samedi 22 août 2015

TU PRENDS OU TU LAISSES

J’aime bien les réactions sauvages. Mes copains restaurateurs, ils en ont après TripAdvisor ou La Fourchette, en ce moment. Comme quoi, c’est des sagouins qui écrivent les avis. Ben oui. C’est même la règle du jeu.

Quand je travaillais pour le père Routard (c’est une sorte de père Fouras en à peine moins vieux), à la fin du boulot, j’envoyais d’un côté une note avec les heures passées à écrire et une autre note avec les factures (hôtels et restaurants) payées. Réglées rubis sur l’ongle. Vérifiées : si tu mettais un restau sans antériorité et sans facture, ça branlait au manche, vu la suspicion de copinage.

Internet a gommé tout ça. Les minets écrivent gratos et présentent pas la facture. C’est bon, ça fait du contenu. Du contenu merdique, mais qu’y faire ? C’est de la liberté d’expression. Que savent ils ces critiques autoproclamés ? En général, rien. Pas grand chose des produits et rien de la profession. Mais Internet leur donne le droit d’écrire. Ce qu’ils veulent. Quand ils veulent. Comme ils veulent. Libres. Libres d’écrire des conneries que liront des gens tout aussi incompétents qu’eux mais qui vont s’en satisfaire. Surtout que lire est aussi gratuit.

Il ne vient plus à l’idée de personne que recueillir de l’information, la contrôler, la publier, coûte de l’argent. L’info, c’est gratuit. Faut pas s’étonner que le web regorge de stupidités. Gratuites, ce qui est leur qualité essentielle.

Il ne vient plus à l’idée de personne que c’est ce que nous voulons. Tous. On veut dé-ré-gu-ler. Le restaurateur qui adore Uber, il ouvre la voie à TripAdvisor.

Tout ça me dit un truc : Le Chapelier a enfin gagné. Pas besoin d’apprendre, pas besoin de savoir. Juste savoir communiquer.

Tiens, taxi, justement. Pour être taxi, fallait passer un exam. Prouver qu’on connaissait Paris. Ho ! ça va pas. C’est pas essentiel. C’est pas savoir qui compte, c’est simplement le prix et la disponibilité. Forcément s’il y a exam, la disponibilité se retrécit. Et puis Macron (je dis Macron, c’est pour mettre un nom), les exams, il connait. Ceux qu’il a passé, c’est les bons exams. Tu vas pas comparer Sciences Po à un examen de taxi ?

Si. Un exam, c’est pour montrer qu’on maîtrise un sujet. Si c’est un CAP de pâtissier, t’es censé maîtriser la pâte à choux. C’est pas aussi cador que la législation européenne, mais bon, c’est une garantie. Je dis ça, parce qu’on m’a offert des choux venant d’un spécialiste de la pâte à choux. Le mec, il s’appelle Poppelini, il te demande de manger ses choux avec amour, mais sa pâte, elle est dégueu. Total manque de souplesse, et même une sécheresse qui laisse penser qu’il y a du surgelé là-dessous. Le lendemain, c’était pire. Du carton. Rien à voir avec les choux de Madame Fernandez (cherchez pas, c’est fermé).

Les mecs de TripAdvisor, ils ne maîtrisent rien. Ceux d’Uber, non plus. C’est pareil.

Et donc tu peux pas accepter Uber et refuser TripAdvisor. Tu prends ou tu laisses. Tout. Et tout en même temps Tu choisis le monde des mots ou le monde des choses.

Tu choisis vu que tu peux pas avoir le beurre et l’argent du beurre.

Je sais, c’est dur. Il va falloir que tu acceptes que écrire sur Internet, c’est pas écrire. C’est utiliser un clavier pour causer comme au Café du Commerce.

Normalement, sous chaque texte, tu peux retrouver les influences. Savoir qui cause sous celui qui fait semblant de causer.

Tu crois que mes conneries sont naturelles ? Ben non. J’essaye avec difficulté de me rapprocher de quelques stylistes, pas nécessairement acceptés comme tels.

Mais, bon, ça nous éloigne….

