mercredi 27 novembre 2013

LES BOBOS BOUDDHOLATRES

J’en ai un peu marre de la doxa tibétolâtre qui vient me polluer les neurones. Doxa basée sur le prétendu non-respect des droits de l’Homme par la Chine.

Alors, essayons d’être clairs.

Les hommes naissent libres et égaux en droits. Les distinctions ne peuvent être fondées que sur l’utilité publique.

Ça, c’est l’article 1. Article 1 que nous, Européens, sommes infoutus de respecter. Quoi ? Qu’est ce ?

La vérité. Neuf états européens sont des monarchies dirigées par des familles régnantes. Je voudrais bien qu’on m’explique comment des pays où, lorsqu’une tête couronnée expulse un gnard, les autres gamins sont les « sujets » du précédent, peuvent prétendre à respecter cet article 1. La monarchie est un crachat à la gueule des rédacteurs de la Déclaration. Nous acceptons pourtant ces monarchies, voire nous les approuvons, mieux, nous les exaltons (on vient de vivre coup sur coup le jubilé de la royale ménopausée et la naissance et le baptême d’un chiard appelé à régner sur les autres, c’est leur conception de la démocratie).

Il est possible qu’il y ait reproduction des classes dirigeantes en Chine, mais pas plus qu’en France, et plutôt moins que dans une monarchie. Et les traitement diffèrent. Deux corrompus, Cahuzac et Bo Xilai, lequel est en prison ? Pas le Français.

L’égalité des droits dans le Tibet ancien ne me paraît pas non plus une évidence. Un lama ne sert à rien, un rimpoche, non plus. Il y a une distinction entre le paysan de base et le supérieur de monastère mais il faudra m’expliquer en quoi cette distinction est « fondée sur l’utilité commune ». Si le clergé était utile, ça se saurait quand même !

Il n’y a jamais eu autant d’écoles au Tibet. Jamais autant de routes et de voies de communications. Les famines ont été éradiquées, le système de santé n’est sûrement pas parfait, mais il existe. Un peuple a t’il besoin d’écoles ou de moines ? Lui faut-il des chirurgiens ou des rimpoches ? Répondre à ces questions, c’est se positionner politiquement, intellectuellement et humainement. Je me suis déjà énervé sur ce sujet (http://rchabaud.blogspot.fr/2013/11/les-droits-de-lhomme-2.html)

Et la culture ? Mais elle survit la culture !! Les monastères sont parfaitement entretenus, les bibliothèques existent toujours, les écoles tibétaines propagent la langue et l’écriture, il vous faut quoi en plus ? La culture chrétienne n’a pas été entravée par la Révolution française. Nous avons tous accès aux textes, et même à des textes longtemps planqués comme les Evangiles apocryphes, la peinture n’a pas été censurée, les églises sont bien entretenues, les monastères préservés. La culture chrétienne est offerte à tous. Le savoir chrétien est à la portée de n’importe qui. C’est la pratique qui a été battue en brèche, la pratique qui a si longtemps offert à la Calotte des exonérations d’impôts, des droits relevant de l’injustice, une position sociale injustifiée. On n’a pas besoin d’un curé pour connaître le christianisme, il me semble même qu’un peu d’agnosticisme puisse être utile. On n’a pas besoin de pratiquer pour connaître et j’ai eu des profs qui m’enseignaient le bouddhisme sans fréquenter les pagodes. Bouddhisme qu’ils connaissaient mieux, y compris en lisant et en traduisant les textes originaux, que beaucoup de bouddholâtres actuels.

Alors, OK, ce qui est menacé, surtout par lui-même, c’est le clergé. Ça n’a aucun intérêt. Nous avons dix fois moins de curés qu’il y a cinquante ans, ça ne menace pas la culture chrétienne.

Quant aux curés en soutane jaune, il faut bien choisir les mots. Il n’y a aucune immolation. L’immolation est un sacrifice offert à la divinité. Le bonze qui se carbonise s’offre en sacrifice, c’est un libre choix, librement décidé, une affaire entre lui et le monde des esprits. Ce n’est pas un suicide que le bouddhisme réprouve.

