mardi 28 mai 2013

LA REDDITION DE BERLIN

La Prussienne turriforme qui donne des leçons à l’Europe, elle est tout aussi conne et à courte vue que ses copains. La voilà qui s’oppose au protectionnisme au motif de protéger l’industrie allemande qui fait des affaires avec la Chine. Elle refuse le protectionnisme pour se protéger !

Tous les commentateurs économiques, de François Lenglet à son pâle successeur, vous l’ont expliqué : Merkel veut pas qu’on embête les Chinois qui sont ses premiers clients. Merkel, elle a pas lu Clausewitz. Ni Sun Tzi. Elle pense juste à garder une économie présentable jusqu’aux prochaines élections. Et après ? Après, elle s’en fout.

C’est que les choses bougent. Tiens, tu prends Schiess. C’est un gros fabricant de machines-outils germanique. Racheté par le chinois SYMG qui l’a apporté au consortium SMTCL Ce consortium, c’est l’œuvre du gouvernement chinois qui est en train de regrouper toute son industrie de la machine-outil.

Et Kiekert ? Leader allemand et mondial du verrouillage des autos. Racheté par Lingyun. Dame ! La Chine est en train de bâtir son industrie automobile. Kiekert va aider Geely et les autres à bien fermer les autos chinoises.

Et Putzmeister ? Premier fabricant mondial de pompes à béton, mais pas que… Ils font aussi des pompes pour l’eau, pour les boues, bref pour tout ce qui se pompe. Ils nous pompent pas encore l’air, mais ça va pas tarder. Racheté par le consortium chinois Sany Heavy Industries.

Les Chinois, ils sont pas chiens. Ils vont pas délocaliser les usines comme ça Elles vont encore tourner en Allemagne un certain temps, produire et exporter. Notamment vers la Chine. Merkel, elle préserve la croissance immédiate.

Et après ? Après, ça va dépendre. Tous ces rachetés, ils sont avoir besoin de capitaux pour se développer. Pas grave, les Chinois en ont. On va bien s’apercevoir que produire sur place (je veux dire en Chine), c’est plus rentable, ça économise les coûts de transport, surtout si on veut vendre au Japon (c’est des pompes Putzmeister qui refroidissent la centrale de Fukushima). On fera de nouvelles usines en Chine. Ça enlèvera pas de boulot aux Allemands. Ça en créera pas non plus, mais bon, c’est moindre mal. La recherche va partir du côté de Wuhan ou Shenzhen. Année après année, on a le temps, le tissu industriel germanique va être détricoté. Merkel sera à la retraite, elle s’en fout.

Croyant protéger ce qui existe, elle se couche. C’est une reddition en rase campagne. Dans dix ans, l’Allemagne sera à genoux, toute son industrie aura les yeux bridés. Et vu qu’elle n’a aucun espoir démographique et qu’elle a sacrifié la recherche fondamentale à la recherche technologique, elle sera complètement dépassée.

Dans le même temps, elle nous donne une leçon : elle dit merde à Bruxelles. Ce faisant, elle plombe tous les industriels européens en se croyant maligne. Et les autres gouvernements (le nôtre en tête) s’écrasent.

Les Chinois se marrent : c’est trop facile. En rachetant toutes ces boîtes, ils rattrapent leur retard technologique et, en plus, on leur dit merci. Merkel, elle fait le grand koutou. C’est le mot pour « prosternation ».

Pourtant, elle est pas seule concernée. On en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.fr/2012/02/pourquoi-ghosn-se-plante.html). Quand Renault va développer ses futures voitures, faudra les fermer. Avec des serrures chinoises. Faudra des batteries. Chinoises aussi. Faudra des machines-outils. Encore chinoises. Toute notre industrie automobile va dépendre de Pékin.

Merci Angela. Quand je pense qu’il y a encore des jean-foutres pour admirer la politique allemande (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/01/laval-rebatet-brasillach-paquis.html) je me dis qu’on est vraiment trop cons.