On en reparlera…




jeudi 20 août 2015

LES CELTES ET LES BASQUES

Ce texte, ça fait un moment que j’en ai envie. Sauf qu’il risque de me fâcher avec un tas de copains

Ça fait un moment que je tourne autour d’une question : comment un peuple situé sur plusieurs voies de passage peut-il être considéré comme singulier ? Que les Eskimos d’Angmassalik soient un isolat, ça se comprend. Mais les Basques ? S’il y a un passage nord-sud dans les Pyrénées, c’est bien le Pays basque. Ajoutons le piémont septentrional qui conduit de Narbonne à Bayonne, la vallée de l’Ebre au sud qui va de Girona à Donostia, plus la côte, ça a circulé dans le coin !!! On m’a expliqué avec le plus grand sérieux que les Basques s’étaient isolés dans leurs montagnes. Mais ça non plus, ça ne fonctionne pas. Les montagnards, ça descend dans les vallées et on sait que 75% du vocabulaire basque a des origines latines. Il a bien fallu échanger pour en arriver là.

Je me suis baladé de l’Adour au Minho. En gros, c’est ce qu’on appelle l’Espagne verte, celle qui présente le climax atlantique. Partout, j’ai vu le même type d’habitat : des villages, le plus souvent regroupés sur des éminences, avec des rivières pas très loin, des lieux de culte près des rivières. L’occupation ancienne du sol en Galice est pratiquement la même qu’en Euskadi. Curieux.

Ces paysans sont aussi des mineurs : or (à Itxassou), fer à peu près partout, étain en Galice… Je vais pas vous gonfler de références…Pour Itxassou, voir les travaux de Béatrice Cauuet sur les mines d’or…celtes.

La toponymie vient ajouter quelques signes. Comment ne pas voir dans le nom d’Ourense (Urantia en latin) ce radical UR qui signifie l’eau et va bien avec la vocation thermale de la ville ? Comment ne pas voir dans le nom latin de Bordeaux (Burdigala) le mot basque Burdin (le fer) qui donne comme sens « le fer des Gaulois », compatible avec la première vocation de ce qui était un village de forgerons ? Quant aux finales des noms basques en « ritz », elles ressemblent fichtrement à un adoucissement du « rix » gaulois, même si Hector Iglesias préfère une origine germaine plus tardive. On peut multiplier les signes. Mes copains basques ferment les yeux et les oreilles et affirment (sans beaucoup plus d’arguments que moi) que tout ceci ne reflète qu’une formidable expansion du domaine des Basques trop singuliers pour se mêler à d’autres peuples. Tu parles ! Ce seraient bien les seuls….

Reste la langue…pas vraiment indo-européenne. Antérieure. Comme les langues celtes. Avec un bémol toutefois. Des langues celtes, nous ne connaissons bien que l’état le plus récent. Comment parlaient les Celtes continentaux au temps de César ? On sait pas trop, y compris pour les Bretons, vu que le breton actuel est apparenté aux langues celtes des Iles britanniques.

Et donc, tout est possible. Y compris que le basque soit un isolat conservé du gaulois. Hurlez pas.. Rien ne s’y oppose. Moi, y’a un truc qui m’intrigue. Le grand Jules, quand il parle de la conquête de l’Aquitaine, pas un instant il ne parle des Basques ou de la langue basque. D’accord, c’est pas lui qui s’y est collé, c’est Crassus. Mais quand même, Christian Goudineau a bien montré comment il fonctionnait : un peuple bien sauvage avec une langue bien barbare, ça aurait du lui plaire. Ben non. Pas un mot. Comme s’il était en territoire connu. Et peut être qu’il était en territoire connu. Que la langue ne lui posait pas de problèmes.

Les linguistes et les historiens sont des gens à courte vision. Ils s’excitent sur des textes (souvent truqués) et ils oublient la vie. Je vous dis ça à cause de Jean-Pierre Aren. Il m’a fait découvrir, voici bien longtemps l’alboka. C’est un instrument de musique, très ancien, à anche, avec un pavillon fait d’une corne de vache. Voici un exemple : https://www.youtube.com/watch?v=mCBv2BSnwqM

Bon, j’ai pas pris Kepa Junkera au hasard. La vidéo fait partie d’une série. Ce qui frappe mon oreille, c’est qu’on est dans un monde celte. Ecoutez les vidéos sur la trikiritxa, c’est pareil. C’est pas seulement de la musique, c’est une parenté qui se dévoile. A mes yeux, bien plus pertinente que les études linguistiques. Quand tu as la même musique, tu as le même corpus culturel. Et ça colle bien avec la géographie et l’utilisation du sol. Dans un monde de navigateurs de cabotage, de la Galice à la Bretagne c’est le même monde.

