lundi 28 avril 2014

LE CANTON ET LA RÉGION

Les réformes régionales ne marchent pas. Les Français restent attachés à leurs départements. On l’a vu quand il s’est agi de modifier les plaques minéralogiques.

Alors, faisons simple. Gardons les conseils généraux. Et que chaque Conseil général délègue à la Région une partie de ses membres qui auront la double casquette de conseillers généraux et de conseillers régionaux. On peut les augmenter un peu, vu la surcharge de travail, mais ça fera de toutes façons des économies. On sera sûrs que les petits territoires seront défendus. Et on supprimera cette abomination qui est le scrutin de liste où l’on colle toujours les losers des autres scrutins. Exemple : Lamassoure, toujours battu quand il se présente….Mais député européen malgré tout. C'est pas un siège qu'on lui a offert, c'est une bouée... Y'en a d'autres...

Réfléchissez : c’est la solution la plus simple et la plus élégante. Mais c’est du cumul de mandats !!!! Peut-être. Le cumul des mandats a de beaux jours devant lui. T’es plus député-maire, t’es député-adjoint au maire, avec un maire de paille et rien ne change.. C’est juste formel. De la poudre aux yeux… Ne pas cumuler, c’est juste ouvrir des postes aux copains…

On en reparlera…

vendredi 11 avril 2014

LE MODELE ALLEMAND

Ha ! ça, pour les conneries, on nous en bassine du modèle allemand : la gestion allemande, le dialogue social allemand, les ingénieurs allemands…A chaque fois, y’a un ministricule, un députaillon ou un journaleux qui se répand pour nous expliquer comment qu’ils sont bons, et efficaces et pragmatiques les Teutons.

Sauf que là, on est dans leur domaine : la géographie appliquée. Sont bons sur le sujet, rien à dire. Nous aussi, on était bons avant Giscard. Quand il faut organiser le territoire allemand, problème d’aménagement géographique, ils créent les Länder. Mais ils créent comme de vrais géographes qu’ils sont. En utilisant une géographie physique mais également culturelle. Du coup, tu te retrouves avec une bonne grosse Bavière et une ville-Land comme Hambourg. Entre les deux, ça dépend, ça dépend du terrain, de l’Histoire, des relations entre les hommes. Ça te donne trois Saxes, la Basse-Saxe, la Saxe, le Saxe-Anhalt. Cherchez pas, c’est historique. T’as la grosse Bavière avec ses 13 millions d’habitants et la Thuringe avec 2 petits millions. Tu fais voisiner les villes-états comme Brême (400 kilomètres carrés) et la Bavière (70 000 kilomètres carrés). Ça date de l’immédiat-après-guerre et ça dure encore, sans aucun changement. Ça donne des surpeuplés (Berlin 4000 habitants au km2) et des déserts (Mecklembourg densité 70).

Le haut-fonctionnaire français qui voit ces chiffres, il explose, il vocifère, il vitupère. C’est pas cohérent. C’est déséquilibré. Le con de député de base, il approuve gravement. Le con de haut-fonctionnaire et le député décérébré, ils se posent pas la seule question valable. On a fait un découpage vachement homogène voilà cinquante ans, en découpant la Normandie ou en faisant vivre ensemble les Basques et les Agenais et v’là qu’il faut recommencer. Or, le découpage à refaire, il a été fait avec ces mêmes critères : la démographie, la taille, le désir de fortifier l’arrière-pays de 22 villes. Que des critères d’épicier. Et que donc, le découpage qu’ils vont refaire, il faudra encore le refaire dans dix ou vingt ans. En général, quand on a fait une connerie, on évite de recommencer. Pas eux...

Pour faire vivre des gens ensemble, faut qu’ils en aient l’habitude et qu’ils en aient envie. L’habitant de Bayonne, il a jamais vécu avec les gens de Marmande, et il n’en a pas envie. Remarque, où qu’on irait si on tenait compte des envies des citoyens ? Chez moi, dans les Basses-Pyrénées (j’ai pas honte qu’elles soient basses, j’aime pas l’alpinisme),on a du mal à faire vivre ensemble (depuis deux siècles) Basques et Béarnais qui n’ont jamais vécu ensemble et n’en ont pas vraiment envie. A Bayonne, tu regardes vers Bordeaux, à Pau vers Toulouse. Naturellement, historiquement, culturellement. C’est comme ça et c’est pas un énarque qui changera 15 siècles d’histoire. L’énarque, il te colle le Bourbonnais en Auvergne et il en est fier, ce con ! Quand j’ai dit à Saint-Pourçain que j’étais en Auvergne, ils ont failli me faire boire de l’eau. C’eut été dommage, faut dire.

