jeudi 6 décembre 2012

L’ART DE LA NEGOCIATION

Bon. La déception est générale sauf au MEDEF et chez les chroniqueurs économiques, notamment l’écurie BFM, François Lenglet, le vieux cheval de retour passé à la concurrence et Nicolas Doze, le poulain frétillant qui rêve d’une carrière identique.

Qui pouvait attendre autre chose que cet accord boiteux dont on commence à dire que le maintien d’emplois dans la circonscription d’Ayrault fut une clef ?

Hollande sort de l’ENA, école qui conduit indifféremment à la fonction publique ou au service privé. Il est à l’Elysée, il aurait pu être chez Mittal. Ou chez Vinci. Ou ailleurs, ça importe peu.

Ce qui importe, c’est que, lorsqu’il s’assoit à la table de négociation, il est prêt à comprendre, et donc à accepter, les arguments de l’adversaire. Que peut-il négocier dans ces conditions ? Comprendre l’adversaire, dans une négociation, est une erreur. Il faut seulement le connaître et connaître ses forces et ses faiblesses. Le comprendre, c’est déjà être dans sa main.

Le marché de l’acier est pas bon, dit Lakshmi. « Hélas ! » dit Hollande qui devrait dire « C’est votre problème. Vous auriez du anticiper. Vous êtes payé grassement pour ça. Anticiper. Gouverner, c’est prévoir. Je n’ai pas a payer vos insuffisances ».

« Je tiens 20 000 emplois » dit Mittal.. Là, Hollande sent sa vessie qui se serre. Il imagine Mittal fermer les sites, les uns derrière les autres. Mittal égrène : « Nantes, Saint Nazaire… » Là, c’est Ayrault qui balise…

Ce que Hollande ne dira pas : « Je m’en fous. Si j’en nationalise un, je peux bien nationaliser les autres. Sans indemnités. Il me suffit d’une loi et j’ai la majorité ». Alors, Mittal brandira l’Europe, les lois internationales. Et alors ? Van Rompuy nous déclarera pas la guerre. L’Inde, non plus. Il y aura des rétorsions ? Même pas en rêve. Ou alors, sur des sujets secondaires. L’Inde peut interdire à Carrefour d’implanter de nouveaux supermarchés. C’est juste un exemple. On s’en fout. La sidérurgie, c’est stratégique. Comment tu construis un sous-marin sans acier ? On va pas sacrifier notre défense aux marchands de carottes, tout de même ! L’Inde nous achètera plus d’armes ? Même pas en rêve ! On est excellents, par exemple, dans la fabrication de mortiers de montagne. Tu sais pas ce que c’est ? C’est un gros mortier, capable d’envoyer de bons gros obus d’une vallée himalayenne dans la vallée voisine. Les Indiens, ils en ont besoin pour canarder les vallées du Pakistan. Et vice-versa. Qui peut croire qu’ils vont y renoncer ? Et pour les construire, comme pour construire nos beaux Rafales, il nous faut de l’acier. L’acier, c’est stratégique, plus que les Ipad. Avec de l’acier, tu construis un avion qui va pulvériser l’usine d’Ipad. Avec l’Ipad, tu vas juste demander « Devine où je suis ? ».

Négocier, ce n’est pas céder. Jamais. Surtout aujourd’hui que tout le monde a peur de la baston. Le négociateur d’Etat, le négociateur politique, quand il s’assoit à la table, il a derrière lui un peuple, une armée et sa souveraineté. C’est pas rien. Ouais, mais le Mittal, il sait bien que l’armée, c’est pas une carte. Il sait que la souveraineté est entravée par l’OMC.

Il sait surtout qu’il a affaire avec des gens qui ont peur de passer pour des voyous, ou des mal élevés. Des gens qui ne savent pas se tenir mal. Là, Montebourg, il a un avantage, il est avocat. Il sait bien qu’un peu de brutalité ne messied pas. J’ai connu un avocat, un ténor du barreau, un qui n’avait pas peur de la mauvaise éducation. Quand son adversaire plaidait, il faisait semblant de dormir, affalé sur sa table. Le Président le tançait et il répliquait « Je m’emmerde, Monsieur le Président ». Il lui arrivait même de lâcher un rot sonore lors de la plaidoirie de son adversaire. Déstabilisation garantie. L’autre protestait, perdait le fil, menaçait de s’en aller. Le public se marrait, l’ambiance était pourrie. C’était un ténor du barreau, je vous assure. Il avait un associé, super-chicos, bien élevé. Dans les procès importants, ils étaient à deux et ils faisaient leur numéro. Le voyou et le gentleman. Succès garanti.

Je m’égare mais l’essentiel est là. Succès garanti. Montebourg, il est certainement mieux élevé ce qui est un peu dommage. Mais il sait qu’une baffe dans la gueule, ça assainit parfois la discussion. Comme au rugby.

C’est pour ça que les Français aiment bien Montebourg. Ils ont le sentiment d’être défendus. Pareil pour Mélenchon ou Marine. Le citoyen, il élit un politique pour être défendu. Aujourd’hui, il pense que Hollande défend mieux les homos que les ouvriers, ce qui est un truc à vous rendre homophobe.

C’est subtil. Copé, il croit faire pareil mais le militant de base, il commence à se dire que Copé ne défend rien d’autre que son poste. Leader populaire, ça s’apprend pas. En tous cas, pas à l’ENA.

D’accord, il peut y avoir des dérives. Les Teutons, ils ont voté Adolf pour être mieux défendus. Mais ça ne change rien à ma démonstration. Les peuples veulent être protégés, vraiment, par des gens qui le montrent. A s’écraser toujours, on ouvre la porte à ceux qui montrent les biscottos. Personne n’admire jamais les mous du gland, même s’ils sont efficaces. La faiblesse de François fait le jeu de Marine.

On en reparlera…

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