vendredi 28 septembre 2018

A MES AMIS VEGANS

J’aime bien les antiphrases. Vous n’êtes pas mes amis. Vous êtes trop cons.

Mais j’ai quand même envie de vous aider. Vous voulez créer les conditions de la bagarre. Soit. Mais vous vous plantez de cible. A viser des artisans bouchers et des abattoirs de campagne, vous placez la guerre sur un terrain minuscule où vous allez vous faire détester.

Réfléchissez un peu espèces de spécistes. Qui dézingue quotidiennement des centaines d’innocents bovidés, sur tout le territoire, des bovidés élevés sans soins, abattus sans tendresse, des bêtes dont la vie et la mort auront été une vie de merde et une mort sans qualités ? Qui fait ça et que personne n’aime, tant c’est le symbole de toutes nos dérives, de toutes les turpitudes du capitalisme ?

Bon sang, mais c’est bien sûr. MACDONALD

Le voilà l’ennemi parfait, celui que personne ne peut défendre. Même pas lui. Restaus isolés dans des zones industrielles qu’un seul cocktail Molotov peut réduire en cendres. Attendez que les lieux soient vides, déjà que les mecs sont sous-payés…. Coordonnez vous. Cent MacDo en feu dans la même suit, ça a une autre gueule qu’un abattoir rural, vous croyez pas ?

Surveillez le siège social. Chaque journaliste voudra avoir une interview de cadre. Cadres que vous pourrez entarter devant les caméras pour ajouter le ridicule à la vengeance.

Allez y amis végans. C’est une cible parfaite et sans risques. Une cible dont les établissements sont posés comme pustules sur la face du pays. Moi, je vous donne le truc mais je peux aussi imaginer que d’autres fassent cramer des Macdo et vous utilisent pour revendiquer faussement le feu de joie. Coup double : Des établissements merdiques en moins et votre stigmatisation en prime.

 Bon. Je dis ça, je dis rien. Ce peut être d’autres cibles, moins emblématiques, comme l’autre colonel sudiste qu’aime tant les poulets ou toute autre chaine de sandwichs à la viande.. Mais, dans tous les cas, vous tapez sur des adversaires indéfendables. Tandis que le boucher du quartier ou le patron de  l’abattoir rural, ils vont soulever la compassion du téléspectateur. Personne ne peut compatir avec le patron d‘un MacDo.  Suffit de l’interviewer devant une Porsche dont le téléspectateur pensera que c’est la sienne et le tour est joué.


Réfléchissez spécistes……

jeudi 27 septembre 2018

GYNOCENTRÉ

C’est Benoit qui me communique le mot : gynocentré. Nous vivrions dans une société gynocentrée. Immédiatement, je pense à Leroy-Ladurie qui, à propos des Pyrénées ariégeoises utilise le mot « adamocratique » qu’il préfère au trop connoté « phallocratique ». Par parenthèse, il remplace « esprit de clocher » par « esprit campaniliste », plus chantant, plus goûteux.

Après, je vais chercher. Plein d’auteurs ont parlé de sociétés gynocentrées, mais l’analyse me semble douteuse. Glissements sémantiques… Pour certains, la société basque fait partie des sociétés gynocentrées. Les arguments sont ridicules et se limitent à mettre en évidence des traits matriarcaux. Il est exact qu’en de nombreuses occurrences, les femmes basques savent se saisir du pouvoir. La question est : pour en faire quoi ?

Le matriarcat est tout simplement un changement de mains, pas un glissement social. De la Veuve Cliquot à Marie Brizard, nombreuses furent les femmes qui se saisirent du pouvoir dans les entreprises et, partant, dans les familles. Le matriarcat du XIXème siècle s’accommodait fort bien de l’adamocratie. Le plus souvent, les fonctionnements sociaux et économiques n’étaient pas menacés. Les femmes au pouvoir étaient avant tout des représentantes de leur classe et se comportaient comme des hommes ou, si l‘on préfère, comme leurs maris ou leurs frères. Une société matriarcale n’est pas une société gynocentrée. C’est une société où les femmes se comportent comme des hommes.

Un société gynocentrée est plutôt une société où changent les perspectives et les priorités. Prenons un seul exemple : l’homosexualité. Dans une société gynocentrée, on considère que les pédérastes sont des hommes comme les autres hommes et les lesbiennes des femmes comme les autres femmes, tandis que les sociétés adamocratiques les considèrent comme des êtres à part. On peut en discuter encore que les aventures sexuelles avec des individus du même sexe sont rarement vecteur de procréation. Or, pour les sociétés adamocratiques, une démographie galopante est signe de bonne santé, de puissance. Les sociétés adamocratiques sont généralement des sociétés guerrières, consommatrices d‘individus, des sociétés qui privilégient les actions de mort, la défense dans le meilleur des cas mais aussi l’attaque, la conquête des terres ou des femmes. Rome à ses débuts, enlève les Sabines. Mais c’est un viol ! Institutionnalisé, ce qui relativise.

Soyons clair. Les sociétés adamocratiques acceptent l’homosexualité, surtout chez les militaires. César mais aussi Hadrien ou le grand Condé, pour prendre des exemples connus. Les militaires sont dans le bon camp, le camp de ceux qui donnent la mort. Surtout s’ils donnent aussi le change comme le Grand Condé qui fut marié avec une jouvencelle de 13 ans.

Les sociétés gynocentrées se donnent bonne conscience juridique avec un arsenal législatif le plus souvent axé sur le pardon. Ce sont des sociétés de mères qui ont du mal à punir, à punir vraiment et définitivement, des sociétés de l’excuse et du pardon, des sociétés aussi de la compréhension, voire de la rédemption.

En fait, on n’en sait rien. Les sociétés matriarcales sont mises en doute par de nombreux chercheurs et, souvent, les arguments volent bas. Quant aux sociétés gynocentrées, on n’en connaît aucun exemple, sauf, peut être la société occidentale actuelle qui n’est pas encore aboutie. Bien entendu, il existe des sociétés qui n’obéissent pas aux canons du patriarcat traditionnel, comme les Murias ou les Mossos, mais la différence porte essentiellement sur la vie sexuelle et l’éducation des enfants, éducation souvent avunculaire. Toutefois, les ethnologues prêtent peu d’attention au poids des guerriers et au seul vrai pouvoir qui est le pouvoir d’éliminer l’autre.

Nos sociétés européennes sont structurées selon le triptyque : guerrier-religieux-laboureur. Celui qui travaille, celui qui prie, celui qui tue. Cela ne laisse pas grande place aux femmes, sauf au couvent et à la cuisine, car il est implicitement entendu que la prière de l’homme a une supériorité « naturelle » ; les premiers monastères étaient masculins. Mais ce détail relevé, il est indéniable que le pouvoir (politique, social) est le pouvoir de celui qui tue.

