jeudi 30 juillet 2020

HALIMI, LE FEMINISME ET LES MOTS

Il est mal vu de critiquer une icône même si iconoclaste peut être un compliment. Mais il est des icônes intangibles.

Il faut s’intéresser aux mots. Gisele Halimi, avocate, a utilisé les mots comme des armes, contribuant ainsi à déplacer, fausser, biaiser le débat. Tactique basochienne et médiatique. Lorsqu’elle arrive sur la place publique, on utilise pour désigner une société dominée par les hommes le terme non connoté de « adamocratique ». C’est une société dominée par Adam. Leroy-Ladurie l’utilise régulièrement plutôt que « patriarcat » qui est connoté par l’âge du patriarche. Une société adamocratique est une société où les hommes ont le pouvoir. Le terme est neutre, précis et clair. Il n’a pas d’antonyme : on ne connaît pas de société dominée par les femmes, sinon les Amazones, mais il s’agit d’un mythe.

Gisèle Halimi crée le terme de « phallocratique » qui va vite renvoyer adamocratique au rang des vieilles lunes. Il ne faut pas être grand clerc pour comprendre que le mot est réducteur qui enferme l’homme dans son phallus et simplifie la domination au pouvoir du sexe. On feint d’oublier que l’homosexuel possède aussi un phallus ce qui l’enferme dans le groupe des dominants même s’il est plutôt dominé dans la vie réelle. Clairement, le mot le plus précis cède devant le vocable le plus brouillon. Mal nommer, c’est ajouter au malheur du monde.

A partir d’Halimi, le pénis devient donc un sceptre dont il suffit de s’emparer pour régner. Le droit pénien remplace le droit pénal dans l’esprit de l’avocate, puis dans les cerveaux de ses séides. La domination masculine était le résultat d’une évolution historique, de changements juridiques…Je prends un seul exemple : les sociétés pyrénéennes et aquitaniques pratiquaient la primogéniture absolue, l’ainé était chef de famille quel que soit son sexe. Règle détruite par la Croisade contre les Albigeois, en même temps que la poésie des troubadours et la civilisation d’oc. Il n’est nul phallus dans ce basculement.

Halimi simplifie la structure sociale : « j’en ai une et pas toi » bientôt suivi par « j’en ai une plus grosse ». On admettra qu’il s’agit là d’une structuration maigrelette, mais nous sommes dans la com’ et la lectrice de Cosmopolitan peut comprendre. Le féminisme s’est fondé sur cette opposition structurale et hemingwayenne : « En avoir ou pas » épicée de psychanalyse mal comprise et de symbolisme réchauffé.

Ceci pour dire que le chœur des vierges qui accompagne Maitre Halimi à sa dernière demeure me laisse froid. Je déteste les simplificateurs et les communicants : le monde est riche, les sociétés sont complexes, rien n’est simple. Simplifier, c’est penser au bistro. Une seule raison, une seule cause, et je ne veux voir qu’une seule tête. Tout le monde peut comprendre et c’est bien le problème, car tout le monde n’est pas équipé pour comprendre. Par exemple celui qui préfère Hanouna à Leroy-Ladurie.

Etre élitiste n’est pas en avoir une plus grosse. C’est simplement accepter que l’autre peut comprendre. Quel que soit son sexe. Halimi parlait à celles qui n’avaient pas la lumière à tous les étages.

Je me pense plus féministe qu’elle.

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