Les géographes-aménageurs ne sont pas des géographes. Tout ce qui fait l’identité d’une région leur échappe complètement. C’est subtil, c’est des siècles de relations commerciales, matrimoniales, festives, religieuses (les Béarnais, c’est des huguenots, les Basques des catholiques). Ça fait des siècles que chaque ragoût mitonne dans sa marmite. Et le jacobinisme n’en est jamais venu à bout. Jamais. Même qu’il a cédé parfois. En Corse, par exemple. C’est comme ça et tu pourrais imaginer une Normandie complète et une région Pays basque toute seule. Pourquoi pas ? En Espagne, l’Andalousie fait le tiers du territoire et la Rioja, l’équivalent d’un département français. Mais c’est pas viable ! Si. Avec le jacobinisme bien compris, l’Etat qui compense, qui prend aux riches pour donner aux pauvres mais laisse à chacun le droit de vivre dans sa culture d’origine. L’Etat centralisateur, il est pas là pour faire de chacun le clone de l’autre. Il est là pour instaurer l’égalité qui n’est pas l’uniformité.

Sauf que l’Etat centralisateur, pendant deux siècles, l’uniformité lui convenait car elle supposait l’uniforme. Quand je pense à tous les bons géographes mort en 14-18….

On en reparlera…

PS : dans mon encyclopédie Quillet offerte pour mes quatorze ans, la dérive des continents était niée. Faut dire que le géographe qui l’avait inventée s’appelait Wegener. C’était le temps où rien de bon ne pouvait venir d’Outre-Rhin. Comme quoi les temps ne changent pas. On prend le pire de l’Allemagne. Merkel et pas Wegener…

mardi 8 avril 2014

LES DEUX MAINS DE MONTEBOURG

Montebourg a deux mains : une main gauche et une main droite.

La main gauche, c’est le PS. La main droite, les Croix de Feu. Expliquons.

Brillant avocat, Montebourg a milité jeune à l’UNEF avant de s’inscrire au PS. Il a plaisir à évoquer ses origines kabyles (ça fait bien dans les biographies pour bobos) en omettant de préciser que son grand-père était un haut dignitaire, grand-officier de la Légion d’Honneur et collaborateur avec le gouvernement français. C’est la main gauche.

La veille de son élection comme député PS de Saône-et-Loire, il épouse Hortense de Labriffe, petite-fille de Jacques de Lacretelle, ce dernier ayant été successivement cadre des Croix de Feu, directeur du Figaro et académicien français. C’est la main droite.

Voilà comment va une carrière. Quand il est élu comme député socialiste, sa jeune épouse est une collaboratrice d’Edouard Balladur. Admettons que l’amour se moque de la politique mais, ceci ne plaide pas pour une parfaite harmonie conjugale. A moins que les conjoints s’en moquent. Mettre sa vie en harmonie avec ses idées, c’est pour les cons, chacun sait ça.

En fait, ceci compose un fort joli réseau. Avec un papa haut-fonctionnaire des Finances et belle-maman cadre dirigeant dans une banque, les copains du PS et ceux du Figaro, ça aide. Et puis chacun le sait depuis les Grandes Compagnies, pour remplir son escarcelle, deux mains valent mieux qu’une.

J’aime bien le discours de Montebourg. Je me demande toujours jusqu’où il ira et je ne suis jamais déçu. Il maîtrise admirablement sa communication, se peaufine une image de révolutionnaire soft. Montebourg, je m’y étais déjà intéressé vu que je le sentais pas très proche des préoccupations de ses électeurs (http://rchabaud.blogspot.fr/2012/09/monte-bourre-le-mou.html)

Plus ça va, plus il me fait regretter l’époque des grands pamphlétaires. Je me demande avec gourmandise ce qu’un Daudet ou un Bloy auraient pu fignoler comme textes pour le clouer au pilori. Parce que, honnêtement, c’est un parcours aussi sinueux que la colonne vertébrale d’un lombric. Mon ami Michel me fait remarquer que les lombrics n’ont pas de colonne vertébrale. Montebourg non plus, ce qui justifie la métaphore. J’aimerais avoir le talent de ces grandes plumes qui savaient pousser les hommes à la démission dans le meilleur des cas. Le suicide, c’est terminé, il y faut de l’honneur.

Il a sa place dans ce gouvernement où le ministre des Affaires étrangères est également chargé du Commerce extérieur, gouvernement de commis-placiers qui nous concocte, à bas bruit, un traité qui va nous mettre dans la main de Wall Street. Main droite, ça va de soi. La main gauche, c’est celle qu’on montre aux électeurs désinformés.

Nous avons donc appris qu’un parti se réclamant du socialisme va apurer les comptes en dézinguant les acquis sociaux. C’est dans la logique des choses. La logique communicante, la logique de la vaseline.