On en reparlera….

mardi 21 mai 2013

CANET LONI


Alors, lui, il mérite la Palme d’Or du Poncif. Un frère flic, un frère voleur, celui-là, de poncif, il a au moins deux siècles. Y’a même des variantes. Chez Guy des Cars, par exemple : l’Impure. Une sœur au couvent, l’autre au tapin.

Guillaume Canet, le Guy des Cars du cinéma actuel. C’est pas neuf : avec Jappeloup, il nous avait quasiment refait Mon amie Flicka. C’est dans les vieux thèmes qu’on fait les meilleures recettes. Et homme-cheval, ça marche à tous les coups au moins depuis Alexandre Le Grand. Bon, moi je préfère quand le cheval se casse une patte et qu’il faut l’abattre et que le héros pleure sur de languides violons : une belle histoire doit mal se terminer. Il s’appelait Stewball…

Jappeloup, c’est sorti en pleine crise des lasagnes de cheval. Le télescopage aurait plu à Reiser, je pense. De là à surnommer le prince du stéréotype Canet-Loni, y’avait qu’un pas. Oserais-je le franchir ?

On vit sous la férule des bâtards improbables de Roland Barthes et Guy Debord. La société du spectacle embourbée dans le stéréotype. C’est sympa le stéréotype, ça marche vu que ça fait des siècles que ça marche. La seule question qui vaille : le stéréotype est-il création ? Parce qu’entre nous soit dit, refaire ce qui a déjà été fait, c’est pas superbement créatif.

Surtout que ça s’amenuise, ça s’anorexique, ça se dilapide, ça se merdifie. Tiens, prends un vrai thème bien stéréotypé : la bande de copains. Tu pars de Duvivier avec La Belle Equipe, tu descends quelques marches pour aller chez Sautet et tu finis avec Les Petits Mouchoirs. Remarque, t’es pas arrivé en bas. Y’en aura bien un pour faire pire. Duvivier, il avait magnifié un thème en lui donnant une profondeur sociale, Canet, il fait comme Truffaut , il choisit la profondeur de son nombril. Grâce à Closer, la profondeur du nombril de Canet est un sujet qui passionne les foules.

Je me souviens. La Nouvelle Vague et son souffle de liberté. Tu parles ! C’étaient juste des films qui parlaient de jeunes, alors les jeunes aimaient. Forcément. Enfin, ils aimaient ce qu’ils pouvaient comprendre : les aventures médiocres du médiocre Doinel. Godard, c’était moins évident. Et je te parle même pas de Jean-Marie Straub et Danièle Huillet. Je me souviens d’une projection d’Othon où on était pas dix…. Enfin, Straub et Huillet, c’était pas vraiment la Nouvelle Vague, il me semble, malgré ce qu’en dit Wikipédia.Et puis, ça avait un petit côté intello raide qui frisait le masochisme.

Bon enfin tout ça pour dire qu’on baigne dans le cliché le plus convenu, filmé de la manière la plus convenue, avec les dialogues les plus convenus. Bref, qu’on se fait chier au cinéma. Parce que quand t’as décidé de t’intéresser aux sentiments des hommes, le catalogue est étroit : je t’aime, je t’aime pas, tu m’aimes, tu m’aimes pas. Corneille et Racine ont quasiment tout traité. Pour faire moderne, tu pimentes en remplaçant le couple par deux hommes (ou deux femmes), mais ça reste pareil. Tiens 20 ans, c’est jamais que Le Diable au Corps, avec la dimension patriotique en moins. Une vieille qui baise un jeune. C’était déjà chez Stendhal…OK, Madame de Rénal, elle baise pas vraiment, mais c’est l’esprit.

Le talent, c’est de découvrir des nouveaux sujets. Ou de nouvelles formes pour des thèmes anciens. Tu vois le premier film de Spielberg, Duel, tu comprends à qui t’as à faire. A cette aune, dans la filmographie de Spielberg, y’a pas trop de déchets. Mon préféré, c’est 1941 : OK, ce fut un échec, je suis pas trop bon juge.

