicants sont prêts pour que Biarritz siphonne à son gré la culture basque en fonction de sa politique et de ses besoins. C’est ça qui nous pend au nez. Un vol en bande organisée. Depuis 1994 (c’est la date donnée par Sud-Ouest), la mairie de Biarritz vérifie les horaires de la diligence. L’heure est venue du grand dépouillement. On t’a reconnu Veunac, enlève ton bandana.

Depuis deux/trois jours, des responsables me posent la question : qu’est ce qu’on peut faire ? J’ai envie de leur dire : c’est un peu tard. Mais ce serait faux. L’heure est au sursaut et à la bagarre. Qui passe par des démissions, des coups de gueule et plus si affinités. Je ne ris pas : quand on se fait dépouiller, il faut réagir. S’allier avec le diable ou cogner tout seul. Je verrais bien Bayonne déposer à l’INPI la marque Bayonne-Pays basque, histoire de filer un coup dans la fourmilière. De les obliger à sortir du bois. Tiens, je pense à la gueule de MAM si Saint-Jean-de-Luz se trouve interdit de marque basque !! Avec Chantaco inclut dans une offre golf Biarritz-Pays basque !!! Ça, elle y aura droit, la blonde.

Le moment est parfaitement choisi. Tous les élus basques sont penchés sur le berceau de l’EPCI. On peut donc leur faire les poches sans douleur, personne ne réagira. Quand ils se congratuleront d’avoir un EPCI Pays basque, ils auront perdu le Pays basque. Du grand art !!!

A mes amis responsables politiques, je n’ai qu’une chose à dire : quand on ne bouge pas, c’est qu’on est d’accord. Vous allez entendre tous les lénifiants propos qu’on prodigue dans ces cas. Ne vous inquiétez pas. Ça se passera bien. Pensez à Voltaire qui disait du pal que c’était un supplice qui commençait fort bien et finissait fort mal. Ça se passe toujours bien au début. Quand ça fait mal, c’est trop tard.

Et vous ne pourrez pas dire que vous ne le saviez pas.




mercredi 13 avril 2016

LA MARQUE ET LE TERRITOIRE

Alors, là, j’en reviens pas. Mon quotidien consacre une double page à mes deux sujets favoris : le tourisme et le territoire. Deux sujets auxquels j’ai consacré trente ans de ma vie et pas mal de travaux.

Je suis pas déçu : cette double page est un ramassis de poncifs pseudo-modernes, d’à-peu-près et de stupidités endoxales, sous couvert d’interviews pontifiantes des communicants impliqués.

Posons le problème : Atout-France, ramassis de sciencepotards chargés de faire la promotion de notre pays a choisi pour chez moi la marque Biarritz Pays basque, comme « marque-ombrelle » pour attirer, chez moi (j’y insiste) les flux touristiques du monde entier. Ce que décide Atout-France, tout le monde s’en fout. Quoiqu’ils fassent, la France est et restera la première destination touristique du monde. On peut avoir un gouvernement qui déconne, des terroristes qui terrorisent et des serveurs qui crachent à la gueule du client, c’est comme ça. Le monde entier veut venir en France. Donc, Atout-France n’est pas un argument.

Il faut donc que l’inutile promotion passe par une marque (ombrelle mais le mot est tellement con…) et les sciencepotards d’Atout-France ont décrété que seule la marque Biarritz avait un pouvoir fédérateur !! C’est logique : le choix a été fait depuis Paris par des gens qui ne savent rien du territoire Pays basque.

Toutes les études montrent que le tourisme en Europe sera, dans les années qui viennent, un tourisme patrimonial et culturel. D’ailleurs le communicant en chef l’exprime : la destination doit avoir un totem, le plus souvent architectural. Après avoir évoqué le Guggenheim et la Tour Eiffel, les connaisseurs autoproclamés arrêtent leur choix « totémique » sur l’Hôtel du Palais, pastiche Second Empire d’un bâtiment Renaissance. Alors qu’à côté, là où il y a un vrai patrimoine, à Bayonne, ils avaient le choix entre un château médiéval, celui du Prince Noir et une cathédrale gothique inscrite au Patrimoine de l’Unesco. On ne joue pas dans la même catégorie !!