Ce que l’on appelé le Progrès ou la Civilisation n’est rien d‘autre qu’un incessant combat contre le pouvoir de tuer. A  tout le moins, le pouvoir de tuer ouvertement. On peut librement tuer avec de la pollution, des produits chimiques, dès lors qu’il s’agit d‘un massacre collectif. Mais l’assassinat singulier a disparu, y compris au niveau de l’Etat, avec la suppression  de la peine de  mort.

Peut être est ce mieux. La question est : que devient le pouvoir lorsque quelqu’un se saisit à nouveau du droit de tuer ? Change t’il de mains ? Change t’il de nature ? C’est l’une des questions posées par le terrorisme. Or, il me semble que ce rapport à la mort est la pierre de touche de la structuration des sociétés et que ce qu’on appelle une société gynocentrée n’est rien d‘autre qu’une société refusant de donner la mort. Refusant de surveiller et punir. Par définition, refuser la mort de l’Autre revient à accepter que l’Autre puisse se saisir de ce pouvoir. Il est angélique d’imaginer un monde où personne ne se saisira d’un pouvoir tombé en déshérence. Mais l’éducation ? Ouais, si on a le temps. Et si l’Autre l’accepte, c’est à dire s’il a les mêmes structures mentales que toi. Dans le cas contraire, c’est foutu. Tu as perdu.

Même Marx avait accepté l’idée qu’on vivait dans un monde darwinien où le faible est condamné. Le faible, c’est celui qui ne peut pas survivre. Et celui qui ne peut pas changer les règles. La force fonde le droit. Pas la peine de dire que c’est mal, c’est simplement une constatation. Jadis, c’était un grand coup d’épée dans la gueule. Aujourd’hui, c’est un lobbyiste qui glisse une enveloppe. Mais c’est pareil. La loi s’adapte aux puissants. Vas y. Hurle que c’est en train de changer.


C’est ton désir… Le réel est plus solide…

lundi 24 septembre 2018

INTEGRATION

Nous vivons dans un monde d’imbéciles. Tous s’excitent sur les prénoms dont Zemmour a voulu faire simplement un exemple. La question posée n’est pas celle des prénoms, c’est celle de la volonté d’intégration.

Marié deux fois, j’ai eu deux beaux-pères. Le premier avait quitté l’Italie dans les années 1930 pour cause d’incompatibilité avec le Duce. En arrivant en France, il changeât son prénom de Mario pour celui de Maurice, puis pour faire bonne mesure, il remplaçât le I final de son nom par un Y qui sentait, à ses yeux, plus le Sussex que l’Emilie.
Le second était né Français à Sidi Aich, village de la Petite Kabylie. Enseignant de philosophie, ses élèves l’ont toujours connu sous le prénom de Bernard qu’il jugeait plus compatible avec Platon que le Hamid d’origine.

Il faut bien admettre que le prénom est un marqueur culturel fort. Quand je suis arrivé à Paris, le mien avait la signification de benêt. Peut être sous l‘influence des Bidochon, un Raymond désignait un brave con. Remarquons toutefois qu’il y a plus de Raymond au sud de la Garonne qu’entre Sambre et Meuse. Parce que la marque culturelle commence par une marque territoriale. Elle l’a bien compris, la jeune femme qui fait le buzz autour de son prénom. Sans la voir, son prénom la désigne comme africaine. Qu’elle en fasse donc porter la responsabilité à ses parents, Zemmour n’y est pour rien.

En suivant cette querelle d‘une oreille distraite, je pensais au remarquable écrivain qu’est Richard Millet, cloué au pilori pour avoir déclaré : « Quand à la troisième génération, on en est encore à Mohammed, l‘intégration est compromise ».

Car le nœud du problème est là. Le prénom est la première marque d‘intégration. Ici, au Pays basque, la déferlante des prénoms locaux a suivi les revendications éducatives et politiques es années 1970. Dans ce cas précis, il s’agissait d’un refus d’intégration ou d’une volonté d’intégration dans un contexte social et territorial détaché de la République.

Mais, me disent mes copains, tu veux couper les gens de leurs racines. Moi ? Non. En déménageant, ce sont leurs parents qui les ont coupés de leurs racines. Sans pour autant les planter ailleurs. C’est une vision qu’on peut ne pas approuver. Mon pays devient une sorte de prestataire de services. Services sociaux, ça va sans dire, mais aussi employeur, éducateur, que sais-je encore ? Que lui donne t’on en échange ? Comment se marque le rapport entre le territoire et l’individu accueilli ?

Ce bon François Morel développe une litanie bien incomplète de prénoms connotés exogènes. Il aurait du ajouter Algirdas Greimas ou Julia Kristeva voire Pablo Picasso. Tous ces « étrangers » qui ont renforcé la culture française. Pour faire bonne mesure, il cite des chanteurs de raï ou de rap qui n’ont aucunement amélioré mon développement culturel. Mais, quoiqu’il en ait, il ne peut faire que sa liste ne soit anorexique et que mettre tous ces noms face à la marée migratoire ne peut provoquer qu’un haussement d‘épaules et la réponse « C’est tout ? Y’a que ça ? ».

Ben oui. Y’a que ça. Même en rajoutant quelques industriels comme Mohand Altrad, l’apport reste minime. Même en rajoutant ceux qui, comme Ionesco ou Finkielkraut, avaient un prénom quasi-franchouilard, y’a que ça. L’Histoire fera le tri.

A Rome, vis comme les Romains, disait un proverbe bien oublié mais qui avait le mérite d’identifier le lieu et la culture. Et oui, l’accueil, à la base, c‘est de demander à l’accueilli de choisir. Il a choisi la France, qu’il se coule donc dans le moule.

Mais c’est dégueulasse ! Non. Ionesco a choisi d’écrire en français, tout comme Greimas dont le premier travail a été la composition d‘un dictionnaire d’ancien français. Ha ! on est bien loin des rappeurs des cités.

Oui. Je parle de gens qui avaient choisi, en toute connaissance de cause,  qui avaient choisi la France, sa langue, sa culture, de gens qui ont échangé avec nous.

Parce que s’intégrer, c’est échanger, pas imposer.


Même pas un prénom.

jeudi 20 septembre 2018

J’AIME POUTINE (2)

Le premier texte est daté de mars 2014.. J’essayais d‘expliquer.. La presse entière tapait sur Vladimir Vladimirovich… Comme quoi c’était un mal élevé, un pas humaniste, un homme dangereux et quasi infréquentable.

