dimanche 15 avril 2018

BOMBARDEMENT DE MOTS

Bien. Nos magnifiques Rafales ont mené une magnifique opération en Syrie et leurs pilotes (les vrais, pas ceux qui étaient dans le cockpit) nous prennent définitivement pour des cons.

Regardons calmement.

Entre le tweet rageur de Donald Duck et l’intervention aérienne, trois jours. Largement suffisant pour évacuer les cibles. C’est une règle stratégique : une réaction doit être rapide pour être efficace. Rapide et silencieuse.

D’ailleurs, nos magnifiques missiles n’ont quasiment pas fait de victimes. Pas un militaire russe, pas un soldat syrien. Selon les sources, on indique de trois à dix civils. Sans déconner, des missiles à deux millions d’euro pour un tel résultat, c’est margarita porcis. Le napalm de Nixon, c’était plus rentable.

Les images montrées sont tout aussi ridicules. Des murs déflagrés, certes, mais rien qui marque l’impact d’un beau missile, surtout sur des stocks de chlore. Sérieux, tu fais péter une cuve de chlore, t’as quelques kilomètres carrés qui toussent. Tu peux ouvrir une colonne « victimes collatérales » dans ton communiqué de presse.

Nos magnifiques Rafales sont partis de Saint Dizier, dans notre belle Lorraine, et sont arrivés en Syrie après ravitaillement assuré par des AWACS américains, me dit BFM. Et donc, sans Donald Duck, on peut pas bombarder, pas de quoi être fier. En plus, interview de pilotes et intervention de la Ministre cornaquée par un général en uniforme ce qui nous permet d’apprendre que la défense anti aérienne syrienne et l’appui sur place des Russes ont pas été d‘une efficacité exceptionnelle. Je suis pas un pro, mais de Saint Dizier à Homs, y’a quelque chose comme deux heures de vol pour un Rafale. Minimum. Je dois donc admettre que les Russes sont incapables de voir décoller une escadrille d‘une base qu’ils ne surveillent surement pas, peut être parce qu’ils ne la connaissent pas. J’admets, je suis bon public. Quand les avions Dassault approchent de la Syrie, les moyens de détection sur place (navires essentiellement) remplacent les satellites déficients mais ne bronchent pas plus. J’admets encore.

Mais j’ai le sentiment d’être pris pour un con. Avec leurs mensonges, en creux, ils me dessinent un scénario plus réaliste et moins spectaculaire et qui me va bien. Un diplomate quelconque (et justement, pas quelconque) a utilisé ces trois jours pour expliquer à Poutine que Donald Duck ne pouvait pas perdre la face, délai utilisé pour vider les usines et rendre les objectifs inexistants. Après quoi les Russes nous ont laissé passer avec une grande politesse (davaï, tovaritch), on a mis dans le mille, et on est revenus à la maison.

Maintenant, faut voir ce qui va se passer. Moscou se sent « humilié » dit un porte-parole ce qui ne l’empêche pas de recevoir Macron à la fin du mois. L’humiliation doit être vite passée. La victoire, elle est pour Dassault. Donald s’est empressé de tisser des louanges à l’aviation française, à son professionnalisme et toutes ces choses. Y’a plein d’acheteurs d’avions qui ont entendu ça. Quand t’as le locataire de la Maison Blanche comme VRP, ça fait du bien.

Y’aura bien quelques clowns comme BHL pour mettre la seconde couche sur le décor du théâtre de marionnettes. Demain, on va aller au Parlement où personne ne va dire l’essentiel. Il y aura quelques gugusses qui insisteront sur les vetos de la Russie à l’ONU. Ça occupera le temps.

Mais sur le terrain, Poutine n’a mis aucun veto. Il nous a laissé passer. La facture viendra plus tard. Je crois que les derniers Sukhoi sont bien meilleurs que je pensais.


On n’a pas fini d’en reparler.

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