mercredi 9 août 2017

LE TOURISME ET LES FLUX

A nouveau le même débat : le tourisme est-il ou non une richesse pour une ville ? L’argument est toujours le même : un touriste dépense en moyenne 100 euro/jour. On me donne en exemple une ville qui reçoit 30 000 touristes/jour en me disant que ça fait  3 milllions d’euro par jour. Bien entendu, c’est totalement faux. Ce sont juste des chiffres pipeautés élaborés par des économistes au rabais, le plus souvent avec une visée politique.

Ce qu’un touriste dépense par jour englobe tout, mais ça n’a aucun intérêt.. Ce qui compte ce sont les marges. Ce sont les marges qui restent dans la ville. Exemple simple : un plein d’essence peut coûter 100 euro. La station locale va gagner 10 euro, le reste repartira chez Total ou Esso.

Personne ne peut discriminer LE LIEU de la dépense. Si le touriste visite Biarritz en vivant dans un camping à Bidart, nous ne disposons d’aucune statistique fiable mais il est clair qu’il n’aura pas dépensé son budget dans la ville qu’il visite. Il est tout aussi clair qu’il utilisera les infrastructures (les investissements) prévues pour ceux qui y dorment (parkings par exemple). Le touriste est volontiers parasite.

Ajoutons que l’important, dans ce qui reste, c’est la destination finale de l’argent. Les dépenses sont des flux. L’hôtelier qui reçoit 100 euro va en dépenser une partie dans sa ville. L’autre partie (la commission de Booking, par exemple) file ailleurs. Comme filent ailleurs les redevances des franchisés, les bénéfices des supermarchés ou l’achat de l’essence.  Et donc, même la marge est un paramètre flou puisqu’une partie de la marge sort des rentrées locales. En clair, la ville concernée est loin de bénéficier des dépenses engagées par le visiteur.

Du moins, pensera l’économiste simplificateur, cela crée des emplois…Oui. Le plus souvent occupés par des banlieusards, fiscalisés ailleurs. Car chaque ville a sa banlieue où vivent ceux qui n’ont pas les moyens de vivre dan le centre d’un phare touristique. Ce sont aussi ceux qui vont engraisser les bénéfices des supermarchés et des stations service.

Je ne connais aucun exemple d’une telle analyse…Personne ne l’a faite car elle n’aurait pas de portée générale alors que statisticiens et économistes ne rêvent que de modèles applicables à Bayonne comme à Uzès. Mais c’est pas comme ça que ça marche.. Par contre, si on commence une telle analyse sur un territoire précis, on ne tarde pas à s’apercevoir que le tourisme ne rapporte pas tant que ça. Sauf à l’Etat dont la redistribution pourrait être revue.

Travailler sur des moyennes est de la dernière stupidité. J’ai le souvenir de la phrase du grand maire d’une grande ville touristique qui m’avait dit : « Faire une place de parking me coûte le même prix que l’on y gare une Clio ou une Mercédès. Mes électeurs préfèrent y voir des Mercédès ». C’est rudement dit, mais ça recouvre une réalité qu’on peut contester politiquement, pas économiquement. Accepter des franchises bas de gamme dans un centre ville n’y fera pas venir les clients dépensiers. Au contraire, ça revient à installer des répulsifs.

On a ce problème en ce moment à Bayonne avec les Fêtes. Nous dépensons près de 3 millions d’euro pour permettre à des dizaines de milliers de visiteurs de venir faire la fête. Pour quel bénéfice ? Il y eut un temps un bénéfice d’image. Je le sens en voie de disparition. Quand on accepte d’un cœur léger une société à deux vitesses, on accepte du même coup que le mélange ne se fasse pas.

Tout ceci pose la question de ce qu’on vend…Car le tourisme, c’est de la vente… Si tu vends de la plage, tu te positionnes face à la Croatie ou à l’Ile Maurice..Si tu vends de la cathédrale gothique, y’a moins de concurrents.. Moins de clients aussi, mais ils fonctionnent différemment…Et ils n’ont pas la même carte de crédit dans le larfeuille. Chacun fait son choix. Pour faire simple, tu es dans le camp de Carrouf ou dans le camp de Vuitton. Je sais, c’est pas bien. Faut pas être élitiste…mais quand je regarde et que je vois que tous mes copains connaissent autant La Roque d’Antheron que Bayonne, je me pose des questions.

C’est ça, mon problème…Je me pose des question alors que tout le monde a des réponses.


On en reparlera…

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