Ah ? vont dire les obsédés de l’étiquette, alors les Basques sont des Celtes ? Des Gaulois ? Peut être, peut être pas. Il y a des années de travail pour un résultat incertain et on s’en fout. Mais il fut un temps où les Basques fonctionnaient comme des Celtes, dans un monde dominé par les Celtes. Réalité sur laquelle personne ne veut travailler.

Moi, c’est une hypothèse qui me botte. Que les Basques soient les derniers Gaulois. Irréductibles, ça va sans dire. Ustarix le Gaulois. Que les racines de la Nation n’existent plus que quelque part entre Garazi et Larrau..

T’imagines que l’hypothèse fonctionne ? Que la musique remplace l’archéologie et les textes du vieux Strabon ?

Non, je ne l’imagine pas. Ce serait un séisme épistémologique parce que ça voudrait dire que des gens qui prennent leur pied ensemble sont une meilleure caution scientifique que des gens qui se foutent sur la gueule. Ça voudrait dire que le peuple qui danse doit être pris plus au sérieux que l’intellectuel qui écrit. C’est pas demain la veille….

On en reparlera….

mardi 11 août 2015

CHRISTIAN PARRA, MON AMI

C’est juste un souvenir. Un vieux souvenir. J’arrive chez Maria Luisa. Ceux qui savent savent où c’est. Christian est là, appuyé sur sa panse. Un geste, un seul, que je vienne à sa table.
« On m’a dit que tu bossais pour le Routard ? C’est vrai ? »
On ne ment pas à Christian.
« Alors pourquoi j’y suis pas ? Guérard y est, et Arrambide et Tellechea. Et moi, je suis mauvais ? »

J’argumente. Non tu n’es pas mauvais, tu es le meilleur. Mais voilà, les tarifs, le Routard, c’est aussi une question de prix. Honnêtement, je peux pas.

Christian me sert à boire. Il réfléchit vite.

« Bon, écoute. Je t’invente un menu Routard. Réservé à tes lecteurs. Moins de cent balles, vin compris Tes lecteurs, je les veux, c’est la jeunesse, c’est la vie. Tu me connais. Tes lecteurs, c’est moi ».

Du coup, j’ai fait venir le Philippe. Menu spécial Routard chez un double macaronné, étiqueté 19/20 chez Gaumiyo. Moi, je voulais pas qu’on dise que je faisais du copinage, c’était au chef de décider.

Je dois dire que Christian a fait fort. Guitare, piano, musique jusqu’au bout de la nuit. Je ne suis rien qu’un aubergiste. Sauf que c’était pas du jeu. C’était Christian. Marchand de bonheur. Même pas marchand. Apporteur de bonheur. Je cuisine pour rendre heureux. Je cuisine pour être heureux. Philippe était séduit. Je le voyais bien. Dans la nuit au bord du fleuve, il m’a dit : fonce.

Christian était fier de ses macarons. Mais il se méfiait. Il avait peur de devenir un cuisinier pour bourges nostalgiques. Il avait besoin d’éternelle jeunesse et, le salaud, il l’avait. Il suffisait qu’il prenne sa guitare.

Des souvenirs avec lui, j’en ai plein. Et je suis pas le seul. Christian arrivait à faire des souvenirs avec tout. Quand tu reçois Jérome Savary et sa troupe, c’est facile. Mais arriver à faire d’une paire d’œufs à la ventrèche, un souvenir mémorable quand la brume glisse sur l’Adour et qu’on est juste deux à regarder mourir le feu, c’est un don, un don de magicien.

Je suis juste un aubergiste. Il me l’a dit cent fois. Un jour, il a précisé. Une auberge, c’est un endroit où il y a de la lumière quand tout est noir, une maison dont la porte va s’ouvrir, un endroit où tu n’es plus seul. Il connaissait le poids de la solitude

Il était profondément et puissamment charnegou. Au départ, le charnegou est un bâtard, un chair mêlée. C’est un peu péjoratif. Le pays charnegou n’existe pas vraiment et ses frontières sont floues Il regroupe une poignée de communes, autour de Bidache : Hastingues, Came Sames, Guiche, Labastide. C’est une marche au sens le plus médiéval. Qu’on soit plus à l’Ouest, on est au Pays basque, un poil plus à l’Est et c’est le Béarn. On traverse le fleuve et voilà les Landes. Toutes les influences se mêlent, comme les familles. En pays charnegou, on a facilement la copulation exogène.