Tout ceci trace une autoroute à Marine… Encore que là aussi, y’ait à dire. Elle a eu une enfance bercée par les disques de la SERP. Vous connaissez pas ? Cherchez un peu…

On en reparlera…

samedi 5 avril 2014

LE STADE ULTIME DU FÉMINISME

Mes copines brûlaient leur soutien-gorge. Il fallait un symbole et la liberté de danser des seins en était un. Moi, ça m’allait : on distinguait tout de suite l’érection mammaire de la flaccidité nichonale. Le symbole des unes devenait promesse des autres.

C’était le temps où la femme était désignée comme le prolétaire de l’homme. Prolétaires de tous les pays, unissez vous. Et l’union devint libre. Pour les unes, l’émancipation, pour les autres, la copulation. On était ravis, on abondait, on poussait vers la libération car la voie de la libération était le chemin de la couche.

Libre ou pas, l’union conduisait vers le couple. Et là, ça a commencé à merder. Les mecs étaient de petits princes. Ils se sont vite aperçus que la libération de la femme conduisait à la répartition des tâches. Leurs pères ne faisaient qu’une chose à deux : baiser. Et voilà t-y pas qu’il fallait désormais faire plein de trucs à deux : la vaisselle, les courses, langer le petit, faire chauffer les biberons à deux heures du mat’… Holà ! ça allait plus vraiment.

On a surfé un temps sur quelques vieilles rengaines. La force physique. Y’a des trucs que tu peux pas faire, ma cocotte. Sur la technologie : le bricolage, c’est un truc de mecs. Moi, j’avais des copines qui laissaient leur perceuse bien en évidence, histoire de me dire « J’ai pas besoin de toi ».

La loi suivait. Pas très vite, pas toujours très bien, mais elle suivait. Elle ouvrait aux femmes des pans entiers de la vie professionnelle. L’armée, par exemple. Quand t’as une gonzesse qui se met en treillis le matin, ça te relativise la libido.

Le féminisme a donné aux femmes la liberté de dire non. Notamment sur le plan sexuel. Théoriquement, on était d’accord. Pratiquement, on s’est vite aperçus qu’elles pouvaient aussi nous dire non à nous. Bon, c’était pas exactement ce qu’on avait prévu.

Et donc, de glissement en évolution, la femme (je devrais écrire la Femme) a expliqué à l’homme qu’elle pouvait se passer de lui. J’ai pas besoin de toi pour payer le loyer. Ni pour planter un clou.

Nous sommes face à un bel exemple d’effet pervers. La libération de la femme a supprimé l’un des ciments de la relation : le besoin. Besoin économique d’un côté, besoin sexuel de l’autre. Le mâle a désormais toutes les femelles à sa portée. La contraception enlève un frein, la peur de se retrouver face à une obligation non désirée. Le salaire féminin en détruit un autre, la peur de se retrouver sans ressources. Certes, ceci impliquait un fonctionnement brinquebalant, des situations tordues, on était loin de la perfection d’un monde rêvé.

Toutes barrières levées, le fonctionnement du couple a explosé et on arrive désormais au stade ultime du féminisme : la famille monoparentale. Le mec ne se sent plus aucun devoir (hou ! le vilain mot), il n’a plus aucun avantage à rester. Donc, il se barre. Tu veux plus de moi ? T’as plus besoin de moi ? Salut !

Certes, c’est une analyse à l’arrache. Il faudrait affiner. Mais, grosso modo, c’est comme ça que ça fonctionne dans les têtes.

Pour la nana, ça ne change rien, sauf le patron. Elle était le prolétariat de l’homme, elle devient le prolétariat de l’employeur. Sous-payée (c’est ça ou rien), avec plus d’obligations (elle garde le ménage, la vaisselle, l’aspirateur et les mômes à torcher mais elle reçoit en plus l’obligation d’aller au boulot, le plus souvent loin de chez elle). Elle a perdu au change.

Je pensais à ça en apprenant la mort de Régine Desforges. Par parenthèse, on n’a pas beaucoup entendu citer sa maison d’éditions, L’Or du Temps. Comme beaucoup, l’icône du féminisme était une grande bourgeoise cultivée. Les femmes ont suivi celles qui parlaient bien, les avocates, les artistes, les écrivains, toutes celles qui s’emmerdaient pas avec le quotidien parce qu’elles avaient des revenus. Et donc des employées de maison. Toutes celles qui savaient que la libération de la femme améliorerait leur sort personnel.L'Or du Temps, c'était du porno soft, avec orgasme au lit, pas dans la cuisine.

Elles ont gentiment mêlé la lutte des sexes et la lutte des classes. Forcément, elles appartenaient à la classe dominante et donc, la lutte des classes, ça leur allait pas trop. Glisser de l’économique au sociétal leur permettait de faire joujou avec la politique sans mettre les mains dans l’eau de vaisselle. Pour ça, il y avait des bonnes, sous-payées : si la Berrichonne augmentait ses tarifs, il y avait l’Equatorienne ou la Philippine. Des fois, on voit sortir une affaire croustillante comme l’Africaine qui attaque Noah pour « esclavage ». Saga Africa. C’est un peu anecdotique, même la famille du fondateur des Editions du Seuil y a eu droit. Ça signifie juste qu’il y a deux camps : ceux qui ont des domestiques et les autres.