Il est vrai que culturellement et patrimonialement, Biarritz est d’une immense vacuité, un simple discours mis en scène par des édiles sympathiques et arrogants. Je vais vous raconter, depuis le début : quand Napoléon III arrive s’installer à Biarritz, c’est un minable village et l’Empereur est persuadé que, comme le lui a dit Jules Labat, Biarritz est « un quartier excentré de Bayonne ». Napoléon a amené avec lui son cartographe privé qui va lever les plans dont auront besoin les architectes. Bien entendu, c’est un Bayonnais, mon trisaïeul. Les Bayonnais sont légion autour de l’Empereur : ses banquiers, Pereire et Henriques, son confesseur, Lacroix de Ravignan, son violoniste Delphin Alard,. La cour va faire ses achats à Bayonne où se trouvent pâtissiers et chocolatiers. Biarritz fournit les cochers et les chambrières.

La fiction de Biarritz ville impériale va naître après la guerre de 14-18 quand la bourgeoisie parisienne s’emparera des débris du Second Empire pour se mettre en valeur. Relire Irène Némirowsky.

Mais le patrimoine reste à Bayonne, tout comme la vie culturelle autour du Conservatoire et de l’Ecole de Dessin. C’est à Bayonne que se rendent les quelques Biarrots désireux d’acquérir des bases culturelles.

Nous sommes au cœur de la problématique des territoires qui ne sont pas des morceaux de sol analysés hors sol, mais de complexes entrelacs de données géologiques, de relations humaines et d’informations historiques. Enlever du territoire cette dimension humaine diachronique, c’est le vider de son sens. C’est le nier.

Les communicants des maires de Biarritz assènent le dernier argument, le plus récent et le plus stupide. Il parait que Biarritz viendrait spontanément sous les doigts des pianotants internautes. Sur quelle base ? Qu’en dit Gougle ? Les fêtes de Bayonne attirent chaque année plus d’un million de personnes, les Chinois se goinfrent de jambon de Bayonne et Bayonne serait une occurrence inférieure à Biarritz ? De qui se moque t’on ? Est-ce que quelqu’un a fait une recherche sérieuse ? Je suis prêt à parier que Bayonne arrive avant Biarritz dans les recherches sur Internet.

Ce qui me désole, c’est qu’on va coller le syntagme Pays basque à Biarritz alors même que les plus effrénés des indépendantistes s’évertuent depuis des années à faire de Bayonne la capitale du Pays basque. On va mettre mes copains souletins sous le bonnet des bobos surfeurs.

Ce qui me désole, c’est que le processus est en marche depuis vingt ans et qu’aucun des responsables de l’OT de Bayonne n’ait vu venir le coup. Ho ! les mecs ! on vous dépouille et vous fermez vos gueules ? Où êtes vous, Lauquet, Cazaban, Arandia ? Votre silence me vrille les tympans !!

En plus le con-municant en chef expose avec componction que le territoire est le dernier avatar de la mondialisation. Ben non. Le territoire est au cœur de la réflexion géographique depuis des siècles, celle qui se construit sur les bassins versants et les données géologiques, mais aussi sur les rapports commerciaux et les stratégies matrimoniales. On est loin du sens de la synthèse des sciencepotards qui éliminent ce qui les gêne et ce qu’ils ignorent.

On va voir. Moi j’attends que le maire et la députée, main dans la main, aillent voir Atout France pour lui dire que leur marque, on va la refuser. Que leur ombrelle, ils peuvent la replier. A Biarritz, on déploie des ombrelles, à Bayonne et au Pays basque on ouvre des parapluies.