Ceci dit, quand je parle de société du spectacle, c’est vachement gentil pour tous ces films, vu qu’on n’y trouve aucun spectacle. Sauf quelques courses poursuites en bagnole, des braquages, des mecs qui flinguent, des trucs hollywoodiens qu’on trouve sur toutes les Nintendos du monde et qui n’ont rien à voir avec le spectacle. Je regrette le Jauréguiberry dans les bancs de Terre Neuve et Dufilho qui philosophe. Mais Dufilho n’est pas sur Nintendo. Le public va voir ce qu’il a déjà vu, c’est plus rassurant. Quand tu cherches pas la surprise, tu trouves jamais le talent.

Et puis, en période de crise, les bons sentiments ça rassure. Fait-on de l’art avec de bons sentiments ? et Jappeloup, est-ce de l’art ?… Poser la question, n’est-ce pas y répondre ?

On en reparlera….

dimanche 19 mai 2013

L’ITALIE SANS LES TOMATES

J’en ai un peu marre du discours convenu sur l’Italie, O sole mio, sauce tomate et Méditerranée aux îles d’or ensoleillées. Je vais vous dire un truc : Michel-Ange, Giotto et Rafael, ils n’ont jamais mis de sauce tomate sur leurs pâtes. Jamais. Vu qu’à leur époque, l’Europe ignorait la tomate qui n’est arrivée d’Amérique du sud qu’à la fin du XVIème siècle.

L’Italie, la vraie Italie, l’Italie historique, elle est structurée par deux chaînes de montagnes, l’Apennin et les Alpes et elle est tournée vers les Balkans et les plaines danubiennes. Elle s’appuie sur le parmesan qui est un fromage dur et pas sur la mozzarella qui est un fromage mou. Et quand elle a été unifiée par une maison royale, c’était la maison de Savoie. Pays alpin s’il en est. Avant, c’étaient les Habsbourg d’Autriche. Et voilà pourquoi l’escalope milanaise est l’équivalent exact de l’escalope viennoise. Au XVIIIème siècle, on mangeait à Milan comme à Vienne. Forcément, c’était le même pays.

Amusons nous à enfiler les sottises. L’Italie, c’est Rome. Rome, César, Auguste. Ha ouais ? Quand Rome commence sa carrière, brillante, je vous l’accorde, toute l’Italie au nord de Florence est gauloise. On appelle ça la Gaule cisalpine et Venise est la capitale des Vénètes. Vénètes que l’on retrouve à Vannes, en Bretagne. Je suis pas bien sûr que ce soit le même peuple, même s’il porte le même nom. Mais un peuple ou deux peuples, ça reste des Gaulois. Venise et Vannes, même combat. Le substrat italien est gaulois. D’ailleurs les Gaulois, ils ont mis au moins une belle pâtée aux Romains, avec un chef prestigieux, Brennus, l’homme du bouclier (ça, c’est pas vrai, mais ça pourrait). Raison pour laquelle, on a admis les Italiens dans le Tournoi des 6 Nations. Enfin, j’imagine. Bref, l’Italie (au moins au nord) est aussi gauloise que nous.

Jusqu’à Verdi, l’Italie, c’est une mosaïque. Au nord de Rome, structurés autour la vallée du Pô, quelques duchés dépendants de Vienne. Au sud de Rome, pas grand chose sinon la Sicile qui fut arabe, aragonaise, normande (dans le désordre). Jusqu’à Verdi, l’Italie, c’est le nord de la péninsule. Pour vous en persuader, relisez Paul-Louis Courier qui fut officier dans l’armée napoléonienne d’occupation dans les Pouilles et en Calabre. Il se plaint, le pamphlétaire, il rêvait d’Antique, on le colle au désert. Il n’y a de vie, et encore pas trop, que sur les côtes.