Terre de bouffe parce que terre de produits. On veille sur le porc et les canards,, on fait gaffe à la qualité du maïs qui garantit l’engraissement des volailles. Le boudin y est hostie et mal manger péché capital. Pour des raisons différentes, Christian et moi partagions la même tendresse pour le grand-père Montauzer qui faisait sa tournée du pays charnegou avec sa camionnette pour vendre de la charcuterie aux paysans. Il doit être plus facile de vendre du sable à Tamanrasset que du cochon à un charnegou. Quand le vieux arrivait dans le village, ma marraine me donnait un billet à l’effigie de Victor Hugo pour que j’aille acheter une tranche de hure. Christian avait un regard plus professionnel Il analysait toute charcuterie comme un conservateur du Louvre détaille un Léonard. Ici un trait de cognac, là, c’est la façon de hacher qui va révéler les sucs. Parfois, on se retrouvait chez André Lahargou.

Christian allait chez André comme un notaire va au bordel. En catimini. Son statut de grand chef collait mal avec la sciure du sol.. Je crois qu’il avait besoin d’André comme il avait besoin des jeunes, pour rester dans ce monde idéal des villages d’antan.Leur monde.

Et moi, je les écoutais en lampant du whisky distillé en Auvergne. Le gros charcutier conseillait le fin musicien. J’ai le souvenir d’une tirade racinienne sur l’utilisation du laurier qui peut assassiner une terrine. André allait chercher son laurier dans le jardin d’un curé de Chalosse. Je vais t’en donner. La prochaine fois, tu m’apporteras des oeufs comme la semaine passée, je me suis régalé. Et ce leitmotiv partagé : le cochon, c’est délicat.

Maintenant qu’ils sont partis tous les deux, qui va me redire ça : le cochon, c’est délicat.

On en reparlera…

lundi 3 août 2015

HELP ! AU SECOURS !


Le Figaro publie sous le titre Comment la Chine pourrait déclencher la Troisième Guerre Mondiale un article de synthèse qui fait froid dans le dos en accumulant les à-peu-près et s’achève par un pathétique appel au secours de l’américanophile patenté, Alexandre Devecchio.

Sur les faits, nous ne nous appesantirons pas. Les fidèles lecteurs de ce blog les connaissent, et depuis longtemps. L’interprétation est plus amusante.

Et donc, dès le titre, la messe est dite. Les vilains Chinois vont déclarer la guerre aux si gentils Américains, et par là-même, au monde entier. Sourions de cette présentation. La Chine n’a aucune envie de guerre. Elle demande simplement un traitement égalitaire entre puissances. Si un pays s’arroge un droit, tous les autres pays peuvent réclamer le même droit. C’est aussi simple que ça.

Après avoir expliqué que nous sommes revenus à la guerre froide, Devecchio a cette conclusion étonnante :

La superpuissance montante, la Chine, ne supporte plus d'être encore dominée par la superpuissance déclinante, les Etats-Unis et les Etats-Unis refusent de céder leur statut de puissance dominante à la Chine.

C’est évident. Quel pays peut encore accepter d’être dominé par un autre ? C’est à dire être considéré comme une sorte de champ ouvert qu’on laboure à sa guise ? Selon l’auteur, en toute bonne logique, qui ne se couche pas devant les USA est un fauteur de guerre.

Mais le plus drôle restent les motivations supposées des Chinois :

La Chine veut triompher et obtenir l'hégémonie sur la planète pour être assurée que son mode de gouvernance totalitaire ne sera plus inquiété par les forces démocratiques qui existent en Chine et hors de Chine. Des copies d'un tel scénario circulerait au Pentagone. (je n’ai pas corrigé l’orthographe du folliculaire).

