En s’appuyant sur Huntington, Zemmour a raison : nous vivons un choc de civilisation. Son erreur est de ne pas identifier les adversaires.
Zemmour affirme que le choc concerne le christianisme et l’Islam. Vision elliptique et qui témoigne d’une certaine méconnaissance du christianisme lequel n’est plus monolithique depuis Luther. De ce temps date une césure : le christianisme de l’intercession est séparé du christianisme direct. Les papistes envoient leurs requetes aux intercesseurs (Vierge, saints) quand les zélateurs de Luther s’adressent directement à Dieu, comme les musulmans. Le protestantisme est plus proche de l’Islam que le catholicisme. Là est le vrai choc des civilisations. Ne vous demandez pas pourquoi les luthériens germaniques accueillent les Turcs a bras ouverts :ils ont le même rapport a Dieu, c’est à dire, en fait, qu’ils ont la même religion :
C’est ce que Zemmour ne veut pas voir : le choc de civilisations est subtil et à y regarder de plus près, il oppose ceux qui parlent à Dieu et les autres.
A cette aune, l’ennemi civilisationnel de l’Europe occidentale est clairement identifié et ce n’est pas l‘islam : c’est le protestantisme étatsunien. Au catholicisme hiérarchisé dirigé par le Pape s’oppose frontalement le luthérianisme émietté en dizaines d’églises, voire de sectes soudécaes par l’éthique protestante, le gout du lucre et la quantification exacerbée du monde. Il est vrai que l’Islam nous envahit d’hommes quand les protestants nous font crouler sous les idées. L’Europe occidentale ne peut pas lutter si elle ne comprend pas que le Grand Remplacement n’est pas seulement démographique mais mental et que MacDonald y a sa place, comme le Coran. De Gaulle l’avait compris qui luttait sur les deux fronts. Et Halloween s’est imposé avant l’Aïd.
Je comprends bien que l’intercession n‘est pas un thème de campagne électorale et qu’il n‘est pas simple d‘expliquer que les chiites iraniens ont partie liée avec les banquiers de Davos. On va crever de cette excessive simplification car il n’y a qu’une manière de se libérer de la pression des deux mâchoires de la tenaille : se rapprocher des Etats qui ne sont soumis a aucun Dieu, intercession ou pas.
Ce qu’avait fait De Gaulle, fervent catholique et nationaliste obsédé.. Il savait le poids de Luther.