lundi 27 juin 2016

PROTECTION

Bien, voici les Anglais qui nous quittent. D’aucuns affirment qu’ils n’ont jamais vraiment été là.

Les discussions s’enflent. Pourquoi ? Pour qui ? Quelles conséquences ?

Cherchez pas les mecs.. Des Anglais du Brexit aux manifs de la CGT, c’est la même route. La route de ceux qui veulent remettre la Nation au centre du jeu politique. Bon, sortez l’étiqueteuse. Ringards, fachos (ou assimilés), frileux, conservateurs, vous avez le choix des épithètes. Vous le choisirez bien conforme à votre idéologie personnelle.

Moi, j’écoute et je n’entends qu’un mot : « Protection ».

Le choeur des peuples n’en sort pas. Face aux flux de toutes sortes, aux envahissements programmés, face aux changements souvent brutaux, les citoyens n’ont qu’une question : qui va nous protéger ? Question que les politiques, protégés de tout, sont incapables d’entendre, et, a fortiori, de comprendre.

Ce qui me fait revenir à Esteban de Zilueta qui apostropha Louis XV : « Dans un royaume bien tenu, le fort protège le faible ». Le fort, le plus fort, c’est l’Etat aujourd’hui et c’est vers lui qu’on se tourne. Mais l’Etat est aux abonnés absents et ne répond plus. En tous cas, il ne répond plus dans la langue que peuvent comprendre les citoyens, laissant le champ libre à ceux qui savent. Pis encore, il laisse entendre qu’il est là pour protéger les forts.

Le citoyen est peut-être bête (il ne parle pas la langue de ses maîtres) mais il n’est pas idiot, d’autant que l’expérience lui sert de guide. Il sait, pour l’avoir vécu, qu’un accord d’entreprise est plus menaçant qu’un accord de branche au nom de cette antique vérité que la force d’une chaîne dépend de son maillon le plus faible. Et que, en général, les syndicats d’entreprise sont moins virulents que les autres. Dans le bloc syndical, le maillon faible, c’est « l’autonome », qui l’est pourtant si peu. Alors, le citoyen renâcle car il sait (le plus souvent confusément, je devrais dire « il sent ») que la protection diminue.

Longtemps, il a cru que ce que l’on était convenu d’appeler « la gauche » allait renforcer cette protection. Les vieilles lunes ont la vie dure mais nous voici au pied du mur. Pour d’obscures raisons, ce qu’il reste de la gauche s’est mis entre les mains du divin marché comme n’importe quel trader de seconde zone, et le marché n’aime les pauvres que comme consommateurs. Consommateurs passifs.

Et voici que le peuple, bras faiblement armé de la démocratie, se met alors à regarder ailleurs, vers des horizons improbables ne figurant sur aucun portulan de conduite des Etats. Le peuple cherche des voies nouvelles pour se protéger puisque les remparts tombent les uns derrière les autres. Le peuple est un enfant : plus on va lui dire que c’est pas bien, que c’est pas la bonne direction, plus il va s’entêter. On n’a pas fini d’entendre pleurer sur la démocratie.. Surtout ceux qui contribuent à l’assassiner.

On en reparlera certainement