lundi 5 décembre 2016

VIVRE AVEC SON TEMPS

Je commande un carton de six bouteilles de vin. Non loin de Saint-Sebastien. En gros à cinquante kilomètres de chez moi. Au bout de quatre jours, ne voyant rien venir, j’envoie un mail poli et le vendeur, tout aussi poli me donne un numéro de suivi et le site qui me confirmera la livraison.

Et là, je tombe de cul…comme on dit chez moi.

Le colis a d’abord été envoyé de Saint Sébastien à Bilbao. Une bonne centaine de kilomètres dans l’autre sens.

Puis de Bilbao au hub européen de Garonor. Neuf cents kilomètres et on peut supposer que de Bilbao à Garonor le camion a emprunté l’autoroute qui passe à Bayonne. Et donc, il a bien fallu qu’il revienne et fasse dans l’autre sens quelques huit cents kilomètres. Il l’a fait avec une halte au dépôt régional de Niort, puis à Bordeaux.

Jadis, aux temps où personne ne se préoccupait du réchauffement climatique, lorsqu’on voulait envoyer un colis de Saint-Sebastien à Bayonne, on téléphonait à la SEUR qui le livrait le lendemain après avoir parcouru 50 kilomètres.

Il faut vivre avec son temps. Certes. On n’en a pas  d’autre à disposition. Mais il faudra m’expliquer comment a évolué le secteur des transports pour qu’il soit moins onéreux de transporter un petit colis sur 2000 kilomètres plutôt que 50. Bien entendu, le site du transporteur affirme maitriser le CO2 mais on me permettra d’être pour le moins dubitatif. Je suis bien certain que la rentabilité, elle vient de calculs statistiques bien complexes, d’une exploitation sérieuse des chauffeurs et des magasiniers ( il y a quand même cinq ruptures de charge).

Le sentiment qui me taraude est qu’on nous prend, encore une fois, pour des cons. D’abord parce que on n’a jamais le choix du transporteur. Tu commandes et tu perds la main. On pourrait me demander si je préfère que ma commande soit expédiée par chemin de fer, par exemple.

Aucune chance que ça arrive.. Con comme je suis, je serais capable de préférer la SNCF, retirant ainsi le pain de la bouche des transporteurs qui engraissent Vinci, Total ou Eiffage. On serait peut être nombreux à faire ça ? Et on pourrait détruire le bel édifice prévu par Macron et aidé par Fillon, à base de privatisation, d’autobus.

Imaginez … on serait quelques milliers à faire ça ? il faudrait peut être rouvrir des lignes, embaucher des cheminots et former des chefs de gare ? Va savoir.. Le peuple est capricieux et il aime emmerder les gouvernants. Et puis où irait on ? On va ouvrir le train à la concurrence, c’est pas pour donner le choix mais pour le restreindre…


On en reparlera