J’engage tous ceux qui approuvent ce texte à m’écrire. Il faut remettre l’histoire au cœur de notre tourisme. Le balnéaire, c’est du sable et on ne construit pas sur le sable.

On en reparlera...


jeudi 10 mars 2016

TROC PARTICIPATIF

On n’y coupe plus. La marée monte. L’activité contemporaine doit être « participative » ou « collaborative ». C’est quoi ? Faisons la courte : c’est un moyen de faire des économies en baisant la collectivité.

Quoi ? Qu’est ce ? Encore un vieux con qui ne comprend rien au monde moderne. Ben voyons !! Le vieux con, il a regardé les jobs collaboratifs et participatifs et il les a classés en deux catégories :

1/ le travail au black

2/le retour du troc

Tu prends un taxi. Le mec, il a une plaque, une licence, il a passé un exam (payant), lui et sa voiture sont contrôlés. Ouais, mais Hubert c’est moins cher. Evidemment. Le chauffeur d’Hubert, il est autoproclamé, il a pas payé son exam ou sa plaque, il est le plus souvent auto-entrepreneur et donc, il paye pas les mêmes charges qu’un artisan. Quand tu prends Hubert, tu payes moins cher parce que tu te sers sur les rentrées de l’Etat. Tes économies, c’est moi qui vais les payer. Moi et tous les autres cochons de payants. Parce que je rêve pas : tu vas pas cesser de te soigner et soigner tes mômes, tu vas pas renoncer à tous ces services de l’Etat qui te font la vie plus facile. Non, tu veux le beurre et l’argent du beurre, payer moins cher ET bénéficier de la Sécu. OK, c’est pas vraiment du black.Encore que quand tu baises l'Etat...

T’as besoin de déménager. Sur le net, tu trouves des déménageurs participatifs. Si, si ça existe, c’est moins cher. Là, c’est du black complet.

Tu loues ton appart par RBINBI. Tu vas le déclarer ? Bof, pour une fois.. Et si c’est un échange, je suis sûr que tu déclareras pas plus.

Suffit de faire le tour de l’économie numérique, d’aller voir tous ces sites où on te propose un mec pour faire ton jardin et que toi, tu fasses son courrier. C’est du troc, ni plus ni moins. Des ruses pour gruger l’Etat.

Attention : j’en ai rien à foutre. Ce qui me gonfle, c’est de voir des trucs anciens repeints avec du vocabulaire moderne et qu’à cause du vocabulaire, ces vieux trucs semblent neufs. Comme l’autre rital avec Meetic. Un inventeur !! un moderne !!! Tu parles !! Simoncini, c’est rien de plus que Madame Desachy, une agence matrimoniale qui file des coordonnées de gonzesses à des mecs en mal d’amour (et vice-versa). Certes, l’instrument est moderne, mais l’activité est bien vieille. Les sites de vente, c’est Manufrance (en moins bien), ni plus ni moins vu que l’e-business, c’est jamais que de la VPC. Et le participatif, c'est du troc. J'avoue, c'est moins chic.

Mais avec le côté déterritorialisé qui fait que tu niques plus facilement le contrôleur qui a du mal à contrôler les ventes d’un site installé en Patagonie au profit d’une société immatriculée aux Bahamas. Parce que faut pas croire, y’a pas que les gros qui cassent la transparence.

Tout ça, le participatif, le collaboratif et le numérique en général, c’est rien que de la poudre aux yeux. Ça crée moins d’emplois que ça n’en détruit ça produit moins de richesse qu’on peut le croire.

La seule question qui vaille est : quand verra t-on que le roi est nu ? Que la seule différence est la rapidité ? Les lettres, ça va plus vite que quand on allait à la poste. Et alors ? J’ai préparé (plutôt pas mal) et réalisé quelques dizaines de voyages dans le monde entier avec des lettres « spécial avion » et un téléphone fixe. C’était pas très compliqué à la seule condition d’avoir des partenaires fiables et de prendre le temps nécessaire. A la condition de déguster le voyage comme on déguste un grand vin ou un plat longuement préparé.