Regardons une carte si nous en sommes capables : cette opposition nord-sud n’est rien d’autre qu’une opposition entre le nord de l’Apennin structuré autour de la vallée du Pô et le sud de l’Apennin qu’aucun fleuve n’organise. Pays de montagnes-refuges qui favorise les petites structures claniques repliées sur elles-mêmes. Les Italiens le savent bien. Pourquoi vous croyez que leur mouvement politique le plus conservateur s’appelle Ligue du Nord ?

Cette opposition est climatique. Lourdement. Le nord de l’Italie est balkanique, ouvert sur l’est, à commencer par le climat. Il neige sur l’Adriatique (n’est-ce pas Fellini et la neige qui tombe sur Rimini au début d’Amarcord ?) comme il neige sur les Alpes. Les partenaires de Venise, ce sont d’abord les régions balkaniques. En reste comme témoignage le Quai des Esclavons, c’est à dire des Slaves (jusqu’au XVIème s. slave et esclave sont quasiment synonymes). Il n’y a pas à discuter : l’Italie historique n’est pas méditerranéenne, ni géographiquement, ni climatiquement, ni culturellement.

C’est l’Italie grecque ou gréco-romaine qui est méditerranéenne, essentiellement les côtes. Or, nous ne voyons de l’Italie que cet aspect méditerranéen, napolitain si j’ose dire. Naples, berceau de la pizza, insipide galette désormais symbole de l’italianité à cause des industriels de la malbouffe.
On ne regarde pas assez la cuisine. Regardez les livres de cuisine italienne, les myriades de restaurants italiens qui fleurissent dans nos rues. Cuisine italienne = tomate, pizza, basilic et mozzarella. Tout le reste est gommé, oublié, lessivé. La cuisine comme symbole de l’acculturation historique. Même la sauce bolognaise y passe : 90% de tomates et d’oignons et quelques grammes de viande. La nonna qui me l’a apprise en pleurerait. Dans la bolognaise traditionnelle, il n’y a quasiment pas de tomate. Il y a des oignons, des oignons jaunes, soyons précis, et trois viandes : bœuf, veau et porc. La tomate, pelée et épépinée, soyons toujours plus précis, c’est juste pour allonger la sauce. Trois ou quatre cuillères pour un kilo de viande Mais la tomate a gagné la guerre gastronomique : elle est même devenue l’ingrédient essentiel de ma chère piperade. Pourtant, piper ça veut dire poivron, pas tomate. On peut pas demander aux cuisiniers médiocres d’être de fins étymologistes. C’est bien la tomate : c’est pas cher et ça fait méridional. Que ce soit le légume le plus industrialisé et le moins écologique du marché ne gêne personne.

Je suis sûr que vous ne connaissez pas le cottechine, ce plat traditionnel de la vallée du Po. C’est une sorte de gros saucisson sans boyau. La farce est mise dans de la couenne de porc, pas trop fine qui est ensuite cousue pour donner une forme cylindrique. On met le cottechine à cuire dans une marmite de gros haricots de la région, assez semblables à nos Soissons. Comptez quatre à cinq heures pour que les arômes du porc viennent embaumer les haricots. On peut rajouter un peu de lard, comme dans le cassoulet. Le lard, ça tient au corps et ça fait de beaux enfants. Faites le test : pas un restaurant italien ne propose de cottechine et si vous demandez, le plus souvent, on ne sait même pas ce que c’est.

Ce qui me révulse, c’est de voir tous ces voyageurs ou prétendus tels qui se gavent de pizzas à Venise ou Milan. Demander de la pizza à Milan, c’est aussi idiot que de demander du pan bagnat à Caen ou de la flammeküche à Toulouse. Si c’est pour bouffer à Milan comme à Naples ou au Quartier Latin, autant pas y aller. Voyager, c’est lutter contre les idées reçues, apprendre les particularismes, affiner ses connaissances, revenir chez soi plus riche de savoir, plus empreint de subtilités, bref c’est se rendre différent. Je pars en Italie (ou en Espagne, peu importe) en croyant savoir et, sur place, je constate mes lacunes et je cherche à les combler, je perçois mes erreurs et je les corrige.