Je disais quoi ? Que Poutine n’obéissait pas aux règles qui lui étaient imposées. A l’époque, le sujet de discorde, c’était l’Ukraine où une immonde propagande étatsunienne fonctionnait à plein pour déconstruire l’ancienne URSS et affaiblir la Russie. On sortait à peine de Maidan où l’Ukraine venait de refuser des accords politiques avec l’Europe. Juste un détail : la région de Rous, d‘où nous vient le mot Russie, désigne la région de Kiev.

En quatre ans, Poutine, il a fait quoi ? Il s’est encore rapproché de la Chine. Normal. Quand t’as deux voisins, si le premier te crache à la gueule, tu fais copain avec l’autre. C’était prévisible. L’OCS existait. Poutine s’est rapproché de ses alliés. Ce n’est pas la marque d’un salaud mais d‘un réaliste.

Aujourd’hui Poutine reprend les outils de communication de l’adversaire en organisant de gigantesques manœuvres avec ses copains. Il nous dit quoi ? Je peux mettre 300 000 hommes sur la table. Avec la logistique qui va avec. Et toi ?

Je ne suis pas un pro. Je suppose que les pros de toutes les armées se sont penchés sur les images, images tournées dans ce but. Les aviateurs ont passé au peigne fin les images des avions pour distinguer les derniers Sukhoi et les derniers Mig et leur parenté avec les récents Chengdu chinois. On n’a vu aucune image de ravitailleurs. Faut dire que le sujet est sensible, les spécialités s’accordant à dire que les chasseurs furtifs chinois sont inutilisables sans ravitailleurs. Il se trouve que les Russes ont des ravitailleurs. Et si la coopération était plus avancée que prévue ?

Bon.  Après on peut discuter. Il est clair que l‘OCS a beaucoup plus de troupes que l’OTAN. Mois après mois, il devient clair également que l’écart technologique se comble et que la Chine aide la Russie à réduire son retard. Pour moi, il est évident que nos stratèges n’ont pas pris en compte la dimension globale de l’OCS. Alors que Poutine, oui. Il est tout aussi clair que l’avenir sourit à Vladimir, copain et voisin de Xi Jiping.

Poutine nous connaît bien. Il sait que nous badons tout ce qui vient des USA. Il connaît sur le bout des doigts notre classe politique, incompétente, veule et stupide. Surtout stupide. Combien de nos députés, maires, sénateurs, responsables locaux, savent ce qu’est l‘OCS ? Aucun. Tiens, chez moi. Les Chinois traitent nos ordures. Combien sont ils à le savoir ? Ils préfèrent s’intéresser à Benalla. Jocrisses !

Bon, avec ces manœuvres, certains réfléchiront peut être. Même pas. Ils vont croire à une opération de com’ et hausseront les épaules. Après quoi, ils répèteront, comme des idiots qu’ils sont, la doxa antirusse, renforcée aujourd’hui par Oleg Sentsov, brillant réalisateur ukrainien dont personne ne peut citer un film, malheureux garçon manipulé par la CIA et qui va en mourir.

En 2002, j’étais en Crimée. Tout était en germe. Je l’ai raconté. Les Criméens regrettaient Staline. Poutine est venu. Je ne fais aucune équivalence. Poutine donne à une partie de l’Ukraine, la protection qu’elle désire. Qui sommes nous pour traiter les Ukrainiens d‘imbéciles ?


Nos angéliques adversaires de Vladimir ont choisi Trump. Ne leur dites pas, vous serez incendiés. Ils ont enfourché toutes les rosses américaines et donc trumpiennes, refusant de voir que le fric de MacDonald a financé Trump. Je dis MacDonald…mettez le nom que vous voulez. Si t’achètes chez Amazon, tu es pour Trump, pour le système qu’il représente, pour le capitalisme libéral qu’il défend. Continue. Tes achats détruisent l’Amérique et c’est ce qui peut nous arriver de mieux.

Je boirais bien une bière avec Vladimir. J’apprendrai des trucs. Et je lui en apprendrai. Celle-ci par exemple : ce sont des samboistes français qui forment (bénévolement) les jeunes juifs qui défendent la synagogue à côté de chez moi. Des samboistes ? Oui. Fédération mondiale que Poutine préside ? Oui. Ce sport issu du KGB ? Oui.

C’est simplement des jeunes mecs qui aident d’autres jeunes mecs à se défendre. Et tu sais quoi ? Y’a des Tchétchènes dans le coup. Maintenant, démerde toi à couler l’info dans tes cases préformatées.


On en reparlera

mercredi 19 septembre 2018

MONTAIGNE ET LES MASS MEIAS

Quarante ans après. On renoue. Il fait partie de la liste des cinquante auteurs qui m’ont le plus marqué. Pourquoi ?

J’ai vingt ans. Il présente sa vision de Montaigne. Et, dans ce bijou, figure une analyse de l’image dans l’œuvre de Montaigne, une analyse totalement contemporaine comme tous les Essais. Il explique comment Montaigne utilise deux types d‘images, les déictiques (celles qui montrent) et les apodéictiques (celles qui démontrent)..

Montaigne savait bien que leur nature est différente. Une image déictique est un simple exemple qui n’engage pas la justesse du raisonnement tandis qu’une image apodéictique vient remplacer tout ou partie du raisonnement. Là est la différence essentielle, celle que nous touchons du doigt chaque jour.

Montaigne pour comprendre les mass médias ? Bien entendu. Quand il m’a expliqué Montaigne, de pseudo-centres de recherche exposaient les travaux de pseudo-spécialistes, en général beaucoup plus longs et beaucoup moins clairs que les mots de Montaigne. Parce que la philosophie, c’est ça. Traiter une question sans qu’interviennent des contingences de temps, d’époque, toutes choses qui peuvent éloigner l‘objet du sujet pensant.

J’ai déjà parlé, abondamment, de Diderot et de ses textes sur le comédien. Il n’y a pas une virgule à changer (à Diderot, pas à moi). Le plus souvent, on se gausse. Diderot, c’est vieux. Qu’est ce qu’il sait de Vincent Cassel, hein ? Comme le reste, la pensée doit se couvrir des oripeaux du modernisme.

J’en parle avec un jeune libraire dont je critique les choix. Je lui explique qu’à la fin de sa carrière, il aura vendu beaucoup plus de livres de Levi-Strauss que de X…. (nom laissé à la libre appréciation). Il me prend pour un vieux con.. Son expérience lui enseigne que Levi-Strauss, ça ne se vend pas. D’autant plus surement qu’il n’a pas un livre de l’auteur en magasin. A la fin de sa carrière, il aura vendu beaucoup plus de Flaubert ou de Balzac que de Marie Cardinal.

