dimanche 16 février 2025

LE MÂLE BÉTA

 Bon, je vous avais prevenu le 2 février : Trump est une figure de male alpha, un simulacre gonflé à l’encre de la presse et prêt à se dégonfler, une grande gueule qui affirme avoir la plus grosse. Pour croire ne fut ce qu’un mot de Donald la dégonfle, il faut avoir un QI de poisson rouge. Ou être Président de la République française, ce qui n’est pas incompatible. Souvenez vous : au début du second quinquennat, le chef d’Etat-major des Armées démissionne car le Président lui a refusé les crédits nécessaires. Trois ans plus tard, le même Président accepte les contraintes budgétaires du canard américain, affirmant de la sorte qu’il se moque des demandes du plus haut gradé de l’armée française. Et ce, sans même s’excuser ce qui montre son respect de ses collaborateurs. J’ai honte pour lui.

 

J’ai honte de la faiblesse de mon Président qui ne cesse de croire en la puissance américaine et aux rodomontades assurées, sans jamais tester le prétendu chef de bande. Qu’attendons nous pour remplacer le GPS par Galileo ? Qu’attendons nous pour rappeler à Donald que notre reconnaissance de la Chine emportait reconnaissance du statut de Taiwan ? Ou pour signer avec Xi un protocole de recherche sur l’ IA ? Bref un signe de renversement d’alliance discret mais fort, genre : « tu fais comme je veux ou je change de bande ». Déjà, ça permettrait d’identifier les collabos, ceux qui s’écrasent quand Donald fait machine arrière c’est-à-dire tout le temps.

 

On peut changer de pied avec finesse. Trump veut que nous renforcions notre défense ? Finançons ce renfort avec l’aide des instruments financiers chinois. Et en le faisant, pas en faisant semblant ou en laissant des portes ouvertes. Ce serait une belle claque diplomatique, surtout avec un volet spatial qui affaiblirait Musk.

 

A la fin du siècle précédent, le républicain Reagan avait lancé un plan pour décrypter le génome humain, mettant 50 milliards de dollars sur la table pour attirer les meilleurs chercheurs américains qui avaient cinq ans pour réussir. Mes copains scientifiques étaient vent debout : le but caché était de breveter les résultats du décryptage pour réserver aux firmes américaines les avancées en thérapie génique. Un an plus tard Kahn, Cohen et leurs équipes du Généthon avaient fini le boulot, sans brevet pour permettre à la communauté scientifique de bosser librement et ridiculisant les généticiens américains. Ridiculisant du même coup les journalistes qui avaient confondu montant de la dépense et résultats de recherche. N’oublions jamais cette histoire. N’oublions jamais nos résultats sans cesse opposés aux annonces étatsuniennes. Le capitalisme est pragmatique, pas la science. Et n’oublions jamais qu’une armée de va-nu-pieds a viré du Vietnam la plus puissante armée du monde. Les Américains ont beaucoup de soldats et peu de guerriers. Simplement, à force de penser comme eux, nous agissons comme eux. Aujourd’hui, Sciences Po remplace Saint Cyr dans la formation de nos officiers généraux et je ne suis pas sûr que Sciences Po apprenne à mourir pour la France.

 

Trump est d’une inculture crasse, esprit falot mu par la réaction plus que par la réflexion. C’est un toro de combat qui n’a pas appris que le toro meurt toujours à la fin. Mais c’est un jouisseur effrayé par la mort et qui reculera devant la menace ultime. Faites la liste de ses menaces et de ses menaces exécutées. Ça rassure. En un mois le mâle alpha a appris l’alphabet : il est désormais un mâle béta.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

dimanche 9 février 2025

LA NEGRESSE

Préliminaire : j’ai une admiration éperdue pour les cartographes du Dépôt de la Guerre. Ils ont rendu possible la victoire de 1918, avec des principes simples conduisant à un travail prodigieux tendu vers un seul but : mesurer le territoire, notre territoire, colonies incluses.

 

Liminaire : j’ai une détestation profonde, confinant à la haine, pour tous ceux, gouvernants inclus, qui ont barbouillé cette œuvre par bêtise et fainéantise, deux défauts mis au service d’un vice : la passion du lucre. Le tout sous l’égide de la perversion du sens et d’une communication anorexique : non, Monsieur Lacoste, la géographie ne sert pas à faire la guerre, c’est la cartographie qui se charge de gagner les guerres.