La volonté hégémonique de la Chine serait donc un souci de faire perdurer le gouvernement du PCC jugé « totalitaire ».. Outre qu’il faudrait définir le totalitarisme avant de porter un jugement, le choix des mots vaut son pesant de jujube. Personne ne peut penser que la Chine sera « inquiétée » par les « forces démocratiques ». C’est vrai que la famille Bush se distingue par son souci « démocratique » ! Aujourd’hui, la Chine ne veut plus être emmerdée par des juges autoproclamés qui passent leur temps à critiquer toutes ses décisions. Par exemple, quand Pékin met en place une industrie des énergies renouvelables et que le syndicat américain USW dépose plainte à l’OMC pour concurrence déloyale. Mais quel pays a envie qu’un autre pays (fut-ce un allié) passe son temps à le critiquer ?

Pékin anticipe maintenant d'infliger très prochainement une défaite monétaire majeure aux Etats-Unis en retirant au dollar son privilège de monnaie du monde pour l'attribuer très vite ensuite au yuan. Cela ferait basculer irrémédiablement et irréversiblement le rapport de forces en faveur de Pékin.

Bon, ça, on en a déjà parlé ici. Pékin n’a rien créé. Les USA se sont endettés tous seuls, les USA ont décidé quasi-unilatéralement d’abandonner l’étalon-or, pour pouvoir vendre au monde entier une dette sans contrepartie. Mais qui a envie d’acheter une dette que le débiteur ne pourra pas honorer ? Les Chinois ne demandent rien d’autre : que la dette américaine soit adossée à des biens réels, dont l’or fait partie.

Les USA ont basé leur modèle sur l’argent et ils n’ont plus d’argent. Dommage pour eux. Ils en sont totalement responsables. Et donc, ils hurlent à la sauvagerie du créancier qu’ils accusent de tous les maux. C’est un grand classique des rapports débiteur/créancier. La vérité, c’est que les BRICS ont commencé de créer des institutions monétaires qui ne doivent rien aux USA et que de plus en plus de pays se détournent de Washington. Il suffirait…rien du tout. Quand on assoit la puissance d’une Nation sur des biens virtuels plutôt que physiocratiques, c’est ce qui arrive.

Mais le plus beau reste la conclusion :

Si les pays européens jouent alors le jeu de Pékin et de Moscou pour détrôner le dollar, on peut craindre le pire. Si au contraire, ils se portent en bouclier du dollar, Pékin en déduira qu'il est encore trop tôt pour engager l'affrontement territorial.

Help ! Le Figaro relaie l’appel au secours des USA aux politiques européens. Please, ne nous laissez pas tomber. C’est que Washington a désormais compris qu’il s’était trompé. La puissance militaire de l’OCS dépasse vraisemblablement celle de l’OTAN. Pas seulement en nombre, mais aussi en qualité des équipements. On vous a parlé ici des chasseurs de cinquième génération. Mais il y a autre chose. Même dans l’aéronautique, la Kalashnikov a fait école. Les Chinois continuent de produire des avions rustiques, peu chers, mais nombreux. Ils savent que l’aviation sophistiquée coûte cher. Ils font donc des avions de pauvres pour pays pauvres.

Pour tout observateur pas complètement obsédé par la prétendue puissance américaine, tout ceci est très clair. Voilà des siècles (mais oui !) que les USA humilient la Chine. Guerres de l’opium, soutien pharaonique au Guomingdang,, utilisation des mouvements religieux, guerres de Corée ou du Vietnam, tout a fait bois. Aujourd’hui, la Chine présente la facture et les Américains sont incapables de la payer.

Si guerre il doit y avoir, elle viendra de Washington. Et Alexandre le Petit se trompe. Les pays européens sont incapables de défendre le dollar. Ne fut-ce que parce que Pékin peut toujours sortir le joker Moscou. Et surtout parce que les Occidentaux qui, depuis vingt ans, ont été incapables de comprendre la stratégie chinoise ne vont pas, tout soudain, être touchés par la grâce. Enfin, parce qu'il faudra bien comprendre que le soft power ne suffit pas. La guerre, c'est pas du cinéma.

Lénine disait que les capitalistes vendraient la corde pour les pendre. Et bien voilà. Nous y sommes. Et Washington utilise le Figaro pour relayer son appel au secours.

On en reparlera…


PS : regardez bien les dates. La plupart de ces articles ont plus d'un an. Conclusion : lisez moi, c'est gratuit et vous serez informés avant les journalistes du Figaro









dimanche 2 août 2015

RAFALE PERDANT

Les télés se taisent. Dieu sait qu’elles ont été bavardes pourtant. L’Inde annule son achat de 126 Rafale.

