Bon, je vous avais prevenu le 2 février : Trump est une figure de male alpha, un simulacre gonflé à l’encre de la presse et prêt à se dégonfler, une grande gueule qui affirme avoir la plus grosse. Pour croire ne fut ce qu’un mot de Donald la dégonfle, il faut avoir un QI de poisson rouge. Ou être Président de la République française, ce qui n’est pas incompatible. Souvenez vous : au début du second quinquennat, le chef d’Etat-major des Armées démissionne car le Président lui a refusé les crédits nécessaires. Trois ans plus tard, le même Président accepte les contraintes budgétaires du canard américain, affirmant de la sorte qu’il se moque des demandes du plus haut gradé de l’armée française. Et ce, sans même s’excuser ce qui montre son respect de ses collaborateurs. J’ai honte pour lui.
J’ai honte de la faiblesse de mon Président qui ne cesse de croire en la puissance américaine et aux rodomontades assurées, sans jamais tester le prétendu chef de bande. Qu’attendons nous pour remplacer le GPS par Galileo ? Qu’attendons nous pour rappeler à Donald que notre reconnaissance de la Chine emportait reconnaissance du statut de Taiwan ? Ou pour signer avec Xi un protocole de recherche sur l’ IA ? Bref un signe de renversement d’alliance discret mais fort, genre : « tu fais comme je veux ou je change de bande ». Déjà, ça permettrait d’identifier les collabos, ceux qui s’écrasent quand Donald fait machine arrière c’est-à-dire tout le temps.
On peut changer de pied avec finesse. Trump veut que nous renforcions notre défense ? Finançons ce renfort avec l’aide des instruments financiers chinois. Et en le faisant, pas en faisant semblant ou en laissant des portes ouvertes. Ce serait une belle claque diplomatique, surtout avec un volet spatial qui affaiblirait Musk.
A la fin du siècle précédent, le républicain Reagan avait lancé un plan pour décrypter le génome humain, mettant 50 milliards de dollars sur la table pour attirer les meilleurs chercheurs américains qui avaient cinq ans pour réussir. Mes copains scientifiques étaient vent debout : le but caché était de breveter les résultats du décryptage pour réserver aux firmes américaines les avancées en thérapie génique. Un an plus tard Kahn, Cohen et leurs équipes du Généthon avaient fini le boulot, sans brevet pour permettre à la communauté scientifique de bosser librement et ridiculisant les généticiens américains. Ridiculisant du même coup les journalistes qui avaient confondu montant de la dépense et résultats de recherche. N’oublions jamais cette histoire. N’oublions jamais nos résultats sans cesse opposés aux annonces étatsuniennes. Le capitalisme est pragmatique, pas la science. Et n’oublions jamais qu’une armée de va-nu-pieds a viré du Vietnam la plus puissante armée du monde. Les Américains ont beaucoup de soldats et peu de guerriers. Simplement, à force de penser comme eux, nous agissons comme eux. Aujourd’hui, Sciences Po remplace Saint Cyr dans la formation de nos officiers généraux et je ne suis pas sûr que Sciences Po apprenne à mourir pour la France.
Trump est d’une inculture crasse, esprit falot mu par la réaction plus que par la réflexion. C’est un toro de combat qui n’a pas appris que le toro meurt toujours à la fin. Mais c’est un jouisseur effrayé par la mort et qui reculera devant la menace ultime. Faites la liste de ses menaces et de ses menaces exécutées. Ça rassure. En un mois le mâle alpha a appris l’alphabet : il est désormais un mâle béta.