En réalité, un bouddhiste croit en la métempsychose. Il se réincarne après sa mort, il revit, il renaît. La mort n’a aucune importance pour lui, c’est juste un passage. En grattant son allumette, le mec s’offre simplement une vie future. On ne pleure pas sur une naissance, doit on pleurer sur une renaissance ?

Avec tout ça, on baigne dans la manipulation, mais surtout dans l’incohérence. On se fait badigeonner la tronche d’affect et de larmes bon marché. Les midinettes modernes s’offrent un roman photo à base de mandalas. Elles offrent surtout à certaines officines de désinformation une caisse de résonance où se mêlent allègrement politique et bons sentiments. On a déjà connu ça avec les Peace Corps. MacCarthy-Ricard, même combat ? Y'a des chances.

Il fallait que ce fut dit. On en reparlera certainement car on n’a pas fini d’en bouffer du curé admirable.

samedi 23 novembre 2013

CONNERIES CORRECTES

Ça pourrait être une rubrique.

Aujourd’hui, je vais dire aux débiles mentaux qui nous emmerdent avec le foie gras : vous êtes des truqueurs de la pire espèce, des petites gens qui surfent sur la vague de la compassion universelle, des bouddhistes au teint pâle et pire encore, des Européens du nord avec lesquels je ne veux pas vivre. C’est à cause de vous que j’ai voté contre Maastricht, à cause de vous que je finirai par rejoindre les anti-Européens virulents qui sont mon dernier espoir de sauver le foie gras, la corrida et le havane dans les lieux publics. Vous me rendez violent.

Bande d’ignares, avez vous déjà gavé un canard ? Moi, oui, et pas qu’une fois. Alors, pour que vous sachiez, je vais vous raconter. Comme ça, vous hésiterez peut être la prochaine fois qu’il y aura un stéréotype à enfourcher.

D’abord, gaver, c’est pas fatigant. T’as pas à courir après les canards, ce sont eux qui viennent. Tu arrives dans la cour avec le chaudron plein de pâtée, ils accourent. Peut être est-ce l’odeur, peut être la vue du chaudron bien noir, je sais pas, c’est pavlovien. Peut être que c’est maso un canard. Va savoir. Ils accourent en remuant leur croupion noir. T’as tout le temps de t’asseoir et t’attrapes le premier. Là, c’est délicat. Tu le coinces entre tes jambes et tu vas lui enquiller le tube du gavoir dans le bec. Il faut lui tirer doucement sur le cou, enfiler le tube dans le bec, puis le faire descendre en douceur. T’as la main gauche qui tient l’engin, la droite qui caresse doucement le jabot pour aider à la progression. Tante Marie disait qu’il fallait leur parler, leur dire des mots gentils. Je me souviens, elle les appelait « mounou ». Chez moi, « mounou », c’est un truc que t’utilises pour dire aux enfants que tu les aimes, l’équivalent de « mon trésor » ou « mon chéri ». J’étais un peu jaloux : j‘aurais voulu être le seul qu’on appelle « mounou ». Pas partager avec les saturnins.

Quand la canule est en place, on remplit l’entonnoir de la bonne pâtée de maïs broyé, d’herbes et de corps gras et on tourne la manivelle pour que la vis sans fin fasse descendre le nectar dans l’estomac. La bonne quantité, c’est un entonnoir bien plein. Pas plus, pas moins. Pas trop vite, non plus. Après quoi, tu retires la canule, aussi doucement que tu l’as mise, une dernière caresse au jabot et tu relaches la bête. Deux-trois minutes par canard, tout compris. Le canard se tire en vacillant un peu. Le plus souvent, il va se coucher dans un coin, histoire de faire une petite sieste post-prandiale, et t’attrapes le deuxième ; et ainsi de suite.

C’est comme ça que je donnais un coup de main à Tante Marie. La quinzaine de canards que je gavais, c’était autant qu’elle avait pas à faire. Ça lui libérait du temps pour aller faire une tarte ou une petite crème anglaise. Le gavage, c’état vraiment un acte d’amour entre elle, moi et les canards.

Me dites pas que j’ai une vision angélique et que j’ignore ce qui se passe dans les élevages industriels. Non, je ne l’ignore pas mais je ne regarde que ce mot : industriel. Au lieu de vous battre contre le foie gras avec le kleenex à la main, vous feriez mieux de vous battre contre l’industriel quel qu’il soit, contre la technostructure capitaliste. C’est elle qui a imposé qu’on change de race de canards (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/01/parlons-un-peu-des-immigres.html), elle qui a imposé le gavage mécanique, elle qui a imposé les bandes de mille ou deux milles canards. Mais voilà : le sage montre la lune, le fou regarde le doigt. Vous allez chialer devant la photo d’un canard mort mais vous acceptez les nitrates et les pesticides qui vous permettent de bouffer de la salade en janvier. Parce qu’en janvier, je suis bien sûr que vous allez pas bouffer uniquement les légumes de saison. Et que vous allez pas engueuler le connard de bistrotier du coin qui vous colle une tranche de tomate dans l’assiette d’un bout de l’année à l’autre.

Ou pire comme les fascistes du Faux gras qui font un ersatz à base d’huile de palmiste. Le palmiste, ça pousse pas dans le Gers. Ton huile, salopard de Belge, elle a fait la moitié du tour du globe. Mais toi, ça te gêne pas, t’as l’habitude. Vu la taille ridicule de ton nain de pays, t’es bien obligé d’importer toute ta bouffe si tu veux entretenir l’obésité de tes gniards. Au cas où vous l’auriez pas remarquer, on peut pas être belge ou suisse et écolo. Quand t’habites un mouchoir de poche, faut du CO2 pour vivre aussi connement que tous les autres cons. Par exemple pour partir en vacances dans le Sud-ouest (de la France, ça va sans dire, le sud-ouest de la Belgique, ça n’existe pas) afin de mieux le détruire, d’interdire le foie gras et la corrida dans un premier temps. Le prochain coup, ce sera le rugby vu que dans le plat pays, on joue qu’au foot. Pas de raison que les autres s’amusent, une fois.

Vous vous demandez pourquoi je vire xénophobe ? Vous vous demandez pourquoi plein de Français virent xénophobes ? He bé, vous posez plus la question. Pourrait y avoir du progrom anti-belge entre Dax et Castelnaudary si vous continuez…

On en reparlera…

PS :le Faux Gras, ça existe vraiment et c’est vraiment belge. C’est une émulsion d’huile de palmiste et de divers produits chimiques censée imiter et remplacer le foie gras. Je peux pas vous dire si c’est un peu ou beaucoup dégueulasse, j’en ai jamais mangé.

mardi 19 novembre 2013

LE TOFU ET LA GEOPOLITIQUE

Ce fut mon premier repas au Japon. Du tofu, gluant et gélatineux baignant dans une sauce insipide où flottait une algue. Je venais de me taper trois ans aux Langues O’ et 10 000 kilomètres avec escale à Anchorage (c’était le temps où on faisait escale). Devant la soupe nippone, j’ai compris que je m’étais fourvoyé et que le Japon n’était pas pour moi. Malgré tout ce qui m’avait séduit (à commencer par les jardins), je sus instantanément que je n’avais rien à faire avec un peuple capable de manger un truc avec si peu de goût.

Dieu merci, le Japon m’avait conduit vers la Chine par le biais de l’incident de Mandchoukouo. Le tofu me permit de comprendre la sauvagerie de l’armée japonaise. Pensez donc à la remarque d’Obélix « l’armée romaine doit être puissante ». Un soldat nourri de tofu finit par devenir sauvage et comment, à l’idée de se nourrir de tofu toute une vie, ne pas être tenté de se crasher sur le pont d’un navire de guerre ?

C’est alors que Manu me fit découvrir le mapo tofu qu’il traduisait par « tofu de la vieille vérolée », ce qui est très exagéré. C’était dans un restaurant de Belleville voici quelques semestres. Et là, la bouche emplie de saveurs et les yeux embués de larmes dues à des piments particulièrement chauds, je pensais à mon tofu du soleil levant et je compris que je m’étais définitivement trompé de direction. Le maotaï venant compléter les agapes ridiculisait définitivement le saké.

