Demain, ça pète. De manière nouvelle parce que le cadre est
nouveau. Le gouvernement est tétanisé. Il est incapable de gérer la situation.
Ça ne va pas péter comme en 89 ou 48. La capitale ne
concentrera rien. Un paquet de manifestants, certes, mais bien loin des
centaines de milliers que l’on sait gérer. Bien entendu, vu la concentration de
caméras et la haute qualité intellectuelle des analystes et observateurs,
l’information parisienne monopolisera l’attention pour arriver à la conclusion
que ce n’est pas un vrai succès, pas comme le temps où Krasucki attirait un
demi million de mecs entre Bastille et République. Mais, la proximité de lieux
de pouvoir installera plus de policiers au bord de la Seine que sur les rives
de l’Adour. Le stock de défenseurs de l’ordre (établi) n’étant pas extensible,
le gouvernement pulvérisera le disponible dans les plus grandes villes.
Logique. Hagetmau et Oloron-Ste-Marie ayant été oubliés de l’aménagement seront
également oubliés de la répression. Tel est le logiciel de nos administrateurs.
Dans la mesure où les gilets jaunes n’ont pas même les
moyens de se déplacer dans la capitale, ils seront nombreux, au total, à ne pas
être nombreux sur les milliers de lieux où ils seront pourtant. Chez eux. Comme
des poissons dans l’eau. Les analystes ont d’ailleurs ressorti le vieux mot de
« jacquerie » que je n’avais pas entendu depuis quelques séminaires
au CERM voici quarante ans. Jean Chesneaux apprécierait.
Les gilets jaunes sont d’ailleurs confiants. Ils se savent
capables de bloquer le pays car ils savent qu’une artère minuscule peut
provoquer un AVC. Un centre commercial ici, une gendarmerie là, peuvent avoir
un effet dévastateur par leur nombre. Si un village de 1000 habitants encercle
les 20 gendarmes de la caserne locale, les pandores ne leur tireront pas dessus
mais ne seront pas disponibles, non plus, pour protéger la sous-préfecture
voisine. Etre abandonnés n’a pas que des inconvénients.
Il va de soi qu’aucune de ces manifestations dispersées
n’aura les honneurs des chaînes de télé, leur nombre même les desservira
médiatiquement. Le vrai danger est là : qu’une image fausse ne vienne
dévaloriser la réalité de l’action, faisant passer la société du spectacle au
premier rang des instruments d‘analyse.
Le vrai espoir est l’universalité du mouvement. Demain peut
nous prouver que des milliers d’hommes se croyant isolés prendront conscience
de leur force, ramenant Marx au premier rang des penseurs politiques. Marx et
Mao. Le mouvement est rural nous affirme t’on. Serait ce la seconde mort de Li
Lisan ?
Le passé a condamné les gilets jaunes. Il est temps de faire
de ce passé table rase, de réinstaller une planification, de redonner au
politique le pouvoir sur l’économique.
Et de mettre sur pied une véritable force de communication.
Etre isolé n’est rien. Se croire isolé peut être mortifère. Et si Facebook
était un outil de la Révolution ?
On en reparlera…
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