jeudi 2 mai 2013

CHOCOLATINE ET LECHE DE VEAU

Quand je l’ai lu, je n’y ai pas cru… je vous offre le lien :

http://www.legorafi.fr/2013/04/30/paris-un-monoprix-sexcuse-pour-avoir-malencontreusement-etiquete-des-pains-au-chocolat-en-chocolatine/

Le mec est un jeune morpion inculte de 32 ans. Comme il n’a peur de rien, il se vante : «Tout le monde est d’accord pour dire que chocolatine est un mot-valise qui n’existe que pour faire plaisir à une minorité linguistique et géographique. La langue française ne reconnaît que pain au chocolat ».

Alors, petit débile, ce que le Nord appelle « pain au chocolat », ce n’est pas du pain. C’est une viennoiserie, c’est à dire, dans ce cas précis, de la pâte feuilletée. La pâte feuilletée, ça sert à faire des gâteaux, mais en aucun cas du pain. La pâte à pain est levée, mais pas feuilletée. Faut pas avoir fait une école hôtelière pour s’en apercevoir. Si ce truc était fait avec de la pâte à pain, ça se verrait. Et donc, si c’est pas du pain, c’est pas du pain au chocolat. CQFD.

Reste la question des dictionnaires ; « Chocolatine » ne figure nulle part. Et donc, nous n’avons aucune source fiable. Le mot ne peut pas être médiéval comme l’affirme un gros paquet de débiles. Le chocolat arrive en Europe dans la deuxième moitié du 16ème siècle. Au Moyen-Age, y’en a pas. Les grands linguistes qui affirment que c’est une expression datant de la présence anglaise en Aquitaine se plantent complètement. Les viennoiseries sont encore plus tardives : 19ème siècle en France.

Et donc, quand on met du chocolat dans de la pâte feuilletée, vraisemblablement au 19ème siècle, le Sud qui fait attention aux mots, invente le mot « chocolatine » alors que le Nord mélange tranquillement pain et pain viennois et adopte le pain au chocolat. Et dès cette époque, les dictionnaires étant de fabrication nordique, le mot « chocolatine » est complètement oublié.

Ce que le gamin qui vilipende une « minorité linguistique et géographique » oublie, c’est que, bien souvent, le Sud est un conservatoire linguistique. Chez moi, à Bayonne, où on ne mange que des chocolatines, on continue à commander des lèches de veau. C’est comme ça qu’on appelle les escalopes. Et donc je suis allé regarder le CNRTL. « Escalope », ça arrive dans la langue française à la fin du 17ème siècle (1692) alors que « lèche » est déjà chez Grégoire de Tours. L’inculte gamin peut bien me dire que la langue française ne reconnaît qu’escalope : je me marre. Je me marre et je vais serrer mes affaires, c’est à dire les ranger, comme le disait Montaigne avant moi, comme on le dit dans le Sud encore aujourd’hui.

Pour faire court, c’est dans le Sud que la langue française est la plus ancienne et la plus pure. On n’y trouve ni keuf, no boloss, ni aucun de ces mots qui ont envahi la langue. On y parle bien souvent comme au 16ème siècle, on se donne rendez vous « à jour passé », on n’hésite pas à dire « d’ici étant ». Alors oui, on est une minorité linguistique, un conservatoire.

Et oui, quand on passe le seuil du Poitou, la langue change. C’est dommage pour eux.

Quant au « mot-valise », c’est encore un jeu de mots de pseudo-linguiste. Pour qu’il y ait « mot-valise », il faut joindre deux mots. Dans chocolatine, je n’en vois qu’un.

Je ne vois pas pourquoi je m’énerve à répondre à cet Adrien. Autant parler à un mur…

On en reparlera….

1 commentaire:

  1. Je suis surpris que personne n'ait commenté.

    "Je ne vois pas pourquoi je m’énerve à répondre à cet Adrien. Autant parler à un mur…" --> Ben oui, c'est un personnage fictif d'une très bonne blague du gorafi.

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