 

Il y avait à Biarritz, un quartier nommé La Négresse. Un collectif d’imbéciles autoproclamés protecteurs de la dignité humaine s’est indigné d’un toponyme jugé dévalorisant, sexiste et racisant et a demandé son interdiction ce que le Tribunal administratif a accepté, écornant un peu plus la confiance des Français en leur justice.

 

L’association Mémoires et Partages a t’elle une légitimité à traiter d’histoire ? Fondée par un juriste sénégalais, Karfa Diallo, elle peut être suspectée de partialité. Diallo est un patronyme peul fréquent dans toute l’Afrique de l’ouest et connu en Pays basque où Maître Nouhou Diallo est une éminente personnalité du barreau bayonnais. Mais Karfa Diallo a préféré la défense de maître Capdevielle dont le mari est sénégalais. Comment expliquer ce choix ? Est-ce du sexisme ? Du racisme ? Elue socialiste de la circonscription bayonnaise, Colette Capdevielle n’a aucun risque à s’aliéner les électeurs biarrots.

 

Reste la cartographie. Mémoires et Partages veut déclarer illégal un arrêté municipal de 1861 qui nomme ce quartier. En 1861, la cartographie de Biarritz (et donc la toponymie) est en voie d’achèvement. La municipalité biarrote suit les cartographes du Dépôt de la Guerre. Il y a là un problème de parallélisme des formes. L’arrêté est la conséquence d’une activité nationale codifiée par la loi qui lui est supérieure. Le Tribunal administratif a fait preuve d’une coupable légèreté sur ce point, mais je soupçonne Karfa Diallo d’avoir manipulé son dossier, comme il l’a fait en excipant d’une légende selon laquelle une femme noire tenait un débit de boissons dans le quartier. Il n’existe aucune preuve de ce fait. Aucune. 

 

En revanche, l’étymologie gasconne qui s’appuie sur une mauvaise transcription du toponyme Lana Grese (la lande argileuse) tient bien, l’argile est encore là et l’activité des tuiliers et briquetiers a duré jusqu’aux années 1960. Le Dépôt de la Guerre s’est planté. Ça arrive. Mais la Justice doit corriger ces erreurs, pas les justifier. Mais il est préférable que les cartographes soient irréprochables et ils n’en prennent pas  le chemin.

 

Pour ma part, je préfèrerai que Karfa Diallo me parle des signares, ces femmes sénégalaises qui ont ouvert le Sénégal à la France et servaient d’intermédiaires aux négriers qu’il poursuit de sa pathétique hargne. Il n’existe pas de colonisation sans collaborateurs ou collaboratrices. Les Noirs portent le fardeau de la traite, pas seulement comme victimes mais comme associés. C’est pénible à avouer, mais l’Histoire peut être pénible. Va-t-il demander le changement de titre de La Négresse blonde, merveilleux recueil du merveilleux Georges Fourest ?

 

Pour éviter toute accusation de racisme latent, je précise que mes deux enfants tardifs sont afro-descendants. Mais ils sont blonds !! Oui, ils descendent en droite ligne d’un cordonnier martiniquais libre de couleur selon le Code noir. Ils ont été blanchis par six générations de copulations métissées. Dont une avec le descendant d’un cartographe du Dépôt de la Guerre ayant dessiné le plan de Biarritz sur lequel Napoléon III a choisi l’emplacement du Palais.

 

C’est dire que je me sens légitime d’en parler.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

mercredi 5 février 2025

MONDANITÉS UNIVERSITAIRES

 Et voici qu’on m’envoie un gloubi-glouba pseudo-intellectuel sur  la cartographie. Un de plus.Et qui me renvoie à Audiard qu’on peut plagier : c’est fou ce besoin qu’ont les cartographes de faire des phrases. Mes amis connaissent ma définition : la cartographie est l’art de la tricherie vraisemblable. Ce qui permet d’oublier Borges et son texte sur la carte à l’échelle 1/1.

 

Voici donc le énième texte sur la prétendue fausseté des cartes que l’on doit à deux cartographes dont l’un s’autoqualifie d’information designer (c’est plus chic) et l’autre appartient à un centre CNRS consacré à l’urbanisation du monde arabe. De Planhol revient ! et c’est plutôt une bonne nouvelle.

