jeudi 9 décembre 2010

DOMINIQUE ET CYRANO

Bon, c’est sur lui que ça tombe. DSK, comme on dit à la télé. Il paraît que ce mec aspire à être Président de la République. Au moins, on est sûrs que rien ne va changer. On voit à l’œuvre le même mental que tous les autres. Préservation, précaution et calculs sordides.

Candidat ? Peut-être. Ça dépend des sondages, ça dépend de ses chances. Il n’ira qu’à coup sûr, voilà ce que ça veut dire. Pas envie de quitter le FMI, son salaire et les pouvoirs qui vont avec pour se retrouver le bec dans l’eau. Mon beauf me dit : « Mets-toi à sa place ». Ben non. J’ai pas envie. Pas envie de sortir le trébuchet pour peser si oui ou si pas oui.

J’aurais tant aimé un peu plus de panache. Le mec qui dit : « J’y vais, je renonce à tout, je vous fais le sacrifice de ma vie confortable, je vous offre mes assurances, ma tranquillité, j’y vais et vous allez me suivre ». Un langage de chef de guerre, pas des calculs de boutiquier. Cyrano à la tête de la France.

Mais voilà. Cyrano n’a plus la côte. Cyrano n’est pas raisonnable. Cyrano dépense en un soir sa pension mensuelle. Remarquez, c’est aussi ce que fait le gouvernement. Sauf que Cyrano le fait avec panache. « Pension paternelle, en un soir tu vécus ». Le gouvernement le fait à bas bruit, honteusement, en jurant qu’il ne le fait pas. Cyrano ne met pas ses sentiments en scène, il est pudique. Et la pudeur, avec sa sœur la dignité, a disparu du paysage de nos sentiments. Il suffit de parcourir Facebook.

J’imagine Strauss-Kahn, à Washington, avec ses conseillers politiques, analysant les sondages qui le donnent gagnant. Oui, mais on est à dix-huit mois, la tendance peut se retourner, on a déjà vu ça. Si la tendance se retourne, faut pas y aller. Attendons encore un peu. Pendant ce temps, la guerre économique fait rage. DSK y participe, côté adversaires. Parce que faut pas se raconter d’histoires, la guerre économique, elle est d’abord anti-nationale. C’est pas les nations les unes contre les autres. C’est les tenants du non-nation contre les nations. Comment il va faire pour nous protéger, ce qui est le rôle d’un Chef d’Etat ? Il va changer de discours en un moment, comme les lippizans changent de pied ? Cyrano est fidèle, mais Strauss-Kahn n’est pas Cyrano.

J’ai rien contre lui, remarquez. Les autres sont pareils. Ça calcule, ça se plonge dans les statistiques, ça bidouille, ça refuse les risques tout en parlant de stratégie, de guerre économique, tout un langage de militaire dans la bouche de notables portés sur le compromis. On évoque Koufra en rejouant Munich. Ecoutez ce que je dis, ne regardez pas ce que je fais.

Les commentateurs s’obsèdent sur l’Allemagne. L’Allemagne de Merkel, pas celle de Frédéric de Prusse qui avait fait découper sa table pour y loger sa panse. L’Allemagne des foires commerciales policées pas l’Allemagne de l’Oktoberfest. Peut être un jour découvrirons nous que l’Europe n’a jamais été aussi grande que quand elle vivait pour jouir. Jouir vraiment, pas profiter, le mot a les deux sens.

Nos chefs calculent comme des boutiquiers. Ils nous proposent des projets gris pour un avenir glauque. Des accents gris sur l’E du verbe gérer. On célèbre la mort de De Gaulle quand on devrait fêter le 18 juin. Le soleil d’Austerlitz n’illumine plus la guerre économique. On s’emmerde dans une guerre économique qui s’apparente plus aux tranchées de Verdun qu’aux chevauchées de Murat.

Quand on est en guerre, on ne choisit pas un chef hésitant qui, de surcroît, accepte les arguments de l’ennemi. Cyrano montait à l’assaut « à jeun ».

A jeun ! DSK fera comme les autres. Un régime….

On en reparlera….

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire