mercredi 23 novembre 2022

GUERRE ET PRESSE

 Vous vous êtes bien marrés. Le géopolitologue prévoyait la victoire de Poutine ! Mes neurones étaient dévalués sur le marché. Décryptons.

 

Clef de décryptage n° 1

« La vie d’un soldat consiste en  de longues périodes d’ennui et de courtes périodes d’effroi » (Derek V. Ager).

On ne saurait mieux dire. De A l’Ouest, rien de nouveau au Désert des Tartares, la guerre est plus attente qu’action. On la concentre, on la rend plus dense dans les livres d’histoire où on enfile les dates et les faits. Mais la principale caractéristique de la guerre est son immobilité médiatique. Le temps d’avant l’engagement est interminable : il  faut déplacer les troupes, assurer leur logistique, surveiller l’ennemi. Et le journaliste n’a rien à dire car il ne se passe rien d’intéressant. Les « experts » manquent d’informations et  supposent, supputent, utilisent le conditionnel pour boucher les trous de paroles.

Le temps de la guerre n’est pas le temps de la télé même si la télé sait mieux que quiconque commenter le rien.

 

Clef de décryptage n°2

La guerre tue plus de civils que de militaires.

La plupart des téléspectateurs sont des civils, horrifiés par l’holocauste de leurs homologues. Un nourrisson tué dans un bombardement est statistiquement insignifiant (étymologiquement ; sa mort n’a pas de sens). Ce n’est pas d’hier : quand Henri IV met le siège devant Paris, il envoie ses troupes à Corbeil couper le ravitaillement de la capitale (en 1590). Affamer les civils pour protéger les militaires. On pourrait écrire plusieurs volumes sur les techniques destinées à se débarrasser des civils pour laisser le champ libre aux militaires. De nos jours, la mort des civils n’apporte rien sur le savoir stratégique mais augmente les audiences et les recettes publicitaires.

 

Clef de décryptage n°3

« L’armée russe est un diesel. Elle gagne toujours les guerres qu’elle a commencé par perdre » (officier supérieur sympathique sur LCI, mais je n’ai pas noté son nom).

Ne  parlons pas de l’Afghanistan pour ne pas le contrarier, mais c’est globalement exact. Les Russes sont une équipe de rugby qui n’utilise que sa première ligne et il leur faut le temps d’analyser la stratégie adverse. Comme ils sont réalistes, il n’ont aucun sens de l’anticipation et ils ne tiennent aucun compte de l’immatériel comme le montre leu0r absence totale de communication. En Ukraine, ils n’ont qu’une certitude : l’Occident va se lasser. Attendons.

 

Zelensky est un acteur qui a été nommé scénariste. Il oublie que les scénarios s’écrivent à Hollywood, pas à Washington. Les Américains ont besoin de sa victoire, mais pas à n’importe quel prix. Le producteur peut changer de scénariste Un accident est si vite arrivé.

 

Bref, je ne change rien.