 

Et donc, j’apprends que l’université de la Réunion va organiser une conférence sur la cartographie et ses enjeux actuels, sujet tant rebattu que personne n’osera dire que ces pseudo-enjeux sont les mêmes qu’au XIIème siècle, le seul changement étant que les Cassini sont passés par là, rendant caduque le sous titre : représentation du réel ou acte social et politique ?

 

Depuis les Cassini, stipendiés par Louis XV, Louis XVI et la Constituante, on sait que la cartographie est une représentation mesurée du réel financée par le pouvoir en place. Donc ce n’est pas OU mais ET. Seuls les Etats ont les moyens de payer cette mesure, le binôme organisateur, fonctionnaire du CNRS, doit le savoir. On parle de cartes et de mesure du monde, pas de taches plus ou moins colorées que les gens sérieux appellent des iconocartes pour discriminer. On parle de géographie et pas d’illustrations au rabais. Je ne suis pas méprisant, je respecte les cartographes et leur travail. Et je n’oublie pas que mon trisaïeul, agent voyer du département de l’Aude, était fier de devenir cartographe au Dépôt de la Guerre d’où Napoléon III l’a tiré pour en faire son cartographe personnel. Pour être complet, ajoutons que la Constituante a chargé les Cassini de définir le système métrique afin d’unifier la mesure de la Terre : cartographier, c’est mesurer, pas dessiner seulement.

 

Quant aux enjeux, il n’y en a qu’un, c’est s’approprier le foncier qu’il s’agisse d’une abbaye médiévale ou d’un Président blond et contemporain. S’approprier le foncier et les ressources qu’il couvre. On ne peut parler cartographie si on en ignore l’histoire qui commence dans les scriptoriums des monastères. Dame ! pour dessiner, il faut des supports, velin ou parchemin, des outils, pinceaux et plumes, du savoir et si Dieu bénit le  tout, c’est mieux. Or les clercs sont assurés de l’onction divine qui manque aux cartographes laïques. On l’a vécu en vallée d’Ossau quand les habitants ont voulu connaître les estives et ont choisi pour les délimiter le curé de Béost qui a parcouru les pentes de l’Aubisque, évangile en mains en jurant sur les dits évangiles qu’il marchait sur la terre de telle ou telle paroisse. Les estives assurent la croissance et la lactation du bétail, la production du fromage et la richesse de la paroisse. La promenade évangelo-pédestre du curé de Béost avait offert à ses paroissiens les meilleures estives et les plus nombreuses, leur garantissant ainsi une certaine aisance qui se reflétait dans les dîmes perçues par le curé. Le pot-aux-roses apparut pour l’extrême-onction du curé, moment critique où le vénérable ecclésiastique dut avouer que le jour du métrage des estives, il avait rempli ses sabots de la terre de son jardin de Béost ce qui lui permettait d’affirmer sans mentir qu’il foulait partout la terre de sa paroisse. Je pense que ce pieux mensonge se reflète encore dans les cartes de l’IGN et je me remémore le mantra de Pierre Gentelle : tout territoire a une histoire et donc, toute géographie est historique. Par suite, toute cartographie est historique et un cartographe ignorant de l’histoire n’est pas un cartographe mais un clown.

 

Ignorant de l’histoire, mais également de la linguistique, de la sociologie, des religions, car tout territoire a été parcouru par des hommes et, par voie de conséquence, tout territoire est sociopolitique. Ce qu’on attend du cartographe, c’est la représentation synthétique de ce territoire. Représentation, pas simplification. Avec précision car le cartographe est avant tout un discriminateur.

 

Le cartographe est devenu un deus ex machina et la question n’est plus ce qu’on montre mais ce que voit le lecteur-spectateur ce qui est une simplification. On ne vise plus l’exhaustivité mais la sélectivité, ou plus exactement la sélectivité supposée, en fonction de ce que le binôme appelle le « commanditaire ». En clair, je dessine la carte qui convient à celui qui me paye. Le cartographe est un larbin. Un larbin gouvernemental quand il est fonctionnaire, un lumpen-larbin médiatique le plus souvent, à l’image de Gérard Chaliand qui a fait de l’expression cartographique un manuel de géopolitique pour les nuls.