Ceci peut sembler anecdotique mais quand on compare le tofu à la japonaise (on peut aussi le manger frit mais il n’a guère plus de goût) et le tofu chinois, on touche du doigt l’opposition inéluctable entre les deux pays. Mes copains japonologues affirment que l’essence de la cuisine japonaise réside dans son dépouillement. Avec le tofu, le dépouillement confine à la nudité. On vous dira que c’est une recherche esthétique. On serait alors au delà du minimalisme. La vérité, c’est que la cuisine japonaise est fade, peu abondante et peu variée. Le sushi, c’est pas le foie gras aux raisins. Et donc, on fait comme toujours : on remplace les saveurs par des mots et les cuissons par du baratin. C’est comme ça qu’on finit par bouffer des fleurs sans sauce, comme les vaches.

De ce triste tofu, les Chinois ont su faire la base de quelques spécialités vachement élaborées. Quand un peuple cuisine comme ça, il fait la preuve de sa civilisation. Le tofu japonais est triste comme un pasteur luthérien, le mapo tofu est gai comme frère Jean des Entommeures, avec sa farce de cochon grillé et ses piments.

Quand je mange (et c’est souvent) du mapo tofu, je sais pourquoi j’aime la Chine. Je l’aime parce qu’il y a des dizaines de variantes du plat, un peu comme il y a des dizaines de variantes du cassoulet ou de la garbure. En fonction du terrain, de la saison, des ingrédients disponibles, de subtiles variations s’installent. Pour l’heure, les Chinois ne sont pas devenus des foudistes, comme on dit. Ils mangent comme on mangeait chez nous quand j’étais petit. Beaucoup. Des plats avec une histoire. Des plats qui sont des pieds de nez aux nutritionnistes. Des plats qui appellent le desserage de ceinture et la vanne aussi grasse que la sauce. Des plats inscrits dans la terre.

Nous, pendant ce temps, on laisse quelques couillons « revisiter » des plats qu’ils n’ont jamais visités avant (qu’est ce que c’est con comme expression : stricto sensu on peut revisiter Versailles, pas la blanquette de veau), on bouffe des fleurs et on traque la sauce et le piment, ces maudits. On n’a plus le droit de picoler et on sort de table avec la faim.

La différence entre le tofu et le mapo tofu marque la différence entre le Japon et la Chine comme le foie gras est une frontière entre les Californiens engraissés de hamburgers et les secs Béarnais. On en a déjà parlé à propos du fromage (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/01/fromage-et-geopolitique.html). Quand on comprendra que pour faire de la politique, il faut passer des heures à table, on aura fait un grand pas en avant.

A condition de s’en tenir aux produits, à leur provenance, à leur transport, à leur importance dans la balance commerciale, à leur importance religieuse. Puis je être ami avec un végétarien ? Avons nous des choses à partager ? Je veux dire des choses vraiment importantes, comme la culture, tellement liée à l’agriculture contrairement à ce que pensent les virtualistes hygiénistes….

On en reparlera …..

mercredi 13 novembre 2013

LES DROITS DE L’HOMME (2)

Je l’ai déjà raconté dans un livre de voyages, admirable et hélas ! méconnu. Je suis à Sébastopol, dans un bistro en terrasse le long du port, avec une belle gazelle d’une quarantaine d’années. Elle me raconte l’Ukraine et nous en venons aux droits de l’homme.

« Les seuls Droits de l’Homme, c’est d’être logé, nourri, éduqué et soigné. Le reste, c’est un luxe pour pays riches »

Boum ! Ben oui, ce minimum, elle ne l’a pas. Elle a quarante ans, elle est docteur en biologie et elle survit en faisant la plonge dans le bistro d’à côté. Ça lui permet de nourrir ses enfants. Pour le logement, c’est chez ses parents. L’éducation des gosses, c’est le minimum syndical et s’il y a un gros pépin de santé, t’as intérêt à avoir des économies vu que la Sécu est quasi inexistante. Tout ceci, en Europe.

Alors le passeport et les voyages à l’étranger, ça la fait marrer. « Nos parents, ils avaient pas le droit d’aller à l’étranger. Nous, oui. Mais on peut pas payer les billets…. ». C’est beau les droits qu’on peut pas exercer… Autant pas les avoir.

Les Droits de l’Homme, c’est un luxe de pays riches…Quand t’entends ça, tu prends une baffe quand même. Alors tu réfléchis. Les droits de la douce Tatiana, ils te paraissent un peu matérialistes. Et puis tu te dis que ta Liberté, si t’es hypovitaminé, tu vas pas en jouir longtemps. La Liberté, c’est d’abord la liberté d’enlever un cran à ta ceinture quand tu sors de table. Pour des millions de gens de par le monde, un repas, un toit, une école, un hôpital, c’est essentiel.

D’accord, mais pas à n’importe quel prix !!! En es tu sûr ? Tu préfères que ton gosse meure de faim pour ta carte d’électeur ? Qu’il ait le choix de ses journaux sans école pour apprendre à les lire ?

Là, c’est toujours la même réponse. Il faut les deux ! Quand on peut, c’est certain. Mais quand on peut pas ? Quand il faut choisir ? Le monde idéal reste à construire, les loulous. Les deux tiers de l’humanité doivent encore choisir.

Et puis, j’ai déjà dit tout le mal que je pensais du sujet (http://rchabaud.blogspot.fr/2010/12/quels-droits-de-lhomme.html), du sujet mais aussi de ceux qui le traitent (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/02/indignez-vous.html).

Les convictions des droits -de-l’hommistes vont pas trop dans mon sens. Brandir les droits de l’Homme pour défendre la religion, quelle qu’elle soit, ça ne me convient pas. Un curé (un rabbin, un imam, un pasteur, un bonze..) ça ne défend pas l’Homme, ça défend un truc qui opprime l’Homme. T’es libre de penser ce que tu veux mais pas de m’emmerder avec. Si t’as besoin d’un Dieu pour vivre, libre à toi. Mais tu me l’imposes pas. Ni à moi, ni aux autres.

J’aime pas trop les moines, à part Frère Jean des Entommeures. Tous ces mecs qui branlent rien que marmonner des conneries en faisant la manche, je trouve ça pathétique. J’ai pas besoin de leurs momeries pour vivre. Pour mourir, non plus.

Faut dire que je viens de lire la biographie de Tashi Tsering traduite par André Lacroix. J’ai pas été surpris de voir que, robe noire ou orange, la pédophilie se portait bien dans les monastères. J’ai pas non plus été étonné des difficultés rencontrées pour éditer un livre remarquable. La religion est un vaste lobby, du Vatican à Dharamsala.

Le premier droit de l’Homme, c’est de pouvoir tenir debout sans béquilles intellectuelles et de comprendre que les dieux ne sont qu’une misérable création de l’Homme. S’il n’y a plus d’homme pour croire en Dieu, il n’y a plus de Dieu…

Mais ça, comme disait Saint Thomas, c’est pas demain la veille…


PS : j’offre ce texte à toutes mes copines bouddha-compatibles (j’exagère, y’a quelques mecs aussi mais les XX dominent). Qu’elles songent que tous ces bonzillons qui s’allument ont atteint le stade suprême de la religion et qu’elles se réjouissent pour eux qui vont pouvoir se réincarner. A moins que tout ceci ne soit que postures et qu’elles ne croient pas vraiment à la métempsychose. Et qu’elles gardent leur Ricard… J’ai le mien.

dimanche 10 novembre 2013

TUES PAR LEUR GOUVERNEMENT

Rien n’est plus exaspérant que ceux qui ne veulent pas comprendre. Sur Facebook, les appels à la compassion et au don de dollars se multiplient. La télé bruisse des nouvelles de dons, le monde se mobilise pour les Philippins.

Ces pauvres Philippins frappés par une catastrophe naturelle. Mon cul ! dit Zazie. Zazie qui lit ce blog sait que les catastrophes naturelles n’existent pas : ce sont juste des événements naturels devenus des catastrophes artificielles (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/11/les-catastrophes-artificielles.html).

N’en déplaise à mon amie Mireille, je ne verserai pas une larme sur un peuple qui a foutu au pouvoir un gouvernement qui vient de tuer 12 000 de ses citoyens (dernière estimation, mais ça va grimper)..

