jeudi 31 octobre 2019

CAROLINE ET LES PÈRES

Il y a des marqueurs linguistiques, des gens qui bataillent sur les réseaux sociaux pour imposer leur vision du monde par le vocabulaire. Je rappelle que la langue est une création artificielle (pas naturelle) et que l’art rhétorique consiste essentiellement à faire croire à ce caractère naturel qui n’existe pas.

Caroline Mecary est une de mes préférées. Elle n’a peur de rien. Elle est pourtant avocate et son rôle est d’aider les juges à dire le droit, sauf qu’elle préfère que l’on dise son droit car le droit conventionnel pourrait affaiblir son fonds de commerce qui n’est autre que la PMA. La GPA, on verra plus tard, nous sommes entre femmes. Si je puis dire.

La PMA, c’est vachement bien : une série de techniques destinées à aider les femmes stériles, techniques développées depuis plus de vingt ans. Enlevons l’acronyme pour rappeler que le sens est Procréation Médicalement Assistée. Le « médicalement » est là pour rappeler qu’il s’agit de combattre une pathologie. Tout le combat de Caroline est là. Elle a pourtant le même éditeur que Canguilhem qui passa tant de temps à analyser le couple Normal/Pathologique. Mais Caroline a décidé que le pathologique n’avait aucun intérêt et que le normal pouvait s’y substituer. En d’autres termes et clairement, la médecine est là pour assister les bien-portants. Knock est revenu les amis et Caroline aide Louis Jouvet.

Comme elle sait bien que sa position est indéfendable, elle a bâti un rempart idéologique avec pour moellons de belles pierres empruntées à la psychologie médiatique, comme le « désir d’enfant » lequel provoque de réelles et vérifiables souffrances. Ben oui, la frustration est parfois lourde à porter, même si elle fait partie de la vie : le désir d’enfant est aux femmes adultes ce que le Kinder Bueno refusé est aux petites filles. Tous les psys sérieux vous le diront ; la frustration est généralement un problème social qui a pour contrepartie la résilience.

Elle le sait bien, Caroline, elle est loin d’être idiote. Elle a commencé par labourer son terrain et par expliquer que toute femme avait droit à la grossesse au nom de l’égalité constitutionnelle. Personne n’a fait remarquer que toute femme pouvait exercer ce droit et qu’un homme pouvait (éventuellement) y aider. C’est qu’en fait le normal et le pathologique devaient sortir du jeu linguistique : il suffit de remplacer l’homme par la femme. Parce que, franchement, tout illettré sait que sans taureau la vache ne porte pas de veaux. Parole de paysan, la vache n’a pas de désir de veau.

Si l’on évacue les gamètes, restent les mots. Le couple peut être désigné comme tel mais quid des membres ? Pour la pondeuse, c’est facile : mère bio. Reste l’autre, la mère-père si l’on ose dire. Elle devient la mère sociale, celle dont le statut de parent dépend de la société. Caroline n’utilise que ces deux mots : son but est de faire accepter la mère sociale comme parent à part entière. Alors que stricto sensu, ce n’est pas le cas en droit français qui distingue soigneusement la filiation biologique classique dans le cadre du mariage ou de l’adoption et l’enfant adultérin. En fait, les juristes antiques, ces sots n’avaient pas imaginé qu’un enfant pouvait avoir deux mères. Grâce à Dieu et à Caroline, cette erreur épistémologique va être réparée. La mère sociale est une simple étape car elle suppose que c’est la société qui la gratifie. Encore  un glissement sémantique pour dévaloriser la mère bio et nous y serons.

J’espère qu’elle va y arriver, Caroline. J’ai été emmerdé toute ma vie par une mère inutile et toxique qui proclamait orgueilleusement « Je suis ta mère » au motif qu’elle n’avait pondu. Ce qui était indéniable. Je suis environné de mecs en lutte contre des bonnes femmes qui utilisent les gnards comme une assurance-vie, un moyen de piquer à leur bonhomme le peu qu’elles leur ont laissé. Cassons le lien qui colle le social et le bio sur une seule tête. Mais pas au nom d’arguments de midinettes, de bonheur de l’enfant ou de psychologie à deux balles. Admettons une fois pour toutes que la femelle dolente et protectrice est un danger pour les gosses qu’elle pense faire grandir en les coupant de la frustation.


On risque de voir bouger les lignes….

2 commentaires:

  1. En tant que bonne femme qui n'a jamais eu de désir d'enfant, je suis assez d'accord avec vos propos. Le droit à la procréation...mouais...ben non. On devrait plutôt calmer le jeu. Je pense aussi que les géniteurs ne devraient pas automatiquement avoir droit de vie ou de mort sur leur descendance.
    Je trouve juste dommage que la fin du billet sombre un peu dans l'attaque facile. Moi je suis entourée de nénettes qui prétendent rabibocher leur couple, mais qui restent juste pour les gamins. Essayez de voir aussi que quand on ne laisse le pouvoir aux femmes que sur la maisonnée, la maintenance du foyer et les mômes, faut pas s’étonner outre mesure. Chacun s'accroche au peu de contrôle qu'il peut avoir, suffit de voir la gueule de monde actuel.

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  2. Merci de votre commentaire...mesuré/// Une dimension vous a échappé.. On ne peut laisser le pouvoir politique aux femmes car elles détestent la mort alors que l'action politique consiste d'abord à donner la mort. Je sais de Golda Meir à Angela Merkel, certaines femmes ont pu...Admettez qu'elles sont rares. De la fermeture d'usine à la déclaration de guerre, faire de la politique, c'est entrer dans la violence Les femmes y sont-elles prêtes ?

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