lundi 14 octobre 2019

MONTESQUIEU ET LES GILETS JAUNES

Tous les débiles qui font profession de faire semblant de penser affirment haut et fort que le monde change.

A tous ceux là, j’offre une citation de Montesquieu (De l’Esprit des Lois, XIII-1)

Il ne  faut point prendre au peuple sur ses besoins réels pour les besoins de l’Etat imaginaires.
Les besoins imaginaires sont ceux que demandent les passions et les faiblesses de ceux qui gouvernent, le charme d’un projet extraordinaire, l’envie malade d’une vaine gloire et une certaine impuissance d’esprit contre les fantaisies.

Souvent, ceux qui étaient sous le prince à la tête des affaires ont pensé que les besoins de l’Etat étaient les besoins de leurs petites âmes.

Nous sommes en 1748 ! Qui osera dire encore que le monde a changé. Presque trois siècles et on continue de prendre au peuple sur ses besoins réels et ceux qui sont, au plus haut niveau, à la tête des affaires, continuent de penser que les besoins de l’Etat sont ceux de leur petite âme !

Montesquieu décrit et analyse la crise des Gilets jaunes auxquels on prend sur leurs besoins réels pour les besoins de l’Etat imaginaires. Inutile de demander aux commentateurs patentés qui vont noyer le poisson de l’analyse dans un bouillon statistique. Je n’ai entendu personne citer Montesquieu ce qui était nécessaire et suffisant.

J’ai trouvé la citation de Montesquieu en relisant le patron de La Brède trente ans après notre premier contact, mais je suis bien sur qu’en me plongeant dans Montaigne, j’aurais également trouvé.

Je voudrais que nous fassions de La Bruyère un guide ; « Depuis trois mille ans qu’il y a des hommes et qui pensent tout a été dit ». Phrase assassine…

Mais non ! Moi, ma pensée est originale, nouvelle, adaptée au monde actuel..Tu parles ; »Si haut que soit le trône, on n’y est jamais assis que sur son cul ».

Il faut relire Machiavel. On y trouve toutes les recettes que partagent aujourd’hui Matignon et l’Elysée. Nihil novem sub sole.

J’admets. C’est déprimant. Considérer ses pensées magnifiques, scintillantes d’originalité, étincelantes de nouveauté pour s’apercevoir au détour d’une phrase que ça n’a rien de neuf. Oui. Rien que Platon. La caverne, c’est déjà Debord.

Mai le monde change. Non. Le décor change où évoluent des hommes identiques qui pensent que les besoins de l’Etat sont ceux de leur petite âme. En langage de notre siècle, des hommes qui pensent que les caisses de l’Etat sont leur portefeuille.

Seule la forme change. La novlangue, c’est Montesquieu parsemé de vocabulaire anglosaxon. La langue vivante, c’est Céline, Coluche ou Cavanna. L’opposé du Romantisme qui voulait sur de nouveaux pensers faire des vers antiques.

Encore la vieille opposition entre le fond et la forme

On en reparlera….


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