J’exagère un peu ; l’une des meilleures pizzas que j’ai mangées, c’est chez Antonio, à Asti, là où le Po quitte les Alpes et s’épand dans la plaine. Antonio, il n’a gardé que la pâte. Les garnitures, c’est des produits locaux. Comme il dit : « Les anchois, ici, y’en a pas ». Alors, il fait des pizzas aux champignons des bois ou à la truffe blanche. Comme il est bavard, il raconte, il explique. C’est facile de s’instruire quand embaume la truffe et que les arômes d’un vin capiteux vous caressent les narines. Le nez est si proche du cerveau…..

On en reparlera....

jeudi 16 mai 2013

LE CAS HUZAC (2)

Bon, il se représente. Toute la classe politique hurle à la honte, à l’indécence, à je ne sais quoi.

La classe politique ne montre rien d’autre que le gouffre qui la sépare du peuple, le peuple réel, le peuple qui vote. Tous ces grands couillons parlent pour leur image, pour les médias et le peuple se marre.

La vérité, c’est que le peuple se fout totalement des condamnations. Il a réélu Melick, Emmanuelli, Juppé, Tiberi et bien d’autres qui trainent à leurs fesses un paquet de procès, de condamnations, un gros paquet de casseroles dont il n’a rien à foutre.

Il cherche quoi, le peuple ? Un mec qui les défende et il se dit qu’un mec qui sait défendre ses intérêts saura défendre les siens. Il voit Cahuzac comme un gros malin, ou comme une mec intelligent qui gère bien son pognon. Et, par voie de conséquence, il en déduit qu’il saura bien gérer les affaires de la collectivité.

C’est pas bien ? C’est pas moral ? Parce que tu crois que la démocratie, c’est moral ? Ça devrait l’être, mais ça ne l’est pas. C’est comme ça. Hitler a été élu démocratiquement. Et bien d’autres.

La morale, personne n’en veut pour soi. Tu ne convoiteras pas la femme de ton voisin, ça veut dire « Touche pas à ma gonzesse, mais moi je veux bien baiser la tienne ». La morale, c’est pas naturel. Alors, si tu veux un régime vraiment moral, faut sortir la grosse trique. L’arsenal répressif comme disent les bien-pensants.

Et puis la collectivité qui vote, c’est pas la Nation. Dans un scrutin national, Cahuzac, il se ferait bouler. A Villeneuve-sur-Lot, il va passer les doigts dans le nez. Parce que les électeurs le connaissent. C’est quasi un copain. Et un copain, on lui pardonne. Même toi qui hurle à l’indécence, si Cahuzac était ton copain, tu le trouverais pas vraiment indécent. Tu dirais « Oui, bon, ben, il a fait une connerie » en montrant bien que le reproche, le vrai reproche, c’est d’avoir été pris.

A Villeneuve-sur-Lot, la plupart des gens se souviennent d’une poignée de mains, d’un mot gentil sur la santé des gosses, d’un coup bu ensemble. Faut bien le dire : la fraude fiscale, ça tient pas la route face à un verre de Plaimont bu avec le député.

Le problème des électeurs du Lot-et-Garonne, c’est pas la fraude fiscale. C’est les exploitations qui ferment, le cours de la tomate qui vacille, le chômage qui monte. S’ils ont le sentiment que Cahuzac peut les défendre contre ça, ils vont voter pour lui. Massivement.

D’autant plus massivement qu’il a été viré par Hollande et que Hollande ne les défend pas. Situation géniale, faut bien le dire. Cahuzac, il se paye une image de gauche sans faire partie de la gauche impuissante. Il est du côté de tout le monde. Les électeurs de droite le comprennent : s’ils pouvaient frauder, ils le feraient avec joie. Les électeurs de gauche, confusément, ils se disent qu’un mec lourdé par des incapables, il doit être capable.

