samedi 12 janvier 2013

ETRE PRIS POUR UN CON-2

Comme le dit joliment Blandine Vié, c’est une évi-table. Non pour la cuisine qui m’a plutôt séduit, non pour les prix tout à fait adaptés au niveau de qualité, non pour le décor, sobre et agréable.

Parce qu’on vous y prend pour des cons. Déjà, un patron qui ne fait pas la cuisine et vous annonce qu’il est « marchand de bonheur », ça sent le discours convenu, le mec qui répète les textes de son site.Mon copain Christian Parra, avec ses deux macarons, il se disait "aubergiste", et ça suffit bien pour faire le bonheur des gens.

J’hésite devant un aloyau étiqueté « Aberdeen Angus ». Je ne connais pas le bœuf britannique et je me méfie. Ces gens-là font volontiers bouillir la viande, c’est qu’elle doit pas être terrible. Et là, j’ai droit à un discours qui commence à la grand-mère du patron, écossaise, comme le bœuf, et à une descente en flammes du Charolais et de la Blonde de Chalosse., comme quoi c’est vachement surfait à côté de l’Angus écossais qui bénéficie du climat de l’Ecosse, des pâturages toujours verts et j’en passe. Va pour le bœuf en kilt sauce bourguignonne.

J’ai pas été bluffé. Viande goûteuse, certes, un peu grasse, pas trop persillée, pas de quoi réclamer l’indépendance de l’Ecosse. La sauce bourguignonne m’a ravie, un poil trop réduite, et donc un poil trop salée, mais j’adore ça. J’en ai fait compliment au chef qui, dans la conversation, m‘a indiqué que l’écossais venait d’Australie. J’ai vérifié : effectivement, le troupeau écossais est pas trop important (10 000 têtes) et le gros producteur d’Angus, c’est l’Australie. Là, on est plus dans le crachin d’Aberdeen. Pourquoi mentir, bon Dieu ?

Après, ça s’est carrément gâté avec un brebis Ossau-Iraty. Le mec, il avait pas trop de bol, la brebis des Pyrénées Atlantiques, je suis un quasi-ayatollah. J’ai eu droit à quelques copeaux d’un fromage tout blanc, trop moelleux, sans goût prononcé. Sur la carte, c’est marqué « brebis d’estive ». Or, au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, on est en janvier. Les brebis sont redescendues depuis septembre. Du moins, en vallée d’Aspe. En janvier, normalement, on finit le stock de l’été précédent et on peut espérer des fromages bien jaunes, un peu ocres et qui commencent à piquer sous la langue. Pour « améliorer » le fromage, le serveur m’apporte…une bouteille d’huile d’olive ! Que celui qui a vu des oliviers en vallée d’Aspe lève la main. Je m’énerve un peu parce qu’on m’a déjà dit que les Aspois, conduits par Jean Lassalle, ont demandé une AOP spéciale pour leur fromage qui est le meilleur de l’AOC Ossau-Iraty. Faut être gonflé pour asséner des conneries pareilles ! Les Souletins vont apprécier.

Je m'étonne, je lui demande s'il connait Jean Lassalle. "Ma grand-mère est de là-bas" qu'il répond. Je la croyais écossaise, mais après tout, on a tous deux grands-mères.

Après quoi, le patron, il commence à fuir un peu vu qu’il a reniflé le casse-couilles et je lui dis que son fromage est trop jeune et que je doute de sa qualité d ‘« estive ». Et là, j’ai droit à l’explication la plus con qui soit : il paraît que la transhumance a été plus tardive et qu’il a plu en juin. C’est possible, mais ça ne change rien. Fais un fromage en août dans ton cayolar, laisse le sécher et tu verras le goût qu’il aura en janvier !

Je passe sur le serveur qui m’a affirmé que le chef broyait lui même ses fèves de cacao pour faire le fondant au chocolat. Là, j’ai su qu’on me prenait vraiment pour un con. On en a déjà parlé (http://rchabaud.blogspot.fr/2012/12/noel-et-chocolat-bon-on-va-sen-gaver.html)

Encore une fois, la qualité de la table n’est pas vraiment en cause. Encore que 10 € pour 100 g de fromage qui vaut 20€ le kilo, c’est pas donné. S’il était bon, je comprendrais. Là…

J’ai envie de dire à ce mec de mettre un bémol. D’être un aubergiste, pas un marchand de bonheur. D’arrêter son baratin minable qui ne trompe que les imbéciles. D’être simple. C’est une qualité, la simplicité.

Je comprends bien qu’il doit justifier ses prix, mais pas au prix d’une rafale de mensonges, d’à-peu-près et de fausse rusticité. Il fait comme tout le monde : il va à Rungis où il y a beaucoup de bons fournisseurs mais très peu de fournisseurs exceptionnels. J’ai envie de lui dire d’aller voir Françoise Etchebarne à la Madeleine ou Mikel Dunate à Ayherre, de se faire copain avec eux et de se faire envoyer du fromage de qualité. Ça lui évitera de devoir sans cesse inventer des conneries qui n’impressionnent que ceux qui se laisseront toujours impressionnés.

Faut dire que rue des Martyrs, la population est sacrément impressionnable. D’ailleurs les regards que me lançaient les convives de la table d’à côté en disaient long.

Je suis vraiment un casse-couilles.

On en reparlera…

2 commentaires:

  1. Et, c'est où, ça s'appelle comment, ce bouiboui ?

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  2. la part des anges, rue des martyrs..mais c'est pas un boui boui..juste un bouclard qui a le malheur d'être dirigé par un benêt

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