Faut lire les commentaires de la presse écrite. C’est à mourir de rire. On vous explique sans rire que l’Inde préfère traiter avec les gouvernements. Donc les 36 Rafales commandés à Le Drian, c’est bon. Les 126 de Dassault, c’est plus bon. D’autres affirment que certains Rafales devaient être construits en Inde et que leur prix était trop élevé. La main d’œuvre indienne est-elle si chère ? Il paraît aussi que des parlementaires indiens contestent l’achat devant la justice.

Tout ça est tellement contourné, complexe que ça en devient risible. Personne à ma connaissance ne veut voir une réalité toute simple. Dans le cadre de l’OCS, l’Inde est allié de la Russie et le Rafale est la réponse du berger à la bergère. Tu livres pas mon allié, j’annule ma commande. Au cas où…. Mistral perdant, Rafale perdant

Les formalistes diront que l’Inde n’est pas formellement membre de l’OCS. Mais le processus a été officiellement lancé et c’est juste une question de mois ; les liens sont déjà tissés depuis que l’Inde (et le Pakistan) sont membres observateurs.

Les liens de l’Inde avec la Russie sont anciens et profonds. Souvenez vous des rencontres Nehru-Krouchtchev. On ne refuse pas un service à un vieil ami au moment de resserrer les liens avec lui.

La diplomatie française est pathétique d’aveuglement. Depuis des années, elle tourne le dos à nos voisins eurasiatiques pour se vautrer dans la fange étatsunienne. Les médias emboitent le pas. On ne sait rien de ce qui se passe à l’Est. Sauf pour se moquer de ce cher Poutine (j’en ai déjà parlé) qui, par parenthèse, vient de déclarer les OGM illégaux. Depuis près de 20 ans, les liens se tissent et se renforcent entre la Russie et la Chine et les autres pays d’Asie. Il appartenait aux diplomates de tirer la sonnette d’alarme.

On s’aperçoit aujourd’hui que, pendant ces 20 ans, s’est construit un bloc qui fait pièce à l’OTAN, bloc qui fait preuve d’une réelle solidarité. A nos dépens, comme aux dépens de tous les vassaux des USA. Le temps est pratiquement venu où il va falloir choisir son camp.

D’autant que les nouveaux avions de chasse russes sont rien moins que performants. Sukhoi vient d’annoncer les premières livraisons du T-50 PAK-FA, chasseur furtif hautement sophistiqué. Et Sukhoi est en train de développer un autre chasseur de cinquième génération (les avions des années 2020)….avec l’Inde !!!

Quant à la Chine, elle a dévoilé voici plus d’un an son chasseur furtif Shenyang J-31 qui vient doubler le Chengdu J-2O dont la mise en service est prévue vers 2018..

L’Inde ne manquera donc pas de fournisseurs. Mais, on doit dire que les articles de presse (la presse française) étaient à mourir de rire. A les lire, on ne pouvait que douter de la capacité technologique chinoise. Comme pour les Russes, il semblait que les chasseurs n’étaient pas si furtifs que ça. Ils sont trop verts, disait déjà le renard de La Fontaine.

On s’est moqué des Russes, des chaussures de Krouchtchev et des bitures d’Eltsine. On a forgé l’image d’un peuple corrompu, alcoolique et incapable. Comme on s’est moqué des Chinois qui bossaient pour un bol de riz, fourbes, menteurs et vérolés par la mafia (on dit triades pour faire plus chic). On a voulu dresser des monceaux de cadavres (Staline-Mao même combat) pour justifier notre ignorance et notre désinformation. En a t’on vu des reportages sur ces thèmes !! Alors qu’il suffit de regarder leur Histoire pour savoir que ce sont deux grands peuples, travailleurs et intelligents.. Deux peuples qui ne placent pas l’argent comme valeur première. Ho ! tu rigoles ? Et les milliardaires chinois ? Et les oligarques russes ?

Justement. Ils pètent de trouille devant le pouvoir. Ils savent que les prisons les attendent s’ils déconnent.

Aux USA, de Kennedy à Donald Trump, ils deviennent présidents (Trump, j’anticipe, bien entendu), c’est pas exactement pareil. Ce qui permet ce dévoiement majeur : l’économique commande au politique.

On en reparlera…