Alors, la morale ? Ben, c’est à géométrie variable, comme le reste. La morale de chacun, c'est celle qui défend les intérêts de chacun. Il paraît que les sondages le donnent gagnant Cahuzac. Indécent dans le pays, gagnant chez lui. Ça montre deux choses.

Un, le territoire national n’est pas l’agrégation de multiples territoires locaux. C’était peut-être vrai sous la Troisième République. Ça ne l’est plus.

Deux, la province n’est pas la capitale. Tout les sépare, à commencer par les relations humaines. Et ce qui est vrai dans un studio télé parisien ne l’est plus sur une place du marché de Gascogne.

Cahuzac l’a bien compris. A Paris, on lui tourne le dos, à Villeneuve-sur-Lot, on lui serre la main et peut-être même qu’on lui tape sur l’épaule en le plaignant.

Avant de cogner sur Cahuzac, on devrait réfléchir. Pourtant, on le sait depuis longtemps : « Vérité au-delà des Pyrénées…. »

On en reparlera…..

lundi 13 mai 2013

LE SURFEUR ET L’AVALANCHE

Me voilà pris dans un tourbillon sur Facebook. Demago, salaud, insensible, pauvre type, ce sont quelques uns des qualificatifs que l’on m’applique. Rien de moins.

Tout ça parce que j’ai écrit que l’homme (Homo sapiens sapiens) n’est pas un animal marin. Il me semblait pourtant que c’était évident et que, même si je croise régulièrement des baleines sur les trottoirs de Paris, la différence entre une Américaine obèse et un bélouga saute aux yeux.

Du fait de son caractère terrestre, l’homme n’est pas fait pour le milieu maritime. Il faut bien s’y aventurer pourtant, pour pêcher ou pour naviguer, mais c’est alors une obligation et l’accident, fréquent, est accident du travail.

Il est malgré tout des hommes qui considèrent la mer comme un terrain de jeu, un lieu de plaisir. Dans un jeu, tout le monde le sait, seules comptent les règles du jeu. Dans le cas de la mer (ou de la montagne, on y reviendra), c’est le joueur qui fixe les règles en fonction d’un impératif : son plaisir. Son plaisir est de prendre des vagues ou de faire jaillir la poudreuse sous ses skis soigneusement fartés.

Or, mes bons amis, il est un ennemi du plaisir, et c’est la connaissance. Certains hommes ont des milieux hostiles, une vraie connaissance. Le plus souvent, ce sont des locaux, des gens qui vivent toute l’année au contact de ces milieux. Le surfeur ou le skieur hors-piste les considère au mieux comme des domestiques (des guides, des moniteurs), au pire comme des ploucs. Car, si vous regardez les statistiques, les noyés ou les enfouis sous une avalanche, sont le plus souvent des touristes, c’est à dire des gens modernes qui prennent leur savoir dans les prospectus d’un tour-operator et veulent rentabiliser leur mise. Pas question de perdre une heure chèrement payée.

Tout ceci pour dire que le surfeur mangé par un requin me laisse de marbre. Le requin est chez lui, pas le surfeur. Des gens compétents ont informé le surfeur, il n’en a pas tenu compte. Lorsqu’on dispose de tous les éléments et qu’on les dédaigne, on prend une responsabilité. Le jeu devient un vrai jeu, avec un vrai enjeu, le seul qui vaille, la vie. Et parfois, on perd.

Il fallait y penser avant. Phrase idiote. Avant, on ne pense pas. Ou plutôt on pense qu’on sait, qu’on est assez fort, que les emmerdes sont pour les autres. Autant dire qu’on ne pense pas, qu’on ne mène pas une vraie réflexion, qu’on se laisse emporter par le désir. C’est pareil pour les maladies vénériennes. Ou pour le tabac, me souffle mon addictologue favori. Exact.

