lundi 13 janvier 2020

GOUVERNER, C’EST GÉRER

Il faut revenir sur le sujet car il souligne l’assassinat du modèle social français.

L’idée essentielle qui parcourt l’opinion est simple : gouverner, c’est gérer. La France a affirmé le nabot élyséen, doit être une « start up nation ». Y’a de quoi se marrer… Sans remonter à Vercingétorix, notre pays, depuis Clovis existe depuis quinze siècles. Tu parles d’une start-up ! Classique : c’est la synthèse façon Sciences Po. Tu enlèves ce qui gêne ton raisonnement, surtout s’il s’agit d’un savoir que tu ignores.

Depuis Giscard, peu ou prou, l’idée est dans les tuyaux : un pays se gère comme une entreprise. Ce qui permet à la haute fonction publique de naviguer du public au privé, inscrivant dans notre réalité une oligarchie que le pays abhorre.

Hé bé, non !!! Le temps du gouvernement n’est pas celui de la gestion. Ces jours-ci, la presse se gargarise des résultats d’Airbus. Tout le monde a oublié les débuts d’Airbus, la fusion des deux sociétés gouvernementales Sud-Aviation et Nord-Aviation qui assemblaient la Caravelle et pour boucler les fins de mois construisaient des téléviseurs (Téléavia) et même des frigos (Frigéavia). Tout le monde a oublié la farouche volonté du Vieux Général qui voulait montrer que la France pouvait rivaliser avec les U.S.A., sous les ricanements des collabos professionnels. C’était pas gagné. Il a fallu monter un consortium européen, on en a profité pour privatiser un chouïa (le gros de l’investissement public était fait) mais quarante ans après, le pari est gagné et c’était un pari politique.

Le Vieux Général avait quelques principes dont celui-ci, essentiel. La France fait le poids. Il avait raison. On l’a bien vu, trente ans après sa mort, quand les U.S.A. ont lancé avec une grosse poignée de milliards leur plan génétique afin de décrypter le génome humain et de breveter la médecine génétique. L’objectif américain était à cinq ans. Un an plus tard Axel Kahn et son équipe du Généthon publiait son balisage et coupait l’herbe sous le pied des étatsuniens. Alors, qui c’est le meilleur ?

La France fait le poids. Chaque fois que je lis les commentaires dépressifs sur mon pays, j’ai des envies sauvages. Dénigrer la France, c’est ce que savaient le mieux faire Laval et ses copains dont les suiveurs encombrent journaux et réseaux sociaux de leurs pathétiques commentaires, occultant les vraies nouvelles : à la naissance de Spot Image, la résolution des images était le double de celles de Landsat que les américanolâtres portaient aux nues. La voie était ouverte pour l’industrie spatiale européenne et on pouvait imaginer Galileo, bien supérieur au GPS.

Le patrimoine industriel et scientifique appartient à la Nation et il est désormais géré par les puissances d’argent auxquelles tout est concédé, même notre système de protection sociale.

Personne ne dit qu’un gestionnaire est simplement un enfoiré de cost-killer, un mec grassement payé pour débarrasser les entreprises de leur capital humain car les actionnaires détestent l’humain. Il est préférable d’avoir des milliers de gens à Pôle-Emploi où la collectivité les paye. Après quoi on pleure sur les finances de la collectivité.

Le gestionnaire pose comme préalable : qu’est ce qui est bon pour l’entreprise quand l’administrateur se demande : qu’est ce qui est bon pour la Nation ? On a des exemples. Régulièrement, un benêt suggère qu’il faudrait disposer d’un second porte-avions. Riche idée. Mais, l’industrie sidérurgique ayant été vendue qui fournira l’acier nécessaire ? Le gestionnaire affirmera qu’on achètera sur le marché mondial affirmant du même coup que l’acier n’est plus stratégique. On verra bien. Mais le risque est lourd pour ça mais aussi pour nos sous-marins et nos TGV. Le gestionnaire aura trouvé un job ailleurs.

Le système communicant est bien réglé. Tout d’abord, nier l’homme. C’est plus facile en trouvant un épouvantail. En ce moment, c’est la reconnaissance faciale en Chine. Comme si la reconnaissance faciale était plus grave que les plans sociaux qui fauchent l’emploi comme blé en juillet. Le patronat respecte l’homme que les Chinois oppressent. On a le droit d’y croire.

Ensuite, nier la Nation. Marine sert à ça. Elle est caricaturale dans son rôle d’épouvantail à bobos, portant sur les épaules le poids d’une généalogie qui intègre le poujadisme avec le vichysme. Pire, elle déborde son territoire et infecte tous les souverainismes.

Sans l’homme et la Nation, les gestionnaires ont le champ libre. Ils peuvent tout prouver, tout justifier. L’exemple de l’acier n’est qu’un exemple. On pourrait parler d’automobile électrique ou d’installation de la 5G. On pourrait aussi parler de l’ingénieur Bertin, nié dès l’arrivée de Giscard à l’Elysée et dont l’aérotrain vient d’être relancé par la Chine. Giscard qui a flingué le Concorde et l’aérotrain tout en croyant aux avions renifleurs de pétrole. Quelle vision politique ! Mais Giscard était un gestionnaire.

On en reparlera….



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