dimanche 27 mai 2018

LES HONGKONGAIS

Biarritz ne bruisse que de ça : les Hongkongais vont sauver le Biarritz Olympique. Complétons l’information.

Tout d’abord, depuis la phrase célèbre de Deng (un pays, deux systèmes) et depuis le jour où le dernier gouverneur de Hong Kong a descendu l’Union Jack du  mât de sa résidence, Hong Kong, c’est la Chine. Politiquement, je veux dire. Donc, on pourrait dire « les Chinois », mais ça écorcherait la gueule de pas mal de monde.

Sur le delta de la Rivière des Perles, Hong Kong est un pauvre village de pêcheurs jusqu’à ce que les Anglais s’y installent. La vraie capitale, économique, culturelle, patrimoniale, commerciale de la région, c’est Canton. Les Anglais vont renforcer Hong Kong, lui donner sa puissance financière et son poids touristique. Ça vous rappelle rien ? Un village de pêcheurs misérables gonflé à l‘EPO par des investisseurs étrangers et qui veut faire de l’ombre à la capitale historique de la zone ? Hong Kong-Canton, c’est Biarritz-Bayonne. Les Chinois seront pas dépaysés.

Les Chinois…Là, j’avoue, j’ai du mal. Territorialement, les investisseurs, ils sont plutôt franco-syriens. Les positions économiques et politiques de Messieurs Gave ne flirtent pas trop avec la doxa pékinoise. S’ils ont choisi Hong Kong, ils ont leurs raisons, mais elles m’échappent. La Chine n’a jamais accueilli Frédéric Bastiat. Tiens ! encore un Bayonnais.

Ils investissent dans le rugby. Faut savoir que Mao a condamné le rugby comme quoi c’était pas un sport honorable. Tous les Chinois savent ça. On peut penser que Messieurs Gave veulent se distinguer de la pensée maozedong. En fait, le rugby est devenu un sport olympique. A 7, mais quand même. Aux prochains JO, si la Chine prend une toise par le Japon, ennemi héréditaire et détesté, va y avoir du nettoyage dans les instances olympiques de Pékin. On peut donc penser que nous sommes face à une pensée stratégique bien menée. Vu qu’en l’état actuel des choses, le Japon devrait filer une toise à la Chine. Et donc, Messieurs Gave seront bien placés pour nettoyer l’orgueil national. Ils sont pas les seuls à penser ça. Voilà quelque temps que des clubs anglais tissent des liens avec le Guangdong.

Là, je fais une parenthèse géostratégique. Pour les instances dirigeantes du rugby français, le Pacifique, c’est un endroit où on va se promener tous les ans pour acheter des mercenaires. J’ai jamais compris pourquoi la Nouvelle Calédonie ne fournissait pas de joueurs du niveau des Tongiens ou des Fidjiens. Bon, on peut pas demander à Laporte de regarder une carte. Hors d‘un casino, je veux dire. Déjà qu'il n'y a pas de rugby en Corse..Alors en Kanaky....

Ceci dit, je ne crois pas à une vision stratégique car une vision stratégique s’appuie sur la jeunesse. Or, les statistiques sont claires : hormis quelques grandes écoles (Polytechnique, HEC) les jeunes Chinois sont obsédés par deux établissements d’enseignement : les Beaux-Arts de Paris et le Conservatoire de Musique de Paris. Or ce sont deux établissements accessibles par concours où les intermédiaires-requins n’ont aucune prise. Ce sont aussi deux établissements pour lesquels les écoles préparatoires de Bayonne ont  pratiquement 100% de réussite.

S’il y avait eu vision stratégique à Hong Kong, la construction d’une Maison pour héberger les étudiants chinois aurait coûté bien moins cher que le comblement du trou biarrot. On pouvait même y prévoir deux ou trois chambres pour les espoirs du rugby. Pas mettre tous ses œufs dans le même panier.

Investir dans les énergies vertes est aussi une bonne idée pour des financiers. Messieurs Gave auraient pu acheter un paquet d‘actions de China Tianyin, implantée à Bayonne. Bref, une vision stratégique conforme au weiqi qui choisit comme base la pierre que personne ne considère. Mais tout ceci repose sur une question encore sans réponse. Les Hongkongais vont ils accompagner le gouvernement chinois ou pas ?Au vu des informations publiques sur la famille Gave, je doute, mais un revirement est toujours possible.

Ou une mauvaise interprétation. On peut penser que Charles Gave a mieux compris Friedman que la plupart de ses épigones et que l’opposition Keynes-Friedman est une simplification abusive, pas nécessairement incompatible avec les positions économiques du gouvernement chinois. Nous avons peut être une idée biaisée de l’interventionnisme. Pourquoi ne pas imaginer que Gave est un cheval de Troie posé par la Chine pour miner le sport capitaliste ? Ce qui expliquerait qu’il n’investit pas dans les clubs de rugby à fort potentiel (Toulon, Castres, Montpellier) mais dans les canards boiteux.

Mais, là, je me laisse aller.


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