Et donc, tout le monde cherche à ôter toute responsabilité au pauvre garçon qui laisse une veuve éplorée. C’est pas la faute au surfeur, c’est la faute à l’aquaculture, à l’abattoir, aux écolos, à qui vous voudrez. Au requin, même. Sur la route, c’est la faute à l’alcool pas au mec qui l’a librement ingurgité. Und so weiter…

Ce qui caractérise l’humanité, c’est la responsabilité. C’est pas religieux comme thème, même si on peut y déceler du libre-arbitre. C’est tout simplement une façon de se comporter, d’utiliser les instruments de connaissance pour apprécier les risques d’un comportement, les risques pour soi, les risques pour les autres.

C’est une façon d’être ensemble. La plus difficile parce qu’elle oblige souvent à modérer les envies ou à refréner les désirs. A combattre l’ego. Et c’est vrai qu’on y pense plus en vieillissant. L’expérience….

On en reparlera…..

vendredi 3 mai 2013

LE DEPUTE QUI MARCHE

Il marche, Jean Lassalle. Trente kilomètres par jour à la rencontre de la France des terroirs.

Mais pourquoi va t-il si loin ?

C’était si simple d’aller de la vallée d’Aspe à Bidache pour voir son copain Jean-Jacques Lasserre, symbolique créateur de Lur-Berri, vous savez ? la maison-mère de Spanghero, ceux qui trafiquent le bœuf pour en faire du cheval. Ou le contraire. Lasserre, sénateur, conseiller général, un des piliers de la mouvance Bayrou, la mouvance de Lassalle, précisément.

Après Bidache, dans la matinée, il aurait pu aller voir Barthélémy Aguerre à Luxe-Sumberraute, vous savez ? le président de Spanghero, l’homme qui a succédé à Lasserre à la direction de Lur-Berri, l’éleveur de bœufs qui sait pas différencier le bovin de l’équin.

Parce que tout ça, c’est copains et compagnie. Bayrou préside le conseil général avec Lassalle comme vice-président et puis il cède la place à Lasserre et Lassalle reste vice-président. Lassalle député et farouchement Modem. Lasserre sénateur et moins Modem, quoique… Et Aguerre suppléant de Lassalle. Vous suivez ?

Avec ce suppléant, Lassalle affirme défendre « une certaine idée de la ruralité » comme le dit Rue89 (http://www.rue89.com/rue89-politique/2012/06/07/legislatives-lassalle-candidat-de-la-ruralite-au-menu-viande-avariee-ou)

Je l’aime bien Lassalle, mais des fois, je me demande s’il ne se fout pas un peu de la gueule du monde. Avec les médias nationaux, il la joue berger, montagnard, rural à l’ancienne, défenseur des terroirs et territoires. Chez lui, avec ses copains, c’est moins clair. Comme Bayrou. A l’ancienne avec un suppléant qui est un chantre de l’agriculture productiviste, cherchez l’erreur. Mais on en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/02/a-laguerre-comme-laguerre.html)

Mon idée, c’est que Lassalle, il est en train de tracer le sillon de Bayrou. A eux deux, ils se positionnent comme les symboles de la France profonde, un peu occitane, farouchement rurale, histoire de prendre date si le Grand Méchant Mou voulait jouer l’union nationale.

Mais voilà. Ils ne pourront pas faire qu’ils ne soient pas des politiques et leurs copains colleront à leurs bottes comme la boue de la Bidouze. La marche de Lassalle, c’est rien que de la com’, relayée par des médias qui font de l’image mais pas de l’enquête. Lassalle, il sort son béret, son accent rocailleux, il marche avec la cravate du député, c’est un bon sujet, ça, coco !

La vérité, c’est que Lassalle, il marche main dans la main avec ses copains qui refusent une Chambre d’Agriculture basque qui ne réunirait que des producteurs artisanaux. Il marche main dans la main avec la FNSEA. Il peut toujours nous chanter ses montagnes sur les bancs de l’Assemblée Nationale, l’agriculture de montagne, il s’en tape. Sa ruralité, c’est le maïs partout, et tout ce qui va avec.