Expliquons nous. Nous sommes en 2013. La Terre est surveillée en permanence par quelques centaines de satellites météorologiques. Les données sont publiques et tous les Etats en échangent. Pour les cyclones dans la zone Caraïbe, tu vas sur le site de la NHC, pour la zone Pacifique ouest, le mieux c’est l’agence météorologique japonaise (www.jma.go.jp/en/typh/). Le mieux pour moi : c’est clair, pas trop technique et on comprend bien. Ainsi, aujourd’hui dimanche 10 novembre, je vois se dessiner un autre petit cyclone qui pourrait bien toucher les Philippines d’ici 4 à 5 jours. Je l’ai surnommé « Deuxième Couche ».

Allez voir, c’est assez simple. Dès qu’un cyclone naît, il est surveillé. On sait dans quelle direction il va, quelle est son intensité, on le suit d’heure en heure quasiment.

Et donc le président Benigno Aquino, il savait. Il savait qu’un typhon qui allait se renforçant se dirigeait sur son pays. A trois heures près, il savait quand son pays serait touché. Et qu’a t’il fait ? Je veux dire vraiment fait. Pas se contenter de diffuser des messages d’alerte. Si vous allez sur un bon site avec une bonne base de données (et en français), comme www.catnat.net, vous apprendrez que le cyclone est la spécialité locale des Philippines. Sur les dernières années, on en a recensé 74 avec une moyenne de 332 victimes par cyclone. A mon avis, avec Haiyan, la moyenne va monter, fais moi confiance.

Benigno Aquino, ça, il le sait mieux que moi. Il sait qu’année après année, les cyclones balayent les Philippines, qu’année après année, ses concitoyens en meurent. Il sait que les zones urbaines sont les plus touchées et que ce sont les plus pauvres qui dérouillent en priorité. Qu’est ce qu’il a fait pour améliorer l’habitat ? Qu’est ce qu’il a fait pour protéger les villes ? Est ce qu’il a déplacé des populations ? Vu le résultat, ça m’étonnerait.

Faut dire qu’Aquino est libéral. Un libéral, c’est quelqu’un qui croit à une certaine immanence et refuse la coercition. Pas comme ce salaud de gouvernement communiste vietnamien qui a déplacé près d’un million de personnes avant l’arrivée d’Haiyan : c’est pas libéral d’empêcher les gens de mourir.

Les Philippins, ils l’ont élu. Chez eux, Aquino, c’est une quasi-dynastie vu que sa maman a aussi été Présidente. Ils auraient du se méfier. La maman elle s’appelait Corazon, elle se laissait affubler du diminutif yankee de Cory, tu vois le genre. Mais bon, les Philippins, le libéralisme à la Dallas, ils doivent aimer ça. Les Philippins, ils ont pas compris que dans l’Asie des Moussons, valait mieux avoir un pouvoir un peu plus fort que libéral. Ben oui, on appelle ça le « despotisme oriental ». Quand t’es en première ligne pour prendre typhons et inondations dans la gueule, c’est bien un gouvernement qui assure. Des fois, il assure avec une certaine vigueur et des gens mal intentionnés pourraient le croire dictatorial alors qu’il est seulement contraignant.

Toujours est-il que le typhon n’a tué personne. Un typhon, c’est que du vent (deux caractères japonais Tai, grand et Fu, le vent, c’est l’étymologie). Le vent n’est pas criminel, pas plus que la pluie ou le verglas.

Le criminel, c’est le gouvernement qui accepte année après année que les victimes soient plus nombreuses, en laissant croire que c’est la faute à un quelconque fatum, à une misérable destinée. En refusant de porter la responsabilité de cette tragédie.

De celle-là et des suivantes. Car il y aura, bien entendu, d’autres tragédies. Chaque automne vu que ça fait quelques siècles que ça dure et qu’il n’y a aucune raison que ça s’arrête. Sans compter que derrière le grand vent, t’as les inondations, quelques glissements de terrain et un chouïa d’épidémies.