On en reparlera pas.

PS ; c'est pas d'hier..Rendons hommage à Jacques Maillot qui vendait dès les années 1970 des "voyages autogérés". Tu enlevais l'accompagnateur ou le guide et donc tu diminuais les coûts pour vendre plus cher vu qu'il y avait moins de contraintes. C'est beau le pouvoir des mots.

jeudi 3 mars 2016

MAL TOURNÉ

Dans la grande famille des conneries qui tournent en boucle dans toutes les télés, en ce moment, y’a celle là :

La jeune policière qui a été flinguée par des malfrats récidivistes a été victime d’un braquage « qui a mal tourné ».

C’est un tic de langage commun à tous ceux qui font profession de langage mais ne réfléchissent pas à ce qu’ils disent.

Car, enfin, bordel, c’est quoi un braquage qui a « bien tourné » ? Un braquage où il n’y a que des blessés ? Un braquage où les mecs se tirent avec le butin ? Moi, faut m’expliquer, je suis un peu demeuré.

Une opération qui a « mal tourné », c’est une opération qui a déçu les espoirs mis en elle. Les espoirs mis pas qui ? Par les hors-la-loi ? Cette expression signifie t’elle que les journalistes approuvent les braquages qui ont bien tourné ? A priori oui.

Ouah, me dit un copain, tu vois bien ce que ça veut dire !!

Non. D’abord quand on me parle, je ne « vois » pas, j’entends. Ensuite, je sais ce que disent les mots. Et là, l’expression « braquage qui a mal tourné », elle sonne comme une approbation. Voilà des braves mecs qui étaient partis pour un tranquille braquage où tout devait bien se passer, « bien tourner »et, pas de bol voilà que leur chemin croise celui de la police. La responsabilité des mecs est gommée. C’est la faute à pas de bol. Ou plutôt, dans ce cas précis, à la chkoumoun. Conservons la multiculturalité.

C’est à force de glissements de ce type que la société se délite. La responsabilité est atténuée, puis gommée alors qu’elle est à la base de la dignité de l’Homme. On finit par vivre dans un monde d’irresponsables non pénalisables. Pas de bol pour le môme qui agresse son prof, pas de bol pour le dealer qui a pas eu la chance d'avoir une famille qui l'aurait protégé. Le catalogue des excuses est sans fin.

Attention !!! ça ne va que dans un sens. Un braqueur qui tue un flic n’a pas eu de chance. Un flic qui tue un manifestant est un salopard.

Bon, on en reparlera…ou pas

jeudi 11 février 2016

HUGO ET LE CORBILLARD

C’est pas pour dire, mais il faut arrêter avec l’avalanche de sottises qu’on entend sur les transports scolaires depuis deux jours. C’est pourtant simple, il suffit d’ouvrir les yeux.

Jadis, quand j’étais petit, il n’y avait aucun accident de bus scolaires. Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de bus scolaire. C’était mieux. Il y avait des écoles. Des écoles partout, des écoles où on pouvait aller à pied, même quand il neigeait.

Or donc, depuis trente ans, au moins, au motif de faire des économies, des écoles ont été fermées partout. Il était moins onéreux d’organiser des transports scolaires. Ils étaient tous d’accord les ministres, Chevènement, Jospin, Lang, Bayrou, Allègre, Ferry, Peillon, Hamon et leurs conseillers.

Je passe sur les heures de sommeil enlevées à nos gosses. Forcément, quand t’as une heure de bus au lieu de cinq minutes de marche, tu dors moins. Pas grave, les parents sont certains que la faute en est aux rythmes biologiques déglingués par l’heure d’hiver (ou d’été, c’est selon).

Aucun de ces gros nazes n’a vu que, mettre des gosses sur la route pouvait représenter un danger. Au contraire, ça montrait qu’on savait gérer et organiser. Tuer aussi, parce que la route tue. Tout homme public qui a fermé une école a mis en danger la vie des enfants. Je crois que la mise en danger de la vie d’autrui est punissable.

