samedi 25 mai 2024

GUERRE ET PRESSE

 «  La vie d’un soldat est une longue attente ponctuée de périodes d’effroi »

 

J’ai oublié l’auteur de cette phrase qui décrit avec exactitude l’opposition entre le temps de la guerre et le temps de la presse et renvoie au chef d’œuvre de Remarque A l’ouest rien de nouveau ou encore au Desert des Tartares. La guerre n’est jamais autant la guerre qu’il semble ne rien se passer. Situation qui révulse le rédac’chef. Alors, il fait des titres sur des faits insignifiants (au sens premier. : sans sens) : quatre morts dans un bombardement dont un enfant. Ça veut dire quoi : Wagram 25000 morts dans la matinée, rien de comparable, mais faut remplir. La porte se ferme sur les faits (l’information) et s’ouvre sur l’opinion que viennent conforter les généraux médiatiques. Tous ces généraux sont passés dans les rangs de l’OTAN qui les a stipendiés, ils parlent d’une seule voix pour caqueter le discours de Washington.

 

Par voie de conséquence, la petite guerre prend autant de place que la « vraie ». Ce serait mieux d’avoir 4000 morts mais on fera avec quatre. Et moi, je suis paumé. Chaque jour Zelensky nous inonde de communiqués victorieux. Mais si les Ukrainiens dézinguent autant de drones, de missiles ou de navires russes, qu’ont-ils besoin de nous ? Ma logique me dit que chaque communiqué justifie mon indifférence. Mais les généraux otanophiles viennent me dire que oui, mais…la puissance moscovite, la démographie, l’économie font que ce sont des victoires sans intérêt. Bref, tout le monde cause et Poutine avance.

Zelensky est un communiquant, c’est-à-dire un menteur. S’il venait à genoux demander en suppliant, peut être l’écouterais je. Mais non. Il a la morgue du vainqueur enrobé de certitudes et refuse toute négociation. Voilà deux ans (souvenez vous de Mariupol) qu’il plastronne, abrité derrière les civils ukrainiens qu’il laisse crever en excipant du territoire tout en protégeant l’oligarchie ukrainienne. Les prolos ukrainiens sont en Europe pour ne pas servir son gouvernement pourri et n’ont aucunement le désir de se battre pour lui. Ça, ce sont des faits.

 

Les faits sont le boulot des journalistes, le seul, l’honorable. Leur opinion ne compte que si les faits recueillis l’étayent. Aucune chaine ne dit jamais le nombre de ses correspondants sur un front de 1500 km, toutes ont peur de mourir de ridicule. Leurs gestionnaires préfèrent les infos ou pseudo-infos gratuites délivrées par les agences ou consultants spécialisés. Et donc, toutes les infos sont les mêmes, forcément. Leur répétition devrait intriguer mais passe, au contraire, pour une garantie. Les sources sont souvent douteuses comme l’ISW, repère de néoconservateurs républicains, souvent proches de Trump et obsédés par la puissance de la Russie.

 

Le premier journaliste contemporain fut Fabrice del Dongo, arrivé par hasard sur le champ de bataille, incapable de comprendre les événements, notant des détails générateurs d’émotion, bourré au point de se faire voler son cheval. Bref, « je sais rien, mais je vous informe quand même ». La com’ est devenue la provende des publicistes et des pseudo-journalistes (c’est-à-dire les présentateurs) qui sont les porte-jarretelles permettant à la presse de michetonner le public.