C’est avec des glissements comme ça que le sens politique pointe le bout du nez. Quand on confond, on sème la confusion.Les femmes seules peuvent dire merci à la dame.

On en reparlera….

mercredi 2 avril 2014

LA CHINE ET LE ROMANTISME

Je découvre avec anxiété les méandres de l’organisation des études supérieures en France pour les jeunes Chinois.

La plupart sont intéressés par la qualité des études. La Sorbonne leur semble un Everest (pardon, un Qomolungma) de culture, Polytechnique les fait rêver, et même une université de province peut les séduire dès lors qu’ils y trouvent un cursus adapté à leurs envies. Pour un Français, c’est un bonheur de constater leur désir de découvrir ce pays.

Certes, la gratuité, ou du moins le faible coût des études dans l’enseignement public est un facteur important. Mais moins pourtant que la possibilité de découvrir le romantisme français, d’accéder aux métiers du luxe, de connaître la gastronomie, de s’imprégner de notre art de vivre. Pour un Chinois de vingt ans, nous semblons vivre au Paradis et ils l’expriment parfois de façon touchante.

Sauf que….c’est d’abord un marché. Il faut, pour avoir un visa d’études, apprendre le français, passer un entretien avec Campus-France, justifier d’un véritable projet scolaire. Le seul problème, c’est que l’offre éducative n’est pas très claire pour un jeune étranger. Quelles sont les meilleures filières, les bonnes écoles ? Choisir est un parcours du combattant.

C’est alors qu’intervient le zhongjie. Lui, c’est le spécialiste chinois de l’enseignement français. Il s’occupe de tout. Moyennant finances. Grosses finances. Monter le dossier pour passer l’entretien de Campus-France, trouver la bonne école, bref, faciliter la vie. Le dossier coûte de 2000 à 5000 euro. A payer cash et au début du processus. Sans aucune garantie. Si l’élève loupe l’examen de français, c’est qu’il n’a pas assez travaillé. Si son projet est jugé incohérent, le zhongjie n’y est pour rien, c’est juste que l’élève n’a pas posé les bonnes conditions.

Après, l’élève est orienté majoritairement vers des cursus privés…et payants. Le zhongjie entretient de bons rapports avec l’enseignement privé qui lui verse des commissions, en moyenne 10% du coût annuel. Que ce ne soit pas exactement la bonne filière, que le diplôme ne soit pas un diplôme d’Etat importe peu. Ce qui compte, c’est la commission. Commission prise également sur les transports et même le logement.Dans de nombreux cas, au même coût, l'étudiant aurait été sacrément mieux formé et son diplôme aurait eu une autre valeur.

L’enseignement français, notre enseignement, celui que des générations ont bâti, est donc devenu un juteux marché, le lieu de toutes les commissions, de tous les arrangements. Il n’y a pas si longtemps, les écoles privées étaient faites pour ceux qui ne pouvaient pas intégrer l’enseignement public. Fini, balayé. Eduquer les enfants n’est plus une mission, c’est une commission. On n’est plus éduqué au mérite, mais au chéquier. L’étudiant ne sait rien, le zhongjie sait peu mais celui qui sait peu semble très savant à celui qui ne sait rien. C'est la base même du service moderne.

Les étudiants chinois vont passer de 35 000 à 50 000. Le marché croît. Des centaines d’intermédiaires se lèchent les babines. Je râle parce que c’est moi qu’ils vendent, mon pays, mon image, ma réputation, toutes choses que j’aimerais pouvoir offrir.

Il faut prendre le problème à l’envers…Avec des copains, on a décidé de faire venir en France des élèves (pas des étudiants), de leur présenter une région, sa culture, son offre éducative. A eux de savoir s’ils veulent revenir, et s’ils le veulent, ils n’ont plus besoin d’intermédiaires. Mieux encore, ils auront leur réseau, leur guanxi. Le test, on le fait au Pays basque, bien entendu, là où nous avons nous-mêmes notre réseau et ce réseau est dans le panier-cadeau. Ça, aucun zhongjie ne peut l’offrir, et a fortiori le vendre. On s’est mis en quête de passionnés de leur région pour élargir l’idée, pour essayer de lutter contre les marchands d’éducation. Tout n'est pas à vendre, que diable !!

Quand j’étais petit, les « commissions », c’était quand on voulait préparer le repas. Faut y revenir : ouvrir la table plutôt que les coffres-forts. Le monde s’en portera mieux.