Mais, meeeh, vont bêler les cuistres, on peut pas garder une école et un instituteur dans un village pour cinq mômes ! C’est trop cher !

Bon, ben c’est simple. Tu fais le total des économies, tu divises par le nombre d’enfants tués et tu obtiens le prix d’un enfant. Après quoi, je te laisse aller annoncer aux parents que le petit qu’ils vont enterrer il coûtait tant.

Surtout que le coût des transports scolaires étant pris en charge par la collectivité, je suis pas sûr que le prix soit si élevé. Faut voir.

C’est ça la gestion à courte vue, celle qu’on subit depuis que les polytechniciens ont remplacé les normaliens dans les ministères. Vous voyez pas la différence ? Un polytechnicien c’est un mec pour qui « il neigeait » est une explication climatique à un problème. Pour un normalien, c’est le début d’un poème de Hugo.

Remarque la suite du vers, c’est « on était vaincu par sa conquête ». Je trouve que ça va bien avec la circulation routière.

On en reparlera…

jeudi 4 février 2016

APATRIDE

On dirait une maladie honteuse. Pourtant, celui qui m’en a parlé le mieux, c’est Adrian, mon vieil Adrian à qui je rapportais du lomo chaque fois que mes pas m’amenaient sur les routes du Sud. Pas que du lomo d’ailleurs, mais ça nous entrainerait trop loin, du côté de Sanlucar de Barrameda et de l’usine Barbadillo.

Adrian avait été apatride. Il en était fier. Tout comme sa femme. Ils avaient fui l’Espagne franquiste. Le Caudillo, c’était pas trop leur verre de fino. Arrivés en France, ils demandent l’asile. Pas de problèmes. Sauf que l’Espagne les rejette. Sont pas à nous. Quelque chose comme ça. Des fois, il suffit de pas répondre.

Nous, on accueillait les Espagnols mais eux, ils étaient plus Espagnols. Et donc vu qu’on pouvait pas les accueillir, ils ont eu leurs belles cartes d’apatrides. Parce que apatride, c’est un statut. Ils ont pu bosser, ouvrir leur cours de danse, avoir la Sécu, cotiser pour la retraite et même acheter leur appartement. Vu qu’on est un grand pays, on leur a même accordé le privilège de payer des impôts.

Le hic, c’était pour voyager. Parce qu’une carte d’apatride, c’est pas un passeport. Pour ce qu’on appelait alors le Marché Commun, pas de problèmes. C’était bien, vu qu’ils avaient des engagements dans les pays où il y avait des théâtres : Allemagne, Italie, Belgique…Le Zimbabwe leur manquait pas.

L’apatridie a duré un peu plus de dix ans. Ils ont fini par accéder à la nationalité française. Adrian s’en foutait. Il se sentait international. Si la danse avait été un pays, ç’aurait été le sien. Après la mort de Francisco, il aurait pu revenir. Mais voilà, comme il me disait : la mort ne change rien. Sous Franco, y’avait Fraga Iribarne et Aznar. Après aussi. Maintenant ma vie est ici.

En ces temps de discussions excessives, je pense beaucoup à Adrian. Forcément. A son séjour chez les privés de nation. Comment aurait il réagi ? Je suis bien obligé de constater que ceux qui hurlent après l’apatridie se retrouvent souvent dans les rangs des conchieurs de nations. Ho ! les mecs ! si la nation est insupportable, l’apatridie est un soulagement, non ?

Ou alors, c’est qu’on ne peut pas priver quelqu’un de nationalité parce que la nationalité est consubstantielle aux groupes humains.

Bref, j’ai le sentiment qu’on est, encore et toujours, dans le plus grand bordel intellectuel qui soit.

C’est pas vrai. Intellectuel suppose qu’on réfléchisse.

On en reparlera…