dimanche 8 janvier 2023

JURIDIQUEMENT MOU

C’est pas nouveau et ça vient pas de sortir mais ça m’espante, mieux encore, ça me troue le cul. J’ai découvert qu’il y avait désormais deux types de droit : le droit dur et le droit souple, ce dernier étant parfois appelé droit mou. Le Conseil d’Etat a d’ailleurs codifié le droit mou et ses instruments juridiques :

 

- les instruments juridiques mous ont pour objet de modifier ou d’orienter les comportements de leurs destinataires en suscitant, dans la mesure du possible, leur adhésion ;

-  les instruments juridiques mous ne créent pas par eux-mêmes de droits ou d’obligations pour leurs destinataires ;

- les instruments juridiques mous présentent, par leur contenu et leur mode d’élaboration, un degré de formalisation et de structuration qui les apparente aux règles de droit.

 

C’est le droit Canada Dry, l’exact opposé du Dura lex, sed lex de l’Antiquité. C’est la dernière victoire de Rousseau contre Robespierre. C’est dit dans le (3). Le droit mou ressemble au droit, lequel s’apprendra désormais dans les écoles de communication car on ne lui demande pas d’être du droit mais de s’y apparenter.

 

Il s’agit de susciter l’adhésion des destinataires par exemple de permettre à un drogué d’adhérer à l’interdiction de sa drogue. De qui se moque t’on ? Il ne faut pas être grand clerc non plus pour comprendre que le droit mou générera des droits à bas bruit en supprimant des obligations. En clair, la société va poser le fardeau de la coercition que personne ne veut plus porter. Les juristes sont des professionnels du droit, pas de la sociologie, ni de la psychologie ou de la linguistique, disciplines pour lesquelles ils peuvent avoir du goût mais aucune légitimité. Ce que l’on appelle la culture de l’excuse n’est rien d’autre que l’appel à une autre épistémologie, incomplète et détournée, pour ensemencer le droit de ferments délétères.

 

Pour le dire simplement, un prétoire est un stade où s‘affrontent deux équipes, l’équipe qui punit et l’équipe qui veut empêcher la punition (le mis en cause et son avocat, a minima). L’équipe des empêcheurs de juger a toujours eu un public (des supporters) de qualité, à commencer par Victor Hugo (ouvrez une école, vous fermerez une prison), public qui a ravalé le droit au niveau des conversations de bistrot. C’est donner un avantage réglementaire à l’avocat qui est aisément compris du public lequel est informé et commente des décisions passées au filtre des medias. La parole juridique est donnée à tous, même à ceux qui ne sont pas équipés pour la comprendre. L’exemple le plus récent est l’introduction du féminicide pour qualifier une forme d’homicide. Rappelons que l‘homicide signifie la mort du même, en l’occurrence un être humain. Le homo grec ne désigne pas l’homme mais le même comme l’attestent des mots comme homologue, homothétique ou homosexuel. L’antonyme d’homo n’est pas gyno ou femina mais hétéro. La destruction du Droit passe par la destruction de sa parole. Le droit mou est la forme juridique de l’aphasie.

 

Ça ne marche pas. Depuis Totor, on a ouvert plein d’écoles et on manque encore de places de prison. Les maitres d’école ont disparu car ils ne maitrisent rien et surtout pas l’étymologie depuis que le latin et le grec ont été éradiqués de l’enseignement du français. Nous vivons dans l’enseignement moyen (même étymologie que médiocre) et non dans l’enseignement d’excellence que supposait Hugo. Dans l’éducation molle qui ouvre la voie au droit mou.

 

Je pense à François d’Assise, canonisé parce qu’il portait les stigmates du Christ, signe d’exception. Nous vivons les temps de la stigmatisation générale. On a enlevé les crucifix des prétoires en y laissant la religion. 

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