jeudi 9 août 2018

LES TOURISTES SONT PAUVRES

Bien. Voilà que les professionnels du tourisme de ma chère région survitaminée se plaignent que la saison n’est pas bonne. C’est une rengaine annuelle que les sites de voyage en ligne nourrissent année après année. Que nous disent ils ces pauvres gens ?

1 : les destinations balnéaires résistent mal. Voilà des années que ça dure. Personne ne veut dire que le balnéaire tire le tourisme vers le bas. Le balnéaire, c’est l’industrialisation du voyage, l’irruption du quantitatif et des promos. Regardez les offres des professionnels de la commercialisation de masse, je veux dire les agences de voyages de la grande distribution : 90% de balnéaire ! Sur des plages qui sont au tourisme ce que le jambon sous vide est à la nourriture
Le produit balnéaire, c’est un bout de sable, du soleil et des prix cassés : hôtels HLM et paninis au déjeuner. Vu la taille des océans, tu penses bien que ce type de produit, y’en a partout. Seuls changent les cocotiers. Certes, il faut de l’aérien mais l’avion se brade comme les paninis. Voilà bien longtemps que la tendance est en place et que la Croatie concurrence la Corse, sans parler des Canaries ou des Baléares. Le combat est inégal et perdu d’avance. Il faut de plus en plus d‘investissements pour attirer une clientèle dont le pouvoir d‘achat  n’assure plus le retour sur investissements.

2 : la météo impacte les résultats. C’est une tendance récente liée à la multiplication des infos. Jadis, on avait un temps pourri, on le subissait, on en parlait à la rentrée et on se jurait de ne pas revenir, serment oublié avant la Noël. Aujourd’hui, on est mobile. On fait 200 bornes pour changer de station et retrouver le soleil. Si le budget le permet, un click sur un site spécialisé et on va encore plus loin.
Comme les météorologues peinent à augmenter la durée temporelle de leurs modèles de prévision et que le changement climatique est solidement installé à la table des agapes, prévoir l’avenir touristique par l’anticyclone des Açores va devenir un défi. Tout comme les prévisions de remplissage de caisse.

3 : la région souffre de l’absence récurrente des touristes étrangers. En clair, elle manque de stéréotypes, d’images aisément lisibles comme la Tour Eiffel ou les champs de lavande provençaux. Seul le vignoble bordelais tire son épingle du jeu mais c’est de la brand communication pure sur le nom de Bordeaux.

Le discours de tous les professionnels interrogés par Sud-Ouest est univoque. J’avais le sentiment de lire un numéro vieux de vingt ans. Forcément, rien n’a changé et surtout pas les salaires des pays concurrents. Tous les commentaires sont quantitatifs. On est heureux d‘être juste derrière l’Occitanie qui rafle toute la clientèle de Palavas et alentours sur un bout de côte aménagé dans ce but. Manquerait plus que ça !

Mais quelle est la stratégie pour demain ? va t’on s’obséder à compter des nuitées comme s’il fallait savoir qui a la plus longue ? Pour nous, que compte faire Atout France qui a déposé notre nom comme marque ?

On parle de bateaux de croisière mais pour quels ports ? Rien n’est correctement aménagé. A Bayonne, les bateaux de croisière contemporains n’ont aucun mouillage correct, permettant aux passagers de se rendre facilement en centre ville. Voilà des années qu’on en parle. Sur le terrain, rien.

L’attitude face aux touristes est scandaleusement inefficace. Je ne suis pas partisan d’un tourisme trop important, qui détruira plus qu’il n’apportera. Mais il faut bien comprendre que le tourisme de l’avenir est basé sur le patrimoine. Notre Président, en bon disciple de Jacques Généreux, accepte la di-société, voire la renforce. En clair, destinations chics pour touristes argentés et destinations pour pauvres. La communication ne sera pas la même, les retombées économiques non plus.

Je ne prends pas parti. Personne ne prendra parti Et donc, personne ne prendra de décision… On finira par être trop élitistes pour la clientèle désargentée et trop bas de gamme pour les premiers de cordée. C’est une stratégie perdant-perdant. Comme le centre de Bayonne a perdu tous ses commerces haut de gamme pour les remplacer par des franchises dignes d‘un centre commercial de Seine-Saint-Denis. On accueille des croisiéristes riches pour leur offrir les magasins d‘Argenteuil !


Une politique est un ensemble. Rien n’y est indifférent, rien n’y est insignifiant. La région préfère les plages landaises à la vallée de la Gartempe ? Elle y gagnera des nuitées et y perdra de l’argent. Et ne me dites qu’on peut faire les deux, ce serait une insulte.

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