C’est la spécialité de Macron. Pas seulement quelques
aéroports ou la Loterie nationale. Non. Il veut nous enlever quelques milliers
de kilomètres carrés jugés par lui insignifiants et dont il estime que la
majorité l’approuvera. Raison pour laquelle, il vient de rouvrir les
négociations avec Madagascar pour restituer les Iles Eparses de l’Océan Indien
à l’Ile Rouge.
Déjà « restituer « !! Le terme suppose que les
Iles Eparses aient, à un moment ou un autre, dépendu de Madagascar. Ce ne fut
jamais le cas. Ce sont des atolls coralliens, inhabités et inhabitables, des
confettis de l’Empire. Elles n’ont été prises à personne, il n’y a rien à
restituer.
Faisons simple. Il y a les Eparses à l’Est de Madagascar
(Tromelin par exemple) et celles à l’Ouest dans le canal du Mozambique (Europe,
Juan da Nova et Bassais da India). Regardez une carte. Ce sont autant de porte-avions arrimés dans une zone sensible et sur des voies maritimes
stratégiques. Les Iles Eparses permettent à la France de contrôler une partie
de l’Océan Indien.
On y aurait suspecté une énorme réserve pétrolière.
Relativisons : aucune prospection n’a été menée car c’est un milieu
écologiquement fragile. Pour une fois, la prudence justifiée a été de mise. En
revanche, nous y menons des recherches sur la biodiversité et nous y
entretenons un réseau météorologique important pour le suivi des tempêtes
tropicales ce qui suppose la
présence de quelques scientifiques protégés par une poignée de gendarmes.
Présence indispensable pour conserver une zone économique exclusive de 600 000
kilomètres carrés (un peu plus que la France). Les Iles Eparses dépendent administrativement des TAAF,
comme Kerguelen ou Bouvet.
Naturellement, les quitter est une énorme connerie. Pas à
cause du pétrole ou de la richesse halieutique. A cause du vide.
Avec tout le respect que je dois à la République Malgache,
je suis bien obligé de constater que, depuis son indépendance, elle n’a pas
fait la preuve d‘une capacité de développement exceptionnelle. Les Iles Eparses
vont ajouter un fardeau au poids que les Malgaches portent sur leurs épaules.
Au mieux Madagascar n’en fera rien. Au pire, Madagascar essaiera de les
valoriser.
Dans cette partie du monde, au sens large, la Chine et les
USA sont engagés dans un bras de fer pour contrôler les voies entre Asie
orientale et Europe/Afrique. Quitter le Canal du Mozmbique, c’est ouvrir une
voie à l’un ou l’autre. Les USA sont à l’affut, installés sur cet autre
confetti qu’est Diego-Garcia. La Chine, un peu moins car elle développe la
ceinture et la route. Dans l’état actuel des choses, quitter les Iles Eparses
revient à les offrir à Trump.
Si elles nous coûtent, il était possible de trouver un
accord avec les Chinois, accord où nous aurions gardé la main pour l’écologie.
Mais nos gouvernants ont les yeux fermés : pour eux, nous sommes au bout
de la ceinture et la route. On oublie toujours les confettis. Il vaut mieux les
balayer d’un revers de la main.
Je repense aux quelques arpents de neige de Voltaire. Pour
Macron, seule compte la surface du pays d‘origine qu’il est, de toutes façons,
incapable de gérer. Les confettis sont une gêne pour la « synthèse ».
On s’en débarrasse donc, en se donnant les gants de s’abriter derrière une
résolution de l’ONU, dont tout le monde se fout, y compris les Malgaches.
Macron fait plaisir à Trump : il lui offre une pierre
sur le plateau du weiqi. Les USA n’en feront rien. Plus grave : la France
ne pourra plus rien en faire. En donnant les clefs, elle se prive de la serrure.
C’est facile de faire des cadeaux quand ils appauvrissent les autres. Méthode
Macron. Et les autres, c'est nous.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire