samedi 2 juin 2018

INTERMARCHÉ ET LES ACHETEURS

Hé ! monsieur Intermarché, je serais toi, je foutrais à la porte toute mon équipe d’acheteurs de fruits et légumes. C’est un gros paquet  de nullasses.

Je justifie.

J’arrive dans mon Intermarché. En fait, c’est le tien. Quand on commence à dire « mon » (Intermarché, Leclerc, Carrouf), c’est que le piège se referme sur le locuteur. Le bouzin, il est pas à moi, il est à Monsieur Intermarché, Leclerc, Carrouf. Si on se l’approprie, on est sur le chemin d’être baisé. On se rapproche insidieusement. C’est quasi un ami au lieu d‘être un bandit pas manchot qui ment et truque dans chaque allée.

Et donc, dans l’Intermarché voisin, me saute aux yeux un étalage de Piments del Padron. C’est un peu tôt mais c’est des piments doux qui ont tellement bons qu’ils te feraient croire en Dieu si t’étais naïf (ou con, c’est pareil). Je me rue. Et là…..piments produits dans la huerta de Valencia.

Les piments del Padron poussent en Galice, sur une mince couche de terre arable posée sur un socle granitique et dans un climat atlantique. C’est ce qui fait leur goût, un sol pas trop riche et une bonne pluviométrie. Comme les piments doux d’Anglet. Les piments doux ne poussent pas en climat sec car la sécheresse renforce leur potentiel en capsicéine (le truc qui fait piquer les piments). Tout le monde sait ça. Alors des piments del Padron plantés dans le sol riche de la huerta de Valence et en bord de Méditerranée, c’est tout simplement pas possible. C’est limite escroquerie.

C’est pas la seule. Padron est une plage où les pèlerins de Compostelle allaient ramasser des coquilles saint-Jacques attestant qu’ils avaient fait le pèlerinage. Au jour d’aujourd’hui, les connards mettent des coquilles sur leur chapeau au départ, pas à l’arrivée. Et, en plus des coquilles en plastique fabriquées en Chine. Que le diable les patafiole !

Mais toi, monsieur Intermarché, t’as dans ton équipe un imbécile majuscule qui fait passer ton enseigne pour un repaire de menteurs et d’escrocs. Réagiras tu ? Expliqueras tu à tes acheteurs que tout ignorer du climat et du sol qui font tes légumes est une faute professionnelle. Remarque, les acheteurs d’aujourd’hui sont comme les vendeurs. On leur demande pas de savoir autre chose que la différence entre CIF et FOB et le prix du kilomètre conduit par un chauffeur polonais. Ce qu’on transporte importe peu tant que c’est pas cher. Enfin, toi, tu leur demandes pas plus. J’espère que tu es plus exigeant pour ta famille, tes copains et tes maîtresses.

Remarque c’est mieux que l’acheteur au carré. L’acheteur au carré, c’est celui (ou celle) qui achète des prestations alimentaires sans connaître la manière dont l’acheteur de départ a choisi les produits. Si, si, ça existe. Le mec ou la nana qui va choisir entre Sodexho et Gromenteur pour alimenter quotidiennement un troupeau de salariés. Sans déc’, on est plus exigeants pour la bouffe des animaux de batterie.

Pour moi, monsieur Intermarché, je ne serais pas choqué que la Direction des Fraudes te colle une amende pour chaque paquet de Padron ainsi présentés. Je sais, il n’y a pas de fondement juridique dans la mesure où les Padron n’ont pas d’IGP. Parce que dans IGP, ce qui est important, contrairement à ce nous croyons tous, c’est pas « géographique », c’est « protégé » et que ce qui est protégé, c’est pas le consommateur, c’est le distributeur.

Bon, si t’en as une, je te laisse avec ta conscience.


On en reparlera…..

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