mercredi 19 juin 2013

ETRE A GAUCHE…C’EST BIEN DUR

Je connais plein de gens de gauche. Dans mon carnet d’adresses, ils sont majoritaires. Et donc, je cause avec eux… Et l’incompréhension s’installe. Tous ces mecs de gauche, ils n’ont jamais rien lu et surtout pas Marx. Ils le disent sans complexe : Marx s’est trompé. Ou Marx ne sert à rien. Ou le marxisme est mort. Ils ont pas lu non plus Bakounine ou Proudhon. Ils ont lu Libé et le Figaro et ça leur suffit bien. Alors, moi, brave con, je fais des piqûres de rappel.

L’une des bases de la pensée de gauche, ça reste (ça devrait rester) ce que l’on appelle pour simplifier le « matérialisme historique ». L’idée selon laquelle l’Histoire avance à cause des conditions réelles de la vie des peuples. J’admets, ça dévalorise un peu les bâtisseurs d’idéologie. C’est plus facile de jouer avec les idées qu’avec le prix du pain. Dans la réalité, les gens de gauche se moquent éperdument des conditions matérielles. Modernes, la plupart se vautrent plutôt dans le « virtualisme immédiat », cette sorte d’évacuation du réel qui domine la pensée occidentale. Les gens de gauche préfèrent un territoire virtuel (l’Europe) au territoire réel (la ville, la cité), territoire dont la réalité prend naissance dans le ressenti des habitants et dans des limites bien réelles. La définition même du territoire, c’est sa limite, et la gauche plaide pour un territoire illimité ! Si c’est pas être déconnecté de la matière….

Une autre base est que les sociétés progressent par les conflits. On appelle ça la dialectique et on l’exprime simplement par la lutte des classes. Terme dont je rappelle que même le PCF l’a supprimé de son vocabulaire. Alors, là, silence absolu. Les gens de gauche sont pacifistes. Comme Jaurès. Sauf que Jaurès, qui avait du vocabulaire, ne confondait pas la guerre (entre nations) qui s’oppose à la paix et la lutte (entre groupes sociaux) qui, elle, conduit à la paix sociale à l’intérieur de la Nation car elle atténue les inégalités.

Mes copains de gauche, qui ne connaissent pas ces principes premiers (et ne veulent pas les connaître), en ce moment, ils balisent face à la montée du FN. On a droit aux hurlements de meute.

Le peuple, le « petit peuple », il connaît ces principes. Il sait que la retraite, le temps de travail limité, les congés payés, il les a obtenus au prix de grèves et de luttes parce que la classe dominante, pas folle, elle donne pas spontanément. Et donc, le peuple se demande qui va l’aider à se battre. Il regarde autour de lui et il voit Marine. Va pour Marine ! Avec les autres, ça fonctionne pas. Le vote FN nait dans les principes marxistes. Avec un parti qui parle de réalités matérielles (l’immigration par exemple) et qui suggère de taper du poing sur la table. Le peuple rêve d’un beau combat Angela-Marine. Pas dans un bassin de boue, mais c’est tout juste. Se battre pour du pain. Toutes choses égales par ailleurs.

Moi, je pense que le FN peut être le détonateur qui conduira à l’explosion indubitable. J’essaye d’imaginer le FN au pouvoir. Normalement, ça devrait mettre du monde dans la rue. Normalement, ça devrait devenir un peu violent (du moins si les actes suivent les mots, ça, c’est pas sûr). Normalement, on devrait aboutir à un vrai conflit, avec, pourquoi pas ? intervention de l’armée.

Normalement, le FN devrait prendre des mesures un peu violentes (un peu, c’est déjà trop au jour d’aujourd’hui). Mesures qui, par le jeu normal action-réaction, pourraient conduire à quelques bagarres, au niveau de l’Europe, par exemple.

Bref, normalement, l’arrivée du FN au pouvoir devrait remettre au goût du jour cette bonne vieille dialectique hégélienne et permettre à l’Histoire d’avancer comme elle l’a toujours fait, avec des baffes. Normalement, le FB s’inscrit dans une perspective marxiste. Ce que la plupart des gens de gauche refusent de voir.

Il n’y a pas d’alternative ? Non. Les partis de gauche qui pourraient y prétendre traînent entre 1 et 8% des voix. Ils n’ont aucune chance de rattraper leur retard. Sauf le PC, peut-être, mais au prix d’une évolution drastique. Pierre Laurent n’est pas Waldeck Rochet et Ian Brossat n’a rien de Jacques Duclos. Seul le FN peut utiliser la voie démocratique pour ouvrir les voies de la révolution. A son corps défendant car on peut difficilement imaginer une nana qui a passé son enfance avec Haïli Haïlo se mettre à siffloter L’Internationale.

Mes copains de gauche, les vrais, pas ceux qui confondent Anne Hidalgo et Dolorès Ibarruri, quand je leur dis ça, ils hurlent. Preuve qu’ils préfèrent leurs idées à la réalité matérielle des faits ce qui jette quelque doute sur leur marxisme.

Mais, disent-ils, on est de gauche, on n’est pas marxistes… Ça me rassure….

On en reparlera…

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