mardi 27 août 2024

LE POKER ET LES ECHECS

Les militaires, y compris les généraux, sont fils de leurs nations et des jeux de leur nation.

 

Quand ils font la guerre, les militaires américains jouent au poker : rapidité, changements de cartes, un peu de bluff, ça va vite et fort.

Les militaires chinois jouent au weiqi : plus le plateau est grand, plus ils sont heureux et ils adorent les évolutions des petits pions qui deviennent importants au fil de la partie ; au weiqi, on ne détruit pas, on immobilise.

Les chefs russes jouent aux échecs. Ils prennent leur temps, réfléchissent, acceptent leurs pertes, positionnent leurs pièces loin de leur objectif et savent qu’une tour vaut plus qu’un pion. C’est lent et imprécis jusqu’à la fin.

 

La stratégie de Poutine est celle d’un joueur d’échecs. Il accepte de perdre des pièces mineures dans l’oblast de Koursk. Son objectif est le Donbass et la mer d’Azov, le lieu de la puissance industrielle et agricole de l’Ukraine. Je l’ai dit : l’Ukraine enclavée sera ruinée. Zelensky devra abandonner Koursk faute de moyens. 

 

Au début, je pensais que Kharkiv était une pièce maitresse, mais sans communications Kharkiv est un poids. Ses usines métallurgiques et militaires ne sont plus approvisionnées et sont à l’arrêt mais il faut malgré tout permettre à ses deux millions d’habitants de survivre et sa défense dévore les ressources ukrainiennes. Comme objectif, Odessa est plus intéressante et s’insère mieux dans une stratégie globale avec la proximité de la Moldavie.

 

Aux échecs, chaque pièce dispose d’un pouvoir d’attaque et de défense. Dans la vraie vie, le poids des civils est une composante essentielle. Poutine va détruire l’Ukraine en l’affamant. La terre brûlée est une stratégie efficace. surtout à l’entrée de l’hiver. Si l’Ukraine ne peut pas approvisionner son armée, elle quittera Koursk.

 

Les experts admirent la qualité des drones ukrainiens mais un drone ne peut pas transporter une charge de 400 kilos ; les F16 n’ont pas donné à l’Ukraine la maîtrise du ciel et des bombardements. Certains experts affirment que l’Ukraine les conserve pour une attaque sur la Crimée. Je ne suis pas sûr qu’il y en ait en suffisance. Poutine veut se positionner à l’embouchure du Dniepr après avoir désorganisé les communications de Zelensky, les « vraies » communications, celles des trains et des routes, afin de protéger la Crimée

 

Poker contre échecs. Dans les deux cas, l’atout est Odessa.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

dimanche 25 août 2024

LE RETOUR DES CURÉS

 Ça y est, c’est dit. La cheffe d’un obscur collectif (dès qu’ils sont deux, ils sont un collectif) anticorrida l’a verbalisé. Aimer les bovins est une question d’éthique.

 

Rappelons la définition : l’éthique regroupe les principes régulateurs de l’action et de la conduite morale.

 

En clair, la gisquette se positionne dans le camp du Bien, camp qu’elle a défini pour en exclure ses contradicteurs lesquels se retrouvent de facto dans le camp du Mal. Comme dans la Genèse quand Eve bouffe le fruit de l’arbre de la connaissance du Bien et du Mal. On baigne dans la pensée religieuse. Quelle légitimité à m’imposer une morale ? Et pourquoi celle là ?

La seule morale d’une Nation est son corpus législatif et  elle a légiféré sur cette question. La Loi peut être modifiée par l’Assemblée nationale, pas par un improbable collectif drapé dans une toge morale. On irait où sans ça ?

 

La pantomime Caron a montré que l’Assemblée n’était pas vraiment prête. A contrario, les arènes n’ont jamais été aussi pleines. Pour les politiques du Sud, il est temps d’attendre. Raison pour laquelle les dames patronnesses de la SPB (Société Protectrice des Bovins) ont choisi le poncho de la morale.

 

Cinquante ans après 68, les culs pincés sont revenus. Le camp du Bien recrute : contre le tabac, contre le vin, contre la main au panier, toute la panoplie de la morale est utilisée. Ceux qui, comme moi, se réjouissaient de la disparition des curés en sont pour leurs frais. Ils sont déjà remplacés. Par leurs benoites.

 

 Avant interdiction, je vais aller regarder quelques vidéos taurines en fumant une clope et en buvant un peu de fino. Si la dame collective veut me visiter, il y a une place sous la table.

lundi 12 août 2024

REGARDONS LES CARTES

 Bon, faisons un peu de géographie, c’est-à-dire d’art de la guerre. L’Ukraine a pris 500 km2 dans la région de Kursk en se déployant depuis Kharkiv.

 

Ça n’a que peu d’intérêt. En lisant la carte au 5 Mio de mon fidèle atlas (Atlas du Times qui me suit depuis 25 ans), je vois une zone de collines plus ou moins entaillées de vallées, des dolines en russe. Une zone difficile à tenir. C’est pas une plaine. J’en déduis que Zelensky a choisi d’étirer la ligne de front en l’affaiblissant. Comme toujours, il a choisi le symbole.contre la réalité. Ancien du KGB, Poutine connait la géographie. Il sait que le terrain annonce une victoire à la Pyrrhus. A armes égales, l’armée ukrainienne aura un mal fou à tenir ce terrain. Les deux belligerants vont faire assaut de propagande.

 

Pendant ce temps le sud ukrainien se dégarnit. Beaucoup d’observateurs pensent que l’objectif de Poutine est de prendre Kherson, puis Nikolaiev et Odessa ce qui lui permettrait de compléter l’enclavement de l’Ukraine.. Certes, il y a la coupure humide de l’embouchure du Dniepr mais avec les soldats ukrainiens occupés vers Koursk, la difficulté semble franchissable.

 

Une Ukraine enclavée serait une Ukraine morte : impossible d’exporter, surtout les céréales ce qui facilite l’action politique de la Russie, notamment en Afrique ; mais les minerais sont également concernés comme tous les pondéreux dont le commerce dépend des navires.

 

Le terrain commande, dans la guerre comme dans le tourisme. A condition d’avoir les cartes et de savoir les lire. Ayant cette experience, j’avais, chez VDM, entretenu un stock de cartes de Russie à l’échelle de 1 cm pour 10 kilomètres ainsi que des cartes d’Ukraine plus détaillées (1 cm pour 2 km) Bien entendu, on en vendait moins que les cartes de Mykonos mais on les vendait aux professionnels (journalistes, militaires), car j’avais un objectif d’excellence et que l’excellence, c’est de satisfaire les meilleurs même si en matière de gestion c’est moins valorisant.

 

Mais ceci est une autre histoire.

mercredi 7 août 2024

SPORT ET MÉDAILLES

 Toute  la journée, des journalistes sous-formatés nous cassent les burnes avec le tableau des médailles. J’ai cherché : il existe deux tableaux des médailles. Le plus utilisé est celui qui recense toutes les médailles, le plus sélectif ne prend en compte que les médailles d’or. Ça, je peux comprendre : être second ou dernier, c’est pareil : ne pas être premier. On parle de sport, seul compte le premier

 

Mais, dans tous les cas de figure, manque une donnée : la population globale. Quand t’as un milliard et demi d’habitants comme la Chine, tes chances d’abriter un coureur ou un boxeur d’exception sont plus fortes que celles du Liechtenstein. Un enfant de quatre ans analphabète comprendrait ça.

 

Les USA sont numéro 1 dans les deux classements : 86 médailles dont 24 en or. Ça nous fait une médaille pour quatre millions d’habitants ou une médaille d’or pour 14 millions d’habitants. Ça relativise.

Pour la Chine, c’est pas mieux : une médaille pour 24 millions de Chinois, une médaille d’or pour 70 millions. Avec leurs 35 médailles, les Australiens obtiennent une médaille par million d’habitants et une médaille d’or pour deux millions.

La France fait un peu moins bien : une médaille pour 1,4 million et une médaille d’or pour 5 millions. Calculs rapides avec arrondis en date du mercredi 07/08.

La lutte entre Chinois et Américains doit être relativisée : le sport est relativement récent en Chine et sa structuration est différente qu’aux USA en termes d’installation et d’entraîneurs. 

 

Mais ce que disent ces chiffres, c’est qu’en matière sportive, les Américains ont baissé les bras. Il faudrait retrouver les comparaisons USA/URSS au temps de la guerre froide. Mes souvenirs disent que les deux pays se livraient une compétition acharnée et idéologique. Le sport était une valeur géopolitique. A priori, ce n’est plus le cas que pour la Chine qui veut conforter sa domination du monde. 

 

Sauf que dans les pays du Tiers monde, le sport a conservé cette valeur et que le déclin américain aura des conséquences politiques On le voit déjà : alliée des USA, l’Ukraine ne peut prendre pied en Afrique où la Russie se victimise.

Les JO de Paris marquent, l’air de rien, la fin de l’hégémonie occidentale pour ceux que l’OCS appelle le Sud global. Pour peu que l’Ukraine prenne une raclée avec des avions américains et les digues seront rompues. Deng Xiaoping aura gagné.

 

Je constate le même jour que la Chine annonce les résultats plus que prometteurs de son TGV-Maglev. On ne s’énerve pas, il y a un gros paquet de propagande dans cette annonce qui est là seulement pour renforcer l’isolement yankee. Dans les jours qui viennent, les journalistes vont nous expliquer la poursuite de l’hégémonie américaine. Jusqu’au prochain coup.

 

Ne me demandez pas où il sera joué. A mon avis dans l’espace qui est le seul endroit où manquent les repères : la politique spatiale américaine a été partagée avec Elon Musk lequel est devenu de facto un maillon faible. Et ce qui n’est pas à Musk a été donné à Boeing. Les Chinois ne sont pour rien dans les choix de la NASA dont le pire fut le partenariat public-privé.

 

Tous les pions sur lesquels j’ai attiré votre attention depuis dix ans restent actifs : l’OCS a grandi et s’est renforcée, les instruments financiers se renforcent lentement et le dollar souffre, la marine chinoise atteint une taille hégémonique et la station spatiale chinoise est la tête de file d’une occupation de l’espace qui n’inquiète personne. Sur le papier, l’armée chinoise est au top mais il lui manque la validation par le reel que seule accorde la guerre, surtout pour ce qui est de l’aviation.

 

il est vraisemblable qu’il n’y aura aucune confrontation. Même sur Taiwan. La Chine attend, elle a le temps.