Le môme, il me regarde avec l’air malin de celui qui sait. Mes trente ans de librairie, il s’en tape, ils me desservent vu qu’ils m’enferment dans le monde des vieilles croutes. Je m’efforce, j’essaye, sans espoir. Mon œil accroche un Asturias sur un présentoir. Je fais partie de la génération de ceux qui ont suivi Caillois quand il créait la collection Croix du Sud. Il n’y avait pas que Asturias. J’envoie un appât : Rosario Castellanos ? Il ignore.. Il ignore aussi Guzman et quelques autres.

Je sens que je deviens chiant. Vieux et chiant. Et donc, je m’énerve. Les Cahiers de l’Herne ? silence radio. La Table Ronde ? Je ne vois pas une couverture. Je suis un vieux facho. Pour lui, la Table Ronde c’est Tillinac. Ni Blondin, ni Haedens, ni même Anouilh.

Sale morveux ! Incapable de refaire le chemin qui part d’Etienne Dolet et aboutit à toi. Ton histoire, c’est la mienne, l’histoire des lettres françaises développées sur cinq siècles. Tu comprends pas ? Tu n’imagines pas que Houellebecq, c’est comme toi, un aboutissement ?

Encore qu’en français, ce qui est abouti, c’est plutôt positif. On peut en discuter. Depuis Gutenberg, livre après livre, auteur après auteur, libraire après libraire, s’est construite cette merveille, la littérature française.

Alors oui,  gourou de la littérature pour lecteurs de stéréotypes, maître des élégances stylistiques, je vais te dire. Je n’ai lu qu’un seul livre de ce Marc Lévy que tu abhores. Et dans ce livre, soudain, m’est apparu un vers de Prévert. Ce vers, cette citation, me disait que Marc Lévy et moi étions enfants de notre littérature commune, que nous avions à partager.

Avec toi, lecteur anorexique, je n’ai rien à partager. Continue à aimer ce qu’aime la foule. Pour l’avoir refusé, Dolet a été brûlé.


Un libraire a de la vergogne. Sauf chez Leclerc. Et quand je dis « vergogne », au sud de la Garonne, c’est une référence. Une référence à Rosse tant.

dimanche 16 septembre 2018

C’EST UNE LANGUE BELLE…..

Oui.. C’est une langue magnifique. La mienne. Pas seulement. Près de 70 ans que je la.. hurle, murmure, chuchote, chante, psalmodie. Je ne l’ai jamais parlée. La parler était la déconstruire et elle valait mieux. Elle valait mieux aussi que les mots de Duteil, ce Maurice Carême des temps actuels. Duteil a rencontré le bonheur des institutrices nubiles qui pouvaient faire bramer les gosses sur de simplissimes harmonies et des rimes alternées. Il fait rimer « harpe » avec « Contrescarpe », ça va bien, trop bien, trop poli pour être honnête. J’aurais préféré « escarpe », l’assassin que tous, de Céline à Hugo, associent à l’homme politique.

Mais tous ceux qui bêlent Duteil et ses mièvreries (Duteil n’est que bêlable, tant pis pour lui, c’est son choix) s’empressent d’oublier la langue, pour la trousser, la violer, la détruire,  la laisser pantelante au bord du chemin.

La chanson est de 1985 et elle fut un succès. Il fallut attendre près de dix ans (1994) pour qu’une loi, la loi Toubon, vienne dresser un mur entre la langue et ses violeurs. Pas plus tôt sortie que vidée de son sens par les bandeurs mous du Conseil constitutionnel, bande de salopards bardés de médailles se moquant de la France comme de leur première chaudepisse. La presse les appelle « les sages ». Et que disent les sages ?

Que la liberté d‘expression inscrite dans la Déclaration des Droits de  l’Homme interdisait qu’on légifère sur la terminologie utilisée par des personnes de droit privé dans le cadre de leur activité. Le sens de cela, nous le vivons tous les jours. Au nom de son droit d‘expression ma voisine décérébrée et vendeuse de pizze peut inscrire en gros « Snacking » sur sa devanture. Sa liberté consiste à m’infliger quotidiennement un mot d’anglo-américain brutal et vulgaire qui me blesse profondément.

Il est où Yves Duteil ? Il est où Jacques Toubon ? Ils sont où les bêleurs de Duteil ? L’indécrottable Pivot et les 40 râleurs de l’Institut ? Quant aux juristes stipendiés qui s’’empressent d‘oublier que le français est la langue de la République pour ouvrir la porte à un code qui m’exclut, je peux les maudire jusqu’à la treizième génération.

Parce que le « snacking » de la marchande de galettes napolitaines, c’est ça : un mot qui m’exclut de ma communauté nationale. Comme bien d’autres qui viennent consteller les textes auxquels je ne comprends plus rien. Ce que les vieux birbes du conseil constitutionnel appellent liberté d‘expression n’est autre que la liberté de m’exclure. Parce que la langue, c’est ça : un code qu’on partage. Ou pas.

Avec la polémique sur l’enseignement de l’arabe, on n’a pas fini de sodomiser les diptères.. Evidemment qu’on a piqué plein de mots à l’arabe, ceux dont on avait besoin : algorithme, alambic, alcool, houri, salamalec…. Comme on en a piqué à toutes les langues voisines voire lointaines. La mousmé de Carco est simplement une musumé japonaise. S’échanger des mots n’a aucun sens et surtout pas celui d’une supériorité d’une langue sur l’autre.

Demandez aux Québécois.. On défend pas une langue en bêlant avec les agneaux. On la défend avec une réglementation et/ou en disant que Grévisse a force de loi. Il y faut un peu de coercition.

Il faut surtout accepter que les modifications sont toujours signe d‘exclusion des locuteurs non consentants. Moi. Moi qu’on pousse à l’extérieur de ma langue en chantant du Yves Duteil. Il me souvient d‘une conversation avec une instit’ débutante à qui j’expliquais que le travail qu’elle faisait sur les syllabes avec des gosses de trois ans était la première marche pour apprendre les principes de la prosodie. Plus tard. Et que si les bases n’étaient pas assurées, l’alexandrin boiterait. Dans ses yeux clairs, je lisais « Vieux con » aussi nettement que le symbole du dollar dans les yeux de Picsou.

C’est comme ça que neuf jeunes sur dix sont incapables de lire et comprendre un jugement ou un texte de loi alors qu’ils maîtrisent le snacking ou le roaming. Leurs enseignants, leurs parents, ont fait l’impasse sur le français classique et certains ont conclu à l’urgence de simplifier un vocabulaire qui est déjà bien simple..

Ce n’est pas grave. Duteil ou pas, le français crève avec la complicité  ceux qui devraient le maintenir en vie. Toubon n’a servi à rien. Comme défenseur des droits, il ne me paraît pas beaucoup plus efficace.

Du moins, la liberté d’expression est elle garantie.


Wesh, Brother ! c’et le bon trip !!


P.S. : Pizze, c'est le pluriel de pizza, en italien normal. La connasse, elle respecte pas le français, ni l'italien. Mais sa liberté d'expression, fautive, est assurée

mercredi 12 septembre 2018

LA HULOTTE

On est au début des années 1980… Le mec a un nom connu chez moi : de Chevigné. Il bosse avec Nicolas Hulot, comme documentaliste. Il cherche les cartes et les docs qui permettent à son boss de faire « ouf ouf » sur sa planche à voile. Seul Télé 7 jours s’intéresse à Hulot. Il est à sa place entre l’horoscope et les pubs pour les engrais à géraniums.

Pendant ce temps, dans un village ardennais, un instit publie mensuellement un petit journal polycopié : La Hulotte. Il y donne infos et conseils pour faire passer le message écologique auprès des gosses. Oui, il y a déjà un message écologique. Pas dans Télé 7 jours.  La Hulotte existe encore mais les écolos en parlent moins que de Hulot.

Pendant ce temps, dans toutes les facs de sciences, de jeunes mecs qui ont compris le message de Dorst bossent comme des malades, avec des moyens minables et une passion incroyable. Personne ne relaie leur travail.

Pendant ce temps, dans toutes les facs  de sciences, des chercheurs chevronnés cherchent à décrypter le monde naturel et à en expliquer l’unité et la diversité.

Hulot fait toujours « ouf ouf » dans son micro, crée des produits de beauté et se fait financer par les pires pollueurs du CAC 40.

Moi, je pense aux gens du LERAI, le Laboratoire d‘Etudes et de Recherches sur les Arthropodes Irradiés. Vous ne connaissez pas le LERAI ? Je vous le fais court et à l’arrache. Quand l’armée française fait péter les premières bombes A à Reggane, elle veut vérifier la dangerosité de la chose et elle mandate une équipe de jeunes scientifiques à cette fin, dont le remarquable Claude Grenot qui m’a raconté l’histoire. On attache quelques animaux domestiques (surtout des chèvres et des moutons) à des distances variables du lieu  de l’explosion  et on collecte les cadavres des animaux sauvages. Pour se protéger, les jeunes naturalistes ont des tabliers doublés de plomb, les mêmes que ceux des radiologues de l’époque. !!

Certains résultats surprennent, notamment celui-ci : les scorpions ne sont pas affectés par l’irradiation. Au contraire. Dans certains cas, la bombe augmente leur potentiel génésique. En clair, l’atome fait bander les scorpions. Ça va pas. On ne crée pas la dissuasion nucléaire pour améliorer la bandaison, fut-elle scorpionique. Et donc, le pays fait ce qu’il faut et crée, sous l’égide du Muséum et avec quelques subsides militaires, un laboratoire pour comprendre le phénomène, phénomène qui peut réduire à néant l’effet dissuasif de l’arme de dissuasion. C’est le LERAI.

Ils ont fait avancer de manière ébouriffante la connaissance des scorpions qui était embryonnaire, mais, à ma connaissance, ils n’ont pas trouvé la cause de l’érotisme post-bombinette de ces sympathiques bestioles. Les écolos s'en foutent. Les scorpions ne sont pas présentables, même dans le cadre de la biodiversité.

Pendant ce temps, Hulot passait du « ouf ouf » au « cling cling » de la caisse enregistreuse et devenait l’icône écologique des bobos qui ne savent rien de l’écologie. Normal, il n’avait pas de temps à consacrer à l’étude, occupé qu’il était à vénérer son nombril.

Le savoir passait à nouveau derrière le faire savoir.

Alors, aujourd’hui qu’il est lourdé, j‘en ai rien à carrer.. C’est juste un journaliste, pas très bon de surcroit, gonflé à l’EPO médiatique. Mais ce qu’il signifie du point de vue de notre gouvernance, ne me laisse pas indifférent. La nomination et le renvoi d’Hulot me parlent de notre Président.

Un Président ne peut pas tout savoir, on est d‘accord. Il lui faut des conseillers, des spécialistes qui vont le guider dans le monde trouble de la réalité. J’avais déjà vu ça pour la politique asiatique où j’ai quelques copains hauts fonctionnaires, superbement informés et superbement ignorés. Idem en matière culturelle. Je pense à Marc Thibout, chartiste, spécialiste des fresques du Haut Moyen Age, conservateur du Musée des Monument Français. En face, je mets Stéphane Bern, le Hulot du Patrimoine, Stéphane Bern qui se prend pour Castelot, alors qu’il est seulement un journaliste spécialiste des  vieilles couronnées..

Les conseillers macroniens ne connaissent pas les sujets pour lesquels ils conseillent. Ce sont des professionnels des médias capables de séduire ma concierge, des gens sympathiques à la télé, mais guère plus. Hulot et Bern sont les pierres de touche de l’action macronienne. Mais tout le monde est persuadé qu’un journaliste est un penseur, pire, un homme de savoir alors que la réalité est complexe. Tout simplificateur est une saloperie humaine qui valorise ses insignifiances pour s’exploser les chevilles...ou ses revenus...

Mais il faut simplifier pour exposer ! Non.. Il faut enseigner pour permettre à l’autre de comprendre.

Communiquer, ce n’est simplifier que pour les simples d‘esprit. Les autres, on les éduque..

Je déconne. J’ai connu Les Perses d’Eschyle en prime time, à la télé. Aujourd’hui, j’ai Nabila. Je ne suis pas nostalgique.

Je suis honteux.

Hulot n’est plus là. La Hulotte survit


lundi 10 septembre 2018

ARNO BREKER

Il est bien oublié celui-là. Il a pourtant eu son heure de gloire : il était le sculpteur favori de Hitler.
On peut gloser sur l’œuvre de Breker et lui refuser l’étiquette d’art « nazi » au motif qu’il n’était que le représentant allemand d’un courant qui regroupait des sculpteurs comme Despiau, Landowski ou Belmondo, pour ne parler que des Français. Il se trouve que ce courant portait les mêmes valeurs et, parmi celles-ci, la glorification du corps, de préférence blanc et sculptural. Il se trouve que Breker bénéficiait du statut d’artiste « officiel », apprécié par le Führer et par Albert Speer qui le harcelait de commandes.

Breker prônait un retour au classicisme et aux valeurs esthétiques de la Grèce antique. En Allemagne, ce n’était pas original. Mengs en fit autant à la fin du XVIIIème siècle. La fascination allemande pour la Grèce n’est pas une vraie nouveauté et Goethe lui-même, dans le second Faust, introduit le personnage d’Hélène de Troie. L’importance de Breker vient de la place qu’il prend dans un courant politique qui vise à la glorification de la race, glorification qui ne trouve pas sa source dans les travaux intellectuels mais uniquement dans la beauté des corps. A contrario, la propagande nazie insiste sur les difformités des autres races. Pour la première fois, un régime politique transforme le corps, sculptural, athlétique en icône et ce régime politique est le nazisme.

Le culte du corps est une idée nazie.

L’idée n’était pas récente et elle cheminait depuis un siècle : améliorer la santé humaine revient à améliorer la santé sociale. Bien entendu, cette idée repose sur une image dévoyée, celle du corps. Il est à noter d’ailleurs que nombre d’erreurs de jugement proviennent de cette image. A considérer les villes comme des corps, les urbanistes ont cassé les sociétés et les modes de vie. Il est exact qu’une artère (du corps) doit être large et non bouchée et doit favoriser la circulation (du sang). Cela ne signifie pas qu’une artère (une rue) doit être large et favoriser la circulation des automobiles. L’image, la facilité littéraire conduisent à une réflexion qui n’en est que la poursuite et reste une image, et non la réalité. Le corps est une chose, la ville en est une autre.

De même, le corps social n’est pas le corps humain. Les hygiénistes du XIXème siècle ont commencé par améliorer les conditions de vie pour améliorer la condition de l’homme. Le mouvement fut général : en Angleterre, James Cook invente le tourisme de masse pour détourner les ouvriers de l’alcoolisme tandis qu’à Paris, le préfet Poubelle lutte contre les rats en inventant la boite qui porte encore son nom. A tout cela, on ne peut que souscrire.
Mais très vite, l’image prend le pas sur le réel. A la propreté de la rue doit répondre la propreté du corps qui devient la marque de la propreté de l’âme. Le mouvement s’accélère avec la vaccination : on lutte contre la tuberculose comme on lutte contre la syphilis et lutter contre la maladie devient une lutte contre les lieux de plaisir et la prostitution.

Les mesures techniques deviennent alors des mesures morales. Les gouvernements y ont intérêt : une jeunesse saine fait les armées solides. L’invention du sport par les Anglais vient couronner le tout et les premières épreuves olympiques seront l’équitation, la course, les lancers et le tir. Le sport prépare à la formation des soldats. On ressort la vieille formule latine de Mens sana in corpore sano que l’on détourne de son sens : tout le monde comprend qu’une âme saine dépend d’un corps sain. Ce qui reste encore à prouver. Voir les sportifs de haut niveau.

Le nazisme a été le point culminant de cette idéologie. En glorifiant le corps, marque de la race, les nazis ont abouti à la dernière étape : l’eugénisme. L’assimilation était complète : on nettoie la nation de ses miasmes comme on se lave les pieds. Tout ce qui s’éloigne d’une norme pré-établie doit être détruit. Les statues de Breker fixaient la norme.

Or, dès qu’on parle du corps, c’est la norme classique qui s’applique, l’Apollon du Belvédère et les plaquettes de chocolat du discobole. C’est valable aujourd’hui comme au temps de Breker. Il ne faut pas se moquer du nazisme : il valorisait le corps comme nous le faisons, avec les mêmes images, les mêmes arguments hygiénistes et moraux. Qui va en salle de gym est un apprenti SS. D’ailleurs, je me suis laissé dire que les skins qui forment la garde rapprochée de Marine aiment la musculation.

Valoriser le corps, c’est plonger dans une idéologie douteuse. La devise du plus grand adversaire d’Hitler, Churchill, était bien « No sport ». Chacun choisissait ses priorités.

Et donc, je me méfie des gens qui cultivent leurs corps. J’y vois des relents d’homme parfait, des miasmes glauques qui préparent aux défilés sanglants. C’est pas que j’aime pas la compétition. Par exemple, le championnat du monde des mangeurs de boudin.

Il ne s’agit pas de revenir à Molière. Le corps, cette guenille. Il suffit juste de dire qu’on a le corps de son ADN, de l’accepter et de ne pas mélanger les notions. Ne pas répondre aux canons de la beauté, ce n’est pas asocial. On est comme on est et ça n’a aucun sens moral particulier.

On en reparlera…


dimanche 9 septembre 2018

ETRE BARBARE

J’avais écrit ça au moment du Bataclan. Puis oublié. Mais toujours d’actualité.

La foire aux mots bat son plein. Le Président vient de l’affirmer : nous serons impitoyables ! Tu parles ! Dans ce monde où ne règne plus que l’affect, le pathos, la compassion devenue passion, il veut nous faire croire qu’il fera de la politique sans pitié, alors que tout son vocabulaire tourne autour de la sentimentalité la plus simple. Non, ces attentats ne sont pas une horreur. Ce sont des actes de guerre. Et la guerre n’est une horreur que pour les civils. Pour lui, ce devrait être son job. Ni plus, ni moins.

Alors faisons un peu de sémantique

Terroristes. Non. Musulmans. Les huit mecs  qui ont attaqué sont tous les huit musulmans. Dans la Résistance, il y avait des communistes et des gens de droite, des cathos, des juifs, des protestants et même des musulmans. Là, les deux ensembles se recouvrent parfaitement. Le jour où des catholiques participeront aux actions des jihadistes, on pourra causer. Pour l’heure, les terroristes sont uniquement musulmans et donc j’ai toute légitimité à poser cette équivalence. Je ne dis pas que tous les musulmans sont terroristes. Je dis que tous les terroristes sont musulmans.

Il faut cesser de se voiler la face. C’est une guerre de religion. Les jihadistes ont pour projet de faire régner l’Islam sur le monde. Ils ne s’en cachent pas et se battent pour ça. Et donc la seule chose à leur dire c’est : on n’en veut pas. A aucun prix. Demandez aux musulmans modérés. Que l’Islam règne en France ne les offusque pas. Simplement, ils laissent les autres faire le sale boulot.

Mais il ne faut pas stigmatiser !! Ben voyons. Au temps fort de l’ETA, personne n’hésitait à parler de terroristes basques. Les Basques non terroristes ne se sentaient pas « stigmatisés ». Deux poids deux mesures ? Non.  Basque n’est pas une religion. Mais dès qu’un clergé quelconque est en jeu, la doxa se met en branle. La religion fout la trouille, quelle qu’elle soit, vu que la peur, peur de vivre, peur de mourir, est son fonds de commerce. D’ailleurs, chaque chaine à son imam présentable. Celui de Bordeaux est omniprésent avec un discours lénifiant que ses actes parfois démentent.

