jeudi 20 février 2025

FICTION TRISTE

 A peine arrivé dans le bureau ovale et après les politesses d’usage, le Président français s’adresse au Président américain :

 

MACRON : Mister President, après examen de la situation militaire, la France a décidé de libérer l’Amérique du fardeau de la défense européenne et accepte que vos troupes quittent le continent européen dans les délais les plus brefs.

 

TRUMP : Vous n’avez pas les moyens !!

 

MACRON : L’Europe a les moyens et la France sait intégrer des troupes étrangères, elle l’a prouvé tout au long de son histoire. Pour assurer une parfaite cohésion, les corps européens seront intégrés à l’armée française qui assurera le commandement de l’ensemble. Les USA n’auront qu’un interlocuteur : la France. Vous pourrez vous concentrer sur le Pacifique en faisant des économies.

 

TRUMP : Good deal ! Mais les délais….

 

MACRON : Immédiatement. Vous aimez la rapidité, vous allez être servi…. Demain, le système GPS sera rendu inopérant en Europe et remplacé par le système Galileo, plus performant et totalement européen. Prévoyez quelques troubles au niveau aéronautique, mais rien de grave. Nos troupes sont prêtes et notre aviation est équipée. Vous ne voulez plus payer… la France vous remplace.

 

TRUMP : Vos finances ne le permettent pas….

 

MACRON : Ce soir, la Banque Asiatique d’Investissement annoncera une ligne de crédit à 0 % au profit de la France pour nous permettre de réinvestir dans les domaines industriels notamment liés à la défense. Ne vous fixez pas sur la monnaie, la France a des neurones et des amis qui font plus confiance à un pays avec 15 siècles d’histoire qu’à un débutant bardé de défaites. Quant à moi, j’ai dans ma poche une liste de plus de mille sites répartis sur tout le territoire qui vont pouvoir à nouveau vivre de leur travail pour l’Armée. Mon peuple me soutiendra.

 

L’ambiance est lourde, même si le Président français semble crispé et l’Américain sonné. Ce n’est ni plus ni moins qu’un renversement d’alliances préparé par un bras de fer.

 

C’est seulement une fiction. Impossible vu les acteurs. Formellement, rien ne s‘y oppose, sauf les blocages mentaux. Depuis plus de cinquante ans, les Français ont oublié Staline, Normandie-Niemen, le parti aux 500 000 fusillés, l’alliance contre Hitler et les 30 millions de soviétiques sacrifiés pour ne plus voir que le jour le plus long et Kirk Douglas en battle-dress. Les USA ont gommé l’histoire avec l’appui d’une classe politique majoritairement démocrate chrétienne et anti-communiste au motif que le communisme est athée. 

 

La dimension chrétienne qui a vu les années 70 et l’arrivée de l’œcuménisme a été une dérive grave de la pensée française.

 

 Etymologiquement, l’œcuménisme est ce qui concerne l’oekoumène, la Terre habitée par les hommes. Le terme était utilisé par l’église catholique pour réunir des conciles réunissant les tendances déviantes du catholicisme romain, comme Nicée en 305. Dans les années 1960, on a vu surgir des mouvements « oecumèniques » regroupant seulement les chrétiens. Bouddhistes, musulmans, animistes sortaient de la terre des hommes. C’était conforme à l’esprit de la colonisation. J’étais outré : ma mère, calviniste, était autorisée à enseigner le catéchisme dans la cathédrale Sainte-Marie, Vierge dont elle niait la Sainteté. Les iconoclastes reprenaient le pouvoir qu’Ignace leur avait arraché. La théologie cédait à la médiatisation et l’Eglise catholique romaine se dépouillait devant Luther lequel devenait maître du nouvel oekoumène.

 

L’œcuménisme dépouillait surtout le catholicisme de son caractère local, c’est-à-dire national, en évacuant  les intercesseurs, derniers vestiges d’une divinité incarnée dans les sources, les rivières et les montagnes. C’est le pillage spirituel dénoncé par Bernanos.

 

Les lutheriens, abrités derrière leur christianisme et usant de leur variété réussirent à mettre la main sur le calvinisme qui leur offrait l’argument sémantique de la réforme. Il y a peu, être réformé était être refusé, rejeté, la novlangue se mettait en place qui attribuait tout mérite à la réforme et valorisait les chevaux de réforme, jadis envoyés à l’abattoir. Luther avait enfourché mon amie Flicka.

 

Toute colonisation commence par la langue, moyen efficace de capturer les esprits, mais la pénétration ne se quantifie pas : que le mot clebs soit généralement utilisé ne signifie pas une invasion de l’arabe. A l’opposé, on peut s’interroger sur le remplacement de gestion par management ou sur la récente utilisation généralisée de l’acronyme qui envahit les textes. 

 

Depuis 1945, l’Europe s’est couchée aux pieds de l’Amérique. De Gaulle avait pris deux précautions en incluant les droits de l’homme en préambule de la Constitution et en stipulant que le français était la langue de la République. En clair, la Constitution garantit la liberté d’expression dès lors qu’on s’exprime en français. On pouvait imaginer que le droit français avait bâti un barrage contre les anglicismes. C’était compter sans les collabos communiquants et avides de lucre qui ont passé un demi siécle à limer et annihiler ma langue avec des arguments breneux acceptés par une magistrature pourtant soucieuse de protéger son vocabulaire. La langue française est riche, variée et précise et s’exprime grâce à un corpus important et disponible. Elle accepte des variations lexicales qu’elle regroupe sous le nom d’idiolectes afin de préciser quelles communautés les emploient.

 

Nous franchissons une nouvelle étape : la diplomatie civilisationnelle passe le relais à la diplomatie transactionnelle. Il est temps de dire non car viennent les temps rugueux, binaires. Trump dévoile ses besoins : des terres rares et des chercheurs. Refusons les. L’Université Paris-Saclay est une couveuse à chercheurs. Moi, Français de base, je ne veux pas payer pour former des chercheurs aux ordres d’Elon Musk. Aidons les Ukrainiens à garder leurs minéraux rares. Et prenons l’argent où il est : chez ceux qui foutent la trouille à Donald le matamore. Les temps binaires sont ceux du Oui ou Non. Les USA ont été créés par la France : il est temps de détruire notre créature.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

                                                               

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