Remarque, Aquino, s’il veut rien faire, on peut pas le forcer. Y’a que les Philippins, mais a priori, ils aiment ça. Sinon, ils auraient pris les armes, tu crois pas ?

On en reparlera…

dimanche 3 novembre 2013

RECUPERATION

C’est un truc que j’aime bien faire : suivre incognito une conversation sur Facebook. On n’est jamais déçu.

Hier, c’était rigolo comme tout. Sujet : les deux journalistes de RFI. Intervenants : des spécialistes du tourisme d’aventure. C’est vrai qu’ils ont la rage : pendant longtemps, le Sahara a été leur fonds de commerce, leur gros pourvoyeur de marges. Alors, l’insécurité dans l’oasis, ils aiment pas.

Depuis trente ans, les voyagistes sahariens nous ont construit une belle image du nomade. Fausse comme toutes les images. Le noble seigneur du désert a deux pères : Joseph Peyré et Jean-Pierre Picon. Les suivants ont fait ce qu’ils savent faire, ils ont suivi. J’ai déjà flingué cette image du noble Touareg. Le Touareg, c’est le mec qui empoisonne les puits et qui vit du trafic d’esclaves (http://rchabaud.blogspot.fr/2012/04/les-touaregs-font-chier.html).

Il y a trente ans, il y avait encore des esclaves (des harratin) dans le Hoggar et ça ne gênait personne. Alors, les discussions pour savoir si le MLNA est islamiste ou pas, ça me fait hurler de rire. S’il faut s’allier avec les islamistes pour récupérer du fric, le MLNA le fait, vu que le noble seigneur du désert, il est vénal. Comme tout le monde : on est tous plus ou moins à vendre. Ça dépend du chèque. Bon, on habille la vénalité comme on peut et même y’en a qui croient à l’habillage. Le Touareg n’est pas islamiste même quand il assassine ce bon Charles…. Ou quand il file un coup de main à AQMI. Il est noble et bon même quand il empoisonne les puits. C’est le problème avec les gens qui aiment : ils aiment plus leur objet d’amour que la réalité historique qu’ils affirment aussi aimer. En fait ce qu’ils aiment, c’est l’image qu’ils croient donner. J’en ai déjà parlé à propos des orientalistes (http://rchabaud.blogspot.fr/2011/03/les-orientalistes.html)

Et donc, je suivais cette conversation délicieuse entre « amis des sahariens » comme ils s’auto-désignent. Rien que ce terme, c’est à mourir de rire. T’étais ami avec Kadhafi ? Non ? Pourtant, il était Saharien… Ouais, mais amis des Sahariens, ça veut dire ami avec les Sahariens présentables sur les brochures. Faut pas déconner. L’amitié est fille du business.

D’ailleurs, ça a pas tardé. Mais que devons nous faire pour aider nos amis sahariens dont l’image est à jamais ternie par l’ignoble et abject assassinat dont ont été lâchement victimes deux honnêtes et intransigeants journalistes appartenant à la fine fleur des radios occidentales ? C’est vrai que la question touche à la morale, à la vie des hommes, à la liberté d’informer.

Et là, l’un des intervenants a eu la réponse : on va faire une brochure. C’est pas une belle idée, ça ? On part de deux cadavres, on finit à l’imprimerie. Peut être ben qu’on peut récupérer quelques pax sur un coup comme ça. Pas pour le Sahara, mais pour l’Atacama, on sait jamais. Déjà que le Dakar passe à Iquique…

Remarque, ça m’aidait à réfléchir à une autre question : qui a besoin de martyrs ? Pas nous. Nous, on paye pour pas en avoir. Nos adversaires s’efforcent d’en avoir. Deux stratégies, deux positions mentales sinon morales, deux positions quasiment théologiques.

Tout ça me fit penser à une planche de Reiser où l’on voit un petit mec se tordre de rire devant une affiche de mobilisation générale. La foule s’assemble autour de lui, prête à lui faire un mauvais parti. Et, à force de rire, le petit mec s’effondre, foudroyé, mort de rire. Alors la foule hisse son corps et déploie une banderole : vengeons notre martyr. Oui, décidément, nous avons besoin de martyrs, ils sont le terreau du commerce.

On en reparlera…