Impitoyable. On envoie des avions. L’aviation, c’est la guerre médiatisée. Le pilote qui bombarde ne voit rien des conséquences de son bombardement, que des images. Les images qu’on nous passe en boucle, ce sont des décollages de nuit, images pour jeux vidéo. Aucune image qui pourrait entrainer une quelconque compassion ou le moindre rejet. On est impitoyables mais on fait gaffe à ne pas susciter la pitié. Poids de l'étymologie....

Ce siècle est religieux. Même ceux qui n’affichent aucune religion ou n’en pratiquent aucune ont des fonctionnements religieux, des fonctionnements basés sur la compassion, sur la rédemption, sur la charité, bref sur tout l’arsenal de l’irrationnel religieux.

Nous sommes devenus faibles et couturés de peurs. Peur de  tuer des innocents, par exemple. Alors que c’est le cas dans tous les conflits. Nos adversaires n’ont pas de ces pudeurs. Justement ! me dit-on. Ne soyons pas aussi barbare. Pourquoi ? La base de la communication, c’est d’utiliser le vocabulaire de l’autre. Pour qu’il comprenne. Pour qu’il y ait un code commun. Là, nos ennemis ont choisi le code, suivons les. Ils veulent la barbarie ? Soyons barbares. Ils refusent la loi ? Ne laissons pas la loi qu’ils refusent les protéger. Ils décapitent sans procès ? Ne leur offrons pas les procès qu’ils rejettent. La phrase de Saint Just est toujours d’actualité. Pas de liberté pour les ennemis de la liberté. Ce n’est pas renoncer à nos valeurs, c’est simplement adapter nos valeurs à leur discursivité.

Ce qui me troue le cul, c’est d’entendre des parents de victimes affirmer qu’ils n’ont pas de haine. Comment ? Un salopard tue ton gosse et tu n’as pas envie de le venger ? Je dois être un peu rustique, mais je ne comprends pas. Et je me fous qu’on me traite de barbare. Dans un monde barbare, je suis mieux adapté.


On en reparlera …

samedi 8 septembre 2018

DE REAGAN A TRUMP

Anecdote personnelle. Je termine un synopsis post-apocalyptique sur le thème : comment peut se reconstruire une société dans un monde dont il ne reste que des décombres ?

Première joie : tous les quadragénaires qui le lisent ne tarissent pas d’éloges. J’en prends et j’en laisse. Un projet n’est bon que quand il est réalisé.

Première baffe : un de mes contemporains et amis me file un roman américain en affirmant que le sujet a déjà été vachement bien traité.

Ben non. Le roman en question traite de la survie d‘un individu dans ce type d‘environnement. Un individu. Seul avec son gniard. Moi, je pense à la manière dont se reconstruit une société. Pas un connard égotiste qui ne peut arriver à rien tout seul. Personne n’arrive à rien tout seul. Quel que soit l’environnement, le solitaire est condamné.

Du coup, je vais me promener ici et là et je découvre pourquoi je déteste la littérature américaine contemporaine, ce que j’appelle la brisure Paul Auster. Dans les années 1980, la littérature américaine qui était une littérature de la société devient une littérature de l’individu. En gros, ça correspond à l’arrivée de Reagan. Avant Reagan, les grands écrivains ne conçoivent leurs personnages que comme partie d‘un groupe, politique, social, voire racial. Après Reagan, seul compte l’individu. Je caricature un peu. A peine. Portnoy était politiquement chargé des discriminations, il finit par tourner autour de son pénis.

Ce qui me frappe, c’est que c’est devenu l’alpha et l’oméga de toute réflexion. Ainsi Trump. Tout tourne autour de sa personnalité, de sa vulgarité. Comme si Trump était une sorte de Dieu sorti de nulle part pour sauver (ou détruire) l’Amérique. Mais, Bon Dieu, il n’est pas seul !! Il a été choisi, aidé, conseillé, et même financé, par des centaines de types dont il est la marionnette, le porte-parole et le représentant. Le croire seul , c’est croire en la possibilité du changement On change Trump et tout va bien. C’est ignorer tout ce qui est derrière lui et qui pousse, décide, transforme. Tout ce qui restera après Trump.

Idem pour Macron. Lui, il est l’icône des sciencepotards. Il plonge dans les sondages. La belle affaire ! L’oligarchie lui cherche déjà un remplaçant. Il est peut être trouvé. Comme Emmanuel a remplacé François. Il n’a aucun intérêt. Il a montré sa bonne volonté, il a détruit le code du Travail, démantelé la SNCF, il va privatiser les machines à fric comme la FDJ. S’il échoue, il sera remplacé comme une vieille serpillère.

Les groupes sont à l’œuvre. Partout et même en Europe de l’Est. L’opposition, en gros, c’est la place de la Nation ce qui ne convient pas du tout à l’oligarchie financière internationale qui a besoin des flux ignorants des frontières. Aujourd’hui, refuser la frontière, c’est aimer le capitalisme. Mais Trump est protectionniste !! Oui. Trump protège le territoire de Wall Street. Mal, parce que le tissu est troué. Obama s’y est pris comme un con. Il n’a pas su voir et expliquer à ses alliés (les mêmes que Trump) que les USA n’avaient plus la prépondérance mondiale. Alors, l’oligarchie a changé de candidat pour changer de politique. Parce que, eux aussi, ils croient à l’individu. Ça marche pas non plus.
L’individu peut gérer sa vie ce qui n’est pas si mal. Pour gérer un groupe, il faut penser, vivre et agir comme un groupe. Ce que font tous les élus locaux qui ont du succès.

Sauf qu’ils ont compris qu’on vivait dans une société à deux vitesses et donc une société à deux doxas, avec une bien-pensance de l’élite et une bien-pensance du peuple. L’élite pense comme Attali, le peuple comme Marine. C’est le  peuple qui vote, faut il le rappeler ?

Mais, on ne peut pas…. Si, on peut.. On perd des amis, on gagne des voix. Les amis aident à s’aimer, les voix aident à être élu. Et non, ce n’est pas de la démagogie. Et si ça en est, ce n’est pas grave. Un politique a tout à gagner à aimer le peuple et tout à perdre à s’aimer.


Car, au bout, c’est ça.. Aimer l’individu, c’est s’aimer avant tout. Est ce si important ?

vendredi 7 septembre 2018

JEAN-PIERRE PICON, MON AMI

Facebook sert au moins à ça. Nico m’annonce le décès de Jean-Pierre Picon. Une porte se ferme sur mon passé et sur votre avenir.

Jean-Pierre a révolutionné le voyage. Vraiment. C’est pas une clause de style. Nous vivions à la botte des grands groupes d‘industriels du transport d‘humains quand il a créé Explorator. Comme toutes les grandes idées, elle était géniale de simplicité. De petits groupes de voyageurs pour ne pas déséquilibrer les contrées visitées, des destinations difficiles d’accès mais à la richesse culturelle évidente, des accompagnateurs connaissant parfaitement le terrain pour assurer une logistique toujours défaillante. Pour faire simple, des voyages pour ceux qui ne voulaient pas voir le monde comme des valises sans poignées. Tout était à inventer. Et donc, il a tout inventé. Et il a passé sa vie à ouvrir des lieux à ceux qui n’auraient pas pu le faire sans lui.

Explorator regroupait alors les meilleurs. Jean Pierre était allé chercher des types comme Jean Sudriez, guide indépendant sur le Sahara, connu de quelques passionnés seulement. Tout le monde passait rue Cambacérès avec ses envies, son savoir, son enthousiasme. Tout le monde. Ils ont tous été des collaborateurs d’Explorator, Hervé et Daniel, l’autre Hervé, Jean-Marc, Patrick, Nicolas, Michel, Didier. La liste est longue.

Un gestionnaire imbécile m’a dit une fois : ils ont tous copié Explorator. Non. Jean-Pierre n’a pas eu de plagiaires mais il a eu des disciples. Et c’est vrai que du moule qu’il a fondu sont sortis les créateurs de tout ce qui compte aujourd’hui dans le monde du voyage d’aventure. Je vous épargne les noms. Ce serait trop long. Et ils ont essaimés partout.

En ce temps, il n’y avait pas de catégorie « Voyage d‘aventure » dans les statistiques car le nombre de pax était ridiculement faible. Et les voyageurs étaient ridiculement passionnés. J’étais leur libraire, Jean-Pierre avait insisté. Les clients d’Explorator, je les connaissais tous. Ils sortaient de chez moi chargés de livres et de cartes, plusieurs semaines avant de prendre l’avion. C’était le temps où on préparait un voyage avec sérieux et passion. Oui, on consommait déjà du voyage, il serait stupide de le nier. Comme on consommait des repas. Soit chez Bocuse, soit chez Jacques Borel. Et Jean-Pierre, bon Médocain, avait choisi son camp.

J’ai connu les « séguillous » de Jean-Pierre. C’est un mot occitan qui désigne les suceurs de roues, comme disent les cyclistes. Pas les disciples, ni les plagiaires, deux catégories qui supposent qu’on ait étudié le modèle avant de l’imiter. Ceux qui copient ce qu’ils comprennent, c’est à dire rien. Le maquillage. Ceux qui pensent que botoxer, c’est inventer la beauté. Ils n’ont jamais compris le mépris que je cachais peu. Je regardais leur entourage, je pensais à ceux qui entouraient Jean-Pierre. La messe était dite. J’ai parlé des disciples. Il n’y avait pas de courtisans.

Je me demande ce qu’est devenu Vincent, l’associé discret, l’homme des comptes qui servait de rempart à Jean-Pierre. Il a eu sa part, sa part d‘ombre indispensable à leur réussite. Nico est toujours dans le radar. Sophie  doit être triste. Comme tous ceux pour qui Jean-Pierre a compté.


Les séguillous vont rendre hommage. On va pouvoir rigoler en ces temps de tristesse. Ce sera son dernier cadeau

mercredi 5 septembre 2018

MEYMAC ET LA PEINTURE

MANIFESTE DE MEYMAC
Par un groupe d’artistes réactionaires

Un randonneur se perd.. Plus de repères.. C’est ce qu’il croit.
Alors qu’il lui suffit de reprendre le chemin à l’envers. Il reviendra fatalement au dernier endroit connu, au dernier repère. De là, un minimum de réflexion lui permet de reprendre sa route. De corriger ses erreurs.

Nous ne savons plus faire ça. La doxa de la novlangue nous l’interdit.

Nous vivons dans un monde bergsonien où le calendrier a remplacé le temps. La valeur d’une idée, d’un acte est donnée par sa date, aujourd’hui vaut plus qu’hier et bien moins que demain. En art, ça conduit à des télescopages improbables et stupides : un plug anal surpasse le plafond de la Sixtine. L’idée est simple : l’artiste, aujourd’hui, a intégré les leçons d’hier et donc, il fait mieux. Il ne vient à l’idée de personne que c’est absolument faux et que nombre d‘artistes n’ont rien intégré du tout. Mais la vieille idée médiévale reprise par Pascal ne quitte pas notre mental. Tout intellectuel est un nain porté par les épaules de géants. C’est une facile filiation que personne, jamais, ne vérifie mais qui suppose que le doigt de Dieu sur le plafond de la Sixtine donne naissance au plug anal. Et personne n’ose plus dire que le premier travail d‘un peintre, c’est de dessiner.

Il y a là une rupture que beaucoup d‘artistes vivent mal. Autant en arts graphiques qu’en musique ou en littérature, c’est tout simplement la négation de leur histoire car l’histoire de l’art accepte mal les grands écarts. Avant d‘être fils de Michel Ange, le peintre est fils de ses maîtres, ceux qui ont tenu sa main et accompagné ses premiers essais, ceux qui lui ont parlé et ont fait de lui un créateur. Au fond de lui, le peintre sait bien que sa peinture ne doit rien aux galeristes, aux journalistes, à toutes les caquetantes poulettes qui font l’opinion et manipulent la doxa. Ceux là ne l’appellent plus peintre, mais plasticien.

Fils de son temps, l’artiste est également fils de sa terre, du lieu dont il connaît les arbres et les nuages qui lui ont enseigné la lumière et les ombres changeantes, où les plaines et les jardins lui ont appris la perspective. Aucun artiste n’est multiculturel, sauf peut être les schizophrènes.

Aux yeux des « intervenants culturels » comme on dit aujourd’hui pour désigner ceux qui administrent une culture qu’ils sont incapables de créer,  dire de l’artiste qu’il est fils de son temps et héritier de son territoire est terriblement réducteur. C’est ringard.

Nous le revendiquons. Ecrivains, peintres, musiciens, nous sommes terriblement ringards. Mieux, nous sommes réacs. Les pieds dans nos territoires, la tête dans notre histoire. Nous sommes réacs car nous réagissons. Réactionnaires, c’est ça : réagir.

Comme le gamin d’Andersen qui affirme que le roi est nu. Il suffit ! Oui, nous sommes les enfants de Flaubert et de Bouguereau et pas les frères de Koons et Mac Carthy. Et oui, nous avons créé notre mouvement dans la Corrèze profonde devant une assiette de tourtous et pas devant un plat de hamburgers à l’écume de mangue. Oui, nous sommes des bouseux rétrogrades. Avant de nous vouer aux gémonies, regardez notre travail.


Pensez à cette chose simple. Que voulez vous mettre sur vos murs ?