lundi 3 juillet 2017

LES PARACELS OU COMMENT REPRENDRE SA PAROLE.



Ça bouge en Mer de Chine. Tout ce que je lis est tiré du même tonneau où se mélangent avec bonheur les cépages de l’incompétence et les millésimes de la mauvaise foi. En gros, la Chine est accusée de s’approprier indument les îles Paracels

Aux Archives fort bien tenues du Ministère Français des Affaires Etrangères, tout un chacun pourra consulter et obtenir une copie du traité signé le 26 juin 1887 entre la Chine et la France représentant l’Empereur d’Annam afin de fixer les frontières maritimes et terrestres entre les deux pays.. Or, ce traité, en français et en chinois est très clair et stipule :

LES ILES QUI SONT A L’EST DU MÉRIDIEN DE PARIS 105°43 DE LONGITUDE EST SONT ATTRIBUÉES A LA CHINE ; LES AUTRES ILES QUI SONT A L’OUEST DE CE MÉRIDIEN APPARTIENNENT A L’ANNAM.

Le méridien de Paris étant à 2°20 à l’est de Greenwich, la limite fixée est donc aujourd’hui le méridien 108,03° est de Greenwich. Tracez la ligne : les Paracels appartiennent à la Chine avec l’accord des autorités françaises. C’est indiscutable.

Comment en est on arrivé à la situation actuelle ?

La politique a horreur du vide. Les Chinois ne s’étant pas installés sur les îles, la France y maintient une présence, allant jusqu’à y construire une station météo en1932. C’est que la guerre de 14 est passée par là et on a inventé le sous-marin qui change les paramètres stratégiques. Une note du Résident Supérieur en Annam l’exprime crûment en 1920 :

Ces iles constituent le prolongement naturel d’Hainan… une flottille de submersibles s’appuyant sur cette base pourrait isoler le Tonkin 
et l’attaché naval à Pékin enfonce le clou un an plus tard :
Bien qu’elles ne puissent être sans doute d’une grande utilité, elles gêneraient les communications si elles venaient à passer entre les mains d’une puissance maritime qui les utiliserait comme base

Bon. On a filé à la Chine un truc qu’on croyait inutile mais qui ne l’était pas. Faut revenir sur sa signature. Le Quai d’Orsay va s ‘y employer…

On commence donc par infléchir la position française et affirmer que le traité de 1887 concernait essentiellement la frontière terrestre et que la frontière maritime n’en était qu’un accessoire.

En 1937, une note au Ministre des Colonies indique

"Les dispositions du traité de 1887... n'avaient d'autre objet que de fixer la
frontière maritime entre la Chine et le Tonkin dans la région de Monkay,
en rattachant à la Chine quelques territoires et îles situés à l'Est de
l'embouchure de la rivière de Monkay et qui dépendaient autrefois de
l'Annam.
Il n’y a pas lieu de donner à la clause de 1887 une portée autre que locale.

Forcément les Chinois ne sont pas d’accord. Ils ne sont même pas d’accord pour un arbitrage. C’est signé, point barre. On cherche des solutions. Un certain Boissonnas suggère que la Chine pourrait nous les rendre en paiement de l’indemnité sur le chemin de fer du Yunnan. On tergiverse. Le Gouverneur d’Indochine écrit au Ministre :

Le gouvernement français n’a jamais renoncé à faire valoir des droits historiques et géographiques..seules des raisons d’opportunité se sont opposées à ce que ces droits fussent affirmés officiellement…
 Notre intérêt bien compris était de ne pas nous aliéner l’opinion chinoise..

Traduction : c’est le bordel en Chine, attendons de voir l’avenir. Et après la Seconde Guerre Mondiale, ça va donner une note au Ministère des Colonies :

Il parait préférable de différer le règlement du litige par voie juridictionnelle jusqu’à l’établissement d’une autorité gouvernementale unique et incontestée tant en Chine qu’au VietNam.

Normal. Le PCC a pris le pouvoir à Pékin et nous reconnaissons Taiwan tandis que Ho Chi Minh s’apprête à nous mettre à la porte.

1954, Accords de Genève. Les Paracels sont attribuées au Viet-Nam du sud par la même République française qui les avait reconnues chinoises.

Moi, j’attends de mon gouvernement qu’il respecte sa signature parce que c’est aussi un peu la mienne. La Mer de Chine devient une poudrière. J’attends de mon gouvernement qu’il calme le jeu et qu’il rappelle au gouvernement américain que, depuis 1975 et la chute de Saïgon, il doit rester sur l’autre rive du Pacifique et que la parole de la France, ce n’est pas du pipi de chat. J’attends de la presse qu’elle cesse de servir de porte-voix à la CIA et qu’elle donne à ses lecteurs des informations vérifiables.

Et la seule chose qu’on puisse vérifier,  c’est que les Paracels sont chinoises depuis 1887. Grâce à la France


1 commentaire:

  1. Merci de ces précisions historiques qui m'étaient inconnues. Il n'aurait pas fallu appeler cette étendue d'eau la mer de CHINE si on voulait contester la propriété de ces îlots aux chinois.

    RépondreSupprimer