 

Pierre Gentelle me l’avait dit : geo-graphein, écrire la Terre, mais comment écrire sans sémiotique et sans un traité des tropes ? Le seul à l’avoir tenté était Jacques Bertin qui avait compris que la clef de la carto était la légende. Quand la légende est anorexique, la carte est squelettique. Sans texte, le dessin ne vaut rien. Mais trop de texte détruit le dessin car la carte, synthétique, doit être lue et comprise immédiatement et globalement ce qui suppose que la lecture est disjointe de la réalisation. Dans le cas le plus simple, se crée un triangle terrain-cartographe-lecteur où le sens n’existe qu’au prix d’une circulation des signes entre les trois pointes du triangle, circulation compliquée par l’aspect téléologique de la cartographie : on fait une carte POUR. Pour partir en vacances, pour préparer une randonnée, pour choisir un lieu de pêche…

 

A cet égard, je me souviens d’une longue conversation avec le colonel de Turckheim qui commandait alors le 1er marsouins, mais aussi avec le colonel Erulin, chef de corps du 2ème étranger. Ces deux là avaient le même souci : il leur fallait des cartes POUR ne pas crever. Les erreurs des cartographes se payaient cash en vies humaines. J’en ai tiré la conclusion que la cartographie militaire était la seule qui valait et qu’affaiblir l’IGN revenait à assassiner des hommes.

 

Tout cartographe devrait avoir dans son bureau une reproduction du tableau El barranco de Waterloo du peintre espagnol Ulpiano Checa qui montre comment une erreur de cartographie a conduit à la défaite de Waterloo quand les hommes de Ney ont été décimés par un chemin creux non cartographié. Juste pour se souvenir que le réel mal représenté conduit à la mort. On n’est pas dans les conversations mondaines d’universitaires en mal de sujets de conversation.

 

Mais c’est une autre histoire. 

 

dimanche 2 février 2025

LE MALE ALPHA

 Bon, nous y voilà….Il va falloir corriger Trump. On a des précédents historiques. Mais pour ça, il faut en avoir….comprendre que Trump n’est pas un mâle alpha et qu’une bonne baffe le mettra aux ordres.

 

Souvenons nous de la prohibition. Les USA se torchaient au rhum de Cuba, avec des liaisons commerciales organisées par la Mafia. Faisons de même.

 

Basons nous sur les Antilles françaises et faisons en une zone franche où les bateaux de croisière américains seront reçus à bras ouverts sans les taxes trumpiennes voire sans taxes d’octroi, bref à un prix à rendre cirrhotique toute la population étatsunienne. Du coup, on sauve la viticulture et disciplines associées. On double avec une taxe patrimoniale interdisant la vente en Europe de produits patrimonialement français, comme le bourbon. Personne ne peut nier que « Bourbon » est un nom français utilisé sans autorisation et sans redevances par des distillateurs yankees. Il serait normal qu’une taxe versée à Stephane Bern soit perçue. De même « denim » abréviation yankee de « De Nimes ».

 

Une telle action n’est possible qu’avec l’appui de l’armée (c’est une guerre économique)et en dégageant des instances les losers professionnels (ceux qui privilégient la quantité contre la qualité) qui sont le plus souvent des péteux.

 

Mais voilà : les collabos sont au pouvoir, Vichy est à l’Elysée. La France n’est pas protégée. On n’est pas poli avec un homme impoli. Trump est grossier et vulgaire, Macron doit donc lui répondre dans le même registre, la baffe est de saison. Et oui, c’est la porte ouverte à l’escalade, et donc la porte ouverte au savoir de la dégonfle : à quel moment le mâle alpha va-t-il se dégonfler ?

 

Car il va se dégonfler, n’en doutons pas. Il a des points faibles que Macron connait. Notre problème, c’est que Macron ne sait rien de l’usage de la violence, on l‘a vu avec Poutine. Pour ma part, je n’aurais jamais accepté de m’assoir à cette humiliante table. Quoique je suppose que le décor avait été approuvé par un larbin du Quai d’Orsay dont j’espère qu’il a été viré.

 

On est au poker, Trump va cesser de bluffer, c’est écrit. Il est con, c’est-à-dire sous-informé et mononeuronal. Il dirige le plus riche pays du monde. Comme en 1975, quand les GI quittaient Saïgon en se chiant dessus. C’était il y a un demi-siècle et rien n’a changé.

 

On va devoir couler un ou deux bateaux yankees. C’est la dernière étape que Trump peut franchir : envoyer un croiseur dans nos eaux territoriales. Si on ne le coule pas, tout est perdu….