C’est pas Lassalle qui marche. Il nous fait juste marcher…

On en reparlera…

jeudi 2 mai 2013

CHOCOLATINE ET LECHE DE VEAU

Quand je l’ai lu, je n’y ai pas cru… je vous offre le lien :

http://www.legorafi.fr/2013/04/30/paris-un-monoprix-sexcuse-pour-avoir-malencontreusement-etiquete-des-pains-au-chocolat-en-chocolatine/

Le mec est un jeune morpion inculte de 32 ans. Comme il n’a peur de rien, il se vante : «Tout le monde est d’accord pour dire que chocolatine est un mot-valise qui n’existe que pour faire plaisir à une minorité linguistique et géographique. La langue française ne reconnaît que pain au chocolat ».

Alors, petit débile, ce que le Nord appelle « pain au chocolat », ce n’est pas du pain. C’est une viennoiserie, c’est à dire, dans ce cas précis, de la pâte feuilletée. La pâte feuilletée, ça sert à faire des gâteaux, mais en aucun cas du pain. La pâte à pain est levée, mais pas feuilletée. Faut pas avoir fait une école hôtelière pour s’en apercevoir. Si ce truc était fait avec de la pâte à pain, ça se verrait. Et donc, si c’est pas du pain, c’est pas du pain au chocolat. CQFD.

Reste la question des dictionnaires ; « Chocolatine » ne figure nulle part. Et donc, nous n’avons aucune source fiable. Le mot ne peut pas être médiéval comme l’affirme un gros paquet de débiles. Le chocolat arrive en Europe dans la deuxième moitié du 16ème siècle. Au Moyen-Age, y’en a pas. Les grands linguistes qui affirment que c’est une expression datant de la présence anglaise en Aquitaine se plantent complètement. Les viennoiseries sont encore plus tardives : 19ème siècle en France.

Et donc, quand on met du chocolat dans de la pâte feuilletée, vraisemblablement au 19ème siècle, le Sud qui fait attention aux mots, invente le mot « chocolatine » alors que le Nord mélange tranquillement pain et pain viennois et adopte le pain au chocolat. Et dès cette époque, les dictionnaires étant de fabrication nordique, le mot « chocolatine » est complètement oublié.

Ce que le gamin qui vilipende une « minorité linguistique et géographique » oublie, c’est que, bien souvent, le Sud est un conservatoire linguistique. Chez moi, à Bayonne, où on ne mange que des chocolatines, on continue à commander des lèches de veau. C’est comme ça qu’on appelle les escalopes. Et donc je suis allé regarder le CNRTL. « Escalope », ça arrive dans la langue française à la fin du 17ème siècle (1692) alors que « lèche » est déjà chez Grégoire de Tours. L’inculte gamin peut bien me dire que la langue française ne reconnaît qu’escalope : je me marre. Je me marre et je vais serrer mes affaires, c’est à dire les ranger, comme le disait Montaigne avant moi, comme on le dit dans le Sud encore aujourd’hui.

Pour faire court, c’est dans le Sud que la langue française est la plus ancienne et la plus pure. On n’y trouve ni keuf, no boloss, ni aucun de ces mots qui ont envahi la langue. On y parle bien souvent comme au 16ème siècle, on se donne rendez vous « à jour passé », on n’hésite pas à dire « d’ici étant ». Alors oui, on est une minorité linguistique, un conservatoire.

Et oui, quand on passe le seuil du Poitou, la langue change. C’est dommage pour eux.

Quant au « mot-valise », c’est encore un jeu de mots de pseudo-linguiste. Pour qu’il y ait « mot-valise », il faut joindre deux mots. Dans chocolatine, je n’en vois qu’un.

Je ne vois pas pourquoi je m’énerve à répondre à cet Adrien. Autant parler à un mur…

On en reparlera….