jeudi 23 mars 2023

LES JOURNALEUX


 

Dès le titre, je tends les verges. Pourquoi ce mépris ? Parce que j’ai aimé ce métier auquel m’ont formé quelques grands noms. A commencer par Steve. Tous les matins, après avoir relevé mes insuffisances et m’avoir engueulé, les questions étaient les mêmes : « Vous avez vérifié ? Comment ? » Et je n’avais jamais vérifié auprès du bon spécialiste. Steve me brandissait toujours un assistant de fac mieux informé que son maître, un sodomiseur de diptères provincial qui avait une autre vision du problème.

Jean-Pierre Quélin et Bernard Lauzanne, Lucien Bodard et Pierre Lazareff, j’ai eu d’autres mentors. Tous unis par l’exigence de l’information. Et donc j’ai envie de parler d’information, on plutôt de lacunes de l’information.

 

Première lacune : l’OCS

J’en ai déjà parlé. L’Organisation de Coopération de Shanghai. Créée en 2001 par la Russie et la Chine. Coopération, pas alliance militaire. Coopération qui s’exprime chaque année par des manœuvres militaires conjointes. Ou par des plans industriels communs comme la réalisation en coopération d’un chasseur furtif de cinquième génération. Et ce, depuis 22 ans. L’OCS n’organise pas de défense commune à l’instar de l’OTAN. Elle habitue seulement des armées à coopérer. Il y a ce qu’on montre mais la coopération peut être cachée, avant de se révéler (ou pas).

Et voici que, 22 ans après, des journaleux découvrent une alliance Chine-Russie !!

Ils ne s’en sont jamais caché, agrégeant lentement à l‘OCS des pays amis : l’Inde ou l’Iran. Coopération, vous dit-on.. Pour fabriquer des drones, par exemple. On nous adresse soudain comme information nouvelle une alliance Iran-Russie qui a été signée voici trois ans !

Et donc le support, papier ou numérique qui annonce une alliance Chine-Russie, vous fait payer une info ancienne et frelatée en la dissimulant sous les oripeaux de la nouveauté, mal ravaudés par un journaliste de merde que son rédac’ chef n’est pas capable de contrôler.

 

Deuxième lacune : les GOPÉS

J’en ai également parlé. C’est l’acronyme de Grandes Orientations de Politique Economique, recommandations de l’Europe aux divers Etats, recommandations édictées comme des obligations. Dans ces GOPÉS, l’obligation de diminuer les dépenses sociales, dont les retraites, mais aussi la diminution du nombre de communes ou l’accroissemenæt du nombre de migrants. Les GOPÉS veulent que la France soit gérée comme le Luxembourg ou la Lithuanie, en fonction des besoins de l’Europe.

Qui parle des GOPÉS ? Personne et d’autant moins que les GOPÉS semblant présentables. Par exemple, la chasse qui sera dans le viseur bientôt et qui s’abritera derrière la biodiversité alors que, pour les Français, il s’agit d’un droit conquis par la Révolution et donc inaliénable.

Personne n’a évoqué les GOPÉS à propos des retraites. Quelques journalistes, rares, ont parlé d’Europe sans aller plus loin.

 

L’information est un devoir pour un journaliste. Pas l’opinion. L’opinion est un trou du cul, tout homme en a. J’ai regardé des dizaines de reportages sur l’Ukraine. Personne ne m’a dit quelles étaient les forces en présence (régiments avec leur numéro, B-A BA de l’info guerrière). On sait qu’il y a des « troupes russes » sans une info. Lucien Bodard doit se retourner dans sa tombe. Travail baclé de minables du journalisme. Travail de journaleux.

On ne sait pas quels sont les adversaires mais on nous abreuve d’images sans intérêt de babouchkas malheureuses à cause de la guerre. Envoyer une équipe pour que le message soit « la guerre, gross malheur », on peut faire des économies, pas la peine d’avoir fait une école de journalisme.

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