jeudi 3 août 2017

LA SANCTION

Je l’aime bien. Je la connais depuis longtemps. Cursus brillant, études internationales, mondialisation acceptée voire revendiquée… Et l’informatique comme phare…Bref, tout ce que je ne suis pas. C’est pour ça que j’aime parler avec elle. Elle me sert de profondimètre, de mesure pour mes lacunes.

Ce soir, ça roulait sur la responsabilité, étymologiquement, la capacité à répondre de ses actes. Ma jeune cadre est une farouche partisane de la responsabilité, surtout en cas de succès. Face à l’échec, elle est, comment dire, plus réservée…

Le sujet du jour, c’est encore la SNCF. On en  déjà parlé. Ma jeune amie me dit, méprisante, que je ne me rends pas compte de la complexité de la tâche. Parfaitement exact. En revanche, les mecs chargés de cette tâche, la complexité, ils la connaissent. Ils ont été engagés pour ça. Le plus souvent, ils ont postulé. Quand tu postules, c’est que tu te juges capable d’assumer. Ils ont négocié leur salaire comme une preuve de leur capacité. Là, ils se sont plantés.

« Ouais, mais il y a des aléas » rétorque la minette. Ben oui. Y’a toujours des aléas. Tu commandes un bateau, paf ! tu te prends la tempête du siècle. Le chef, c’est celui qui maîtrise les aléas. Sinon, c’est pas un chef…Des fois, c’est con, un aléa. Je me souviens d’un camion renversé après avoir quitté l’imprimerie chargé des couvertures d’un hebdo célèbre. Le responsable de fab s’est tapé un infarc sur le coup. Une semaine de ventes loupées, plus les indemnités aux annonceurs, c’est du lourd dans le budget. C’est vrai que le mec, il pouvait pas prévoir la plaque de verglas. Mais il pouvait prévoir deux camions pour limiter le risque.

Le vrai problème n’est pas là et les citoyens le savent. Qu’un manager soit surpayé, tout le monde peut le comprendre, surtout si le succès est au rendez-vous. Mais en cas d’échec ? Quelle est la sanction ? Ben, en général, on tapote la tête du planté et on le recase dans un autre poste.

A vrai dire, les cadres de la SNCF, je m’en tape. Celui qui m’intéresse, c’est Guilaume Pepy. Lui, depuis 1988, il cumule et accumule les postes de responsabilité. Trente ans ! Trente ans durant lesquels, les trains arrivent de moins en moins à l’heure. Trente ans à choisir ses collaborateurs. Trente ans à voir bouger les choses. Lui, il peut pas dire qu’il a des trucs à découvrir. Il a participé à tous les choix, il  a pris toutes les décisions. Et après trente ans, il se découvre dépassé par le merdier de dimanche dernier. Nous prendrait ils pour des cons ?

Depuis trente ans, ce mec a postulé, intrigué, manipulé pour arriver au sommet. Sa carrière montre ses choix. La vraie question est : que risque t’il ? Quand il réorganise, modifie, choisi,  que risque t’il ? La réponse est : RIEN.

Eventuellement, perdre ses 400 000 euro de salaire, mais ça ne fera pleurer personne. Personne n’a discuté de son salaire en cas de succès, personne n’a imaginé l’échec.

Et donc, Monsieur Pépy peut faire ce qu’il veut, comme il veut, quand il veut. Qu’on le veuille ou non, ce mec est un irresponsable car il est inaccessible à la sanction. Les citoyens le savent, surtout les cheminots.

La responsabilité, c’est ça : des bons points quand tu gagnes, le martinet si tu perds. Nous voyons bien que certains sont abonnés aux bons points et nous aimerions voir leurs fesses rougir sous la morsure du martinet. Mais non, impossible…On appelle ça un fonctionnement oligarchique.

Moi, y’a qu’un truc qui m’emmerde vraiment.. Pepy appartient à la promotion Louise Michel de l’ENA. On peut imaginer ce que la bonne Louise aurait écrit sur lui.


On en reparlera…

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